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22/02/2009

STATISTIQUES

Mis en place en mai 2007, le blog de l'association a compté en 2008 pas moins de 12.500 visiteurs uniques. Merci à tous ceux qui le font vivre et s'intéressent au patrimoine et à l'histoire de Chatou.

17/02/2009

ON TOURNAIT A CHATOU

 

  

« Les Conquérants Solitaires »,

drame de 1950 de Claude Vermorel

 

Une jeune fille, Thérèse Berthod, se rend en Afrique pour prendre possession de la forêt que lui a laissée son père. Elle déchante vite devant la réalité, d'autant plus qu'elle se heurte à l'animosité de son voisin, Pascal Géraud, le chercheur d'or. Elle tente vainement de lui vendre sa forêt et se met alors à l'exploiter. Mais Pascal construit un barrage pour l'empêcher de faire passer ses trains d'arbres. Elle décide alors de construire une route, mais là aussi se heurte à Pascal. Cependant, elle finit par comprendre que le jeune homme aime sincèrement les Noirs et craint de voir en elle un produit de la civilisation des Blancs. Lorsqu'il comprend qu'elle-même éprouve une tendresse étrange pour les indigènes, il change d'avis et veut l'épouser. Mais Thérèse ne peut pas supporter l'épreuve de l'union des sangs. Ecoeurée par ces rites sauvages, elle s'enfuit. Lorsqu'elle sort de l'hôpital, c'est pour apprendre que Pascal a construit sa route. Elle le retrouve mourant et lui promet de poursuivre son action, tandis que lui-même promet de la protéger, après sa mort.

 

Source : Les Cahiers du Cinéma – Cinémathèque Française

 

 

 

 

Extrait du journal Cinémonde - 14 août 1950 - remerciements à José Sourillan, ancien directeur des archives de RTL :

 

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"Claude Vermorel a tourné cette semaine, dans l'île de Chatou, quelques raccords des "conquérants solitaires", film qu'il a réalisé au Gabon. Pourquoi ? parce que le metteur en scène n'avait plus de pellicule quand il a dirigé ses acteurs , Claire Mafféi et Alain Cuny. Et il a bien fallu trouver un cadre à peu prés africain pour filmer les scènes manquantes. Finalement, après prospection aux environs de la capitale, Chatou fut choisi, et la cabane en bambou, dans ce décor naturel véridique, a pleinement satisfait le réalisateur. Au Gabon, l'équipe de ce film a fait la connaissance du docteur Schweitzer, et Vermorel a l'intention de donner la première du film au bénéfice de l'hôpital que le savant dirige. A Paris, quinze petits noirs ont été engagés pour donner la réplique à Claire Mafféi, héroïne de ce film dédié aux pionniers de la pacification."

 

25/09/2008

DIMANCHE 21 SEPTEMBRE 2008 : CONFERENCE HOMMAGE A PIERRE TRABAUD

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A l'extrême-droite sur la photo, Pierre Trabaud recevant une récompense au festival du film de Berlin en 1955, un "Ours d'Or". Il n'est pas nécessaire d'énumérer les artistes qui l'entourent - Cliché collection Nicole Trabaud, tous droits réservés

 

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Pierre Trabaud et Bernard Blier dans "Sans laisser d'adresse" (1950) de Jean-Paul Le Chanois, une comédie dramatique qui fait revivre le Paris des années cinquante dans une ambiance de solidarité humaine. Danièle Delorme y épouse le rôle-titre. Le film obtint "l'Ours d'Or" à  Berlin en 1951.

 

 

Le dimanche 21 septembre 2008 salle Jean Françaix, les Catoviens ont découvert pour les Journées du Patrimoine l'acteur Pierre Trabaud né à Chatou le 7 avril 1922 rue du Val Fleuri à travers une conférence de José Sourillan, ancien directeur des archives de RTL, auteur de documentaires pour la télévision et de Philippe d'Hugues, journaliste, historien du cinéma auteur de l'ouvrage "Le cinéma français sous l'Occupation". Assistèrent à la conférence pour lui rendre un hommage émouvant un plateau exceptionnel d'artistes emmenés par Nicole Trabaud : Françoise Arnoul ("French Cancan" avec Jean Gabin), Paule Emmanuel (doublure des films de Walt Disney), Philippe Mareuil (acteur de films policiers), Roger Carel et Popeck.

