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29/11/2009

LES CONSEQUENCES DE L’ARMISTICE DE JUIN 1940 CHEZ PATHE-MARCONI

 
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 Publicité Pathé d'Henri Goldstein de 1933 

présentant les usines de Chatou

 

 

 

 

 

 

Il est bien difficile d'apporter un témoignage de l'Occupation sans remuer les affaires les plus douloureuses et les plus troubles de notre histoire. S'agissant de Pathé, premier employeur de la commune pendant prés d'un siècle , il est possible de se référer aux écrits de Jean Bérard, directeur administrateur de Pathé-Marconi de 1936 à 1939 : « au moment de la déclaration de guerre, j’ai été nommé administrateur fondé de pouvoir avec Monsieur Horton (anglais) puis avec Monsieur Taylor (également de nationalité anglaise). Au moment de l’exode, Monsieur Taylor s’est embarqué à La Rochelle et je suis resté seul administrateur fondé de pouvoir. Me trouvant sur la route de Bordeaux avec cinquante employés et du matériel chargé sur camion, je jugeais, arrivé à Belleville-sur-Vie, l’armistice étant signé, que notre intérêt était de rejoindre au plus tôt nos bureaux de Paris et l’usine de Chatou. Cette proposition fut acceptée à l’unanimité et lorsque le 14 juillet 1940, les Allemands se présentèrent pour réquisitionner la gomme-laque stockée à l’usine, celle-ci tournait déjà et je pus obtenir qu’on nous laissât une quantité de gomme-laque suffisante pour assurer la marche de l’usine pendant quelques mois. (…) A ce moment, 280 ouvriers ou employés avaient déjà rejoint la maison. »


La production pendant les quatre années de l’Occupation se déclina comme suit : sur 1321 disques enregistrés, 17 seulement le furent en langue allemande, 13 avec des chefs allemands et des musiciens français, et 7 seulement avec des orchestres et des chefs allemands, soit une proportion de 2,50% de disques allemands, chiffre inférieur à tous ceux pratiqués en temps de paix par les diverses maisons d’édition  de disques. Du point de vue du tirage, la proportion des disques allemands pressés ne dépassa pas 1% des 8,6 millions de disques fabriqués aux usines de Chatou sous l’Occupation.


Jean Bérard fut poursuivi à La Libération et acquitté par un arrêt du 30 juillet 1949 de la Cour de Justice. Outre le témoignage des dirigeants EMI de Londres qui trouvaient remarquable le fait d’avoir maintenu intact l’outil de production (les 80.000 matrices furent conservées), des attestations d’inspiration moins mercantiles ont permis d’établir un double jeu permanent qui se traduisit  par des mesures efficaces contre les atteintes aux personnes. Citons un extrait d’une lettre de Monsieur Thévenard du 17 janvier 1949 : « je ne peux être suspect de sentiments collaborationnistes puisque je suis depuis 17 ans marié avec une israëlite et que j’ai connu pendant l’Occupation de grandes angoisses. Jusqu’en 1943, je ne travaillais avec les maisons de disques dont monsieur Bérard était directeur que comme collaborateur artistique indépendant. Mais à ce moment, me trouvant menacé par les recensements, il me fit immédiatement inscrire dans la catégorie des cadres de la maison Pathé-Marconi comme y figurant depuis 1935. D’un autre côté, ma femme était employée au service de vente du magasin de la maison Pathé-Marconi. Pendant l’Occupation, il lui a fait conserver son  emploi dans les services intérieurs jusqu’à la Libération. (…) Tous les artistes que je connais partagent mon sentiment à l’égard de Monsieur Bérard. J’ai pu voir d’ailleurs Monsieur Bérard antidater certains contrats avec un israëlite pour pouvoir lui donner de l’argent pendant l’Occupation et faire  de nombreux enregistrements de compositeurs juifs sous de faux noms. Je sais que tous ces artistes témoigneront pour lui de son désintéressement et de son dévouement français pendant cette dure période. (…) ».


