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15/04/2010

MAURICE BERTEAUX : une place, un marché, un square, un avenir ?

 

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Arrivée de Napoléon III à Chatou
 Toile de Pharamond Blanchard de 1858
restituant la visite du prince-président du 5 octobre 1850
 
 
 
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La place Maurice Berteaux est un acquis de l’histoire : la municipalité de Tony de Brimont  informa le prince Louis-Napoléon président de la République en visite à Chatou le 5 octobre 1850 de son intention d’acquérir par emprunt les terrains formant la place. Peu de temps après, le préfet autorisa la mise à l’ordre du jour de la question en réunion du conseil municipal.  Le 29 mars 1851, celui-ci se prononça en faveur de l’opération par vote à l’unanimité moins une voix. Ce furent 5634 m² de terrains issus de la succession du marquis d’Aligre qui furent acquis par la commune. L’objectif proclamé de cette acquisition :

-         la réunion et les exercices de la Garde Nationale

-         la manœuvre de la pompe à incendie et de la subdivision des sapeurs-pompiers

-         la fête du village du 15 au 17 août

 

Le 23 juillet 1861, le conseil municipal approuva le déplacement sur la place du marché créé un an plus tôt. Le 20 avril 1873, il autorisa la création d’une borne-fontaine pour les forains. Un réseau de canalisations sous la place fut réalisé par la compagnie Pallu en 1874. Des cabinets d’aisance furent votés le 12 octobre 1877. Enfin,  un second jour de marché fut établi en 1881 sous la municipalité d’Ernest Bousson.

 

Cette installation d'un marché sur la place créée sous le Second Empire était une révolution car elle avait été envisagée dans les temps anciens sans trouver d'aboutissement, du fait probablement d'absence de place publique. L'historien Albert Curmer mentionne ainsi un arrêt du Parlement de Paris du 10 janvier 1619 du premier président Nicolas de Verdun faisant état de lettres d'Henri III d'avril 1580 "portant établissement de foire et marché à Chatou, lettres entérinées par le prévôt de Paris le 14 août 1581".

 

 

 

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Le marché en 1900
PLACE DU MARCHE 1.jpg
En 1900, le marché, moins dense qu'aujourd'hui,
 est traversé par une large allée ornée d'arbres
dans le prolongement de l'avenue d'Aligre

 

Le 9 mai 1880 fut votée la création d’un square et d’un kiosque place de la gare dont les devis furent dressés par l’architecte Eugène Bardon. On y trouva une grotte et un kiosque jusqu’en 1929, date de réaménagement du square.

KIOSQUE 1.jpg

 

En 1922, fut inaugurée la statue de Maurice Berteaux, maire de Chatou de 1891 à 1911, député de 1893 à 1911 et ministre de la Guerre en 1904, 1905 et 1911, initiateur de la défense aérienne (avions et dirigeables). Ce maire exceptionnel qui avait fait construire une salle des fêtes sur ses deniers en bordure de la place compte aujourd’hui son nom dans plus de 40 communes de l’ancien département de Seine-et-Oise dont il fut un parlementaire emblématique.

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Salle des fêtes construite en 1893 sur les deniers de Maurice Berteaux
 et détruite en 1973
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Maurice Berteaux (1852-1911), ministre de la Guerre,
aux grandes manoeuvres

 

 

 

 

Sa mort tragique le 21 mai 1911 lors du meeting aérien Paris-Madrid à Issy-les-Moulineaux lui valut des obsèques nationales et l’hommage des ambassadeurs du monde entier. Sa statue fut emportée par les allemands en 1943. Depuis 1948, un buste ridicule la remplace.

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Statue en bronze de Maurice Berteaux dans le square qui porte son nom.
Erigée par souscription nationale sur les plans du sculpteur Auguste Maillard en 1922, elle fut emportée par les allemands en 1943

 

 

Ce furent finalement les municipalités du XXème siècle qui menacèrent le plus l’existence de la place. Le 25 octobre 1989 fut prescrite la révision du plan d’occupation des sols (P.O.S) au profit d'un POS  prévoyant la création d’une zone d’aménagement concertée signifiant l’expropriation et la destruction d’une grande partie des immeubles riverains et alentours. Les associations de Défense du Quartier de la Gare et de Sauvegarde de Chatou s’y opposèrent, obtenant avant la fin de l’enquête publique en 1991 le retrait même du projet à la suite de 2600 signatures de pétition et d’une manifestation de 200 personnes.

