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22/02/2011

GEORGES MANDEL AUX P.T.T.(1934-1936) : PREMIERS TEMOIGNAGES

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 Le 15 février 1935, Le journal « L’Excelsior » publia un article sur le nouveau ministre des PTT, Georges Mandel, qui, depuis sa nomination en novembre 1934, s’ingéniait à accroître le rôle et renverser l’image d’une administration décriée comptant 150.000 agents à sa prise de fonction.  Son bilan à ce poste dépassa celui de tous ses prédécesseurs, en sorte que le  ministre natif de Chatou, qui avait commencé par occuper un espace politique restreint à l’aura de son ancien chef Clemenceau, acquit une popularité due à ses seuls mérites auprès des Français.

Par-delà l'aspect technique de son poste, le nouveau ministre démontrait que l’efficacité existait encore en politique et qu’une volonté ferme et un intérêt non superficiel pour la chose publique constituaient  les premières sources du progrès et de la défense du pays.

Son œuvre envers les usagers devait fortement contribuer à assurer sa réélection au premier tour de député indépendant conservateur à la Chambre en 1936 en plein triomphe du Front Populaire.

Voici un extrait de cet article de « L’Excelsior » signé par Emile Vuillermoz (1878-1960), alors le plus célèbre critique français de musique et de cinéma :

« Je suis donc allé trouver, au cœur de la citadelle des PTT, Monsieur Georges Mandel, et je lui ai demandé, sans détours, s’il partageait cette sorte d’optimisme ingénu et obstiné qui semble être le mot d’ordre de certains techniciens de son administration.

A la suite de mes articles, certains commentateurs plus ou moins « officieux » - ou, qui, du moins, seraient heureux de passer  pour tels – ont cru, en effet, devoir, pour rassurer l’opinion publique, affirmer, que, contrairement à mes informations, tout était pour le mieux dans la meilleure des radiophonies françaises, et que, depuis bien longtemps, notre équipement technique était supérieur à celui de nos rivaux ! notre ministre était-il victime, lui aussi, de cet extraordinaire illusionnisme ? c’est ce que j’ai voulu élucider au cours d’un entretien dont nos lecteurs apprécieront l’intérêt.

(…) On connaît la silhouette si caractéristique de l’homme et de son visage intelligent et glacial, dont les lèvres rectilignes ont désappris le sourire dans l’exercice conscient du pouvoir. Sa voix est incisive et pénétrante. Dans la symphonie particulière, j’ai entendu beaucoup de violoncelles, de trompettes, de bassons, de trombones et saxophones : la voix de Monsieur Mandel est instrument à anche. Elle a la finesse insinuante et pincée du hautbois ou du cor anglais, qui sans forcer le son, domine aisément tout un orchestre. Sa facilité de parole est merveilleuse. D’un ton calme et posé , il construit des phrases impeccables avec des mots extrêmement choisis qui naissent tout naturellement sur ses lèvres, dans une spontanéité déconcertante. La précision et la justesse  de son vocabulaire est miraculeuse. Quand il traite une question, il fait littéralement la dissection et l’autopsie, d’un scalpel impitoyable. Tout ce qu’il expose devient clair, logique, lumineux et prend un caractère de nécessité absolue.

Mais son originalité et son privilège consistent à faire passer immédiatement dans l’action cette éloquence qui pourrait aisément lui tenir lieu de volonté et d’activité. Ses subordonnés ont en lui un chef  d’une clairvoyance redoutable. Sans aucune passion – car sa raison pure est aussi incapable de malveillance systématique que d’indulgence naturelle – il pèse leurs qualités et leurs défauts sur une balance de précision. Si j’étais sous ses ordres, je tremblerais en l’écoutant exposer avec une froide sérénité le problème de l’utilisation des compétences.

M. Mandel n’a pas craint de m’affirmer très nettement qu’il  juge aussi sévèrement que moi l’état actuel de notre radio. Il ne partage donc nullement  la satisfaction béate de ses collaborateurs qui se félicitent chaque jour d’avoir tant de génie.

