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29/12/2011

ALFRED COUVERCHEL (1834-1867), LA TOUCHE DE L'ORIENTALISME

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Repos à la fontaine en Algérie - 1866

 

Né le 27 janvier 1834 à Marseille-le-Petit dans l’Oise, Alfred Couverchel fut notamment l’élève d’Horace Vernet à l’Ecole des Beaux-Arts où il entra en 1851. Il se fit reconnaître dans les expositions nationales de 1857 à 1867 en même temps que dans la grande presse illustrée dont il accompagna les gravures.

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Une chasse dans les plaines de l'Oudja au Maroc - 1866

 

Alfred Couverchel a laissé de grandes oeuvres fondues dans l’orientalisme. Ses tableaux ont à la fois distingué les guerres africaines et mis en scène l’Algérie, le Maroc ou la Syrie. En particulier, il participa en 1863 à l’illustration de l’ouvrage « Tour Du Monde – journal des voyages » publié sous la direction de l’historien Edouard Charton (futur préfet de Seine-et-Oise pour le compte du gouvernement de Défense Nationale de Gambetta).

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En 1854, lorsque Horace Vernet fut envoyé à Constantinople par Napoléon III afin de reproduire les évènements de la guerre d’Orient, le maître emmena son disciple Alfred Couverchel. C’est ainsi que l’on dut à celui-ci des toiles moins connues célébrant les batailles de son temps : « le général d’Allonville charge les troupes russes à Kanghil, 29 septembre 1855 », référence à la guerre de Crimée ou encore plus tard « la bataille de Magenta, 4 juin 1859 », commémorant la victoire française en Italie sur l’Autriche. Son "tour du monde" dans les bagages d’Horace Vernet pour témoigner des grands évènements n'a jamais vraiment cessé. Si son nom figure parmi les petits maîtres de l’Ecole Française, on doit à sa brève existence de l'avoir empêché d’embrasser une notoriété plus grande.La maladie l’enleva en effet à la couleur des terres inhospitalières qui l’avaient tant inspiré depuis sa jeunesse. Domicilié 117 rue Neuve Saint-Augustin à Paris sous le Second Empire, il mourut à 33 ans.


Alfred Couverchel n’est pas mentionné dans les inventaires des historiens de Chatou. A tort, car son succès lui permit de connaître la villégiature de notre ville où il demeurait depuis 1861 avec ses parents 33 avenue de la Princesse dans le hameau du Vésinet alors dépendance de Chatou, ce dont atteste la matrice cadastrale de Chatou pour la période 1824-1864.

 

 

Alfred Couverchel mourut à son domicile le 1er septembre 1867 à quatre heures du soir avenue de la Princesse "au Vésinet commune de Chatou" selon l'acte conservé aux archives de la ville. Ce modeste hommage précèdera, nous l’espérons, des recherches plus complètes sur cet artiste peintre et illustrateur Catovien d'adoption qui fit rentrer l’exotisme dans les foyers de la métropole.


 

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Extrait de l'acte de décès d'Alfred Couverchel mentionné comme "peintre d'histoire" - archives de Chatou

 

Sources :

- archives municipales de Chatou

- Centre de documentation du Musée d'Orsay

24/09/2011

VOYAGE AVEC GEORGES REMON (1)

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Georges Rémon (1889-1963), architecte décorateur, directeur de l'Ecole des Arts Appliqués à l'Industrie de la Ville de Paris, a vécu à Chatou des années 30 à sa mort en 1963 au 61 avenue Foch. Ayant fait son apprentissage à la croisée des deux siècles chez son père Pierre Henri Rémon, il n'eut cesse de promouvoir la création française dans l'entre-deux-guerres, établissant des chroniques dans les revues spécialisées, cependant que son cabinet du 16 rue d'Artois à Paris connaissait une certaine notoriété dans la décoration des grands paquebots.

 

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11 rue Dupetit-Thouars à Paris, l'Ecole Duperré autrefois l'Ecole des Arts Appliqués à l'Industrie dont Georges Rémon fut l'un des directeurs  

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Dans la revue "Jardins et Cottages", il nous emmène dans un voyage de l'autre côté de la Méditerrannée, là où l'architecture française a su magistralement construire et embellir en harmonie avec la culture du pays. Un hymne à la création française, c'est ce que signifie sans nul doute le titre qu'il donne à l'un de ses articles publié en 1926 : "L'architecture moderne au Maroc, Albert Laprade, architecte":

" L’urbanisme compte en France de savants théoriciens dont le nombre va sans cesse croissant, - mais pour combien de praticiens ?

Sans doute allèguera-t-on la difficulté d’exécuter dans les conditions actuelles, en matière d’aménagement et d’embellissement des villes, de vastes programmes d’ensemble, la rigueur des règlements juridiques ou administratifs, l’insuffisance des ressources budgétaires  et toutes sortes de raisons d’ordre économique ou psychologique.

Il n’en demeure pas moins que là où de grandes entreprises eussent été possibles – et nous songeons aux régions libérées – il s’en faut bien qu’on ait, en haut lieu, compris la nécessité d’imposer des directives générales qui permissent aux architectes d’équiper nos dix départements dévastés d’une manière conforme aux besoins du temps présent et aux besoins du prochain avenir, aisément prévisibles.

Tout autre, et par une rencontre unique, apparaît l’œuvre surgie au Maroc, sous l’égide de la France, grâce à la nette et impérative volonté du maréchal Lyautey, unie à la conception puissamment ordonnée des architectes chargés par lui d’exécuter un dessein de haute envergure.

Les voyageurs français ou étrangers, qui ont eu loisir de considérer le splendide effort accompli en une dizaine d’années à Casablanca ou à Rabat, sont unanimes à célébrer l’impression d’élégance et de fraîcheur, qui se dégage des bâtiments publics ou privés et la merveilleuse concordance régnant entre les neuves cités et leur cadre.

Tous sont frappés de l’excellence du plan et de son unité et se plaisent à rendre hommage à l’intelligence des solutions adoptées pour des agglomérations urbaines vouées à un prompt et considérable développement.

Les remarquables directives qui présidèrent à la construction de Casablanca et Rabat, sont dues à un heureux concours de circonstances. Le maréchal Lyautey fit venir en mai 1914  un homme d’une étonnante sûreté de vues, Henri Prost, architecte du gouvernement, grand prix de Rome, lequel venait dans un grand concours international d’être chargé du plan d’aménagement de la ville d’Anvers, battant les concurrents allemands, qui étaient jusqu’alors les maîtres en matière d’urbanisme.

Et tout de suite le maréchal comprit à quel admirable maître d’œuvre il venait de faire appel. Sans hésitation et sans réticence, il lui confia le soin de mettre  de l’ordre dans le gâchis de ces villes-champignons qui devaient attester d’une manière saisissante la vitalité et la fierté de notre action au Maroc. La tâche était immense.

Henri Prost s’entoura d’une pléiade d’architectes que les hasards de la guerre avaient conduits au Maroc. Son rôle évoque admirablement celui d’un surintendant des bâtiments, sa situation morale équivalait à s’y méprendre à celle d’un Lebrun exerçant par le fait d’un grand prince une haute direction artistique. Et ce fut pour tous ses collaborateurs un honneur et une joie de travailler dans des conditions qui rappelaient si parfaitement les plus belles époques de l’histoire de l’urbanisme en France, celles auxquelles nous devons Versailles, la Place de la Concorde, la Place Stanislas de Nancy.

