05/07/2015
INVENTAIRE DU PATRIMOINE DE CHATOU C'EST PARTI
Dans le cadre de la révision du Plan Local d'Urbanisme, l'association Chatou Notre Ville a été missionnée le 16 juin dernier par la municipalité pour répertorier le patrimoine bâti présentant un intérêt culturel pour la ville (architectural, historique...). Nous comptons sur votre accueil pour nous permettre de réaliser dans la période estivale cet inventaire inédit qui s'étend de l'Ancien Régime aux années cinquante. Des notices seront réalisées avec un descriptif architectural et historique.
Pierre Arrivetz / Jean-Fabrice Laudinet (architecte DPLG)
Le château du fermier général Chapelle à Chatou (vers 1710) - détruit vers 1845 - le marquis d'Argenson (1722-1787), ambassadeur puis Secrétaire d'Etat à la Guerre (1757-1758), en fit également un dessin - bibliothèque de l'Arsenal
Le château du fermier général Chapelle se situait le long de la rue de Saint-Germain (actuelle avenue Foch), en haut à gauche sur cet extrait du cadastre de Chatou de 1820 (couvrait le quartier compris entre l'avenue Sarrail et la rue des Ecoles aujourd'hui). L'actuel hôtel de ville est situé de l'autre côté de la voie en retrait à droite plus bas - cadastre de 1820 - archives départementales des Yvelines
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14/06/2015
SEQUANA VOUS DONNE RENDEZ-VOUS LES 20 ET 21 JUIN 2015
Une "sportswoman" du Cercle Nautique de Chatou - 1933 - collection Chatou Notre Ville Pierre Arrivetz
Week-end Canotiers à Chatou
des samedi 20 juin et dimanche 21 juin 2015
Site Fournaise - gare d'eau
Ces deux journées portes ouvertes seront une occasion de regrouper les membres et les amis de l’association autour des chantiers qui avancent bien. Pour l'occasion, plusieurs bateaux, des yoles, des voiliers et des vapeurs évolueront sur la Seine devant le Hameau Fournaise.
Le samedi 20 juin à 15h00, l'association Sequana procédera au baptême et lancement de sa dernière restauration, un Caneton plan Sergent de 1950.
Ce sera aussi un moment d’échanges avec vous sur l’avenir de Sequana. Votre présence, votre soutien, nous sont précieux. Passez nous voir avec votre famille et vos amis,en canotier et maillot rayé, avec votre panier pique-nique ! (les barbecues seront allumés) On vous attend !
Jean-Jacques GARDAIS, Président et le Bureau de l’association
Les équipiers sont les bienvenus, réserver : contact@sequana.org
Pour plus d'information : www.sequana.org
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27/03/2015
L'ILE DE CHATOU ET BORDS DE SEINE : DES SCANDALES ET DES URGENCES
Notre blog sort de son aspect historique. L'Ile de Chatou et les berges de Seine sont en train d'être les victimes expiatoires d'une dévalorisation orchestrée et entretenue par les édiles de la commune. Cet ensemble ressemble plus à une catastrophe planifiée qu'à un avenir. Les sujets s'additionnent.
Sequana : l'association créée il y a plus de 25 ans est chassée du site Fournaise. Son objet : entretenir et restaurer le patrimoine nautique des bords de Seine. C'est ce qu'ont fait des bénévoles avec assiduité pendant toutes ces années, produisant de nombreuses yoles et canots, soit une activité unique en Ile-de-France au prix d'un savoir-faire sans équivalent dans notre région.
La municipalité à peine réélue il y a un an met fin à la convention des modestes locaux qu'elle occupait au profit d'ateliers de "la filière du bois."
Alors que seul était à regretter un développement plus considérable du patrimoine nautique pour Chatou, la municipalité a donné ordre à l'association de quitter les lieux le 25 avril 2015. Cette décision prise sans information ni concertation tant avec le conseil municipal (qui n'a jamais rien voté sur le sujet) qu'avec les associations est une injure faite à l'histoire du site.
C'est en 1853 qu'Alphonse Fournaise, alors déclaré "constructeur de bateaux", a demandé à installer un hangar à bateaux rue du Port (délibération du conseil municipal du 30 décembre 1853). Cette autorisation lui ayant été refusée, Alphonse Fournaise a acquis un emplacement dans l'Ile quelques années plus tard avec le développement que l'on sait. Puis le Cercle Nautique de Chatou, qui semble-t-il existait déjà tacitement à en croire les mémoires de François Coppée, a été déclaré en 1902 avec le concours de Paul Poiret qui en a dessiné le drapeau. Les monotypes de Chatou ont été filmés dans les actualités cinématographiques des années vingt et ont participé à l'Exposition des Arts Décoratifs de 1925. Le Cercle Nautique de Chatou a continué à exister jusqu'en 1936 après s'être expatrié à Meulan en 1929.
