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24/09/2011

VOYAGE AVEC GEORGES REMON (1)

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Georges Rémon (1889-1963), architecte décorateur, directeur de l'Ecole des Arts Appliqués à l'Industrie de la Ville de Paris, a vécu à Chatou des années 30 à sa mort en 1963 au 61 avenue Foch. Ayant fait son apprentissage à la croisée des deux siècles chez son père Pierre Henri Rémon, il n'eut cesse de promouvoir la création française dans l'entre-deux-guerres, établissant des chroniques dans les revues spécialisées, cependant que son cabinet du 16 rue d'Artois à Paris connaissait une certaine notoriété dans la décoration des grands paquebots.

 

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11 rue Dupetit-Thouars à Paris, l'Ecole Duperré autrefois l'Ecole des Arts Appliqués à l'Industrie dont Georges Rémon fut l'un des directeurs  

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Dans la revue "Jardins et Cottages", il nous emmène dans un voyage de l'autre côté de la Méditerrannée, là où l'architecture française a su magistralement construire et embellir en harmonie avec la culture du pays. Un hymne à la création française, c'est ce que signifie sans nul doute le titre qu'il donne à l'un de ses articles publié en 1926 : "L'architecture moderne au Maroc, Albert Laprade, architecte":

" L’urbanisme compte en France de savants théoriciens dont le nombre va sans cesse croissant, - mais pour combien de praticiens ?

Sans doute allèguera-t-on la difficulté d’exécuter dans les conditions actuelles, en matière d’aménagement et d’embellissement des villes, de vastes programmes d’ensemble, la rigueur des règlements juridiques ou administratifs, l’insuffisance des ressources budgétaires  et toutes sortes de raisons d’ordre économique ou psychologique.

Il n’en demeure pas moins que là où de grandes entreprises eussent été possibles – et nous songeons aux régions libérées – il s’en faut bien qu’on ait, en haut lieu, compris la nécessité d’imposer des directives générales qui permissent aux architectes d’équiper nos dix départements dévastés d’une manière conforme aux besoins du temps présent et aux besoins du prochain avenir, aisément prévisibles.

Tout autre, et par une rencontre unique, apparaît l’œuvre surgie au Maroc, sous l’égide de la France, grâce à la nette et impérative volonté du maréchal Lyautey, unie à la conception puissamment ordonnée des architectes chargés par lui d’exécuter un dessein de haute envergure.

Les voyageurs français ou étrangers, qui ont eu loisir de considérer le splendide effort accompli en une dizaine d’années à Casablanca ou à Rabat, sont unanimes à célébrer l’impression d’élégance et de fraîcheur, qui se dégage des bâtiments publics ou privés et la merveilleuse concordance régnant entre les neuves cités et leur cadre.

Tous sont frappés de l’excellence du plan et de son unité et se plaisent à rendre hommage à l’intelligence des solutions adoptées pour des agglomérations urbaines vouées à un prompt et considérable développement.

Les remarquables directives qui présidèrent à la construction de Casablanca et Rabat, sont dues à un heureux concours de circonstances. Le maréchal Lyautey fit venir en mai 1914  un homme d’une étonnante sûreté de vues, Henri Prost, architecte du gouvernement, grand prix de Rome, lequel venait dans un grand concours international d’être chargé du plan d’aménagement de la ville d’Anvers, battant les concurrents allemands, qui étaient jusqu’alors les maîtres en matière d’urbanisme.

Et tout de suite le maréchal comprit à quel admirable maître d’œuvre il venait de faire appel. Sans hésitation et sans réticence, il lui confia le soin de mettre  de l’ordre dans le gâchis de ces villes-champignons qui devaient attester d’une manière saisissante la vitalité et la fierté de notre action au Maroc. La tâche était immense.

Henri Prost s’entoura d’une pléiade d’architectes que les hasards de la guerre avaient conduits au Maroc. Son rôle évoque admirablement celui d’un surintendant des bâtiments, sa situation morale équivalait à s’y méprendre à celle d’un Lebrun exerçant par le fait d’un grand prince une haute direction artistique. Et ce fut pour tous ses collaborateurs un honneur et une joie de travailler dans des conditions qui rappelaient si parfaitement les plus belles époques de l’histoire de l’urbanisme en France, celles auxquelles nous devons Versailles, la Place de la Concorde, la Place Stanislas de Nancy.

