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26/10/2011

NOTRE ACTION DEPUIS 17 ANS

 

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Organisation de conférences historiques

(1995) Les grands paquebots à travers l’oeuvre du décorateur Catovien Georges Rémon

(1997) Georges Mandel, né à Chatou, chef de cabinet de Clemenceau, ministre, mort pour la France

(1998) Paul Abadie, Catovien, architecte de la basilique du Sacré Coeur de Montmartre, restaurateur de l’église de Chatou.

(1998) Le Paquebot Normandie, à travers l’oeuvre du décorateur catovien Georges Rémon

(1999) Maurice Berteaux, Ministre de la Guerre, Député-Maire de Chatou pendant 20 ans

(2000) Soufflot et les Nymphées,

(2008) Chatou à l’heure du cinéma - Pierre Trabaud, acteur né à Chatou en 1922

(2010) Chatou - Le Vésinet, Grands hommes et personnalités du XXème siècle

(2011) Maurice Berteaux (centenaire de sa mort)

Publication d'une revue historique (épuisée) “Chatou, les témoignages de l'histoire" (2002-2005)

Edition d'un Bulletin historique annuel pour les Adhérents

(2008) Chatou 1814-1830, chronique des temps difficiles (32 pages)

(2009) Chatou 1830-1848, les premières évolutions du village (52 pages)

(2010) Chatou dans l’industrie maritime (62 pages)

Diffusion du livre

Chatou 1848-1878 de Louis-Napoléon à Mac-Mahon édité chez Alan Sutton

 Editions en 2001 d'un CDROM sur le patrimoine de Chatou “Promenades dans Chatou" 9 heures d'enregistrements, d’images, de commentaires et de musique et en 2007 un CD musical "Pot Pourri des années 30-50" musiques de jazz de 78 tours en partie pressés dans les usines de Chatou.

Présence au Salon du Patrimoine au Carrousel du Louvre  du 7 au 10 novembre 2002

en partenariat avec la société Pathé pour une préservation au moins partielle de l'usine Pathé-Marconi (bâtiment de façade Art Déco) - stand le plus visité du salon - plus de 800 visiteurs en quatre jours. Campagne dans "Le Monde", "Le Figaro", "Le Moniteur", "Le Parisien", "TF1 journal de 20 heures"...

 

Le 17 septembre 2005 pour les Journées du Patrimoine,

exposition dans le jardin de l'Hôtel de Ville d'une automobile Georges Irat 1927, fabriquée dans les usines de Chatou, boulevard de la République.

 

Le 5 juin 2008 - organisation d'une cérémonie de commémoration de la naissance de Georges Mandel à Chatou

en partenariat avec “les Amis de Georges Clemenceau” pour la pose d'un médaillon offert par cette association sur la maison natale du ministre 10 avenue Sarrail à Chatou .

 

Pour fêter les 170 ans de la gare de Chatou une exposition à l’initiative de l’association a été inaugurée en décembre 2008 sur le quai RER Saint-Germain - Paris.

Réalisée en partenariat avec la municipalité et la RATP grâce à des documents et textes fournis en partie par l’association, elle illustre l’évolution et le rôle du chemin de fer sur le développement de Chatou depuis la création de la ligne Paris - Le Pecq, première ligne de voyageurs en France.

 

Le 2 décembre 2009, sur proposition de l’association, le petit square de l’Avenue d’Aligre est baptisé du nom d’Eugène Bardon, (1843-1901), architecte de villas remarquables de Chatou et d’équipements communaux

                                   

                          En cours

En 2010, proposition de dénomination du futur conservatoire de musique le nom de Charles Lamoureux,

chef d’orchestre ayant vécu à Chatou de 1876 à 1899, dont les concerts renommés existent toujours.

 

 En 2011, proposition de dénomination du nouveau parc du Boulevard Jean Jaurès, "parc Georges Irat"

 

Edition fin 2011 d’un coffret audio Les Voix de la Guerre sur la 2ème guerre mondiale

Voix historiques et témoignages d’habitants de la région en partenariat avec les association d’anciens combattants.

 

L’association a mené et mène des combats pour la préservation et la mise en valeur de Chatou

 

En faveur de la défense de l'Ile de Chatou (pétition de 4000 signatures contre la construction d'un complexe hôtelier dans l'Ile ayant abouti) (1994)

 - puis contestation de l'extension Levanneur (CNEAI-1995) et de la construction de logement d'artistes à l'emplacement de l'actuel petit théâtre de verdure devant la maison Levanneur.

 

En faveur de la restauration et de l’ouverture au public du Nymphée de Soufflot (1777),

campagne en 1999, notamment à travers un article d'Emmanuel de Roux dans " Le Monde ". Ce combat est toujours d’actualité car le monument continue de se dégrader. Cependant en réponse à nos demandes persistantes, la municipalité, pour la première fois, vient de créer une ligne budgétaire en vue de sa restauration. Une campagne en 2010 a de nouveau été déclenchée.

 

En faveur d’une conservation et d'une réhabilitation au moins partielle de l'usine Pathé, de style Art Deco (1929), berceau du microsillon en Europe

avec la proposition d'y mettre des équipements publics (médiathèque, conservatoire, salle des fêtes...) et d’y créer un musée des industries musicale et cinématographique. Articles dans " Le Monde " d'Emmanuel de Roux, dans " Le Figaro " d'Hervé Guénot, passage au journal de 20 heures sur TF1 de Claire Chazal avec un reportage de Marion Desmarets. Usine détruite en 2004.