(…) Malheureusement , nous sommes dans un pays où, par un absurde scrupule démagogique, nous n’avons fait, pendant la guerre, aucune réserve de « matériel humain » dans le domaine de l’intelligence. Alors que nos adversaires opéraient judicieusement ce tri, pour préparer des cadres à la civilisation future, nous avons tout jeté dans la fournaise et Monsieur Mandel, qui sait juger les hommes, blâme sévèrement cette  erreur de tactique sociale qui le prive peut-être aujourd’hui des jeunes lieutenants dont il aurait besoin.

Au point de vue de l’installation matérielle de nos postes, le ministre des PTT subit avec impatience le handicap écrasant des lenteurs administratives. Lui aussi ne se résigne pas volontiers à voir l’Etat mettre trois ou quatre ans pour accomplir un travail que l’industrie privée exécute en moins d’une année.  Les formalités auxquelles un service d’Etat est soumis entravent  tout et ralentissent tout. Des marchés importants, signés en 1932, ne sont pas encore exécutés. Des postes et des câbles qui devraient depuis longtemps être en service sont en cours de construction ou de pose avec des retards déplorables. Il serait injuste de parler de négligence ou de mauvaise volonté. Car la machine administrative est un engrenage qui fonctionne au ralenti, au grand désespoir des hommes d’action qui ont à s’en servir.

Mais Monsieur Mandel a décidé de donner une impulsion vigoureuse à tous ses services. Il ne me fait mystère d’aucune des précisions du rapport qu’il vient de soumettre aux commissions parlementaires. Se gardant bien de dire : « tout est prêt, tout est terminé depuis longtemps, il ne manque pas un bouton de réglage à nos postes d’émission, ni un centimètre de câble radiophonique », il se contente de saluer quelques heureuses échéances prochaines qui amélioreront enfin notre réseau d’Etat en mettant "à la page" nos stations régionales.

C’est ainsi que la puissance du poste de Lyon sera portée à 90 kw à partir du mois d’avril prochain. Une grave avarie de matériel, survenue pendant le transport, a, seule, retardé les essais  prévus pour une date antérieure. Mais on espère rattraper le temps perdu. Le poste de Toulouse sera porté à 120 kw au mois d’avril. En avril, également, Lille disposera de 60 kw ; en septembre, celui de Marseille, 100 kw, et, à la fin de l’année, celui de l’Ouest-Rennes, 120 kw. On nous promet, en outre, pour le début de juin, la transformation du poste national des PTT, dont la puissance sera fixée à 120 kw.

A ces prévisions, il faut ajouter, à des échéances plus lointaines, deux augmentations de puissance, celle de la station de Bordeaux (100 kw) et celle de la station de Strasbourg (100 kw). Il entre aussi dans les projets de Monsieur Mandel de créer sans retard une station nouvelle de 100 kw à Limoges.

Viendra ensuite l’augmentation de puissance tant attendue du poste Radio-Paris qui n’arrive pas à couvrir tout notre territoire et qui disposera, l’an prochain de 220 kw. Une transformation du poste colonial complètera cette organisation si souhaitable. A ce moment-là, nous pourrons utiliser, espérons-le, le fameux réseau des câbles spéciaux, ces câbles-fantômes qui, d’après les documents officiels de 1933, étaient déjà « en service » alors que l’annuaire officiel des PTT de 1934 avoue modestement qu’ils sont encore « en cours de pose ».

Vous voyez que nous sortons nettement ici du système d’auto-congratulation dans lequel se réfugient si volontiers certains fonctionnaires de notre administration. Et j’avoue qu’il est beaucoup plus réconfortant d’entendre un généralissime déclarer : « nous avons été battus dans tel et tel secteur, mais voici les offensives que je prépare pour redresser la situation » que de collectionner des bulletins de victoires purement imaginaires.

Reste la question importante de la Maison de la Radio. Notre ministre des PTT en comprend toute l’importance et est bien décidé à doter notre radio d’Etat de cet organisme technique absolument indispensable. Il dément nettement toutes les informations fantaisistes qu’on a fait courir au sujet de  l’utilisation de tel ou tel immeuble que l’on camouflerait plus ou moins habilement pour la circonstance. Monsieur Mandel  sait parfaitement qu’une Maison de la radio doit répondre à des exigences scientifiques très spéciales. Une seule chose l’arrête : la constatation que l’Etat est incapable de construire un édifice dans des conditions raisonnables. L’Etat paye tout trop cher. Monsieur Mandel voudrait ne pas gaspiller ses crédits et il cherche, en ce moment, le moyen de ne pas engloutir inutilement, dans une entreprise ruineuse de bâtisse officielle, des fonds dont il a tant besoin dans d’autres domaines. N’oublions pas, en effet, que, par le fait même du retard de nos postes, notre radio nationale a beaucoup moins d’usagers que celle de l’Angleterre ou de l’Allemagne. Notre taxe produit 110 millions alors que la radio anglaise en mobilise  420 et la radio allemande 770. Notre radio a donc un budget relativement limité. Mais plus notre installation se perfectionnera et plus nous accroîtrons rapidement cette rente.