Dans ce groupement réalisé par Prost dans le service d’architecture et des plans des villes se coudoyaient des architectes comme Albert Laprade, Marrast, auteur du remarquable et original Palais de Justice de Casablanca, Laforgue, frère du poète Jules Laforgue, auteur de ces hôtels des postes de Casablanca et de Rabat, où l’administration métropolitaine peut aller chercher des idées et des modèles et tous apportaient leurs qualités propres.

La besogne au surplus avait été distribuée selon les  aptitudes et les affinités de chacun. A Laprade revint plus spécialement la construction des édifices à l’usage d’habitation et des jardins. Nul choix ne pouvait être plus heureux.

Grièvement blessé à Ypres, il avait été envoyé au Maroc en août 1915 et tout de suite s’était voué avec un enthousiasme égal à sa vive compréhension des formes et des couleurs, à  l’étude de l’architecture et de la décoration autochtones, remplissant ses carnets de route de croquis au trait, notant ici un détail de fontaine, là une arcature historiée, ailleurs un carreau de mosaïque, interprétant avec une fine sensibilité les caractères essentiels de l’architecture locale, si en accord avec des goûts des conceptions raffinées et voluptueuses.

L’œuvre assumée par Laprade dans cette vaste création est elle-même considérable. Il exécuta  successivement à Casablanca l’Hôtel du Commandement Militaire, le parc Lyautey et de nombreux squares, la nouvelle ville indigène qui fut continuée après son départ par son confrère M. Cadet.

A Rabat, il collabora à de nombreux ensembles, en particulier au parc de l’Aguedal, mais son oeuvre la plus importante est sans nul doute, le Palais du Résident Général qu’il dessina entièrement, à l’exception des intérieurs et de la descente à couvert sur la façade Est, réalisés par Laforgue.

La nouvelle résidence générale de France au Maroc, à Rabat, fut commencée en juillet 1918. La propagande allemande, par voie de tracts distribués  aux indigènes, répandait le bruit de notre défaite prochaine et de notre abandon définitif du Maroc. Le maréchal Lyautey riposta par une décision propre à maintenir dans l’Empire chérifien le prestige du nom français. Il fit incontinent poser la première pierre de la villa résidentielle.

Les plans  en furent hâtivement établis : il fallait que les travaux fussent commencés sans délai ! or, la main d’œuvre française était rare. Mais le maréchal estimait à juste titre d’excellente politique de recourir à la main d’œuvre marocaine, d’une habileté réputée.

Les communications avec la métropole étaient difficiles, voire hasardeuses. On ne recevait que parcimonieusement les matèriaux tels que le ciment ou le fer. N’importe. On utiliserait le bois, le moellon, la chaux grasse, en attendant qu’on ait ouvert dans le pays des carrières de pierres dures, en attendant surtout la reprise des transports maritimes, laquelle  se produisit heureusement dés la conclusion de l’armistice.

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Le plan de la résidence générale du Maroc à Rabat par Albert Laprade

 

Se dressant sur une éminence, le Palais de la Résidence domine d’une part le panorama de la ville des deux rives, Rabat-Salé, d’autre part la nécropole mérinide de Chella, entourée de ses remparts rougeâtres et qui, avec ses bastions à créneaux et sa porte admirablement ouvragée, évoque le décor d’une cité de Carcassonne.

Le plan général de la résidence reflète le souci du maréchal de voir réaliser un programme autour d’une claire lisibilité.

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Autour du patio central, ouvert sur le midi, et fermé sur les trois autres côtés se distribuaient, à l’ouest, les bâtiments publics, accueillants, accessibles, où l’expédition des affaires est assurée dans le moindre temps ; au nord, les grands salons de réception au rez-de-chaussée et l’appartement privé du Résident, au premier étage ; enfin, à l’est, l’habitation privée, avec les salles à manger, la domesticité et au-dessus, les chambres d’invités. Ainsi  que l’avait indiqué le maréchal, "pas d’énormes constructions, mais le plus possible de pavillons noyés dans la verdure" .

Joignant à l’art consommé de l’architecte le sens exquis de l’effet pictural, Laprade comprit quel parti il pouvait tirer de la situation exceptionnelle du palais, entouré sur toutes ses faces de magnifiques perspectives.

Au nord, c’est la ville européenne, longue cité-jardin pour laquelle Prost a établi des servitudes de hauteur, qui se prolonge jusqu’à la tour d’Hassane, vestige du plus grand temple islamique du monde, et surplombe l’océan.

