1804

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/04/2010

CAMILLE CHEVILLARD (1859-1923) ET CHARLES LAMOUREUX (1834-1899) : DES CHEFS D'ORCHESTRE CATOVIENS

La Belle Epoque de Chatou fut non seulement celle de la peinture mais aussi celle de la musique : en couverture de la revue mensuelle « Musica » de septembre 1903, un Catovien de renom : le chef d’orchestre Camille Chevillard (1859-1923), dans son jardin de Chatou (à droite en canotier). A la mort de son beau-père en 1899, le célèbre chef d’orchestre Charles Lamoureux, il avait hérité sa villa au 2 avenue du Parc où quelques semaines par an, il y perpétuait la tradition d’hospitalité des musiciens français.

 

MUSICA REVUE 1903.jpg
 
collection Pierre Arrivetz

 

 

Voici ce que notait dans la revue Musica le journaliste Wotan :

 

« Cette villa dénommée « Haëndel », fut achetée, voici prés de trente ans, à l’époque des Concerts de l’Harmonie Sacrée, par Charles Lamoureux.

Toute une génération de musiciens, autour de Lamoureux, Emmanuel Chabrier et Victor Wilder, les deux plus intimes amis du chef d’orchestre, y passa des journées joyeuses, où Chabrier improvisait son quadrille sur Tristan et Yseult, que les invités dansaient éperdument , et où l’on faisait toutes les folies.

 

Camille Chevillard y continue en faveur de la génération présente les traditions hospitalières d’autrefois. Le délicat compositeur Charles Levaldé (1869-1948, élève de Massenet, chef du chant à l’Opéra en 1905, auteur notamment de l’opéra « les Hérétiques » la même année et d’une centaine de chansons et mélodies), Duteil d’Ozanne, musicien de race et fondateur de l’Euterpe, le célèbre violoniste Geloso, le violoncelliste Salmon et bien d’autres que j’oublie viennent partager sa villégiature et je mentirais en disant que le trio et le quatuor perdent leurs droits pendant les jours d’été. La musique de chambre devient de la musique de véranda… ».

 

 CHEVILLARD HAENDEL.jpg

La villa de Charles Lamoureux et son parc dont hérita son gendre Camille Chevillard (ci-dessous) alors située 2 avenue du Parc à Chatou. L'ensemble a été malheureusement détruit.

 

CHEVILLARD.jpg

Camille Chevillard, pianiste de formation, avait été engagé à plusieurs reprises par Charles Lamoureux pour le seconder, notamment comme chef de chant pour préparer l’héroïque représentation de “Lohengrin” qui avait eu lieu à l’Eden-Théâtre en 1887.

 

En 1890, il avait obtenu la place de second chef d’orchestre dans les concerts Lamoureux et épousé la fille de Charles Lamoureux.

 

En 1898, il avait inauguré une politique d’invitation de chefs d’orchestre étrangers en cédant sa place pour la direction de l’orchestre, rompant avec la tradition de permanence du chef d’orchestre face à ses musiciens. Parmi les invités, Richard Strauss était devenu un habitué.

 

Lorsque Charles Lamoureux mourut en 1899, Chevillard le remplaça à la tête de l’association des Concerts Lamoureux. Il avait donné en concert pour la première fois l’intégrale des symphonies de Beethoven et de Schuman, fait découvrir les oeuvres de Listz, de Brahms, d'Elgar (Enigma variations en 1905, Sérénade pour cordes en 1907), Mahler (Chants du compagnon errant en 1905), Dvoràk (Symphonie du Nouveau Monde en 1906, Ouverture Carnaval en 1907), Strauss (Mort et Transfiguration en 1904, Till Eulenspiegel en 1908). Il avait été également le premier à attirer l'attention des auditeurs français sur la musique russe. Il reprit « l'Apprenti sorcier » de Dukas qu'il dirigea 16 fois en 15 ans.

 

En 1907, il dirigea la classe d'ensemble au Conservatoire.  Lors de l'Exposition Universelle de 1900, Camille Chevillard avait appelé un chef russe, Winogradsky, à diriger l'orchestre.

 

Intéressé aux œuvres du répertoire contemporain, il avait créé des œuvres de Debussy (3 Nocturnes en 1901, La Mer en 1905, L'Enfant prodigue en 1908), Fauré (Pelléas et Mélisande en 1901, Dolly en 1907), Schmitt (Le Palais Hanté en 1905, Musique en plein air en 1906, Rhapsodie Viennoise en 1911), Albéric Magnard (Symphonie n°3 en 1904,  Hymne à vénus en 1906).

