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01/05/2014

LUCIEN DALSACE (1893-1980), NE A CHATOU

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Collection Pierre Arrivetz

 

 

"Lucien Dalsace est un de nos sympathiques jeunes premiers. Il joua un double rôle remarqué dans "L'Aviateur Masqué", un ciné-roman qu'édita Pathé-Consortium. Il joua aux côtés de Jean Angelo  et de Constance Worth un rôle important de "La Maison dans la Forêt". On le vit aussi dans "Le Vol", "Ziska", "Paternité", "Vindicte" et enfin, il interprète un rôle dans un film tiré de Balzac : "Ferragus"."

 

Ainsi s'exprimait le journal "Mon Ciné " dans son numéro du 13 décembre 1923, offrant la quatrième de couverture à un acteur du cinéma muet né à Chatou (notre illustration ci-dessus) le 14 janvier 1893 54 avenue du Chemin de Fer, l'actuel 40 avenue du Général Sarrail.

 

De son vrai nom Gustave Louis Chalot, l'acteur se distingua dans le cinéma muet pour lequel il tourna plus de trente films, ce qui lui valut d'être une coqueluche du public de l'époque.

 

Interviewé en 1923, il déclara sur un tournage au reporter Jean Eyre : "je suis né le 14 janvier 1893 à Chatou. Une de mes grandes-tantes, Marie Bihaut, fut sociétaire de la Comédie Française et célèbre en son temps ; un de mes grands-oncles, Francis, était de l'Opéra. C'est vous dire que la carrière théâtrale est une sorte de tradition dans ma famille. Pourtant, mon père voulut faire de moi un "soyeux" et me fit initier aux secrets de l'industrie de la soie.  Ce qui ne m'empêchait pas, étant au lycée, d'organiser avec des camarades de petites représentations dont j'étais toujours l'animateur.

 

Puis je jouai en cachette de mes parents dans de petits théâtres jusqu'au jour où mon père apprit ces escapades.

 

Se voyant vaincu, il consentit alors à me laisser embrasser la carrière pour laquelle  j'avais une si vive prédilection.

 

La guerre éclata ; je partis avec le 3ème bataillon de chasseurs (...) je fus ensuite envoyé dans l'aviation. Là, j'organisai encore des représentations pour distraire mes camarades. Puis je fus engagé au Théâtre de Paris. Un ami m'ayant conseillé de faire du cinéma, je débutai dans "La Brute" avec André Nox puis je tournai le double rôle de "L'Aviateur Masqué" sous la direction de Robert Péguy (...) et enfin dans "Ferragus", j'interprète le rôle de Monsieur de Maulaincourt qui devient complètement gâteux en l'espace de vingt-quatre heures (...)

 

Je garde un excellent souvenir de tous les metteurs en scène avec lesquels j'ai travaillé : Feuillade, Péguy, Andréani, Machin, Ravel etc...ce sont des gens polis, aimables et avec lesquels c'est un plaisir de travailler."

 

"Monsieur de Maulaincourt, voulez-vous revenir faire le gâteux ? "

 

C'est Gaston Ravel qui rappelle son interprète (...)."

 

 

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Lucien Dalsace dans "La Loupiote" avec Carletta Conti, film muet de 1922.

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Dans "Ziska, la danseuse espionne" (1922) ,

l'un des nombreux rôles où il endossa l'uniforme.

 

 

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En couverture de Ciné-Miroir du 6 juillet 1928 pour le film muet "L'Occident" - collection Pierre Arrivetz

 

 

Entre 1930 et 1937, celui-ci s’était retrouvé "dans le civil" à la tête d'un magasin de parfumerie fondé par son père dans le sixième arrondissement de Paris. Le journaliste Roger Régent s’y rendit en 1932 : « vous désirez, monsieur ? » - Monsieur Dalsace s’il vous plaît. – Un instant, il est occupé dans le fond du magasin avec un fournisseur ».