Au sud s’étendent en terrasses les jardins d’orangers, limités  par la ligne dorée du rempart almohade construit en 1198 et au-delà duquel l’œil émerveillé aperçoit les ruines aux reflets ocreux de Chella.

Ainsi que pour l’Hôtel du commandement  militaire de Casablanca, Laprade, tout en s’interdisant de reproduire à profusion  les détails archéologiques, a néanmoins conservé, dans l’ensemble, les lignes qui s’imposent dans les pays du soleil, et discrètement transposé les données propres au style andalou-marocain.

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Ainsi les fines colonnettes sobrement décorées qui pourtournent le somptueux patio, ainsi que les ornements et les arabesques dont il a judicieusement agrémenté un chapiteau ou une corniche, ainsi l’accent et la couleur qui se dégagent des carrelages de faïence bleue et verte alternant avec les carreaux de marbre blanc ou des belles tuiles vertes indigènes réparties sur les toitures ou les auvents.

 

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Mais si le rythme essentiel de l’édifice est d’inspiration locale, la formule générale s’affirme moderne : de grands nus sans ornements, de grandes loggias, de grandes baies longitudinales où, dans l’ombre projetée par les saillies en auvent, peuvent se lire de délicates finesses.

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Ainsi fut trouvée la solution d’un difficile problème consistant à établir un style actuel adopté au pays det mariant avec bonheur deux civilisations destinées à s’interpénétrer tout en conservant l’une et l’autre leurs caractères distinctifs. Nulle part pensée plus prestigieuse n’aura été interprétée avec plus de douceur et de charme. Ces nobles architectures ont été enfantées dans la joie, dans un indicible enchantement. La nature elle-même, l’exubérante végétation du Maroc s’est chargée d’ajouter au faste du splendide édifice.

Palmiers, bougainvillers pourpres, géraniums-lierre, volubilis, massifs de roses, groupes d’orangers, offrent de somptueuses tâches de couleurs dont Laprade a su jouer comme d’une palette géante. Son œuvre, toute logique et toute harmonie, unit sans sévérité et avec quel charme à la grâce sensuelle du tempérament mauresque la pureté du génie latin, la fine nuance du goût propre au génie français."

 

Georges Rémon

Jardins et Cottages - 1926 -n°6

 

Sources :

Bibliothèque Nationale de France, département Sciences et Techniques

Archives Municipales de Chatou

Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

Archives de la Légion d'Honneur 

 

N.B. :

*Albert Laprade (1883-1978) a conçu notamment les plans du Palais de l'Océanie Porte Dorée en 1931. 

*Les résidents généraux français au Maroc, hôtes du Palais de la Résidence construit par Albert Laprade :

 Général puis Maréchal Lyautey : avril 1912 - octobre 1925

Théodore Steeg: octobre 1925 - janvier 1929

Lucien Saint : janvier 1929 - août 1933

Henri Ponsot : 1933 - mars 1936

Marcel Peyrouton : mars 1936 - septembre 1936

Général Noguès : octobre 1936 - mars 1946

Eirik Labonne : 1946-1947

Général Juin : 1947-1951

Général Guillaume : 1951-1954

Francis Lacoste :1954-1955

Gilbert Grandval : 1955

Général Boyer de Latour : 1955

André Dubois : novembre 1955 - 1956

Source : wikipedia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20/09/2011

LE PROJET DE TOUR DE RUEIL A L'ENQUETE PUBLIQUE

LETTRE DEPOSEE PAR L'ASSOCIATION  A L'ENQUETE PUBLIQUE DU PLU DE RUEIL LE 27 JUIN 2011

 

" ENQUETE PUBLIQUE DE REVISION DU PLU DE RUEIL

A l’attention de Monsieur le Commissaire-Enquêteur

Rueil : les deux Empires y ont connu leur intimité, un maître en peinture, Manet, en a laissé le souvenir fugace d’une maison dans la verdure, un roi du vaudeville, Georges Feydeau, y a fini ses jours, un génie de la carrosserie, Marcel Pourtout, en a conduit les destinées, un authentique résistant, Jacques Baumel, lui a donné son développement et son cœur de ville restauré. Les aspects de notre civilisation moderne s’y reflètent et s’y sont bercés.

