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31/12/2012

MAISON DE CHATOU EN AQUARELLE

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maison de Chatou par Bérénice Balency-Béarn - blog : http://bbbaquarelles.jimdo.com/votre-maison-d-après-photo/

 

Les maisons anciennes de Chatou ont chacune leur histoire. Nous nous efforçons de faire oeuvre d'inventaire dans ce domaine mais n'avons pas le talent de Bérénice Balency-Béarn pour en restituer les couleurs et la physionomie. Ainsi cette petite maison du 21 rue Camille Périer, déclarée au cadastre en 1843, donc construite quelques années avant, par Monsieur Rateau, entrepreneur en bâtiment, est-elle le témoignage des premières constructions édifiées au lendemain de l'arrivée du chemin de fer d'Emile Pereire en 1837. Chatou n'était à l'époque qu'un village de 1.200 habitants, composé de parcelles de "petites cultures" et de quelques châteaux et vastes demeures d'Ancien Régime. Une série d'expropriations devait frapper le jardin de la maison représentée ci-dessus, sous le Second Empire d'abord pour prolonger la rue Camille Périer puis dans les années vingt pour créer la rue Lantoine, du nom d'une bienfaitrice dont la contestation du legs à la Ville par les héritiers engendra une procédure de plus de 15 ans.

L'aquarelle a permis de mettre en valeur un bâtiment qui aurait grand besoin d'une restauration, et de faire ressortir son attrait principal : un décor de fausse brique de plus en plus rare et un encadrement par des colonnes dans le style empire. 

Si vous aussi souhaitez conserver un souvenir de votre maison en aquarelle, n'hésitez pas à consulter le blog de son auteur: http://bbbaquarelles.jimdo.com/votre-maison-d-après-photo/. Nous serons bien entendu à votre disposition pour procéder à une recherche historique et à sa publication sur notre blog.

 

Pour en savoir plus sur la vie de Chatou sous la Monarchie de Juillet, l'association a édité une revue réalisée à partir de recherches aux archives municipales et départementales que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à piarri@orange.fr ou par téléphone au 06 33 33 25 76 

 

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Chatou 1830-1848 - les premières évolutions du village 

(52 pages - 12 euros)

30/12/2012

LES BELLES HEURES DE LA SOCIETE DE LA LEGION D'HONNEUR A CHATOU

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Lucienne Boyer, vedette Columbia, à la fenêtre du train transatlantique à la gare Saint-Lazare l'emmenant vers le paquebot Normandie pour un voyage à New-York - 4 octobre 1935 - collection Pierre Arrivetz

 

Au début des années trente, le pays commençait à peine à guérir des plaies de la première guerre mondiale qu'il s'enfonçait dans la crise économique. Une époque de solidarité était cependant née au lendemain de l'Armistice alors que des millions de familles avaient vu les leurs disparaître ou être handicapés à vie. La Légion d'Honneur apporta une contribution essentielle aux soins des grands blessés, mobilisant les vedettes du moment pour gagner la générosité du public.

Chatou conserve un témoignage de son action :  le 11 juin 1932, la salle des fêtes place Maurice Berteaux accueillit la fête de bienfaisance du Comité de La Légion d’Honneur de Rueil, Bougival, Chatou, Le Vésinet, Croissy, Nanterre.

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La très belle salle des fêtes qui ornait la place du marché à Chatou. Construite en 1893 grâce aux deniers de Maurice Berteaux et de quelques bienfaiteurs , elle fut le théâtre de nombre de manifestations de Chatou et de la région. Cette salle avait été érigée sur les plans des architectes Catoviens Alfred Gaultier (auteur des plans du château de la Pièce d'Eau Villa Lambert) et Eugène Gilbert (adjoint au maire et architecte, auteur de plans de villas à Chatou). Elle fut détruite en 1973 par la municipalité - collection Pierre Arrivetz

 

La Société de La Légion d’Honneur avait alors établi un programme de spectacles digne de la capitale en présentant quelques stars de l’époque : Lucienne Boyer (1901-1983), vedette Columbia qui avait entamé une carrière de chanteuse pendant la Grande Guerre et dont les disques étaient pressés à Chatou, Henry Laverne, fantaisiste dont les disques de sketchs avec son collègue Bach étaient également pressés sous le label Pathé à Chatou, Mesdemoiselles Nelly, Solange et Jamie Schwarz de l’Opéra de Paris.

