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12/03/2023

WESTON, LE CHIEN DE L'USINE PATHE-MARCONI

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Fin 1936, la fusion de la Compagnie générale des machines parlantes Pathé Frères (propriété depuis 1928 de la Columbia Graphophone Company) avec la Compagnie française du gramophone, donne naissance à une gigantesque entreprise : les Industries Musicales et Électriques Pathé-Marconi. La nouvelle société s'installe sur le site industriel de Pathé et ses 40.000 m2, situé dans la Ville de Chatou.
 
Au printemps 1937, peu après la mort d'Émile Pathé survenue en avril, le directeur de l'usine apprend qu'un chien de race épagneul entre chaque matin dans les locaux à la suite des ouvriers, pour aller se coucher dans un coin de l'atelier de galvanoplastie. Le manège dure depuis plusieurs semaines et le pauvre animal ne semble pas en grande forme. A la demande du personnel, il est décidé de le nourrir et de faire venir un vétérinaire. 
 
L'épagneul marron d'environ deux ans, remis sur pattes, est baptisé Weston en clin d'œil aux tabliers de cuir de la marque de même nom, fournis par les Anglais et utilisés par les ouvriers du service galvanoplastie. 
 
Weston est finalement vite adopté par Madame Ricaud, responsable du contrôle qualité des étiquettes centrales de disques. 
 
Chaque jour pendant sept ans, l'épagneul accompagne ainsi sa maîtresse au travail, logé pour le trajet dans le panier d'osier de son vélo.
 
Connu de tous, Weston dispose maintenant d'un couchage confortable. Il arpente les nombreuses salles de l'usine ou vaque à ses occupations sur les terrains avoisinants. A cinq heures de l'après-midi, quand retentit la sirène, Weston rejoint sa maîtresse, l'attendant au pied du vélo gris.
 
Un jour de 1944, alors que l'usine tourne au ralenti, privée de ses stocks de gomme-laque réquisitionnés par les Allemands, Madame Ricaud est appelée. Un employé a trouvé Weston inerte, dans une allée où il s'était endormi au soleil d'avril. 
 
A 15h, Jean Bérard, le directeur, fait exceptionnellement retentir la sirène par trois signaux courts, signifiant un décès. 
 
L'enterrement a lieu le jour même dans le jardin jouxtant l'usine, une heure de mise en pause des machines est ordonnée.
 
Peu après la Libération, Madame Ricaud prit sa retraite. En sa présence et pour honorer ses trente-deux années de service, la salle de contrôle des étiquettes fut baptisée Salle Weston et une plaque de cuivre fut apposée sur la porte principale. 
Jusqu'à la fin des années 1960, on pouvait lire sur celle-ci : Ici vécut Weston (1937-1944), ami fidèle, mascotte de notre usine.
 
Emmanuel Jourquin-Bourgeois