Rueil semblait avoir été conçue pour accueillir, bien vivre et s’étoffer, non pour écraser. C’est ainsi que le projet de tour d’une des entreprises les plus prestigieuses du pays se heurte à un sentiment plus fort que tout, celui que chaque Français ressent pour son paysage et son environnement. Une tour à la Défense témoigne du progrès économique, une tour à 300 mètres des bords de Seine défie et déflore notre perception de l’environnement. Son annonce est un choc immédiat sans rien connaître du projet.


Ses promoteurs, par définition et par intérêt, ne sont pas enfermés dans l’histoire. Ils cultivent le dynamisme économique, un savoir-faire mondialement reconnu, une création de richesse qui rehausse l’image du pays.

 
Mais Chatou, qui a nourri l’école des Impressionnistes et l’école des Fauves, Chatou dont le clocher témoigne des premiers temps, Chatou, qui incarne à travers le hameau Fournaise au bénéfice de la région, et de Rueil en particulier, la mémoire des bords de Seine, de sa villégiature et de ses artistes sur tous les continents, n’a pas vocation à se présenter en victime expiatoire d’un projet conçu sans respect pour son environnement.

 
Peut-on mesurer les conséquences environnementales et les pollutions sonore et visuelle engendrées par un tel projet ? c’est impossible mais pourtant chacun les imagine.

 
Le concept d’une construction à cet emplacement, vide de toute habitation, pouvait paraître idéal mais le gigantisme du projet obère cette vision malgré une volonté évidente de l’architecte de ne pas répéter les erreurs du passé par un emploi habile du verre.

 
Dans les documents présentés, on commence par regretter le manque de lisibilité pour le public par l’emploi de normes non expliquées (norme de 162 NGF du plan de zonage à laquelle renvoie le règlement de zonage page 19). Puis, lorsque l’on recherche la signification d’une hauteur autorisée de 162 NGF par ses propres moyens, on découvre une hauteur de 132 mètres, soit bien supérieure à la hauteur estimée de 95 mètres annoncée sur le site même de l’architecte du projet.

Mieux encore, un problème surgit quant à l’emprise au sol autorisée. En effet le Plan Local d’Urbanisme doit être compatible avec les règles d’emprise au sol déterminées par le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI).

Or, le PPRI prévoit dans cette zone qualifiée de dense :
« Art. 3.2. Sont autorisés sous conditions :
Tous les types de construction ou d’occupation sont autorisés sous réserve des prescriptions ci-dessous :
a) Les constructions nouvelles
Sur toute unité foncière de plus de 2 500m², l’emprise au sol des constructions à usage principal d’habitation et de bureaux est limitée à 40%. Elle est portée à 60% pour toutes les autres constructions. En cas d’opération d’aménagement d’ensemble, ces emprises au sol sont réparties sur l’entité foncière hors surfaces de voirie. »

 
En contradiction, le PLU prévoit : « article UA 9 : Emprise au sol des constructions : Zones Uac : « les constructions seront situées à l’intérieur des zones constructibles repérées au document graphique » (règlement page 17), donc une emprise au sol autorisée de 100 % de la superficie de la parcelle constructible au lieu des 60% maximum prescrits par le PPRI.

Il y aurait donc incompatibilité entre le règlement du PLU et les prescriptions du PPRI, l’annulation de l’article du PLU pouvant être obtenue à ce titre.

 
Ajoutons qu’aucune perspective de création de ligne nouvelle de transports en commun n’est mentionnée dans le Projet d’aménagement et de développement durable (PADD) en introduction au règlement. Or, le projet concentrera un flux de circulation vers la tour en provenance de l’est et de l’ouest parisien. Cette situation ne pourra que s’aggraver puisque le PADD du projet de PLU de Rueil affiche un objectif de 81.000 habitants en 2015 contre 78.200 recensés en 2008.


Chatou n’a jamais nui au développement de Rueil mais aujourd’hui la question doit être posée : si Rueil n’est pas capable de se plier à une contrainte réglementaire et de rechercher un équilibre urbain, qu’en sera-t-il demain ? croit-on que les populations de la région s’y installent pour contempler des tours ? un siège social ne peut-il rester dans une commune sans nuire à son environnement ? il faut modifier ce projet. L’effet d’écrasement en perspective dans un tel site effacera toujours son intérêt. Or, même si Rueil n’est pas une ville impressionniste, l’intérêt commun reste de réussir ce projet économique en jetant la passerelle sur les rives de nos deux départements. Le choc doit être évité et les propositions revisitées.

