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21/03/2009

LES PASSAGERS DE LEGENDE DU CHEMIN DE FER DE CHATOU

Paul Abadie
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Paul Abadie (1812-1884), l'architecte du Sacré-Coeur,
 rend son dernier soupir
 

« Monsieur Paul Abadie, architecte, membre de l’Institut, a été frappé, vendredi 1er août 1884, d’une attaque d’apoplexie, à la gare de Chatou, au moment où il descendait du train venant de Paris ; l’éminent artiste est mort dans la nuit. » (Gazette des Architectes et du Bâtiment – août 1884). «Le vaillant architecte était frappé inopinément et mortellement en revenant d’exercer les fonctions de juré au Concours du Grand Prix d’Architecture » (Revue de l’Architecture et des Travaux Publics – 1885). « Avant de clore son discours, Monsieur Daumet insiste sur la bienveillance parfaite qui caractérisait Abadie, président (…) du Cercle des Maçons et Tailleurs de Pierre. » (idem).

 

Installé à Chatou vers 1865 6 route des Princes (depuis 1875 rebaptisée avenue Arago rattachée au Vésinet côté pair), Paul Abadie s’était illustré comme architecte des édifices diocésains du sud-ouest depuis 1848, fonction qu’il cumulait avec celle d’inspecteur général des édifices diocésains depuis 1861, marquant du style romano-byzantin, très spectaculaire, les restaurations des cathédrales Saint-Front de Périgueux  et Saint-Pierre d'Angoulême  ainsi que celle de l'Eglise Sainte-Croix de Bordeaux. Napoléon III l’avait fait officier de la Légion d’Honneur en 1869.

 

Conseiller municipal de Chatou de 1870 à 1875, il entra dans l’histoire en 1874 en remportant parmi 78 projets, le concours pour l’édification du Sacré-Cœur, aujourd’hui l’un des symboles de Paris à travers le monde.

 

 

Paul Abadie avait dirigé les travaux de restauration de 22 édifices religieux et donné les plans de 28 constructions nouvelles. Il est enterré au cimetière de Chatou. Une voie lui a été décernée dans le quartier Gambetta en 1972.

 

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Maurice Berteaux

 

 

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Maurice Berteaux (1852-1911), ministre de la Guerre, député-maire de Chatou, rejoint sa dernière demeure au terme d’obsèques nationales

 

 

 

 

Gendre de l’ancien maire de Chatou, Charles Joseph Lambert (1871-1872), et héritier de sa charge d’agent de change, Maurice Berteaux fit partie de cette élite fortunée de la Belle Epoque, qui, dans le sillage du parti radical-socialiste, consacra toute sa vie au progrès et à la défense militaire de la France, à laquelle il attacha la nouvelle arme de l’aviation. Résidant 17 rue Labélonye, il fut le maire emblématique de Chatou de 1891 à 1911. Député de 1893 à 1911, ministre de la Guerre à deux reprises en 1904 et 1911, il défendit le projet des retraites ouvrière et paysanne adopté en 1910, le statut des cheminots et fut le promoteur de la nationalisation de la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, dont Clemenceau, président du Conseil, finit par faire adopter le projet en 1908. La popularité de Maurice Berteaux était telle que son élection à la présidence de la République en 1913 était envisageable. Il fut le député le mieux élu de France en 1910. A Chatou, il fut constamment réélu maire au premier tour de scrutin entre 1892 et 1911. On lui doit des équipements financés sur ses deniers, tels que la salle des fêtes (détruite en 1973) et le premier réseau téléphonique dans la commune. Il mourut le 21 mai 1911, décapité par un avion au départ de la course d'aviation Paris-Madrid à Issy-Les-Moulineaux. Il reçut des obsèques nationales.

