10/06/2015
L'HABITAT SOCIAL D'APRES-GUERRE A CHATOU : LES MAROLLES
Les Marolles - Cliché de 1958 - Collection Pierre Arrivetz
Une vue des Hauts de Chatou vers 1958 : on distingue au premier plan au centre l'immense résidence des Marolles déjà construite sur des terrains situés aux lieux-dits "Les Champagnes" et "Les Bouvets". On aperçoit derrière les terrains de culture des Champagnes. Cette partie "verte" disparaîtra avec la ZAC du Plateau en 1973.
Lancé par la municipalité d'Henry Vercken (1947-1953), le programme des Marolles, du nom d'un lieu-dit qui était mentionné sur le plan de Chatou de 1820, avait pu voir le jour grâce au plan d'aides du directeur général de l'urbanisme pour la construction d'Habitations à Baux Modérés et la cession amiable d'un terrain du grand propriétaire de Chatou de l'époque, Pathé-Marconi.
Le 25 novembre 1947, le conseil municipal avait voté l'acquisition de la société d'un terrain d'une contenance de 21.650 m². C'était un revirement justifié par la guerre car cet espace avait été placé dans le plan d'aménagement de la Seine-et-Oise de 1930 dans une zone prévue pour la construction d'un groupe scolaire et destinée à ne recevoir que des constructions de service public.
Deux architectes, Monsieur Hardel, 181 rue de l'Université à Paris, et Monsieur Godin, 19 rue du Général Colin à Chatou, furent désignés par l'Office Départemental des Habitations à Baux Modérés de Seine-et-Oise (devenu l'OPIVOY) pour diriger l'opération.
Le programme ne fut pas entièrement respecté : la première phase de construction arrêtée en 1948 prévoyait l'édification de 60 logements et de 12 boutiques qui ne furent jamais réalisées.
La construction elle-même connut des difficultés : le 22 février 1952, Monsieur Blin, conseiller municipal communiste, interpella le maire pour lui signaler que 2500 tuiles étaient sur le chantier, que la pose des chêneaux était arrêtée du fait que les plans avaient été mal dressés et les chêneaux posés trop bas.
Le chantier des Marolles fut suivi le 7 mars 1952 du vote par le conseil municipal du marché des fournitures, travaux de viabilité, poses de canalisations et d'installation du réseau téléphonique.
Le conseil municipal décida le 4 juillet 1952 de contracter un emprunt complémentaire de 15 millions de francs au taux de 6% sur 30 ans pour la construction de la nouvelle résidence. Le 24 octobre suivant, le conseil fit état de la validation par le préfet de la demande d'emprunt par la commune. Le 12 décembre 1952, le conseil municipal s'engagea dans un emprunt complémentaire de 25 millions de francs pour 65 ans au taux de 2% auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations.
Le 20 mars 1953, les élus évoquèrent l'achèvement en cours de la construction du premier groupe d'H.L.M. puis votèrent une demande d'aide du Fonds National d'Aménagement du Territoire de 60 millions de francs remboursables après deux ans au taux d'intérêt de 2,50% pour l'acquisition des terrains nécessaires à la réalisation de la deuxième partie de l'opération.Un emprunt de 5 millions de francs fut contracté auprès du Crédit Foncier de France pour permettre de réaliser des travaux de viabilité.
Entre-temps, le 6 février 1953, le conseil avait voté l'autorisation d'ouverture d'un débit de tabac 39 boulevard Jean Jaurès par Monsieur Laroque en vue de desservir la nouvelle cité.
Le 26 juin 1953, Monsieur Poueyto, conseiller municipal à la tête du groupe communiste (liste "d'Union Ouvrière"), proposa de construire une école maternelle aux abords de la cité des Marolles.
Il lui fut répondu qu'un tel projet prendrait du temps et que l'on préférait réaménager les classes de l'école Jules Ferry qui atteindraient 100 enfants par classe si le ministère de l'Education ne faisait rien.Par ailleurs, Monsieur Combe, nouveau maire qui avait succédé à Henry Vercken par suite du décès de ce dernier et de nouvelles élections municipales, indiqua qu'il avait sollicité de l'administration des P.T.T la pose de cabines téléphoniques à proximité de la cité.
La réalisation de la deuxième tranche d'habitations des Marolles donna lieu à une enquête publique et une déclaration d'utilité publique au terme de laquelle le périmètre d'aménagement fut modifié. Le terrain de Monsieur Guérin de 428,50 m² comportant une construction en matèriaux légers et démontables était acquis.
Lors du conseil municipal du 5 février 1954, Monsieur Métayer *, de la nouvelle municipalité SFIO de Monsieur Laubeuf qui venait de succéder à celle de Monsieur Combe, informa que la déclaration d'utilité publique était publiée. Le 9 avril 1954, le conseil municipal vota la passation d'un marché de 7 millions de francs avec L'Industrielle de Préfabrication à Nanterre pour réaliser 1300 mètres de bordures en béton.
Monsieur Métayer prit à nouveau la parole le 28 décembre 1954 en rappelant qu'une demande de construction d'une école maternelle avait été présentée le 22 novembre 1951 par le conseil municipal et que celle-ci s'avérait indispensable pour répondre à la création des 680 logements nouveaux bientôt édifiés. Il demanda qu'elle comporta 5 classes avec logements pour la directrice et les deux adjointes en réutilisant le procédé de construction préfabriqué Studial-Prouvé utilisé pour la construction de l'école du Val Fleuri.
Le 23 décembre 1955, le conseil municipal vota l'achèvement de l'aménagement des Marolles en donnant son accord de principe à la construction par la Fédération Nationale des Coopératives HLM de 200 logements ainsi que la cession des nouveaux terrains acquis par la Ville à l'Office Public de HLM de Seine-et-Oise au prix d'un franc le mètre carré pour un terrain de 2.777,74 m².
Une dotation était acquise du fait de subventions du Fonds National d'Aménagement du Territoire pour un montant global de 60 millions de francs englobant divers projets d'aménagement dans Chatou. Une autorisation de passer des marchés de gré à gré fut entérinée en conseil le 7 décembre 1956 pour les travaux préliminaires avec les sociétés Jaquet rue des Sablons à Chatou pour un montant de 584.900 francs en vue de la démolition des bâtiments existants et Bordanzi pour un montant de 2.994.000 francs. Monsieur Godin, architecte DPLG (19 rue du Général Colin) était à nouveau désigné par l'Office Public HLM pour diriger et surveiller les travaux.
Les Marolles achevées - cliché de 1966 - Collection Pierre Arrivetz
* Pierre Métayer (1905-1979), instituteur, conseiller municipal de Chatou depuis 1935 pour la SFIO, devint député de Seine-et-Oise de 1946 à 1958 puis sénateur socialiste du 1er janvier 1959 au 1er janvier 1967. Il occupa diverses fonctions ministèrielles dans les cabinets de la IVème République : sous-secrétaire d'Etat aux forces armées du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1947, secrétaire d'Etat à la fonction publique et à la réforme administrative du 12 juillet 1950 au 11 août 1951, secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil chargé de la fonction publique du 1er février 1956 au 13 juin 1957, secrétaire d'Etat aux forces armées du 17 juin 1957 au 14 mai 1958. De 1954 à 1959, il occupa les fonctions de maire-adjoint dans la municipalité de gauche non communiste d'Albert Laubeuf.
Sources :
- registre des délibérations du conseil municipal
- archives de l'Assemblée Nationale
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