 

                 Pour un urbanisme de qualité

En faveur de l’inscription de la conservation du patrimoine de villégiature dans le PLU

(Second Empire, années 1900, années 1930)

En 2004, contre le PLU1 prévoyant des hauteurs illimitées ou de 18 mètres, des places communales constructibles et le retrait des protections patrimoniales sur les villas de Chatou (2000 pétitions - avis négatif du commissaire enquêteur – projet abandonné).

En 2005 contre le PLU2 comportant des améliorations de zonage mais prévoyant encore des hauteurs de 16 m, des places communales constructibles et le retrait de l'interdiction de démolition des villas remarquables... (projet voté).

En 2009, pour la mise en valeur et contre la densification du square Debussy

Don pour la restauration de l’église Notre-Dame réalisée en 2010 par la municipalité.

En 2010, pour la conservation du monument de Maurice Berteaux

   Pour la préservation des bords de Seine

En 2000, pétition pour la mise en voie piétonne du quai du Nymphée le week-end, (projet réalisé).

En 2000, défense de la vallée de la Seine comme membre du collectif d'associations Seine Vivante - Action contre un projet de palplanches bétonnées sur les bords de Seine, action ayant abouti, au moins provisoirement.

En juin 2011, dépôt à l’enquête publique de Rueil d’une lettre contre le projet de tour tel que prévu dans le nouveau PLU, lettre mentionnant en particulier l'incompatibilité juridique d'une emprise au sol de 100 % de la superficie du terrain prévue dans le projet de PLU avec le Plan de Prévention des Risques d'Inondation limitant à 60% de la superficie du terrain cette emprise au sol sur le même emplacement. Le projet de tour a été abandonné sur les bords de Seine. Il est fort possible que ce problème d'occupation du sol ait pu faire réfléchir les auteurs du projet qui souhaitaient occuper 100% de la superficie du terrain pressenti selon le projet présenté. La construction du siège social de Vinci exigeait un espace beaucoup plus vaste que ce qui était permis par le Plan de Prévention des Risques d'Inondation, lequel primait selon les règles actuelles sur les normes du PLU. Nous nous félicitons qu'une alternative ait pu être trouvée par les auteurs du projet par le choix d'un emplacement plus neutre.

PLACE MAURICE BERTEAUX, SQUARE DEBUSSY, NYMPHEE DE SOUFFLOT : UNE LETTRE DU 23 AOUT 2010 DE L'ASSOCIATION

 

Le 23 août 2010

 

Monsieur le Maire,

Nous donnons suite à la campagne que nous avions organisée concernant l’aménagement de la place Maurice Berteaux, l’aménagement de la rue des Cormiers et la sauvegarde et l’ouverture au public du Nymphée de Soufflot.

La mobilisation n’a pas été à la hauteur de nos espérances puisqu’une centaine de réponses seulement a été recueillie avec toutefois un taux d’adhésion et de commentaires important.

Ce chiffre est à relativiser au regard de la centaine d’observations émise sur votre site internet.

Concernant l’aménagement de la Place, nous ne pouvons que réaffirmer la demande de plantations d’arbres d’essence noble et de pose de lampadaires de style, non pas de ceux de l’avenue d’Aligre, simples et massifs mais de ceux qui s’inscrivent dans un caractère du XIXème siècle comme on en trouve dans toutes les communes. En ce qui concerne les arbres, nous demandons un  habillage de la place avec des arbres d’essence noble, par exemple des marronniers pour assurer une continuité avec l’avenue d’Aligre et sous réserve d’y apporter un entretien inconnu jusqu’ici.

D’une manière générale, nous souhaitons que le recours à des plantations de platanes, tilleuls, saules et marronniers soit de mise dans une ville qui se réclame des Impressionnistes laquelle, pour entretenir ce souvenir, doit faire un effort sur son parti environnemental, encore laissé aux conceptions de la Rénovation et aux choix non discutés et non discutables de vos services. Nous avons été très déçus de constater que les platanes qui devaient se substituer aux prunus de l’avenue Foch ont été remplacés par une végétation et des arbres sans intérêt qui font regretter ces mêmes prunus. Les platanes auraient en effet permis d’habiller notre entrée de ville et de faire oublier l’incongruité d’une architecture sans grâce à cinquante mètres du panneau « Chatou, Ville des Impressionnistes ».

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Journal municipal n°97 – octobre 2005 - on lit cette annonce aux Catoviens répercutée aux élus lors du vote (légende à gauche) : "alignement de platanes de chaque côté de l'avenue". On les attend toujours...

 

 

Une réfection complète de la place n’est demandée par aucun des pétitionnaires ni par l’association car paraissant démesurée et au résultat incertain, les plaintes contre une réduction du stationnement, un affaiblissement du commerce et une compression du marché alimentant de surcroît la marge de nombre de nos réponses.

Concernant la statue de Maurice Berteaux, vous souhaitez la déplacer au nord de la place. Nous vous demandons expressément de la conserver sur la place et de prévoir le remplacement du buste peu valorisant qui s’y trouve depuis la fin de la guerre en remplacement de la statue initiale en bronze d’Auguste Maillard. Maurice Berteaux, outre ses vingt ans de mandat inégalés, est un bienfaiteur de la commune qui a dépensé sans compter sur ses deniers pour lui donner une salle des fêtes, un réseau téléphonique, des terrains pour les agrandissements de voies, sans oublier les entreprise pionnières qu’il a menées en tant que ministre de la Guerre et en faveur des premières lois mutualistes et sur les retraites. Il est également le seul maire qui a été ministre.

Sous son empire, une cinquantaine d’arbres promise à l’abattage par la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest a été sauvée en 1897 le long de la voie de chemin de fer et la ville s’est vue décerner un diplôme d’honneur de la Société de Protection du Paysage et de l’Esthétique de la France en 1909.