Donc, au point de vue de l’équipement technique – progrès capital qui conditionne tous les autres – Monsieur Mandel est décidé à agir vigoureusement pour rattraper le temps perdu. Il n’apporte pas moins d’énergie à réorganiser les émissions. Pour lui, la radio a trois missions : l’information, l’éducation et la récréation. L’organisation de la presse parlée est, de sa part, l’objet d’une attention vigilante. Il n’y tolèrera aucun élément tendancieux. Il faut que les revues de presse de la radio d’Etat soient d’une impartialité et d’une objectivité inattaquables. Monsieur Mandel sera impitoyable pour toutes les fautes commises dans cet ordre d’idées. Dans l’ordre éducatif et récréatif, il entend faire appel à un comité supérieur des émissions complètement réorganisé dans lequel il s’est efforcé de mettre chacun à sa place.(…) Il a séparé nettement la section administrative, composée de personnalités officielles, de la section technique proprement dite, qui comportera 36 spécialistes qualifiés, chargés de mettre en œuvre les ressources intellectuelles et artistiques de notre pays.

Pour bien montrer son désir de rompre avec le paresseux égocentrisme de Monsieur Badin, Monsieur  Mandel  a comblé une lacune incroyable en créant un service d’écoute qui permet, chaque jour, à un certain nombre de chargés de mission de capter les postes étrangers et de rédiger un rapport sur ce qu’ils viennent d’entendre. On n’y avait pas encore pensé ! bref, la lutte contre la routine est engagée et elle est menée par un homme dans la ténacité et la méthode duquel on peut avoir confiance.

Et j’ai quitté le ministère des PTT avec la satisfaction de constater que les doléances de tous les sans-filistes de France et des amis que la France compte à l’étranger étaient, enfin, prises au sérieux. On ne nous berne plus en nous affirmant que nous possédons une radio d’Etat que l’Europe nous envie. On ne nous a pas caché, au contraire, qu’elle avait besoin de soins. Mais nous trouvons à son chevet un médecin énergique, décidé à publier loyalement ses bulletins de santé. Vous venez de lire le premier et j’estime qu’il est de nature à vous rassurer sur le sort de la malade, qui ne tardera pas, espérons-le, à entrer en convalescence. »

 

17/02/2011

UN CIRCUIT HISTORIQUE DES PERSONNALITES DE CHATOU ?

Pierre Trabaud

(1922-2005)

 

(Rue du Val Fleuri)

 

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Une poignée de main, un sourire et la franchise de l’honnête homme. Tel était Pierre Trabaud dans la vie comme à la scène à travers la trentaine de drames ou comédies qu’il tourna. Les Français l’ont bien connu dans le rôle de l’instituteur de « La Guerre des Boutons » (1960) mais sa carrière a déroulé notamment des tranches de vie d’un pt’it gars amoureux (« Rendez-Vous de Juillet » (1946), « Antoine et Antoinette » (1949), « Parti Sans Laisser d’Adresse » (1950 ci-dessus avec Bernard Blier), d’un marginal (« Les Chiffonniers d’Emmaus » 1954), d’un homme de foi (« Le Défroqué » 1954), d’un pilote de guerre (« Normandie Niemen » 1959), celle de Napoléon au théâtre (« Madame-Sans Gêne » 1980). Pierre Trabaud a également donné sa voix à des feuilletons tels que "Les Mystères de l’Ouest", des dessins animés comme « Daffy Duck », « Les Fous du Volant », « Astérix Le Gaulois », « Astérix et Cléopâtre », « Lucky Luke », « La Ballade des Dalton », « Les Dalton en Cavale »...

