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15/04/2020

CHATOU, PARFUM D'AERONAUTIQUE (2)

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Illustration : René Hanriot - Wikipedia

 

En 1909, un célèbre coureur automobile, René Hanriot (1867-1925), décida de se lancer dans la construction aéronautique.

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Monoplan Hanriot 1912 - René Chambe "Histoire de l'aviation" - Flammarion (1963)

 

Après quelques difficultés mais vainqueur de plusieurs meetings aériens, il fonda une industrie laquelle donna toute sa mesure lors de la Première Guerre mondiale.

Aidé de l’ingénieur Pierre Dupont, il put mettre au point des chasseurs modèles « HD » - initiales tirées des noms Hanriot et Dupont - dont la qualité reconnue par les pilotes aboutit à la production de 5.000 appareils principalement livrés à la Belgique (illustration ci-dessous) et l’Italie. Le « double » belge de Georges Guynemer, l’as Willy Coppens, remporta ainsi 37 victoires à bord de ses appareils.

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L’HD évolua en plusieurs versions, le HD 1 à mitrailleuses Vickers en 110 ou 170 chevaux, le HD 2, chasseur biplan transformé en hydravion et l’HD 3, un chasseur conçu en 1917 pour épouser une vitesse de 192 km/heure grâce au moteur français Salmson de 260 chevaux (le nom de Salmson n’est pas non plus indifférent à Chatou. Il fut associé à une longue histoire puisqu’après avoir lancé la production de pompes, Salmson devint un grand motoriste français de l’aviation et un constructeur d’automobiles de luxe de 1920 à 1957 avant de revenir à son activité première. Or, le siège social de Wilo-Salmson est aujourd’hui à Chatou).

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Le HD 2 - Illustration Wikipedia

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Le HD 3 à moteur Salmson de 1917, fleuron de la production Hanriot - Illustration Wikipedia

 

En 1925, la Société Hanriot installa son siège à...Carrières-sur-Seine (notre voisine peinte par Claude Monet), son fondateur, René Hanriot mourant la même année.

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C’est ici qu’il faut mentionner l’existence à Chatou de Monsieur Louis Lucien Maitrot (1884-1952), habitant du 6 rue Camille Périer recensé à cette adresse en 1926 dans la commune.

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Ce dernier était en effet l’administrateur-délégué de la société Hanriot, lui-même à l’origine en 1919 de la création de l’école Hanriot de mécaniciens de l’aviation à Courbevoie, de l’exposition aéronautique Hanriot de 1925 au Grand Palais, de la création d’avions sanitaires Hanriot pour le Maroc selon la mention qui est faite à son dossier.

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L'école Hanriot de mécaniciens de l'aviation à Courbevoie

 

Par décret du 8 août 1925 rendu sur un rapport du ministre des Travaux Publics, Monsieur Maitrot fut fait Chevalier de la Légion d’Honneur.

 

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Publicité Hanriot 1927

 

La villa du 6 rue Camille Périer où vécut sans doute moins de dix petites années Monsieur Maitrot entre 1922 et 1930 fait partie d’un patrimoine architectural bien connu des catoviens, recensé à son tour par notre association au titre de l'inventaire des bâtiments.

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31/05/2015

CHATOU, PARFUM D'AERONAUTIQUE (1)

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Couverture du bulletin de La Ligue Aéronautique de France - 1920 - un hydroglisseur Lambert 130 HP conduit par Monsieur Paul Tissandier, digne descendant d'une famille d'aéronautes de Croissy où il résidait (cf l'infatigable travail de La Mémoire de Croissy, organisatrice de la magnifique exposition "Illustres Inventeurs" (Kégresse/Tissandier) au Château Chanorier en novembre 2014 ) - Gallica

 

L’Europe des années vingt symbolisa la réaction contre la maladie de la guerre et de la destruction. D’un coup, l’industrie se remit en marche et prit une nouvelle extension, les compétitions se multiplièrent, le sport gagna les villes, la presse et le cinéma, la surenchère de l’exploit alimenta les esprits. Une jeunesse décimée laissait des survivants décidés à reprendre le train de la vie sans retard. Dans le peu d’illusion sur la durée que pouvait procurer une paix chèrement acquise, une Fête de la Conférence Internationale d’Aéronautique réunissant vingt-quatre nations  fut organisée chaque année dans un pays différent, suscitant de plus en plus de vocations. Ainsi, la fête aéronautique de 1924 se tînt en France et prit pour théâtre les bords de Seine : hydroglisseurs, ballons sphériques, avions, conférences, échanges internationaux émaillèrent ces journées vouées à la renaissance et à la propagation du progrès de ce qui flotte et ce qui vole. Quelques personnalités étaient là pour montrer l’exemple.

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Le maréchal Franchet d'Esperey et sa fille descendant de leur avion à Melun dont ils étaient les passagers pour la Fête de la Conférence Aéronautique 1924 et ci-dessous, pour le même évènement, le prince héritier Carol de Roumanie avec à sa gauche, accompagné de son épouse, Monsieur Robert Morane, fondateur de la firme du même nom qui l'escortait depuis Villacoublay et le fit atterrir à son tour à Melun.