Monsieur Hémon avait donné une opinion comparable dans une lettre du 15 janvier 1949 : « peu de mois avant la Libération, je dus me débattre avec les bureaux allemands du STO (j’avais alors quitté la société Pathé-Marconi pour m’établir à mon compte). Je n’hésitais pas alors, à confier à nouveau mes difficultés à Monsieur Bérard, lui faisant ressortir le côté critique de ma position, ma femme étant alors dans la clandestinité. Je lui précisais que si je ne trouvais pas un moyen d’échapper au STO, j’étais décidé à entrer à mon tour dans la clandestinité pour continuer à veiller sur ma femme. Intervenant sans délai auprès du directeur de l’usine de la société Pathé-Marconi, il obtînt immédiatement un embauchage pour moi comme manœuvre dans cette usine. (…) ».


Monsieur Jacques Lévi-Abrares , directeur de La Boîte à Musique boulevard Raspail, précisa quant à lui dans une lettre du 19 janvier 1949 : « il n’a pas hésité à se compromettre lui-même pour me prêter son appui et chercher à éviter mon élimination de l’affaire que j’avais fondée et que je dirigeais. Il a signé, en date du 2 août 1941, une attestation en ma faveur, que j’avais jointe à mon dossier au Commissariat des Affaires Juives et dont je tiens à la disposition de la Cour une copie certifiée conforme à l’époque par le commissaire de police. Il a pris alors une position nette en multipliant les démarches auprès des autorités civiles françaises et auprès des allemands auxquels il faisait transmettre une copie , traduite par ses soins, d’une notice détaillée sur les services rendus à la France par mes aïeux depuis plusieurs générations. Par la suite, en septembre 1941, menacé d’arrestation par la Gestapo, j’ai dû me réfugier en zone libre. J’étais sans ressource, alors que mes deux fils étaient prisonniers de guerre. La Boîte à Musique sous administration provisoire d’un ami commun à Monsieur Bérard et à moi-même m’a apporté une aide matérielle occulte jusqu’à la Libération. »


Une lettre du 14 janvier 1949 de Roger Desormière (1898-1963), fondateur du mouvement résistant Front National (communiste) en juillet 1941, et chef d’orchestre de la Radiodiffusion Nationale Française, rapporta : "pendant toute l’occupation allemande, Jean Bérard  a défendu avec acharnement les intérêts de la musique française. (…) Ma haute estime  pour Jean Bérard m’avait amené à lui confier mes idées qui étaient tout à fait opposées aux siennes. Cela n’a pas empêché Jean Bérard de faire appel à mon concours pour la direction de plusieurs enregistrements  de musique française  dont « Pelleas et Mélisande », « L’Etoile », le "Concerto pour Piano et Orchestre" d'Henri Sauguet… Sachant que mon ami , Jean Wiener, d’origine israëlite et résistant, ne pouvait travailler sous son nom en raison des lois allemandes, Jean Bérard lui est venu en aide et a contribué à sa subsistance. Beaucoup d’autres camarades de la Résistance m’ont encore dit leur sympathie pour Jean Bérard et sont prêts à témoigner en sa faveur, notamment Georges Auric, Irène Joachim et Francis Poulenc (…)."


Monsieur François Edgar Hepp, expert prés la Cour de Paris, chef de direction au Comité des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture, énonça peut être le fond de l'affaire le 9 mai 1949 : « pendant l’occupation allemande, en qualité de secrétaire général du Comité d’organisation professionnelle des industries et commerce de la musique, j’ai eu l’occasion de voir d’une manière régulière et constante Monsieur Jean Bérard, qui était membre du comité consultatif de ce comité d’organisation où il représentait l’industrie phonographique. Nous avons tous apprécié son activité professionnelle dont le résultat a été de maintenir la production du disque et même d’accroître la proportion des oeuvres françaises enregistrées. Pour obtenir ce résultat, il a eu avec les autorités allemandes des relations que nous étions d’accord pour considérer comme inévitables et comme nécessaires. Le résultat obtenu nous a semblé d’autant plus méritoire que la société Pathé-Marconi étant anglaise, un préjugé défavorable existait contre elle du point de vue des allemands » (…).


Enfin, alors que 1200 personnes s'activèrent aux usines de Chatou sous l'Occupation, Jean Bérard obtînt que seules 50 d'entre elles partent au STO, dont 20 volontaires. Une vaste opération de survie devait ainsi marquer l'existence de milliers d'employés et d'artistes de Pathé-Marconi pendant cinq ans.  