 

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 L'hommage de Popeck

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Roger Carel conte l'histoire de son chien "Astérix" qui fut également celui de  Pierre Trabaud
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Philippe Mareuil s'adresse à la salle (ci-dessous, le portrait de l'acteur qui tourna une cinquantaine de films des années 50 à 70).
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A gauche, Paule Emmanuel, qui doubla notamment les voix de Moneypenny dans les James Bond de 1962 à 1985 et des films de Walt Disney ("La Belle et le Clochard", "Alice au Pays des Merveilles", "La Belle au Bois Dormant"). Pierre Trabaud était la voix de Daffy Duck, Joe Dalton, Astérix et Popeye.

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José Sourillan, ancien directeur des archives de RTL, orfèvre de cette conférence, et Nicole Trabaud, dont la documentation et les relations ont permis à Chatou d'honorer la mémoire du comédien.

 

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José Sourillan à la table du conférencier, on aperçoit au premier plan à droite l'ordinateur portable de Patrick Muller, jeune Catovien de très grand talent qui a mené par dizaines d'heures toute l'opération de mise en forme de la projection sur un programme informatique et qui était là pour assurer la projection en symbiose avec les conférenciers (ci-dessous).

 

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Philippe d'Hugues, journaliste, critique et historien du cinéma (auteur du livre "Le cinéma français sous l'Occupation"), évoque le film réalisé par Pierre Trabaud, "le voleur de feuilles", dans lequel il retrouve une inspiration proche de Chaplin et de Tati

 

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Françoise Arnoul, actrice mythique du cinéma français des années 50-60 ("French Cancan" avec Jean Gabin...) dont le charme et la voix sont restés intacts.
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Les comédiens qui eurent Pierre Trabaud pour professeur vinrent témoigner de sa gentillesse et de sa droiture
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Parmi une assistance attentive et passionnée, on reconnaît au second rang Claude Ghezi, président du Club de la Boucle qui, comme Jean-Claude Issenschmitt, président du Souvenir Français Chatou-Montesson, s'était déplacé. L'association remercie Monsieur Fournier, Maire de Chatou, grâce à qui la salle fut prêtée à l'association pour la conférence.  
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De superbes affiches décoraient le mur de la mezzanine où fut disposé un excellent buffet de la maison Prager 96 route de Maisons à Chatou
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 Ci-dessous, Pierre Trabaud au théâtre dans "Madame Sans-Gêne" dans le rôle de Napoléon (1971)

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L'association a interdit tout financement public dans ses statuts. Seuls vos dons et vos cotisations peuvent lui permettre de remplir sa mission.

  

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Locomotive SNCF 241 P compound fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, emblème de l'association

  

20/07/2008

"ONZE JOURS DE SIEGE" DE JULES VERNE ET CHARLES WALLUT

SITE VERNE.jpg(Disparition de Robert Maudray) 

Acte 3

Scène I

Léonie : Eh bien, quelles nouvelles ?

Maxime : Aucune !

Léonie : Aucune !

Maxime : Rien. Je viens de la préfecture de police, on m’a demandé mille renseignements. J’ai raconté tout ce que je savais ; que notre ami Robert était un peu fantasque ; qu’après une scène vive, il s’était retiré chez lui ; que le soir même, sa femme avait trouvé sa porte fermée ; que le lendemain, ne le voyant pas paraître, on s’était décidé à enfoncer la porte ; que la chambre était vide, notre ami étant sorti par son escalier dérobé, et que depuis, on ne l’a plus revu chez lui, ni au Cercle, ni à la Bourse…, et enfin, que sa femme était dans une mortelle inquiétude.

Léonie : Je crois bien !

Maxime : Tout cela était écrit au vol par un monsieur barbu qui m’a congédié avec ces mots : « c’est bien monsieur, on le trouvera.. » Et je suis venu en toute hâte vous rendre compte de ma démarche, tandis que Roquefeuille courait à Chatou, voir s’il n’est pas à sa maison de campagne.