La disparition programmée du square et de ses espaces verts pour une minéralisation ne nous portent pas non plus à réjouissance.

 

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Cliché Catherine Bastien

 

 

S’agissant de l’aménagement des Cormiers square Debussy, vous avez souhaité répondre à l’association par une tribune libre en mai dernier qui ne reflétait pas le niveau habituel de notre correspondance en écrivant  

 

« Dernière tentative de désinformation en date ? La lettre reçue par les riverains du square Debussy, en bordure de ZAC Pathé, à qui l’on a tenté de faire croire à l’imminence d’un projet massif de construction.

Il convient donc de rétablir ici la vérité : aucun programme immobilier n’est à ce jour prévu square Debussy. Si à l’horizon 2015, le Programme Local de l’habitat (PLH) de la Boucle de la Seine prévoit bien 25 logements sociaux dans cette zone, il n’est en revanche absolument pas question d’urbanisation « massive » dans cet îlot que nous avons à coeur de valoriser, avec un habitat de qualité intégré à l’environnement du quartier. soyons sérieux, les Catoviens méritent mieux que des rumeurs infondées. »

Or, il faut que vous en ayez conscience une fois pour toutes, nous n’affirmons rien qui ne soit étayé par des sources officielles, le mensonge public ne faisant pas partie de notre déontologie. C’était le cas hier lorsque nous dénoncions lors de l’enquête publique certains aspects du projet règlementaire du Plan Local d’Urbanisme (enquêtes publiques de 2003 et 2005), c’est le cas aujourd’hui lorsque nous avons informé les habitants du quartier de la règlementation que vous-même et votre équipe avez inscrite pour l’aménagement du square.

D’une part, vous êtes bien seuls à affirmer que nous avons parlé d’imminence d’un projet dans notre tract que vous avez sans doute mal lu. Nous avons seulement pris la précaution d’agir avant la délivrance du permis de construire pour un projet évoqué constamment en conseil de quartier depuis des années.

D’autre part, tous les projets inscrits dans le PLU étant réalisés les uns après les autres dans le quartier, les riverains peuvent être libres de croire qu’il en est de même pour ce projet.

Pour votre information, nous vous rappelons quels avaient été les attendus de principe que votre équipe énonçait lors de la révision du PLU dans le Journal Municipal et qui n’ont pas été modifiés à ce jour :

 

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Ce parti a été transcrit de la manière suivante dans le Projet d’Aménagement et de Développement Durable en page 31 du Plan Local d’Urbanisme prévoyant sur le plan de « requalifier le square Debussy » (tâche jaune) et énonçant en préambule en page 29 :

 

«3.2. Requalifier le Square Debussy 

(…) Cet espace doit faire l’objet d’une requalification globale. Celle-ci doit tenir compte :

-          Des besoins propres aux occupations et utilisations du sol existantes, la MAPI, la maison de quartier, les établissements de la Croix-Rouge

-          De la proximité d’équipements collectifs : la maison pour tous

La création de nouveaux logements, services et d’équipements sur le site des anciennes usines Pathé Marconi devrait donner un nouvel élan à ce secteur qui pourrait devenir un lieu de vie, par la création de logements et d’espaces de convivialité augmentés de services et d’équipements de proximité. »

Or, précisément, la ZAC Pathé-Marconi n’est pas considérée de nature à donner un élan pour Chatou et encore moins pour le quartier des Cormiers  : hauteur démesurée des logements construits (19 et 21 mètres), architecture banale, absence de stationnement, absence de commerce, maison de retraite sans espace vert utilisable par les pensionnaires, destruction pure et simple du patrimoine du quartier, l’usine Pathé, au label prestigieux dans la culture du XXème siècle et dont la valorisation aurait bénéficié à l’ensemble de la ville, le tout aux abords d’un cimetière dont les murs sont à l’abandon et les espaces verts en voie de disparition. Rien qui s’apparente à un lieu de vie mais plutôt à une opération de spéculation sans perspective pour un quartier malmené et une ZAC dont votre équipe a apporté la règlementation sur un plateau pour sa réalisation à des promoteurs obéissants.

Il ne faut donc pas s’étonner que les riverains secondés par l’association se mobilisent pour le square en vue d’un aménagement moins dense, plus environnemental et plus adapté aux besoins du quartier (équipement public, stationnement, espaces verts…), certainement plus convivial que le parti projeté.

Votre choix règlementaire, qui n’a jamais été révisé à ce jour, est traduit par la règle d’emprise au sol suivante dans le Plan Local d’Urbanisme : 80% de l’emprise au sol de la surface du terrain est constructible selon l’art.US.9.2.1 du règlement écrit (page 119). Cela ne représente pas pour vous une urbanisation massive sur ce terrain étroit, dont acte…

On peut y ajouter la norme obligatoire pour le stationnement dans les constructions nouvelles : « pour les constructions à destination d’habitation comportant au moins trois logements : une place de stationnement par tranche de 50 m² de SHON » selon l’art. U.S.12.1 du règlement écrit (page 126), soit une seule place de stationnement obligatoire pour deux  logements sociaux en moyenne là où il en faudrait une par logement.

 

Quant à la quantité de logements sociaux évoquée, celle-ci a été annoncée à plusieurs reprises par la municipalité précédente dans les conseils de quartier à hauteur de 35-40 logements sociaux. Ce nombre a été ramené à 25 logements sociaux à l’occasion du projet de Plan Local de l’Habitat soumis au vote du conseil municipal du 24 mars 2010 et finalement adopté (« fiche action n°1 - programmation de logements » page 100 ), trop tard pour que nous puissions tenir compte de ce nouveau chiffre lors du tirage de nos tracts.

