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27/10/2013

"QUAND L'ART DECO SEDUIT LE MONDE" SAUF CHATOU...

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C'est sur l'affichage de ce bas-relief de la façade d'entrée du Théâtre des Folies Bergères réalisé par Maurice Picaud en 1928 que la Cité de l'Architecture et du Patrimoine vient de lancer au Trocadéro la plus grande exposition sur l'architecture Art Déco (1919-1940) et sur l'oeuvre de ses promoteurs français, en France et dans une partie du monde où leur pérennité a été assurée. Alors que l'Art Déco avait séduit et continue de séduire par son mobilier, on doit à cette magnifique exposition d'y étaler quantité de palettes et plans des constructions privées et publiques ayant fait la renommée de ce style resté sans succession.

L'exposition se déroule jusqu'au 17 février 2014, offrant à titre extraordinaire des séances de cinéma sur les films de l'époque dans le cadre d'un cycle "L'Art Déco à l'écran", dont un documentaire qui intéressera les membres de l'association sur un thème largement abordé pour des raisons locales "A bord du Normandie" les samedi 23 novembre 2013 et 18 janvier 2014 à 18h30.

Nous ne pouvons qu'exhorter les Catoviens à se rendre à cette exposition.

Face à une telle reconnaissance, notre association a la responsabilité, puisque c'est son objet social, de constater qu'à Chatou, l'Art Déco était peu présent mais que la municipalité a cru faire oeuvre de modernité en en condamnant méthodiquement ses rares illustrations :

* l'usine Pathé-Marconi, berceau du microsillon en 1951, érigée rue Emile Pathé sur des plans de 1929 du cabinet Wallis, Gilbert et Partners, les plus grands architectes anglais de l'Art Déco, répertoriée à l'Inventaire, détruite en novembre 2004 pour la réalisation d'une Zone d'Aménagement "Concertée" malgré une liste impressionnante d'oppositions dans le monde du cinéma, du patrimoine, de l'entreprise, de l'architecture et même de la politique

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Cliché pour l'Inventaire général - J-B Vialles (1985)

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Extrait du plan de Wallis, Gilbert et Partners

 

* l'ancien cinéma de Chatou "l'Olympia", érigé rue du Général Colin en 1925 sur les plans de l'architecte Lucien Desgrivan, condamné par le PLU voté le 9 novembre 2006 lequel autorise la construction d'un immeuble de 16 mètres de hauteur à son emplacement (PLU - zone URB / emprise au sol autorisant la constructibilité sur 100% de la superficie du terrain (art.UR.9 du règlement du PLU) / hauteur autorisée  16 mètres (art.UR.10 du règlement du PLU).

 

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* des villas situées avenue Adrien Moisant, rue Henri Penon et rue de la Faisanderie auxquelles ont été retirées l'obligation de conservation prévue antèrieurement en dépit des dispositions ouvertes à la protection de l'article L.123-1 7 du Code de l'Urbanisme

 

L'Association Chatou Notre Ville, qui entend sauver et valoriser le patrimoine de Chatou, continuera à se battre pour mettre un point final à ce jeu de massacre ordonné principalement à l'aûne d'une volonté de densification et d'une indigence culturelle imputables aux seuls élus locaux, laquelle n'a invariablement pour résultat que la spéculation au profit de la dévalorisation de Chatou.

  

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26/10/2013

EXPOSITION ROB ROY (1909-1992) AU NOUVEAU CONSERVATOIRE : DERNIERS JOURS !

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Le patrimoine artistique de Chatou continue d'irriguer notre inventaire. Et pour l'association, la mise en valeur de la ville n'attend pas. Rob Roy, dessinateur illustre des courses automobiles des années vingt aux années cinquante auquel nous avions déjà consacré un article du blog, également auteur de carnets de guerre en tant que soldat, sera mis à l'honneur à compter du 3 octobre 2013 boulevard de la République à l'espace Hal Singer. Rob Roy habitait 28 rue Charles Despeaux à Chatou.

