1804

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/07/2012

LE CRIME DE L'AVENUE D'EPREMESNIL

A l’époque où le crime ne revêtait pas la banalité d’aujourd’hui, Chatou fut le théâtre d'un assassinat resté célèbre par le couple Fenayrou.

SITE FENAYRON ASSASSINS.jpg
En haut, le pharmacien Auber, assassiné, en-dessous, le couple Fenayrou en première page du "Journal Illustré"

 

 

"M. Aubert était un brave garçon, laborieux, intelligent, qui , grâce à ses efforts persévérants avait relevé une pharmacie qui était presque sans clientèle au moment où il l’avait achetée.

Il se trouvait dans une situation satisfaisante et désirait se marier. Aussi tenait-il à en finir avec une liaison que probablement il n’avait point provoquée. ; mais la jalousie de Madame Fenayrou n’a joué aucun rôle dans le crime. Cette odieuse créature est arrivée peu à peu à faire les aveux les plus complets. Elle a raconté la scène du meurtre telle qu’elle s’est produite. Son mari, son beau-frère et elle avaient dîné au restaurant du Père Lathuile, un dîner qui a coûté 45 francs.

Après le dîner , Fenayrou et l’ouvrier tabletier partirent pour Chatou par le train de 7 heures. Elle, elle attendit Aubert, comme on sait, après être entrée une demi-heure à l’Eglise Saint-Louis d’Antin. Aubert hésitait à raccompagner Madame Fenayrou, et il fallut tout le charme qu’elle exerçait sur lui pour le décider à la suivre.

Tout était si bien préparé pour le crime que, la veille, elle était allée à Chatou, et , entre autres objets, avait apporté une serviette, qu’elle avait déchirée en deux pour servir de baillon à son amant.

Aubert entra dans la maison, tenant une alllumette-bougie. Dans la première pièce, il n’y avait personne. Mais, dans le salon, Fenayrou et son frère l’attendaient. Ils voulurent lui faire signer des billets pour une certaine somme. Aubert refusa. C’est alors qu’il reçut le coup de marteau.Madame Fenayrou dit qu’elle n’a pas assisté aux tortures que les assassins ont fait subir à Aubert. Ces tortures, affirment-elles, ont duré trois quarts d’heure !

Un détail épouvantable a été donné par elle. Lorsque les forces du malheureux pharmacien s’épuisaient, les meurtriers lui faisaient prendre un cordial, afin de ranimer un moment ses forces et de le faire souffrir d’avantage. L’infortuné Aubert avait longtemps hésité à la gare Saint-Lazare au moment de prendre les billets : « je l’ai tant cajolé, a répété la Fenayrou au juge d’instruction, que je l’ai forcé à me suivre. »

On s’est demandé ce qui se serait passé si Aubert avait signé les billets. Evidemment, il eût été assassiné quand même ; les précautions prises en sont la preuve. Les criminels ne se seraient pas exposés à une dénonciation. »"

 

SITE FENAYRON.jpg

 

Gravure du Journal Illustré par Henri Meyer - 25 juin 1882 : la maison du crime 4 avenue d'Eprémesnil. En bas à gauche, les assassins jettent le cadavre du pharmacien Aubert dans la Seine du haut de l'ancien pont routier de Chatou

 

Source : Le Journal Illustré - 25 juin 1882

19/07/2012

MICHELE ARNAUD (1919-1998)

 MICHELE ARNAUD 1.jpg

Michèle Arnaud (1919-1998) débuta sa carrière comme chanteuse de cabaret en 1952 spécialisée dans les chansons à texte et fit de son guitariste un homme célèbre : Serge Gainsbourg. Mais devint surtout une productrice du petit écran pour le compte duquel elle réalisa notamment « Chez vous ce soir » en 1959, « Les raisins verts » en 1963, « Le music-hall de France » en 1964, « Anna », la première comédie musicale à la télévision par Serge Gainsbourg en 1967. Elle employa Michel Drucker à ses débuts et passe encore aujourd’hui pour un cerveau de la production télévisuelle. Sa discographie se trouve chez EMI mais son cœur a battu pour ? on vous le demande : pour  sa villa de Chatou et son vaste jardin. Elle y  bénéficiait d’une piscine et y pratiquait la course à pied le matin. Cinémonde nous a livré d’autres détails sur sa vie d’artiste et productrice : après une tasse de thé de chine fumé, elle partait en début d’après-midi  à Paris à ses cours de chant ou répétait à son domicile avec son pianiste puis en fin de journée se rendait au cabaret de son mari, au « Milord L’Arsouille », où elle assurait un tour de chant jusqu’à deux heures du matin.