Dans ce groupement réalisé par Prost dans le service d’architecture et des plans des villes se coudoyaient des architectes comme Albert Laprade, Marrast, auteur du remarquable et original Palais de Justice de Casablanca, Laforgue, frère du poète Jules Laforgue, auteur de ces hôtels des postes de Casablanca et de Rabat, où l’administration métropolitaine peut aller chercher des idées et des modèles et tous apportaient leurs qualités propres.

La besogne au surplus avait été distribuée selon les  aptitudes et les affinités de chacun. A Laprade revint plus spécialement la construction des édifices à l’usage d’habitation et des jardins. Nul choix ne pouvait être plus heureux.

Grièvement blessé à Ypres, il avait été envoyé au Maroc en août 1915 et tout de suite s’était voué avec un enthousiasme égal à sa vive compréhension des formes et des couleurs, à  l’étude de l’architecture et de la décoration autochtones, remplissant ses carnets de route de croquis au trait, notant ici un détail de fontaine, là une arcature historiée, ailleurs un carreau de mosaïque, interprétant avec une fine sensibilité les caractères essentiels de l’architecture locale, si en accord avec des goûts des conceptions raffinées et voluptueuses.

L’œuvre assumée par Laprade dans cette vaste création est elle-même considérable. Il exécuta  successivement à Casablanca l’Hôtel du Commandement Militaire, le parc Lyautey et de nombreux squares, la nouvelle ville indigène qui fut continuée après son départ par son confrère M. Cadet.

A Rabat, il collabora à de nombreux ensembles, en particulier au parc de l’Aguedal, mais son oeuvre la plus importante est sans nul doute, le Palais du Résident Général qu’il dessina entièrement, à l’exception des intérieurs et de la descente à couvert sur la façade Est, réalisés par Laforgue.

La nouvelle résidence générale de France au Maroc, à Rabat, fut commencée en juillet 1918. La propagande allemande, par voie de tracts distribués  aux indigènes, répandait le bruit de notre défaite prochaine et de notre abandon définitif du Maroc. Le maréchal Lyautey riposta par une décision propre à maintenir dans l’Empire chérifien le prestige du nom français. Il fit incontinent poser la première pierre de la villa résidentielle.

Les plans  en furent hâtivement établis : il fallait que les travaux fussent commencés sans délai ! or, la main d’œuvre française était rare. Mais le maréchal estimait à juste titre d’excellente politique de recourir à la main d’œuvre marocaine, d’une habileté réputée.

Les communications avec la métropole étaient difficiles, voire hasardeuses. On ne recevait que parcimonieusement les matèriaux tels que le ciment ou le fer. N’importe. On utiliserait le bois, le moellon, la chaux grasse, en attendant qu’on ait ouvert dans le pays des carrières de pierres dures, en attendant surtout la reprise des transports maritimes, laquelle  se produisit heureusement dés la conclusion de l’armistice.

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Le plan de la résidence générale du Maroc à Rabat par Albert Laprade

 

Se dressant sur une éminence, le Palais de la Résidence domine d’une part le panorama de la ville des deux rives, Rabat-Salé, d’autre part la nécropole mérinide de Chella, entourée de ses remparts rougeâtres et qui, avec ses bastions à créneaux et sa porte admirablement ouvragée, évoque le décor d’une cité de Carcassonne.

Le plan général de la résidence reflète le souci du maréchal de voir réaliser un programme autour d’une claire lisibilité.

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Autour du patio central, ouvert sur le midi, et fermé sur les trois autres côtés se distribuaient, à l’ouest, les bâtiments publics, accueillants, accessibles, où l’expédition des affaires est assurée dans le moindre temps ; au nord, les grands salons de réception au rez-de-chaussée et l’appartement privé du Résident, au premier étage ; enfin, à l’est, l’habitation privée, avec les salles à manger, la domesticité et au-dessus, les chambres d’invités. Ainsi  que l’avait indiqué le maréchal, "pas d’énormes constructions, mais le plus possible de pavillons noyés dans la verdure" .

Joignant à l’art consommé de l’architecte le sens exquis de l’effet pictural, Laprade comprit quel parti il pouvait tirer de la situation exceptionnelle du palais, entouré sur toutes ses faces de magnifiques perspectives.

Au nord, c’est la ville européenne, longue cité-jardin pour laquelle Prost a établi des servitudes de hauteur, qui se prolonge jusqu’à la tour d’Hassane, vestige du plus grand temple islamique du monde, et surplombe l’océan.

Au sud s’étendent en terrasses les jardins d’orangers, limités  par la ligne dorée du rempart almohade construit en 1198 et au-delà duquel l’œil émerveillé aperçoit les ruines aux reflets ocreux de Chella.

Ainsi que pour l’Hôtel du commandement  militaire de Casablanca, Laprade, tout en s’interdisant de reproduire à profusion  les détails archéologiques, a néanmoins conservé, dans l’ensemble, les lignes qui s’imposent dans les pays du soleil, et discrètement transposé les données propres au style andalou-marocain.

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Ainsi les fines colonnettes sobrement décorées qui pourtournent le somptueux patio, ainsi que les ornements et les arabesques dont il a judicieusement agrémenté un chapiteau ou une corniche, ainsi l’accent et la couleur qui se dégagent des carrelages de faïence bleue et verte alternant avec les carreaux de marbre blanc ou des belles tuiles vertes indigènes réparties sur les toitures ou les auvents.

 

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Mais si le rythme essentiel de l’édifice est d’inspiration locale, la formule générale s’affirme moderne : de grands nus sans ornements, de grandes loggias, de grandes baies longitudinales où, dans l’ombre projetée par les saillies en auvent, peuvent se lire de délicates finesses.

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Ainsi fut trouvée la solution d’un difficile problème consistant à établir un style actuel adopté au pays det mariant avec bonheur deux civilisations destinées à s’interpénétrer tout en conservant l’une et l’autre leurs caractères distinctifs. Nulle part pensée plus prestigieuse n’aura été interprétée avec plus de douceur et de charme. Ces nobles architectures ont été enfantées dans la joie, dans un indicible enchantement. La nature elle-même, l’exubérante végétation du Maroc s’est chargée d’ajouter au faste du splendide édifice.

Palmiers, bougainvillers pourpres, géraniums-lierre, volubilis, massifs de roses, groupes d’orangers, offrent de somptueuses tâches de couleurs dont Laprade a su jouer comme d’une palette géante. Son œuvre, toute logique et toute harmonie, unit sans sévérité et avec quel charme à la grâce sensuelle du tempérament mauresque la pureté du génie latin, la fine nuance du goût propre au génie français."

 

Georges Rémon

Jardins et Cottages - 1926 -n°6

 

Sources :

Bibliothèque Nationale de France, département Sciences et Techniques

Archives Municipales de Chatou

Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

Archives de la Légion d'Honneur 

 

N.B. :

*Albert Laprade (1883-1978) a conçu notamment les plans du Palais de l'Océanie Porte Dorée en 1931. 