Pour l’association, le président,
Pierre Arrivetz

 

Association loi 1901, déclarée en 1994, sans but lucratif,
ayant pour objet la défense du patrimoine et de l'environnement de Chatou, la mise en valeur de son histoire. B.P.22. .78401 Chatou cedex, siège social : 14 avenue de Brimont, 78400 Chatou - chatounotreville.hautetfort.com – tél : 06 33 33 25 76 (Pierre Arrivetz) – piarri@orange.fr "

 

Dernière nouvelle : dans son rapport rendu le 5 août 2011, le commissaire-enquêteur, Monsieur Briend, a fait état d'une très large majorité de Rueillois qui se sont exprimés contre le projet de tour. Il a émis un avis favorable à la révision du PLU avec une réserve et huit recommandations. La seule réserve concerne le zonage du projet de tour. Le commissaire-enquêteur a préconisé de changer la zone UAcn  concernée en zone UAc en n'autorisant qu'une construction R+7 à cet emplacement. Le maire de Rueil dans une lettre du 8 juillet 2011 déposée à l'enquête a indiqué quant à lui qu'il examinait une alternative pour la construction du siège social de Vinci dans un autre lieu. L'entreprise Vinci représente 9% des recettes des impôts communaux selon le maire. Un tel projet ne pourrait voir le jour avant 2015 selon lui. Un emplacement prés de Nanterre qui avait déjà été évoqué serait pressenti. La lettre de l'association n'a été que la 73ème observation sur les 284 émises sur le registre d'enquête. La mobilisation exceptionnelle de l'association Bellerive de Rueil (pétition de 6406 signatures) a porté ses fruits. Les interventions de Chatou ne sont pas évoquées dans les conclusions du commissaire-enquêteur. Sauf adoption en l'état du projet de PLU par le conseil municipal de Rueil, une page devrait donc être tournée.



14/09/2011

LE FORUM DES ASSOCIATIONS 2011

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Comme chaque année, le forum des associations se tenait Gymnase Corbin où une cinquantaine d'associations ont apporté l'information de leurs activités aux Catoviens. Pour la troisième année consécutive, l'association y était invitée par la municipalité, l'occasion de rappeler une action constante et multiple en faveur de l'histoire et du patrimoine de la ville depuis dix-sept ans. Les associations de défense du patrimoine n'encombrent pas le tissu associatif puisqu'elles sont au nombre de deux : l'Association des Amis de la Maison Fournaise consacrée au site des Impressionnistes, et l'Association Chatou Notre Ville, dont l'objet vaut pour l'ensemble de la ville. Suzanne Blache, secrétaire, et Philippe Storm, administrateur (à gauche et à droite sur la photo) ont été les artisans de la réussite de cette journée pendant laquelle nombre de nos publications sur l'histoire de Chatou ont été vendues et plus de 300 prospectus sur l'association distribués aux Catoviens. Arnaud Muller, vice-président, a permis une fois encore la diffusion d'un diaporama. Des échanges intéressants ont eu lieu avec les visiteurs.

L'annonce de la conférence sur Maurice Berteaux pour le centenaire de sa mort lors des Journées du Patrimoine le samedi 17 septembre 2011, de l'édition prochaine d'un coffret audio sans équivalent sur la deuxième guerre mondiale, la présentation de nos livres et revues, le rappel de nos activités passées, de nos propositions de ravalorisation de certains lieux de Chatou (propositions de dénomination du futur conservatoire "Charles Lamoureux" en l'honneur du chef d'orchestre, Catovien de 1876 à sa mort en 1899 et dont les concerts existent toujours et de dénomination du futur parc du boulevard Jean Jaurès parc "Georges Irat" en l'honneur du constructeur automobile de Chatou de 1921 à 1929) confèrent plus que jamais à l'association son titre de  "locomotive du patrimoine".

 

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Locomotive SNCF 241 P compound fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, emblème de l'association 

 

04/09/2011

L'ASSASSINAT DE GEORGES MANDEL DANS LES PROCES D'APRES-GUERRE

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Dans un article du 26 octobre 1944, le journal "L'Aube" rendit compte du procés des Miliciens qui avaient participé à l'assassinat de Georges Mandel le 7 juillet 1944, un mois après le Débarquement :

"Je vous avouerai que les accusés d’aujourd’hui ne m’intéressent pas. Ces visages d’hommes à tout faire ne resteront pas dans le souvenir. Ils n’attirent le regard que pour le faire détourner. Qu’ils aient été condamnés pour intelligences avec l’ennemi, que la cour n’ait pas retenu le chef d’assassinat, c’est là une question qui a manifestement surpris le public et qui s’explique, sans doute, par la manière dont les questions ont été posées à la Cour.

