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09/01/2013

LE GRAND V DE LA VILLEGIATURE A CHATOU

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La notoriété de Chatou a pour origine le chemin de fer  et pour apogée la Belle Epoque,  entamée au lendemain de la guerre franco-prussienne et de la Commune, achevée dans les déclarations de guerre de 1914.

Dans cette période de quarante ans naquit un urbanisme de villégiature transformé. Loin des maisonnettes et chalets des premiers temps du chemin de fer, l’urbanisation de la commune se traduisit par l’émigration parisienne des nouvelles fortunes de la société industrielle réveillée par le Second Empire : banquiers,  « négociants » (on ne parlait pas de chefs d'entreprise), ingénieurs, artistes lyriques, veuves joyeuses inoxydables, tous engagés dans la poursuite de constructions  remarquables, villas en pierres de taille parfois agrémentées  de parements de briques, façonnées dans les styles passés affectés par les architectes de la fin du XIXème siècle. Les maisons Mansart du Second Empire furent ainsi éclipsées par des architectures plus spectaculaires, néo-médiévale, néo-Gothique, néo-Renaissance.

 « Néo » mais beaux, leurs plans connurent une fortune particulière dans un lotissement de l’époque  conservé à ce jour à Chatou  par les soins de leurs différents propriétaires : le parc des villas Lambert, représentation à la fois monumentale et décorative d’une société marquée par la culture de la ville à la campagne, dans laquelle la richesse trouvait moins son expression dans les voyages que dans des habitations dont le seul caractère permettait d’affirmer une réussite sociale.

La famille toujours nombreuse du « chef » pouvait y trouver un épanouissement particulier, entourée d’un parc, supportée par une domesticité vivant à l’année, constituée de gouvernantes, cuisiniers et jardiniers. Cette richesse que l’on ne qualifiait pas d’insolente pour traduire une prospérité évidente permit d’apporter une renaissance au paysage urbain en même temps qu’elle fit vivre l’industrie du bâtiment et des métiers d’art, sans compter les multiples commerçants attachés à ces vacanciers de maisons de style.  

C’est ainsi que des nuées de villas constituèrent autant de frondaisons pour la ville que les arbres pieusement conservés des anciens domaines par leurs nouveaux acquéreurs.

Le promoteur du parc des Villas Lambert, Louis-Etienne Lambert, acquit cet ancien territoire du domaine seigneurial nommé "le Bois Bigot" en 1873. L’homme, fils de l’un des architectes du prince de Ligne, donna à son gendre, Alfred Gaultier, né en 1847 à Carrières-Saint-Denis (aujourd’hui Carrières-sur -Seine), les moyens d’afficher ses talents d’architecte en lui confiant notamment les plans du château de la Pièce d’Eau.

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Le Recueil d’Architecture a publié ces plans (illustrations). Mais Louis-Etienne Lambert, sans doute raisonné par une lecture familiale attentive et ses propres goûts, jugea la proposition de son gendre, bien que non dénuée de majesté, trop agressive et la repoussa.  Les formes en pointes furent adoucies et arrondies ou supprimées, des parements de briques ajoutés. La construction du château démarra en 1882 et fut bientôt suivie de celle des villas qui se multiplièrent autour.

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En 1881, le recensement quinquennal de Chatou ne laisse apparaître aucune mention de la villa Lambert. En 1886 en revanche, la voie de la Villa Lambert est inscrite pour la première fois et recouvre les villas des numéros 1,3,4,5,6,7,11,14,15,16 (la superstition était à l’honneur pour le chiffre 13), soit 10 constructions nouvelles dont les propriétaires présents sont Monsieur Bonnet, 61 ans, ingénieur, au numéro 3, Madame Bezou, 46 ans, au numéro 6, Monsieur Davet de Benery, 40 ans,  négociant de nationalité italienne, au numéro 7, Monsieur Firnaher, 46 ans, négociant de nationalité allemande, au numéro 14, enfin Monsieur Lambert, 65 ans, « propriétaire » au numéro 16.

Leurs commandes sont rentrées dans le patrimoine de la villégiature de l'ouest parisien et continuent encore aujourd'hui à alimenter l'intérêt architectural de notre ville.

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Le château de la Pièce d'Eau dans sa version définitive

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La pièce d'eau du château vers 1905, dans son aspect boisé

 

 

Sources : recensements de population - Archives Municipales de Chatou

 

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