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28/03/2010

CROISSY - L'HOMME DE L'HISTOIRE

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Nouveau conseil d'administration de La Mémoire de Croissy élu le 6 octobre 2009. A gauche, Norbert Fratacci, président sortant qui a remis son mandat et au centre, Alain Candelier, nouveau président. Photo Pierrick Roynard

 

Le président de la Mémoire de Croissy, Norbert Fratacci, a remis son mandat le 6 octobre 2009, laissant à son successeur, Alain Candelier, un héritage exceptionnel dans l'histoire d'une association : la création d'un Pavillon de l'Histoire Locale dans les communs du château Chanorier, pavillon exposant l'histoire de la ville et mettant à l'honneur à travers une présentation digne du Musée des Arts et Métiers, l'histoire du maraîchage qui fut si déterminante pour la commune et celles qui l'entourent.

Cette réalisation n'a pu aboutir que grâce à la personnalité exceptionnelle de Monsieur Fratacci, qui a su rallier tous les concours publics et privés, et s'est entouré de Croissillons de grande valeur, d'un dévouement sans borne, qui ont piloté la restauration et la réalisation des pièces du musée. Les Amis de la Place d'Aligre ont également apporté une contribution essentielle à cette oeuvre en fusionnant opportunément avec la Mémoire de Croissy et en engageant des fonds qui ont permis d'ajouter à la bonne marche du projet pour les habitants. Ce Pavillon a accueilli, en deux ans, plus de 6000 visiteurs et vient s'ajouter aux diverses activités bénévoles de l'association : annuaire des rues, publications deux fois par an, organisation de visites régulières de la ville, expositions d'archives annuelles à l'Eglise Saint-Léonard, lancement d'une souscription en vue du restauration du lutrin d'Anne d'Autriche...

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Anne d'Autriche (1601-1666)
Epouse de Louis XIII en 1615, elle devint l'ennemi de Richelieu qui visait l'abaissement de la dynastie des Habsbourg en Europe. A la mort du cardinal en 1642 et à celle du roi en 1643, elle devint régente du royaume et soutint le successeur du cardinal, Mazarin, jusqu'à sa mort en 1661. Avec Mazarin, elle résista à la Fronde des Princes et permit le renforcement de l'autorité du pouvoir royal. Son don du lutrin à Croissy daterait des années 1650.
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Lutrin offert à l'église Saint-Léonard de Croissy par Anne d'Autriche
cliché "La Mémoire de Croissy"

 

 

Représentée depuis 10 ans au conseil d'administration de la Mémoire de Croissy, l'association s'est efforcée d'apporter une contribution aux actions de l'association en proportion de ses possibilités : don financier pour l'exposition sur l'histoire des écoles (2003), exposition d'un moteur Georges Irat lors de l'exposition sur les transports (2005), recherches et rédaction d'articles sur les seigneurs Bertin et Chanorier d'une part (bulletin de Croissy de 2006), sur le panoramiste Poilpot d'autre part (2007), don de différents documents d'archives concernant Poilpot (dont une lettre de Galliéni à Poilpot) et  Amélie Diéterlé, don financier à la restauration du lutrin d'Anne d'Autriche (2009), don plus symbolique qu'important qui doit être suivi prochainement par un don à la restauration de l'Eglise Notre-Dame de Chatou laquelle fait l'objet d'une souscription en raison de la défaillance de l'Etat et de la Région.   

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Aujourd'hui, les membres du conseil d'administration de Chatou Notre Ville sont fiers d'adresser leurs plus vives félicitations à leur collègue Norbert Fratacci, qui a, au terme d'un investissement sans précédent pour l'histoire de Croissy, été décoré de la Médaille de la Ville et été reçu dans l'ordre des Arts et des Lettres au grade de Chevalier lors de l'assemblée générale de l'association le 27 mars 2010. Cette haute distinction lui a été remise par monsieur Pierre Lequiller, député de la circonscription, en présence de Monsieur Jean-Roger Davin, maire de Croissy, et de Monsieur Ghislain Fournier, conseiller général du canton de Chatou-Croissy. Elle couronne une carrière brillante de quarante ans dans l'industrie, un engagement bénévole au service des autres dans le domaine de l'emploi ainsi qu'une action associative sans laquelle rien n'aurait été possible pour Croissy.