A noter qu'au titre des exploits nautiques, le catovien Jean Sepheriades, conseiller municipal de 1947 à 1953 et habitant de la rue Charles Despeaux, fut le seul français vainqueur des "Diamonds Skulls" à Henley en 1946, dont les compétitions étaient dominées par les équipes anglo-saxonnes.
Sequana a construit, restauré, entretenu, fait naviguer 33 bateaux. Nous faisons partie de ceux qui pensent que l'association devrait prendre son dernier titre de gloire en participant à la construction de bateaux de croisière de la Belle Epoque pour convoyer les touristes sur la Seine dans les charmes du bois, du cuivre et de la vapeur.
En mettant dehors Sequana, ses bénévoles qui méritent nos applaudissements, c'est non seulement l'activité patrimoniale qu'on attaque sans vergogne mais une partie de l'histoire et de l'image de notre ville que l'on réduit à néant. Cela, nous ne pouvons l'accepter.
Soyez nombreux à soutenir notre demande de maintien de l'association Sequana sur les bords de Seine à Chatou : envoyez vos mails à
Les aménagements sans autorisation dans l'Ile sur le terrain AE 19 de 4.500 m² derrière EDF: nous venons d'assister à la transformation en habitation d'un hangar dans une zone inondable interdite à l'habitation par le Plan Local d'Urbanisme et le Plan de Prévention des Inondations. L'association, consciente de l'exemple catastrophique donné pour l'Ile, a saisi le préfet, le procureur et la ville par l'intermédiaire de son conseil cet été mais la justice ne fait rien.
La Ville à sa suite a déposé plainte et refuse de demander la démolition de la rénovation entreprise. Pourquoi ? et pourquoi la Ville, au lieu de laisser ce terrain à un marchand de biens, n'en profite-t-elle pas pour l'acquérir (il est vendu au prix marchand 1.400.000 euros, le prix de la réfection de la place de la gare), pourquoi refuse-t-elle de communiquer le prix des Domaines de ce terrain inconstructible sauf pour l'extension d'activités existantes ? d'une superficie de 4.500 m², celui-ci offrirait un espace conséquent à un club nautique, un chantier naval de la Belle Epoque, une activité de restauration, et contribuerait à mettre un peu plus de vie dans l'Ile dite "des Impressionnistes".
Les expériences de légionellose d'EDF sur son site dans l'Ile pour les circuits de refroidissements : même avec les précautions d'usage de la société, l'une des plus fiables au monde, était-ce indispensable ? Est-ce souhaitable pour Chatou et la santé publique ?
Le Nymphée de Soufflot, monument historique de 1777, symbole de l'art dans les jardins avant la Révolution, construit à la demande du dernier seigneur de Chatou, le ministre Bertin, qui servit Louis XV et Louis XVI, et dont les plans furent dressés par l'un des grands architectes français du XVIIIème siècle , Jacques Germain Soufflot, est en train de partir en miettes au milieu d'une inertie et d'une incapacité qui peut donner honte à notre ville de 31.000 habitants, moins attachée à son patrimoine que le premier village de France. Propriété privée comme naguère la Maison Fournaise, sa ruine est en cours parce que la législation qui le protège n'est pas appliquée. Qui est responsable sinon les élus qui ont décidé de se boucher la vue ?
Voilà beaucoup trop d'aspects du miroir inversé de notre commune, qui se complaît dans l'autosatisfaction dans ses brochures mais dévalorise méthodiquement ce qui fait l'intérêt de notre ville, persuadée qu'elle ne gère que des services pour répondre à une clientèle électorale.
Cette vision réductrice, qui a conduit la municipalité à la destruction de l'usine Pathé-Marconi, usine Art Déco berceau du microsillon, à la dissolution de l'Office du Tourisme, au retrait de la protection sur les villas de Chatou, doit être balayée. Une municipalité n'est pas propriétaire d'une ville pas plus qu'un parti et ses campagnes électorales. Nous vivons en effet en France et nous en sommes fiers. Notre patrimoine doit être conservé, mis en valeur et transmis, fut-ce au prix d'un combat contre des carrières et des institutions basées sur le mépris et la démission à la seule évocation du mot de "patrimoine".
