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15/06/2008

"LE MANUSCRIT DE MA MERE" D'ALPHONSE DE LAMARTINE

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« 6 octobre 1801

Hier, j’avais envie d’écrire sur ce journal. Un peu de langueur m’en a empêchée ; je me rappelais vivement ce que j’éprouvais à pareil jour, il y a douze ans. Comme le temps coule ! c’était ce fameux 6 octobre si désastreux pour la famille royale à Versailles.

Je me trouvais ce jour-là à Chatou prés de Versailles avec ma mère. Nous revenions du Mesnil, nous comptions aller jusqu’à Paris ; mais les chevaux manquant, nous fûmes obligés de coucher à Chatou, chez Madame Duperron, amie de ma mère. Ce fut un bonheur pour nous, parce que Paris était dans un tumulte extrême et que l’on arrêtait toutes les voitures.

 

Nous avions aussi beaucoup d’alarmes à Chatou, parce que Monsieur de Lambert, gendre de Madame Duperron, était pour son service militaire à Versailles. Sa femme et ses filles, qui étaient avec nous, tremblaient pour sa vie.

 

Nous passâmes quelques jours à Chatou, et nous en partîmes avec Madame de Montbriand, qui était comme moi chanoinesse de Salles en Beaujolais, pour venir à Lyon sans rentrer à Paris. Ce fut ce voyage qui acheva de déterminer mon mariage avec le chevalier de Lamartine que j’aimais et qui m’aimait depuis que nous nous étions rencontrés au chapitre de Salles, chez la comtesse de Lamartine de Villars, sa sœur et mon amie. »

 

In Alphonse de Lamartine « Le manuscrit de ma mère » (1858)

N.B: Après sa seconde rencontre  au retour du séjour à Chatou avec le chevalier Pierre de Lamartine par suite d'un accident de voiture, Alix des Roys épousa ce dernier le 7 janvier 1790 à Lyon. De cette union naquit Alphonse de Lamartine le 21 octobre 1790.

Sa mère, Alix des Roys, était la fille de Monsieur des Roys, intendant général des finances du duc d’Orléans. Son père, Pierre de Lamartine, était capitaine de cavalerie. Pressentant l’attaque du roi aux Tuileries le 10 août 1792, il partit s’engager aux côtés des Suisses et de la Garde Constitutionnelle pour le défendre. Ceux-ci furent massacrés. Il parvint à s’échapper blessé mais fut arrêté et comme le reste de sa famille, survécut  à plusieurs emprisonnements jusqu’à ce que le régime de la Terreur cesse et qu’il recouvre la liberté. 

   

 

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