Ce rappel démontre néanmoins avec toute la lourdeur nécessaire qu’il serait vain de continuer à prétendre qu’il n’y a pas de projet sur ce site ou que l’association a cherché à abuser de la crédulité des riverains sur le sujet.

A la suite de notre campagne, votre tribune libre a annoncé à titre sursitaire une réalisation « à l’horizon 2015 », c'est-à-dire peut-être dans quelques mois comme dans quelques années. Nous en prenons bonne note même si l’absence de modification des documents d’urbanisme ne permet pas de croire à une autre destination du réaménagement que l’entassement de nouveaux logements sur ce terrain étroit.

 

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Le Nymphée, sur une carte d'avant 1914. Classé monument historique depuis 1952, il a suscité beaucoup de soupirs et de déclarations sans lendemain bien qu'il menace ruine.

 

 

 

 

En ce qui concerne le Nymphée de Soufflot, il serait cette fois-ci difficile pour vous de parler d’imminence puisque l’état est critique depuis 1999 et a été jugé comme tel par l’architecte des Bâtiments de France, Monsieur Chauffert-Yvart, dés cette époque dans un interview donné au journal « Le Monde » à la suite de notre saisie du grand journaliste du patrimoine, Emmanuel de Roux, hélas disparu depuis. La photo ci-dessous a été prise en 1996 par un membre l’Office du Tourisme, organisme que vous avez dissous.

 

La dotation de 3 millions d’euros pour le réaménagement de la place Maurice Berteaux qui n’était demandé par personne nous laisse rêveurs. Une partie de cette somme aurait pu en effet être distraite pour monter un projet de restauration et d’acquisition de parcelle.

Vous avez néanmoins, et il faut vous en féliciter, commencé à provisionner un compte pour la restauration du monument à hauteur de 37.000 euros, ce qu’aucune municipalité n’avait été capable de faire jusqu’ici, faute d’intérêt pour cette question et dans l’attente totalement vaine d’un acquiescement des propriétaires  (on apprécie en comparaison la mise en chantier d’un projet de ZAC en un an…).

 L’affaire a en effet tout intérêt à être reconsidérée : le Nymphée, construit de 1774 à 1777, associe l’histoire de l’architecture à celle de la fin de l’Ancien Régime par l’histoire même de l’architecte Germain Soufflot, architecte de Lyon et du Panthéon, et de son commanditaire, le dernier seigneur de Chatou, Henry Léonard de Bertin, ministre de Louis XV et de Louis XVI. C’est un patrimoine situé sur les bords de Seine dont la commune, le département, la région ou la CCBS (cette dernière finance déjà le projet Chanorier à Croissy), pourraient organiser la restauration. Son exploitation touristique et événementielle pourrait être conduite à partir d’un accès par le quai du Nymphée et la création d’un escalier en pente douce à révolution dans le caractère du lieu. C’est en tout cas ce que nous demandons depuis 1996 sans discontinuer.

 

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Il y a toutefois un hic : l’absence de propriété du site par une collectivité publique, lequel s’est révélé être un obstacle à sa restauration depuis quinze ans et demeure un obstacle à une exploitation future et un danger pour tous les contentieux qui pourraient en surgir. Ainsi, si la collectivité publique finançait, elle ne serait pas payée en retour par les bonnes grâces des propriétaires libres selon la loi d’organiser chaque année l’accès au monument et donc de le restreindre à peu de choses. La qualité des travaux de restauration et la protection même du monument, déjà surplombé d’une nouvelle piscine autorisée sur le terrain par l’ABF et la municipalité sur simple demande des propriétaires, pourraient en pâtir.

Le Nymphée, fort de sa reconnaissance grâce au classement qui avait été demandé par les propriétaires dans les années cinquante, pourrait parfaitement devenir après Versailles, le monument du XVIIIème siècle le plus connu de l’Ouest parisien. Dans un département où le XIXème puis le XXème siècle ont souvent fait table rase de ces temps antérieurs à la Révolution, l’édifice renvoie à une époque où la progression des idées et des techniques était indissociable d’un goût certain pour l’embellissement des villes, parcs et jardins, au bénéfice de l’art français tout entier.

Nous ne pouvons donc que vous remercier pour le commencement d’action que vous avez entrepris et vous garantir notre concours pour sortir ce monument de sa misère. Le rétablir dans sa splendeur perdue apporterait à Chatou une renommée évidente, largement applaudie pour la mise en valeur des bords de Seine qui en résulterait face à l’Ile des Impressionnistes.

Vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien porter à ce long courrier, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de notre considération distinguée.

 

 

Pour l’association,

 

Le président,

 

Pierre Arrivetz

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

21/10/2011

CHRONIQUE DE 1811

En 1811, on ne parle plus de la France mais de l’empire français en Europe : un empire rayonnant sur 144 millions d’habitants, de Hambourg à Rome et la Dalmatie (ancienne côte balkanique).

Des états vassaux  viennent encore prolonger l’Empire. Ils ont été créés, façonnés, dominés par la puissance militaire et l’organisation administrative et familiale mise en place par le « petit caporal » : Confédération du Rhin, Grand-Duché de Varsovie, Confédération Helvétique, Royaume d’Italie, Royaume de Naples.

Dans cet espace immense, les insurrections populaires sont rares, un fait y contribuant notablement : l’effondrement des institutions d’Ancien Régime devant la propagation du Code Civil, des préfets, de la conscription, devant l’abolition des restrictions apportées au commerce, devant l’émancipation des serfs et des juifs.