Léonie : Quel événement ! cette disparition ! cette fuite !

(…)

Scène II

Roquefeuille, entrant précipitamment : eh bien, l’avez-vous ?…l’a-t-il dit ?…l’a-t-on ?

Léonie : Rien. Et vous ?

Maxime : Mais, à Chatou ?

Roquefeuille : J’en viens ! rien ! rien !

Léonie : C’est effrayant !

Roquefeuille : C’est sinistre (...) "

 

In « Onze jours de siège », comédie en trois actes et prose de Jules Verne (1828-1905) et Charles Wallut, créée à Paris au Théâtre du Vaudeville le 1er juin 1861.      

 

14/07/2008

"LOUISE BERNARD" D'ALEXANDRE DUMAS

SITE DUMAS.jpgL'intrigue amoureuse et policière se joue du temps de Louis XV. Une jeune femme est promise à un noble gentilhomme, Henri de Verneuil mais Louis XV organise un mariage forcé avec le marquis de Lancy dont il organise l'éloignement. Henri de Verneuil veut éviter que le roi ne fasse de sa bienaimée sa maîtresse. Il se terre et est recherché.  Le frère de la jeune femme, Antoine Bernard, compagnon menuisier, revient au pays avec les papiers attestant que cette femme n'est autre que sa soeur et non la dame de haute naissance qu'elle prétend être. Antoine sauvera les deux amants et finit par obtenir leur salut en parlant à Louis XV.

 Antoine

Oui…Eh bien, il a ouvert cette porte, et, d’une voix très altérée, il m’a dit : « Mon ami, le chemin de Chatou ? – le chemin de Chatou ? que je lui ai répondu. Il n’y a pas à se tromper : prenez la haie du Saut-du-Cerf, et toujours tout droit. »

Alors, il a pris la haie du Saut-du-Cerf, et comme il y a dix minutes de cela, s’il court toujours, il doit être loin maintenant.

L’exempt

Mon cher ami, je suis fâché de te démentir.

Antoine

Comment ?

L’exempt

Mais il n’y a pas un mot de vrai dans tout ce que tu as dit là.

Antoine

Moi, j’ai menti ?

L’exempt

Tu as vu l’homme, oui ; il était enveloppé d’un manteau, oui ; il avait un uniforme sous ce manteau, oui encore. Mais cet homme n’a pas pris la route de Chatou, vu que j’étais sur cette route.

Antoine

Dame, la route de Chatou ou une autre ; je sais qu’il m’a demandé celle-là, que je la lui ai indiquée, voilà tout ; mais je ne peux pas répondre qu’il avait précisément affaire à Chatou.

L’exempt

Non, mais moi, je répondrai que cet homme est ici.

Antoine

Eh bien, vous vous trompez joliment, par exemple !

L’exempt

C’est ce que nous allons voir.  (A un soldat). Visitez de ce côté. (…)

In Louise Bernard, drame en prose et 5 actes d'Alexandre Dumas (1802-1870) créé au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 18 novembre 1843

 

   

12/07/2008

LES "FAUVES" A CHATOU

 

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Couverture du catalogue de l'exposition"Chatou" (Galerie Bing - mars 1947) par Maurice de Vlaminck. Celui-ci habita Chatou de 1893 à 1905, notamment 87 rue de Saint-Germain (avenue Foch depuis 1931)

 

"Au mois de juillet 1900, étant en permission  de quinze jours (ma libération devait avoir lieu en septembre), j’avais pris à Chatou le train pour Paris. Dans le compartiment où j’étais monté, assis en face de moi se trouvait André Derain. Bien qu’habitant depuis toujours le même pays, nous ne nous étions jamais adressé la parole.

Nous nous connaissions seulement de vue, pour nous être souvent croisés dans les rues du village. Derain avait assisté à des courses de vélo auxquelles je participais. Maintes fois, il avait pu me rencontrer, mon violon sous le bras ou trimbalant des toiles et ma boîte à couleurs.