La photo nous présente la charmante productrice et chanteuse derrière un arbre centenaire de sa propriété de Chatou, laquelle existe toujours, et au loin, son élégante voiture dotée de pneus à flancs blancs (de la marque française Salmson (1913-1962) ? une 2300 S de 1953 ?). Le cliché de la maison de Chatou date de 1959. Nous ne pouvions vous l’épargner. Avec Jean-Marie Drot, pionnier des émissions culturelles et metteur en scène d'un dialogue avec André Malraux dont le témoignage a été conservé pour l'histoire, Michèle Arnaud fait partie des références de l'audiovisuel ayant élu domicile à Chatou.  

 

Trouver un disque de Michèle Arnaud : aller à gauche sur la page d'accueil du blog sur "liens conseillés : Site de vente d'ILD - La mémoire du disque"

 

 

Sources :

Cinémonde 12 mars 1959

Wikipedia : Michèle Arnaud

 

11/07/2012

UNE HISTOIRE MECONNUE

SARTROUVILLE.jpg

Sartrouville, commune un peu éloignée mais associée à Chatou par la CCBS, est le dépositaire d'une histoire importante : une église du XIème siècle, une maison sur les bords de Seine ayant abrité Maupassant qui y écrivit l'un de ses romans, une aventure aéronautique pionnière.

Fait qu'on ignore peut-être : l'aventure maritime y a également eu sa place. Le navigateur Alain Gerbault (1893-1941), qui avait réalisé à bord du "Firecrest" la première traversée de l'Atlantique en solitaire en 1923, puis traversé en solitaire le Pacifique Sud en 1929, était l'auteur de plusieurs ouvrages évoquant ses exploits. Son succès en tant qu'auteur lui permit de projeter de nouveaux voyages, non sans envisager la construction d'un voilier en remplacement du "Firecrest". La proue de ce bateau apparaît sur le cliché en présence d'Alain Gerbault situé à l'extrême gauche. Nous sommes le jour du lancement  de "Blanche Fille du Soleil" en juin 1931 aux chantiers de Sartrouville, auxquels a été confiée la construction du voilier. Le ministre de la Marine Marchande, Monsieur de Chappedelaine, assiste à l'évènement. Alain Gerbault était le navigateur le plus célèbre du moment en Europe. C'est à bord de ce navire qu'il parcourut la Polynésie en solitaire et y finit ses jours prématurément.

 

Source : Le Miroir du Monde 13 juin 1931 - n°67

10/07/2012

CHATOU SOUS LA BOTTE ALLEMANDE 1940-1942

Située en zone occupée, Chatou dut accueillir une Kommandantur provisoire 20 avenue des Tilleuls en juin 1940. Celle-ci déménagea au 18 boulevard des Etats-Unis au Vésinet en novembre de la même année. Cette situation perdura jusqu'au 27 août 1942, date à laquelle une Kommandantur fut de nouveau instituée à Chatou, cette fois-ci au 26 rue des Ecoles. 

Dés le début de l'Occupation, un agent de liaison entre la municipalité et la Kommandantur avait été désigné, Monsieur Emile Fieg, "rendu responsable des relations avec les employés de la mairie concernant le ravitaillement de la population civile" avec le titre de "commissaire de sûreté."