C’est ainsi que malgré le blocus de l’Angleterre et l’échec de l’aventure espagnole, le commerce français et l’agriculture en particulier, trouvent leurs débouchés dans cette Europe « enrégimentée ». Le monarque multiplie les expositions et les foires pour arracher l’industrie française au déclin, les travaux publics sont en plein essor. Sous  les instructions de Napoléon, un monde nouveau est en train d’émerger de la « botte française », un monde moderne que la fin de l’Empire ne pourra que mettre plus encore en évidence.

En France, la naissance des communes a été reprise en main par l’administration préfectorale.

 

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Chatou - gravure de Mariette de 1753 - le paysage ne variera pas sous l'Empire

 

Chatou il y a deux cents ans, village de 984 habitants, traduit la réalité de cette évolution sous tutelle où l’Etat transformé après les excès de la Révolution ne s’est jamais autant imposé au citoyen.

Le maire de Chatou renouvelé par le préfet depuis l'an 1800 est son notaire nommé le 11 juillet 1791, Jean-Pierre Vanier. Son sauf-conduit sous la Révolution nous indique que Monsieur Vanier est né à Nanterre, est âgé de 55 ans en 1811,  mesure 1,67 mètres, a « un front haut, des cheveux châtains, les yeux bleus, le nez ordinaire, une petite bouche, un menton rond, un visage rond ». Jean-Pierre Vanier demeura maire jusqu’à son décès en mars 1814.

Le 3 mai 1811, le conseil municipal se réunit pour prendre connaissance de la circulaire « de Monsieur le Comte d’Empire, préfet du Département » afin de délibérer sur les matières suivantes  :

1) les moyens de rétablir et de rendre praticables plusieurs rues de ce lieu et plusieurs chemins vicinaux

2) l’examen du revenu des contributions

3) l’examen du compte de la fabrique qui est présenté par les marguilliers

4) le budget 1812

Les réunions du conseil municipal sont peu nombreuses chaque année. On les compte sur les doigts de la main.

 

 

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Le préfet, créé par une loi du 18 février 1800, est devenu le pilier du régime, l'administrateur éclairé et obligé des départements et des communes. Il est systématiquement Chevalier de la Légion d'Honneur sous l'Empire. Le préfet de Seine-et-Oise de 1806 à 1810 est Charles Laumond.

 

  

 

Le 10 mai 1811, le maire annonce au conseil municipal l’arrêté du préfet relatif à la fête du 2 juin pour le baptême de sa majesté le Roi de Rome : « C’est avec le plus grand regret que le conseil se retrouve privé par défaut de moyen de pouvoir faire connaître à ses augustes souverains ses sentiments d’amour.

Forcé par les circonstances de se réduire aux fonds dont il peut disposer, il a été arrêté :

1)      Que la fête du 2 juin serait annoncée la veille par des salves d’artillerie et le son des cloches

2)      Que le jour le matin au commencement les salves et le son des cloches sera renouvelé

3)      Que toutes les autorités civiles et militaires se rendant en corps à l’église pour assister au te deum solennellement pendant lequel il sera fait de nouvelles charges

4)      Que l’après-midi il sera donné aux dépens de la commune un bal gratis à tous les habitants

5)      Enfin que le soir tous les habitants de cette commune seront invités à illuminer le devant de leurs maisons et à des banquets »

La gêne du village de Chatou n’empêcha pas que la naissance du roi de Rome fut annoncée par le canon sur les bords de l’Elbe, du Tibre, du Tage et de la Vistule.

Le 11 mai 1811 a lieu le vote du budget

Recette :  1244,85 francs

Dépense : 1244,11 francs

Recette : 74 centimes

Le préfet ayant pris un arrêté le 2 mai 1811 sur les chemins vicinaux ordonnant une enquête aux élus, le 7 juin suivant en conseil municipal, Pierre Vanier et ses adjoints, Paul Rateau et Louis François Grais, proclament avoir visité tous les chemins vicinaux de la commune à la demande de préfet en relevant leur dimension et « les usurpations qui pouvaient y avoir été faites et les réparations qu’ils exigent ». (…)

« Nous avons commencé par la grande rue de Chatou appelée vulgairement "rue de Montesson" ou "de Carrières Saint-Denis" prenant naissance de la grande route de Paris en Normandie traversant cette commune et conduisant à l’embouchure des chemins vicinaux conduisant aux communes ci-dessus désignées.

Nous avons remarqué que cette rue étant défoncée dans beaucoup d’endroits, elle a été le soin d’un prompt rétablissement en cailloux pour remplir les trous et fonds, lui donner un nivellement afin de lui faire couler les eaux dans la Seine passant le long de cette commune ; qu’une autre rue dépendante de celle-ci à la rivière a aussi besoin d’un nivellement étant trop élevée dans son milieu ce qui occasionne le jour des eaux sur le pont de la rendre impraticable, qu’une autre rue du Chef Saint-Jean communiquant de la Grande Route à la rue de la Procession est défoncée dans plusieurs sorties qui empiètent le remplissage de ses trous afin de retirer  les eaux qui séjournent et qui deviennent dangereuses par leurs odeurs, que la rue dite de la Procession a été le soin de quelques réparations dans différentes parties.

Sortis du village côté du nord, nous avons examiné le chemin qui conduit  de la rue de Montesson et Carrières à deux embranchements des chemins desdites communes et que nous avons reconnu de la largeur de 64 décimètres ou 20 pieds à partir des murs des potagers et jardins de Chatou (…), de laquelle largeur il doit rester.

Ensuite celui conduisant à Montesson par le moulin et route ordinaire de cette commune, avons reconnu sa largeur devoir être de 58,5 décimètres ou 18 pieds, largeur qui lui a été donnée et dans laquelle il est maintenu dans sa majeure partie un autre chemin vicinal continuant aux fins vers Montesson en tirant vers le nord appelé le Chemin des Cures contient 18,10 décimètres, largeur qu’il devait toujours avoir et dans laquelle il doit être maintenu.