 

En 1912, il créa les "Valses nobles et sentimentales" de Ravel sous la baguette du compositeur. La même année, l'orchestre multiplia les tournées à l'étranger.

 

Puis en 1913 Camille Chevillard dirigea pour la première fois la version de concert de trois grands ballets récemment créés sur scène: “Daphnis et Chloé” de Ravel, “La Péri” de Dukas et “Le Festin de l'Arraignée” de Roussel.

 

En 1914, l'orchestre avait fusionné avec les Concerts Colonne en raison de la mobilisation des effectifs et ce, jusqu'en 1919.

 

La même année, il fut nommé directeur de la musique de l'Opéra mais continua d'exercer en tant que professeur au Conservatoire. Il créa “Rêves” de Schmitt en 1918, “La Valse” de Ravel en 1920, “Choral” de Koechlin en 1921, “Prières” de Caplet en 1922 et deux psaumes de Boulanger en 1923.On lui dut quelques compositions : « La ballade symphonique », « Le chêne et le roseau », « La fantaisie symphonique ».

 

Camille Chevillard mourut le 30 mai 1923 dans sa maison de Chatou, la villa Haëndel, dont l'immense terrain fut loti et morcelé entre deux voies nouvelles: les actuelles avenue du Parc et rue Camille Chevillard.

 

Paul Paray, qu'il désigna comme son successeur en 1920, fut élu président-chef d'orchestre des Concerts Lamoureux à sa mort. Plusieurs pétitions locales, de sa mort aux années quarante, vinrent à bout de la résistance des municipalités contre l'ouverture d'une voie à son nom. La rue Camille Chevillard existe mais connait-on suffisamment son histoire ?

 

 

CARTE CHEVILLARD.jpg

Une carte postale intéressante : celle que Camille Chevillard adressa à Rhené-Baton (1879-1940), chef de chant à l'Opéra-Comique puis futur directeur des concerts Durand et Pasdeloup (1910-1932), lui-même résident du 40 rue des Ecoles à Chatou. Au dos, la villa Haendel de Camille Chevillard.

 

CHEVILLARD HAENDEL 1.jpg
La villa "Haëndel" : Charles Lamoureux et sa fille Marguerite qui épousera plus tard Camille Chevillard y sont déjà recensés en 1876 avec 4 domestiques, un jardinier et sa famille. Collection Pierre Arrivetz.        
 
                                                    
6b266e4831b6dc3b9db4c7d9c55bccf1.gif

Charles Lamoureux (1834-1899), le chef d'orchestre qui popularisa la musique avec ses concerts, à l'époque où l'enregistrement sonore n'existait pas. Les Concerts Lamoureux font toujours partie des formations réputées internationalement. 

 

Chatou est peut être la ville de France la plus liée à l'essor, la création et la diffusion de la musique aux XIXème et XXème siècles. Parmi les talents qu'elle abritait, Charles Lamoureux fait figure de symbole.

Né en 1834 à Bordeaux, celui-ci était entré au Conservatoire de Paris en 1850 tout en gagnant sa vie comme violoniste dans un petit orchestre. Ayant obtenu un premier prix de violon en 1854, il avait été admis à l'orchestre de l'Opéra. Dix ans plus tard, il fondait avec le concours d'Edouard Colonne des séances de musique de chambre où il fit la preuve de son habileté instrumentale et de ses qualités de chef.

Mais c'est son mariage avec une riche héritière qui lui permit de réaliser ses projets. En 1873, à l'instar de la "Sacred Harmonic Society" de Londres, il créa la Société d'Harmonie Sacrée et fit entendre les oratorios de Bach, Haendel, Gounod et Massenet. Nommé en 1877, il ne se trouva pas entièrement à son aise comme chef d'orchestre à l'Opéra à cause de son caractère dominateur. C'est ainsi qu'il inaugura en 1881 la célèbre Société des Nouveaux Concerts.

Ses visites à Bayreuth ayant fait de lui un wagnérien acharné, il donna les premières grandes auditions intégrales de Wagner en France. Entre 1882 et 1887, ses représentations wagnériennes, le premier acte de Lohengrin et les deux premiers actes de Tristan réussirent à faire triompher les mérites du compositeur allemand.

