22/07/2013
LE CERCLE NAUTIQUE DE CHATOU, UN PAVILLON SUR LA SEINE DE CHATOU A MEULAN (1902-1939)
"Dimanche en Seine à Meulan...le mauvais temps, les grains, les rafales de vent et la houle sur le fleuve n'ont pas empêché les régates à la voile de se dérouler ni cette jeune sportive du Cercle Nautique de Chatou de s'adonner à son sport favori." Le Miroir des Sports 20 juin 1933 - page de couverture. L'entre-deux-guerre signa en France la première émancipation des femmes depuis la Révolution. Les sportswomen françaises se retrouvaient dans toutes les compétitions. Le Cercle Nautique de Chatou leur réserva la moitié de ses épreuves.
"Entre le pont de Triel et le pont de Meulan, la Seine offre aux amateurs de yachting un bassin naturel de 8000 m de long. C’est ce bassin idéal que le Cercle Nautique de Chatou choisit en 1930 lorsque son effectif s’éleva à 150 bateaux de mer. C’est là, que, samedi et dimanche, le club organisait ses grandes régates annuelles. Cinquante bateaux étaient en compétition, et le spectacle ne manquait pas de charme, de ces blanches voiles se détachant sur un fond de verdure admirable.
Le vent très fort avait soulevé la houle, et de jolies crêtes blanches piquaient le bleu de l’eau, qui prenait sa teinte dans le ciel. Les grands arbres de la rive d’en face se courbaient sous le vent comme pour accompagner le mouvement des grandes voiles soudain couchées par la rafale.
Une course en bateau à voile offre à celui, ou celle, qui la dispute, un moment charmant ; c’est lorsque, le vent en poupe, la barque file droit vers la bouée de virage ; mais là, les difficultés commencent. On doit virer la quille presque hors de l’eau et le mat quasi-horizontal ; parfois même, il faut piquer une tête, et le yachtman, repêché, regarde tristement son bateau remorqué, épave couchée dans les flots. Si l’obstacle est franchi, c’est le long travail de patience pour le retour en louvoyant, travail qui nécessite un effort athlétique réel, des réflexes rapides et un beau sang-froid.
Un petit naufrage en Seine , le pilote et sa passagère sont repêchés par des membres du Cercle Nautique de Chatou.
Faisant preuve de ces qualités diverses, les principaux vainqueurs des régates du C.N.C. furent Melle Peytel, en 6,50 m « chats », Melle Thierry en monotypes de Chatou, Melle Portier en 6,50 m, M. Peytel, en « stars », et M. Lebrun dans les « chats ».
La course la plus importante, celle des monotypes Messieurs, fut enlevée fort brillamment par les jeunes frères Ledeuil, du C.N.C., devant Lechat. Enfin, la plus belle arrivée fut celle des deux énormes 6 m de Messieurs Draeger père et fils. Les deux bateaux passèrent le poteau bien en ligne contre le vent, et à moins d’un mètre d’intervalle.
Le pavillon du Cercle Nautique de Chatou aux Mureaux et ses initiales sur les berges.
Le bâtiment du C.N.C. aux Mureaux se distinguait par son architecture et un jardin soigné.
Une perspective intéressante du C.N.C. vers 1930
L’installation du C.N.C. à Meulan a entraîné l’éclosion d’une véritable petite ville flottante, et le spectacle est pittoresque, de ces péniches coquettes, qui semblent se reposer contre la rive. Dans ces péniches, on trouve de grands amis de l’eau, qui n’hésitent pas à quitter la vie de Paris pendant plusieurs mois, pour goûter le calme reposant d’un séjour confortable. Car rien n’est plus douillettement installé que cette habitation flottante que nous fit visiter Monsieur Gompertz. On y accède en traversant un jardinet tracé sur la berge. Puis, de la plage avant, on passe dans une vaste salle à manger. De là, un couloir conduit aux quatre chambres, à la salle de bains et à la cuisine, donnant sur la plage arrière.
