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31/03/2024

LE MORT DE LA GUERRE DE CRIMEE

Vers le milieu du XIXème siècle, la Turquie était déjà l’homme malade de l’Europe. Sa domination ancestrale dans les Balkans s’affaiblissait. L’un de ses voisins, poussé par le désir d’extension et une affirmation commode de la religion, la Russie, avait conduit les orthodoxes à s'approprier en 1808 les lieux-saints au détriment des latins, traditionnellement protégés de la France. 

En mai 1853, le tsar Nicolas Ier  avait envoyé un ultimatum au sultan de Constantinople pour lui demander d’accorder à la Russie « un protectorat sur tous les chrétiens orthodoxes de l’empire turc ». C’était bien entendu une extension de la Russie en Europe, une domination de la religion orthodoxe sur la religion catholique.   La France avait envoyé des plaintes aux tsars successifs depuis l’affaire des lieux-saints, en vain. Napoléon III, à peine assis sur le trône, avait en tête l’indignation du clergé catholique qu’il ne pouvait s’aliéner, l’humiliation subie par la France qui lors des campagnes napoléoniennes révolutionnaires, avait renforcé son alliance avec la Turquie.

Sur conseil de l’Angleterre et de la France, le sultan repoussa l’ultimatum qui lui était adressé. Il déclara la guerre à la Russie le 4 octobre 1853 et en décembre suivant, la flotte turque fut anéantie à Sinop par la Russie. Les troupes du tsar pénétrèrent en Moldavie et en Valachie. La France et l’Angleterre offrirent leur médiation, sans succès. Pour la première fois depuis sept siècles, les deux pays s’unirent militairement pour repousser l’armée russe.      

La guerre commença en Bulgarie en mars 1854 puis se déporta dans la presqu’île de Crimée de septembre à 1854 à  septembre 1855. L’armée franco-anglaise choisissait ce déplacement du conflit pour éviter des problèmes de ravitaillement.   A Sébastopol, la Russie avait érigé un puissant arsenal maritime, contrôlant la Mer Noire et faisant face à Constantinople. 356 navires débarquèrent en Crimée 30.000 français, 21.000 anglais, 6000 turcs, des vivres pour quarante-cinq jours. Ce fut le siège le plus imposant de l’Histoire. Le plus meurtrier aussi, causant la mort de 200.000 soldats russes et celle de 100.000 soldats alliés, les renforts amenés de part et d’autre étant décimés par le froid, le typhus et le choléra.  

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Extrait du tableau d'Yvon sur la prise du fort
de Malakoff à Sébastopol
L'uniforme français bleu et pantalon garance
fut conservé jusqu'en 1914 

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Le premier régiment de la garde impériale de Napoléon III y subit de lourdes pertes dont celle d’un Catovien de 33 ans, Théodore Pierre Victor Jacquin. Blessé et (ou) malade, celui-ci fut ramené à Marseille le 6 août 1855. A 11 heures du matin, son décès y fut enregistré. Il était membre de la cinquième compagnie du premier bataillon du premier régiment de voltigeurs de la garde impériale. Il ne connut donc pas l’issue du conflit. Après une canonnade de 800 pièces alliées, la victoire fut emportée par un assaut au centre de la citadelle à Malakoff par le général de Mac-Mahon le 8 septembre 1855, obligeant les Russes à évacuer Sébastopol.

Nicolas Ier était mort pendant le siège en mars 1855. Aprés l'évacuation de Sébastopol, son successeur, Alexandre II, sur insistance du roi de Prusse, demanda la paix. Napoléon III organisa alors le Congrès de Paris,  où l’acte de naissance de la Roumanie fut scellé.      

Ne supportant pas l’activisme diplomatique de Napoléon III, l’Angleterre retourna à son splendide isolement et laissa la France à ses démêlés européennes. Elle n’en sortit qu’en...1904.      

La victoire du Second Empire en Crimée fut suivie de succés contre l’Autriche en faveur de l’Italie nouvelle et la France fut considérée pendant dix ans comme la première puissance militaire européenne.      

Mais la Russie abattue, l’Autriche écrasée, la montée du militarisme prussien s’annonça au milieu de la vague de libéralisme et de renoncement de la politique de défense du régime impérial. Il n’y aurait désormais plus personne pour secourir les vaillants soldats de la Crimée et d'Italie. Leurs combats n'en demeurent pas moins  honorés par les voies, les ponts et les stations de métro de la capitale.    

A ce titre, le nom de Pierre Théodore Jacquin ne devrait-il pas être ajouté à celui de nos anciens combattants ?  

 

Article du 30 août 2007   

 

 

 

 

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