 

En attendant Lucien Dalsace, j’observe le magasin dans lequel je me trouve. C’est une parfumerie belle et claire comme un flacon. Dans chaque vitrine, des régiments de petites bouteilles sont alignées, remplies des parfums verts, jaunes, rouges…Par la porte ouverte, on voit tout le boulevard Saint-Germain descendre et remonter…

 

C’est là que vit maintenant le jeune premier de tant de films, le bel officier de « l’Occident », le journaliste de « Belphégor », le héros de « L’aviateur masqué », d’  « Enfant de Paris », du « Prince Jean », de « La tentation », du « Ruisseau » etc…Des vendeuses et des vendeurs s’empressent auprès des clients. Entre deux, « caisse, 5,95 F ! », un chef de rayon me dit :  « vous n’imaginez pas, Monsieur, le nombre de clients qui viennent pour voir Monsieur Dalsace ! ce matin encore, une jeune fille est entrée pour acheter une petite boîte de poudre de riz et a demandé au patron de bien vouloir lui signer une photo…

 

Souvent des étudiantes entrent par bandes de cinq ou six pour acheter un bâton de rouge ; pendant qu’on les sert, elles se poussent du coude, parlent à voix basse en montrant Monsieur Dalsace. On peut le dire, la plupart de ses clients sont des admirateurs.

 

Mais voici le patron (…) « Le cinéma » me dit-il. Ah ! j’y pense toujours. J’aimais trop mon métier pour l’avoir oublié si vite. Pourquoi je l’ai abandonné ? d’abord, ce n’est, je l’espère, qu’un abandon momentané. La force des choses m’a obligé à laisser le cinéma. C’était en 1930. Après avoir tourné "La tentation", mon dernier film, je partis avec ma femme faire une longue tournée en France et en Algérie.(…)

 

Puis mon père tomba gravement malade. Je dus rentrer de toute urgence, résilier mes contrats et venir remplacer mon père à la direction de ce magasin de parfumerie. Depuis, ma femme – que vous avez connue au music-hall sous le nom de Jane Marceau – et moi-même, n’avons plus quitté notre boulevard Saint-Michel. (…)

 

Le parlant ne me fait pas peur bien que je n’aie jamais tourné qu’en muet. Avant le cinéma, j’ai fait du théâtre, et ce sont d’ailleurs les gens de théâtre, Signoret, Gaston Dubosc, etc…, qui, en 1919, me conseillèrent de tourner. Maintenant, je vais peu au spectacle. Je n’ai plus le temps…

 

Le magasin est ouvert de huit heures du matin à onze heures du soir et je suis là tout le temps… » Lucien Dalsace a fait apporter l’apéritif du café voisin. Dans l‘arrière-magasin, nous buvons à la santé de son jeune bébé de six semaines, à la prospérité de la parfumerie et surtout au prochain retour au cinéma du jeune premier qui eut tant de succès. » Pour Vous - 31 mars 1932

 

Lucien Dalsace fut réengagé dans le cinéma à partir de 1938, tournant plusieurs films parlants de Léon Mathot : « Chéri-Bibi » (1938) avec Pierre Fresnay et Jean-Pierre Aumont, « Le Révolté » (1938) avec Pierre Renoir, René Dary, Charpin, Aimé Clariond, « Rappel Immédiat » (1939) avec Eric Von Stroheim. Il joua dans « Deuxième bureau contre la Kommandantur » (1939) de René Jayet et Robert Bibal, et fit son dernier film « Patrouille blanche » de Christian de Chamborant en 1941 avec Junie Astor (l’histoire d’un gangster asiatique chargé de détruire un barrage hydro-électrique dans les Alpes).

 

Aucun des films de Lucien Dalsace n'étant réédité, nous avons le plaisir de joindre pour nos internautes cette courte séquence du film "Le Révolté" de 1938 où l'acteur fit sa première et brève réapparition depuis 1930.