En 1899, l'année de sa mort, ses 20 représentations intégrales furent, dit-on, d'une interprétation sans égale. Malgré un accueil hostile et parfois des émeutes, il persistait à rejouer ses oeuvres préférées jusqu'à ce qu'il eût convaincu ses auditeurs. Etant riche, il ne se souciait guère des recettes. C'est ainsi qu'il a noblement soutenu les jeunes compositeurs, tels d'Indy, Lalo, Chabrier, Dukas, Chausson.

En 1897, lorsqu’il se retira, son gendre et successeur Camille Chevillard débaptisa la Société en son honneur pour lui donner le nom qui devait lui assurer la postérité, la Société des Concerts Lamoureux.

 

 

 

15/04/2010

MAURICE BERTEAUX : une place, un marché, un square, un avenir ?

 

n3a à chatou.jpeg
Arrivée de Napoléon III à Chatou
 Toile de Pharamond Blanchard de 1858
restituant la visite du prince-président du 5 octobre 1850
 
 
 
NAPO III CHATOU SITE.gif

 

 

La place Maurice Berteaux est un acquis de l’histoire : la municipalité de Tony de Brimont  informa le prince Louis-Napoléon président de la République en visite à Chatou le 5 octobre 1850 de son intention d’acquérir par emprunt les terrains formant la place. Peu de temps après, le préfet autorisa la mise à l’ordre du jour de la question en réunion du conseil municipal.  Le 29 mars 1851, celui-ci se prononça en faveur de l’opération par vote à l’unanimité moins une voix. Ce furent 5634 m² de terrains issus de la succession du marquis d’Aligre qui furent acquis par la commune. L’objectif proclamé de cette acquisition :

-         la réunion et les exercices de la Garde Nationale

-         la manœuvre de la pompe à incendie et de la subdivision des sapeurs-pompiers

-         la fête du village du 15 au 17 août

 

Le 23 juillet 1861, le conseil municipal approuva le déplacement sur la place du marché créé un an plus tôt. Le 20 avril 1873, il autorisa la création d’une borne-fontaine pour les forains. Un réseau de canalisations sous la place fut réalisé par la compagnie Pallu en 1874. Des cabinets d’aisance furent votés le 12 octobre 1877. Enfin,  un second jour de marché fut établi en 1881 sous la municipalité d’Ernest Bousson.

 

Cette installation d'un marché sur la place créée sous le Second Empire était une révolution car elle avait été envisagée dans les temps anciens sans trouver d'aboutissement, du fait probablement d'absence de place publique. L'historien Albert Curmer mentionne ainsi un arrêt du Parlement de Paris du 10 janvier 1619 du premier président Nicolas de Verdun faisant état de lettres d'Henri III d'avril 1580 "portant établissement de foire et marché à Chatou, lettres entérinées par le prévôt de Paris le 14 août 1581".

 

 

 

MARCHE.jpg
Le marché en 1900
PLACE DU MARCHE 1.jpg
En 1900, le marché, moins dense qu'aujourd'hui,
 est traversé par une large allée ornée d'arbres
dans le prolongement de l'avenue d'Aligre

 

Le 9 mai 1880 fut votée la création d’un square et d’un kiosque place de la gare dont les devis furent dressés par l’architecte Eugène Bardon. On y trouva une grotte et un kiosque jusqu’en 1929, date de réaménagement du square.

KIOSQUE 1.jpg

 

En 1922, fut inaugurée la statue de Maurice Berteaux, maire de Chatou de 1891 à 1911, député de 1893 à 1911 et ministre de la Guerre en 1904, 1905 et 1911, initiateur de la défense aérienne (avions et dirigeables). Ce maire exceptionnel qui avait fait construire une salle des fêtes sur ses deniers en bordure de la place compte aujourd’hui son nom dans plus de 40 communes de l’ancien département de Seine-et-Oise dont il fut un parlementaire emblématique.

SALLE DES FETES.jpg
Salle des fêtes construite en 1893 sur les deniers de Maurice Berteaux
 et détruite en 1973
4044ca7cbc319e207adb808ec316476d.gif
Maurice Berteaux (1852-1911), ministre de la Guerre,
aux grandes manoeuvres

 

 

 

 

Sa mort tragique le 21 mai 1911 lors du meeting aérien Paris-Madrid à Issy-les-Moulineaux lui valut des obsèques nationales et l’hommage des ambassadeurs du monde entier. Sa statue fut emportée par les allemands en 1943. Depuis 1948, un buste ridicule la remplace.