 

 

En 2003, un premier projet de plan local d’urbanisme (PLU) incluait la constructibilité de la place et la création de hauteurs de 18 mètres pour la construction d’immeubles riverains. Ce projet fut abandonné sous le poids de l’action conjuguée des associations Chatou Notre Ville, Sauvegarde de Chatou et Défense du Quartier de la Gare. 2000 signatures de pétitions furent en effet réunies et un avis négatif du commissaire-enquêteur au projet présenté s’ensuivit, contraignant la municipalité à abandonner le projet.

 

 

Lors du second projet de PLU soumis à enquête publique en 2006, les mêmes associations alliées stigmatisèrent la constructibilité renouvelée de la place située en zone UC avec une hauteur autorisée de 16 mètres et dénoncèrent la possibilité de construire autour des immeubles de 16 mètres. Les associations demandèrent en vain d’inscrire dans le PLU  l’inconstructibilité de la place du marché et l’abaissement des hauteurs à 14 mètres. A l'initiative des associations qui avaient lu le projet règlementaire avant de se prononcer, une manifestation de 250 personnes eut lieu le 29 mars 2006 contre l'ensemble du projet de PLU qui portait selon celles-ci atteinte à l'identité de Chatou.

 

PLU - MANIFESTATION DU 29 MARS 2006

 

En outre, une volonté de détruire les petits immeubles commerçants qui  entourent le square Maurice Berteaux est apparue : selon les orientations d'aménagement par secteur inscrites dans le PLU (page 11) - directement applicables au permis de construire selon la loi SRU - , "la restructuration" de la place Maurice Berteaux "doit prioritairement concerner les espaces compris entre la rue de l'abbé Borreau et le passage Clérault et ensuite s'étendre à l'ensemble du front ouest, des voies ferrées jusqu'au nord de la rue de l'abbé Borreau."

La municipalité élue en 2008 a entrepris de proposer à la concertation des projets de réaménagement de la place incluant des bandes engazonnées et des arbres et entamant l'existence du square. Les différents scenari présentés doivent maintenant être examinés par les associations. La première réunion de concertation avec les Catoviens le 17 février 2010 a fait ressortir une appréhension généralisée contre toute compression du marché et du stationnement autorisé en surface, aucun parking souterrain ne pouvant par ailleurs être financé par la ville sous la place. 

En effet, à la suite des défigurations opérées dans les années 70-80, l'âme de la place tient moins à son caractère qu'au commerce sédentaire et forain, lequel repose sur une possibilité de stationnement incontournable.  Le directeur du magasin SUPER U et le président de l'association des commerçants du marché ont exprimé dans Le Parisien du 20 février 2010 leur crainte de voir leur activité ralentir puis s'effondrer (on peut imaginer que ce soit au bénéfice des centres commerciaux de Croissy et Montesson).

S'agissant de l'association Chatou Notre Ville qui se bat pour garder et mettre en valeur l'identité de Chatou, celle-ci proposera au vote de son assemblée générale du 12 mars prochain une fusion absorption avec l'association de Défense du Quartier de la Gare. Cette opération symbolique devra permettre de renforcer dans l'opinion publique et auprès de l'équipe municipale les exigences d'un urbanisme de qualité et de conserver l'âme de la place Maurice Berteaux, celle-ci demeurant un centre urbain irremplaçable pour les habitants.  

 

 

Sources bibliographiques :

"Mémoire en Images - Chatou" Alan Sutton 2003

"Chatou, de Louis Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878" Alan Sutton 2005

 

 

 

 

Commentaires

Savez vous ce qu'il en est du linéaire commercial en face du super U, il semble que certaines maisons vont être détruites ex: le fleuriste, coiffeur.