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Grand Prix de l'Automobile-Club de France Montlhéry 1932 - Illustration de Rob Roy - "20 Grands Prix de l'Automobile Club de France sous le regard de Rob Roy" (HM Editions - 1995)

 

Nous sommes fiers qu'un hommage lui soit rendu et, ce d'autant plus que nous en avions fait la proposition le 20 décembre 2011 auprès de monsieur le maire de Chatou pour le compte de l'association avec Monsieur Hubert de la Rivière, promoteur inlassable de l'oeuvre de son père à juste titre.

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Nous avons découvert l'exposition lors du vernissage le 3 octobre 2013. Deux salles y sont consacrées, l'une pour l'automobile, l'autre pour la deuxième guerre : une réussite complète, de grandes aquarelles, une ambiance et des évènements pleins les yeux. Le livre "Carnet de guerre de Rob Roy" est à lire absolument. Ce sont les mémoires de l'auteur sous l'Occupation en particulier à Chatou.

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Une image sympathique du vernissage le soir du 3 octobre 2013 : de gauche à droite, on reconnaît une partie de nos administrateurs Evelyne Du Pan, Olivier Becquey (secrétaire), François Nicol (trésorier), Martine Poyer (fondatrice), Murielle Amiot, Arnaud Muller (vice-président), Hubert de la Rivière et sa famille, organisateurs de l'exposition, Annie Roekens et Monsieur Lesage, dont l'aïeul professeur de musique correspondait avec Maurice Berteaux, ministre de la Guerre et maire de Chatou (1891-1911).

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Dans la partie "Seconde Guerre Mondiale" de l'exposition, de gauche à droite, Olivier Becquey (secrétaire), Evelyne du Pan, administrateurs, Alain Hamet (président de l'Amicale des 27 Résistants et Fusillés), Arnaud Muller, vice-président de Chatou Notre Ville, Lucien Ruchet (trésorier de l'Amicale des 27 Résistants et Fusillés).

 

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Monsieur Ghislain Fournier, maire de Chatou et Monsieur Hubert de la Rivière, fils de l'artiste qui a financé et conçu cette remarquable exposition. Une page de plus au crédit de Chatou.

 

RETROUVEZ HUBERT DE LA RIVIERE 

METTEUR EN SCENE

DE ROB ROY

POUR UNE VISITE CONFERENCE

MERCREDI 30 OCTOBRE A 11H ET 15H

SAMEDI 2 NOVEMBRE A 11H ET 15H

  

10/10/2013

1946 : UN EDITORIAL DE FRANCOIS MAURIAC

 

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Le 17 mai 1946, la Cour de Justice de Versailles, juridiction d'exception, rend son verdict sur le crime commis par des Catoviens contre les 27  Résistants de Chatou, assassinés sur leur délation au château de la Pièce d’Eau par un détachement SS le 25 août 1944. Le président de la Cour, Pihier, a été l’un des magistrats instructeurs de l’affaire Prince en 1934. Graff et la veuve Toupnot sont condamnés à mort, Buchard et Apostolides sont condamnés à 15 et 8 ans de travaux forcés, la femme de Graff est condamnée à 5 ans de réclusion, Haffray à un an de prison. Tous les condamnés sont désignés à l’Indignité nationale.  

  

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La situation du pays est alors trouble. Le général de Gaulle, qui est devenu président du Gouvernement Provisoire de la République le 9 septembre 1944, a abandonné ses fonctions le 20 janvier 1946 devant le projet de reconstitution du régime de la IIIème République à peine amendé, celui-là même qui avait perdu l’autorité de l’Etat avant-guerre.

 

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Ses partisans se désespèrent de la reprise du jeu des partis. Parmi eux, François Mauriac prend position dans un éditorial  du Figaro du 18 mai 1946 intitulé « L’esprit de la Résistance » :

« Dans cette affaire sinistre de Chatou que l’on juge à Versailles, je détourne mon attention des traîtres sur les victimes. Je pense à ce chef résistant qui se dénonça lui-même à l’ennemi revenu, espérant que sa mort sauverait celle de ses camarades et qu’il paierait pour tous (le commandant Torset qui habitait 66 route de Montesson à Chatou).