Publié dans # PATRIMOINE MENACE, ACTUALITE DE L'AMENAGEMENT | 23:38 | Commentaires (0) | Lien permanent
21/08/2014
LE CABINET DE TRAVAIL ET LE BUREAU PAR GEORGES REMON
Bureau d'un administrateur - maison DIM, meubles en palissandre, frise de couleur crème, fauteuil en cuir rouge
Le catovien Georges Rémon (1889-1963) est l'homme le plus prolixe de ce blog. Décorateur du début du siècle à la deuxième guerre mondiale, il anima la rubrique des Arts Décoratifs, soit par ses entreprises notamment sur les grands paquebots, soit par ses nombreux articles sur la production et la création dans les arts décoratifs.
Le temps s'y prêtait merveilleusement puisque quelques années après la victoire de 1918, la France s'offrit le prestige de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925, marquant par là-même qu'une victoire militaire dans un pays exsangue pouvait précéder sa formidable renaissance, et même sa révolution, dans les arts.
Nous nous permettons ainsi d'évoquer un article de sa main édité dans la revue "L'Art Vivant" du 1er juin 1925 consacré au cabinet de travail qui nous a paru très évocateur de son époque:
"L’homme d’affaires est un homme pressé. C’est surtout un homme précis. Son cabinet de travail et de réception doit donner une impression d’ordre, de méthode, de netteté.
Il serait trop aisé de décrire tour à tour, afin de les mieux opposer, un bureau d’homme d’affaires du bon vieux temps, comme un Balzac, ou un Dickens se seraient plu à en détailler le troublant fouillis et celui qui convient à un administrateur imbu des sobres pratiques à l’américaine.
Point de dossiers et de liasses en désordre, de paperasse à la traîne, point de ces lamentables cartons verts que nos administrations publiques seront bientôt seules à vouloir tolérer.
Dans une pièce où l’air et la lumière circulent librement, les meubles devront être nets, et les moins heureux ne seront sans doute pas ces classeurs ingénieusement disposés et répartis, en chêne transparent vernis, ou encore ces bureaux admirablement agencés , répondant de façon parfaite à leur destination même, et dont la conception suit, peut-on dire, des données d’une rigueur toute scientifique.
Bibliothèque maison DIM en acajou satiné ciré
Mais parce que les solutions à adopter sont des plus rigoureuses, la recherche en devait déduire et tenter nos décorateurs amis de la simplicité et que n’effraie pas l’apparent paradoxe de communiquer à une idée empreinte d’une sécheresse toute géométrique, par d’adroits et quasi insensibles correctifs, ce charme tout particulier qui s’attache à tout ce qui satisfait pleinement la raison.
Nous signalions naguère le cabinet de l’administrateur des ateliers DIM comme réalisant d’une manière ensemble ingénieuse et confortable le problème de l’installation de bureau moderne.
Meuble secrétaire en ébène macassar verni, filet d'ivoire - maison DIM
En voici maintenant un autre, que nous estimons également très réussi, œuvre de Francis Jourdain. C’est le bureau d’un directeur, réduit à sa plus simple expression et dont l’agrément certain vient, à coup sûr, de quantités de petits détails observés avec une jalouse et méticuleuse attention. Ce sont les bureaux de de forme carrée reposant sur des pieds de boule qui en atténuent la rigidité ; c’est le dessin des sièges, fauteuils et chaises, qui, en dépit de l’inscription murale invitant le visiteur à être bref, n’entendent pas commettre cette impolitesse d’être inconfortables ; c’est encore la présence d’un tapis dont la tonalité discrète réchauffe cependant l’aspect plutôt frigide des parois nues. Et j’aime aussi la forme choisie pour le plafonnier et l’abat-jour de la lampe de bureau. Cet ensemble constitue une heureuse synthèse. Nous en proposerons d’autres exemples dont nous aimons le parti de simplification ordonnée avec goût.
Dans une lettre adressée à la Grande Mademoiselle, Madame de Motteville, contemporaine des Précieuses, écrivait : « je voudrais que dans toutes les petites maisons il y eut des chambres lambrissées de bois tout uni et dont le seul ornement serait la netteté, et que chacun de nous eût un cabinet qui, selon vos ordres, belle Amelinte, fût rempli de livres ».
Ce n’est pas de la bibliothèque féminine que nous voulons parler mais du bureau que les femmes de jour conçoivent comme un meuble élégant, laissant au Grand Siècle le goût de la pédanterie chez les femmes.
Nos décorateurs ne sont plus à chercher des bureaux et de secrétaires, aimables de lignes et de couleurs, qui prendront place dans le petit salon ou le boudoir de Madame, sans toutefois revêtir un caractère frivole.
