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27/11/2013

LA CLOCHE DE CHATOU

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Les cloches de l’église Notre-Dame de Chatou, comme beaucoup d’autres, donnent non seulement le timbre d’un rassemblement spirituel mais sonnent encore la volée des siècles. Si le clocher lui-même est un vestige du XIIème siècle, sa cloche la plus remarquable fut offerte en 1666 à la paroisse par le seigneur Portail, comte de Lusignan, conseiller du Roi au Parlement de Paris, et son épouse, Charlotte de Barbesière de Chemeraut, fille d’honneur d'Anne d'Autriche, en vue de marquer leur entrée en fonction dans la seigneurie. Les époux héritaient des titres de propriété légués par Paul Portail "II" lors du mariage de son fils, Paul Portail "III", le 2 juillet 1665. Paul Portail "III", seigneur de Chatou et de Montesson de 1666 à 1715, confia l’exécution de la cloche à deux artisans renommés.

Les signatures qui ornent cette cloche d’1,30 m de hauteur et d'1 mètre de diamètre sont en effet celles de Nicolas Chapelle, maître fondeur à Paris, l’un des auteurs du bourdon de Notre-Dame de Paris, également repéré comme le fondeur de la cloche de Soulaire près de Corbeil. Le second artisan de la cloche de Chatou fut Jean Gillot, connu pour avoir coulé en 1628 une cloche du dôme de Trèves en Allemagne mais aussi en 1685, son œuvre phare aux côtés de Nicolas Chapelle, le bourdon de Notre-Dame.

Leur cloche de Chatou porte le nom de "Charlotte-Marie" selon le nom que lui attribua Paul Portail. Ainsi que le conservent ses inscriptions, celle-ci fut bénite en 1666 par Jean Pennel, curé de Chatou, en présence des marguilliers Simon Dreux et Louis Tranchant.

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L'Eglise Notre-Dame entre 1872, date de l'érection de la flèche du clocher par l'architecte Paul Abadie, et 1880, date de la transformation par l'architecte Eugène Bardon de la façade romane dans le style néo-gothique que nous connaissons. Cette gravure conservée par l'historien Louis Bigard présente l'intérêt de montrer la façade romane telle qu'elle exista pendant des siècles.

 

Le seigneur Portail devait connaître une existence contrariée par le combat de trente ans qu’il engagea contre l’abbaye de Malnoue pour la récupération à son profit de la dîme novale avant d’atteindre le sommet des déboires communaux à la fin de sa vie : l’effondrement en 1709 puis la restauration à ses frais enfin l’écroulement pendant la restauration en 1710 du pont en bois sur la Seine, seul moyen de communication directe avec Paris.

Ne bénéficiant plus des mêmes droits de péage qu’auparavant pour les avoir abandonnés une première fois pour trois ans aux entrepreneurs, le seigneur se vit dans l’impossibilité de remettre le pont sur pied une seconde fois. Il mourut ruiné, quatre ans après une supplique implorant l’aide de l’Etat à la restauration du pont adressée au contrôleur général des Finances, Desmarets, en 1711, année où il avait par ailleurs réussi à transiger avec l’abbaye de Malnoue. L’abbé Pennel n’avait quant à lui pu profiter de son sacerdoce, disparaissant dans la démence en 1671. Charlotte-Marie, leur legs, a survécu. Son nom avenant continue de commémorer Chatou.

 

Sources :

- Histoire de Chatou, Albert Curmer, 1916-1922

- Histoire de Chatou et de ses environs, Paul Bisson de Barthélémy, 1950

- Inventaire du Centre National de Documentation du Patrimoine, Sophie Cueille, 1985

- "Fondeurs-doreurs-ciseleurs", 1886, Alfred de Champeaux

 

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Locomotive 241 P SNCF fabriquée aux usines Schneider du Creusot entre 1948 et 1952, emblême de l'association.

 

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