 

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Lucienne Boyer dans le catalogue Columbia avant-guerre. Plus importante vedette féminine par le nombre de ses chansons (plus d'une page pour ses nombreux titres), elle fut une chanteuse phare du label produit chez Pathé-Marconi à Chatou jusqu'à l'Occupation. Un disque était encore édité à titre de témoignage en 1956 dans le catalogue général. La Compagnie Française du Gramophone, filiale de la Columbia Graphophone Company Limited de Londres, était chargée de l'édition en France des disques Columbia et La Voix de Son Maître - collection Pierre Arrivetz

 

Source :

La Liberté de Seine-et-Oise - 1932 - Archives Départementales des Yvelines

 

28/12/2012

LES MAIRES DE CHATOU

2008 - 2014

Ghislain Fournier

UMP puis UMP Nouveau Centre

Conseiller Général - Vice-Président du Conseil Général des Yvelines

 

1995 – 2008

Christian Murez

 RPR puis UMP

Médecin généraliste de Chatou

 

1981 - 1995

Jean Bonnet

RPR

Pharmacien de Chatou, Conseiller Général

 

1979 - 1981

Charles Finaltéri

App. RPR

Journaliste

 

1971 - 1979

Jacques Catinat

Union des Démocrates pour la République - UDR

puis RPR en 1977

Imprimeur, éditeur, Conseiller Régional

 

1959 - 1971

Jean-François Henry

Centre National des Indépendants - CNI

Auditeur puis maître des requêtes au Conseil d'Etat

 

1954 - 1959

Albert Laubeuf

Liste d'Action Municipale

soutenue par le Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste, le Rassemblement des Gauches Républicaines, la SFIO

Architecte

 

1953 – 1954

André Combe

Liste d'Union pour l'Administration de Chatou soutenue par

le CNI, l'Action Républicaine et Sociale ARS (dissidents RPF), le RPF, le MRP

Entrepreneur

 

1947 - 1953

Henry Vercken

Rassemblement du Peuple Français -  RPF

Avocat - Conseil, Croix de Guerre 1914-1918

 

1944 - 1947

Jacques Bouvier

Comité de Libération de Chatou

Ingénieur

 

1935 - 1944

Jules Ramas

Union Républicaine

Ingénieur des Arts et Manufactures, installateur d'usines, administrateur-délégué du Comptoir Sidérurgique de France, Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre 1914-1918, inventeur d'un procédé de pose rapide des barbelés, président (bénévole) de la Société des Ingénieurs de la France d'Outre-Mer.

 

1929 - 1935

Léon Barbier

Liste d'Union des Républicains de Gauche et d'Entente Communale

Ancien propriétaire et gérant des Galeries "Au Gagne-Petit" rue de la Paroisse, Léon Barbier, Républicain de Gauche. Prend pour deuxième adjoint un membre de la liste concurrente de Jules Ramas d'Union Républicaine, Victor Bréchaille, ancien négociant.

La liste Barbier obtient 15 élus, la liste Ramas, 8 élus.

C'est une coalition du centre et de droite qui dirige la ville jusqu'en 1935.

L'ère des partis de masse n'a pas encore commencé et l'on vit toujours sous le règne de l'entente communale.

Selon le mot de Joseph-Barthélémy, "les républicains de gauche sont des hommes du centre que le malheur des temps oblige à siéger à droite".

 

1921 - 1929

Vital Chatel

Liste d'Union des Républicains de Gauche et d'Entente Communale

Propriétaire, Chevalier de la Légion d'Honneur

 

1919-1921

Charles Montaudoin

Bloc National

Il ne subsiste dans cette municipalité presque entièrement renouvelée que trois anciens radicaux du personnel électoral d'avant-guerre, Charles Montaudoin, industriel de Chatou, élu maire, Vital Chatel, futur maire en 1921 et Gustave Chénier. Jules Ramas, futur maire en 1935, fait partie des nouveaux élus.