*Les résidents généraux français au Maroc, hôtes du Palais de la Résidence construit par Albert Laprade :

 Général puis Maréchal Lyautey : avril 1912 - octobre 1925

Théodore Steeg: octobre 1925 - janvier 1929

Lucien Saint : janvier 1929 - août 1933

Henri Ponsot : 1933 - mars 1936

Marcel Peyrouton : mars 1936 - septembre 1936

Général Noguès : octobre 1936 - mars 1946

Eirik Labonne : 1946-1947

Général Juin : 1947-1951

Général Guillaume : 1951-1954

Francis Lacoste :1954-1955

Gilbert Grandval : 1955

Général Boyer de Latour : 1955

André Dubois : novembre 1955 - 1956

Source : wikipedia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

12/08/2011

LES VIOLLET : UNE GRANDE FAMILLE DE CHATOU

Parmi les actes de sauvetage sous l’Occupation, l’un est resté à la postérité concernant Chatou grâce au témoignage des victimes, témoignage qui nous a été signalé par un Catovien,  Monsieur Michel Grave, qui lui-même poursuit la préservation de la mémoire  de cette époque.

Ce témoignage concerne les Freilich, un couple de juifs polonais qui vivait à Paris avec leurs deux fils.  Ces derniers furent arrêtés et internés dans un camp mais ayant la nationalité britannique, ils furent traités en prisonniers ennemis et non en juifs. Tel n’était pas le cas de leurs parents, restés juifs polonais. Après la rafle du Vel d’Hiv dont ils réchappèrent,  un homme d’église les adressa au chanoine Jean Viollet (1875-1956) de Chatou qui les hébergea jusqu’à La Libération - comme d’autres réfugiés - dans un immeuble  qui lui appartenait.

Le 25 juillet 1993, le chanoine Viollet reçut la médaille de « Juste des Nations » décernée par Yad Vashem, Jérusalem. C’est pour cette action qu’il figure dans le « Dictionnaire des Justes de France »  (édition établie par Lucien Lazare sous la direction d’Israël Gutzman, éditions Fayard - mars 2003). Le chanoine Viollet, figure indépendante de l’église réputé pour ses écrits et son œuvre ouvrière du Moulin-Vert (l'association du Moulin Vert et la société immobilière du Moulin Vert pour l'habitat social sont ses héritières), s’est vu décerner le nom d’un carrefour dans le quartier Beauregard (quartier dit des "Pentes" dans le cadastre de 1885) derrière la voie ferrée après sa mort. La Ville de Paris lui a également attribué le nom d’un square du XIVème arrondissement.

 

 

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Le chanoine habita  1 rue du Sentier à Chatou à la suite de son père, Paul Viollet (1840-1914). Ce dernier, sorti premier de l’Ecole des Chartes en 1862, entré à l’Académie Française le 28 janvier 1887 au fauteuil d’Ernest Desjardins, fut un archiviste et un médiéviste de réputation internationale par ses publications, professeur de droit civil et de droit canonique. Il était membre de l’Académie Impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, de l’Académie Royale des Sciences et des Lettres de Copenhague et docteur Honoris Causa de l’Université de Cracovie. Intellectuel catholique, il s’était distingué dans l’affaire Dreyfus en rassemblant un cercle de catholiques dreyfusards.

 

 

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La villa du 1 rue du Sentier à Chatou où vécut le chanoine Viollet de 1893 à sa mort en 1956 et son père l'académicien Paul Viollet vers la fin de sa vie.

 

 

La fille de l’académicien Paul Viollet, Jeanne Viollet, épousa en mai 1900 un certain…Henri Roger (1869-1945), ingénieur, chimiste, directeur d’une manufacture de bronzes d’éclairage, astronome distingué découvreur de la « supernova » en 1918, mais surtout passionné de photographie qui ne cessa de 1886 à sa mort en 1945 de prendre des clichés de la vie parisienne qui demeurent aujourd’hui autant de témoignages pour l’histoire.

 

La venue à Chatou d’Henri Roger est immortalisée par des clichés du début du siècle avec Jeanne et  des photos le montrant en uniforme militaire lors de permissions dans la maison de Chatou pendant la première guerre mondiale. Ces photos sont aujourd’hui la propriété de l’agence Roger-Viollet.

 

Jeanne Viollet mourut précocement dans sa maison de Chatou le 13 octobre 1917 à l’âge de 41 ans alors que son mari était au front. Du couple était née une fille le 10 juillet 1901, Hélène, également passionnée, qui reprit le fonds photographique de son père Henri. Disparue en 1985, elle fut la fondatrice en 1938 de l’agence Roger-Viollet.

 

 

Sources :

 

M. Michel Grave

Archives Municipales de Chatou

Service de l'Etat-Civil de Chatou 

Archives de la Ville de Paris

 

 

 

 

08/08/2011

VOYAGE AVEC GEORGES REMON (3)

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L’Exposition des Arts Décoratifs de Paris de 1925 a refermé ses portes mais, sept ans après la dévastation de la Grande Guerre, elle vient inaugurer  le dernier grand courant d’architecture du XXème siècle porté par la France.

Dans Jardins et Cottages de janvier 1927, le Catovien Georges Rémon affiche sa sévérité à l’égard de ceux qui perpétuent le style de la Belle Epoque. En contre-feu, il présente l’œuvre nouvelle de l’architecte Pierre Patout (1869-1955), un hôtel particulier à Auteuil. Le talent de Pierre Patout, comme celui des ateliers Rémon, sera sollicité par la Compagnie Générale Transatlantique et s’exprimera avec éclat sur ses paquebots « Ile-de-France » (1927) et « Normandie » (1935).

« C’est au cours d’une récente conversation avec Monsieur Pierre Patout, un instant interrompue par le téléphone, que, feuilletant une revue technique, mes yeux se portèrent sur cette déclaration d’un architecte belge d’avant-garde, rapportée par Monsieur Mallet-Stevens :  « C’est la dèche qui nous sauvera. »

Cette pensée pourrait être exprimée plus élégamment. Elle ne nous en invite pas moins à prendre en considération l’une des principales caractéristiques de l’art moderne, avide de trouver dans le plus complet dénuement des moyens, dans le rejet systématique de tout ce qui cherche à séduire et à plaire, le fin du fin, la quintessence, l’absolu métaphysique, la beauté pure (comme Monsieur Paul Valéry ne créé que de la poésie pure !), le transcendant obtenu par l’abstraction.

Est-ce à dire, en d’autres termes, qu’à notre époque et par une sorte de fatalité, il ne soit artiste et surtout architecte qui ne s’entende à traiter un programme moins sévère, moins indigent, moins réticent ? ne possédons-nous donc aucun maître d’œuvre qui, tout en respectant le principe éthique et esthétique de la simplification, devenu notre commune mesure, ne puisse se mouvoir à l’aise dans un domaine privilégié et ne sache, par un singulier paradoxe, concevoir une belle œuvre en même temps que luxueuse, du fait seule qu’elle est authentiquement luxueuse. La richesse constitue-t-elle de nos jours un thème d’inspiration en soi si néfaste, qu’il oblige nos architectes à tomber inéluctablement dans le poncif des beaux projets d’école.

Rien à ce propos n’est plus suggestif qu’une promenade à travers ce quartier de La Muette où les heureux de ce monde, grands seigneurs de la finance et des affaires, se sont fait édifier au cours des dix dernières années, de splendides hôtels, dont la somptuosité n’exclut malheureusement  pas la banalité.