MONUMENT BERTEAUX.jpg
Statue en bronze de Maurice Berteaux dans le square qui porte son nom.
Erigée par souscription nationale sur les plans du sculpteur Auguste Maillard en 1922, elle fut emportée par les allemands en 1943

 

 

Ce furent finalement les municipalités du XXème siècle qui menacèrent le plus l’existence de la place. Le 25 octobre 1989 fut prescrite la révision du plan d’occupation des sols (P.O.S) au profit d'un POS  prévoyant la création d’une zone d’aménagement concertée signifiant l’expropriation et la destruction d’une grande partie des immeubles riverains et alentours. Les associations de Défense du Quartier de la Gare et de Sauvegarde de Chatou s’y opposèrent, obtenant avant la fin de l’enquête publique en 1991 le retrait même du projet à la suite de 2600 signatures de pétition et d’une manifestation de 200 personnes.

 

 

En 2003, un premier projet de plan local d’urbanisme (PLU) incluait la constructibilité de la place et la création de hauteurs de 18 mètres pour la construction d’immeubles riverains. Ce projet fut abandonné sous le poids de l’action conjuguée des associations Chatou Notre Ville, Sauvegarde de Chatou et Défense du Quartier de la Gare. 2000 signatures de pétitions furent en effet réunies et un avis négatif du commissaire-enquêteur au projet présenté s’ensuivit, contraignant la municipalité à abandonner le projet.

 

 

Lors du second projet de PLU soumis à enquête publique en 2006, les mêmes associations alliées stigmatisèrent la constructibilité renouvelée de la place située en zone UC avec une hauteur autorisée de 16 mètres et dénoncèrent la possibilité de construire autour des immeubles de 16 mètres. Les associations demandèrent en vain d’inscrire dans le PLU  l’inconstructibilité de la place du marché et l’abaissement des hauteurs à 14 mètres. A l'initiative des associations qui avaient lu le projet règlementaire avant de se prononcer, une manifestation de 250 personnes eut lieu le 29 mars 2006 contre l'ensemble du projet de PLU qui portait selon celles-ci atteinte à l'identité de Chatou.

 

PLU - MANIFESTATION DU 29 MARS 2006

 

En outre, une volonté de détruire les petits immeubles commerçants qui  entourent le square Maurice Berteaux est apparue : selon les orientations d'aménagement par secteur inscrites dans le PLU (page 11) - directement applicables au permis de construire selon la loi SRU - , "la restructuration" de la place Maurice Berteaux "doit prioritairement concerner les espaces compris entre la rue de l'abbé Borreau et le passage Clérault et ensuite s'étendre à l'ensemble du front ouest, des voies ferrées jusqu'au nord de la rue de l'abbé Borreau."

La municipalité élue en 2008 a entrepris de proposer à la concertation des projets de réaménagement de la place incluant des bandes engazonnées et des arbres et entamant l'existence du square. Les différents scenari présentés doivent maintenant être examinés par les associations. La première réunion de concertation avec les Catoviens le 17 février 2010 a fait ressortir une appréhension généralisée contre toute compression du marché et du stationnement autorisé en surface, aucun parking souterrain ne pouvant par ailleurs être financé par la ville sous la place. 

En effet, à la suite des défigurations opérées dans les années 70-80, l'âme de la place tient moins à son caractère qu'au commerce sédentaire et forain, lequel repose sur une possibilité de stationnement incontournable.  Le directeur du magasin SUPER U et le président de l'association des commerçants du marché ont exprimé dans Le Parisien du 20 février 2010 leur crainte de voir leur activité ralentir puis s'effondrer (on peut imaginer que ce soit au bénéfice des centres commerciaux de Croissy et Montesson).

S'agissant de l'association Chatou Notre Ville qui se bat pour garder et mettre en valeur l'identité de Chatou, celle-ci proposera au vote de son assemblée générale du 12 mars prochain une fusion absorption avec l'association de Défense du Quartier de la Gare. Cette opération symbolique devra permettre de renforcer dans l'opinion publique et auprès de l'équipe municipale les exigences d'un urbanisme de qualité et de conserver l'âme de la place Maurice Berteaux, celle-ci demeurant un centre urbain irremplaçable pour les habitants.  

 

 

Sources bibliographiques :

"Mémoire en Images - Chatou" Alan Sutton 2003

"Chatou, de Louis Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878" Alan Sutton 2005

 

 

 

 

04/04/2010

L'ARCHITECTE CELESTIN AUGUSTE LONGEREY (1860 - ?)