Ce qui importe, ce ne sont pas tant les trois hommes que tout ce qui a précédé et entouré le drame. Ce sont les ordres donnés. Ce sont les donneurs d’ordre qui ne sont pas là, pas plus que ne s’y trouve celui qui a tiré sur Georges Mandel et l’a abattu avec une férocité telle que le docteur Paul a pu dire qu’il n’avait encore jamais examiné de victime traversée de tant de coups.

Et c’est surtout la victime elle-même. Pour nous qui n’avons pas à traiter de l’homme politique ni des services qu’il a rendus à la France et qu’il lui aurait encore rendus, la dernière image que nous emporterons de ce procès sera celle que l’un des accusés nous donnait en racontant comment, durant le trajet de la Santé à Fontainebleau, il se trouvait dans la voiture à côté  de Mandel et comment celui-ci se mit à lui parler familièrement.

Rien n’est plus émouvant que cet ultime dialogue entre Mandel et l’aide de son bourreau, dialogue d’autant plus émouvant que Mandel connaissait son sort. Et il savait à qui il parlait. (…) Cette image tragique et familière sera la dernière qu’aura laissée cet homme vivant, cet homme à la fois multiple et plein d’unité.

Il est un peu plus de treize heures lorsque Monsieur le Président Pailhé, premier président honoraire de la Cour de Cassation, déclare l’audience ouverte.

C’est Pierre Boero qui ouvre le feu de l’interrogatoire. Boero, Niçois d’origine, a d’abord milité au PSF mais fait bientôt connaissance de Joseph Darnand. A la suite d’incidents avec les autorités allemandes, Darnand le couvre et il entre à la Milice fin mars 1944.

Le président Pailhé retrace les circonstances dans lesquelles s’est perpétré le 7 juillet dernier, l’assassinat de ce grand Français, « élève à l’école de Clemenceau et qui n’avait cessé de songer à la grandeur de la France ».

Le crime était mis au point dés le 6 juillet. Trois voitures parties du centre de la Milice, rue Le Peletier, vinrent à la Santé chercher leur victime.

Et c’est la classique mise en scène. On va, soi-disant, au château Des Brosses dans la région de Vichy. Mais, par hasard, arrivé en Fontainebleau, une voiture tombe en panne. Tout le monde descend. Quelques coups de feu claquent dans la clairière. Mansuy vient de tirer. Un corps gît à terre.

 - Vous saviez quel était le but de ce voyage ? demande le président à Boero

 -  Je l’ignorais. Seuls Fréchoux, Knipping et Mansuy en avaient discuté.

Georges Néroni, à son tour, vient sur la sellette. Barman de son métier, il est entré, vers mars 1944, au service de la documentation de la Milice.

- Vous ne pouviez ignorer les tractations entre les chefs de la Milice.

- Ils ne s’étaient pas confiés à moi. D’ailleurs, précise-t-il plus loin, je n’étais pas armé et croyais personnellement qu’on allait à Vichy.

Enfin le président Pailhé, s’adressant à Pierre Lambert, lui a fait préciser quel est son rôle dans cette tragédie.

- Je n’étais pas au courant. Ce n’est que par hasard…

On entend alors les témoins, et notamment le docteur Paul, médecin légiste, qui, dans un exposé d’une rare précision, situe les blessures. Seize plaies sont observées dans le corps de l’ancien ministre : quatorze au thorax, une au cou et l’autre à la tempe droite.

Après une courte interruption d’audience, Monsieur l’avocat général Vassart prend la parole :

« Un grand Français vient de mourir. Sa vie appartient à l’Histoire. Retraçant les circonstances de l’assassinat, Monsieur Vassart cite encore les belles paroles du grand patriote : « Mourir n’est rien. Je regrette seulement de mourir avant d’avoir vu la Libération de mon pays et la restauration de la République. »

Successivement, Maître Moranne, pour Néroni, Maître Mollé, pour Lambert , Maître Chamant, pour Boero, prirent la parole, faisant surtout le procès de la Milice :

Frappez la tête, tel est leur avis, où est le premier accusé de cette liste ? où est Darnand ? où est Mansuy ? si le crime du chef qui a trahi mérite un châtiment, réserverez-vous le même sort aux soldats de la troupe égarée ? après quarante minutes de délibération, l’audience est reprise. Boero et Neroni s’entendent condamner à mort, Lambert à 20 ans de travaux forcés ».