Cette somptuosité se signale par la surcharge de l’ornement, par l’utilisation des inévitables beaux motifs traditionnels : colonnades, rotondes composites, frontons renaissants. Ainsi  les architectes, en dépit des beaux programmes qui leur étaient proposés, n’ont pas pu ou pas su s’affranchir de cette manie ostentatoire et de ce mauvais goût qui semblent avoir atteint leur apogée sur certaines façades Champs–Elysées  et qui sévissent un peu partout dans les quartiers riches.

Mais voici une exception, une magnifique réussite due à l’heureuse rencontre d’un homme de goût  parfait et d’un maître architecte d’une remarquable sûreté de vue. Rencontre qui bien souvent aussi s’est transformée en précieuse collaboration.

L’hôtel particulier que Monsieur Ducharne s’est fait construire rue Albéric-Magnard, à Auteuil, accuse dans ses moindres détails l’entente  qui n’a cessé de régner entre lui et son architecte Monsieur Pierre Patout, à ce point de vue infiniment privilégié. Il ne l’a pas moins été par l’excellence, la clarté du programme qu’il avait à remplir, type d’habitation  particulière de haut luxe et d’ample confort et d’une exquise distinction.

L’architecte avait à construire et distribuer un garage pour auto, une galerie de peinture, un grand et un petit salon, une salle à manger avec cuisine voisine, une bibliothèque-bureau, une salle de billard, une grande chambre , trois chambres d’enfants, une chambre d’amis, des salles de bains, un salon d’habillage, un boudoir et, pour les enfants, une salle de culture physique.

L’hôtel, inscrit dans un quadrilatère, comporte trois étages, en retrait l’un sur l’autre du côté du jardin.

 

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La façade sur rue est précédée d’une grille d’un modèle imposé règlementaire, tapissée de plantes grimpantes. Construite suivant le principe de la symétrie, une grande porte rectangulaire en occupe le centre, porte magnifiquement décorée d’une grille en fer forgé, mise en exécution  d’après les dessins de Pierre Patout, par Monsieur Llano Florès et exécutée par Monsieur Carrera.

A cette triple collaboration est dû l’escalier dont nous reproduisons l’élégant départ et le motif de rampe de fer forgé.

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A gauche de cette porte, la conciergerie et l’entrée de service. A droite, une petite porte pour l’entrée des maîtres. L’automobile pénètre par la grande porte, dépose les voyageurs dans le vestibule et va se ranger dans le garage situé au fond. Ce garage est long de vingt mètres et permet à la voiture d’évoluer et de tourner, prête à sortir sans être obligée de le faire à reculons. Une porte sous le vestibule donne accès à l’antichambre des maîtres où les invités trouvent un vestiaire et des lavabos.

Un escalier en marbre conduit à la galerie de peinture, qui occupe longitudinalement, la partie médiane du rez-de-chaussée de réception. Elle figure ici sous deux aspects, non garnie encore des toiles et des sculptures que leur destine le collectionneur. Construite en stuc, avec dallage en pierre et marbre, elle s’orne d’une vasque en marbre, d’une stèle destinée à recevoir un bas-relief  et de hautes colonnes en stuc poli qui communiquent à l’ensemble un caractère de majesté.

On remarque sur une autre vue, l’entrée de la galerie avec les trois degrés de marbre et les hauts piliers tendus d’opulentes soieries de Ducharne. Cette galerie sépare la salle à manger des salons et du billard, situés sur jardins et communiquant avec ceux-ci de plain-pied.

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Perspective du salon à la salle à manger

 

Le premier étage contient la grande chambre et le boudoir, dont les baies donnent sur les terrasses, ainsi que les chambres d’amis, et les trois chambres d’enfants, prenant jour sur la rue. Enfin à l’étage supérieur se trouvent, outre la chambre de la gouvernante, la salle de culture physique et le terrain de jeu en haute terrasse, pour la cure d’air et de soleil.

Telles sont, en bref, les caractéristiques de cette manifestation  dont le moindre détail mériterait d’être longuement analysé et décrit. Tout est ici logique, équilibre, judicieux accord entre la maîtrise du savant constructeur et le sobre et élégant dessin de l’artiste, et Pierre Patout est l’un et l’autre éminemment. Il apporte le même soin, la même minutieuse conscience à résoudre le problème du garage ou de la cuisine qu’à jouer en audacieux symphoniste avec les splendides matières avec lesquelles il a édifié les pièces nobles.

C’est ainsi, comme il nous le fait observer, qu’il a utilisé dans la construction de la cuisine le principe de ventilation des grandes salles  du Moyen-Age aux puissantes cheminées à hotte. L’air chaud, les fumées et la buée sont immédiatement ventilés et transportés à travers des conduites d’éjection.

Nous ne proposons pas pour cette fois de décrire dans leur délicat raffinement et pièce après pièce, cet hôtel dont les ensembles mobiliers ont été confiés à Ruhlmann, choix dont le moindre mérite n’est pas d’unir une fois de plus le maître décorateur à l’architecte qui avait dessiné les plans du charmant « Hôtel pour un collectionneur » de l’Exposition.

L’hôtel  de Monsieur Ducharne procède sensiblement du même esprit. Il suffit pour s’en convaincre d’examiner la grâce et la sobriété des lignes du jardin, dont le mur du fond dessine un nerveux fronton et dont la surface est si heureusement interrompue par deux pilastres quadrangulaires jumeaux.

Mais ce que nous avons pu longuement admirer, sans risquer une indiscrète visite domiciliaire, c’est la splendide façade sur rue, si ingénieusement composée.

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Supprimant le jeu monotone des fenêtres uniformément percées, l’architecte a fait se détacher de l’ensemble de la façade, dessinée comme un frontispice, exécutée en marbre blanc guilloché. Ce parti reflète sans nulle supercherie ni trompe-l’œil la disposition des pièces. Il en est le corollaire obligé. Il  nous montre en même temps que le dessin discipliné de l’auteur  est sa constante préoccupation de fuir tout arbitraire.

Monsieur Pierre Patout a créé sans nul effort apparent, avec une grâce qui frappe et séduit tout d’abord sans forcer nulle part la note, un ensemble dont on discerne très nettement, en dépit et à cause de son harmonieuse simplicité, le caractère de grandeur et la noblesse.

Et il a résolu avec un singulier bonheur ce problème que d’autres paradoxalement envisagent avec scepticisme ou mépris : faire une œuvre, qui, bien que riche et pourvue de moyens exceptionnels, soit vraiment conçue et réalisée sous le signe de la beauté. »

 

Georges Rémon 

Jardins et Cottages- janvier 1927 - n°10  

 

 

Sources :

 Bibliothèque Nationale de France, département Sciences et Techniques

 Archives Municipales de Chatou

 Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

 Archives de la Légion d'Honneur 

 

29/05/2011

GALLIFFET : AMOURS, GLOIRE, MASSACRE...ET UN PETIT LIEN AVEC CHATOU

 

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Le général de Galliffet, dont le nom est immanquablement lié au massacre de la Commune, doit-il être mentionné dans l’histoire de Chatou ? né le 23 janvier 1830 84 rue du Bac à Paris, il était le rejeton d’une  vieille famille du Vaucluse recensée en 1380,  famille perpétuée par  une descendance de militaires.

L’un de ses membres, Joseph de Galliffet, avait légué à ses héritiers une fortune amassée  sous Louis XIV comme gouverneur de Saint-Domingue grâce à  la culture de la canne à sucre. Le havre de la famille était un château au Tholonet.