A cette époque, Derain avait à peine vingt ans. C’était un grand type efflanqué, aux longues jambes. Il était habituellement vêtu d’un manteau à pèlerine et coiffé d’un chapeau  mou. Il avait vaguement l’air d’un escholier de la Basoche du temps de Louis XV : quelque chose comme un François Villon amélioré…

Je ne sais quelle rage intempestive me le fit attaquer : -         « ça va bientôt être votre tour de chausser des godillots ! » -         « pas avant l’année prochaine, me répondit-il, un peu interloqué. » Le même  soir, nous nous retrouvions sur le quai et nous reprenions notre entretien. Le résultat de cette rencontre fut qu’on se promit de travailler ensemble.

De notre historique atelier, des fenêtres d’où l’on apercevait le village de Chatou, le bateau-lavoir amarré à la berge, le clocher, l’église, les chevaux que les charretiers menaient à l’abreuvoir, les voitures des maraîchers qui passaient le pont, pour aller charger les carottes de Montesson et les navets de Croissy, il ne reste, à l’heure où j’écris ces lignes, qu’un dérisoire rez-de-chaussée. Avant que la bâtisse ne s’écroulât définitivement, on la fit battre et on n’en laissa, avec les sous-sols, que quelques murs sur lesquels on posa un toit.

Pour nous, c’est toujours le lieu où fut fondée « l’école de Chatou », premiers germes, premiers essais du mouvement qui devait prendre le nom de Fauvisme. Le Fauvisme n’était pas une invention, une attitude. Mais une façon d’être, d’agir, de penser, de respirer. Très souvent, quand Derain venait en permission, nous partions de bon matin, à la recherche du motif. Notre habituel terrain de chasse, c’était les côteaux de Carrières-Saint-Denis qui étaient encore couverts de vignes et d’où l’on apercevait toute la vallée de la Seine. A notre approche, les grives, les alouettes, s’envolaient dans le ciel clair.

D’autres fois, nous partions, pour faire en explorateurs une balade à pied de vingt à trente kilomètres. Nous remontions la Seine jusqu’à Saint-Ouen en suivant la berge. Notre enthousiasme n’avait d’égal que notre endurance et notre bonne humeur. Cinq francs dans la poche : nous n’en demandions pas plus ! nous déjeunions au hasard d’un morceau de boudin ou de petit salé ; tout nous était bon et la vie nous paraissait belle. La fille qui nous servait, les masures dans le soleil, les remorqueurs qui passaient, traînant une file de péniches : la couleur de tout cela nous enchantait… c’était Chatou !"

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Maurice de Vlaminck (1876-1958)

 

"Chatou ! mais j’y suis né !

J’ai débuté avec le père Jacomin, dont les fils étaient mes camarades de classe, avant 89. ce père Jacomin était un ancien ami de Cézanne, mais il détestait sa peinture. Je n’ai probablement pas profité de ses leçons. Comme beaucoup d’artistes, le père Jacomin habitait Chatou qui était alors une sorte de « Barbizon », aux portes de Paris. Il m’emmenait faire du paysage avec ses fils, mais il nous appelait, Vlaminck et moi, les « Intransigeants ». C’est ainsi qu’on nommait, vers 1860, les méchants, les révolutionnaires. Mais même le courroux esthétique change d’expression ; Pierre Wolf avait lancé « les Barbouilleurs » pour flétrir l’impressionnisme. Les journalistes n’ont eu aucun effort d’imagination à fournir, ils nous ont appelé les barbouilleurs. Comme si Dieu le Père avait orchestré leur indignation, les professionnels du critère, pendant 20 ans de campagne contre l’Art, avaient trouvé le même qualificatif pour Cézanne, Manet, Van Gogh, Lautrec, Gauguin, Henri Rousseau. Picasso, un peu plus tard, devait bénéficier de la même distinction :  barbouilleur ! ça vous classait ! Les deux barbouilleurs se promenaient comme des amoureux, ils avaient un amour commun : la peinture. Que de fois ai-je accompagné Vlaminck jusque devant sa porte, il revenait jusque chez moi, je le raccompagnais encore, lui aussi, et ainsi de suite jusqu’au matin. Quelques heures après, nous repartions avec la boîte à couleurs et le chevalet de campagne. Toujours grisés de couleur, et de soleil qui fait vivre la couleur !

