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23/06/2012

"GEORGES MANDEL" (1885-1944) PAR PAUL COBLENTZ

MANDEL PORTRAIT 4.jpg « Georges Mandel, je veux dire Louis Georges Rotschild, car tel était son véritable nom, est né le 5 juin 1885 à Chatou. Ses parents y passaient cette année-là les mois d’été dans une petite villa située avenue du Chemin de Fer (aujourd’hui rue du Général Sarrail).

Chatou 1885…15 kilomètres de Paris…C’était alors le bout du monde, une halte de quelques « pataches », de quelques rares omnibus, l’arrêt d’une ligne de grande banlieue aux trains peu nombreux. Les estivants n’en venaient pas moins y découvrir pendant les vacances les multiples agréments que la Seine offre à ses fidèles. Les Guides Bleus de l’époque vantaient en aval et en amont de Chatou deux îles bénies des amoureux, un excellent estaminet au milieu d’herbages « médiocres mais fleuris » qui attirait vers Chatou bien des gourmets de Paris et de Saint-Germain.

Les pêcheurs numéro 1, comme on les appelait alors (on dirait aujourd’hui « les mordus ») se donnaient rendez-vous sur les berges de Chatou pour y traquer sans merci ces fritures merveilleuses dont l’espèce tend depuis à disparaître.

Si j’insiste quelque peu sur cette charmante bourgade natale de Georges Mandel, c’est que, quarante ans plus tard, l’homme d’Etat aimait encore à s’y arrêter au passage, à y rêvasser quelques instants, ce qui contrastait singulièrement avec ses habitudes, et, il faut le noter, avec le peu de cas que ce politique faisait du spectacle de la nature.

Entre deux suspensions de séance tumultueuse au Palais Bourbon, tandis que les couloirs bouillonnaient d’une fièvre tapageuse dont Mandel était bien souvent le satanique animateur, Lautier prétendait que le député de Lesparre, montant seul dans sa voiture, a donné plus d’une fois cet ordre à son fidèle chauffeur : « - Henri, à Chatou, aller et retour. » (…) »

In Paul Coblentz "Georges Mandel" (1946)         

 

 

Pour en savoir plus sur l'homme d'Etat né à Chatou, voir notre rubrique "*Manifestations historiques" au sujet de la pose du médaillon de Georges Mandel le 5 juin 2008 sur sa maison natale avenue Sarrail.

13/11/2011

GEORGES MANDEL ET LA GRAVURE SUR DISQUES

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Nommé ministre des PTT le 8 novembre 1934 et remercié à l'avènement du Front Populaire le 4 juin 1936, Georges Mandel, né à Chatou le 5 juin 1885, a tout mis en oeuvre pour sortir son secteur de la somnolence. Les usagers y trouvent pour la première fois leur compte mais la lutte des syndicats de la Poste redouble. Le ministre n'en n'a cure. Le courrier n'est pas sa seule préoccupation. Il met en service les plus puissants postes émetteurs radio, inaugure la première télévision publique le 26 avril 1935 et en janvier 1936, décide à des fins de renseignement et d'archives de faire enregistrer les émissions de TSF françaises et étrangères sur des disques 78 tours. On voit ici l'un des services de la radio d'Etat rue François Ier procédant aux premiers enregistrements sur disques.

 

Source : "Le Miroir du Monde" - 1er février 1936

 

 

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 Locomotive SNCF 241 P compound fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, emblème de l'association.

 

04/09/2011

L'ASSASSINAT DE GEORGES MANDEL DANS LES PROCES D'APRES-GUERRE

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Dans un article du 26 octobre 1944, le journal "L'Aube" rendit compte du procés des Miliciens qui avaient participé à l'assassinat de Georges Mandel le 7 juillet 1944, un mois après le Débarquement :

"Je vous avouerai que les accusés d’aujourd’hui ne m’intéressent pas. Ces visages d’hommes à tout faire ne resteront pas dans le souvenir. Ils n’attirent le regard que pour le faire détourner. Qu’ils aient été condamnés pour intelligences avec l’ennemi, que la cour n’ait pas retenu le chef d’assassinat, c’est là une question qui a manifestement surpris le public et qui s’explique, sans doute, par la manière dont les questions ont été posées à la Cour.

Ce qui importe, ce ne sont pas tant les trois hommes que tout ce qui a précédé et entouré le drame. Ce sont les ordres donnés. Ce sont les donneurs d’ordre qui ne sont pas là, pas plus que ne s’y trouve celui qui a tiré sur Georges Mandel et l’a abattu avec une férocité telle que le docteur Paul a pu dire qu’il n’avait encore jamais examiné de victime traversée de tant de coups.

Et c’est surtout la victime elle-même. Pour nous qui n’avons pas à traiter de l’homme politique ni des services qu’il a rendus à la France et qu’il lui aurait encore rendus, la dernière image que nous emporterons de ce procès sera celle que l’un des accusés nous donnait en racontant comment, durant le trajet de la Santé à Fontainebleau, il se trouvait dans la voiture à côté  de Mandel et comment celui-ci se mit à lui parler familièrement.

Rien n’est plus émouvant que cet ultime dialogue entre Mandel et l’aide de son bourreau, dialogue d’autant plus émouvant que Mandel connaissait son sort. Et il savait à qui il parlait. (…) Cette image tragique et familière sera la dernière qu’aura laissée cet homme vivant, cet homme à la fois multiple et plein d’unité.

Il est un peu plus de treize heures lorsque Monsieur le Président Pailhé, premier président honoraire de la Cour de Cassation, déclare l’audience ouverte.

C’est Pierre Boero qui ouvre le feu de l’interrogatoire. Boero, Niçois d’origine, a d’abord milité au PSF mais fait bientôt connaissance de Joseph Darnand. A la suite d’incidents avec les autorités allemandes, Darnand le couvre et il entre à la Milice fin mars 1944.

Le président Pailhé retrace les circonstances dans lesquelles s’est perpétré le 7 juillet dernier, l’assassinat de ce grand Français, « élève à l’école de Clemenceau et qui n’avait cessé de songer à la grandeur de la France ».

Le crime était mis au point dés le 6 juillet. Trois voitures parties du centre de la Milice, rue Le Peletier, vinrent à la Santé chercher leur victime.