Dans une époque où les seconds rôles valaient les premiers, il donna la réplique à Pierre Fresnay, Jean Desailly, Louis Seignier, Louis Jouvet, Sydnet Bechet, Bernard Blier, Philippe Noiret, Cécile Aubry, Nicole Courcel, Françoise Arnoul. Passé réalisateur en 1982 avec « le Voleur de Feuilles », Pierre Trabaud nous a quittés le 26 février 2005. Ses pairs ont porté un jugement unanime sur cet acteur qui refusait des propositions : un homme bon et droit, qui a marqué les grandes heures du cinéma français d'après-guerre. Pierre Trabaud obtint deux récompenses en 1954 pour son interprétation magistrale face à Pierre Fresnay dans « Le Défroqué »: « Le Triomphe du Cinéma 1954 » et « L’Ours » de Berlin. Il était né à Chatou rue du Val Fleuri le 7 août 1922.

 

 

LOUIS FERDINAND ZECCA

(1864-1947)

 

(Rue du Capitaine Guynemer)

 

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Louis-Ferdinand Zecca a porté les premières heures du cinéma. Né à Paris le 19 février 1864 dans une famille de techniciens du music-hall, enchaînant les petits métiers, son destin bascula lorsqu’il fut embauché en 1898 dans la première usine phonographique Pathé boulevard de la République à Chatou. Particulièrement attentif et ingénieux, il y déploya une activité dans tous les secteurs de la production. Alors que s’annonçait l’Exposition Universelle de Paris de 1900, Charles Pathé demanda à son frère Emile, dirigeant de la branche phonographique, s’il connaissait quelqu’un susceptible de monter un stand pour l’exposition. Emile lui recommanda Ferdinand Zecca. Celui-ci fut recruté sur le champ par Charles Pathé qui n’eut qu’à s’en féliciter, la société se voyant attribuer plusieurs prix au sortir de l’exposition. Charles Pathé demanda alors à Ferdinand Zecca d’être son collaborateur pour le cinéma : association exceptionnelle puisque de 1900 à 1918, Ferdinand Zecca fut l’auteur, le comédien ou le réalisateur d’une centaine de films muets produits par Pathé, se distinguant notamment par sa mise en scène des trucages. Il fut également l’un des directeurs du Pathé-Journal, premier journal d’actualités cinématographiques créé en 1908 par Charles Pathé, le directeur de Pathé Exchange Incorporation aux Etats-Unis en 1919 puis le directeur artistique de Pathé-Baby au début des années vingt. Il revint un temps à Chatou habiter les 3 bis et 1 bis rue du Capitaine Guynemer où il est recensé en 1928 et 1931. Il mourut à Vincennes le 23 mars 1947. Sa tombe y voisine celle de Charles Pathé, avec qui il bâtit le premier empire mondial du cinéma (1900-1918) avant Hollywood.

 

 

LUCIEN DALSACE

(1893-1980)

 

(Place Maurice Berteaux)

 

 

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Les lumières du cinéma faisaient oublier les années perdues de la Grande Guerre,  brillant dans les têtes de spectateurs avides de distractions nouvelles, et déjà Chatou pouvait s’enorgueillir de compter l’un de ses enfants dans le cœur de millions d’admiratrices. Lucien Dalsace, de son vrai nom Gustave Louis Chalot, avait vu le jour à Chatou le 14 janvier 1893 54 avenue du Chemin de Fer - actuel 40 place Maurice Berteaux - où ses parents demeuraient. Chasseur puis aviateur pendant la Première guerre mondiale, il avait fait ses débuts au Théâtre de Paris au lendemain de l’Armistice et s'était engagé dans l’aventure du cinéma.  Il fit la joie des producteurs du cinéma muet, tournant près de trente films dans des rôles de jeune premier tels que « Ferragus », « L’aviateur masqué », « Belphégor », « L’Occident » et « La Tentation ».

1930 marqua son éclipse avec  l’arrivée du parlant, la mort de son père et la reprise de son affaire de parfumerie boulevard Saint-Michel. Grâce au réalisateur Léon Mathot, Lucien Dalsace revint au grand écran en épousant des rôles successifs dans « Chéri-Bibi » (1937) aux côtés de Pierre Fresnay et Jean-Pierre Aumont, « Le Révolté » (1938) avec Pierre Renoir, Charpin et Aimé Clariond et « Rappel Immédiat » (1938) dans lequel il fut l’un des partenaires d’Eric Von Stroheim. Il termina sa carrière dans « Deuxième Bureau contre la Kommandantur » (1939) de René Jayet et Robert Bibal et « Patrouille Blanche » (1941) de Christian de Chamborant. Redevenu parfumeur à Paris, il s’éteignit le 3 juillet 1980 à L’Haÿ-Les-Roses.