 

Le tribunal militaire de Paris jugeait en 1949 le cas d’Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne en France pendant l’Occupation. Voici la relation par « L’Aurore » du procès à l'audience du  17 juillet 1949  concernant l’assassinat de Georges Mandel, lequel ne constituait qu’une partie de l’accusation à l’encontre d’Otto Abetz.

Le président

Voyons, je vais vous interroger maintenant sur l’affaire de Monsieur Georges Mandel. Les Allemands avaient une haine particulière contre Messieurs Raynaud et Mandel, qu’ils rendaient responsables de la guerre et de la continuation de la guerre. Le gouvernement de Vichy avait lui-même une animosité contre ces personnes.

Messieurs Mandel et Reynaud avaient été internés en septembre 1940 et le 16 octobre 1941, ils étaient condamnés pour responsables de la défaite à l’internement dans une enceinte fortifiée.

En novembre 1941, Messieurs Blum, Reynaud et Mandel  étaient tous trois internés au Fort du Portalet. Et puis, en novembre 1942, les Allemands les ont transférés en Allemagne dans la région d’Orianenbourg.

Or, voyons comment les faits se sont passés, comment Monsieur Mandel a été assassiné  et nous verrons ensuite ce que l’accusation vous reproche à ce sujet.

Eh bien, en juillet 1944, le gouvernement allemand décida de remettre Monsieur Mandel au gouvernement de Vichy pour que celui-ci le fasse fusiller en représailles des condamnations de Phalangistes en Tunisie. C’est exact, n’est-ce pas ? à ce moment, vous aviez averti Laval que Mandel, Paul Reynaud et Blum devaient être livrés ?

Abetz

Oui, même déjà quelques semaines auparavant.

Le président

Quoiqu’il en soit, Monsieur Mandel a été ramené en avion à Paris par les Allemands, et, après avoir passé deux jours dans un service allemand, il était incarcéré, le 7 juillet, à la Santé, puis amené dans une voiture allemande, avec officiellement, le docteur Schmidt.

Alors, le même jour, vers 17h30, Knipping, adjoint de Darnand, va donc prendre livraison de Monsieur Mandel qui avait été incarcéré à la Santé. Il signe la levée d’écrou et il dit à Monsieur Mandel qu’il va être conduit au château Des Brosses, prés de Vichy et puis le livre à des miliciens sous le commandement  d’un nommé Mansuy, tortionnaire de la Milice.

Et Monsieur Mandel monte dans la voiture conduite par Mansuy et deux miliciens suivent avec l’allemand Schmidt. Les deux voitures passent dans la forêt de Fontainebleau et Mansuy stoppe à un carrefour, en disant qu’il y a une panne.

Tout le monde descend. Mansuy fait le tour de la voiture et tire à bout portant plusieurs coups de revolvers dans la nuque de Mandel. Celui-ci tombe mort instantanément, puis Mansuy tire une rafale de mitraillette dans la voiture de manière à faire croire à une attaque.

Ensuite, Monsieur Mandel est conduit  à Versailles à l’intendance de police, où les miliciens déclarent que la voiture a été attaquée en forêt de Fontainebleau et que Monsieur Mandel a été tué au cours de l’attaque.

Eh bien ! voyons quels sont les faits qui sont retenus contre vous par l’accusation dans cette affaire.

Il semble que vous aviez, tout de même, une certaine antipathie contre Messieurs Reynaud et Mandel, antipathie qui était apparue en 1941, dans l’affaire des Gardes Territoriaux Français poursuivis pour leur lutte contre les parachutistes allemands.

Abetz

Je crois que le mot « antipathie » n’est pas tout à fait exact, pour dépeindre mes sentiments.

Je ne connaissais pas Mandel personnellement, je ne l’avais jamais vu, et en ce qui concerne Reynaud, je l’avais vu une fois, mais cela n’empêche pas que j’ai vu paraître un article de presse dans lequel il a été dit  que j’aurais affirmé à un avocat du procès de Riom que « Reynaud et Mandel étaient des hommes que j’aurais fait périr de mes propres mains ».