Et c’est la classique mise en scène. On va, soi-disant, au château Des Brosses dans la région de Vichy. Mais, par hasard, arrivé en Fontainebleau, une voiture tombe en panne. Tout le monde descend. Quelques coups de feu claquent dans la clairière. Mansuy vient de tirer. Un corps gît à terre.

 - Vous saviez quel était le but de ce voyage ? demande le président à Boero

 -  Je l’ignorais. Seuls Fréchoux, Knipping et Mansuy en avaient discuté.

Georges Néroni, à son tour, vient sur la sellette. Barman de son métier, il est entré, vers mars 1944, au service de la documentation de la Milice.

- Vous ne pouviez ignorer les tractations entre les chefs de la Milice.

- Ils ne s’étaient pas confiés à moi. D’ailleurs, précise-t-il plus loin, je n’étais pas armé et croyais personnellement qu’on allait à Vichy.

Enfin le président Pailhé, s’adressant à Pierre Lambert, lui a fait préciser quel est son rôle dans cette tragédie.

- Je n’étais pas au courant. Ce n’est que par hasard…

On entend alors les témoins, et notamment le docteur Paul, médecin légiste, qui, dans un exposé d’une rare précision, situe les blessures. Seize plaies sont observées dans le corps de l’ancien ministre : quatorze au thorax, une au cou et l’autre à la tempe droite.

Après une courte interruption d’audience, Monsieur l’avocat général Vassart prend la parole :

« Un grand Français vient de mourir. Sa vie appartient à l’Histoire. Retraçant les circonstances de l’assassinat, Monsieur Vassart cite encore les belles paroles du grand patriote : « Mourir n’est rien. Je regrette seulement de mourir avant d’avoir vu la Libération de mon pays et la restauration de la République. »

Successivement, Maître Moranne, pour Néroni, Maître Mollé, pour Lambert , Maître Chamant, pour Boero, prirent la parole, faisant surtout le procès de la Milice :

Frappez la tête, tel est leur avis, où est le premier accusé de cette liste ? où est Darnand ? où est Mansuy ? si le crime du chef qui a trahi mérite un châtiment, réserverez-vous le même sort aux soldats de la troupe égarée ? après quarante minutes de délibération, l’audience est reprise. Boero et Neroni s’entendent condamner à mort, Lambert à 20 ans de travaux forcés ».

 

Le tribunal militaire de Paris jugeait en 1949 le cas d’Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne en France pendant l’Occupation. Voici la relation par « L’Aurore » du procès à l'audience du  17 juillet 1949  concernant l’assassinat de Georges Mandel, lequel ne constituait qu’une partie de l’accusation à l’encontre d’Otto Abetz.

Le président

Voyons, je vais vous interroger maintenant sur l’affaire de Monsieur Georges Mandel. Les Allemands avaient une haine particulière contre Messieurs Raynaud et Mandel, qu’ils rendaient responsables de la guerre et de la continuation de la guerre. Le gouvernement de Vichy avait lui-même une animosité contre ces personnes.

Messieurs Mandel et Reynaud avaient été internés en septembre 1940 et le 16 octobre 1941, ils étaient condamnés pour responsables de la défaite à l’internement dans une enceinte fortifiée.

En novembre 1941, Messieurs Blum, Reynaud et Mandel  étaient tous trois internés au Fort du Portalet. Et puis, en novembre 1942, les Allemands les ont transférés en Allemagne dans la région d’Orianenbourg.

Or, voyons comment les faits se sont passés, comment Monsieur Mandel a été assassiné  et nous verrons ensuite ce que l’accusation vous reproche à ce sujet.

Eh bien, en juillet 1944, le gouvernement allemand décida de remettre Monsieur Mandel au gouvernement de Vichy pour que celui-ci le fasse fusiller en représailles des condamnations de Phalangistes en Tunisie. C’est exact, n’est-ce pas ? à ce moment, vous aviez averti Laval que Mandel, Paul Reynaud et Blum devaient être livrés ?

Abetz

Oui, même déjà quelques semaines auparavant.

Le président

Quoiqu’il en soit, Monsieur Mandel a été ramené en avion à Paris par les Allemands, et, après avoir passé deux jours dans un service allemand, il était incarcéré, le 7 juillet, à la Santé, puis amené dans une voiture allemande, avec officiellement, le docteur Schmidt.

Alors, le même jour, vers 17h30, Knipping, adjoint de Darnand, va donc prendre livraison de Monsieur Mandel qui avait été incarcéré à la Santé. Il signe la levée d’écrou et il dit à Monsieur Mandel qu’il va être conduit au château Des Brosses, prés de Vichy et puis le livre à des miliciens sous le commandement  d’un nommé Mansuy, tortionnaire de la Milice.

Et Monsieur Mandel monte dans la voiture conduite par Mansuy et deux miliciens suivent avec l’allemand Schmidt. Les deux voitures passent dans la forêt de Fontainebleau et Mansuy stoppe à un carrefour, en disant qu’il y a une panne.

Tout le monde descend. Mansuy fait le tour de la voiture et tire à bout portant plusieurs coups de revolvers dans la nuque de Mandel. Celui-ci tombe mort instantanément, puis Mansuy tire une rafale de mitraillette dans la voiture de manière à faire croire à une attaque.

Ensuite, Monsieur Mandel est conduit  à Versailles à l’intendance de police, où les miliciens déclarent que la voiture a été attaquée en forêt de Fontainebleau et que Monsieur Mandel a été tué au cours de l’attaque.

Eh bien ! voyons quels sont les faits qui sont retenus contre vous par l’accusation dans cette affaire.

Il semble que vous aviez, tout de même, une certaine antipathie contre Messieurs Reynaud et Mandel, antipathie qui était apparue en 1941, dans l’affaire des Gardes Territoriaux Français poursuivis pour leur lutte contre les parachutistes allemands.

Abetz

Je crois que le mot « antipathie » n’est pas tout à fait exact, pour dépeindre mes sentiments.

Je ne connaissais pas Mandel personnellement, je ne l’avais jamais vu, et en ce qui concerne Reynaud, je l’avais vu une fois, mais cela n’empêche pas que j’ai vu paraître un article de presse dans lequel il a été dit  que j’aurais affirmé à un avocat du procès de Riom que « Reynaud et Mandel étaient des hommes que j’aurais fait périr de mes propres mains ».