Le jeune marquis Gaston de Galliffet, après avoir  reçu une éducation très dure,  perdit sa mère en 1853 et son père en 1854. A 24 ans, il se retrouvait ainsi à la tête d’une immense fortune cependant qu’il poursuivait une carrière militaire  comme sous-lieutenant au régiment des Guides, garde personnelle de Napoléon III sous les ordres du colonel Fleury.

Forte tête et prêt à poursuivre ses amours comme on poursuivait l’ennemi, il refusa de s’embarquer pour la Crimée le 21 octobre 1854 pour une jeune femme, Constance Resuche, qu’il appelait  « la marquise » et dont il savait peu de choses. En effet,  à la fin d’un dîner où il avait invité le maire et le curé, les convives eurent la surprise de voir arriver deux gendarmes pour arrêter son élue.

Enfin embarqué en Crimée, il s’y distingua mais s’enfuit à nouveau pour retrouver à Balaclava Constance Resuche après avoir bravé les postes français, anglais  et russes. Arrêté et mis aux arrêts, il fut libéré pour le siège de Sebastopol où sa conduite héroïque et ses blessures lui valurent une première citation à l’ordre de l’armée.

La Légion d’Honneur lui fut acquise le 25 juin 1855 lorsqu’il prit d’assaut la lunette du Kamtchatka. De retour en France en septembre 1855, il obtint le grade de lieutenant des Guides le 30 décembre 1857 et épousa la fille du banquier Laffitte le 26 octobre 1859.

C’est dans cette période de jeunesse que Galliffet apparaîtra dans les documents cadastraux de Chatou. Non seulement il y figurera comme propriétaire d’un terrain nu 19 rue Camille Périer en 1855 (4000 m²) mais encore il le cèdera à Constance Resuche qui le revendra à un agent de change, Nicolas Lacroix. 

La veuve Poupart y fera édifier une villa en 1856, laquelle deviendra la propriété du sénateur de l’Empire Victor Suin (il siégea de 1863 à 1870), conseiller municipal de Chatou de 1865 à 1870.

Soldat héroïque en Crimée, en Algérie, au Mexique (1), pendant la guerre Franco-Prussienne, il  fut en réalité l’objet de sollicitations constantes des pouvoirs publics en déroute : lorsque Thiers voulut maintenir le gouvernement dont il était le représentant en 1871 contre la Commune en armes, Galliffet reçut l'un des commandements de l'armée versaillaise et installa son quartier général à Saint-Germain en prévision de la sortie de Paris des Fédérés emmenés par Flourens le 2 avril 1871.

La colonne de Flourens fut défaite par le déferlement des bataillons de l'armée gouvernementale et les bombardements du Mont-Valérien.

Trois Fédérés se réfugièrent à Chatou où ils furent dénoncés par le capitaine des pompiers et, sur ordre de Galliffet, arrêtés puis fusillés le 3 avril au matin.

Le 11 novembre 1945, le Comité municipal de libération de Chatou apposa une plaque en mémoire des trois morts de la guerre civile à l'angle de l'avenue Foch et de la rue Camille Périer, peut être inexacte sous le titre "morts pour leur idéal républicain" alors que les républicains étaient précisément des deux bords.

Là est l'accusation qui demeure pour l'histoire : les Versaillais tuèrent 16.000 Fédérés, sans doute la plus grande répression menée depuis la Terreur. Or, c'est moins pour avoir combattu un pouvoir insurrectionnel illégal que le fait d'avoir, à de nombreuses reprises, fait fusiller des prisonniers qui se rendaient et des familles entières  toutes générations confondues, que l'armée régulière entâcha son intervention d'une cruauté injustifiée et injustifiable. 

La volonté d'en finir avec les révoltes parisiennes récurrentes des couches populaires (1830-1848) dont Thiers avait été le témoin (comme soutien au duc d'Orléans en 1830 puis comme président du conseil de Louis-Philippe en 1848), et cette fois-ci avec un soulèvement qui était encouragé par Karl Marx lui-même, domina tout sentiment.

Paradoxalement, l'écrasement des Communards inaugura l'ère de la Belle Epoque et dans les années qui suivirent, bien peu de Français, parmi les plus républicains, en conçurent un regret.

 

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Cercueils de Fédérés - Le drame des guerres civiles

 

 

Plus tard, en 1899, Waldeck-Rousseau, président du Conseil naviguant entre les attentats anarchistes et les tentatives de coup d'Etat, appela le général de Galliffet à siéger aux côtés de Millerand, alors socialiste, au ministère de la Guerre, pour, pensait-il, rassurer l’opinion et les monarchies européennes.

 

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Waldeck-Rousseau, avocat républicain libéral qui dirigea le ministère de 1899 à 1902

 

"Canaille, assassin, bandit !" entendait-on dans les couloirs de la Chambre. Galliffet répondait à ses collègues: "excusez, je crois qu'on parle de moi !" et il arrivait en courant dans l'hémicycle. 

C’est lui qui demanda, au dam de tous ses pairs et au mépris du Conseil de Guerre condamnant Dreyfus à nouveau mais avec "des circonstances atténuantes", la grâce de Dreyfus, par une lettre adressée au président de la République Emile Loubet le 10 septembre 1899,  considérant l’absence de preuves et le procès en haute cour qui pourrait en résulter pour des chefs militaires compromis. Il mourut le 12 juillet 1909.

 

Sources :

"Galliffet" par H. de Rolland, 1945, Les éditions de la Nouvelle France

"Chatou, de Louis-Napoléon à Mac-Mahon, 1848-1878" par Pierre Arrivetz, 2005, édition Alan Sutton

"Histoire de Chatou et des environs" par Paul Bisson de Barthélémy, 1950, Edition de l'Académie Palatine

Archives municipales de Chatou

 

(1) au Mexique, le général Clinchant écrivit le 9 janvier 1867 : "le colonel de Galliffet continue à remplir sa mission avec une activité digne des plus grands éloges". Le général Clinchant (1820-1881) devait être l'un des témoins de Marthe Lambert à son mariage en 1877 avec Maurice  Berteaux, futur député-maire de Chatou et ministre de la Guerre

14/02/2011

LE COMTE REAL : LE SOUFRE ET LE SOUFFLE D'UNE EPOQUE

Pierre François Real est un personnage singulier de notre ville,  plus digne d’intérêt que de sympathie. Né à Chatou le 28 mars 1757, fils de l’intendant du ministre Bertin, le dernier seigneur de Chatou (1762-1789), il reçut une solide instruction et fit des études de droit financées par le ministre avant la Révolution. Il devint ainsi commis au Bailliage de Chatou puis acheta en 1783 une charge de procureur au Châtelet. En 1789, il fut choisi comme électeur pour la désignation des députés aux Etats Généraux.

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La gloire de la politique française : dans la nuit du 4 au 5 août 1789, les trois classes réunies aux Etats Généraux noblesse, clergé, tiers état, votent à l'unanimité l'abolition des privilèges, renonçant pour deux d'entre elles à un avantage social et financier.