 

1911 - 1919

Eugène Rochefort

Liste d'Entente Communale et de Concentration Républicaine, union de l'Alliance Républicaine Démocratique et du Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste

Médecin de Chatou, ancien-adjoint de Maurice Berteaux, bienfaiteur de la commune, responsable de l'hôpital auxiliaire de la Faisanderie pendant la Première Guerre mondiale, Chevalier de la Légion d'Honneur

 

1891 - 1911

Maurice Berteaux

Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste

Agent de change, député 1893-1911, ministre de la Guerre  en 1904-1905 et 1911, vice-président de la Chambre des Députés 1906-1911, bienfaiteur de la commune, Chevalier puis Officier de la Légion d'Honneur, le plus long mandat détenu à ce jour par un maire de Chatou.

 

 1888 - 1891

Edmond de Panafieu

Liste Conciliatrice et Libérale

Ancien conseiller d'Etat, Chevalier puis Officier de la Légion d'Honneur - Liste conservatrice - époque du "boulangisme", scandales sous le mandat de Jules Grévy.

 

1887 - 1888

Jules Coulon

Républicain Libéral

 

1878 - 1887

Ernest Bousson

Républicain Libéral

Industriel. Proclame  la "Première municipalité républicaine de Chatou"

Noms républicains donnés aux voies de Chatou.

 

1877 - 1878

Charles Girard

Partisan du maréchal de Mac-Mahon, président de la République favorable à une restauration monarchique

Directeur au Ministère du Commerce

 

1872 - 1877

Pierre Dumas

Monarchiste Impérialiste

Partisan du maréchal de Mac-Mahon, président de la République favorable à une restauration monarchique

Propriétaire, ancien négociant,  nommé par le préfet en 1872 en remplacement de Charles Lambert démissionnaire. Pierre Dumas est réélu entre 1874 et 1877. Reprend le combat contre l'indépendance du Vésinet, obtient des avis favorables des commissaires-enquêteurs pour la conservation du lotissement dans Chatou.

En guise de protestation contre le vote par l’Assemblée Nationale de l'érection du Vésinet en commune - 361 hectares sont distraits de Chatou – organise le boycott du conseil municipal qui ne se réunira plus pendant six  mois en 1875.

 

1871 - 1872

Charles Lambert

Républicain

Partisan d'Adolphe Thiers, président de la République favorable à l'installation définitive de la République.

Agent de change, il démissionne en 1872 en raison de "l'attitude plus que malveillante" montrée par le préfet concernant l'affaire du Vésinet puis reprend sa démission mais le préfet nomme Pierre Dumas.

 

 1870 - 1871

François Laubeuf

Président de la délégation municipale sous l'occupation prussienne

Alors que tous les notables de Chatou ont pris refuge dans leurs propriétés parisiennes où le siège s'organise, François Laubeuf, entrepreneur de travaux publics, est désigné par la municipalité sortante pour assurer les affaires de la commune.

Pris en otage par les Prussiens qui ont découvert un dépôt d'armes dans l'Eglise abandonnée par le curé Ussel, il doit la vie sauve à l'abbé Borreau, curé de Carrières-Saint-Denis, qui s'interpose, ce dernier ayant prodigué des soins aux blessés y compris à des soldats prussiens.

 

1866 - 1870

Pierre Dumas

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

Propriétaire, ancien négociant, mène le premier combat contre l'indépendance du Vésinet.

 

1861 - 1866

Jean-Pascal Castets

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

Maître-serrurier à Chatou

 

1858 - 1861

Emile Lacroix

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

Propriétaire de l'ancien domaine de la seigneurie

 

1857 - 1858

Jean-Pierre Jacquin

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

 

1852 - 1857

Joseph-Marie Cauvart

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

Propriétaire

 

1848 - 1852

Antoine-François Ruinart de Brimont

Subit trois régimes

Ancien consul sous Louis XVIII, nommé par le dernier préfet de Seine-et-Oise de Louis-Philippe, Aubernon, confirmé par le nouveau préfet républicain en 1848 puis maintenu par le préfet bonapartiste après le coup d'Etat de 1851.

Le baron Antoine Ruinart de Brimont dit Tony de Brimont est le seul maire de Chatou à accueillir un chef d'Etat dans notre commune, en l'occurrence le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte le 5 octobre 1850.