En août 1942, les troupes allemandes firent main basse sur l’école des filles du groupe scolaire Jules Ferry rue Léon Barbier. L’école continuant pour les élèves, la classe de filles fut transférée pour moitié au groupe Paul Bert et pour l’autre dans des propriétés réquisitionnées route de Carrières. Quant à la maternelle Jules Ferry, elle fut provisoirement jointe à la maternelle Paul Bert. En avril 1943, l’Inspecteur d’Académie ordonna que l’école des garçons du groupe Jules Ferry soit évacuée « en raison de sa proximité des usines Pathé » (bombardements)…

2ce628c9d9e1478f157d73dc81078b8b.gif
L'école Jules Ferry sortie de terre en 1933 sous les auspices du maire Léon Barbier avec au premier plan le bâtiment des garçons. L'école abrita les troupes allemandes à partir d'août 1942.
 

Dans un ordre du 24 septembre 1940, il fut précisé au maire de Chatou que le Grand Café de la Gare (occupé aujourd'hui par une blanchisserie) obtenait de rester ouvert "jusqu'à une heure du matin pour les soldats allemands seulement." Le cinéma "L'Olympia" fut lui aussi réservé  aux soldats allemands, les mardi, jeudi et dimanche.

Un autre ordre de la Kommandantur du 26 septembre 1940 fut adressé à la mairie de Chatou : la commune devait fournir aux troupes allemandes  300 tonnes de coke, 200 tonnes de charbon et 220 mètres cubes de bois à compter d'octobre 1940, le sixième de cette commande devant être fourni immédiatement.

Le 24 octobre 1940, la Kommandantur avisa les mairies de Chatou, Croissy, Le Vésinet, Montesson, Carrières que selon une ordonnance du 27 septembre 1940 pour les territoires occupés, "chaque juif" devait se présenter aux sous-préfets avant le 20 octobre 1940. Avant cette date, les commerces juifs devaient être "signalés en langue allemande et française". "On avisera pour les mesures contre les juifs, citoyens des Etats-Unis."

Un inventaire du parc automobile de la commune fut également réalisé par l'occupant le 15 mars 1941 : on dénombrait environ 460 véhicules, de 4 CV à 23 CV dont 1 Voisin de 17 Cv, 3 Ford de 21 Cv, 3 Hotchkiss de 17 Cv, 1 Mercedes de 20 Cv, 1 Rolls-Royce de 17 Cv, 1 Delage de 23 Cv, 1 Buick de 22 Cv, 1 Renault de 21 Cv, 1 Chenard-Walcker de 21 Cv, 2 Matford de 21 Cv, 1 Renault de 23 Cv, 1 Chevrolet de 18 Cv, 1 Delahaye de 18  Cv, 1 Peugeot de 22 Cv, autant de signes extèrieurs de richesse de la bourgeoisie d'affaires venue s'installer à Chatou ou  de véhicules utilitaires d'entrepreneurs industrieux de la ville.

Avant la guerre, Chatou abritait 556  voitures et 68  camions (pour une population de plus de 11.000 habitants).

La Kommandantur ayant exigé le 9 octobre 1940 la liste des pillages identifiés comme ayant été commis par des civils français, une liste de 10 actes de pillage lui fut envoyée le 17 octobre recensant notamment des vols au tabac du 24 rue du Pont, au magasin Félix Potin 1 rue du docteur Rochefort, au magasin des 5 et 7 rue du docteur Rochefort, à une épicerie du 81 route de Carrières, une coopérative 68 route des Landes...

On note également que la Kommandantur se plaignait d'actes de sabotage continuels sur ses véhicules stationnés à Chatou, Croissy, Le Vésinet. Le 15 octobre 1940, elle exigea le couvre-feu à 21 heures pour tous les habitants, la création de postes sans appartenance à la police dans chaque commune responsables des nouveaux actes de sabotage  et dont les agents seraient reconnaissables à leur brassard "estampillé par la Kommandantur".

Le 17 décembre 1940, la Kommandantur du Vésinet interdit d'envoyer les paquets de Noël en zone libre.

Enfin, l'état des cultures à Chatou dut être également inventorié. Le 19 février 1941, celui-ci se dressait comme suit: 40 ares de terres en friche, 260 hectares de terres cultivées dont 90 hectares de jardins, 20 hectares de pâturage, 25 hectares de terrains irrigués.

Le 17 avril 1941, il fut interdit de jouer et chanter la Marseillaise.