 

 

 

 

 

15/02/2011

CONNAISSEZ-VOUS L'ASSOCIATION DES COMBATTANTS PRISONNIERS DE GUERRE ET COMBATTANTS D'ALGERIE, TUNISIE, MAROC, TOE DE CHATOU

L’association des Anciens Combattants Prisonniers de Guerre de Seine-et-Oise créée en 1945, élargie depuis à tous les conflits sur le théâtre extérieur, conduit une action remarquable grâce au dévouement de Jean-Claude Issenschmitt, Catovien et ancien maire-adjoint .

Dans un cadre purement bénévole où ses proches et quelques membres assurent l’intendance très lourde des manifestations, Jean-Claude Issenschmitt réussit chaque année à mobiliser une centaine d’adhérents et de sympathisants pour sa section de Chatou-Montesson.

C’était le cas dimanche 23 janvier 2011 lorsque l’association fêta la nouvelle année salle Jean Françaix autour de la musique toujours appréciée d’Eric Jouet. Car il faut bien le dire, si vous avez 65 ans ou plus ou que vous êtes simplement sympathisant, cette association vous concerne à un double titre :

 
- l'association se bat pour la reconnaissance des droits des anciens combattants et de leurs familles auprès des pouvoirs publics et intervient concrètement dans la mesure de ses moyens : aides médicales, handicaps, carte du combattant, retraite du combattant, institution depuis le 1er avril 2010 d’une allocation différentielle pour les veuves d’Anciens Combattants, revalorisation de l’ensemble des prestations pour les anciens combattants et leur famille, contre la remise en cause récente par les pouvoirs publics de la carte Améthyste, soutien à l’action sociale de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONAC)

- l'association assure de sa présence nombre de cérémonies patriotiques dont le maintien est essentiel à la transmission de la mémoire des sacrifices consentis par nos pères pour la défense du pays : 8 mai 1945, 11 novembre 1918, 5 décembre 1962 (combattants d’Afrique du Nord), Journée de la Déportation, 8 juin (hommage aux Morts en Indochine), 25 septembre (hommage aux harkis), 3 septembre (hommage à l’Arc de Triomphe des prisonniers de guerre 1939-1945), 16 octobre (pèlerinage à Notre-Dame de Lorette, lieu d’inhumation du soldat inconnu)…

Ce travail considérable est suivi chaque année par la fête de la Galette des Rois salle Jean Françaix où la bonne gestion de l’association la met en situation de garantir un après-midi dansant dans une ambiance festive sans équivalent dans la commune à notre connaissance. On y reconnaît toujours quelques élus qui viennent témoigner ainsi de l’intérêt qu’ils ne manquent pas de porter à l’action de l’association avant mais aussi après les échéances électorales. Cette année, le sénateur Gournac était venu en renfort remercier Jean-Claude et son épouse, comprenant que sans leur intervention, l’association risquait de voir son activité péricliter.

Si comme nous, vous êtes attachés à la mémoire du pays et aux familles souvent sacrifiées par les années de conflit et gênées par la précarité actuelle, n’hésitez pas à franchir le pas d’une adhésion voire d’une participation active. Celle-ci signifie un élan de solidarité et de convivialité au titre d’un devoir de mémoire qui n’est pas usurpé.  

Association des Combattants Prisonniers de Guerre et Combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc, Théâtre d'Opérations Extèrieures de Chatou-Montesson : contacter Monsieur Jean-Claude Issenschmitt 68 boulevard Jean Jaurès 78400 Chatou  Tél : 01 39 52 96 69.