 

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 Maurice Berteaux à cheval

aux grandes manoeuvres de 1905

collection Pierre Arrivetz

 

 

 

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La délégation parlementaire sur le quai de la gare de Chatou avec au centre Adolphe Brisson, président de la Chambre des Députés et ci-dessous, la descente du cercueil.

collection Pierre Arrivetz
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La rencontre des deux "Fauves" Catoviens,
André Derain et Maurice de Vlaminck
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André Derain par lui-même

« Au mois de juillet 1900, étant en permission  de quinze jours (ma libération devait avoir lieu en septembre), j’avais pris à Chatou le train pour Paris. Dans le compartiment où j’étais monté, assis en face de moi se trouvait André Derain. Bien qu’habitant depuis toujours le même pays, nous ne nous étions jamais adressé la parole. Nous nous connaissions seulement de vue, pour nous être souvent croisés dans les rues du village. Derain avait assisté à des courses de vélo auxquelles je participais. Maintes fois, il avait pu me rencontrer, mon violon sous le bras ou trimbalant des toiles et ma boîte à couleurs. A cette époque, Derain avait à peine vingt ans. C’était un grand type efflanqué, aux longues jambes. Il était habituellement vêtu d’un manteau à pèlerine et coiffé d’un chapeau  mou. Il avait vaguement l’air d’un escholier de la Basoche du temps de Louis XV : quelque chose comme un François Villon amélioré…Je ne sais quelle rage intempestive me le fit attaquer :

-         « ça va bientôt être votre tour de chausser des godillots ! »

-         « pas avant l’année prochaine, me répondit-il, un peu interloqué. »

Le même  soir, nous nous retrouvions sur le quai et nous reprenions notre entretien. Le résultat de cette rencontre fut qu’on se promit de travailler ensemble (…) »

Maurice de Vlaminck (1876-1958)
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 Couverture du catalogue de l'exposition "Chatou" à la galerie Bing en mars 1947 par Maurice de Vlaminck

collection Pierre Arrivetz

L'ARRIVEE DU CHEMIN DE FER

 
 
Les promoteurs du chemin de fer en France :

 les frères Péreire

 
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Emile (1800-1875)  et Isaac (1806-1880) Péreire, gravure dans

  « Le Monde Illustré » du 25 février 1863 - collection Pierre Arrivetz

 

 
 

Emile Péreire, à ses débuts courtier d’agent de change, devint le créateur sous le Second Empire d’une dizaine de sociétés participant au développement du pays : Crédit Mobilier, Compagnie Générale Maritime, Compagnie Générale Transatlantique, sociétés d’assurance « La Confiance » et « La Paternelle », Compagnie Parisienne d’Eclairage et de Chauffage par le gaz, promotion immobilièr edans divers arrondissements de Paris et de la Province etc…, compagnies de chemins de fer diverses.

Mais il fut avant tout l’auteur de la révolution ferroviaire en France.

Son projet de liaison entre Paris et Saint-Germain par voie de chemin de fer, élaboré en 1832, vit le jour en 1835, lorsqu’il convainquit le banquier James de Rothschild de s’associer au financement de l’opération. Incarnant un capitalisme d’investissement, il connut une faillite au bout de 30 ans, ayant engagé à tort des capitaux dans des opérations immobilières contrecarrées par ses concurrents du chemin de fer.

 

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La loi sur la concession du Chemin de Fer Paris-Saint-Germain
Archives Départementales des Yvelines

 

Sous son impulsion, la loi créant la ligne Paris Saint-Lazare- Le Pecq  fut promulguée par le roi Louis-Philippe le 9 juillet 1835. Le 4 novembre 1835, le roi prit une ordonnance autorisant la création d'une société anonyme d'exploitation du chemin de fer Paris-Saint-Germain 16 rue de Tivoli à Paris dont le directeur n'était autre qu'Emile Péreire. Les ingénieurs de la compagnie étaient Emile Clapeyron, Stéphane Mony, Gabriel Lamé, les administrateurs, James de Rotschild, Sanson Davillier, Adolphe d'Eichtal, Auguste Thurneyssen.

 

Grand propriétaire à Chatou au début du Second Empire, Emile Péreire maria sa fille à Croissy au château Chanorier en 1853. Il fut député du Corps Législatif de 1863 à 1869.

En 1855, obéissant à la politique de concentration des réseaux rentables et moins rentables voulue par Napoléon III, la Compagnie Péreire fusionna et prit le nom de Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, une société exploitant les lignes de Saint-Germain, Rouen, Dieppe, Fécamp, Le Havre, Cherbourg...

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Une obligation de la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest (1855-1908)
émise en 1893 - collection Pierre Arrivetz

Celle-ci disparut en 1908 au terme d’une nationalisation qui la transforma en Compagnie de « l’Ouest-Etat », cette dernière cédant la place en 1938 à la SNCF, laquelle conserva son emprise sur la ligne Paris Saint-Germain jusqu’à la création de la RATP en 1972.