 

Si sa situation ne pouvait qu’être bouleversée par la Révolution, il ne fit pas partie des notables de la Constituante partisans d’un régime modéré. Orateur de la société des Amis de la Constitution, il suivit Desmoulins et Danton et entra dans l’hydre de la radicalisation, acceptant les fonctions d’accusateur public près le tribunal révolutionnaire en 1792, demandant notamment l'exécution de la princesse de Lamballe. En janvier 1793, Réal occupa les fonctions, avec Hébert,  substitut de Chaumette, de procureur de la commune de Paris. Il prit part à toutes les attaques qui menèrent à la proscription des Girondins le 31 mai 1793 mais s'opposa à ce qu'une pétition soit présentée contre le général de Beauharnais, défendit le maire de Paris Pache qui s’était opposé au pillage, les artistes de l’Opéra considérés comme suspects etc... Soutien de Danton, il fut emprisonné par Robespierre et n’échappa de peu à la guillotine qu’avec la mort de ce dernier, rendant service à d’autres condamnés.

 

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"L'appel des condamnés" - scène ordinaire du régime de la Terreur qui s'abattit sur la France entre le 5 septembre 1793 et le 28 juillet 1794, jour de la mort de Robespierre.



Sous le Directoire, il fut nommé historiographe de la République et épousa une fonction d’avocat devant les tribunaux criminels. Son opportunisme le guida vers Fouché avec qui il demanda à Bonaparte en 1799 de prendre les rênes du pouvoir. L’élite de la France avait été décimée et une vaste corruption avait depuis longtemps gangréné les tenants du régime républicain.

Mais avec l'instauration du Consulat, la France connut sa seconde révolution depuis la proclamation de la Déclaration des Droits de l’Homme et l'abolition des privilèges dix ans plus tôt. Bonaparte créa un Etat et avec lui, le Conseil d’Etat. Il nomma Réal, qu’il considérait comme un homme honnête et capable, conseiller d'Etat à la section législation. C’est à ce poste que celui-ci concourut à la préparation du Code Civil, œuvre dont il dirigea en partie les débats et rendit compte dans des discours concernant les réformes de la puissance paternelle, du dépôt et des séquestres, de l’instauration du divorce et de l’organisation du notariat, discours tous heureusement conservés.

 

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Installation du Conseil d'Etat au Palais du Luxembourg par Bonaparte Premier Consul le 22 décembre 1799.



La seconde carrière de Real au service de Napoléon prit naissance le 1er février 1804 lorsqu’il fut nommé au ministère du Grand Juge, alors chargé de la police générale, comme directeur de la Police de Sûreté Générale mais dans l’ombre du ministre Fouché, avec qui il avait participé au coup d’Etat du 18 Brumaire. Real y mena avec succès l'instruction du procès de Cadoudal, Moreau et Pichegru après l’attentat de la rue Sainte-Nicaise mais fut mis devant le fait accompli dans l'affaire de l'assassinat du Duc d'Enghien (21 mars 1804) qu'il découvrit une fois commis.

 

Après l'établissement de l'Empire le 18 mai 1804, Real, propriétaire du château d'Ennery depuis 1799, fit l'acquisition du château de Boulogne en 1807 qui devint par la suite propriété de la famille Rothschild. Dans ses "Souvenirs", Victorine de Chastenay évoqua une soirée à Boulogne en 1807 : "La soirée était magnifique. Dans le salon on faisait de la musique: Madame Lacuée (fille de Réal) chantait avec sa charmante voix: une de ses jeunes amies chantait quelquefois après elle, Plantade accompagnait. Les fenêtres étaient ouvertes, et dans le jardin, sur une terrasse, Monsieur Réal, braquant un télescope, me faisait voir les satellites de Jupiter, et parcourait le ciel agrandi."


Quelques années auparavant, il avait acheté le presbytère de Chatou et l'avait restauré pour ses parents. Par une délibération du conseil municipal du 21 Frimaire An 14 (1805), la commune avait accueilli "à l'unanimité" sa proposition de rente perpétuelle à Chatou de 500 francs contre l'abandon par la commune à François Réal d'une portion de terrain entre sa propriété et la Seine estimée à la vente à une valeur de 1200 francs. 

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Une image de Chatou dans les années cinquante : les anciens quartiers de l'église, de l'avenue Foch et plus haut de la mairie (rasés en 1966 aprés la construction du pont de Chatou). A l'extrême droite, le presbytère et son escalier à révolution dont Real fut un temps propriétaire.

 

 

Real reçut le 24 avril 1808 le titre de comte d'Empire.

Pendant les Cent Jours, Real fut nommé préfet de police et chargé de mettre en arrestation le duc Decazes, magistrat à la cour royale, qui avait refusé de prêter serment à l'empereur. Real mit dans ses procédés beaucoup de tact et de modération de sorte que lorsque la royauté fut rétablie en 1815, Decazes, à son tour nommé préfet de police et chargé de l'arrêter, eut les mêmes égards avec lui. Decazes ne put cependant éviter l'exil de Real qui partit à Bruxelles, Anvers puis New-York, où il établit une fabrique d'épuration des huiles de poisson. Le 28 mai 1819, Louis XVIII annonça dans le Moniteur que le comte Real pouvait rentrer en France. Napoléon inscrivit quant à lui un legs de 100.000 F sur son testament en faveur de Réal mais celui-ci ne put jamais le percevoir et ne rentra en France qu’en 1827.

En 1830, Real se mit au service du gouvernement provisoire et dissuada le nouveau préfet de police de Paris d’arrêter son prédécesseur pour lui délivrer un passeport sous un faux nom. Pendant le procès des ministres de Charles X à la Chambre des Pairs, Real intervint sur demande de Martignac, leur avocat, ancien président du conseil (1827-1829) de Charles X, pour préciser que le prince de Polignac, accusé d'avoir pris les fameuses Ordonnances, avait été étranger à l'attentat - qu'on lui reprochait aussi - de la rue Sainte-Nicaise contre Bonaparte Premier Consul.

 

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Le vicomte de Martignac, remplacé à la tête du gouvernement par le prince de Polignac en 1829, accepta néanmoins de prendre la défense de ce dernier dans le cadre du procès des ministres de Charles X et fit appel à Real.



Aucune des notices biographiques de Real ne s’achève sans mentionner ses mémoires parus sous le titre « Indiscrétions » dont ses contemporains affirment qu’ils furent épurés aprés négociation financière en raison de la production de documents accablants pour certains dignitaires de la Monarchie de Juillet. On y apprend d'après l'éditeur que Real était chimiste et mécanicien et qu'il laissa "inachevée une machine à vapeur, d'après un nouveau système, sur laquelle beaucoup de savants avaient déjà émis une opinion très favorable." Pierre François Real, né à Chatou sous Louis XV, mourut le 7 mai 1834 à Paris où il est enterré.

En 2003, dans son ouvrage « Mémoire en Images Chatou », l’auteur de ces lignes suggérait de raviver à Chatou la mémoire de Real en raison de son rôle dans l’élaboration du Code Civil, la restauration du presbytère de Chatou, son activité dans la police sous l’Empire et plus généralement du trait d’union qu’il symbolise entre plusieurs régimes dont on a peu gardé trace à Chatou. En janvier 2004, l’année du bicentenaire du Code Civil, Real se vit décerner une allée à Chatou au lieu-dit des Terres Blanches par la municipalité.