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A droite sur la photo, Jean-Claude Issenchmitt, président de l'association

  

 

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Alain Paillet conversant avec une collègue du conseil municipal

 

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Sur la photo, deuxièmes en partant de la gauche, Alain Hamet et son épouse, qui s'occupent entre autres depuis des décennies de l'Amicale des Résistants et 27 Fusillés de Chatou

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Un mot du sénateur Gournac en faveur de Jean-Claude Issenchmitt qui, avec son épouse, apporte de la convivialité et de la solidarité là où l'on n'en trouve plus

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Le "staff" national de l'association a honoré les membres de sa présence



 

14/02/2011

LE COMTE REAL : LE SOUFRE ET LE SOUFFLE D'UNE EPOQUE

Pierre François Real est un personnage singulier de notre ville,  plus digne d’intérêt que de sympathie. Né à Chatou le 28 mars 1757, fils de l’intendant du ministre Bertin, le dernier seigneur de Chatou (1762-1789), il reçut une solide instruction et fit des études de droit financées par le ministre avant la Révolution. Il devint ainsi commis au Bailliage de Chatou puis acheta en 1783 une charge de procureur au Châtelet. En 1789, il fut choisi comme électeur pour la désignation des députés aux Etats Généraux.

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La gloire de la politique française : dans la nuit du 4 au 5 août 1789, les trois classes réunies aux Etats Généraux noblesse, clergé, tiers état, votent à l'unanimité l'abolition des privilèges, renonçant pour deux d'entre elles à un avantage social et financier.

 

Si sa situation ne pouvait qu’être bouleversée par la Révolution, il ne fit pas partie des notables de la Constituante partisans d’un régime modéré. Orateur de la société des Amis de la Constitution, il suivit Desmoulins et Danton et entra dans l’hydre de la radicalisation, acceptant les fonctions d’accusateur public près le tribunal révolutionnaire en 1792, demandant notamment l'exécution de la princesse de Lamballe. En janvier 1793, Réal occupa les fonctions, avec Hébert,  substitut de Chaumette, de procureur de la commune de Paris. Il prit part à toutes les attaques qui menèrent à la proscription des Girondins le 31 mai 1793 mais s'opposa à ce qu'une pétition soit présentée contre le général de Beauharnais, défendit le maire de Paris Pache qui s’était opposé au pillage, les artistes de l’Opéra considérés comme suspects etc... Soutien de Danton, il fut emprisonné par Robespierre et n’échappa de peu à la guillotine qu’avec la mort de ce dernier, rendant service à d’autres condamnés.

 

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"L'appel des condamnés" - scène ordinaire du régime de la Terreur qui s'abattit sur la France entre le 5 septembre 1793 et le 28 juillet 1794, jour de la mort de Robespierre.



Sous le Directoire, il fut nommé historiographe de la République et épousa une fonction d’avocat devant les tribunaux criminels. Son opportunisme le guida vers Fouché avec qui il demanda à Bonaparte en 1799 de prendre les rênes du pouvoir. L’élite de la France avait été décimée et une vaste corruption avait depuis longtemps gangréné les tenants du régime républicain.

Mais avec l'instauration du Consulat, la France connut sa seconde révolution depuis la proclamation de la Déclaration des Droits de l’Homme et l'abolition des privilèges dix ans plus tôt. Bonaparte créa un Etat et avec lui, le Conseil d’Etat. Il nomma Réal, qu’il considérait comme un homme honnête et capable, conseiller d'Etat à la section législation. C’est à ce poste que celui-ci concourut à la préparation du Code Civil, œuvre dont il dirigea en partie les débats et rendit compte dans des discours concernant les réformes de la puissance paternelle, du dépôt et des séquestres, de l’instauration du divorce et de l’organisation du notariat, discours tous heureusement conservés.

 

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Installation du Conseil d'Etat au Palais du Luxembourg par Bonaparte Premier Consul le 22 décembre 1799.



La seconde carrière de Real au service de Napoléon prit naissance le 1er février 1804 lorsqu’il fut nommé au ministère du Grand Juge, alors chargé de la police générale, comme directeur de la Police de Sûreté Générale mais dans l’ombre du ministre Fouché, avec qui il avait participé au coup d’Etat du 18 Brumaire. Real y mena avec succès l'instruction du procès de Cadoudal, Moreau et Pichegru après l’attentat de la rue Sainte-Nicaise mais fut mis devant le fait accompli dans l'affaire de l'assassinat du Duc d'Enghien (21 mars 1804) qu'il découvrit une fois commis.