 

 

Le cahier des charges présenté par Emile Péreire le 17 septembre 1832

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Extrait du cahier des charges de la Compagnie
- Archives Départementales des Yvelines -
Cliché Pierre Arrivetz

"Le chemin de fer proposé part de Tivoli et entrant presque immédiatement en souterrain, il passe sous le boulevard extérieur entre les barrières de Clichy et de Mousseaux et sous les Batignolles, au-delà desquelles il revoit le jour ; la longueur du souterrain est de 1158 mètres. La hauteur du point de départ est de 18 mètres au-dessus de la Seine. Le chemin de fer est en remblais jusqu’au-delà de la traversée de la Seine. Il rencontre les routes de la Révolte et d’Asnières un peu en amont du pont actuel et à un niveau de 9 mètres au-dessus de l’étiage.

 (N.B : l’étiage correspond statistiquement (sur plusieurs années) à la période de l’année où le débit d’un cours d’eau atteint son point le plus bas).

 

 

 

 

L’alignement continue encore un peu au-delà d’Asnières, et tantôt en déblais, tantôt en remblais. Le chemin de fer s’infléchit ensuite par une courbe de 2000 mètres de rayon qui le conduit jusqu’à la Garenne de Colombes où commence un nouvel alignement, qui, tantôt en déblais, tantôt en remblais, passe devant la Folie et prés de Nanterre, par une seconde courbe de 2000 mètres de renfort, s’approche de la Seine. La traversée s’opère dans le voisinage de Chatou, en un lieu où la Seine est partagée en deux bras ; le pont sur l’un deux sera à 8,40 m et sur le second à 9,25 m au-dessus de l’étiage. On entre en déblais presque immédiatement après cette traversée de la Seine, et pour passer le bois du Vésinet.

 

Enfin, on traverse pour la troisième fois la Seine prés du Pec (orthographe approximative de l’époque) à 8,60 m au-dessus de l’étiage.

 

Le tracé a une longueur de 18.400 mètres. Il est plus court que la route royale actuelle  de 1200 mètres. Ce chemin pourrait être parcouru en une demi-heure par machines locomotives, et établirait ainsi entre Paris et Saint-Germain des communications si commodes et si rapides qu’il doit en résulter de grands avantages pour les relations déjà considérables qui existent entre ces deux villes.

 

Les machines locomotives peuvent parcourir de 30.000 à 40.000 mètres par heure sur un chemin de fer construit sous les conditions du chemin de fer de Manchester à Liverpool comme celui que nous proposons. En outre, les tarifs proposés présentent de l’économie sur les prix actuels de transport de Paris à Saint-Germain.

 

Evaluation sommaire des dépenses

 

Cette évaluation est extraite d’un mémoire d’art détaillé déposé à l’administration des Ponts et Chaussées et où les évaluations des dépenses sont présentées avec détail appuyées d’un nivellement en long.

 

Indemnités de terrains       234.243 F

Terrassements                     262.364 F

Rails, coussinets, dés, pose 902.336 F

Souterrain                            329.660 F

Trois ponts sur Seine       1.500.000 F

Matériel de transport, frais de clôture, constructions aux points de chargement et déchargements sommes à valoir 671.407 F

 

Total                                    3.900.000 F

 

Tarifs proposés pour chemin de fer de Paris à Saint-Germain

 

1°) pour les marchandises

par 1000 kilogrammes et par kilomètre 20 centimes

 

2°) pour les voyageurs

pour chaque voyage et par kilomètre

 

1ère place 8 centimes

2ème place 6 centimes

3ème place 4 centimes

 

Le tarif s’applique pour la distance entière de Paris à Saint-Germain donne

 

 - pour les marchandises par 1000 kilogrammes 3,68 F

 

- pour les voyageurs 1.472 F

                                   1.104 F

                                   0,736 F

 

Soit en nombres ronds

 

-    pour les marchandises par 1000 kilogrammes 3,70 F

-    pour les voyageurs 1.50 F

                                         1.10 F

                                        0,75 F »

 

 

Le 17 septembre 1832

 

Signés :

G.Lamé

E. Clapeyron

Emile Péreire"

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Source : Archives Départementales des Yvelines
 
Les plans du chemin de fer à la traversée de Chatou établis le 27 avril 1836
 
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Ci-dessus, le nouveau pont appelé à traverser l'Ile de Chatou entre les bras de Rueil (à droite) et de Chatou (à gauche)
 - Archives Départementales des Yvelines -
 