Vlaminck et moi avons ensuite eu un atelier commun, à côté de chez Fournaise, que les Impressionnistes avaient rendu célèbre. Renoir y a peint « La Grenouillère » et « Les Canotiers », je pense que « Les Demoiselles » de Courbet y ont été peintes en 1855. J’y ai encore vu Degas, en barque, sur la Seine, vêtu d’une épaisse fourrure, en plein mois d’août. Plus tard, les « Intransigeants » sont devenus les « Indépendants ». On nous a appelés les « Fauves » parce que ça « gueulait », mais Chatou, c’était bien notre Jungle."

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André Derain (1880-1954) 

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Derain, autoportrait en 1900. Né le 10 juin 1880 à Chatou, il vécut 13 avenue de Saint-Germain jusqu'en 1900 puis 7 place de l'hôtel de ville et quitta Chatou en 1907.
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Un coin de Chatou par André Derain, 1900

 

In Catalogue de la Galerie Bing,174 rue du Faubourg Saint-Honoré, mars 1947, exposition « Chatou » 

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Une image du vieux Chatou disparu avec la Rénovation-destruction de 1966. La rue de la Paroisse et à gauche à l'angle en 1900, la maison Jarry, marchand de couleurs des peintres de Chatou où venaient s'approvisionner Derain et Vlaminck.

10/07/2008

GEORGES MANDEL DANS LA PRESSE

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Né à Chatou le 5 juin 1885, Georges Mandel devint ministre en 1934, aprés 15 ans de combats à la Chambre et de fidélité à la politique du Tigre. Son arrivée aux PTT fut saluée par la presse, qui dénonçait "l'état piteux de la radiodiffusion". Le journal "Voilà", "l'hebdomadaire du reportage", lui consacra l'une de ses pages dans son numéro du 1er décembre 1934. L'hebdomadaire ne put s'empêcher de noter la fidélité du ministre au col rigide et pardessus droit d'avant-guerre lorsqu'il était aux côtés de Clemenceau.Georges Mandel ne cédait ni aux modes politiques ni aux modes vestimentaires...
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28/06/2008

L'ATTAQUE DES TUILERIES LE 10 AOUT 1792

L’attaque des Tuileries le 10 août 1792 en représailles au manifeste du duc de Brunswick fut dirigée par le citoyen Tuncq (1746-1800), capitaine de la Garde Nationale de Chatou.

Pour promotion, Tuncq fut envoyé en 1793 en Vendée où il remporta les batailles de Luçon en juillet et en août contre l’armée royaliste d’Elbée et Charrette. C’est ce qui ressort d’une lettre de recommandation signée du conventionnel représentant la Seine-et-Oise, Laurent Le Cointre, révolutionnaire sans limite connu pour avoir fait sa carrière politique sur les dénonciations et voté la mort de Louis XVI. Cette lettre est en vente sur le site abebooks. « Je ne vous entretiendrai pas, citoyen, des services essentiels que le citoyen Tuncq a déjà rendu à sa patrie, il sont connus : c'est lui qui le 10 août a commandé la Garde Nationale dans les Tuileries (.). ». Réfugié au sein de l’assemblée nationale, le roi  signa sur demande des conventionnels un ordre de cessation du feu auprès des 800 gardes suisses. Ceux-ci furent massacrés par les gardes nationaux et les volontaires en armes. La République fut proclamée le 21 septembre suivant.

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22/06/2008

« SOUVENIRS SUR GUY DE MAUPASSANT » PAR FRANCOIS, SON VALET DE CHAMBRE

SITE MAUPASSANT PORTRAIT.jpg"Monsieur me dit qu'on lui a indiqué à Chatou un appartement très gai, entre les deux bras de la Seine, près du Pont : « Nous irons là, me dit-il, passer six semaines avant de partir pour Étretat. Je serai, j'espère, moins pourchassé par le monde qu'ici ; et puis, je pourrai canoter un peu et me détendre les membres. »

Trois jours après, nous arrivons dans cet appartement. Derrière le salon, dans une sorte de tour, se trouve une petite pièce qui peut servir de bureau. Mon maître me dit : « C'est dans cette pièce, qui domine le bras vif du fleuve, que je pense travailler. Demain j'irai à Paris et je rapporterai ce qu'il faut pour décorer un peu ces murs trop nus et leur donner de la gaieté, vous verrez !... »le lendemain, il revient avec des caisses, et le surlendemain il se met à clouer sur les murs anguleux de cette petite pièce des Chinois, des japonais avec des parasols, des femmes hottentotes qui dansent en se tenant par les mains et se font des grimaces.