Je ne me souviens pas d’avoir dit cela, mais mes sentiments envers eux étaient les suivants – et cela est vrai – je leur en voulais beaucoup, énormément, justement pour l’affaire dont vous me parlez, l’affaire des Gardes Territoriaux.

Juridiquement, je ne pouvais rien faire, cela dépendait des tribunaux militaires qui, seuls, pouvaient intervenir. La seule chose que je pouvais faire, c’était placer cette question sur le plan politique, faire intervenir les Affaires Etrangères.

A ce moment-là, j’ai encore une fois, pour des raisons de tactique, fait la proposition de fusiller non pas les « petits » mais les responsables de cet état de fait. Et les territoriaux ont été graciés, c’est là le point important.

Le président

Bien, en tout cas, en mars 1944, à l’occasion du procès des Phalangistes de Tunisie, dont je parlais tout à l’heure, vous avez réagi, comme je l’ai indiqué, en lisant un document, en proposant qu’on fusille dix fois plus de membres de la dissidence et, après un séjour à Berlin, au printemps de 1944, vous reprenez, au sujet des questions des Phalangistes, la proposition d’exécuter Messieurs Reynaud, Blum et Mandel.

De sorte que vous reveniez, à cette date, au mois de mai 1944, à la proposition que vous aviez déjà faite de faire fusiller Messieurs Reynaud, Blum et Mandel.

Abetz

Oui

Le président

Voulez-vous vous expliquer à ce sujet ?

Abetz

Oui, mais il faut  lire tous les textes, n’est-ce pas ?  c’est un rappel, Ribbentrop m’a ordonné cela, et c’est un rappel à cet ordre qui est antérieur, et du reste est déjà prouvé par d’autres documents.

Le président

Oui continuez

Abetz

Il continue, il qualifie ces exécutions de mesures de représailles absolument nécessaires contre l’exécution des partisans fidèles à Vichy en Afrique du Nord et il considère que c’est une tâche urgente de l’ambassadeur Abetz que de découvrir  des personnes et d’inviter Laval à les faire fusiller.

Or, au moment de ces conversations, des fusillades avaient déjà commencé. Il y en avait eu déjà au plateau des Glières, où six chefs résistants, six petits chefs résistants ont été fusillés à la suite d’une sentence de cour martiale.

Il y avait donc le danger que cela déclenche toute une série de fusillades comme dans l’histoire des otages, et que de nouveau il y ait du sang entre les peuples. Je voulais éviter cela.

Et encore une fois j’ai eu recours au même moyen  qui m’avait si bien réussi en 1941 : proposer une chose qui frappe beaucoup l’imagination, qui fasse gagner du temps, qui fasse intervenir les Affaires Etrangères dans un sens contraire et de ce fait, éviter toutes représailles sanglantes.

Je voulais alors, encore une fois, empêcher une mesure ou des mesures sanglantes qui auraient touché des centaines de personnes, en faisant une  proposition dont j’étais sûr qu’elle ne serait pas réalisée. Je me trompais dans un certain sens.

Le président

Nous revenons n’est ce pas à ce document auquel vous faisiez allusion : cette note de Ribbentrop qui demande de vous entendre sur certaines questions « parce qu’on vous trouvait un peu trop mou », disait Ribbentrop.

Abetz

Il y a un fait en tout cas : c’est que moi et je le déclare de la manière la plus solennelle, je n’ai rien su du transfert de Monsieur Mandel de l’Allemagne à Paris, je n’ai rien su du séjour de Monsieur Mandel à Paris, je n’ai rien su du transfert de Monsieur Mandel en zone sud. Et j’ai appris l’assassinat de Mandel par la protestation de Laval.

Le président

Si je comprends bien, vous reconnaissez avoir fait cette proposition en mai 1944, proposition que vous aviez déjà faite en 1941 de faire fusiller Messieurs Paul Reynaud, Léon Blum et Georges Mandel mais vous dites : « j’étais persuadé que cela n’aurait pas lieu. »

Abetz

Oui

Le commissaire du gouvernement

Je tenais à dire que les policiers condamnés en Tunisie ont été considérés comme traîtres et c’est un tribunal militaire français qui les a condamnés. »  

 

Otto Abetz fut condamné à vingt ans de travaux forcés pour crimes de guerre au terme du procès mais libéré en avril 1954. Il se tua dans un accident de voiture en 1958.

 

 

 

29/07/2011

LE VIVIER DES COLONIES, BASTION DE LA RESISTANCE FRANCAISE

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Le 26 septembre 1938, Georges Mandel, ministre des Colonies né à Chatou le 5 juin 1885 (ci-dessus), nomma Louis Bonvin, ancien résident général du Gabon, gouverneur des Etablissements Français de l’Inde (Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal, Mahé). Le 26 juin 1940, refusant l’Armistice, Louis Bonvin rallia le général de Gaulle en ces termes : « Sachez que nous ne regretterons jamais notre geste d'aujourd'hui et que le jour où nous reviendrons en France, nous y rentrerons la tête haute. » Le gouverneur des Etablissements Français de l’Inde ne cessa d’apporter son aide aux Alliés durant toute la guerre, en particulier au général Koenig en Lybie, bravant l’impuissance de Vichy. Le général de Gaulle le fit Compagnon de la Libération. Louis Bonvin reçut également des mains du vice-roi des Indes la distinction de chevalier commandeur de l’Empire Britannique .

Georges Mandel put avoir la main heureuse dans ses nominations, les gouverneurs Catroux, de l'Indochine, et Eboué, du Tchad, ralliant également dés 1940 la France Libre.

Mais le ralliement au Maréchal Pétain contre toute attente de l'Amiral Darlan, initialement partisan de continuer la guerre en Méditerrannée avec la flotte et d'écraser l'Italie,  fit échouer un môle de résistance en Afrique du Nord.

La marine n'étant plus en mesure d'assurer un rôle combattant, le général Nogués, résident général au Maroc, désireux de continuer la lutte le 17 juin 1940, ainsi qu'il le télégraphia au gouvernement, abandonna à son tour toute velléité de poursuivre dans cette voie. 

Alors que la guerre venait d'être déclarée, Georges Mandel fit publier un article sur les souverains de l’Outre-Mer engagés dans la bataille aux côtés de la France intitulé "L'Empire dans la Guerre".