A peine osons-nous aujourd’hui parler de la Résistance, comme si entre ces héros et nous s’accumulaient trop de réputations menteuses, trop de fausses gloires, comme si nous n’arrivions plus à discerner ceux d’entre eux qui se démasquèrent, le moment venu, à l’heure du plus grand péril.

Ils ont existé pourtant, et beaucoup parmi ceux qui ont vécu étaient dignes de parler en leur nom. Que s’est-il donc passé ? toutes les impostures, tous les crimes, toutes les usurpations de certains ouvriers de la dernière heure ne suffiraient pas à expliquer ce discrédit. Sans chercher les responsables d’un côté plutôt que de l’autre, reconnaissons simplement que l’esprit de la Résistance  a été contaminé par la politique.

Dans un homme, pourtant, il subsiste à l’état pur. Le pèlerinage du général de Gaulle à la tombe de Clemenceau, nous avons toujours su qu’il ne dissimulait aucune pensée. C’était le geste d’un chef dont toute la politique, depuis qu’il s’est éloigné du pouvoir, tient dans la conscience qu’il a d’incarner cet esprit auquel tant de Français sont devenus infidèles et que la surenchère des partis a disqualifiée. Aucune autre ambition en lui que de rester fidèle pour nous tous : il demeure au milieu de nous, et il n’est pas nécessaire que sa voix s’élève pour que nous nous souvenions de quel esprit nous sommes.

Son pouvoir véritable ne dépend pas de la place qu’il occupe. Les Français dont la faute essentielle, dont l’unique faute fut de désespérer de la France à l’heure de son plus grand abaissement, et par des propos partout répandus, d’accabler leur mère humiliée, sont jugés, qu’ils le veuillent ou non, par ce Chef solitaire, assis à l’écart et qui n’est plus rien dans l’Etat.

Mais c’est de lui que la lumière émane : s’il occupait de nouveau la première place, il n’en recevrait aucun surcroît. Pas plus ses adversaires que lui-même, personne ne peut faire qu’il n’incarne toujours, partout où il se trouve, la même fidélité…et aussi le même désintéressement : je me souviens, au moment de la délivrance, comme notre Secrétaire perpétuel l’avait fait pressentir pour qu’il acceptât de siéger à l’Académie, il fit répondre qu’il ne voulait recevoir aucune récompense de la patrie avant d’avoir accompli sa mission : il ne croyait pas qu’il eût encore fait assez.

Tant qu’il sera là, les victimes des collaborateurs de Chatou et tous ceux qui ont combattu le même combat auront au milieu de nous un répondant : grâce à lui, nous conserverons leur mémoire, et nous serons forcés de réveiller les souvenirs chez ceux qui oublient , et dont c’est l’intérêt d’oublier…

A l’heure des ténèbres, eux qui n’ont pas été fidèles, ils auront beau feindre de l’avoir été, cet homme les rappellera par sa seule présence au sentiment de leur misère, de cette misère qui nous est commune, bien sûr, et à laquelle, comme le rappelait le général de Gaulle lui-même au lendemain de la Libération, nous avons presque tous plus ou moins participé.

Il ne dépend de personne que chacune de nos vies n’ait pris, durant ces quatre années où la marée allemande nous a recouverts, comme une coloration qu’elle ne perdra plus.

Ces quatre années continuent de nous juger, ou plutôt, elles nous ont déjà jugés : elles ont fait remonter du  plus secret des coeurs , elles ont fait apparaître en pleine lumière ce qui était caché, le meilleur, le médiocre et le pire. Nous nous débattons en vain : nous avons tous au front désormais une marque, un signe, une note que le destin nous a donnée, qu’aucune complaisance n’effacera et que nous emporterons dans la mort."