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Si la France compte dans son patrimoine national corse Napoléon et Tino Rossi, Croissy peut s'honorer de compter Norbert Fratacci, rassembleur, grand réalisateur et orateur hors pair, dans son patrimoine local.

 

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15/03/2010

CHATOU, TERRE D'HORTICULTURE

Chatou, cité de villégiature et de cultures : le titre méritait d’être énoncé. L’on sait que sous la Restauration, Chatou était un village de petite culture qui suffisait à peine à nourrir ses habitants (voir notre revue « Chatou 1814-1830"). Sous le Second Empire, le village devint une petite ville, vouée aux charmes des constructions de la villégiature qui se développèrent alors sous l’influence du train et de la bourgeoisie d’affaires désireuse de prendre « le bon air » loin du chantier haussmannien de la capitale. Dés lors, on assista à l’éclosion de l’horticulture dans les jardins.

A Saint-Germain, qui dominait alors la région de la Boucle, se concentrait l’activité de la Société Nationale d’Horticulture. Le parrain de la section de Saint-Germain  n’était autre que Napoléon-Jérôme, dit Plon-Plon, cousin de Napoléon III, « dont le haut patronage est acquis à  toutes les institutions utiles et libérales », et qui, chaque année, offrait une médaille d’or. Les récompenses émanaient également de l’empereur, de la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, du ministre de l’Agriculture, des Dames Patronesses etc…

 

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Le cousin de Napoléon III, fils du roi Jérôme de Westphalie, dit "Plon-Plon"  (1822-1891),  ci-dessus en 1859, était le parrain de la section d'horticulture de Saint-Germain sous le Second Empire laquelle récompensa à plusieurs reprises des Catoviens.

 

 

 

Le 21 septembre 1859, une exposition d’horticulture de trois jours se clôt par la remise des récompenses au Pavillon Henri IV. Parmi les exposants, Monsieur Foucard aîné, de Chatou, reçut le deuxième prix des plantes de semis pour ses géraniums ainsi qu’une médaille de bronze pour ses pelargoniums.

Le 3 juin 1860, Monsieur Foucard, présenté comme « dessinateur de jardins » remporta le deuxième prix dans le concours des plantes fleuries, un autre membre de sa famille, Théophile Foucard, jardinier chez Monsieur Labélonye avenue des Tilleuls à Chatou, le troisième prix pour ses pelargoniums, enfin Monsieur Achille Jaudon, jardinier chez Madame Huzard, à Chatou, le deuxième prix pour ses petunias de semis.

En 1863, le même Monsieur Jaudon reçut le premier prix pour ses fuchsias, Monsieur Victor Gelineau, jardinier chez Monsieur Carlhian à Chatou le deuxième prix pour ses fruits de saison, Monsieur Dehaussy, jardinier chez Monsieur Dubrugeant à Chatou, le deuxième prix pour ses arbres fruitiers.

Le 24 mai 1864, Monsieur Théophile Foucard, jardinier de Monsieur Labélonye, obtint le deuxième prix au concours de « belle culture ».

Le 9 septembre 1865, Monsieur Charles Foucard, horticulteur à Chatou, reçut le premier prix pour ses pelargoniums zonales et le second prix pour ses plantes d’ornement des jardins. Le jury précisa qu’il avait créé au Vésinet, à Chatou et à Croissy  un grand nombre de jardins et, considérant qu’il réussissait à les arracher à une culture ingrate, vint attribuer le premier prix. Monsieur Billard, dessinateur paysagiste, créateur de quelques jardins à Chatou dont celui de Monsieur Delaporte, « remarquablement bien disposé », reçut les félicitations du jury.

Le 21 septembre 1867, Monsieur Ozanne, jardinier chez Monsieur Dubrugeaud à Chatou, reçut le troisième prix pour sa collection en pot d’achiménées et Monsieur Rebstock, jardinier du maire de Chatou, Monsieur Dumas, avenue du chemin de fer (aujourd’hui général Sarrail), le troisième prix pour ses plantes à feuillage ornemental, enfin de nouveau Monsieur Foucard aîné, premier prix pour ses pelargonium zonale inquinam, et Monsieur Ozanne, pour ses caladium sculentum, un troisième prix.