On y exposait : "En temps de guerre, les colonies peuvent assurer les besoins français dans les proportions ci-dessous : riz, cacao, banane, maïs, sucre de canne, thé, oléagineux, nickel, caoutchouc, chrome : 100 %, viande : 80%, agrumes : 70%, café : 40%, manganèse: 30%. En outre, le Maroc peut extraire assez de pétrole pour satisfaire sa consommation. L'AOF et l'AEF assez de carburants végétaux pour couvrir les besoins de l'Afrique Noire.

L'anthracite tonkinois peut fournir, par distillation, le carburant nécessaire aux transports terrestres et fluviaux de l'Indochine.

Le Maroc livre les métaux rares, comme le cobalt et le molybdène, indispensables à la fabrication des aciers spéciaux, et tous les phosphates nécessaires à son agriculture.

Notons pour mémoire l'or, dont les colonies produisent pour 10 millions de francs, le plomb dont la Tunisie extrait 30.000 tonnes par an, la laine et le coton qui forment un appoint non négligeable en un constant accroissement (...)

Certaines colonies, d'une importance économique secondaire, telles Djibouti, Saint-Pierre-et-Miquelon (rallié à la France Libre en décembre 1941), ont une grande valeur stratégique. Elles assurent aux flottes franco-anglaises des bases de ravitaillement grâce auxquelles, la maîtrise des mers nous étant garantie, nous pouvons approvisionner ce qui nous manque, directement sur les lieux de production (...)".

Depuis 1919, la France régnait sur un empire à son apogée de 110 millions d'habitants, le second du monde, et Georges Mandel, chargé de l'administrer de 1938 à mai 1940, y avait vu naturellement une ressource dans la défense nationale. 

Quant aux souverains rangés derrière la France et dont l'illustration alimentait la propagande, ils ne pouvaient peser sur le cours de la guerre et représentaient plutôt une image pacifique propre au tempérament de leur peuple. Au demeurant, alors que chaque dominion anglais déclarait la guerre à l'Allemagne, la France le fit par la voie gouvernementale unique de la métropole.

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 Le roi du Laos en 1939, Sisawang Yong

 

 

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 Le roi du Cambodge en 1939, Sisowath Moniwong

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 Le bey de Tunis en 1939, Ahmed II

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Le sultan du Maroc en 1939, Sidi Mohamed (futur roi Mohammed V)

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L'empereur d'Annam en 1939, le jeune Bao Daï

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Le grand marabout, chef de l'Islam en Afrique Noire en 1939, Seidou Momontal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

09/03/2011

GEORGES MANDEL (1885-1944) A L'HONNEUR A L'INITIATIVE DE L'ASSOCIATION

 

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Discours d'inauguration du médaillon de Georges Mandel sur sa maison natale du 10 avenue du Général Sarrail le 5 juin 2008 prononcé par Pierre Arrivetz 

"Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Maire, Monsieur le Bâtonnier, Cher Monsieur Wormser, Mesdames, Messieurs les élus et présidents d’associations, Mesdames, Messieurs,

L’association Chatou Notre Ville tient à vous remercier de votre présence sur ce site emblématique d’une histoire du XXème siècle. D’entrée, je tiens à préciser que cette cérémonie, organisée par l’association, compte derrière elle, le dévouement particulier de Monsieur et Madame Caillaud, propriétaires de la maison natale de Georges Mandel, la contribution éloquente de l’association des Amis de Georges Clemenceau à qui l’on doit le médaillon, le bon accueil de Monsieur Fournier, maire de Chatou, qui nous a offert le concours des services techniques et la communication du journal municipal, enfin la mise à disposition d’une partie du budget de nos adhérents au service de votre information et du petit buffet qui doit suivre.

Il y a onze ans maintenant, notre association avait organisé salle Jean Françaix une conférence sur Georges Mandel à l’occasion de la parution du livre couronné du prix de l’Assemblée Nationale du bâtonnier Favreau, dont je salue la présence ce soir, qui s’était déplacé à Chatou pour nous conter l’histoire de cet homme singulier.  Cet ouvrage amplifiait des travaux précédents, non moins conséquents, sur une figure qui éclaire gravement notre passé.

Né au 10 avenue du Chemin de Fer lors de la villégiature de ses parents à Chatou (aujourd’hui 10 avenue du Général Sarrail), Georges Mandel  entra dans la vie publique par une bataille,  celle de l’apprentissage qu’il réalisa dans le milieu journalistique et politique. Cette première expérience évolua lors de  l’accession de son chef, Georges Clemenceau , à la tête d’un cabinet de guerre en 1917 formé pour la victoire de nos armées. Georges Mandel, travailleur acharné doté d’une mémoire peu commune et d’une perspicacité évidente, qui ne disposait d’aucun diplôme, ne se rendait pas sympathique, traitait les adversaires du Tigre avec des formules lapidaires et n’hésitait pas à ressortir à titre dissuasif les papiers compromettants de tel ou tel pour déjouer les complots, permit à Georges Clemenceau de jouer à plein son rôle d’homme providentiel. A 32 ans, et après 13 ans de bons et loyaux services, le natif de Chatou devint en effet le chef de cabinet du sauveur de la patrie.

Dans un film diffusé récemment par les Archives Départementales des Yvelines et  prêté par le Service des Armées, on aperçoit le jeune Mandel au cours des réunions du Traité de Versailles, pendant lesquelles Georges Clemenceau tentait d’imposer la voix de la France martyre.

Après avoir reçu en héritage la victoire poursuivie par le Tigre, Georges Mandel put donner sa mesure dans la France meurtrie. Ce fut sa seconde naissance. Candidat aux élections en Gironde dans l’arrondissement de Lesparre en 1919, il se fit élire sous les couleurs du Bloc National, et après une défaite aux élections de 1924, redevint député comme conservateur indépendant dans cet arrondissement, de 1928 à la seconde guerre mondiale. Ses élections, homériques à un point que l’on ne peut plus soupçonner aujourd’hui, étaient ponctuées  d’attaques antisémites provenant de ses adversaires tant de droite que de gauche.