 

09/10/2013

GEORGES MANDEL : PREMIERE NOMINATION AU GOUVERNEMENT LE 8 NOVEMBRE 1934

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La chronique de François de Roux lors de la première nomination de Georges Mandel à un poste ministériel

 

« Les registres de l’état-civil indiquent que Monsieur Mandel est venu au monde à Chatou, le 5 juin 1885. Il ne faut pas trop se fier aux registres de l’état-civil. En réalité, Monsieur Mandel est né le jour où il collabora pour la première fois avec Monsieur Clemenceau. C’est sa venue au monde politique qui lui donna la vie.

 

La première rencontre de Monsieur Mandel et du Tigre date d’il y a prés de trente ans. Monsieur Mandel, qui était passé par le lycée et la faculté de droit, venait d’achever sa deuxième année à l’Ecole des Sciences…politiques, naturellement. Il était alors très maigre. Il avait un nez pointu. Il ressemblait à un rat. A vingt ans, il était comme à cinquante. Physiquement, Monsieur Mandel n’a pas changé.

Le jeune licencié en droit avait une ambition…provisoire. Il voulait faire partie de l’équipe de Clemenceau. Il ne voulait que cela : mais il le voulait bien. Clemenceau n’était pas commode à aborder. Muni de plusieurs lettres de recommandation, Monsieur Mandel avait tenté en vain, plusieurs fois, de se faire écouter par le directeur de l’Aurore. Déjà tenace, il ne se décourageait pas. Et le jour où il réussit, Clemenceau  était de fort mauvaise humeur.

Le chapeau sur l’oreille, il quittait, un soir, le soir pour aller dîner, lorsque Mandel parvînt, on ne sait comment, à s’agripper à lui. Clemenceau rentra dans son bureau avec le jeune gringalet.

Les collaborateurs pensèrent que le Tigre atterré ne ferait qu’une bouchée de sa maigre proie. Pas du tout. Après un quart d’heure, la porte s’ouvrit  et l’on vit Clemenceau  souriant apparaître aux côtés de Mandel, souriant aussi. Les deux hommes se dirigèrent vers la salle de rédaction.

-         Messieurs, dit Clemenceau, je vous présente un nouveau collaborateur, Monsieur Mandel qui rédigera désormais le bulletin quotidien de politique étrangère…Monsieur Mandel ne connaît absolument rien à la politique étrangère. C’est ce qui m’a décidé à l’engager. Je suis sûr ainsi qu’il n’apportera dans son travail ni préjugés ni parti pris.

La fortune, pour la première fois, souriait à Monsieur Mandel. Clemenceau apprécia tout de suite ce garçon merveilleusement renseigné sur tout ce qui touchait au Parlement et à ses coulisses, et qui avait la politique dans le sang. A la faveur de ces rares qualités, il lui arrivait de ne pas très bien écrire le français. Une fois, cependant, il le fit appeler et lui dit :

-        Mandel, vos articles ne sont pas plus bêtes que d’autres : mais ils sont mal rédigés. Désormais, pour chaque phrase, vous êtes autorisé à user, d’un sujet, d’un verbe, d’un complément direct…direct, vous m’entendez…Quand vous tiendrez absolument à mettre un complément indirect, vous viendrez me demander l’autorisation.

Monsieur Mandel n’a jamais été un grand journaliste. Mais il fut un chef de cabinet extraordinaire, de 1917 à 1919. Il entreprit, dés ce moment-là, de se faire des ennemis un peu partout. C’est la tactique  qu’il a toujours suivie, et qui lui a toujours réussi…

Au cabinet de Clemenceau, Mandel put exercer, en fait, une fonction qu’il aime entre toutes et qu’il n’est pas encore arrivé à rattraper depuis quinze ans qu’il l’a perdue…Il fut le véritable ministre de l’Intérieur.

