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19/08/2012

LE FANTOME BAT DE L'AILE

En 1926, Le Petit Journal, quotidien tiré à quelques centaines de milliers d'exemplaires, expose dans son édition du 7 octobre en première page les nouvelles préoccupantes de Chatou d'une part, et le reste des affaires de France et d'Allemagne d'autre part. Il nous appartenait évidemment de vous livrer les termes de l'actualité brûlante de Chatou.     

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"La Villa des Ifs est-elle hantée ?

La petite ville de Chatou est en émoi, la petite ville de Chatou est divisée en deux clans : celui qui croit que la villa des Ifs est hantée et celui qui croit qu'elle ne l'est pas.

Il y a quelques trois semaines, des promeneurs, à la tombée de la nuit, suivaient un chemin qui, en longeant la Seine, mène à Carrières, lorsqu'ils entendirent des bruits étranges, des manières de souffles puissants évoquant celui que produit un pneu que l'on dégonfle.

Ils essayèrent de localiser les bruits mais ceux-ci s'éloignaient ou se rapprochaient. Néanmoins, tous paraissaient provenir du jardin ou des murs de la villa des Ifs.

Les promeneurs, de retour dans la ville, parlèrent des bruits mystérieux qu'ils avaient perçus. Le lendemain, la localité parlait d'esprits et de maison hantée soit en plaisantant, soit avec une pointe d'inquiétude ou de curiosité.

Et depuis lors, chaque soir, des habitants se postent sous les murs de la  villa et attendent patiemment les manifestations mystèrieuses. Elles se produisent, d'ailleurs, avec régularité. Mais les auditeurs ne sont pas d'accord sur les sons entendus.

L'un entend "Chûû", un autre "Houhou", un troisième "Hôhô". Et si quelqu'un s'avise d'affirmer : "vous me faites rire avec vos esprits ! nous entendons le hululement d'un chat huant !" il ne convainc pas les autres.

Monsieur Gosselin, commissaire de police de Chatou, est fort ennuyé : "il a suffi, nous dit-il, que quelques promeneurs craintifs entendent le cri de quelque oiseau de nuit pour que toute la ville s'émeuve.

Je dois dire que les partisans des esprits sont assez rares et ques presque tout le monde est convaincu que les sons perçus ne sont autres que les cris de hiboux, choutettes ou hulottes."

Madame Desforges, propriétaire de la villa des Ifs, est tout simplement navrée : "mais c'est une histoire invraisemblable, nous a -t-elle dit. Les bruits sont tout simplement les cris ou les battements d'ailes d'un grand duc.

Grand duc énorme d'ailleurs et que j'aperçois presque chaque soir perché dans les arbres du jardin ou se profilant sur les toits. Je puis même vous affirmer que ce grand duc a une grande duchesse car dans mon grenier, nous avons découvert une jeune nichée."

Enfin Monsieur Boulanger, le jardinier, assez peu content, nous a confié : "c'est inouï, les gens sont crédules ! c'est un défilé devant la villa tous les soirs. Hier, j'ai fait fuir des jeunes gens munis de révolver - pour tuer les fantômes hurleurs sans doute - avec de grands seaux d'eau."

 

N.B : la villa des Ifs était située 4 avenue Gambetta selon l'annuaire de Chatou de 1928

 

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