 

Source : dossier Bérard, Archives Nationales

"Chatou, une page de gloire dans l'industrie" - édition Chatou Notre Ville


 

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05/11/2009

PIERRE TRABAUD (1922-2005)

Né à Chatou le 7 août 1922 sous le nom de Pierre Gabriel Vincent Pibaret rue du Val Fleuri, Pierre Trabaud tourna dans de nombreux films français des années cinquante, se rendit célèbre dans "la Guerre des Boutons", "Antoine et Antoinette" avant de donner sa voix pour les dessins animés. Il épousa son dernier rôle dans "La vie et rien d'autre" (1988) de Bertrand Tavernier aux côtés de Philippe Noiret.

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"Ah, quelle équipe !" - 1956
Avec Pierre Trabaud, Louise Carletti, Sydnet Béchet
collection Pierre Arrivetz
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L'affiche de Pathé Consortium Cinéma

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Pierre Trabaud remporta le Grand Prix du Film 1954 pour son rôle avec Pierre Fresnay dans "Le Défroqué" de Léo  Joannon - collection Nicole Trabaud
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Dans "Normandie-Niemen" de Jean Dréville (1959) - collection Nicole Trabaud
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Pierre Trabaud, l'instituteur
de "La Guerre des Boutons" (1961)
collection Nicole Trabaud
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Pierre Trabaud sur le tournage de "La vie et rien d'autre" de Bertrand Tavernier (1988) -collection Nicole Trabaud

 

L'hommage de Chatou Notre Ville : la CONFERENCE POUR LES JOURNEES DU PATRIMOINE le DIMANCHE 21 SEPTEMBRE 2008 SALLE JEAN FRANCAIX par José Sourillan, ancien directeur des archives de RTL, auteur de documentaires pour la télévision (dernièrement sur l'actrice Annabella).    

TRABAUD CONF 1.jpg 150 personnes assistèrent à la conférence, un hommage émouvant fut rendu à  Pierre Trabaud par nos conférenciers José Sourillan et Philippe d'Hugues et ses amis Françoise Arnoul, Paule Emmanuel, Philippe Mareuil, Roger Carel et Popeck.

 

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 L'hommage de Popeck

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Roger Carel conte l'histoire de son chien "Astérix" qui fut également celui de  Pierre Trabaud
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Philippe Mareuil s'adresse à la salle (ci-dessous, le portrait de l'acteur qui tourna une cinquantaine de films des années 50 à 70)
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A gauche, Paule Emmanuel, qui doubla notamment les voix de Moneypenny dans les James Bond de 1962 à 1985 et des films de Walt Disney ("La Belle et le Clochard", "Alice au Pays des Merveilles", "La Belle au Bois Dormant"). Pierre Trabaud était la voix de Daffy Duck, Joe Dalton, Astérix et Popeye.

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José Sourillan, ancien directeur des archives de RTL, orfèvre de cette conférence, et Nicole Trabaud, dont la documentation et les relations ont permis à Chatou d'honorer la mémoire du comédien.

 

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  José Sourillan à la table du conférencier, on aperçoit au premier plan à droite l'ordinateur portable de Patrick Muller, jeune Catovien de très grand talent qui a mené par dizaines d'heures toute l'opération de mise en forme de la projection sur un programme informatique et qui était là pour assurer la projection en symbiose avec les conférenciers (ci-dessous).

 

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Philippe d'Hugues, journaliste, critique et historien du cinéma (auteur du livre "Le cinéma français sous l'Occupation"), évoque le film réalisé par Pierre Trabaud, "le voleur de feuilles", dans lequel il retrouve une inspiration proche de Chaplin et de Tati

 

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Françoise Arnoul, actrice mythique du cinéma français des années 50-60 ("French Cancan" avec Jean Gabin...) dont le charme et la voix sont restés intacts.
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Les comédiens qui eurent Pierre Trabaud pour professeur vinrent témoigner de sa gentillesse et de sa droiture
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Parmi une assistance attentive et passionnée, on reconnaît au second rang Claude Ghezi, président du Club de la Boucle qui, comme Jean-Claude Issenschmitt, président du Souvenir Français Chatou-Montesson, s'était déplacé. L'association remercie Monsieur Fournier, Maire de Chatou, grâce à qui la salle fut prêtée à l'association pour la conférence.  
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De superbes affiches décoraient le mur de la mezzanine où fut disposé un excellent buffet de la maison Prager 96 route de Maisons à Chatou
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 Ci-dessous, au théâtre dans "Madame Sans-Gêne" dans le rôle de Napoléon (1971)

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