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13/06/2012

AU TEMPS DE CHARLES V AVEC GILLES MALET

Le nom du Catovien Gilles Malet (mort en 1410) est inconnu de la presque totalité des habitants et pourtant, il est inscrit au fronton de la Bibliothèque Nationale rue de Richelieu.

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L'inscription sous le porche de la Bibliothèque Nationale rue de Richelieu mentionne : "XIVeme siècle : Charles V fondateur de la Bibliothèque réunit plus de 900 volumes dans une Tour du Louvre. Le catalogue en est dressé par Gilles Malet."

 

La gloire de Gilles Malet vint de Charles V, dont le règne est souvent comparé à celui de Saint-Louis en terme de sagesse de gouvernement. Monté sur le trône en 1364 et mort en 1380, Charles V reste dans l’histoire comme le seul roi de la dynastie des Valois qui redressa la France et s'entoura des meilleurs conseillers et chefs de guerre, parmi lesquels Olivier de Plisson et Bertrand du Guesclin. Il retourna en effet le cours de la guerre de Cent ans, et entamant la suprématie anglaise, réunit à la couronne le Poitou, la Saintonge, le Rouergue, une partie du Limousin, le comté de Ponthieu et la Guyenne.  

Décidé à faire montre de tous les apanages de l’autorité contre les compagnies qui ravageaient le pays, Charles V entreprit pour y résider de restaurer le château de Saint-Germain-en-Laye, incendié en 1346 par les troupes du prince Noir qui avaient saccagé la Normandie.

En 1369, le roi confia à Gilles Malet le soin de créer et d’enrichir la Librairie du Louvre, ancêtre de notre Bibliothèque Nationale. Administrateur dévoué et apprécié, Malet occupa ses fonctions à la Librairie pendant 41 ans jusqu'à sa mort. En 1373, 910 volumes, dont de nombreuses œuvres traduites, composaient la Librairie. Ces recueils d’une valeur inestimable ne survécurent pas aux malheurs des temps.  

 

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Gilles Malet, seigneur de Chatou, Garde de la Librairie du Roi, et sa femme, Nicole de Chambly

 

Pour le récompenser, Charles V offrit en 1374 à Gilles Malet la seigneurie de Chatou, non loin de la résidence royale de Saint-Germain-en-Laye et de la Tour du Louvre.

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"Octobre, les semailles", miniature représentant les semailles au pied de l'ancien Louvre.

L'académicien Emile Henriot écrivit :  "A mesure que le monde féodal s'organise et construit la France, la vie se détend, prend ses habitudes, devient stable et moins dangereuse. Les gens se sont risqués hors de l'enceinte du château qui les protégeait, et bâtissent leurs demeures nouvelles autour de lui.

Au pied du donjon, c'est le bourg, lui-même clos d'une muraille de défense, au-delà de quoi le faubourg s'aventure, à même la campagne. La terre a ceux qui vivent d'elle, le serf, laboureur ou berger. L'homme de métier, l'artisan, le marchand, restent au bourg, qui, bien situé, sur un lieu de passage, un noeud de routes, une rivière, s'enfle, prospère et devient ville."

Les terres cultivées s'élargissent au détriment des forêts. La population française atteint vingt millions d'habitants au milieu du XIVème siècle et tombera à moins de quinze à la suite de la guerre de Cent Ans. Elle ne retrouvera ce chiffre que sous Louis XIV.

 

 

Valet de chambre et écuyer du Roi, Gilles Malet devint, par échange de biens avec Messieurs de Saint-Denis, seigneur de Chatou et de Villepresle. A ses titres s'ajoutaient ceux de Châtelain de Pont Sainte Maxence, vicomte de Corbeil et seigneur de Soisy.

Preuve d’une fidélité exemplaire et d’un service sans ombre à l’œuvre du souverain, le seigneur de Chatou fut l'exécuteur testamentaire de Charles V en 1380 et demeura au service de son successeur, Charles VI.  

Gilles Malet construisit l'hôtel de Malet dans le quartier de l’église de Chatou où il habita. Il fit don d'une Vierge à l'Eglise Notre-Dame avec sa seconde femme, Nicole de Chambly, dont il ne reste aucune trace.

Il mourut en 1410, non sans avoir rétabli la prospérité à Chatou, et pris l'initiative de faire dresser le premier censier par son intendant, Jehin de la Mare.

Son successeur à la tête de la Librairie fut nommé vraisemblablement sur sa recommandation. Charles VI désigna en effet un autre grand propriétaire de Chatou, Bureau de Dampmartin, propriétaire de vignes aux Sablons, aux Champagnes et de terres en "la Longue-Ile". Grand bourgeois de Paris, celui-ci s’était occupé de l’enrichissement de la bibliothèque du duc de Berry.

Les fils de Gilles Malet occupèrent à leur tour des fonctions honorifiques dans l'entourage royal : Jean fut maître d'hôtel du Roi et Charles devint chevalier, chambellan et à son tour, seigneur de Chatou. Ce dernier conserva pour intendant Jehin de la Mare qui acheva le premier censier en 1416.    

Oublieuse d'une époque où la France ne disposait que d’un petit Etat qui restait à construire, Chatou tarde à rendre hommage à l’œuvre de ce collaborateur de Charles V, qui  contribua à établir les fondements de la culture dans notre pays.

 

Source :

"les seigneurs de Chatou", par Albert Curmer, 1916-1922, réédition Res Universis, 1991. 

 

N.B: Il existe une résidence Gilles Malet à Chatou mais le nom, baptisant une résidence privée des années 70, ne bénéficie pas de la notoriété et de la reconnaissance qui lui sont dues. La descendante de Gilles Malet, Madame Hemschoot, vit toujours à Chatou. Malgré l'orthographe changeante avec un l ou deux l du nom de Malet, celle-ci dispose de certificats de baptêmes qui ne font aucun doute quant à la succession qui a maintenu ce vieux nom de Chatou et de l'histoire de France.

 

 

 

 

Bibliographie : "La bibliothèque royale du Louvre." Edition Jean-Luc Deuffic. Volume I. 19,5 x 26 cm. Broché. 164 pages sur papier vergé. ISBN 2-914996-03-9. 28 Euros. Edition de l'inventaire de 1423. Réf. LM2/1Fait état de l'inventaire en 1373.

   

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