 

1844 - 1848

François Delivre

Royaliste

(Légitimiste ?) 

Notaire

 

1832 - 1844

Camille Périer

Majorité dynastique

Royaliste Orléaniste

Préfet et auditeur au Conseil d'Etat sous le Premier Empire, député de la Sarthe à partir de 1828 siégeant dans l'opposition constitutionnelle à Charles X puis membre de la majorité dynastique soutenant Louis-Philippe en 1830, député de la Corrèze en 1835, pair de France de 1837 à sa mort en 1844, rapporteur du budget, spécialiste des questions financières, Chevalier de la Légion d'Honneur.

 

1829 - 1832

Antoine Lacroix

Majorité dynastique

Royaliste Légitimiste puis Orléaniste

Banquier, propriétaire de l'ancien domaine de la seigneurie

 

1829 - 1829

Adj intérimaire Mauriot

Majorité dynastique

Royaliste Légitimiste

 

1826 - 1829

François Levrat

Majorité dynastique

Royaliste Légitimiste

Industriel

 

1823 - 1826

 M. Mitouflet de Beauvois

Majorité dynastique

Royaliste Légitimiste

Propriétaire

 

1814 - 1823

Charles-Alexis Travault

Monarchiste Impérialiste

puis Royaliste Légitimiste

Propriétaire de l'ancien domaine de la seigneurie

 

1800 - 1814

Pierre Vanier

Partisan de Bonaparte Premier Consul

puis Majorité dynastique Monarchiste Impérialiste

Notaire de Chatou

 

1795 - 1800

Henri Médard Talibon

 

1794 - 1795

Paul Rateau

 

1792 - 1794

Alexandre Cuel

 

1790 - 1792

Jean Pierre Nicolle

Ancien syndic du bailliage. Envoie à l'échafaud en 1794 quelques semaines avant la chute de Robespierre et de la Terreur, le comte de Sourdeval, le curé Boismaigre et Madame de Feuquières.

 

Le premier maire de Chatou, Jean-Pierre Nicolle, est élu le 25 janvier 1790.

 

 

Il est remarquable de constater qu'à quelques rares exceptions, tous les maires de la Restauration, de la Monarchie de Juillet, du Second Empire, de la IIIème République et de la IVème République ont inscrit Chatou dans leurs legs testamentaires lorsqu'ils ne faisaient pas des dons de leur vivant. La position de fortune qu'ils occupaient facilitait bien entendu de telles libéralités mais celles-ci traduisaient aussi une pensée aimable et généreuse alors que le mandat qu'ils occupaient parfois malgré eux n'était pas rémunéré.

 

 

Sources :

Recherches Pierre Arrivetz aux Archives Municipales, Archives Nationales, Archives Départementales des Yvelines, traduites notamment dans les ouvrages suivants :

"Chatou, de Louis-Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878" (éditions Alan Sutton - 2005),

"Chatou, 1830-1848, les premières mutations du village"(édition Association Chatou Notre Ville - 2009),

"Chatou, 1814-1830, chronique des temps difficiles" (édition Association Chatou Notre Ville - 2008) 

Albert Curmer : Les seigneurs de Chatou (Revue de l'Histoire de Versailles 1916-1922) Reédition Res Universis 1991.

 

 

 

 

 

 

 

19/12/2012

JACQUES TATI (1907-1982) EN MUSIQUE A CHATOU

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Jacques Tati - "Monsieur Hulot" 

Monsieur Hulot, égaré dans le monde, s’égarait dans ses vacances. Le film de son histoire décalée est parvenu à bousculer les conventions du cinéma, donnant à Jacques Tati, né au Pecq le 9 octobre 1907, une nouvelle raison de persévérer dans une œuvre originale.

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« Les Vacances de Monsieur Hulot » obtinrent en effet à leur sortie en France et plus encore en Angleterre en 1953 la reconnaissance immédiate du public. Derrière le mutisme des personnages, une fresque bon enfant brandissait l’air pur de l’après-guerre,  le goût des belles images qui décrivent une scène, un comique de situation, une ambiance.

  

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Vue aérienne des usines Pathé-Marconi à Chatou dans les années cinquante. Source : "Chatou, une page de gloire dans l'industrie" , par Pierre Arrivetz, édition Chatou Notre Ville (2012).