Celui appelé le Chemin des Chevaux Rû servant anciennement pour communiquer à Carrières-Saint-Denis et qui se trouve susceptible d’être remplacé par le Chemin de Flandres doit aussi rester comme celui-ci de la largeur au moins de 38,10 décimètres ou 12 pieds telle qu’il l’a maintenant, lesquels chemins sont de la longueur d’1,80 km.

Sortant de la commune côté du midi est le chemin conduisant à Croissy de 58,5 décimètres ou 18 pieds. Sa largeur naturelle par sa longueur qui est de 9 hectomètres 7 décamètres ou un quart de lieu.

Observons qu’il a été fait sur ses chemins dans plusieurs parties des usurpations qu’il est essentiel qu’il est essentiel de rétablir, étant faciles à reconnaître et qu’il y a différentes réparations et entretien à y faire, tels que remplissage d’ornières et de plusieurs trous et sentiers qui y existent occasionné par le séjour des eaux de ces parties. Le conseil municipal décide de procéder aux réparations et de solliciter l’homologation dudit rapport. »

On apprend lors de la séance du conseil le 9 juin 1811 « qu’en exécution du décret impérial qui fixe au jour le baptême de sa majesté le roi de Rome et de la circulaire de Monsieur le Préfet du Département du 20 mai dernier, la fête ordonnée par sa majesté dans tout son empire a été célébrée dans cette commune.

 

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Napoléon présentant le roi de Rome à la foule

 

Le 8 juin veille de la fête a été annoncée par le son de cloche le 9 au lever du soleil, elle a été de nouveau annoncée à dix heures. Le maire, le conseil municipal et les autres autorités constituées de la commune accompagnés d’un détachement de la Garde Nationale en armes se sont rendus à l’église où ils ont assisté à la messe et le Te Deum qu’ils ont chanté solennellement.

 

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Le roi de Rome, par Prud'hon. Il mourut en exil à Schonbrunn de la tuberculose le 22 juillet 1832. La France fêta les victoires napoléoniennes et trinqua à sa naissance. Museo Napoleonico - Rome

 

Pendant le Te Deum, des salves de mousqueterie se sont fait entendre et le son de la cloche. Après les cérémonies religieuses, les autorités et la Garde Nationale se sont retirés dans le même ordre et à 4 heures de l’après-midi, le bal a été ouvert et s’est prolongé dans la nuit, différents banquets se sont réunis ou ont porté avec enthousiasme le toast à sa majesté l’empereur et roi, à l’impératrice et à sa majesté le roi de Rome à neuf heures du soir, toutes les maisons ont été illuminées et les habitants se sont réunis et témoigné une vive reconnaissance en criant "Vive l’empereur vive l’impératrice et le roi de Rome". La joie te la tranquillité ont été les seuls mobiles de la fête. »

Le 15 juin 1811, est soumis au conseil municipal l’approbation du budget des administrateurs de la fabrique :

1066 francs de dépenses en 1811 pour une recette de 660 francs

1006 francs de dépenses en 1812 pour une recette de 660 francs

« Sur arrêté du préfet, une délibération est prise pour arrêter la taxe des journées de travaux, charrette et hommes de bras. La journée  d’une charrette, du cheval et du conducteur est fixée à 10 francs par jour et la journée d’un homme de bras à 2 francs. »

Le 15 août 1811, « le jour de la fête de la Saint-Napoléon et du rétablissement du culte catholique en France a été célébré avec la joie et l’enthousiasme que cette époque doit toujours rappeler aux Français, le matin au lever de l’aurore, la cloche a été sonnée, à dix heures toutes les autorités se sont rendues en corps avec la Garde Nationale à l’église où ils ont assisté à la messe qui a été chantée solennellement, au discours qui a été prononcé, à la procession autour de la commune et au te deum qui a été chanté en rentrant à l’église pendant lequel il a été fait différentes décharges de mousqueterie. Le soir a eu lieu un bal et des divertissements publics ; partout la joie et la tranquillité ont régné et les cris de vive l’empereur vive l’impératrice se sont fait entendre. »

 

 

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L'impératrice Marie-Louise d'Autriche qui donna un héritier à Napoléon aprés l'avoir épousé en 1810.

 

Le 1er décembre 1811 est rappelée par le maire « la fête anniversaire du couronnement de sa majesté empereur et de la bataille d’Austerlitz, époque à jamais mémorable dans le cœur des Français. » La fête a été  célébrée « en cette commune avec la joie et l’enthousiasme que mérite ce grand jour » en application du décret impérial du 19 février 1806. « La veille de la fête a été annoncée par le son de la cloche et le jour au lever de l’aurore, à dix heures, une messe solennelle a été chantée ensuite pendant laquelle l’on a fait des charges de mousqueterie, un discours analogue a été prononcé par le desservant et le soir il y a eu le bal et des divertissements. La gaité a présidé à tout et rien n’a troublé la joie et le contentement des habitants ».

 

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Napoléon à la veille de la bataille d'Austerlitz visitant les bivouacs et conversant avec les soldats. La bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805), remportée malgré une infèriorité numérique des troupes françaises contre les austro-russes, fut la seule victoire commémorée chaque année sous l'Empire dans les communes. Tableau de L.F Lejeune. Réunion des Musées Nationaux.

 

Les rapports écrits par le maire sur ces festivités ont l’accent de rapports de police. Cette impression est peut être à modérer par les témoignages de l’époque plaçant l’année 1811, malgré une mauvaise récolte de blé, comme l'une des dernières années heureuses de l’Empire.