Tel celui de Marcel Charpentier, prévu pour un coin de boudoir, pièce finement dessinée, laquée noir avec panneaux en aventurine or.
Bureau des ateliers Marcel Charpentier - meubles en loupe d'orme et noyer ciré, fauteuil en cuir
Tel encore le bureau en amaranthe et bois noir, avec marqueterie, de Maurice Dufrene.
Et tel surtout le secrétaire édité par DIM, meuble précieux en ébène macassar verni, avec filets d’ivoire.
Ces meubles attestent que si nos décorateurs savent, s’il le faut, s’astreindre à respecter la rigueur géométrique d’un ensemble, ils n’en ont pas moins, quand il s’agit de décorer de la demeure féminine le souci de montrer tels qu’ils sont, épris d’élégance et de distinction.
Georges Rémon
"L'Art Vivant" - 1er juin 1925
Publié dans # PATRIMOINE MENACE, : GEORGES REMON, CHATOU DANS LES ARTS DECORATIFS, CHATOU ET L'ENTRE-DEUX-GUERRES | 21:43 | Commentaires (0) | Lien permanent
19/01/2014
PROJET DE LOI ALUR : INTERVENTION DE MONSIEUR JACQUES MYARD ET DE L'ASSOCIATION A SA SUITE
Le projet de loi ALUR de Madame DUFLOT, ministre de l'Ecologie et du Développement Durable, prévoit la suppression de la possibilité d'établir des règles de coefficients d'occupation des sols et de superficie minimale constructible dans le Plan Local d'Urbanisme.
Nous informons nos internautes que le débat a vu l'intervention de Monsieur Jacques Myard, député des Yvelines, en coopération avec Monsieur Woerth, député de Chantilly, au secours des villes parcs inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Cette intervention s'est traduite par l'amendement suivant accepté par Madame la Ministre de l'Ecologie :
"Dans les secteurs bâtis des zones urbaines issues d'une opération d'aménagement d'ensemble d'un domaine boisé, antérieure au XXème siècle, et ayant conservé leur caractère remarquable de parc, le plan local d'urbanisme peut comporter des dispositions règlementant la surface de plancher des constructions en fonction de la taille des terrains si la préservation de la qualité des boisements et espaces verts le justifie".
Une telle disposition permettra notamment de maintenir une protection des sites du Vésinet et de Maisons-Laffitte, lesquels comme tout site inscrit, ne sont pas inconstructibles selon la loi.
Notre association remercie chaleureusement Monsieur Myard pour son implication de surcroît efficace dans ce débat touchant le patrimoine français.
En ce qui nous concerne, nous n'avons pu qu'écrire à notre tour à Monsieur Myard qui nous avait informés de cette heureuse initiative afin de lui demander l'amendement suivant visant les cas d'identification du patrimoine local par les communes elles-mêmes en dehors des cas de villes-parcs :
" Monsieur le Député,
Ayant connaissance de votre message et représentant l'association Chatou Notre Ville ayant notamment pour objet la défense du patrimoine de la commune, je tiens à vous remercier particulièrement pour votre proposition d'amendement du projet de loi ALUR laquelle permettra, nous l'espérons, de conserver des éléments majeurs du patrimoine français et franciliens en l'occurrence.
Compte-tenu de l'initiative que vous avez prise, je me permets de solliciter également votre intervention pour proposer l'amendement suivant avant qu'il ne soit trop tard :
"Des règles de coefficients d'occupation des sols et(ou) de superficie minimale constructible pourront être conservées dans les cas suivants :
- dans le périmètre des villes-parcs sites classés ou inscrits à l'Inventaire
- dans le périmètre des zones urbaines du Plan Local d'Urbanisme relevant de l’application de l'article L.123.1 5 du Code de l'Urbanisme 7ème alinéa
- dans le périmètre des terrains occupés par des édifices relevant d'une obligation de conservation dans le règlement du Plan Local d'Urbanisme au titre de l'article L.123.1 5 du Code de l'Urbanisme 7ème alinéa"
Vous remerciant de votre écoute et de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Député-Maire, l'expression de notre reconnaissance et de mes meilleurs voeux pour l'année qui s'ouvre.