Écrit par : Hugues | 07/03/2010

bonjour, oui un projet existe de 16 m de haut entre le Berteaux et Foncia, le linéaire commercial étant obligatoire à cet emplacement,des commerçants prendront place dans la nouvelle construction

Écrit par : arrivetz | 07/03/2010

je suis attristé par ce projet de la place Maurice Berteaux. Est il besoin de tous casser et de refaire dans la même saveur médiocre dans laquelle baigne le nouveau batiment en face de l'escalier du RER.
Dans les 4 scenarios que nous propose la mairie:
- la place dédié au marché du mardi et du samedi se réduit à une peau de chagrin. les Catoviens n'ont pas droit à un marché?
- les places de parking eux aussi s'évaporent et pour la plupart repoussées au parking payant de la gare. le supermarché "super U" verra sa fréquentation diminuer et des caddies seront abandonnés assez loin du supermarché faute de place devant.
- les espaces piétons (place urbaine) sont traversés par des flux de voitures rendant par là même ces espaces encore plus dangereux (un même niveau de sol de façade à façade). généralement il est installé à ces endroits des petits pavés afin de ralentir les voitures. ils ont le désavantage de produire un son désagréable quand une voiture roule dessus. nous ne pouvons pas empêcher les personnes d'aller au parking souterrain et à la gare. cette place urbaine sera donc bruyante et dangereuse.
- un alignement d'arbres ridicule séparant la place en deux.

pour refaire cette place il n'y a pas besoins d'utiliser 3 millions d'euros! se qui est à rechercher c'est son unité:
- incorporant de ce fait le triangle près de la gare.
- élargir un peu les trottoirs du coté ou se situent les bars afin qu'ils puissent y développer des terrasses. la voirie ferait un coude obligeant les voiture à ralentir.
- arborer de façon homogène. ne pas mettre de marronnier qui ont le désavantage de laisser des traces collantes sur les voitures et de produire des marrons qu'il faudra ramasser.
Cela suffira, cette place rempli déjà très bien sa fonction, améliorons le visuel et sa pratique au quotidien par des petites choses qui peuvent paraitre anodines mais dont les résultats seraient bénéfique.

Écrit par : charles | 12/05/2010

une question pour arrivetz.
tu dis qu'il est question de faire un linéaire de 16m de haut . ce qui correspond à 5 étages avec rez de chaussée sur élevé. à qui appartient les bâtiment actuels, à la ville par droit de préemption ou à des promoteurs?

Écrit par : charles | 12/05/2010

en relisant ce que j'ai écrit je m'aperçois que cela peut paraitre ambigu je corrige donc mes écrits: 16m correspond à R+4 donc 5 étages en tout.

je rajouterais une chose en plus à propos de la "place urbaine" situé dans le triangle. dans la plaquette publié par la mairie il est écrit que 15% de 600 voitures passe par heure dans cette espace, soit pour se rendre à la gare soit au parking souterrain. si nous faisons une conversion nous trouvons que 90 voitures passe par heure et qu'il y a donc 1 voiture tous les 40 secondes. cela montre la dangerosité de ne plus avoir de voirie.

Écrit par : charles | 13/05/2010

Réponse à question précédente avec remerciement de l'auteur du site pour le commentaire :

Les immeubles actuels de la place appartiennent à des propriétaires différents tous vendeurs.

Le linéaire commercial obligatoire est prévu en rez-de-chaussée et une brasserie pourrait y prendre place d'après la municipalité qui s'y emploie.

La hauteur de 16 mètres est autorisée jusqu'à la voie ferrée.
On peut donc craindre par la suite que les petits immeubles en pierre et leurs commerces à partir de l’avenue G.Clemenceau disparaissent par suite du même effet de vente des propriétaires distincts avec peu de chance de retrouver des commerces derrière et une architecture de banlieue défavorisée, les promoteurs après avoir acquis le terrain au prix du pétrole ne dépensant plus un centime dans l’architecture.

Il y a un film de Franck Capra de 1946 « la vie est belle » dans lequel le héros regarde sa ville dans les années 20 s’il n’était pas intervenu. Le plus riche habitant de la ville s’est lancé dans une opération de spéculation impitoyable. La ville est à demi morte : on ne compte plus que des banques et des boîtes de nuit pour activités. Comme il contrôle les banques, il ruine les propriétaires qui s’opposent à ses projets, leur vie est sinistre, ils n’ont plus de perspective. C’est une image mais la spéculation qu’elle émane des particuliers ou des entreprises a tendance à amener un nivellement par le bas au détriment du plus grand nombre et dans le cas présent, du caractère d’une ville. D’où l’intérêt d’une règlementation d’urbanisme équilibrée et non laxiste.

Écrit par : Arrivetz | 13/05/2010

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