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08/03/2012

DE PARIS A CHATOU : 1871, L'ANNEE TERRIBLE

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Patrouille prussienne en mai 1871 sur la rive de Chatou d'après un croquis de M.Urrabieta - gravure de Smeeton -

 

« Paris, depuis deux mois, n’est plus dans Paris ; comme un fleuve qui sort de son lit, il a envahi les campagnes environnantes ; c’est une véritable inondation.

Dans quelque direction que vous allez, à plus de trente lieues à la ronde, si vous vous présentez en quête d’un logis, dans un hôtel ou dans une auberge, on vous répondra invariablement que votre recherche est vaine, que « tout est pris par les Parisiens » (…).

Les deux lignes de l’Ouest étant coupées, il faut, pour sortir de Paris, prendre le chemin de fer du Nord et se rendre à Saint-Denis, d’où l’on peut gagner Versailles en passant par Nanterre et Bougival (…).

Le pont de Saint-Denis est un de ceux qui ont eu le rare privilège d’échapper à la destruction, au moment de la marche de l’armée allemande sur Paris.

Sur le cours de la Seine, on ne compte pas moins de 28 ponts brûlés ou démolis par la mine entre Paris et Rouen, et en voyant ces ruines, on ne peut s’empêcher de déplorer l’empressement trop souvent irréfléchi avec lequel a été accompli ce massacre.

Les deux ponts de Chatou ont subi le sort commun. Celui du chemin de fer de Saint-Germain laisse tristement pendre dans les eaux de la rivière les membrures de sa charpente brisée ; celui de la route, dont il ne reste que les piles, a été remplacé par un bac, appareil primitif qui fait l’étonnement des passants qui le voient pour la première fois.

 

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Une embarcation en 1871 au passage du pont du chemin de fer détruit à Chatou d'après une photographie de M. Bouffard - gravure de Deroy -

 

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Le bac de Chatou en 1871 et le pont routier détruit - gravure de Verdeil -

  

La Seine, à Chatou comme à Saint-Denis, est la frontière qui limite le territoire occupé par les troupes allemandes ; celles-ci ont réoccupé en forces les localités qu’elles avaient d’abord évacuées : tous ces villages ont eu ainsi à subir une seconde fois l’invasion dont ils se croyaient délivrés, et je vous laisse à penser si les habitants ont su gré à la Commune (la Commune de Paris était installée depuis le 18 mars 1871) de leur valoir ce nouveau fardeau.

Déjà, avant l’arrivée des corps prussiens d’occupation, des détachements de cavalerie partaient chaque jour de Saint-Denis pour explorer le pays. Une patrouille de hussards, ainsi envoyée en reconnaissance, se trouvait de passage à Chatou au moment où j’arrivais.

L’officier qui la commandait avait fait halte au bord de la rivière, à un endroit d’où l’on aperçoit le Mont-Valérien, et, l’œil armé d’une longue vue, regardait curieusement le fort, qui apparaissait au loin, baigné dans la fumée de ses canons. C’est là le sujet du dernier dessin que je vous envoie aujourd’hui (illustration en haut de page) ».

Pierre Paget

L’Illustration - 27 mai 1871

 

 

 

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