Devenu ministre en 1934, il fut l’un des rares rescapés de la vague du Front Populaire en 1936, réussissant le tour de force de se faire élire à la Chambre au premier tour. Sait-on aujourd’hui que Georges Mandel, président de la commission du suffrage universel et soucieux de réformer le système des partis, se battit en 1931 pour l’élection à un tour et le droit de vote des femmes ?

Pourquoi Georges Mandel fut-il l’un des hommes les plus attaqués de son époque, alors que tant d’autres, par leurs erreurs ou leur faiblesse, échappaient à la vindicte ? parce qu’il avait commis le pêché mortel de défendre l ‘application du Traité de Versailles contre le réarmement allemand, qu’il osait être juif sans être de gauche, qu’il luttait contre l’aveuglement en publiant dans son journal des extraits de Mein Kampf en 1934, qu’il dénonçait toutes les démissions concernant la stratégie et la défense de la France, qu’en plein effondrement il prônait la poursuite des combats dans les Colonies, qu’il avait lui-même armées et qui devaient se révéler un bastion contre l’envahisseur.

Mandel imposait une cohérence implacable à tous ceux, qui pour assurer leur avenir, préféraient ignorer les impératifs de sécurité nationale. En somme, son erreur fut  d’avoir raison trop tôt dans une France vaincue par le traumatisme de la Grande Guerre.

En tant que ministre, Georges Mandel trancha avec ses contemporains par son efficacité. Toujours confiné dans des ministères subalternes pour ne pas déplaire à l’état-major et ne pas porter ombrage  aux leaders radicaux-socialistes qui s’arqueboutaient  aux leviers du pouvoir, il réussit partout où il passa ainsi que nous le rappelle le bâtonnier Favreau dans son ouvrage : aux PTT, anémiés par la routine et les féodalités, il fut de 1934 à 1936 le ministre des usagers.

Il créa un service central des réclamations, rendit publiques les plaintes et les sanctions, abaissa le prix des communications téléphoniques et télégraphiques, répandit le téléphone dans les campagnes, créa un service de réservation téléphonique pour les théâtres, les trains, les bateaux et les avions, tenta en vain d’imposer le service postal du dimanche, créa la première compagnie postale aérienne intérieure, combattit les grèves en envoyant du personnel de remplacement. 

Il fut également le ministre du progrès technique, mis au service du rayonnement de la France. Les grands postes émetteurs, d’une puissance  de 60 kilowatts furent portés à 100 kilowatts., Radio-Colonial émit 24 heures sur 24 et ce, en 7 langues. Le ministre supprima la publicité sur les ondes d’Etat, assura la retransmission plusieurs fois par semaine des pièces des théâtres subventionnés et des plus grands concerts. En 1935, la radio fut même appelée à diffuser des cours de vacances pour les enfants du primaire et des lycées. Dés lors, on ne s’étonnera pas que le secteur de la construction de la TSF, concentré dans les usines Pathé de Chatou, connut un nouvel essor sous son ministère.

Enfin, Georges Mandel signa le 26 avril 1935 l’apparition de la première émission publique de télévision.

Chassé des PTT en 1936 par l’arrivée du Front Populaire, le ministre revint aux Colonies en 1938, qu’il arma et développa sur le plan économique. Malgré la politique de rattrapage qu’il imposa à ses subordonnés et une progression certaine, le temps manqua pour achever l’essentiel. Notons que le général Catroux, gouverneur d’Indochine, et Félix Eboué, gouverneur du Tchad, furent nommés par lui. On sait qu’ils devinrent des piliers de la France Libre.

En 1939, lorsque la propagande battait son plein, le journal « L’Ame Gauloise » n’hésita pas à qualifier Mandel de « constructeur d’empire ». L’engagement de l’Outre-Mer et de ses ressources au-delà de ce qui avait été réalisé en 1918, témoigna du combat quotidien du ministre pour vaincre la démission et lutter contrer l’ombre grandissante de l’hitlérisme.

Un moment de la vie de Georges Mandel demeure pour nous comme un signe du destin sur deux engagements historiques :   c’est le passage à témoin que constitue l’entrevue de Georges Mandel ministre de l’Intérieur avec Charles de Gaulle sous-secrétaire d’Etat à la Défense le 13 juin 1940, à la veille de l’occupation de Paris par l’armée allemande. Selon le témoignage du Général dans ses Mémoires de Guerre, les propos du ministre en sa faveur l’impressionnèrent, le convainquant de ne pas démissionner et de s’engager dans la voie de l’appel à la résistance. Ensuite, c’est une encre noire qui étreint la vie de ce Catovien de naissance.

Si Churchill fit tout pour sauver Mandel, celui-ci refusa de s’expatrier pour ne pas être accusé d’être un juif traître à son pays. C’est ainsi qu’après quatre ans d’emprisonnement à l’initiative du régime de Vichy, Georges Mandel fut livré par la Gestapo à la Milice.

Son assassinat par des compatriotes, est une tragédie au regard de l’histoire, au regard de cette aventure de résistants politiques qui avaient compris que le destin de la France ne devait pas se jouer entre les mains de ses oppresseurs mais de ceux qui pour toujours, incarneraient l’esprit de son indépendance et de sa liberté.

Saluons donc votre naissance Georges Mandel, elle est pour Chatou une fierté et pour les générations futures, le début d’un combat mis en lumière par des historiens de talent, comptant désormais - hommage suprême -, l’actuel président de cette patrie que vous avez toujours su défendre." 

   

Photos de la cérémonie du 5 juin 2008 organisée par l'association Chatou Notre Ville

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Médaillon du ministre apposé le 5 juin 2008 sur sa maison natale du 10 avenue du Chemin de Fer (aujourd'hui 10 avenue du Général Sarrail) sculpté par François Cogné (1876-1952), auteur notamment de la statue de Georges Clemenceau inaugurée par Edouard Herriot en 1932 sur les  Champs Elysées. Sa reproduction a été faite et offerte par la Société des Amis de Georges Clemenceau.