Pierre Arrivetz
Association Chatou Notre Ville "
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03/11/2013
QUAND L'ILE ETAIT "DANS LE COLLIMATEUR" COTE CARRIERES-SUR-SEINE
L’Association, qui s’est battue naguère avec succès contre un projet de complexe hôtelier dans l’Ile (1994) et est intervenue plus récemment d’un point de vue juridique contre l’implantation d’une tour sur les bords de Seine de Rueil (2011), ne pouvait que donner connaissance à ses internautes de l’article suivant :
"L’Ile de Chatou est, à son tour, gravement menacée par un projet aussi monstrueux qu’il veut être grandiose : l’édification d’une construction monumentale surmontée d’une tour haute de 200 mètres et flanquée d’un immense cinéma en plein air pour automobilistes, tel qu’il en existe aux Etats-Unis sous l’appellation curieuse de « Drive in Theatre ».
La maquette de cet ambitieux ensemble existe. Elle était exposée – il est vrai – à la mairie de Carrières pour la durée de l’enquête publique préalable à la demande d’autorisation de construire, enquête que, visiblement, on a voulu escamoter, mais dont les conclusions grâce à la vigilance de quelques-uns, n’en devraient pas moins être singulièrement défavorables.
C’est qu’il y a plusieurs raisons essentielles pour s’opposer à ce projet. La première : l’Ile de Chatou reste un havre de calme et de verdure exceptionnellement à l’abri du grand trafic. Elle possède un magnifique rideau de peupliers qui sont inscrits à l’inventaire des sites protégés.
La seconde : l’Ile de Chatou figure au plan d’aménagement de la région parisienne au titre d’espace vert et d’emplacement de terrains de jeu.
Il faut croire néanmoins qu’il existe des possibilités de passer outre ces considérations puisqu’une importante société n’ayant pas pour habitude de s’engager à la légère, a commencé d’y acheter des terrains et a entrepris des frais importants pour la réalisation d’une maquette définitive.
Or, il y a tout juste huit jours, à l’occasion de la journée d’étude de La Ligue Urbaine et Rurale, qui s’est tenue à Paris, Monsieur Robert Sudreau, ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, annonçait deux mesures bien précises, propres à éviter désormais des actes de vandalisme tels que nous en avons souvent dénoncés ici-même, ou des constructions abusives.
L’une de ces mesures, justement, vise plus particulièrement la protection, la conservation et la restitution des bois, forêts et espaces verts.
Implicitement, c’est le rejet pur et simple du projet de Chatou.
Si, sur le plan de l’architecture, le « building » en question est séduisant, l’emplacement choisi pour son édification est mauvais. C’est contre cela que nous nous élevons. Ce gratte-ciel de 200 mètres de haut (les deux tiers de la Tour Eiffel) garantit l’enlaidissement de tout le centre de Carrières-sur-Seine, par son implantation dans l’axe de la mairie, ancienne demeure de Madame de La Vallière, et de son parc magnifique dessiné par Le Nôtre. A ce propos, on ne veut pas croire les bruits selon lesquels les jardins de Le Nôtre doivent subir des transformations afin d’y aménager…une piscine.
« Chacun s’incline devant les impératifs d’une nécessaire modernisation, écrivait hier notre éminent collaborateur et ami André Siegfried, mais n’est-il pas des cas où d’autres considérations doivent avoir le pas, le maintien, par exemple, de sites illustres, de parcs hérités de la tradition, d’espaces verts aussi nécessaires à l’hygiène qu’à la beauté de nos villes ?
D’autre part, a fait remarquer Monsieur Jean-Claude Marnez *, jeune architecte qui mène campagne contre cette nouvelle menace, l’affectation de la construction ne semble pas bien définie. Il est question, en effet, d’un « Centre de Liaison Européen » avec un hôtel, de services administratifs de sociétés privées qui domineront de leurs 200 mètres de haut…
Nous nous rangeons à son avis : il semblerait préférable de placer un tel ensemble prés de la route monumentale qui doit, dans les années à venir, relier le rond-point de la Défense à Maisons-Laffitte, plutôt que dans une des seules régions très proches de Paris qui n’a pas subi la pousse des grandes constructions et dont le charmant paysage reste à peu prés tel que l’ont peint Manet et les Impressionnistes.
Jacques Nosari
Le Figaro - 16 décembre 1958
Note de l’auteur de cette transcription : * la famille Marnez de Carrières-sur-Seine compte plusieurs générations d’architectes qui ont honoré notamment l’architecture en pierre de taille dans la Capitale et continue aujourd’hui l’œuvre de ses aïeux (cabinet R. Marnez de Neuilly-Sur-Seine). Ce détail en amène un autre : à Carrières-sur-Seine également est né l’architecte Alfred Gaultier (1847-1909), auteur des villas Lambert à Chatou, ensemble comprenant château et villas, joyau des architectures néo-gothique et néo-renaissance des années 1880-1890, répertorié à l’Inventaire mais malheureusement non inscrit au titre de la protection des Monuments Historiques ou des sites à conserver.