Célestin Auguste Longerey :  cet architecte connu du Ministère de la Culture de longue date reste encore largement ignoré dans notre commune. Mais son recensement dans notre ville en 1891 au 11 Villa Lambert par l’association Chatou Notre Ville, et de là dans l’ouvrage « Mémoire en Images – Chatou » (2003) et le CRDOM de l’association « Promenades dans Chatou » (2001), ajouté à une intervention lors du débat récent au conseil municipal sur le programme local de l'habitat, lui ont donné une nouvelle aura.

 

VILLA LAMBERT.jpg
L'entrée du Parc des Villas Lambert où résida Célestin-Auguste Longerey dans les années 1890

 

Son nom s’apparente en effet aux premières expériences d’immeubles de logements sociaux en France. Alors que depuis des décennies, Londres, berceau du concept puis plus tardivement, New-York, Milan, Vienne et Berlin avaient été le terrain de ce nouvel urbanisme, il fallut attendre 1910 pour que dans une IIIème République rayonnante de sa Belle Epoque mais avare en soutien à la classe laborieuse, des bienfaiteurs privés s’attachent à promouvoir ce mécénat peu ordinaire.

 

C’est alors que Célestin Auguste Longerey signa avec son collègue Labussière les plans du projet monumental de la Fondation du Groupe des Habitations Ouvrières promu par Madame Jules Lebaudy, épouse d’un industriel sucrier déchu qui fréquentait la maison Fournaise. Ce très bel ensemble de 1910 habillé de briques claires fut à l’origine un hôtel populaire pour hommes célibataires abritant 743 chambres. Cet hôtel est devenu en 1926 et demeure encore aujourd’hui la propriété de l’Armée du Salut. Il demeure une œuvre à part au cœur du onzième arrondissement de Paris.

LONGEREY 21.jpg

 

Situé à l’angle de la rue de Charonne et de la rue Faidherbe, il prenait place au centre du  quartier industriel du Faubourg Saint-Antoine. Devant l'allure massive et colorée de l'immense édifice, quel sentiment pouvait envahir l’ouvrier célibataire qui convoitait d’y loger sinon celui d’y mirer un accueil sûr, sain et protecteur dans une époque où les taudis lui étaient encore réservés ?

LONGEREY 14.jpg
Seul le porche de l'entrée est en pierre de taille
LONGEREY 3.jpg
Une forteresse des mal logés

 

 

L’énumération des équipements collectifs instaurés dans cet hôtel laisse penser aux services d’un grand navire de l’époque : outre la grande salle à manger de 400 places, un fumoir, une salle de lecture, des salles de lavabos, bains et douches, une salle pour bains de pieds, une salle de « laverie du linge pour locataires avec séchage rapide », des boutiques de tailleur, cordonnier, coiffeur, cabinets d’aisances etc…

 

Les 743 chambres étaient réparties en cinq étages desservis par des corridors donnant sur de larges escaliers de secours. Elles étaient pourvues en ventilations de 80 cm de hauteur, les gaines de ventilation des corridors débouchant sur les toits.

 

LONGEREY 12.jpg

 

Au sous-sol se terraient les mécanismes des ascenseurs et monte-charges, une chaufferie à vapeur à basse pression, la production de l’eau chaude, les soutes à charbon, le service de désinfection des couchages, les caves à vin, un dépôt pour les bagages et bicyclettes, et même un local pour le nettoyage de ces dernières. La lumière électrique était doublée d’un éclairage de secours au gaz.

 

LONGEREY 13.jpg

 

Les parois intérieures des services généraux du rez-de-chaussée, eux-mêmes éclairés de larges baies dans un soubassement en meulière, étaient revêtues de carreaux en faïence et peintures vernissées dominées par des tons blanc et vert.

 

LONGEREY 5.jpg

 

 

LONGEREY 7.jpg
La façade est constituée de briques jaunes de Bourgogne
avec quelques dessins en briques rouges ou émaillées et de cabochons en grés flammés
LONGEREY 6 signature.jpg
La signature de Longerey en haut à droite du porche d'entrée
LONGEREY SIGNATURE.jpg
 
 
Quelques vingt années auparavant, Célestin-Auguste Longerey avait signé une villa à Chatou 1 boulevard de la République. Celle-ci existe toujours.
VILLA LONGEREY.gif
 
 
 
VILLA LONGEREY PLAN.gif
 
 
 
VILLA LONGEREY 22.jpg