Je ne me souviens pas d’avoir dit cela, mais mes sentiments envers eux étaient les suivants – et cela est vrai – je leur en voulais beaucoup, énormément, justement pour l’affaire dont vous me parlez, l’affaire des Gardes Territoriaux.

Juridiquement, je ne pouvais rien faire, cela dépendait des tribunaux militaires qui, seuls, pouvaient intervenir. La seule chose que je pouvais faire, c’était placer cette question sur le plan politique, faire intervenir les Affaires Etrangères.

A ce moment-là, j’ai encore une fois, pour des raisons de tactique, fait la proposition de fusiller non pas les « petits » mais les responsables de cet état de fait. Et les territoriaux ont été graciés, c’est là le point important.

Le président

Bien, en tout cas, en mars 1944, à l’occasion du procès des Phalangistes de Tunisie, dont je parlais tout à l’heure, vous avez réagi, comme je l’ai indiqué, en lisant un document, en proposant qu’on fusille dix fois plus de membres de la dissidence et, après un séjour à Berlin, au printemps de 1944, vous reprenez, au sujet des questions des Phalangistes, la proposition d’exécuter Messieurs Reynaud, Blum et Mandel.

De sorte que vous reveniez, à cette date, au mois de mai 1944, à la proposition que vous aviez déjà faite de faire fusiller Messieurs Reynaud, Blum et Mandel.

Abetz

Oui

Le président

Voulez-vous vous expliquer à ce sujet ?

Abetz

Oui, mais il faut  lire tous les textes, n’est-ce pas ?  c’est un rappel, Ribbentrop m’a ordonné cela, et c’est un rappel à cet ordre qui est antérieur, et du reste est déjà prouvé par d’autres documents.

Le président

Oui continuez

Abetz

Il continue, il qualifie ces exécutions de mesures de représailles absolument nécessaires contre l’exécution des partisans fidèles à Vichy en Afrique du Nord et il considère que c’est une tâche urgente de l’ambassadeur Abetz que de découvrir  des personnes et d’inviter Laval à les faire fusiller.

Or, au moment de ces conversations, des fusillades avaient déjà commencé. Il y en avait eu déjà au plateau des Glières, où six chefs résistants, six petits chefs résistants ont été fusillés à la suite d’une sentence de cour martiale.

Il y avait donc le danger que cela déclenche toute une série de fusillades comme dans l’histoire des otages, et que de nouveau il y ait du sang entre les peuples. Je voulais éviter cela.

Et encore une fois j’ai eu recours au même moyen  qui m’avait si bien réussi en 1941 : proposer une chose qui frappe beaucoup l’imagination, qui fasse gagner du temps, qui fasse intervenir les Affaires Etrangères dans un sens contraire et de ce fait, éviter toutes représailles sanglantes.

Je voulais alors, encore une fois, empêcher une mesure ou des mesures sanglantes qui auraient touché des centaines de personnes, en faisant une  proposition dont j’étais sûr qu’elle ne serait pas réalisée. Je me trompais dans un certain sens.

Le président

Nous revenons n’est ce pas à ce document auquel vous faisiez allusion : cette note de Ribbentrop qui demande de vous entendre sur certaines questions « parce qu’on vous trouvait un peu trop mou », disait Ribbentrop.

Abetz

Il y a un fait en tout cas : c’est que moi et je le déclare de la manière la plus solennelle, je n’ai rien su du transfert de Monsieur Mandel de l’Allemagne à Paris, je n’ai rien su du séjour de Monsieur Mandel à Paris, je n’ai rien su du transfert de Monsieur Mandel en zone sud. Et j’ai appris l’assassinat de Mandel par la protestation de Laval.

Le président

Si je comprends bien, vous reconnaissez avoir fait cette proposition en mai 1944, proposition que vous aviez déjà faite en 1941 de faire fusiller Messieurs Paul Reynaud, Léon Blum et Georges Mandel mais vous dites : « j’étais persuadé que cela n’aurait pas lieu. »

Abetz

Oui

Le commissaire du gouvernement

Je tenais à dire que les policiers condamnés en Tunisie ont été considérés comme traîtres et c’est un tribunal militaire français qui les a condamnés. »  

 

Otto Abetz fut condamné à vingt ans de travaux forcés pour crimes de guerre au terme du procès mais libéré en avril 1954. Il se tua dans un accident de voiture en 1958.