 

 

 

 

 

 

 

Remerciements:

 

- José Sourillan

- Corinne Charlery - Archives Municipales  de Chatou

 

P.S : rappelons que l'association a proposé depuis plusieurs années un circuit historique dans la ville avec le projet d'un premier thème sur le cinéma

Commentaires

Bonjour,je suis la petite fille de Lucien Dalsace et je tiens à rectifier certaines choses. De mémoire familialle la Parfumerie a été achetée par mon grand père, qui lorsqu'il a épousé Jane Marceau a décidé en accord avec elle d'arrêter leurs carrières respectives pour s'occuper de Jean, leur fils et Gisèle la fille de Jane Marceau. Votre histoire est belle mais Lucien Dalsace faisait une appatition théatrale à la Parfumerie et ensuite au Salon de Coiffure acheté juste en face de l'autre côté du boulevard, il faisait son show mais en aucun cas ne vendait les parfums et les petits pots de crème. Par contre étant donné qu'il venait du théatre, il ne connut pas de traversée du désert contrairement à beaucoup d'artistes du muet et il enchaina de suite les films parlants. Il fut Président de la Fédération Européenne de Parfumerie et très actif à ce titre pendant des années. Gisèle Dalsace, ma maman, fit une carrière remarquée de Chansonnière de 43 à 49 année de ma naissance. Voilà les quelques points que je tenais à clarifier et je tiens des documents à la disposition des archives de Chatou si besoin est.
Sincères salutations. Danielle Gauche Dalsace

Écrit par : Danielle Gauche Dalsace | 15/01/2010

Madame,

Nous vous remercions pour ces précisions qui complètent utilement cet article de "Pour Vous" de 1932. Notre association (non subventionnée et fondée sur le bénévolat), qui prépare une conférence inédite sur les personnalités de Chatou du XXème siècle, serait très heureuse de pouvoir rentrer en contact avec vous. Notre conférencier, José Sourillan (ex directeur du service documentation de RTL) est en particulier un passionné de cinéma et a réalisé des films documentaires, notamment sur les acteurs (en boucle sur le câble l'un sur Annabella en 2008). Par ailleurs, nous avons demandé à notre archiviste municipale, Madame HAYOT, de faire une recherche sur le lieu de naissance de Lucien Dalsace, indiqué comme étant le 54 avenue du chemin de fer (avenue Sarrail aujourd'hui) sur son acte de naissance. Madame HAYOT par recoupement a trouvé qu'il s'agissait du 40 place Maurice Berteaux. Il y a une commémoration à faire !
Vous pouvez nous contacter par téléphone au 06 33 33 25 76 ou par e-mail piarri@orange.fr.
Cordialement vôtre. Pierre Arrivetz

Écrit par : arrivetz | 15/01/2010

J ai travaillé au salon de coiffure de Monsieur Dalsace en 1970. Sous la direction de "Madame Giséle".
Monsieur Dalsace était un Monsieur toujours charmant avec son personnel.
Madame Gisèle une dame très distinguée et très aimable.
Alors jeune coiffeur, ce fut un plaisir de travaillé dans ce salon. Je n en suis parti qu à regret à la vente de celui-ci.

Écrit par : Jean-François | 16/12/2012

J'ai connu Mr et Mme Dalsace et Jean leur fils, enfant de 10 ans en1948, mes parents étaient gardiens de la loge du 37 Bd St Michel. Ils étaient charmant avec l'enfant que j'étais, toujours un mot gentil, un jouet pour me faire plaisir. Lors d'une soirée (peut-etre au Palais de Chaillot) Monsieur Dalsace ma emmené à ce spectacle habillé en petit hussard, je devais offrir une gerbe de fleurs sur scène après le tour de chant de chaque artiste féminine. Je me souviens particulièrement d'une chanteuse Américaine qui surprise me pris dans ses bras. A la fin de la soirée Monsieur Dalsace, me présenta au Président de la république Monsieur Vincent Auriol...Souvenir d'enfance que je conserve. Un seul regret de ne pas me rappeler le nom de cette soirée et des artistes qui y ont participé.

Écrit par : Landon Claude | 18/07/2013

quant à moi étant passionnée de généalogie, je cherche par-ci par-là des souvenirs, c'est ma Grand-Mère qui a travaillé chez Monsieur Dalsace, Anna Klotz, je ne sais pas à quelle période, j'ai gardé précieusement une petite boite avec le nom de ce Monsieur!

Écrit par : Lavialle Muriel | 18/12/2013

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