N.B : Le Figaro au même titre que Le Monde et Le Moniteur avaient également fait l’honneur de la presse en consacrant de pleines pages sur la destruction de l’usine Pathé-Marconi de Chatou en 2001-2002 à la requête de l’association. Ces articles avaient conduit à un reportage au journal de TF1 de 20 heures et à une reconnaissance particulière de la cause défendue par l’association au Salon du Patrimoine au Carrousel du Louvre en 2002, 800 personnes de toutes nationalités s’étant empressées de signer sa pétition durant les 4 jours du Salon.
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27/10/2013
"QUAND L'ART DECO SEDUIT LE MONDE" SAUF CHATOU...
C'est sur l'affichage de ce bas-relief de la façade d'entrée du Théâtre des Folies Bergères réalisé par Maurice Picaud en 1928 que la Cité de l'Architecture et du Patrimoine vient de lancer au Trocadéro la plus grande exposition sur l'architecture Art Déco (1919-1940) et sur l'oeuvre de ses promoteurs français, en France et dans une partie du monde où leur pérennité a été assurée. Alors que l'Art Déco avait séduit et continue de séduire par son mobilier, on doit à cette magnifique exposition d'y étaler quantité de palettes et plans des constructions privées et publiques ayant fait la renommée de ce style resté sans succession.
L'exposition se déroule jusqu'au 17 février 2014, offrant à titre extraordinaire des séances de cinéma sur les films de l'époque dans le cadre d'un cycle "L'Art Déco à l'écran", dont un documentaire qui intéressera les membres de l'association sur un thème largement abordé pour des raisons locales "A bord du Normandie" les samedi 23 novembre 2013 et 18 janvier 2014 à 18h30.
Nous ne pouvons qu'exhorter les Catoviens à se rendre à cette exposition.
Face à une telle reconnaissance, notre association a la responsabilité, puisque c'est son objet social, de constater qu'à Chatou, l'Art Déco était peu présent mais que la municipalité a cru faire oeuvre de modernité en en condamnant méthodiquement ses rares illustrations :
* l'usine Pathé-Marconi, berceau du microsillon en 1951, érigée rue Emile Pathé sur des plans de 1929 du cabinet Wallis, Gilbert et Partners, les plus grands architectes anglais de l'Art Déco, répertoriée à l'Inventaire, détruite en novembre 2004 pour la réalisation d'une Zone d'Aménagement "Concertée" malgré une liste impressionnante d'oppositions dans le monde du cinéma, du patrimoine, de l'entreprise, de l'architecture et même de la politique
Cliché pour l'Inventaire général - J-B Vialles (1985)
Extrait du plan de Wallis, Gilbert et Partners
* l'ancien cinéma de Chatou "l'Olympia", érigé rue du Général Colin en 1925 sur les plans de l'architecte Lucien Desgrivan, condamné par le PLU voté le 9 novembre 2006 lequel autorise la construction d'un immeuble de 16 mètres de hauteur à son emplacement (PLU - zone URB / emprise au sol autorisant la constructibilité sur 100% de la superficie du terrain (art.UR.9 du règlement du PLU) / hauteur autorisée 16 mètres (art.UR.10 du règlement du PLU).
* des villas situées avenue Adrien Moisant, rue Henri Penon et rue de la Faisanderie auxquelles ont été retirées l'obligation de conservation prévue antèrieurement en dépit des dispositions ouvertes à la protection de l'article L.123-1 7 du Code de l'Urbanisme
L'Association Chatou Notre Ville, qui entend sauver et valoriser le patrimoine de Chatou, continuera à se battre pour mettre un point final à ce jeu de massacre ordonné principalement à l'aûne d'une volonté de densification et d'une indigence culturelle imputables aux seuls élus locaux, laquelle n'a invariablement pour résultat que la spéculation au profit de la dévalorisation de Chatou.
31/05/2013
L'ANCIEN CINEMA DE CHATOU (1925) PROMIS A LA DESTRUCTION

En France, l'Art Deco a laissé de nombreuses traces dans le mobilier. Dans l'architecture, les oeuvres sont plus rares, souvent non reconnues comme c'est le cas à Chatou. Elles sont généralement concentrées sur des constructions dans l'industrie ou les équipements publics ou de loisirs.
