30/10/2014
PARFUM D'EXPOSITION
Une sportswoman du Cercle Nautique de Chatou en 1933 - Le Miroir des Sports - collection Pierre Arrivetz
Dans les années vingt, le Cercle Nautique de Chatou fut un symbole de la vie des bords de Seine et des régates auxquelles le nom de la commune fut régulièrement associé. A l'occasion de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925, les actualités Gaumont diffusèrent dans les cinémas un reportage sur les voiliers du Cercle Nautique de Chatou, arguant de leur grand succès à l'occasion de leur venue à l'Exposition. Le Petit Parisien, leader de la presse nationale, rapporta lui aussi l'ambiance extraordinaire qui régnait à Paris avec les défilés sur la Seine :
" C’est par centaine de mille qu’il faudra chiffrer l’affluence qui se pressa, tout l’après-midi d’hier, le long des rives de la Seine et sur les ponts entre la Concorde et le Trocadéro. Les fêtes nautiques ont toujours à Paris un gros succès. Comment celle d’hier n’aurait-elle pas fait le maximum dans le cadre de l’Exposition et sous un ciel enfin printanier ?
Le pavillon extraordinaire d'un éditeur, Cres et Cie, à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 - collection Pierre Arrivetz
Longtemps avant que commençât le défilé – toutes flammes dehors et grand pavois arboré de la flottille de guerre, des bateaux fleuris et des embarcations à voile venues de Chatou, la foule avait envahi les berges du fleuve et les premiers arrivés, les privilégiés, qui purent voir, restèrent jusqu’au soir, prisonniers de ceux, moins heureux, qui se hissaient derrière eux pour « deviner » les régates.
Le pavillon "Pomone" du Bon Marché par Louis-Hippolyte Boileau, architecte, à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 - collection Pierre Arrivetz
Le pavillon des Galeries Lafayette par Joseph Hiriard, Georges Tribout et Georges Beau, architectes, à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 - collection Pierre Arrivetz
Le pavillon "Primavera" du Printemps par Henri Sauvage et Serge Wybo, architectes, à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 - le dôme était coloré de galets de verre de René Lalique - collection Pierre Arrivetz
Le pavillon "Studium Louvre" des Grands Magasins du Louvre par Albert Laprade, architecte, à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 - Les pavillons des grands magasins français avaient tous pour particularité d'exposer la production de leurs ateliers d'art, une situation inconcevable aujourd'hui - collection Pierre Arrivetz
Le pavillon de la Compagnie des Arts Français par les architectes Louis Sue et André Mare - l'aménagement intérieur consacra leur production et un ensemble mobilier coloré de la manufacture des Gobelins, "Les Sports" témoignant de l'évolution de la société vers une pratique du sport promue par la construction des premiers grands équipements publics. Sue et Mare, comme tous les architectes présents à l'exposition, furent requis par la Compagnie Générale Transatlantique pour décorer sa flotte de grands paquebots "Paris" (1921), "Ile-de-France" (1927) et "Normandie" (1935) - collection Pierre Arrivetz
"L'Hôtel du Collectionneur" par Pierre Patout, architecte, à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925. Aménagé magnifiquement par Jacques Emile-Ruhlmann, il signa le triomphe de l'Ecole Française dans les Arts Décoratifs - collection Pierre Arrivetz
Le restaurant de Paris et la fontaine lumineuse de Lalique, à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 - collection Pierre Arrivetz
Le coup d’œil était d’ailleurs charmant. Y-a-t-il un effort plus harmonieux que ceint d’une équipe de rameurs bien stylée ? une poussière d’eau se lève sous le coup des rames et les yoles légères semblent voler au-dessus. Les grandes ailes triangulaires des bateaux à voiles ressemblent à d’étranges oiseaux. Et les baleinières, les canots-majors, les remorqueurs, les torpilleurs de la marine de guerre n’ont besoin, comme le sous-marin Euler, que de paraître avec leurs cols bleus bien alignés pour soulever l’enthousiasme populaire.
Le soir venu, ils rejoignirent leur port d’attache du Trocadéro en tirant de toutes leurs pièces. Les cloches installées près du pont Alexandre III sonnaient à toute volée. Les manèges et le chemin de fer à catastrophes sifflaient et hurlaient. Tous les cafés avaient leur orchestre. Et de la foule qui déroulait, dans une poussière dorée ses volutes multicolores, il montait le même brouhaha qu’aux halles, le matin, ou à la Bourse, vers deux heures.
Les péniches du couturier Paul Poiret, créateur du drapeau du Cercle Nautique de Chatou, à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 - collection Pierre Arrivetz
Le Pont Alexandre III de nuit à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925 aménagé par l'architecte Maurice Dufrène - collection Pierre Arrivetz
On put, tant les gens se pressaient, se bousculaient, s’embouteillaient, concevoir un instant des craintes pour la sécurité de quelques passerelles et de certaines barres d’appuis. Elles ont tenu. Il est peu probable qu’elles soient mises jamais à plus rude épreuve qu’hier. On dut suspendre sur l’Esplanade la circulation des cars qui permettaient la visite, sans fatigue, de l’Exposition. Dans la foule, ils n’auraient d’ailleurs pu avancer.
Le pavillon de l'Afrique Occidentale à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 - collection Pierre Arrivetz
Le Grand Palais, construit lors de l'Exposition Universelle de 1900, s'inscrivait dans le parcours de l'Exposition 1925 installée entre la Cour des Invalides et les Champs -Elysées. Des fêtes de nuit s'y déroulèrent pendant la durée de l'Exposition, ici la foule des spectateurs assistant à une revue sur les marches de l'escalier monumental - collection Pierre Arrivetz
Hier, une partie du public, qui avait pris place sur la berge, dans une enceinte réservée entre le pont Alexandre et le pont de la Concorde, fut privée, bien qu’elle eût payé son entrée, d’une part du spectacle. Cette erreur d’organisation sera aujourd’hui réparée. Au surplus, le clou de la journée sera le défilé lumineux qui partira de l’Alma vers 22 heures et qui déroulera jusqu’à minuit entre les rives embrasées, parmi les fontaines électriques et les péniches illuminées, la féérie de ses artifices, de ses fleurs, de ses girandoles et de ses arabesques incandescentes.
R.N
Le Petit Parisien - 1er juin 1925
Publié dans CHATOU ET L'ENTRE-DEUX-GUERRES, CHATOU ET LA SEINE, CHATOU SOUS LA IIIEME REPUBLIQUE | 01:33 | Commentaires (0) | Lien permanent
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