16/07/2014
BELANGER (1744-1818), L'ARCHITECTE DE L'ELEGANCE
En prenant l’avenue Foch, vous croiserez au bas du boulevard de la République deux pavillons d'entrée donnant sur le château de la Faisanderie, demeure du Second Empire érigée à la place d’un pavillon de chasse construit par François-Joseph Belanger, architecte des Menus-Plaisirs de la cour de Louis XVI.
Né le 12 avril 1744 à Paris, Belanger fut l’auteur de jardins et pavillons très élégants qui firent sa fortune, notamment le parc de Bagatelle qu’il réalisa pour le comte d’Artois dont il était devenu le Premier architecte en 1777. Il fut également l’architecte de Beaumarchais qui lui fit faire son jardin. Quelques aquarelles de sa main en ont conservé témoignage.
Aquarelles de Belanger représentant le jardin qu'il avait dessiné pour Beaumarchais porte Saint-Antoine - aquarelles vers 1789 - source : Bibliothèque Nationale de France - Gallica.Fr
Emprisonné sous la Révolution, Belanger évita l’exécution grâce à la chute de Robespierre. Libre et réhabilité, il devint commissaire de la commune et put rencontrer en 1795 le fils de Louis XVI à la Prison du Temple. Sur sa permission, il exécuta le portrait de l’enfant. Il donna ainsi sans le savoir la dernière image du malheureux dauphin qui devait mourir quelques jours plus tard. Belanger fit alors réaliser son buste par le sculpteur Beaumont.
Sous l’Empire, Belanger réalisa une coupole en cuivre pour la Halle aux Blés en 1811, afin de protéger le bâtiment de l’incendie.
En 1814, âgé de 70 ans, François-Joseph Bélanger accueillit avec joie le retour des Bourbons pour la rentrée desquels il exécuta en treize jours une statue équestre en plâtre d’Henri IV sur le Pont-Neuf destinée à remplacer la précédente, détruite sous la Révolution. Le comte d’Artois (futur Charles X), qui n’avait rien oublié après vingt-cinq ans d’exil, le nomma intendant de ses bâtiments et le fit chevalier de la Légion d’Honneur. Belanger eut peut-être le sentiment d’une injustice réparée. Ses œuvres firent également merveille en Angleterre mais à la suite de destructions, seuls quelques très beaux plans en attestent encore. François-Joseph Belanger s’éteignit le 1er mai 1818.
En France, le château de Maisons-Laffitte, le parc de Bagatelle et les deux pavillons d'entrée du château de la Faisanderie à Chatou portent sa signature. C’est en 1783 qu’il en donna les plans au comte d’Artois, alors propriétaire des garennes du Vésinet qui s’étendaient jusqu’au Pecq.
Les pavillons de Belanger avenue de Saint-Germain dans leur état originel avant 1914 - collection de l'auteur
Les pavillons ont été sérieusement abîmés au XXème siècle. Celui qui abrita longtemps un restaurant fut défiguré dès les années vingt cependant que son pendant a fait l’objet de travaux masquant à jamais son décor de briques. Relevant les vestiges du patrimoine du XVIIIème siècle dans ses ouvrages sur Chatou, Monsieur Jacques Catinat, maire de la ville de 1971 à 1979, s’enquit d’obtenir leur inscription à l’Inventaire des Monuments Historiques. La décision de l’Etat intervînt en 1977. Leur démolition a été évitée jusqu’ici mais reverra-t-on jamais le dessin de Belanger réapparaître sous le voile des dénaturations successives ?
Les pavillons de Belanger avenue Foch, après 1920. Le pavillon de droite a été défiguré et les deux pavillons ont perdu leurs oeils de bœuf en toiture - collection de l'auteur
Publié dans # PATRIMOINE PROTEGE, CHATOU SOUS L'ANCIEN REGIME, L'AMENAGEMENT DE CHATOU | 13:51 | Commentaires (0) | Lien permanent
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