 
 
 
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Ci-dessus, le nouveau pont projeté entre l'Ile de Chatou et la ville même
- Archives Départementales des Yvelines - 
 
 
 
 
  
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- Archives Départementales des Yvelines - 
 
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 - Archives Départementales des Yvelines -
 
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Ci-dessous, la belle villa correspondant au point rouge dessiné sur les plans de la Compagnie fut construite en 1835 pour un huissier de justice parisien, Camille Letertre aux abords du futur pont de chemin de fer. Elle fut acquise en 1856 par Jules Petit (1813-1890) qui l'agrandit et la suréleva en 1859 et 1864. Avocat au barreau de Paris en 1831, Monsieur Petit fut nommé par Napoléon III juge au Tribunal de Paris en 1857, vice-président du tribunal de la Seine en 1865, conseiller à la Cour d'appel de Paris en 1869. Il fut admis à la retraite le 1er mars 1880 et fut nommé conseiller honoraire à la Cour d'appel. Il siégea comme conseiller municipal de Chatou de 1858 à 1870. Son gendre, Monsieur Petit Leroy, hérita de la propriété à sa mort. Il fut lui-même diplomate  et eut un fils qui tomba au champ d'honneur pendant la Première guerre mondiale. La villa fut détruite pour permettre la construction de la piscine en 1968.
 
 
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Le chemin de fer Paris-Le Pecq fut inauguré le 24 août 1837 par la reine Marie-Amélie et ses enfants, le gouvernement ayant dissuadé Louis-Philippe de faire le voyage. C'est vers la fin de 1837 ou au plus tard en janvier 1838 que la première gare de Chatou, une station en bois, fut réalisée.
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A la gare Saint-Lazare, le train de 1837 prêt à partir pour Le Pecq. Reconstitution de 1930, cliché du magazine "Vu" (remerciements José Sourillan)

 En 1930, les voyageurs de commerce fêtèrent leur centenaire en se glissant dans les costumes du règne de Louis-Philippe et en organisant le voyage Paris-Le Pecq de 1837 avec un train de l'époque à l'instar de celui qui avait inauguré la première ligne de voyageurs avec à son bord la reine Marie-Amélie (24 août 1837). Grâce à son maire et pair de France, Camille Périer, Chatou devint une desserte de la ligne quelques mois aprés l'inauguration. Pathé a filmé le voyage de 1930 pour ses actualités cinématographiques. Le 9 avril 2008, Pierre Arrivetz a écrit au maire de Chatou pour lui suggérer un projet de décoration historique de la gare de Chatou, projet qui a donné lieu à une exposition en partenariat avec l'association et la RATP sur le quai de la gare du RER en direction de Paris.

 

 

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Affiche des tarifs et horaires du chemin de fer de Saint-Germain et de Versailles pour l'été 1840
 - Archives Départementales des Yvelines -

 

 

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 Le train en gare de Chatou vers 1905. Les wagons à impériale furent employés du Second Empire au lendemain de la Première Guerre Mondiale. La Compagnie Péreire créa et géra la ligne de 1837 à 1855 avant de céder la place à la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest en 1855 qui elle-même fut nationalisée en 1908 sous les fourches caudines du député-maire de Chatou, Maurice Berteaux. Dénommée compagnie de l'Ouest-Etat, elle fut absorbée par la SNCF en 1938 qui en fit dévolution à la RATP en 1972. 
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La gare de Chatou en 1900. La voie était à la hauteur de la route. Chatou avait connu une station en bois dés l'origine, incendiée lors des émeutes de 1848. Construite vers 1867 par la compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest, la gare ci-dessus disparut avec l'arrivée du RER en 1972.
 

07/03/2009

EVOCATION D’UNE PROPRIETE D'ARTISTES SUR LES BORDS DE SEINE A CHATOU

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"Les propriétés ne font pas défaut à Mademoiselle Falconetti ; cependant entre toutes, l’artiste préfère la maison qu’elle possède à Chatou. C’est une grande bâtisse blanche, carrée, élégante, avec des fenêtres arrondies. Une marquise de fer forgé, très ouvragée, orne la porte d’entrée qui s’ouvre sur un perron.