Il y avait aussi des poissons à têtes étranges avec des yeux d'argent et des moustaches aux fils tout brillants d'or. Il essayait de les appliquer au mur tantôt la tête en l'air, tantôt la queue dressée, tantôt horizontalement, pour bien se rendre compte du meilleur effet. Puis il condamne une fenêtre, dont on ferma les persiennes et les grands rideaux, une seule fenêtre étant très suffisante pour avoir du jour. On baissa même le store de cette dernière, pour atténuer le grand jour et le reflet brillant de ce bras de fleuve, où se mirait, déjà ardent, le soleil de mai. La matinée était assez avancée ; je demandai à mon maître si je pouvais aller préparer le déjeuner.
Ce nouvel aménagement nous prit plusieurs jours encore.

Quand tout fut bien en place, Monsieur s'assit devant sa table, comme pour travailler ; mais comme le jour venait de côté, il ne put le supporter et se décida à rapporter sur la table du salon tous les objets dont il se servait pour travailler.

Un matin, comme j'entrais dans le salon, je le trouvais à sa fenêtre.
« Voyez, me dit-il, cette berge de l'autre côté, quand l'eau est si basse, comme elle est triste ! Avec cette boue, cela ressemble à une mare à grenouilles sans herbes ; puis ces maisons d'un blanc sale sont vraiment laides. Il est vrai que ce sont des habitations de pêcheurs. Dites-moi, à propos, je voudrais que vous vous entendiez avec un de ces pêcheurs pour qu'il me procure cent cinquante grenouilles vivantes. Je les paye dix francs... »

Ce ne fut pas long ; le lendemain, dans la matinée, le pêcheur apportait les grenouilles, seulement il n'y en avait que cent dix. Quand l'homme fut parti, Monsieur m'appela : « Aussitôt après le déjeuner, vous partirez pour Paris ; vous irez acheter un panier convenable pour y loger ces bêtes, et vous les porterez à Mme O... Vous ferez tout votre possible pour qu'elle ouvre le panier elle-même. Je voudrais que les grenouilles lui sautent à la figure et se dispersent partout dans son salon. »
 

En arrivant à Paris, je change mes sauteuses de panier. Ce ne fut pas très facile, la peur sans doute doublait leur agilité. Enfin, le transbordement fait, je prends un fiacre et je me rends à la demeure de la dame. C'est un magnifique palais donnant sur une des grandes avenues de Paris, où un jour, l'auteur de la Comédie humaine reposera sur un piédestal, comme me l'a prédit mon Maître.

J'arrive dans l'antichambre. Dans la pièce à côté j'entends qu'on parle dans un acoustique, puis un valet tout chamarré me prie de le suivre. Nous prenons un escalier monumental tout en marbre d'Italie, de couleurs variées, bien assorties, de ton très doux. Arrivé en haut de cette merveille, on me fit entrer dans un salon où mes pieds s'enfonçaient dans le tapis moelleux. Partout ce n'était que glaces et miroirs dans lesquels les arbres du jardin venaient se refléter. J'aurais pu me croire dans quelque palais de féerie. J'avais toujours à la main mon panier de petite fille qui va à l'école, quand j'aperçus devant moi Mme O... que je n'avais ni entendue ni vue venir.
« Bonjour François, me dit-elle.
    - Bonjour, Madame. »
 Je présentai mon panier, mais elle ne le prit pas.
    « Que m'apportez-vous là, François ?
    - Je ne sais, Madame, c'est mon maître qui m'a remis ce panier en me recommandant de ne le remettre qu'à vous-même ; c'est vous seule qui pouvez prendre connaissance de son contenu. »

Alors Mme O... Jeta deux « ah ! ah ! » qui sonnèrent très fort dans le salon, rit très haut et sur un ton qu'elle voulait rendre sévère, me dit : « François, vous allez, je vous prie, me dire ce que contient ce panier. » J'essaye encore de défendre la partie, objectant que j'avais des ordres formels de mon maître, et qu'il n'y avait que Madame qui devait connaître le secret du panier.