Le 30 août de la même année, les jardiniers de Chatou avaient fait dire une messe en l’honneur de Saint-Fiacre, leur patron. Ils se rendirent à l’église avec une châsse ornée des fleurs les plus rares en provenance du jardin de Monsieur Dumas. La soirée fut conclue par un bal sous la tente de Monsieur Choteau en présence des jardiniers et des notables de la ville.

Les archives de la Société Nationale d’Horticulture donnent un dernier écho à cette activité que la deuxième moitié du vingtième siècle a fait pratiquement disparaître avec l’urbanisation.

Le 21 juin 1913, le Syndicat d’initiative de Chatou, dirigé par son fondateur depuis sa création en 1911, Monsieur Bousson, fils de l’ancien maire Ernest Bousson, avait organisé une exposition d’horticulture dans la salle des fêtes de Chatou, construite place du marché en 1893 sur les deniers de Maurice Berteaux. Le jury émanait de la Société Nationale d’Horticulture et était composé d’Emile Thiébaut, président de cette société, Messieurs Thérouin, de Maisons-Laffitte, secrétaire, Duval, de Versailles, Bouland, du Vésinet, Hartmann, de Saint-Germain-en-Laye, Delavaud, de Poissy, Delaroche, de Bougival. Le premier prix d’honneur consistant en un objet d’art fut décerné à Monsieur Foucard fils pour « un massif de géraniums composé des meilleures et plus intéressantes variétés, un beau lot de coleus à grand feuillage de semis, un autre de calcéolaires, de beaux anthemis doubles Madame Sander, des pétunias, des hortensias à grandes fleurs, très variés, et enfin un important lot de plantes vertes, cocos, kentia, phoenix, de bonne culture. »

 

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Charles Foucart, issu d'une vieille famille installée à Chatou depuis la Monarchie de Juillet, déjà honorée pour l'horticulture sous le Second Empire, édita une carte publicitaire rappelant sa médaille d'or à la grande exposition de 1913 du Syndicat d'initiatives et de la Société Nationale d'Horticulture à la salle des fêtes de Chatou - collection Pierre Arrivetz

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Deux prix d’honneur récompensés par des grandes médailles d’or échurent à Monsieur Budan, de Chatou, pour « une excellente présentation d’hortensias de culture irréprochable, de pelargoniums, geraniums, heliotropes et œillets », et à Monsieur Couturier, de Chatou, « pour l’ensemble de son exposition, très variée, dans laquelle on remarquait  des begonias bulbeux, begonias gracilis, begonia  ricinifolia, begonia rex, primula obconica, pois de senteur, plantes vertes très variées, araucarias et houx. »

 

Monsieur Prudhomme, de Chatou, fut aussi récompensé d’une médaille d’or pour son apport de plantes vertes, et pour des geraniums lierre.

 

Des grandes médailles de vermeil furent également accordées à Messieurs Thuilleaux pour un apport de rosiers, Angel et fils, Fortin et Laumonnier, de Paris, pour de très beaux iris d’Angleterre et pois de senteur à grande fleur, en fleurs coupées.

 

Messieurs Mazeau, Lamurand et Simonneau exposaient, le premier des œillets à grande fleur, les deux autres des bouquets et gerbes.

 

Deux présentations hors concours recueillirent les félicitations du jury, celles de Messieurs Vilmorin-Andrieux et Compagnie, dont la corbeille de plantes annuelles attira tous les regards à l’entrée de l’exposition et celles de Messieurs Moser fils, de Versailles, représentée par une corbeille d’hortensias et de delphiniums égayée de touffes du phlox panaché comtesse de jarnac.

 

L’association nationale des jardiniers de France section de Chatou apporta également ses produits et reçut le diplôme de la Société Nationale d’Horticulture de France.

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Ci-dessus, les jardiniers et vétérans salués par le député-maire de Chatou, Maurice Berteaux, et le ministre de la Guerre, Monsieur Etienne, le 17 juin 1906 à l'entrée de l'hôtel de ville de Chatou.

 

 

 

 

L’industrie horticole fut très brillamment représentée par Messieurs Courandière, Cochu fils, Plançon, Binois et fils, Schiltz, Levanneur, Février, Loriot, Delarue et Schambert.

 

Monsieur Chevalier, de Chatou, avait apporté douze vitrines d’insectes, infime partie d’une exceptionnelle collection.