A la place Beauvau régnait alors mais ne gouvernait pas, un vieux monsieur riche et courtois, qui,  sur l’ordre de Clemenceau, s’était cinq ans auparavant, présenté à la Présidence de la République contre Poincaré, et avait échoué. On l’appelait Monsieur Pams.

Tout au début de leur collaboration, Mandel allait presque quotidiennement au Ministère de l’Intérieur, indiquer au ministre ce qu’il devait faire. C’est même au cours d’une de ces visites qu’il découvrit que le bureau du sous-secrétaire d’Etat avait été déménagé et transporté dans la cave, en prévision des raids de gothas.

Monsieur Mandel fit promptement remonter au deuxième étage le courageux sous-ministre, qui, devant la colère du délégué du « patron », ne savait plus où se mettre.

Par la suite, Monsieur Mandel ne quitta plus son bureau de la rue Saint-Dominique. Monsieur Pams se dérangeait et venait lui-même aux ordres.

La guerre achevée, comme il était difficile de prolonger indéfiniment la Chambre de la Victoire, on fixa au 16 novembre 1919 la date des élections. Monsieur Mandel était tout-puissant.

Il se présenta en Gironde à la tête d’une liste qui, seule dans la France entière, eut le droit de s’étiqueter « clemenciste ». Ce mot nouveau servait à double fin : c’était à la fois une recommandation et une opinion politique. Monsieur Mandel entra au Parlement en triomphateur.

Cependant, Clemenceau qui avait conservé le pouvoir avait vu, avec regret, Mandel quitter son cabinet, Mandel qui lui rendait de si grands services et des plus variés.

On raconte, qu’au moment de l’Armistice, chaque fois que Clemenceau sortait du ministère, il trouvait dans la cour une délégation « de quelque chose », précédée d’une petite fille qui tenait à la main un bouquet et de l’autre un compliment écrit.

Clemenceau, excédé, avait fini par trouver un truc excellent. En passant, il disait : « je n’ai pas une minute mais Mandel est un autre moi-même. Dites-lui le compliment et donnez-lui les fleurs. Il embrassera à ma place cette charmante enfant.

A la Chambre, Mandel tenta par de savantes  combinaisons, de faire entrer son grand patron à l’Elysée. On sait qu’il ne réussit pas. Pendant toute la législature, il perdit son temps en manœuvres inutiles. Il faisait alors partie d’un petit groupe, se réclamant de Clemenceau, qui comptait notamment parmi ses membres André Tardieu et Loucheur.

Ces messieurs désiraient le pouvoir, le pouvoir intégral. Loucheur lâcha le premier pour entrer comme ministre des Régions Libérées dans un cabinet Briand. Ca, c’était naturel. Ce qui l’était moins, c’était l’obstination de Mandel…Elle a fini par céder après quatorze ans.

De méchantes langues assurent qu'elle aurait cédé beaucoup plus tôt si un président du Conseil avait eu l’idée, avant Monsieur Flandin, d’offrir le moindre maroquin à Monsieur Mandel. L’offre tardive du ministère des PTT lui a permis de rester toujours fidèle à son chef.

Vivant, Clemenceau eût certainement pris de travers la collaboration avec Flandin. Mort, il ne pouvait même pas empêcher Mandel de déposer une gerbe sur le monument des Champs-Elysées avant d’assister à son premier Conseil.

Voici donc Monsieur Mandel à la tête d’une administration qui compte deux cent mille agents et qui dispose du Central Télégraphique, du Central Téléphonique et de la radio…La radio française est en piteux état. On attend, depuis quinze jours déjà, que Monsieur Mandel veuille bien s’occuper d’entreprendre une réorganisation. Il y a la une tâche urgente et nécessaire, plus importante que les petits jeux parlementaires.

On attend aussi Monsieur Mandel à la première grêve des postiers. Lui, il attend autre chose. Il attend le ministère de l’Intérieur…Et il pense que rien ne presse puisque Clemenceau lui-même n’est devenu pour la première fois le premier des flics qu’à soixante ans passés."

 

« Voilà »  - 1er décembre 1934