 
 
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Pierre Arrivetz et à gauche en costume marron, Alain Hamet, président de l'Amicale des Anciens Résistants et FFI et à droite en costume sombre, Jean-Claude Issenschmitt, président du Souvenir Français Chatou-Montesson
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Monsieur Marcel Wormser, président de la Société des Amis de Georges Clemenceau entouré de Jean-Claude Issenschmitt, président du Souvenir Français Chatou-Montesson et de Pierre Arrivetz, président de l'association Chatou Notre Ville
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Monsieur Ghislain Fournier, nouveau maire
et conseiller général de Chatou
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Monsieur Jean-Pierre Rotschild, petit-neveu de Georges Mandel, à sa droite Monsieur Mouchel-Blaisot, Sous-Préfet des Yvelines et Monsieur Alain Hamet, président de l'Amicale des Anciens Résistants et FFI à droite de Pierre Arrivetz
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Une photo d'ensemble pour la pose du médaillon sur la maison natale de Georges Mandel : à l'extrême gauche, Madame Jacqueline Penez, conseillère régionale et conseillère municipale de Chatou, Monsieur Jean-Pierre Rotschild, petit-neveu de Georges Mandel, Monsieur Lucien Ruchet, trésorier de l'Amicale des Anciens Résistants et FFI, Monsieur Mouchel-Blaisot, Sous-Préfet des Yvelines, Monsieur Marcel Wormser, président de la Société des Amis de Georges Clemenceau, Monsieur Ghislain Fournier, maire et conseiller général de Chatou, Monsieur Alain Hamet président de l'Amicale des Anciens Résistants et FFI, Pierre Arrivetz, président de l'association Chatou Notre Ville et conseiller municipal, Maître Bertrand Favreau, ancien bâtonnier du barreau de Bordeaux, auteur de l'ouvrage "Georges Mandel ou la passion de la République " (Fayard) couronné du Prix de l'Assemblée Nationale (1996), Monsieur Jean-Claude Issenschmitt, président du Souvenir Français de Chatou-Montesson et ancien maire-adjoint, Monsieur et Madame Caillaud, propriétaires de la maison natale de Georges Mandel et hôtes de la cérémonie, Monsieur Max Agir, président de l'Association des Pupilles de la Nation
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Le livre de Bertrand Favreau couronné du
Prix de l'Assemblée Nationale (1996)
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Le Courrier des Yvelines qui a "couvert" cette manifestation

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"la paix est de plus en plus précaire, de plus en plus chancelante; au lieu d'être imposée par le vainqueur, elle n'est plus consentie que par le vaincu - et pour combien de temps encore !...Réfléchissez-y, Messieurs, y eut-il jamais dans l'histoire, un aussi rapide renversement de situation sans coup férir ?"

Le discours prononcé le 11 novembre 1936 par Georges Mandel s'inscrit dans la pèriode post-électorale des législatives qui a vu le triomphe du Front Populaire. Mandel est un rescapé de la droite et a réussi un exploit en se faisant élire au premier tour dans sa circonscription de Lesparre. Son discours dénonce méthodiquement le réarmement de l'Allemagne, la nécessité pour la France de se renforcer militairement pour conclure des alliances militaires durables notamment avec l'Union Soviétique et l'Italie, l'absence de volonté du personnel politique français et conclut sur l'expèrience probante de Clémenceau en 1917 lorsque tout semblait perdu. Nul besoin de changer les institutions. "Il n'y a qu'un moyen de salut : c'est de gouverner". 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Né à Chatou au 10 avenue du Général Sarrail le 5 juin 1885,  Georges Mandel connut des débuts comme journaliste de Clemenceau à l'Aurore avant de devenir son chef de cabinet lorsque le Tigre devint président du Conseil de 1906 à 1909. ll se fit élire député du Bloc National en 1919, fut battu en 1924, puis reconquit la Chambre des Députés et siégea de 1928 à 1940 dans le groupe des Indépendants, rares parlementaires de droite hostiles à Hitler dont faisaient partie Paul Reynaud et Henri de Kérillis. Mandel entra au gouvernement en 1934 comme ministre des PTT où il fit merveille pour redonner de son efficacité au service public de la poste, faire émerger la télévision et progresser la TSF. C'est dans cette fonction qu'il se fit connaître et apprécier des Français. Ministre volontaire dans une époque de démission, il fut aussi le premier à publier les extraits de Mein Kampf. Malgré des discours et des positions très fortes contre le désarmement moral et matèriel du pays, il demeura isolé durant la période d'avant-guerre.

Chassé du ministère des PTT en 1936 par le Front Populaire, il revint au pouvoir de 1938 à 1940 comme ministre des Colonies où il procéda à des constructions défensives, choisit d'armer en fraude l'armée de Tchang Kaï Chek contre l'envahisseur nippon, de commander des avions à l'Angleterre alors qu'on refusait de lui en fournir en France.

Après un bref passage au ministère à l'Intérieur en juin 1940 en pleine débâcle, il fut emprisonné par le régime de Vichy auquel il avait refusé de donner les pleins pouvoirs et à l'opposé duquel il préconisait la poursuite des combats dans les Colonies qu'il avait armées. Livré par Vichy, il fut assassiné par la Milice le 7 juillet 1944, un mois après le Débarquement, en représailles à l'assassinat du collaborateur Philippe Henriot. Il refusa plusieurs tentatives de Churchill de le faire embarquer pour l'Angleterre, persuadé qu'il serait accusé d'être un juif traître à sa patrie alors qu'il faisait vivre l'esprit de Clémenceau. Le général de Gaulle a reconnu dans ses Mémoires que Mandel lui tint un discours le 13 juin 1940 qui le convainquit d'engager son action. A l'occasion de la parution de l'excellent livre de Bertrand Favreau "Georges Mandel ou la passion de la République" (édité chez Fayard), couronné du prix de l'Assemblée Nationale en 1996, l'Association a demandé à l'auteur, ancien bâtonnier du barreau de Bordeaux, de faire une conférence salle Jean Françaix à Chatou le 17 mars 1997, laquelle décida d'ailleurs le maire de Chatou à baptiser quelques jours plus tard une allée de la Tête de Girafe Allée Georges Mandel. Une plaque commémorative fut posée le 7 avril 1950 par la Société des Amis de Georges Clemenceau sur la maison natale de Georges Mandel. Celle-ci fut un temps retirée puis remise il y a quelques années sur l'instance d'un Catovien, Monsieur Lenoir, les mots "assassiné par la Milice" ayant disparu. 

 

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Enfin, on ne saurait passer sous silence que le nouveau président de la République Française est l'homme qui a fait connaître Georges Mandel à l'opinion publique grâce à une biographie éditée en 1993, "Georges Mandel, le moine de la politique" (éditée chez Grasset), qui fait autorité. Celle-ci a d'ailleurs été adaptée à l'écran dans un téléfilm avec Jacques Villeret dans le rôle de Georges Mandel.