 

Monsieur Bousson, président du syndicat d’initiatives, avait eu l’heureuse idée de compléter l’exposition d’un concours de photographie.        

 

Un parfum de Belle Epoque ne flottait-il pas sur cette manifestation ? toujours est-il que Chatou n'abandonna pas ses prétentions en la matière : du 14 au 16 juin 1929 se tint une nouvelle exposition à la salle des fêtes organisée par le Syndicat des Horticulteurs de Chatou, Croissy, Le Vésinet en collaboration avec l’Union du Commerce et de l’Industrie et la Société d’Horticulture du Vésinet. Le président du Syndicat des Horticulteurs était Monsieur Budan, de Chatou. Le jury était composé de Messieurs Doïdy, délégué de la Société Nationale d’Horticulture de France, président, Royer, horticulteur de Versailles, secrétaire, Bénouville, Vallerand, Talmet, membres. Les récompenses furent accordées par la Ville de Chatou, l’Union du Commerce de Chatou, la Société d’Horticulture du Vésinet, Monsieur Ramas, conseiller municipal de Chatou, et de nombreux donateurs.

 

 

Furent notamment distingués au titre des horticulteurs et professionnels :

 

-  Monsieur Billard, horticulteur au Vésinet, grand prix d’honneur, objet d’art

-  Monsieur Budan, horticulteur à Chatou, premier prix d’honneur, diplômé de la médaille d’or, grande médaille de vermeil et diplôme de la Société Nationale d’Horticulture de France

-  Monsieur Boileau, horticulteur paysagiste au Vésinet, deuxième prix d’honneur, diplôme de la médaille d’or, grande médaille de vermeil

- Monsieur Prudhomme, fleuriste à Chatou, premier prix, grande médaille de vermeil

-  Monsieur Aumont, horticulteur à Chatou, premier prix, médaille de vermeil

-  Monsieur Eyvrard, jardinier-chef à Chatou, premier prix, médaille de vermeil

 

Le 2 août 1929, une commission de la Société Nationale d'Horticulture se rendit chez Monsieur Aumont, 87 rue des Landes, dans une propriété qui fut morcelée et construite dans les années 50. Sur un terrain de 6000 mètres carrés, Monsieur Aumont avait réparti des plants de choux, d'une part, des plants de fraisiers d'autre part.

C'est à ce dernier titre que la commission se déplaçait.

 

Quatre variétés de fraisiers étaient présentées par Monsieur Aumont:

- "Madame Henri Simmen" et "Madame Henri Routier", à leur première fructification, abondantes

- "Docteur Rochefort" (maire de Chatou de 1911 à 1919), dont seul un petit nombre d'exemplaires commençait à fructifier

- un fraisier dit "des 4 saisons", "très vigoureux, à fruits allongés"

- une collection de variétés anciennes et récentes servant d'étude à Monsieur Aumont.

 

La commission adressa à Monsieur Aumont ses félicitations et ses encouragements à poursuivre ses études.

 

La dernière exposition à la salle des fêtes de Chatou eut lieu du 19 au 21 juin 1948 et fut une exposition "internationale d'aviculture et de matèriel horticole." La société d'horticulture du Vésinet lui apporta son concours avec le patronage du ministre de l'Agriculture et des municipalités de Chatou et du Vésinet. Messieurs Ragot père et fils de Chatou obtinrent le prix d'honneur pour leurs hortensias. Etaient exposées les plantes de serre de l'Ecole Nationale d'Horticulture de Versailles, les oeillets à très grosse fleur de Messieurs Hubert, Durieux, Idoc et Parisot, les cactées de l'établissement Pierre Thiébaut, les bégonias de Billard, les plantes fleuries de Touquet, Perrot et Couty, les lots des pépiniéristes Thuilleaux et Lécolier. En 1973, la salle des fêtes fut détruite. Depuis 1948, les expositions d'horticulture ont disparu à Chatou.

 

 

 

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Salle des fêtes de Chatou (1893-1973) place du marché où étaient notamment organisées les expositions d'horticulture. La salle, qui pouvait contenir 1000 personnes, avait été financée sur les deniers du député-maire et futur ministre de la Guerre, Maurice Berteaux. L'architecte Alfred Gaultier, architecte du château de la Pièce d'Eau (1882), en avait dressé les plans.

 

Recherches : Pierre Arrivetz - Eric Dubart