A ce titre, on citera la salle des ventes rue du Général Colin. Celle-ci fut l'ancien cinéma de Chatou construit en 1925 pour le compte de Messieurs Weiner et Certain, habitants de Croissy et du Vésinet, sur les plans de l’architecte Lucien Desgrivan par l’entreprise A.Tschoffen et Compagnie. D’abord dénommé Magic-Ciné, il fut repris en 1935 et s’appela l’Olympia. Il fut arrêté en 1976 lorsque fut construit le centre Jacques Catinat et depuis est devenu une salle des ventes. Contemporaine de l’exposition des Arts Décoratifs de Paris de 1925, son architecture en fait un témoignage intéressant l’inventaire de notre ville qui mériterait une remise en valeur.
Malheureusement, la règlementation actuelle du Plan Local d'Urbanisme voté le 9 novembre 2006 le condamne à la destruction à la première vente : l'immeuble a été placé dans une zone URB (plan 4-2-2 du PLU) avec une emprise au sol autorisant la constructibilité sur 100% de la superficie du terrain (art.UR.9 du règlement du PLU) pour une hauteur autorisée à 16 mètres (art.UR.10 du règlement du PLU).
Aprés l'usine Pathé-Marconi (1929) démolie en 2004 grâce à une règlementation municipale sur mesure (règlement de ZAC voté en 2003), ce serait donc le deuxième témoignage de bâtiment Art Déco de Chatou qui serait amené à disparaître sur une volonté locale.
L'association Chatou Notre Ville demande depuis 7 ans l'établissement dans le PLU d'un inventaire des bâtiments à protéger en leur affectant une obligation de conservation conformément à la faculté ouverte par l'article L.123-1-5 7°) du Code de l'Urbanisme.
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14/02/2013
LE VESINET, UN COMBAT A MENER
Le Vésinet, c’est avant tout une œuvre unique en Ile-de-France, la quintessence de l’architecture urbaine et paysagère conçue par Alphonse Pallu et le comte de Choulot, dont l’audace est entrée dans la postérité. Et si l’on parle des fondateurs, on peut évoquer ceux qui l’ont aimé jusqu’à leurs derniers jours, Joséphine Baker, Jeanne Lanvin, le philosophe Alain, Luis Mariano, Carette, Alain Decaux et bien d’autres. Le hâvre que représente Le Vésinet, défendu avec passion par plusieurs générations de la famille Jonemann, est pour la première fois menacé par un bouleversement complet au terme d’un projet de Plan de Local d'Urbanisme, les deux crises majeures pour son aménagement datant de l’entre-deux-guerres et du début des années soixante.
Mardi 12 février 2013, l’association participait à cet effet à une réunion à laquelle elle avait été invitée par le collectif SAUVER LE VESINET, réunissant diverses associations dont le Syndicat d’Initiative du Vésinet.
Ce fut l’occasion d’entendre des hommes et des femmes de conviction attachés au cadre du Vésinet tel qu’il est, loin des intrigues qui se trament à l’intérieur et à l’extérieur de la commune depuis des années au gré de combinaisons sans vergogne. Car le constat est là : il y a tout à gagner à faire retirer ce projet. Il y a tout à perdre à se résigner. Le collectif, qui a dépouillé le document présenté de 680 pages, insiste sur un point essentiel et évident : Le Vésinet ne se divise pas. C’est un ensemble dont la collectivité tout entière bénéficie d’un bout à l’autre de l’Ile-de-France. Réduire les jardins, c’est faire disparaître des arbres, c’est entrer dans le cercle infernal des collectifs à tous les carrefours. C’est faire du Vésinet une banlieue.
Il est bien certain que l’action de SAUVER LE VESINET est contraire à toutes les vendettas idéologiques du moment, aux intrigues de partis et aux ambitions spéculatives. C’est précisément ce qui fait sa force aujourd’hui et demain. Les exposés entendus montrent d’ailleurs que contrairement à beaucoup, l’association sait de quoi elle parle. Et à chacun de se poser la question : pourquoi souhaiter la densification d’une ville fondée sur son intérêt paysagé ?
SAUVER LE VESINET est aujourd’hui une association qui a le goût du Vésinet, goût que nous partageons et au nom duquel nous lui avons apporté notre soutien. Le conseil municipal qui a voté le projet est aujourd’hui en phase de dissolution faute de quorum, 11 conseillers municipaux ayant eu la force et le courage de démissionner pour empêcher à l’avenir la réunion du conseil sur la base de ce projet. Nous leur rendons hommage ainsi qu’à tous les bénévoles qui engloutissent leur vie dans ce combat. Conserver un patrimoine tel que celui du Vésinet, ce n’est pas un crime, c’est un devoir.