 

Après l'établissement de l'Empire le 18 mai 1804, Real, propriétaire du château d'Ennery depuis 1799, fit l'acquisition du château de Boulogne en 1807 qui devint par la suite propriété de la famille Rothschild. Dans ses "Souvenirs", Victorine de Chastenay évoqua une soirée à Boulogne en 1807 : "La soirée était magnifique. Dans le salon on faisait de la musique: Madame Lacuée (fille de Réal) chantait avec sa charmante voix: une de ses jeunes amies chantait quelquefois après elle, Plantade accompagnait. Les fenêtres étaient ouvertes, et dans le jardin, sur une terrasse, Monsieur Réal, braquant un télescope, me faisait voir les satellites de Jupiter, et parcourait le ciel agrandi."


Quelques années auparavant, il avait acheté le presbytère de Chatou et l'avait restauré pour ses parents. Par une délibération du conseil municipal du 21 Frimaire An 14 (1805), la commune avait accueilli "à l'unanimité" sa proposition de rente perpétuelle à Chatou de 500 francs contre l'abandon par la commune à François Réal d'une portion de terrain entre sa propriété et la Seine estimée à la vente à une valeur de 1200 francs. 

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Une image de Chatou dans les années cinquante : les anciens quartiers de l'église, de l'avenue Foch et plus haut de la mairie (rasés en 1966 aprés la construction du pont de Chatou). A l'extrême droite, le presbytère et son escalier à révolution dont Real fut un temps propriétaire.

 

 

Real reçut le 24 avril 1808 le titre de comte d'Empire.

Pendant les Cent Jours, Real fut nommé préfet de police et chargé de mettre en arrestation le duc Decazes, magistrat à la cour royale, qui avait refusé de prêter serment à l'empereur. Real mit dans ses procédés beaucoup de tact et de modération de sorte que lorsque la royauté fut rétablie en 1815, Decazes, à son tour nommé préfet de police et chargé de l'arrêter, eut les mêmes égards avec lui. Decazes ne put cependant éviter l'exil de Real qui partit à Bruxelles, Anvers puis New-York, où il établit une fabrique d'épuration des huiles de poisson. Le 28 mai 1819, Louis XVIII annonça dans le Moniteur que le comte Real pouvait rentrer en France. Napoléon inscrivit quant à lui un legs de 100.000 F sur son testament en faveur de Réal mais celui-ci ne put jamais le percevoir et ne rentra en France qu’en 1827.

En 1830, Real se mit au service du gouvernement provisoire et dissuada le nouveau préfet de police de Paris d’arrêter son prédécesseur pour lui délivrer un passeport sous un faux nom. Pendant le procès des ministres de Charles X à la Chambre des Pairs, Real intervint sur demande de Martignac, leur avocat, ancien président du conseil (1827-1829) de Charles X, pour préciser que le prince de Polignac, accusé d'avoir pris les fameuses Ordonnances, avait été étranger à l'attentat - qu'on lui reprochait aussi - de la rue Sainte-Nicaise contre Bonaparte Premier Consul.

 

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Le vicomte de Martignac, remplacé à la tête du gouvernement par le prince de Polignac en 1829, accepta néanmoins de prendre la défense de ce dernier dans le cadre du procès des ministres de Charles X et fit appel à Real.



Aucune des notices biographiques de Real ne s’achève sans mentionner ses mémoires parus sous le titre « Indiscrétions » dont ses contemporains affirment qu’ils furent épurés aprés négociation financière en raison de la production de documents accablants pour certains dignitaires de la Monarchie de Juillet. On y apprend d'après l'éditeur que Real était chimiste et mécanicien et qu'il laissa "inachevée une machine à vapeur, d'après un nouveau système, sur laquelle beaucoup de savants avaient déjà émis une opinion très favorable." Pierre François Real, né à Chatou sous Louis XV, mourut le 7 mai 1834 à Paris où il est enterré.

En 2003, dans son ouvrage « Mémoire en Images Chatou », l’auteur de ces lignes suggérait de raviver à Chatou la mémoire de Real en raison de son rôle dans l’élaboration du Code Civil, la restauration du presbytère de Chatou, son activité dans la police sous l’Empire et plus généralement du trait d’union qu’il symbolise entre plusieurs régimes dont on a peu gardé trace à Chatou. En janvier 2004, l’année du bicentenaire du Code Civil, Real se vit décerner une allée à Chatou au lieu-dit des Terres Blanches par la municipalité.