 

La façade est à demi-cachée sous des haies fleuries. Il y a une grande terrasse qui s’en va jusqu’à la Seine, et d’où l’on voit les petites villes qui paressent dans un bain de soleil, sur l’autre rive.

 

De cet observatoire que ne trouble aucun beuglement de clackson et où nulle poussière d’auto n’arrive, on plonge, au-delà du fleuve que sillonnent de lents remorqueurs, dans un horizon de verdure, de plaines tâchetées, de coteaux chevelus. Des bois, piqués par la première pointe d’automne, ont des feuillages qui se dorent ; et leur ligne se découpe dans le ciel bleu, bleu très doux d’Ile-de-France – comme l’échine d’un fauve qui s’apprête à bondir.

 

Proche est l’île de Croissy que chanta, en des vers érotiques, Catulle-Mendés, ce parnassien à la muse jamais lassée. Un parc entoure cette demeure ; et n’étaient les allées trop soigneusement ratissées, on croirait à pénétrer dans des fourrés plein d’ombre ; à voir ces bouquets d’arbres massifs qui ont dépassé leur centième année ; à découvrir ces rocailles que mangent les mousses, être perdu au cœur de quelque vieux bois.

 

Mais soudain les chemins se rejoignent et voici dans une clairière de spacieux fauteuils en rotin, un petit guéridon très coquet sur lequel le thé refroidit…et l’on cherche l’orchestre pour quelque five o’clock dansant.

 

Le mobilier de cette villa est simple, confortable ; les bibelots mêlent leurs formes frêles et précieuses aux fleurs qui éclatent dans des vases au flanc large.

 

- Ce qui m’a fait choisir cette demeure, mon Dieu, le hasard…le bienheureux hasard, me dit Mademoiselle Falconetti, le même qui vient en aide aux auteurs pour dénouer les situations les plus embrouillées. Je suis venue, j’ai vu, je fus conquise ; et depuis, tout me retient ici : le calme, l’air, la belle route que l’on prend pour arriver à Chatou, le limpide horizon où les yeux se reposent et puis, les souvenirs – les souvenirs – les souvenirs de théâtre, car cette villa appartenait naguère à Anna Judic. Et l’interprète de tant d’œuvres dramatiques nous parle de l’ombre légère de celle qui fut une fine, délicate et sensible chanteuse d’opérette."

 

Pierre Heuzé

COMEDIA - 28 AOUT 1926

 

 

Les habitantes célèbres du 3 avenue d’Eprémesnil

 

 

René Jeanne Falconetti (1892-1946), actrice du cinéma muet, directrice du Théâtre de l’Avenue, héroïne au cinéma de « La passion de Jeanne d’Arc » de Carl Dreyer en 1926 (illustration ci-dessous), joua au théâtre Edouard VII « Le Comédien » de Sacha Guitry en 1921, au théâtre de l’Athénée « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » de Jean Giraudoux en 1935.

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L'actrice de Chatou en couverture du magazine "Mon Ciné" le 3 novembre 1927. Le réalisateur Carl Dreyer signa l'une des plus grandes fresques sur Jeanne d'Arc. Il employa notamment le petit-fils de Victor Hugo pour dessiner les costumes du film. Jeanne d'Arc avait été canonnisée en 1924.
 
 

Anna Judic (1850-1911), artiste de l’opérette, l'une des premières artistes produites sur cylindres Pathé à Chatou vers la fin de sa vie

 

 

 

 

 

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La catovienne Anna Judic, en couverture du Monde Illustré le 7 octobre 1893
Elle créa notamment pour Offenbach le rôle de la princesse Cunégonde dans son opérette "le roi Carotte" en 1872
collection Pierre Arrivetz

 

 

 

 

 

 

Anna Judic, de son premier nom Anna Damien, naquit à Semur en Côte d’Or en 1850. Elle était la fille de la buraliste du théâtre du Gymnase, elle-même maîtresse du directeur de ce théâtre. Après une année passée au Conservatoire, c’est au Gymnase qu’elle débuta une grande carrière d’artiste d’opérette en jouant “les Grandes Demoiselles” en 1867. Elle se maria en 1868 avec M. Judic, un commissionnaire  employé par des troupes avec succès pour ses dons de comique, chanteur et musicien.  En 1868, elle fut embauchée au théâtre de l’Eldorado. C’est là qu’elle devint une étoile en jouant notamment “Paolo et Pietro”, “la Vénus infidèle, “Faust passementier” etc...