 

A ce sujet, le rôle de Chatou apparut une fois encore dans les presses des usines Pathé-Marconi boulevard de la République. La musique du film, « Quel temps fait-il à Paris ? », fut en effet composée par Alain Romans, résistant et pianiste dont les œuvres furent produites sous le label Pathé à Chatou.

Aimé Barelli et son orchestre de jazz  furent chargés de l’interprétation de « Quel temps fait-il à Paris ? », ajoutant une note musicale au succès du long-métrage. Cet orchestre produit également sous le label Pathé faisait la joie de l’après-guerre, comptant 125 titres dans le seul catalogue général Pathé-Marconi de 1954, soit presque autant que les grosses vedettes Tino Rossi et Luis Mariano. Aimé Barelli avait épousé une chanteuse de Pathé-Marconi produite sous le label Columbia, Lucienne Delyle, dont il fut occasionnellement le partenaire. 

L’orchestration du disque 78 tours d'Aimé Barelli pressé aux usines Pathé-Marconi de Chatou contribua de manière décisive à la notoriété du générique du film. Peut-être représenta-t-elle aussi le son d’une époque.  

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Une image du disque 78 tours de "Quel temps fait-il à Paris ?" (1953) interprété par Aimé Barelli et son orchestre, exemplaire très usé (et donc très écouté en son temps) de la musique du film "Les Vacances de Monsieur Hulot". Appuyez sur le bouton ci-dessous pour l'écouter avec votre lecteur windows media player. Enregistrement Pierre Charbaut.

 


podcast

 

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17/12/2012

PAUL ABADIE (1812-1884), LA RENOMMEE D'UN ARCHITECTE INDEPENDANT

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Paul Abadie à l'époque où il emménagea à Chatou 
cliché communiqué par Monsieur Claude Laroche
 
 
 
Le chemin de fer a amené à Chatou nombre de personnalités qui mirent leur intérêt dans une villégiature leur offrant à la fois le calme, les espaces verts et la proximité de la capitale. Ce cadre verdoyant a en partie disparu ainsi que quantité de villas qui étaient entrées dans l'histoire de leurs propriétaires. Tel est le cas de la maison de l'architecte Paul Abadie, celle-ci venant couronner une carrière vouée à la rénovation des édifices religieux dans une époque où peu d'architectes avaient ce privilège.
 
Paul Abadie avait marqué de son empreinte sa fonction d'architecte des édifices diocésains du sud-ouest depuis 1848, fonction qu’il cumula avec celle d’inspecteur général des édifices religieux à partir de 1861. C'est lui qui imprima un style romano-byzantin, très spectaculaire, aux plans de restaurations des cathédrales Saint-Front de Périgueux et Saint-Pierre d'Angoulême  et de l'Eglise Sainte-Croix de Bordeaux.
 

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La cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême revue par Paul Abadie au terme d'une campagne de restauration entreprise de 1850 à 1875 à l'instigation de l'évêque d'Angoulême. L'architecte lui donna le style romano-byzantin mais prit soin de lui restituer les chapelles néo-romanes autour du choeur. Service Patrimoine d'Angoulême.

 
 
 
Son arrivée à Chatou se fit vers 1867. Né à Paris le 9 novembre 1812 et habitant 36 rue de Berlin à Paris lors de la guerre franco-prussienne (depuis 1914 rue de Liège), Paul Abadie avait décidé de s'accorder un repos campagnard et citadin en faisant ériger une villa 6 route des Princes à Chatou (devenue l'avenue François Arago en 1875) où il demeura jusqu'à sa mort.
 
Le 14 août 1869, l'empereur lui accorda la croix d'officier de la Légion d’Honneur. Sans doute l'architecte pensait-il avoir atteint le sommet de sa carrière lorsqu'il vint dans notre ville. Il fut élu conseiller municipal en juillet 1870 dans les derniers mois du Second Empire alors que l'élection des municipalités - dans un cadre de suffrage universel pour la commune de  Chatou - se poursuivait étrangement pendant la guerre franco-prussienne.  
 