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Reflet de cette évolution, une association se déclara à Chatou au titre du service militaire dans l’aviation : la section de l’Amicale des Professionnels de l’Aéronautique préparant les jeunes gens aux brevets de mécanicien de l’aviation ou de l’aviation maritime, brevets pouvant déboucher sur une embauche chez un industriel. La section était représentée par Monsieur Jean Legrain, 107 route de Montesson (rue du général Leclerc aujourd’hui), domicilié 7 rue de Panafieu. Des cours de six mois étaient dispensés, et ce, sans avoir besoin d’attendre l’enrôlement. Seules six sections de l’Amicale des Professionnels de l’Aéronautique existaient en France en 1928 : Paris, Versailles, Courbevoie, Montrouge, Maisons-Alfort et Chatou.

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Deux conquérants de l'aéronautique des années vingt - Dollfus et Paumier, ici lors de la Coupe Aumont en 1923 - Gallica

 

Parallèlement, des records tentaient d’être battus. La Seine à Chatou en fut le théâtre pour des concours d’hydravions légers. Ainsi, l’ingénieur Paumier parcourut à la vitesse de 142 km/h sur un hydravion Schreck F.B.A. type 19 équipé d’un moteur Hispano-Suiza de 350 chevaux  la Seine d’Argenteuil à Chatou le 30 novembre 1924 augmentant légèrement cette vitesse avec une charge utile de 500 kilos. Les 22 et 24 décembre 1930, le pilote Vercruysse accomplit la traversée Chatou-Epinay sur appareil monoplace Peyret Mauboussin moteur ABC Scorpion de 34 chevaux de moins de 250 kilos.

 

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Couverture de la Revue Aéronautique de France - 1935 - Gallica

 

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Enfin, le Magic Ciné de Chatou (actuelle salle des ventes) accueillit le 13 février 1935 une soirée artistique au profit des orphelins de l’aviation organisée par le délégué de Nanterre de la Ligue Aéronautique de France avec le concours d’artistes et « la projection d’un grand film » dont le titre ne nous est pas encore connu. Créée en 1914, la Ligue s’employait chaque année à placer des stagiaires chez les constructeurs français (Caudron, Morane Saulnier, la Société Générale de Transports Aériens de Farman, Salmson, Hispano-Suiza, Potez, Compagnie des Messageries Aériennes de Breguet, Latécoère…).

Alors que l’éducation nationale cherchait à s’ouvrir au progrès industriel, plusieurs établissements d’enseignement situés en métropole et dans les colonies adhérèrent à la Ligue en vue de présenter l’aviation comme un débouché professionnel. Un habitant de Chatou, Monsieur Dogilbert, choisit de soutenir la cause à sa manière en offrant une réduction à tous les adhérents de la Ligue pour l’achat de TSF dans son magasin du 6 avenue Gambetta.

Lorsque Mermoz disparut dans l'Atlantique le 7 décembre 1936, l'opinion publique pleura une figure française au rayonnement international. Des obsèques nationales eurent lieu le 30 décembre 1936. Mermoz avait été l'un des vulgarisateurs de l'aviation auprès de la jeunesse, l'incarnation d'une vie difficile reconvertie dans l'héroïsme sanglant de l'Aéropostale. Le 28 février 1937, son nom fut donné par la municipalité au quai de Chatou situé entre le pont de chemin de fer et l'ancien pont routier.

 

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Mermoz pilota notamment un avion du constructeur Couzinet, "l'Arc-en-Ciel". Le franchissement de la Cordillière des Andes, jugé impossible, donna à Mermoz une renommée mondiale. Dans nombre de pays où il fit escale, un hommage demeure sous forme de stèles, noms de places et de voies. Ici, une arrivée au Brésil.

 

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Le quai Jean Mermoz aujourd'hui : le prestige du nom est éclipsé par la verrue des locaux Bureaumaster. Leur abandon depuis plusieurs années contraste avec la situation de cette voie sur des bords de Seine au charme tant vanté dans la ville des Impressionnistes. La requalification des bords de Seine dans le Plan Local d'Urbanisme devrait à notre sens interdire ce type de construction.

 

L’aviation fit peut être rêver les jeunes dans cette période d’autant que les exploits des pilotes français au féminin comme au masculin ne cessaient pas. Les disparitions étaient cependant fréquentes. Mais il est surtout remarquable que l’aviation malgré la Première guerre mondiale continua à être considérée comme une arme de second rang par un état-major inconscient. Face à lui, une classe politique suivant aveuglément ses consignes, trop heureuse de détacher l'opinion d'une politique combattante.

 

 

Contre la disparition du patrimoine nautique à Chatou,

signez notre pétition en ligne

 

Municipalité de Chatou - Député de Chatou:

 

Maintien à Chatou de l'association Sequana

 

 

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