Au passage du C.N.C. : "les voiliers de 6 m filent par vent arrière gonflant la voile appelée spinnacker. Ne croirait-on pas voir des jonques chinoises dans la houle d'un port d'Extrême-Orient ?"
Dans ce home, on trouve l’eau courante, le gaz et l’électricité, le tout procuré grâce aux trois moteurs minuscules du bord. Le chauffage central n’a pas été oublié, ni le pont-promenade, sur lequel nous nous trouvions lorsque notre hôte nous quitta précipitamment pour aller au-devant d’un ami qui atterrissait en avion devant le house-boat même.
L'intèrieur d'une péniche du C.N.C. en 1933 abritant le pied-à-terre d'un sociétaire du Cercle Nautique de Chatou : le très beau canapé et ses deux petits chiens sympathiques, la TSF sur le buffet de la salle à manger rappellent que la voile restait l'apanage d'une clientèle aisée qui n'hésitait pas à transporter une dose importante de confort pour soutenir les épreuves.
On n’est pas peu surpris qu’attelé à un train de péniches normal, ce logis flottant a permis de visiter tout le nord de la France, à peu de frais, sur les calmes chemins d’eau. Sait-on enfin qu’il est très facile d’aller – lentement, certes, mais avec quel plaisir de connaître une vie idéalement douce, de Rouen à Marseille ?"
Georges Briquet
Le Miroir des Sports – 20 juin 1933
Sources :
- Le Miroir des Sports 20 juin 1933
- Cartes postales anciennes - collection de l'auteur
10/07/2013
PATHE-MARCONI BOULEVARD DE LA REPUBLIQUE A CHATOU : LES GRANDS DU JAZZ
Catalogue de jazz Pathé-Marconi 1955 - collection de l'auteur
Le rôle de Chatou dans la production phonographique en Europe a été capital. Le livre de l'association "Chatou, une page de gloire dans l'industrie", a pour vocation de le rappeler à la suite de l'arasement pour un projet de ZAC municipal de l'usine qui fut le symbole de ce patrimoine culturel du XXème siècle. Profitons néanmoins du blog pour en donner quelques illustrations nouvelles. Ainsi ce catalogue 1955 de Pathé-Marconi énonçant tous les compositeurs et musiciens du jazz édités par la firme : en fait, tous les "grands" réunis sous les divers labels : Louis Armstrong, Count Basie, Sidney Bechet, Cab Calloway, Benny Carter, Nat King Cole, Miles Davis, Tommy Dorsey, Duke Ellington, Errol Garner, Dizzy Gillespie, Benny Goodman, Lionel Hampton, Coleman Hawkins, Fletcher Henderson, Woody Herman, Earl Hines, Harry James, Stan Kenton, Gene Krupa, Mezz Mezzrow, Glenn Miller, Jerry Roll Morton, Gerry Mulligan, Charlie Parker, Django Reinhardt, Artie Shaw, Art Tatum, Mugsy Spanier, Fats Waller, Billie Holiday, Sarah Vaughan... Le dessin de la couverture est signé Robert Lamoureux.
Jacqueline Huet (1929-1986), actrice devenue speakerine, aux usines Pathé de Chatou en 1958 : ici un moule pressoir, il fallait alors 14 secondes pour presser un disque avant de rouvrir le moule.
Un exemplaire de supplément au catalogue 1954 Pathé-Marconi
pour "La Voix de Son Maître" - collection de l'auteur
Un exemplaire de supplément au catalogue 1955 Pathé-Marconi
pour l'édition de la "M.G.M" - collection de l'auteur
Un aspect de l'usine Pathé-Marconi (plans de 1929), berceau du microsillon en 1951, quelques heures avant sa démolition. En Angleterre, les usines Art Deco de Wallis, Gilbert et Partners, architectes de l'usine de Chatou, ont été conservées et ravalées. En France, la nullité culturelle a hélas dominé le champ politique et privilégié la destruction intégrale. Cliché J.P Ratel.