Mais je ne puis en dire davantage. D'un geste, elle m'arrête : « François, j'attends votre réponse ! » Ceci fut dit doucement, mais avec une autorité telle et d'un ton si imposant que cela me fit l'effet d'un ordre absolu. Alors, tout bredouillant, j'avouai ce que contenait l'envoi. « Eh bien, me demanda-t-elle, que peut-on faire de ces pauvres petites bêtes ? - Je ne sais trop, lui répondis-je. - Enfin, tout de même, reprit-elle, elles doivent bien servir à quelque chose. »

Alors je lui dis : « Oui, madame, chez certains restaurateurs on sert les cuisses, préparées à la poulette, et c'est très délicat. - Ah ! bien, bien, voilà ! les cuisses à la poulette... sont un mets très fin... oui, oui... Les cuisses sont la partie intéressante... » Et elle partit d'un grand éclat de rire.

« C'est bien, dit-elle, remerciez M. de Maupassant, et en descendant, dites, je vous prie, François, au valet de pied, qui est de service en bas, de faire atteler tout de suite, je vais porter ces pauvres petites bêtes au lac du Bois de Boulogne, car elles doivent avoir grand'soif. »

De retour à la maison, je racontai ma défaite à mon maître ; il voulut en connaître tous les détails, et rit de bon cœur : « J'étais sûr du dénouement ; je savais qu'elle n'aurait qu'une pensée, leur sauver la vie ! » (...)"

"Un jour, après son déjeuner M. de Maupassant me dit : « Je vais faire un tour dans l'île ; si on vient me demander, vous répondrez que je suis à Paris.
Vers 3 heures, arrive M. L... : « Le patron est-il là ?... Je lui réponds : « Non, Monsieur est allé se promener dans l'île. - Eh bien, voici ce dont il s'agit ; j'arrive de Paris et j'ai fait le voyage avec Mme N... qui ne me connaît pas. Cette dame est dans un état de surexcitation extraordinaire ; à plusieurs reprises elle a sorti un revolver de sa poche et toute sa colère s'adresse à M. de Maupassant. Il n'y a aucun doute à avoir sur ses intentions ; je vais aller à la recherche du patron et le prévenir. Quant à vous, vous n'avez qu'à attendre cette dame et faites tout votre possible pour l'engager à retourner à Paris...

Un quart d'heure ne s'était pas écoulé que la personne arrivait et, d'un ton très posé, me demandait « François, M. de Maupassant est-il là ? - Non, madame, mon maître est à Paris. - Non, non, reprit-elle sur un ton élevé, je voulais le... »
Puis, subitement elle s'arrête, pâlit ; elle s'effondre dans le vide, je n'ai que le temps de la saisir dans mes bras pour lui éviter une chute, où elle aurait pu se blesser sérieusement. Je la porte sur une chaise longue en osier qui était dans le fond de la salle à manger. Une fois bien étendue, je lui frictionne fortement les mains, je lui applique des compresses de vinaigre sur les tempes ; rien n'y faisait. J'ai alors recours aux flacons de sels, j'en fourre un sous chaque narine par intermittence. Elle ne revenait toujours pas à elle, elle semblait ni plus respirer ; sa pâleur était extrême, je commençais à. me demander si elle n'était pas morte.

Je prends peur, je vais à la fenêtre que j'ouvre toute grande pour donner de l'air, et je me disposais à appeler à l'aide, quand je me souviens qu'en pareil cas il est recommandé de desserrer la malade ; je reviens près d'elle et défais son corsage, puis j'essaye de lui faire respirer des sels en lui soulevant la tête.