 

Sources :

- Registre des délibérations du conseil municipal - Archives municipales de Chatou

- "Le Consulat et de l'Empire" - Louis Madelin (1932)

- "Vivre à Chatou à la fin du XVIIIème siècle - le village retrouvé" - Cercle de Recherches Historiques de Chatou (1989)

11/10/2011

LA MORT D'ANDRE DERAIN, LE TEMOIGNAGE DE MAURICE DE VLAMINCK

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Couverture du catalogue de l'exposition "Chatou" à la Galerie Bing en mars 1947 par Maurice de Vlaminck. Celui-ci habita Chatou de 1893 à 1905, 39 rue de Croissy (avenue du Général Colin depuis 1918) et 87 rue de Saint-Germain (avenue Foch depuis 1931).

 

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 André Derain

 

Chatou. Les peintres ont porté son nom. Lorsqu'André Derain, qui naquit à Chatou le 10 juin 1880, meurt à Garches le 8 septembre 1954, Maurice de Vlaminck, autre Catovien non moins célèbre, lui parle encore : 

"La mort d’André Derain fait ressurgir en moi des images, des paysages…Tout un monde de fantômes, de personnages vieillis, démodés ou encore en vie, se bouscule, s’agite et passe sur l’écran. La bobine dans l’appareil semble dérouler à rebours le film du passé.

Je revois André Derain à vingt ans, déambulant dans les rues de Chatou, l’air las et désabusé, grand, long, efflanqué, ayant l’allure d’un escholier de la basoche.

Dans ses propos, sans transition, il passait de l’amertume à l’humour, de la lassitude à l’ennui, de l’enthousiasme à la confiance et au doute. Il était jeune ! Derain laissait à ses pensées leur libre cours. Mais dans tout ce qu’il disait, dans les préoccupations d’un avenir incertain, une chose dominait et l’obsédait…la Peinture.

Au bout d’un an de travail en commun dans l’atelier que nous avions tous deux à Chatou – atelier devenu historique – Derain partit au régiment. Pendant le temps qu’il passe à Commercy à faire son apprentissage militaire, dans toutes ses lettres, il rage d’être là, encombré d’un fusil et d’écraser les mottes de terre sous ses godillots. Toutes ses pensées, tous ses désirs, l’appellent, autre part : ce qu’il demande c’est d’avoir des pinceaux et une palette chargée de couleurs dans les mains.

« Pour la peinture…m’écrivait-il quelques mois après son arrivée à la caserne, j’ai conscience que la peinture réaliste est finie. On ne fait que commencer en tant que peinture. Sans toucher à l’abstraction des toiles de Vincent Van Gogh, abstraction que je ne conteste pas, je crois que les lignes, les couleurs ont des rapports assez puissants dans leur parallélisme à la base vitale pour permettre de chercher, de trouver un champ, pas nouveau mais surtout plus réel dans sa synthèse.. »

Plus loin, il écrivait : « il ne faut pas oublier que la seule définition complète de l’art est dans le fait du passage du subjectif à l’objectif. Hier, au détour d’un chemin, j’ai vu un vrai Rodin. Une femme portant un gosse à cheval sur une épaule : c’était très beau. Le gosse  était raide et vraiment à cheval…L’épaule qui portait, très large. Tout cela était rythmé et vraiment un peu dans l’avenir. Je voudrais tout dire et je ne peux rien dans le papier. Des mots ne suffisent plus, ce ne sont plus que des mots, des dessins ou des sons. Parle-moi si tu as vu des nouveaux Van Gogh ou des Cézanne ou autre chose ? j’ai besoin maintenant d’un travail plus sincère, plus désintéressé que je ne l’ai jamais fait…Ecris-moi deux mots, n’importe quoi ! donne-moi des nouvelles de Chatou, même fausses !. »

Derain employait parfois dans sa conversation et dans ses lettres, des mots crus : mais si l’accent était rude, de tour direct, si le langage était coloré, ce qu’il exprimait relevait de la plus fine sensibilité ou soulignait la plus cruelle observation.

Les expressions parfois grossières étaient là, dites comme un mépris de la crasse indigente, un défi jeté à la bêtise et à l’ignorance. Si invraisemblable que cela puisse paraître, si nous avions certains points communs, la nature d’André Derain et la mienne s’opposaient. Mais si nos moyens de réalisation différaient, nos aspirations étaient qualitativement semblables :nous aspirions à un même idéal en empruntant des chemins différents.

Dés l’enfance, Derain avait été en classe. Ses facultés avaient été cultivées. Ses études au collège lui donnaient des certitudes et le différenciaient de moi. Je n’étais qu’une graine que le vent avait semée au hasard et qui s’accrochait à la terre où elle avait germé, croissant avec son seul instinct et en vue seulement des ses propres acquisitions. Cependant, l’un comme l’autre, nous entendions refaire le monde à notre façon, à notre mesure. Nous y apportions la même hardiesse, le même enthousiasme. Avant d’avoir assemblé les matériaux d’un nouvel édifice, nous démolissions et nous nous placions sur un autre terrain avec l’espoir et parfois la certitude d’arriver à bâtir notre cathédrale. Notre rencontre bouleversa les plans de ses parents. Il était appelé à faire une carrière d’ingénieur, tel était le désir de sa mère ! mais tel n’était pas le désir d’André Derain. Il devint artiste peintre.