 

Un journaliste écrivit: “ L’ingénue Judic est une véritable croqueuse de pommes; avec son bon rire d’enfant, elle nous jette au visage les pépins du fruit défendu”. Le directeur de l’Eldorado fut à ce point satisfait qu’il alla jusqu’à embaucher son mari comme régisseur du théâtre. Le 4 septembre 1870, jour de la déclaration de guerre à la Prusse, l’Eldorado ferma ses portes. Les Judic partirent en tournée dans les grandes villes de Belgique. Partout ovationnée, ce fut le triomphe à Bruxelles lorsque Anna prêta son concours à une oeuvre de bienfaisance, “La Crèche Marie-Louise”.

 

De retour en France, elle se produisit au Grand Théâtre de Lille où elle chanta le 22 janvier 1871 au profit des blessés français. La représentation, qui rapporta une souscription de 27.000 F  or, valut à  Anna Judic de recevoir un superbe médaillon de la ville.

 

En 1872, Jacques Offenbach et Victorien Sardou l’appelèrent pour créer au Théâtre de la Gaîté le rôle de la princesse Cunégonde dans “le Roi Carotte”. Elle alla “se faire couvrir de roses au théâtre de l’Alcazar à Marseille” (“Paris-Artiste” - 20 octobre 1883) puis le théâtre des Folies-Bergères lui fit tourner “Ne m’chatouillez pas, éclat de rire en six couplets” applaudi par la foule des parisiens et des étrangers (réf.idem).

 

Après des représentations du “Roi Carotte” à la Gaîté, le directeur des Bouffes-Parisiens l’engagea  pour créer le rôle de Malda dans “la Timbale d’argent” de Jaime fils et Léon Vasseur. Elle ne quitta les Bouffes qu’en 1876  après avoir chanté notamment dans “Petite Reine”, “Branche cassée”, “Mme l’Archiduc”.  Elle entra alors au Théâtre des Variétés pour créer “Docteur Ox”, “Charbonniers”, “Niniche”, “La femme à papa”, “la roussotte”, “Lili”, “Mamzelle Nitouche”, “la Cosaque”, “la Noce à Nini”, “la Japonaise” etc... Elle y reprit également “la Belle Hélène”, “la Grande-Duchesse”, “Le grand Casimir”, dont les rôles avaient été attribués auparavant à la célèbre cantatrice Hortense Schneider.

 

Elle  tourna ensuite à l’Eden-Théâtre “La fille de Mme Angot” et après plusieurs tournées à l’étranger et quelques représentations aux Menus-Plaisirs, à l’Eldorado et à l’Alcazar d’Ete, elle rentra aux Variétés dans “Lili” en 1894, reprit “Nitouche” et créa “Rieuse”. Engagée au Théâtre du Gymnase, elle créa “l’Age Difficile” en 1895. C’est en 1883 qu’Anna Judic acheta la propriété du 3 avenue d’Epremesnil. La Liberté de Seine et Oise du 21 avril 1911 rapporta : “très éprise des beautés de la région, elle avait chargé une pléiade d’artistes d’en peindre les plus jolis sites qui garnissaient cette villa, où tout le monde du théâtre, de la littérature et des arts défila...”.

 

En 1892, Anna Judic fut décorée à Constantinople par le sultan. Elle mourut à Golfe Juan en avril 1911, où depuis trois mois, la maladie la tenait alitée.

 

 

01/03/2009

ENFIN DU CHANGEMENT

Pour la première fois depuis sa fondation en 1994, l'association bénéficie d'un soutien appuyé de la municipalité pour ses manifestations historiques : délégation en avril 2008 à la cérémonie du bi-centenaire de la naissance de Napoléon III en présence de Monsieur Estrosi, ministre et maire de Nice (rattachée à la France par Napoléon III), pose d'une plaque commémorative du ministre natif de Chatou Georges Mandel en juin 2008, autorisation pour la première fois en quatorze ans de siéger au forum des associations en septembre 2008, prêt de la salle Jean Françaix pour la conférence sur l'acteur natif de Chatou Pierre Trabaud en septembre de la même année, organisation de l'exposition sur les 170 ans de la gare de Chatou sur le quai de la gare.

L'association tient à remercier le nouveau maire Ghislain Fournier pour son ouverture à son activité bénévole en faveur du patrimoine et de l'identité de Chatou.

Le conseil d'administration