13/01/2010
LE CERCLE NAUTIQUE DE CHATOU
François Coppée (1842-1908) fut le premier à évoquer l’existence d’un club de voile à Chatou : dans son recueil de poésies « Promenades et intérieurs » de 1872, il dédia un poème « À mes jeunes camarades, aux équipiers du Club nautique de Chatou » :
Jadis, la Seine était verte et pure à Saint-Ouen,
Et, dans cette banlieue aujourd’hui sale et rêche,
J’ai canoté, j’ai même essayé de la pêche.
Le lieu semblait alors champêtre. Que c’est loin !
On dînait là. Le beurre, au cabaret du coin,
Était rance, et le vin fait de bois de campêche.
Mais les charmants retours, sur l’eau, dans la nuit fraîche,
Quand, sur les prés fauchés, flottait l’odeur du foin !
Oh ! quels vieux souvenirs et comme le temps marche !
Pourtant je vois encor le couchant, sous une arche,
Refléter ses rubis dans les flots miroitants.
Amis, embarquez-moi sur vos bateaux à voiles,
Par un beau soir, à l’heure où naissent les étoiles,
Afin que je revive un peu de mes vingt ans.
Quelle fut son évolution en cette fin du XIXème siècle ? nous n’en savons rien. En revanche, nous savons que le Cercle Nautique de Chatou fut créé en 1902 et que l'un de ses adhérents, Paul Poiret, lui créa son pavillon. Les fondateurs, les frères Monnot, qui vécurent 15 rue Camille Périer puis 7 avenue d’Eprémesnil, le marquèrent de leur empreinte en créant « les monotypes » de Chatou.
Paul Poiret (1879-1944) en 1931 - Le dessinateur du drapeau du Cercle Nautique de Chatou en 1902 fut non seulement le couturier qui libéra la femme, mais aussi un illustrateur, décorateur, peintre, parfumeur. Il écrivit ses Mémoires "En habillant l'Epoque" en 1930.
Dans l’entre-deux-guerres, les démonstrations du Cercle Nautique de Chatou alimentèrent les actualités du cinéma muet : c’est ainsi que Gaumont filma les régates du club à deux reprises en 1923, l’une à Herblay, l’autre à Chatou et une troisième fois à Rueil en 1925 (Gaumont-Pathé Archives : réf. 2321GJ 00005, 2315GJ 00004, 2519GJ 00005).
En 1929, le C.N.C. émigra à Meulan.
Le Cercle y conserva et élargit son audience, comme en attesta l’édition du 6 octobre 1934 de l’Illustration dans laquelle le journaliste Gabriel Hanot décrypta l’univers du yachting en plein essor :
« c’est que la plupart des sociétés, il y en a 113 en France, ont adopté un bateau qui leur semblait le mieux répondre aux conditions locales de climat, d’atmosphère, de vent, de météorologie, d’état et de profondeur de l’eau. La flotte de Paris, concentrée à Meulan et battant pavillon du Cercle Nautique de Chatou, dont le président d’honneur, Monsieur Armand Esders, est un véritable mécène du yachting, ou du Cercle de la Voile de Paris, utilise des « stars à bulb », « des chats à quille et des monotypes de Chatou à dérive, bateaux plats appelés irrévérencieusement « punaises » (…)
Des clubs comme le Cercle Nautique de Chatou, qui a gardé le nom de sa résidence d’origine, et le Cercle de la Voile de Paris, comptent de 500 à 600 membres chacun ; leurs sociétaires respectifs possèdent de 60 à 70 bateaux et il n’est pas rare de voir, par les beaux dimanches, prés d’une centaine de voiles blanches se détachant sur les hautes et vertes frondaisons qui bordent la Seine à Meulan.
La cotisation annuelle est de 300 francs environ ; elle donne droit au mouillage, aux installations et au club house ; mais les yachts, sauf certains bateaux d’entraînement, appartiennent aux membres du club. Que coûte un yacht du type de Chatou ? 7500 francs, barre en main (…)
Il y a des régates féminines qui opposent les équipes du C.N.C à celles du C.V.P. ou de Dives, et nos sportives, à la barre de leur bateau, seront bientôt de première force dans les épreuves internationales.(...)"
Aquarelles de J.Simont illustrant en 1934 le ponton du Cercle Nautique de Chatou lors des régates et ses membres en pleine discussion
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