Au lendemain de la guerre civile contre la Commune, le 11 juin 1871, Paul Abadie conseiller municipal de Chatou fut désigné par la municipalité de Monsieur Lambert pour intervenir sur la restauration de l'église Notre-Dame, victime des bombardements des batteries françaises du Mont-Valérien. Il en résulta la réfection de la nef, la réalisation de piliers cannelés et l'ajout d'une flèche sur le clocher du XIIème siècle. La restauration entreprise en 2010 eut notamment pour mérite de mettre en valeur ce parti pris.
 

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L'Eglise Notre-Dame de Chatou à la suite de l'intervention de Paul Abadie en 1871-1872. La façade romane avait été conservée - collection Louis Bigard - Pierre Arrivetz.

 

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Un pilier cannelé de Paul Abadie à la suite de la restauration de l'église Notre-Dame en 2010, référence de l'architecte catovien à l'époque romaine du Bas-Empire - cliché 2010 Pierre Arrivetz.

 

En 1874, Paul Abadie remporta le concours pour l'érection d'un monument expiatoire sur la colline de Montmartre, une victoire concluant l'examen de 78 projets, conséquence d'un voeu émis par l'Assemblée Nationale en 1873 en réponse à la Commune et au courant anti-religieux. Cet évènement dut le décider à ne pas renouveler son mandat de conseiller municipal de Chatou en 1875.

Construit en pierre calcaire de Chateau-Landon sur une souscription entièrement privée de dix millions de fidèles entre 1874 et 1919, le monument dont Paul Abadie dressa les plans symbolise Paris dans le monde entier aux côtés de la Tour Eiffel.

Lors de l'Exposition Universelle de Paris en 1878, alors que le chantier battait son plein, un premier hommage fut rendu à l'architecte par un commentateur de la manifestation : " l'auteur de cette oeuvre considérable est un indépendant qui butine sur toutes les fleurs dont sa route est semée. Un peu gothique, bien davantage romano-byzantin, très latin dans son ensemble, l'art de Monsieur Abadie ne dédaigne  d'ailleurs ni Athènes ni Rome. Certes, il ne faut pas une valeur ordinaire pour amalgamer convenablement de pareils contrastes, qui, a priori, semblent très disparates. Le danger est réel, et nous ne conseillons pas à tous de le courir. Mais le talent éminent de Monsieur Abadie sait fondre en une harmonie parfaite des éléments si divers, et parvient à procurer aux yeux la sensation d'une douce surprise.

Il y a là un exemple frappant de la haute raison d'un architecte se préoccupant surtout de l'effet à produire, lorsqu'il s'agit de planter un monument sur la montagne qui domine souverainement une ville immense, et destiné à être vu, de tous côtés, à de grandes distances. 

En pareil cas, une nécessité s'impose, celle d'une architecture robuste se décorant elle-même par la nature de ses formes et n'admettant pas les détails de composition et d'ornementation qui n'apporteraient aucun concours utile à sa silhouette générale. En architecture, la sagesse est une notable partie du talent et le commencement du génie créateur."

 

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La basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, oeuvre de Paul Abadie - cliché 2011 Pierre Arrivetz.

 

Paul Abadie mourut sur le quai de la gare de Chatou à l'été 1884 :

 

« Monsieur Paul Abadie, architecte, membre de l’Institut, a été frappé, vendredi 1er août, d’une attaque d’apoplexie, à la gare de Chatou, au moment où il descendait du train venant de Paris ; l’éminent artiste est mort dans la nuit. » (Gazette des Architectes et du Bâtiment – août 1884).

 

«Le vaillant architecte était frappé inopinément et mortellement en revenant d’exercer les fonctions de juré au Concours du Grand Prix d’Architecture » (Revue de l’Architecture et des Travaux Publics – 1885). « Avant de clore son discours, Monsieur Daumet insiste sur la bienveillance parfaite qui caractérisait Abadie, président du Cercle des Maçons et Tailleurs de Pierre. »

 

Depuis 1972, une voie honore l'architecte dans le quartier Gambetta. Les deux cents ans de sa naissance n'ont pas été commémorés à Chatou. L'association lui a rendu hommage par une conférence le 19 juin 1998 de Claude Laroche, ingénieur des études au ministère de la Culture et défenseur de l'oeuvre de Paul Abadie. Chatou ne pouvait qu'être associée à la renommée de cette oeuvre singulière qui concourt encore aujourd'hui à l'intérêt de notre patrimoine national.
 

