03/06/2011
LA GUERRE FRANCO-PRUSSIENNE A 170 ANS : DECOUVREZ "CHATOU, DE LOUIS-NAPOLEON A MAC-MAHON, 1848-1878"
« Brare, facteur de l’administration des Postes, avait une âme de héros. Cinq fois, il parvint à franchir la ligne des envahisseurs. Ce ne fut pas sans courir les plus grands dangers puisqu’une fois, malgré sa finesse à déjouer la perspicacité d’ennemis toujours en éveil, il fut pris par les Prussiens. C’était aux environs du Pecq. Brutalement, les Prussiens le conduisirent dans la forêt de Saint-Germain, le dépouillèrent de ses vêtements, l’attachèrent à un arbre et le frappèrent à coups de courroie. Le chef du détachement criait : « Frappez ferme !». Pendant ce temps, on inspectait le contenu du sac que portait Briare et on y trouvait des dépêches chiffrées.
« Dis-moi ce qu’il y a là-dedans ! », commanda le chef. « Je n’en sais rien, répondit le brave courrier, mais si je le savais, je ne vous le dirais pas ! ». Aussitôt, les coups redoublèrent. Mais les bourreaux finirent par se lasser. On délia Brare. Il fut écroué à la prison de Versailles, mais, au bout de quelques jours, il réussit à s’évader. Aussitôt libre, il se rendit à Tours, où Gambetta lui confia diverses missions. Puis, il fut chargé de porter des dépêches au gouvernement de Paris. Arrivé à Carrières-Saint-Denis, il avait à traverser la Seine pour se rapprocher de la capitale. C’était en décembre et le fleuve charriait d’énormes glaçons.
Dans la nuit du 13 au 14, Brare se jeta à l’eau, et, écartant les glaçons, nagea vers l’autre rive. De braves citoyens l’avaient accompagné et il était entendu, que, d’un coup de sifflet, il les avertirait quand il serait arrivé au but. Anxieux, ceux-ci prêtèrent l’oreille : rien ! mais plusieurs coups de feu avaient déchiré le silence de la nuit. Le 7 février suivant, on retrouvait le corps de Brare en face Chatou. Il portait de nombreuses blessures, une à la tête, une autre au bras, une autre encore à l’épaule droite. Le malheureux, aperçu par des sentinelles prussiennes, avait été fusillé par elles pendant qu’il nageait (...)."
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