L'association Chatou Notre Ville a écrit à la Société des Amis de Georges Clémenceau qui a bien voulu lui faire l'honneur de répondre favorablement (10 juillet 2007) à sa proposition de rendre un hommage  commun à Chatou  à Georges Mandel le jour anniversaire de sa naissance au 10 avenue du général Sarrail.

       

22/02/2011

GEORGES MANDEL AUX P.T.T.(1934-1936) : PREMIERS TEMOIGNAGES

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 Le 15 février 1935, Le journal « L’Excelsior » publia un article sur le nouveau ministre des PTT, Georges Mandel, qui, depuis sa nomination en novembre 1934, s’ingéniait à accroître le rôle et renverser l’image d’une administration décriée comptant 150.000 agents à sa prise de fonction.  Son bilan à ce poste dépassa celui de tous ses prédécesseurs, en sorte que le  ministre natif de Chatou, qui avait commencé par occuper un espace politique restreint à l’aura de son ancien chef Clemenceau, acquit une popularité due à ses seuls mérites auprès des Français.

Par-delà l'aspect technique de son poste, le nouveau ministre démontrait que l’efficacité existait encore en politique et qu’une volonté ferme et un intérêt non superficiel pour la chose publique constituaient  les premières sources du progrès et de la défense du pays.

Son œuvre envers les usagers devait fortement contribuer à assurer sa réélection au premier tour de député indépendant conservateur à la Chambre en 1936 en plein triomphe du Front Populaire.

Voici un extrait de cet article de « L’Excelsior » signé par Emile Vuillermoz (1878-1960), alors le plus célèbre critique français de musique et de cinéma :

« Je suis donc allé trouver, au cœur de la citadelle des PTT, Monsieur Georges Mandel, et je lui ai demandé, sans détours, s’il partageait cette sorte d’optimisme ingénu et obstiné qui semble être le mot d’ordre de certains techniciens de son administration.

A la suite de mes articles, certains commentateurs plus ou moins « officieux » - ou, qui, du moins, seraient heureux de passer  pour tels – ont cru, en effet, devoir, pour rassurer l’opinion publique, affirmer, que, contrairement à mes informations, tout était pour le mieux dans la meilleure des radiophonies françaises, et que, depuis bien longtemps, notre équipement technique était supérieur à celui de nos rivaux ! notre ministre était-il victime, lui aussi, de cet extraordinaire illusionnisme ? c’est ce que j’ai voulu élucider au cours d’un entretien dont nos lecteurs apprécieront l’intérêt.

(…) On connaît la silhouette si caractéristique de l’homme et de son visage intelligent et glacial, dont les lèvres rectilignes ont désappris le sourire dans l’exercice conscient du pouvoir. Sa voix est incisive et pénétrante. Dans la symphonie particulière, j’ai entendu beaucoup de violoncelles, de trompettes, de bassons, de trombones et saxophones : la voix de Monsieur Mandel est instrument à anche. Elle a la finesse insinuante et pincée du hautbois ou du cor anglais, qui sans forcer le son, domine aisément tout un orchestre. Sa facilité de parole est merveilleuse. D’un ton calme et posé , il construit des phrases impeccables avec des mots extrêmement choisis qui naissent tout naturellement sur ses lèvres, dans une spontanéité déconcertante. La précision et la justesse  de son vocabulaire est miraculeuse. Quand il traite une question, il fait littéralement la dissection et l’autopsie, d’un scalpel impitoyable. Tout ce qu’il expose devient clair, logique, lumineux et prend un caractère de nécessité absolue.

Mais son originalité et son privilège consistent à faire passer immédiatement dans l’action cette éloquence qui pourrait aisément lui tenir lieu de volonté et d’activité. Ses subordonnés ont en lui un chef  d’une clairvoyance redoutable. Sans aucune passion – car sa raison pure est aussi incapable de malveillance systématique que d’indulgence naturelle – il pèse leurs qualités et leurs défauts sur une balance de précision. Si j’étais sous ses ordres, je tremblerais en l’écoutant exposer avec une froide sérénité le problème de l’utilisation des compétences.

M. Mandel n’a pas craint de m’affirmer très nettement qu’il  juge aussi sévèrement que moi l’état actuel de notre radio. Il ne partage donc nullement  la satisfaction béate de ses collaborateurs qui se félicitent chaque jour d’avoir tant de génie.

(…) Malheureusement , nous sommes dans un pays où, par un absurde scrupule démagogique, nous n’avons fait, pendant la guerre, aucune réserve de « matériel humain » dans le domaine de l’intelligence. Alors que nos adversaires opéraient judicieusement ce tri, pour préparer des cadres à la civilisation future, nous avons tout jeté dans la fournaise et Monsieur Mandel, qui sait juger les hommes, blâme sévèrement cette  erreur de tactique sociale qui le prive peut-être aujourd’hui des jeunes lieutenants dont il aurait besoin.

Au point de vue de l’installation matérielle de nos postes, le ministre des PTT subit avec impatience le handicap écrasant des lenteurs administratives. Lui aussi ne se résigne pas volontiers à voir l’Etat mettre trois ou quatre ans pour accomplir un travail que l’industrie privée exécute en moins d’une année.  Les formalités auxquelles un service d’Etat est soumis entravent  tout et ralentissent tout. Des marchés importants, signés en 1932, ne sont pas encore exécutés. Des postes et des câbles qui devraient depuis longtemps être en service sont en cours de construction ou de pose avec des retards déplorables. Il serait injuste de parler de négligence ou de mauvaise volonté. Car la machine administrative est un engrenage qui fonctionne au ralenti, au grand désespoir des hommes d’action qui ont à s’en servir.

Mais Monsieur Mandel a décidé de donner une impulsion vigoureuse à tous ses services. Il ne me fait mystère d’aucune des précisions du rapport qu’il vient de soumettre aux commissions parlementaires. Se gardant bien de dire : « tout est prêt, tout est terminé depuis longtemps, il ne manque pas un bouton de réglage à nos postes d’émission, ni un centimètre de câble radiophonique », il se contente de saluer quelques heureuses échéances prochaines qui amélioreront enfin notre réseau d’Etat en mettant "à la page" nos stations régionales.

