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17/04/2014

LES CRIMES DE L'ILE DE CHATOU (1931)

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Un paysage révolu : la ferme dans l'Ile, bucolique et tragique

 

"L’Ile de Chatou s’étend du pont de Chatou jusqu’au-delà du talus de la voie ferrée électrique Paris-Saint-Germain-en-Laye. La ferme laitière de Madame Hesse est isolée de toute habitation et se trouve à peu prés au centre de l’Ile. L’habitation la plus proche se trouve à 200 mètres au-delà de la voie ferrée. La ferme comprend deux corps de bâtiments et un hangar. La maison d’habitation est surmontée d’un grenier pour le fourrage et flanquée d’un hangar où l’on remise les voitures.

Pour exploiter sa ferme, qui comprend 28 têtes de bétail et de vastes pâturages, Madame Hesse avait , depuis la mort de son mari, engagé, pour la seconder, un gérant, Monsieur  Frédéric  Rouchet, lequel avait sous ses ordres un commis, Monsieur Gaston Peters et un aide, le jeune Raymond.

Vendredi soir il était 20h30. La fermière soupait avec ses trois employés dans la cuisine de la ferme lorsque survint le tragique évènement. On entendit tout d’abord dans un vestibule un bruit insolite. Puis la porte s’ouvrit livrant passage à des personnages de cauchemar : deux humains affublés sous leurs chapeaux mous rabattus sous les yeux de masques grotesques à nez enluminés et à grosses moustaches ainsi qu’en portent les plaisantins de mardi gras.

Chacun de ces deux hommes était armé d’un revolver et d’un couteau. Devant cette étrange apparition, Frédéric  Rouchet réagit aussitôt. Robuste et courageux, il saisit un tabouret et s’élança sur les intrus cependant que Madame Hess et le jeune Raymond se réfugiaient dans la pièce voisine.

 Les assaillants firent feu deux fois. Quatre projectiles sifflèrent mais n’atteignirent personne une des deux têtes masquées recevant un coup violent de sa massue improvisée. L’homme chancela mais son complice porta à l’adversaire un coup de couteau et les deux bandits s’enfuirent.

Un peu haletants mais assez calmes, Rouchet et Peters prièrent leur patronne de venir reprendre sa place à table. Elle n’eut pas le temps de le faire. Une fusillade infernale éclata soudain. La pièce fut criblée de projectiles. Les deux bandits inconnus, ayant contourné la maison, venaient d’ouvrir le feu à travers les vitres d’une fenêtre dont les volets étaient restés ouverts.

Six balles furent tirées. Rouchet fut tué net. Touché également, Peters eut la force de se trainer dans la chambre à coucher, où il devait mourir une heure plus tard entre les bras du docteur Calbet, médecin à Chatou, mandé à son chevet. Madame Hesse était légèrement blessée à l’épaule et Raymond était indemne.

Les coups de feu avaient été entendus du pont de Chatou, où passe la route nationale de Paris à Deauville. La police de Chatou fut alertée. D’autre part, ses voisins, M.M. Poletto et Antoine Marin, accouraient trop tard à la rescousse.

 

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Les victimes Rouchet et Peters

 

Monsieur Gosselin, commissaire de police et ses agents arrivèrent bientôt, ainsi que le capitaine de gendarmerie Henry, commandant l’arrondissement de Saint-Germain. On avait vu fuir les criminels  dans la direction de Croissy-sur-Seine. Les brigades de gendarmerie de Chatou, Saint-Germain, Le Vésinet et Bougival se mirent à leur poursuite sans pouvoir les découvrir."

 

Source : Le Petit Parisien - 13 décembre 1931

25/07/2012

LE CRIME DE L'AVENUE D'EPREMESNIL

A l’époque où le crime ne revêtait pas la banalité d’aujourd’hui, Chatou fut le théâtre d'un assassinat resté célèbre par le couple Fenayrou.

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En haut, le pharmacien Auber, assassiné, en-dessous, le couple Fenayrou en première page du "Journal Illustré"

 

 

"M. Aubert était un brave garçon, laborieux, intelligent, qui , grâce à ses efforts persévérants avait relevé une pharmacie qui était presque sans clientèle au moment où il l’avait achetée.

Il se trouvait dans une situation satisfaisante et désirait se marier. Aussi tenait-il à en finir avec une liaison que probablement il n’avait point provoquée. ; mais la jalousie de Madame Fenayrou n’a joué aucun rôle dans le crime. Cette odieuse créature est arrivée peu à peu à faire les aveux les plus complets. Elle a raconté la scène du meurtre telle qu’elle s’est produite. Son mari, son beau-frère et elle avaient dîné au restaurant du Père Lathuile, un dîner qui a coûté 45 francs.

Après le dîner , Fenayrou et l’ouvrier tabletier partirent pour Chatou par le train de 7 heures. Elle, elle attendit Aubert, comme on sait, après être entrée une demi-heure à l’Eglise Saint-Louis d’Antin. Aubert hésitait à raccompagner Madame Fenayrou, et il fallut tout le charme qu’elle exerçait sur lui pour le décider à la suivre.

Tout était si bien préparé pour le crime que, la veille, elle était allée à Chatou, et , entre autres objets, avait apporté une serviette, qu’elle avait déchirée en deux pour servir de baillon à son amant.

Aubert entra dans la maison, tenant une alllumette-bougie. Dans la première pièce, il n’y avait personne. Mais, dans le salon, Fenayrou et son frère l’attendaient. Ils voulurent lui faire signer des billets pour une certaine somme. Aubert refusa. C’est alors qu’il reçut le coup de marteau.Madame Fenayrou dit qu’elle n’a pas assisté aux tortures que les assassins ont fait subir à Aubert. Ces tortures, affirment-elles, ont duré trois quarts d’heure !

Un détail épouvantable a été donné par elle. Lorsque les forces du malheureux pharmacien s’épuisaient, les meurtriers lui faisaient prendre un cordial, afin de ranimer un moment ses forces et de le faire souffrir d’avantage. L’infortuné Aubert avait longtemps hésité à la gare Saint-Lazare au moment de prendre les billets : « je l’ai tant cajolé, a répété la Fenayrou au juge d’instruction, que je l’ai forcé à me suivre. »

On s’est demandé ce qui se serait passé si Aubert avait signé les billets. Evidemment, il eût été assassiné quand même ; les précautions prises en sont la preuve. Les criminels ne se seraient pas exposés à une dénonciation. »"

 

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Gravure du Journal Illustré par Henri Meyer - 25 juin 1882 : la maison du crime 4 avenue d'Eprémesnil. En bas à gauche, les assassins jettent le cadavre du pharmacien Aubert dans la Seine du haut de l'ancien pont routier de Chatou

 

Source : Le Journal Illustré - 25 juin 1882