Enfin, elle commence à respirer, d'abord très légèrement, puis un peu plus fort ; puis ses lèvres ébauchent le mouvement d'une personne qui a soif, ses yeux sautillent comme s'ils voulaient s'ouvrir et, petit à petit, respirant toujours des sels, elle reprend connaissance.

Après s'être un peu remise, elle me prit les deux mains, elle pleurait à chaudes larmes et dans ses sanglots elle me dit : « François, je vous en prie, donnez-moi M. de Maupassant, donnez-moi M. de Maupassant ou je vais mourir ! Je le veux ! Je vous dis que je le veux !... Je ne lui ferai aucun mal, soyez-en sûr ; je vous le promets... mais donnez-le-moi », criait-elle toujours... Je la calme de mon mieux, lui promettant d'aller de suite à la recherche de mon maître... Je descendis, mais personne n'avait vu Monsieur. Je revenais près de la dame quand j'entendis ouvrir la porte, c'était mon maître qui rentrait. De suite, il me dit : « Je sais, je viens arranger cela. » Il était aussi calme que s'il se fût agi de la chose la plus simple du monde.

Dans la soirée, Monsieur, accompagné de cette dame, vint à la porte de la cuisine et, avec la plus grande aisance, comme si rien ne se fût passé, il me dit : « François, la chose est maintenant arrangée. » L'étrangère ajouta : « Oui, nous sommes maintenant bons amis... » (...)"

 

In Chapitre VI – mai-juin 1887 « Souvenirs sur Guy de Maupassant » (1911) par François, son valet de chambre (1883 - 1893)

15/06/2008

"LE MANUSCRIT DE MA MERE" D'ALPHONSE DE LAMARTINE

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« 6 octobre 1801

Hier, j’avais envie d’écrire sur ce journal. Un peu de langueur m’en a empêchée ; je me rappelais vivement ce que j’éprouvais à pareil jour, il y a douze ans. Comme le temps coule ! c’était ce fameux 6 octobre si désastreux pour la famille royale à Versailles.

Je me trouvais ce jour-là à Chatou prés de Versailles avec ma mère. Nous revenions du Mesnil, nous comptions aller jusqu’à Paris ; mais les chevaux manquant, nous fûmes obligés de coucher à Chatou, chez Madame Duperron, amie de ma mère. Ce fut un bonheur pour nous, parce que Paris était dans un tumulte extrême et que l’on arrêtait toutes les voitures.

 

Nous avions aussi beaucoup d’alarmes à Chatou, parce que Monsieur de Lambert, gendre de Madame Duperron, était pour son service militaire à Versailles. Sa femme et ses filles, qui étaient avec nous, tremblaient pour sa vie.

 

Nous passâmes quelques jours à Chatou, et nous en partîmes avec Madame de Montbriand, qui était comme moi chanoinesse de Salles en Beaujolais, pour venir à Lyon sans rentrer à Paris. Ce fut ce voyage qui acheva de déterminer mon mariage avec le chevalier de Lamartine que j’aimais et qui m’aimait depuis que nous nous étions rencontrés au chapitre de Salles, chez la comtesse de Lamartine de Villars, sa sœur et mon amie. »

 

In Alphonse de Lamartine « Le manuscrit de ma mère » (1858)

N.B: Après sa seconde rencontre  au retour du séjour à Chatou avec le chevalier Pierre de Lamartine par suite d'un accident de voiture, Alix des Roys épousa ce dernier le 7 janvier 1790 à Lyon. De cette union naquit Alphonse de Lamartine le 21 octobre 1790.

Sa mère, Alix des Roys, était la fille de Monsieur des Roys, intendant général des finances du duc d’Orléans. Son père, Pierre de Lamartine, était capitaine de cavalerie. Pressentant l’attaque du roi aux Tuileries le 10 août 1792, il partit s’engager aux côtés des Suisses et de la Garde Constitutionnelle pour le défendre. Ceux-ci furent massacrés. Il parvint à s’échapper blessé mais fut arrêté et comme le reste de sa famille, survécut  à plusieurs emprisonnements jusqu’à ce que le régime de la Terreur cesse et qu’il recouvre la liberté.