25/01/2011

CHATOU, UN PIED DANS LE CANAL DE SUEZ

L’aventure de Suez fut pendant quarante ans enfermée dans la boîte à aigreurs de l’anticolonialisme. Les rapprochements culturels liés à la longue histoire commune entre la France et l’Egypte au XIXème siècle ont cependant achevé de nos jours de faire sauter les verrous de l’ostracisme historique. On préfère étudier et contempler le résultat d’un aménagement jugé impossible en son temps, forgé sur un double défi à la nature et à la politique.

En particulier, une association, "L'Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez", entretient par des expositions et manifestations à travers le monde, le souvenir de celui qui finit par réunir deux mers au terme d’une obstination sans pareil.

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Ferdinand de Lesseps - tableau de Foureau - 1853

 

Outre le souvenir de l’homme et de son oeuvre, l’Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps compte depuis plusieurs années parmi ses administrateurs, l’un de nos adhérents de longue date (de la zone sud, pour épouser le jargon municipal !), Monsieur Jean-Philippe Bernard, grâce à qui quelques-uns d’entre nous ont pu visiter le Musée privé du Canal de Suez à Paris il y a quelques mois.

Nous en sommes d’autant plus fiers que nous avions pu  découvrir lors de nos recherches en 2002 l’existence à Chatou de Selim Bey Pauthonnier, né en 1805 ou 1808 à Saint-Etienne et résidant en 1872 dans notre ville. Celui-ci était aide de camp du vice-roi d’Egypte au grade de colonel, membre de la Société de Géographie depuis 1847, présenté comme directeur de la mission égyptienne en 1856 par cette même société. Son décès eut lieu le 26 janvier 1880 à son domicile parisien du 92 rue d'Amsterdam dans le 9ème arrondissement.Malgré nos recherches aux Archives de l’Armée et des Affaires Etrangères, nous n’avons à ce jour trouvé aucun autre renseignement le concernant.

Il y a cependant peu de doute sur le fait qu’il participa à l’aventure promue par Ferdinand de Lesseps aux côtés de Mohamed Saïd et de son successeur, Ismaïl Pacha, qui, en qualité de vice-roi d’Egypte,  maintînt son soutien au projet français face à l’Angleterre hostile.

Dans l’attente d’en savoir plus, réjouissons-nous que l’une des plus grandes réalisations au monde ait eu l'un de ses acteurs à Chatou, localisé dans sa section du Vésinet avant la création de la commune du même nom en 1875.

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Ouverture du canal de Suez le 17 novembre 1869, tableau d'Edouard Riou

 

L’aventure de Suez demeure, comme la Compagnie du même nom qui pendant quatre-vingts ans géra la navigation du canal, une entreprise universelle.

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Ferdinand de Lesseps en audience avec Napoléon III dans le film "Suez" (1939)

 

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Ferdinand de Lesseps et Annabella dans "Suez"...pardon Tyrone Power et Annabella qui l'épousa à la suite du film.

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 Tyrone Power et l'impératrice Eugénie...pardon, et Loretta Young !

 

Des images agréablement fausses de Ferdinand de Lesseps par Hollywood qui lui consacra un film diffusé en 1939 : « Suez » avec Tyrone Power, l’actrice française Annabella, et Loretta Young en impératrice Eugénie. Ferdinand de Lesseps entra en réalité dans l’histoire à l’âge de soixante-quatre ans en 1869 en inaugurant son œuvre avec sa cousine, Eugénie de Montijo, trente ans après l’avoir imaginée.

Le réalisateur et scénariste Darryl Zanuck en fit néanmoins une superproduction de jeunes premiers. Celle-ci, à défaut de creuser l’histoire du canal, creusa les canaux sentimentaux d’un public féminin tout à fait disposé à la conquête amoureuse même dans les tempêtes de sable…

 

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Une image du conseil d’administration de la Compagnie Universelle du Canal de Suez en 1939 à son siège à Paris : 19 français, 10 britanniques, 2 égyptiens et 1 hollandais. Le marquis de Vögue est le président du conseil d'administration et le comte Mathieu de Lesseps, l'un des administrateurs. L'Angleterre, qui était entrée en force dans la Compagnie en 1875 en achetant les actions du khédive ruiné, devint le premier actionnaire. Le règlement de la Compagnie lui interdisait cependant d'être majoritaire en voix. Les marins de la Compagnie étaient Français, les manoeuvres chargés de draguer le sable, Grecs. 

Le journal « Match » du 16 février 1939 pouvait encore écrire : « un pays, l’Egypte, est propriétaire du sol dans lequel fut creusé le canal. Ce sol, il le concéda à la compagnie pour 99 ans. Dans moins de 30 ans, le 17 novembre 1968 *, cette concession touchera à son terme, et le canal deviendra automatiquement la propriété unique de l’Etat Egyptien. Devant ce conflit, actuel ou prochain, un pays, la France, dont un homme conçut et réalisa le canal, dont l’épargne finança les travaux, dont le génie assure la conservation et l’amélioration, devra être amené à prendre une position sans équivoque. Puissance méditerranéenne, puissance impériale, toute atteinte portée au canal  de Suez l’atteint dans ses œuvres vives. »

 

* erreur du journal car la concession n'a pas été conclue en 1869 : la première le fut le 30 novembre 1854, la seconde le 5 janvier 1856

 

 

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Une image souriante: un garde-côte égyptien du canal en 1939

 

 

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La traversée du canal de Suez, en dépit des apparences, a toujours été moins dangereuse que celle de l'Atlantique...(photo de 1938)

 

 

 

Sources :

"Mémoire en Images - Chatou" par Pierre Arrivetz aux éditions Alan Sutton (2003)

"Match" - 8 décembre 1938

"Match" - 16 février 1939

"Annabella" - Documentaire télévisé écrit par José Sourillan et produit par Emmanuel Chouraqui

"Le canal de Suez" par S.C.Burchell et André Chassigneux aux éditions R.S.T. collection Caravelle (1967)

"ArchivesParis.fr" - archives numérisées de la Ville de Paris - cote V4E3584

 

 

 

05/11/2010

MAURICE BERTEAUX (1852-1911)

          
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Maurice Berteaux est l'un des hommes les plus emblématiques de Chatou et de la IIIème République à la Belle Epoque. Député-maire de Chatou de 1893 à 1911, ministre de la Guerre en 1904-1905 et 1911, vice-président de la Chambre des Députés à partir de 1906, ténor du parti radical-socialiste, député le mieux élu de France en 1910, il conduisit les affaires de Chatou avec désintéressement et modernité. Il fallut le tragique accident du meeting aérien Paris-Madrid le 21 mai 1911 à Issy-les-Moulineaux pour l'arracher à une carrière qui le conduisait aux portes de la présidence de la République selon les observateurs de l'époque. Patriote intransigeant, cavalier émérite, homme juste et clairvoyant apprécié dans tous les partis, il baptise les voies d'une cinquantaine de communes d'Ile-de-France.

 

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Le ministre de la Guerre aux grandes manoeuvres !

L'Association a organisé une conférence sur Maurice Berteaux le 18 février 1999 à l'Institut du Bon Sauveur à laquelle participèrent le directeur de cabinet du maire d'Issy-les-Moulineaux et le maire de Croissy-sur-Seine. L'auteur de cette conférence n'était autre que Bernard Oudin, écrivain, historien (auteur d'une biographie d'Aristide Briand et d'une histoire de Londres), et petit-fils d'un proche collaborateur de Maurice Berteaux. Chatou Notre Ville publiera une revue historique pour le centenaire de la mort de Maurice Berteaux le 21 mai 1911.