Le 24 juillet 1941, lors d'une réunion des maires de la Boucle organisée par l'occupant, le "Kreiskommandant" indiqua que les aviateurs anglais laissant tomber des tracts et des plaquettes incendiaires, les tracts devaient être remis au maire qui devait les communiquer à la Kommandantur. Toute personne en possession d'un tract serait punie. 

(Source : archives municipales)

04/07/2012

QUI CONNAIT LE PROJET DU GRAND PARIS ?

VIGO.jpg

Projet d’une "cité du gouvernement" franchissant la Seine depuis l’Etoile, jusque « dans la Presqu’Ile du Vésinet » (on distingue le bras de Seine). Le projet comporterait le nouvel Elysée, les Chambres, les Ministères, le Conseil d’Etat et la Cour des Comptes, des habitations pour les ministres et hauts fonctionnaires, une cité moderne pour les employés, des aéroports civils et militaires avec des dispositifs de défenses contre les avions spécialement étudiés.

Ce projet répond à l’étude d’une « Voie triomphale Etoile-Saint-Germain » « au nom de l’axe du futur Grand Paris ». Il a été présenté par Madame Monique Vago, architecte et publié le … 4 avril 1936 (source : Le Miroir du Monde – Pâques 1936).

02/07/2012

LE PATRIMOINE DE CHATOU : OU EN EST-ON ?

Notre association a mené depuis sa fondation divers combats en faveur du patrimoine architectural de la ville :

- depuis 1999 en faveur de la restauration du Nymphée de Soufflot et de son ouverture au public,

- de 2000 à 2004 contre la démolition intégrale de l'usine Pathé-Marconi, berceau du microsillon et édifice art déco répertorié par l'Inventaire,

 - entre 2002 et 2006 contre les deux projets de Plan Local d'Urbanisme (PLU) qui se sont succédé. Seul le naufrage du premier a été obtenu. Y figuraient notamment comme aujourd'hui le retrait de l'obligation de conservation des villas anciennes de Chatou au profit d'un seul inventaire restreint, sans réelle valeur juridique, ainsi qu'une extension de la construction autorisée sur des terrains patrimoniaux comme celui des services municipaux.

Il n'en demeure pas moins que depuis 2008, deux actions municipales sont à noter en faveur du patrimoine de Chatou, alors que rien n'avait été entrepris depuis l'achèvement de la restauration de la maison Fournaise en 1992 : ceux-ci concernent la villa des services techniques 6 rue Camille Périer, dont l'un des pans de façade vient d'être ravalé et la verrière remplacée, et en 2010, l'église Notre-Dame, objet d'un ravalement et d'une réfection de toiture. L'église représente plusieurs époques de l'ancien Chatou (clocher du XIIème, nef de 1872, façade de 1880) et tranche avantageusement avec la rénovation de Chatou qui a conclu la pèriode de destruction massive entre 1966 et 1980.

 

EGLISE FACADE RUE.jpg

façade sur rue de l'église Notre-Dame le jour de l'inauguration après les travaux

 

La villa des services techniques s'inscrit dans le style néo-gothique en briques et pierre de taille à la mode lors de sa construction vers 1881. Si l'on ignore son architecte, à une époque où deux architectes étaient alors particulièrement sollicités dans la commune pour des constructions de maisons de maître, Alfred Gaultier et Eugène Bardon, son premier propriétaire et constructeur semble avoir été Monsieur Carlos de Ezacquire de Bayonne. Sa veuve née de Prado y Lagueranra s'y maintînt jusqu'en 1900 (plan cadastral de 1885 : n°653). L'acquisition de la villa par la commune a été faite par la municipalité de Jacques Catinat le 27 février 1973.

On peut saluer l'initiative de s'attaquer à l'état dégradé de cette maison, l'un des plus belles de Chatou dont les fissures apparentes sont sans doute moins le témoin des méfaits d'une occupation surchargée que d'une circulation très intense sur la voie riveraine de la rue Camille Périer conjuguée à des problèmes de sécheresse. Il faut espérer que cet investissement sera poursuivi afin de pérenniser le legs aux générations futures des richesses architecturales de Chatou. 

 

 

BAT SERV TECH 1.jpg

 BAT SERV TECHN 5.jpg

façade sur cour de la villa des services techniques rue Camille Périer