Pour le conseil d'administration
Pierre Arrivetz
Pour en savoir plus :
http://sauverlevesinet.wordpress.com
Villa au Vésinet par l'architecte catovien Eugène Bardon (1843-1901) dans les années 1870 - Revue La Brique Ordinaire - villa située avenue de la Princesse
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08/11/2011
OPERATION RAMASSAGE DES DECHETS DIMANCHE 6 NOVEMBRE 2011
Monsieur Jean-Louis Boulègue, conseiller municipal, a pris l’initiative avec le soutien de la Ville de s’adresser aux élus et conseils de quartier pour organiser dimanche 6 novembre 2011 une matinée bénévole de ramassage des déchets sur les bords de Seine. Rappelons que ceux-ci longent Chatou sur plusieurs kilomètres. Environ cinquante bénévoles se sont retrouvés parmi lesquels des administrateurs de Chatou Notre Ville (notre photo ci-dessous), Catherine Bastien (secrétaire), François Nicol (trésorier), Lars Nordin, Jean-Claude Roekens (ancien trésorier et fondateur) et Pierre Arrivetz. Le parcours sélectionné par notre équipe a été le pont du RER vers Carrières-sur-Seine. Arrivés à la rue du Port, c'est-à-dire au tiers du parcours, les sacs étaient pleins, nous n’en n’avions plus et les trois heures programmées s’étaient écoulées depuis le rendez-vous à neuf heures du matin. Car il ne faut plus s’en cacher : les bords de Seine et l’Ile sont devenus la déchetterie dans la ville.
Nous avons donc fait les propositions suivantes auprès de la municipalité :
- mettre en place d'autres points poubelles,
- écrire à toutes les associations (pêcheurs, randonneurs, scouts...) sur ce que nous constatons en insistant sur le patrimoine non seulement historique (bien qu'il n'ait plus la configuration d'origine), mais sur la destruction du patrimoine végétal, de l'écosystème par une pollution galopante due à une incivilité maladive de consommateurs pavloviens en demandant de communiquer auprès de leurs adhérents
- faire financer par le festival INOX un forfait de nettoyage (on a le sentiment d'une récente dégradation festive)
- mettre des rappels civiques : "les berges de Seine sont le patrimoine de tous. En refusant de jeter vos déchets dans les poubelles, vous le condamnez".
- mettre des points photos et rappels historiques : les berges "ancienne manière", la peinture des Fauves, les récits sur ou de Maupassant, les croisières du "Touriste", le Cercle Nautique de Chatou… Nous devons "décrocher" toute cette histoire de la seule île de Chatou et la ramener sous les yeux des nombreux promeneurs du circuit Croissy-Carrières. Par ailleurs, le remplacement des rambardes d'autoroute d'époque "Jacques Borel" ne nuirait pas à l'embellissement des lieux et s'il y avait un dragage du fond de la Seine, nous serions sans doute surpris du résultat.
Les berges de Seine ne faisant pas partie du domaine communal, des actions de sensibilisation sont indispensables pour empêcher leur dégradation.
Une image des bords de Seine du pont de chemin de fer vers Carrières-sur-Seine en 1900 : les berges sont à hauteur de l'eau, les attelages s'ébranlent dans la poussière du chemin de halage pour emmener les villégiateurs.
Nous saluons la très belle initiative de Monsieur Boulègue, harassante mais bienvenue, peu coûteuse mais rétablissant l’esprit collectif, ainsi que la présence du maire et d’une poignée d’élus qui ont participé à cette matinée très productive. L’adhésion était là et tout en espérant les premières mesures, on peut s'attendre à un élargissement de cette journée l’an prochain.
Une armée en campagne :
les administrateurs de Chatou Notre Ville
photo - Ville de Chatou
"(...) D’autres fois, nous partions, pour faire en explorateurs une balade à pied de vingt à trente kilomètres. Nous remontions la Seine jusqu’à Saint-Ouen en suivant la berge. Notre enthousiasme n’avait d’égal que notre endurance et notre bonne humeur. Cinq francs dans la poche : nous n’en demandions pas plus ! nous déjeunions au hasard d’un morceau de boudin ou de petit salé ; tout nous était bon et la vie nous paraissait belle. La fille qui nous servait, les masures dans le soleil, les remorqueurs qui passaient, traînant une file de péniches : la couleur de tout cela nous enchantait… c’était Chatou !"
Maurice de Vlaminck (1876-1958)
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