 

 

28/03/2010

CROISSY - L'HOMME DE L'HISTOIRE

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Nouveau conseil d'administration de La Mémoire de Croissy élu le 6 octobre 2009. A gauche, Norbert Fratacci, président sortant qui a remis son mandat et au centre, Alain Candelier, nouveau président. Photo Pierrick Roynard

 

Le président de la Mémoire de Croissy, Norbert Fratacci, a remis son mandat le 6 octobre 2009, laissant à son successeur, Alain Candelier, un héritage exceptionnel dans l'histoire d'une association : la création d'un Pavillon de l'Histoire Locale dans les communs du château Chanorier, pavillon exposant l'histoire de la ville et mettant à l'honneur à travers une présentation digne du Musée des Arts et Métiers, l'histoire du maraîchage qui fut si déterminante pour la commune et celles qui l'entourent.

Cette réalisation n'a pu aboutir que grâce à la personnalité exceptionnelle de Monsieur Fratacci, qui a su rallier tous les concours publics et privés, et s'est entouré de Croissillons de grande valeur, d'un dévouement sans borne, qui ont piloté la restauration et la réalisation des pièces du musée. Les Amis de la Place d'Aligre ont également apporté une contribution essentielle à cette oeuvre en fusionnant opportunément avec la Mémoire de Croissy et en engageant des fonds qui ont permis d'ajouter à la bonne marche du projet pour les habitants. Ce Pavillon a accueilli, en deux ans, plus de 6000 visiteurs et vient s'ajouter aux diverses activités bénévoles de l'association : annuaire des rues, publications deux fois par an, organisation de visites régulières de la ville, expositions d'archives annuelles à l'Eglise Saint-Léonard, lancement d'une souscription en vue du restauration du lutrin d'Anne d'Autriche...

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Anne d'Autriche (1601-1666)
Epouse de Louis XIII en 1615, elle devint l'ennemi de Richelieu qui visait l'abaissement de la dynastie des Habsbourg en Europe. A la mort du cardinal en 1642 et à celle du roi en 1643, elle devint régente du royaume et soutint le successeur du cardinal, Mazarin, jusqu'à sa mort en 1661. Avec Mazarin, elle résista à la Fronde des Princes et permit le renforcement de l'autorité du pouvoir royal. Son don du lutrin à Croissy daterait des années 1650.
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Lutrin offert à l'église Saint-Léonard de Croissy par Anne d'Autriche
cliché "La Mémoire de Croissy"

 

 

Représentée depuis 10 ans au conseil d'administration de la Mémoire de Croissy, l'association s'est efforcée d'apporter une contribution aux actions de l'association en proportion de ses possibilités : don financier pour l'exposition sur l'histoire des écoles (2003), exposition d'un moteur Georges Irat lors de l'exposition sur les transports (2005), recherches et rédaction d'articles sur les seigneurs Bertin et Chanorier d'une part (bulletin de Croissy de 2006), sur le panoramiste Poilpot d'autre part (2007), don de différents documents d'archives concernant Poilpot (dont une lettre de Galliéni à Poilpot) et  Amélie Diéterlé, don financier à la restauration du lutrin d'Anne d'Autriche (2009), don plus symbolique qu'important qui doit être suivi prochainement par un don à la restauration de l'Eglise Notre-Dame de Chatou laquelle fait l'objet d'une souscription en raison de la défaillance de l'Etat et de la Région.   

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Aujourd'hui, les membres du conseil d'administration de Chatou Notre Ville sont fiers d'adresser leurs plus vives félicitations à leur collègue Norbert Fratacci, qui a, au terme d'un investissement sans précédent pour l'histoire de Croissy, été décoré de la Médaille de la Ville et été reçu dans l'ordre des Arts et des Lettres au grade de Chevalier lors de l'assemblée générale de l'association le 27 mars 2010. Cette haute distinction lui a été remise par monsieur Pierre Lequiller, député de la circonscription, en présence de Monsieur Jean-Roger Davin, maire de Croissy, et de Monsieur Ghislain Fournier, conseiller général du canton de Chatou-Croissy. Elle couronne une carrière brillante de quarante ans dans l'industrie, un engagement bénévole au service des autres dans le domaine de l'emploi ainsi qu'une action associative sans laquelle rien n'aurait été possible pour Croissy.

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Si la France compte dans son patrimoine national corse Napoléon et Tino Rossi, Croissy peut s'honorer de compter Norbert Fratacci, rassembleur, grand réalisateur et orateur hors pair, dans son patrimoine local.

 

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31/05/2009

LEON MELCHISSEDEC, UN GRAND ARTISTE LYRIQUE DANS LE QUARTIER GAMBETTA

 

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Léon Melchissédec, un artiste lyrique qui eut une carrière presque aussi longue que Sarah Bernhardt, devenu une vedette du cylindre Pathé à la fin de sa vie - portrait : "Livre d'or du phonographe Pathé - 1904" - fondation Jérôme Seydoux-Pathé
 
 

Le quartier Gambetta a longtemps eu son passé occulté. Cette injustice doit prendre fin. Evoquons l’un de ses grands hommes, Léon Melchissédec. Né à Clermont-Ferrand le 7 mai 1843 et mort à Paris en 1925,  il fut un artiste lyrique à la carrière extraordinairement longue et variée. Extraordinairement longue, peut être la plus longue de l’histoire lyrique, puisqu’elle débuta en décembre 1862 à Rive-de-Gier dans la Loire par un concert donné au bénéfice de mineurs brûlés où il chanta  le grand air de « Lucie » de Donizetti, et se termina par une soirée de cinquantenaire au Trocadéro le 24 avril 1913. C’est du moins ce qu’écrivit l’intéressé avant les hostilités. Carrière variée puisqu’il tint tour à tour les rôles de ténors, de barytons d’opéra-comique, de baryton de grand opéra, de basses chantantes d’opéra-comique et enfin de secondes basses.  Il fut professeur de déclamation lyrique au Conservatoire de Paris de 1894 à sa mort en 1925, l’auteur de plusieurs communications à l’Académie des Sciences dont “La physiologie de la voix” (1890), “Le résonateur buccal” (1911), “Sur la théorie mécanique de quelques tuyaux sonores” et celui de plusieurs ouvrages dont « Pour chanter, ce qu’il faut savoir » (1913), « Le chant, la déclamation lyrique, l’émission et la voix » (1925). Le 29 décembre 1910, il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur. A plus de 60 ans, il enregistra pour Pathé à Chatou un répertoire de cylindres, parmi les plus chers au monde aujourd’hui.

Sa villégiature en Belgique en juillet 1914 à la suite des concours où il était juré avait tourné court avec l’arrivée de l’armée allemande. Il fut libéré par son fils à la fin de la Première Guerre et chanta pour la dernière fois le 19 novembre 1919 « Les deux grenadiers » de Schumann devant la Société des Médaillés Militaires. Membre de la municipalité de Maurice Berteaux de 1896 à 1900, il vécut 3 avenue des Coteaux, aujourd’hui à l’angle de l’avenue Gambetta et de la rue des Coteaux, dans une villa qui a été détruite dans les années 60.

 

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collection Pierre Arrivetz