01/11/2012
EN REMONTANT LES CHAMPS-ELYSEES AVEC SACHA GUITRY (1938)
Ci-dessus, Sacha Guitry et Raymond Galle, à gauche, pendant une prise de vue du film "En remontant les Champs-Elysées". Ciné-Miroir - 13 mai 1938.
En 1938, une foule s'égaya dans la forêt de Chantilly. Sacha Guitry y tournait un film dont la postérité ne fut pas assurée : "En remontant les Champs-Elysées", première histoire cinématographique de "la plus belle avenue du monde." Le caractère historique y fut peut être malmené à la faveur des interprétations du maître mais la douceur des aventures à la française y conserva toute sa saveur. Sacha Guitry devait s'exprimer en ces termes sur son oeuvre :
"Quant à l'aspect décousu d'un tel ouvrage, n'offre-t-il pas au lecteur éventuel des possibilités de collaboration qui ne sont pas à négliger ? Les liens qu'il imagine - images imaginées - augmentent sa surprise, le tiennent en éveil et c'est ainsi tout à la fois que, comblant tous les vides, il comble ses désirs. Voilà comment je vois la chose.
Donc, à bâtons rompus, voici l'histoire des Champs-Élysées de 1617 à 1938. La voici véridique - et parfois vraisemblable - car je prétends que ce n'est pas mentir que d'affirmer effrontément des vraisemblances irréfutables. Oui, je revendique le droit absolu de supposer des incidents restés secrets et de conter des aventures dont je n'ai pas trouvé la preuve du contraire.
Mais, pour avoir remonté les Champs-Élysées, de la Concorde jusqu'à l'Étoile, pour l'avoir fait de 1938 jusqu'à 1617, j'ai dû puiser à bien de sources, on l'admettra.
Partant de Michelet pour aller à Lenôtre *, en passant par Lavisse, feuilletant les Goncourt, puis relisant Hugo - ce journaliste de génie quand il le veut : voir Choses vues ! - revenant à Lenôtre, y revenant sans cesse, consultant Georges Cain, questionnant Cabanès et ne négligeant rien - dépouillant des Correspondances, dévorant des Mémoires, fouinant par ci, cherchant par là - et trouvant n'importe où d'inouïs incidents, qui sembleraient douteux si la Duchesse d'Abrantès ou le Baron de Grimm n'en avaient pas été les témoins si, preuves à l'appui, l'ouvrage de Paul d'Ariste et Maurice Arrivetz n'en venait confirmer l'authenticité, si les dates n'étaient pas là, éloquentes, formelles, et si Michaud, le biographe était faillible ! oui, oui, cherchant partout, mais n'oubliant jamais que Lenôtre, ce maître, à qui je demandais un jour quel était le plus grand de tous les historiens, m'a répondu : "Mais... les archives !" L'intransigeant - 30 mars 1938.
* Lenôtre (1855-1935) , historien et auteur dramatique, membre de l'Académie Française
Nous ne pouvions rester insensibles à cette coïncidence et à cet hommage rendu au livre de Paul d'Ariste et Maurice Arrivetz, arrière grand-père de Pierre Arrivetz. Paru en 1913, décrivant les Champs-Elysées de leurs origines au XIXème siècle, l'ouvrage, qui promène le lecteur dans des temps reculés inhospitaliers, y gagna, lui, une petite postérité.
Les Champs-Elysées, livre de 1913 - 314 pages, illustrées par 14 plans et 21 estampes - Emile-Paul éditeur
Maurice Arrivetz en 1929. L'histoire n'était pas son métier. Il était l'un des quatre inspecteurs principaux des services administratifs de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord où il fit toute sa carrière. La Compagnie des Chemins de Fer du Nord, fondée en 1845 par James de Rotschild, fut dans l'entre-deux-guerres dirigée par un descendant de la famille, le baron Edouard. Plus grosse compagnie de chemin de fer français, celle-ci disparut en 1938 lors de la création de la SNCF. Robert Le Besnerais, ingénieur en chef de l'exploitation de la Compagnie du Nord, fut le premier président de la SNCF désigné par l'Etat.
Nous recommandons pour toute recherche sur l'histoire du cinéma dans la presse ancienne de s'adresser à La Galcante, 52 rue de l'Arbre Sec, 75001 Paris et à la librairie Scaramouche, 161 rue Saint-Martin, 75003 Paris.
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