"Chatou, une page de gloire dans l'industrie", 252 pages, 55 pages couleurs, livre-disque proposé par l'association.
Publié dans # PATRIMOINE DETRUIT, CHATOU DANS L'INDUSTRIE PHONOGRAPHIQUE | 08:16 | Commentaires (2) | Lien permanent
08/07/2013
A L'EPOQUE DE PARIS SAINT-GERMAIN EN BATEAU A VAPEUR
Rappelons que le bateau "Le Touriste" (ci-dessus à gauche) effectuait quotidiennement un voyage sur la Seine entre Paris et Saint-Germain depuis 1878. Monsieur Eric Dubart a bien voulu à ce sujet nous apporter témoignage du "journal de Saint-Germain" (ci-dessous colonne du journal) des prestations du "Touriste" en mai 1881. Dans la Boucle, Chatou était une escale ainsi que Bougival.
Publié dans CHATOU DANS L'HISTOIRE MARITIME, CHATOU ET LA SEINE, CHATOU SOUS LA IIIEME REPUBLIQUE | 13:18 | Commentaires (0) | Lien permanent
04/07/2013
CATOVIEN ET MINISTRE DE NAPOLEON III : JEAN MARTIAL BINEAU (1805-1855)
Né à Gennes dans le Maine et Loire le 18 mai 1805, Jean Martial Bineau sortit diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole des Mines à 21 ans. Il appartenait à la promotion des futurs saint-simoniens. Il concentra sa première grande étude sur les chemins de fer après avoir observé le rayonnement de cette nouvelle invention en Angleterre et en tira un ouvrage qui fit grand bruit en France, « les chemins de fer anglais ».
En 1841, il se fit élire député d’Angers et siégea dans l’opposition dynastique à Louis-Philippe en ardent défenseur du développement du chemin de fer. En 1849, nommé ministre des Travaux Publics du prince-président Louis Napoléon Bonaparte, il professa l’allongement de la durée des concessions des chemins de fer pour favoriser leur extension.
De 30 ans, celles-ci passèrent à 99 ans trois ans plus tard avec la bénédiction de Napoléon III et de Morny.
Ayant soutenu le Coup d’Etat du 2 décembre 1851, il fut nommé ministre des Finances le 2 janvier 1852 et devint ensuite le premier ministre des Finances de Napoléon III.
La guerre de Crimée était déclarée aux côtés de l’Angleterre. Tous les régimes antérieurs ne se hasardaient à lancer des emprunts que vers les grands capitalistes. Contre une marée de réprobations, Bineau eut le premier l’idée de mettre en œuvre un grand emprunt s'adressant à tous les Français. Cette formule connut un succès extraordinaire. Elle est entrée dans l'histoire des Finances Publiques.
L’emprunt, dix fois couvert dans un élan de patriotisme au profit de l’armée française et d’affermissement du nouveau régime, lui ouvrit les portes de la célébrité.
Il fut le promoteur des entreprises des frères Péreire, organisant la création du Crédit Foncier et celle du Crédit Mobilier. Il fut également président du Conseil Général de Maine-et-Loire et membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Miné par de graves problèmes de santé, le ministre dut se retirer à la fin de 1854.
Napoléon III lui décerna la Grand-Croix de la Légion d’Honneur le 4 février 1855 et le fit sénateur.
Extrait du dossier de la Légion d'Honneur de Jean-Martial Bineau - source : base Leonore - Ministère de la Culture
C'est dans "sa maison de campagne" à Chatou qu’il reçut le brevet de sa nomination au grade de Grand-Croix de la Légion d'Honneur en mai 1855. Il y rendit son dernier soupir le 8 septembre suivant. La ville de Neuilly-sur-Seine, semble-t-il moins concernée que Chatou, lui a décerné le nom d'un boulevard.
Publié dans . PERSONNALITES DE CHATOU, CHATOU SOUS LE SECOND EMPIRE | 14:06 | Commentaires (0) | Lien permanent