C’est ainsi que la puissance du poste de Lyon sera portée à 90 kw à partir du mois d’avril prochain. Une grave avarie de matériel, survenue pendant le transport, a, seule, retardé les essais  prévus pour une date antérieure. Mais on espère rattraper le temps perdu. Le poste de Toulouse sera porté à 120 kw au mois d’avril. En avril, également, Lille disposera de 60 kw ; en septembre, celui de Marseille, 100 kw, et, à la fin de l’année, celui de l’Ouest-Rennes, 120 kw. On nous promet, en outre, pour le début de juin, la transformation du poste national des PTT, dont la puissance sera fixée à 120 kw.

A ces prévisions, il faut ajouter, à des échéances plus lointaines, deux augmentations de puissance, celle de la station de Bordeaux (100 kw) et celle de la station de Strasbourg (100 kw). Il entre aussi dans les projets de Monsieur Mandel de créer sans retard une station nouvelle de 100 kw à Limoges.

Viendra ensuite l’augmentation de puissance tant attendue du poste Radio-Paris qui n’arrive pas à couvrir tout notre territoire et qui disposera, l’an prochain de 220 kw. Une transformation du poste colonial complètera cette organisation si souhaitable. A ce moment-là, nous pourrons utiliser, espérons-le, le fameux réseau des câbles spéciaux, ces câbles-fantômes qui, d’après les documents officiels de 1933, étaient déjà « en service » alors que l’annuaire officiel des PTT de 1934 avoue modestement qu’ils sont encore « en cours de pose ».

Vous voyez que nous sortons nettement ici du système d’auto-congratulation dans lequel se réfugient si volontiers certains fonctionnaires de notre administration. Et j’avoue qu’il est beaucoup plus réconfortant d’entendre un généralissime déclarer : « nous avons été battus dans tel et tel secteur, mais voici les offensives que je prépare pour redresser la situation » que de collectionner des bulletins de victoires purement imaginaires.

Reste la question importante de la Maison de la Radio. Notre ministre des PTT en comprend toute l’importance et est bien décidé à doter notre radio d’Etat de cet organisme technique absolument indispensable. Il dément nettement toutes les informations fantaisistes qu’on a fait courir au sujet de  l’utilisation de tel ou tel immeuble que l’on camouflerait plus ou moins habilement pour la circonstance. Monsieur Mandel  sait parfaitement qu’une Maison de la radio doit répondre à des exigences scientifiques très spéciales. Une seule chose l’arrête : la constatation que l’Etat est incapable de construire un édifice dans des conditions raisonnables. L’Etat paye tout trop cher. Monsieur Mandel voudrait ne pas gaspiller ses crédits et il cherche, en ce moment, le moyen de ne pas engloutir inutilement, dans une entreprise ruineuse de bâtisse officielle, des fonds dont il a tant besoin dans d’autres domaines. N’oublions pas, en effet, que, par le fait même du retard de nos postes, notre radio nationale a beaucoup moins d’usagers que celle de l’Angleterre ou de l’Allemagne. Notre taxe produit 110 millions alors que la radio anglaise en mobilise  420 et la radio allemande 770. Notre radio a donc un budget relativement limité. Mais plus notre installation se perfectionnera et plus nous accroîtrons rapidement cette rente.

Donc, au point de vue de l’équipement technique – progrès capital qui conditionne tous les autres – Monsieur Mandel est décidé à agir vigoureusement pour rattraper le temps perdu. Il n’apporte pas moins d’énergie à réorganiser les émissions. Pour lui, la radio a trois missions : l’information, l’éducation et la récréation. L’organisation de la presse parlée est, de sa part, l’objet d’une attention vigilante. Il n’y tolèrera aucun élément tendancieux. Il faut que les revues de presse de la radio d’Etat soient d’une impartialité et d’une objectivité inattaquables. Monsieur Mandel sera impitoyable pour toutes les fautes commises dans cet ordre d’idées. Dans l’ordre éducatif et récréatif, il entend faire appel à un comité supérieur des émissions complètement réorganisé dans lequel il s’est efforcé de mettre chacun à sa place.(…) Il a séparé nettement la section administrative, composée de personnalités officielles, de la section technique proprement dite, qui comportera 36 spécialistes qualifiés, chargés de mettre en œuvre les ressources intellectuelles et artistiques de notre pays.

Pour bien montrer son désir de rompre avec le paresseux égocentrisme de Monsieur Badin, Monsieur  Mandel  a comblé une lacune incroyable en créant un service d’écoute qui permet, chaque jour, à un certain nombre de chargés de mission de capter les postes étrangers et de rédiger un rapport sur ce qu’ils viennent d’entendre. On n’y avait pas encore pensé ! bref, la lutte contre la routine est engagée et elle est menée par un homme dans la ténacité et la méthode duquel on peut avoir confiance.

Et j’ai quitté le ministère des PTT avec la satisfaction de constater que les doléances de tous les sans-filistes de France et des amis que la France compte à l’étranger étaient, enfin, prises au sérieux. On ne nous berne plus en nous affirmant que nous possédons une radio d’Etat que l’Europe nous envie. On ne nous a pas caché, au contraire, qu’elle avait besoin de soins. Mais nous trouvons à son chevet un médecin énergique, décidé à publier loyalement ses bulletins de santé. Vous venez de lire le premier et j’estime qu’il est de nature à vous rassurer sur le sort de la malade, qui ne tardera pas, espérons-le, à entrer en convalescence. »

 

10/07/2008

GEORGES MANDEL DANS LA PRESSE

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Né à Chatou le 5 juin 1885, Georges Mandel devint ministre en 1934, aprés 15 ans de combats à la Chambre et de fidélité à la politique du Tigre. Son arrivée aux PTT fut saluée par la presse, qui dénonçait "l'état piteux de la radiodiffusion". Le journal "Voilà", "l'hebdomadaire du reportage", lui consacra l'une de ses pages dans son numéro du 1er décembre 1934. L'hebdomadaire ne put s'empêcher de noter la fidélité du ministre au col rigide et pardessus droit d'avant-guerre lorsqu'il était aux côtés de Clemenceau.Georges Mandel ne cédait ni aux modes politiques ni aux modes vestimentaires...
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