 

 

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L'affiche de la conférence organisée par Chatou Notre Ville sur Paul Abadie le 19 juin 1998 salle Jean Françaix à Chatou, par Claude Laroche, ingénieur des Etudes au Ministère de la Culture - réalisation de Monsieur Christophe Rémy.
 

 

 

 
 

 

 

 
 
 
 
 
 

04/12/2012

AVENUE VICTOR HUGO, DES HISTOIRES QUI NE SE RESSEMBLENT PAS

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Cliché : François Nicol

 

L'avenue Victor Hugo à Chatou tient son nom d'une délibération du conseil municipal du 12 avril 1884 prise à l'initiative de la municipalité d'Ernest Bousson (1878-1887). Celle-ci se revendiquait d'être la première municipalité républicaine et libérale de Chatou en 1878 et procéda à des baptêmes aux noms républicains de diverses voies de Chatou. C'est ainsi que l'ancienne avenue du Vésinet disparut pour honorer un grand français de son vivant.

Une très jolie villa néo-renaissance habillée de briques à l'angle de la rue des Garennes, naguère mal en point, aujourd'hui restaurée, décore cette avenue, faisant écho à la plus ancienne construction bordant cette la voie à Chatou, située face à l'Institut du Bon Sauveur. Cette villa fut construite vers 1880 et mériterait d'être répertoriée au plan local d'urbanisme (illustration ci-dessus).

Dans les années trente, la villa du 11 bis de l'avenue appartînt à Emile Fieg, l'un des fondateurs à l'arrivée du cinéma parlant de la Société Générale d'Equipements Cinématographiques. Cette société anonyme bénéficiait, selon le rapport qui en fut fait le 12 septembre 1930 par la revue "Les Spectacles", d'un capital de 650.000 francs et avait pour objet "toutes opérations se rapportant à l'industrie cinématographique".

Six fondateurs présidèrent à ses destinées *, dont Emile Fieg, le seul administrateur non parisien. Nos recherches n'ont pas pour l'instant permis d'établir quelle fut l'action de cette société.

En revanche, Emile Fieg nous est connu à deux titres : c'est lui qui fut le scénariste de "Paix sur le Rhin", film français de Jean Choux sorti en 1938 pour le XXème anniversaire de l'Armistice de 1918. Emile Fieg était né à Mulhouse en 1885 sous l'occupation allemande.

Ce film célébrait à sa manière en arrière-fond l'entente franco-allemande à travers un scénario bâti sur une dispute familiale en Alsace entre un père et l'un de ses deux fils mobilisés au retour de la Grande Guerre. Son premier fils souhaite épouser une française, le second une allemande. Le père renie ce dernier puis accepte sa démarche à la fin du film, concluant à l'ineptie de sa propre attitude. Des acteurs qui s'y trouvent, Françoise Rosay, Dita Parlo, Pauline Carton, ont laissé une trace durable dans l'histoire du cinéma français.

En second lieu, les délibérations du conseil municipal de 1940 nous apprennent qu'Emile Fieg, sans doute bien vu des allemands, fut nommé par la municipalité de Chatou comme agent de liaison avec la Kommandantur installée dans la commune pour les questions de ravitaillement de la population civile.

Au 15 bis de l'avenue vécut un accordéoniste célèbre, Maurice Larcange. C'est depuis 1992 le domicile du vice-président de l'association Chatou Notre Ville réélu depuis 11 ans, Monsieur Arnaud Muller.

 

 

* les autres administrateurs-fondateurs de cette société en 1930 étaient Salomon Kharon, 15 rue Théodore de Banville, le baron François Fragassi, 69 boulevard de Courcelles, Casimir Rotwand, 25 rue Rennequin, Alexandre Berger, 78 rue de Richelieu, Marius Cottavoz, 86 rue du Ranelagh

 

 

Sources :

Matrice cadastrale de Chatou

Archives Municipales de Chatou (recensement, délibérations du conseil municipal)

Revue "Les Spectacles" 1930 - Gallica