En art, un goût sûr lui faisait distinguer  le vrai du faux et rejeter  l’artificiel et le banal. Le 13 août 1902, il m’écrivait : « il y a bientôt un an que nous avons vu Van Gogh et vraiment son souvenir me hante sans cesse…Je vois de plus en plus le sens véritable chez lui..Il y a bien aussi Cézanne. Grande puissance aussi ! mais à part la peinture de chevalet, il me semble que le but est dans la fresque. Michel-Ange, par exemple, comme sculpture, ses nus sont écrasants, sans but, ne-te semblent-ils pas idiots ou isolés ?

Une chose qui me tracasse, c’est le dessin. Je voudrais étudier des dessins de gosses. La vérité y est, sans doute. Mais il faut se faire une raison. Tout cela n’est plus de notre temps et il faut surtout être plus jeune que notre temps : c’est-à-dire plus vieux  comme idées, surtout avoir les idées non seulement d’un futur jeune, mais plutôt d’un futur vieux… »

Et le 18 août 1902 :

« Oui, pour sûr, tu as bien raison, c’est idiot d’être mort lorsqu’on a vécu et c’est bien beau de mourir lorsqu’on ne peut plus vivre. C’est tout naturel d’être mort ou bien en vie lorsque  l’on a jamais été.

Chacun pouvait bien écrire ou dire à l’autre qu’il se sentait à bout, qu’il était fou ! mais au fond de soi-même ni l’un ni l’autre ne se sentait vaincu ou las définitivement.

Tous deux, solidement charpentés, dotés d’une robuste constitution et d’un parfait équilibre physique, nous avions nettement conscience de tout ce qui pouvait être malsain, de tout ce qui pouvait altérer nos pensées  et notre santé morale. Notre mise n’était certes pas élégante ni même soignée, mais nous n’inspirions ni commisération ni pitié.

Derain était doué d’un sens  critique extrêmement développé. Il avait une façon personnelle de voir les êtres et les choses, d’approfondir les questions  les plus simples et les plus ardues, mais les conclusions qu’il tirait de ses controverses philosophiques  et artistiques  arrivaient à le faire souvent douter de lui-même. Après une réplique ambigüe, on pouvait voir dans l’œil de Derain , accompagnant ses derniers mots , une expression de moquerie et sur ses lèvres une petite moue d’indifférence. Il résolvait les problèmes les plus ardus et pénétrait dans le monde des idées avec un petit rire intérieur (…)

Sur l’écran passent et repassent les images du film…1900…Chatou…L’atelier où nous nous retrouvions…où l’on remisait, toiles, couleurs, chevalets…Le pont de Chatou…La Grenouillère…Le restaurant Fournaise…Les balades à pied sous un soleil brûlant ou dans la campagne couverte de neige. Sans un sou dans la poche, nous explorions Paris, parcourant des kilomètres le long des berges de la Seine…Montmartre, l’atelier de la rue de Tourlaque où « les putains respectueuses » de la place Blanche et du Rat Mort venaient poser, celui de la rue Bonaparte où pendant des soirées entières  nous parlions des peintres de la génération qui nous précédait, de ce que ces peintres avaient réalisé, des moyens qu’ils avaient employés et dans quel sens et vers quel but ils avaient dirigé leurs efforts. Manet, Renoir, Monet, Cézanne…Et le réalisme : Zola, les Goncourt…Les visites aux musées, au Louvre…Les Primitifs..La naissance du Cubisme. La mode dans l’invention dans la peinture, l’Art, l’intention de l’esprit, Picasso, Guillaume Apollinaire, « Dadaïsme », « Surréalisme »…

Foncièrement classique de nature, de sentiments et de goûts, André Derain acceptait difficilement de s’engager dans le chemin  des écoliers que prenait alors la peinture. Cette interprétation déshumanisée, ces rébus d’où la vie était exclue, le chaos dans lequel  étaient plongées la nouvelle génération et la peinture, les nouvelles formules en « isme » le rendaient inquiet. Il déserta les Salons et les Expositions, se retira à l’écart pour ne plus être d’avant-garde, acceptant de passer pour « ne plus être dans le coup ».

De tous les peintres de notre génération, je n’en connais aucun, sauf André Derain, qui eût été capable de bâtir, de mettre debout sans vulgarité, gaucherie et banalité, une composition comparable à celle de  l’ « Atelier », ou à celle de « Un enterrement  à Ornans », de Gustave Courbet.

Nos caractères et notre nature même s’opposaient. Etait-ce cela qui  nous faisait nous rapprocher et discuter sans fin sur les mêmes sujets ? la Vie ? la Peinture ? la Peinture qui avait fait naître en nous une amitié qui dura de longues années. Des évènements surgirent. La guerre et la vie firent naître des dissentiments et des heurts et creusèrent pendant plus de vingt ans un fossé profond entre nous. Mais chacun reconnut toujours en l’autre qualités et défauts, sans haine ni mépris.

J’ai revu André Derain deux mois avant sa mort dans une auberge où nous avons déjeuné ensemble. Derain a aimé la vie  en égoïste raffiné, il a aimé la bonne chère, le bon vin et les femmes…Sa conversation était empreinte d’un humour singulier.

Je retrouvais malgré les ans qui avaient mûri son visage et alourdi son corps le Derain que je connaissais bien. Pendant qu’il me parlait, je revoyais les toiles qu’il avait peintes à différentes époques. Le goût sûr et raffiné, l’intelligence de son dessin, l’équilibre et l’ordonnance des formes, le choix et la sobriété des tons et de la couleur qui se trouvent dans son œuvre contribuent à faire de Derain un peintre…Un Grand Peintre.

Avant de nous quitter, nous nous serrâmes la main :

-         « j’irai te voir, me dit-il. Nous avons tellement de choses à nous raconter et à mettre au point !

Avec André Derain disparaît un des piliers de la Peinture française contemporaine.

VLAMINCK "

Arts – 22 septembre 1954