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04/08/2009

LES TIMBRES FONT L'HISTOIRE

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collection Pierre Arrivetz
 
 
Le développement de Chatou en cité de villégiature tout au long du Second Empire permit à la ville de se doter de moyens de communication modernes , tout en bénéficiant de l'abaissement du tarif des communications exigé par Napoléon III.
 
C'est ainsi qu'une convention votée par le conseil municipal le 11 septembre 1869 conduisit à l'installation d'un bureau télégraphique à la gare de Chatou. Chatou louait le local à la Compagnie de l’Ouest, plus gros propriétaire foncier de la commune depuis sa création en 1855. Le premier responsable du bureau jusqu'en 1876 fut une femme, Joséphine Vertel. Le timbre ci-dessus, oblitéré le 29 mars 1870 à la gare de Chatou-Croissy, quelques mois avant la chute de l'Empire, est un timbre pour télégramme expédié du bureau de Chatou.
 
Le bureau du télégraphe fut transféré à l'angle de la route de Saint-Germain (aujourd'hui avenue Foch) et de l'avenue du Chemin de Fer (aujourd'ui avenue Sarrail) en 1877, le local étant jugé « humide et malsain » par le maire par intérim, Paul Girard.
 
Monsieur Philippe Blache, président de l'Association Philatélique de Chatou et des Environs, a remis en perspective à l'occasion de l'exposition sur la gare de Chatou initiée par Chatou Notre Ville (visible actuellement sur le quai Chatou-Paris gare du RER), le régime postal en vigueur de la fin de l'Empire au début des années 1880.
Il s'agit du système des boîtes mobiles, placées à la gare, boîtes postales dont le contenu était vidé pour être emmené dans le train Paris-Saint-Germain. Au cours du trajet, les lettres étaient oblitérées par un convoyeur-station dans un compartiment spécial accueillant le courrier.  Le courrier déposé à Saint-Lazare était ensuite acheminé vers le bureau central de la Bourse de la Poste. 
 
C'est le 17 novembre 1867, sous le mandat de Pierre Dumas, que le conseil municipal de Chatou fit valoir que "pour donner de nouvelles facilités au public, l'administration des postes fait établir dans certaines gares de chemin de fer des boîtes mobiles en tôle dont la levée est faite au moment du passage des trains."
Le conseil approuva alors la pose de deux boîtes mobiles, l'une en gare de Chatou, l'autre dans la station de son hameau du Vésinet (la station avait été ouverte en 1861). Une dépense de 51 francs  fut consentie sur les dépenses imprévues de 1867.
On trouve encore des timbres affranchis pour Chatou sur la ligne Paris-Saint-Germain. Leur oblitération est PSGL pour Paris ou 3638 pour Saint-Germain-en-Laye.
 
Ci-dessous, un timbre normal pour une lettre emmenée sous le système de la buralité de Chatou. L'utilisation des gros chiffres a eu lieu entre 1862 et 1875 (numéro de Chatou 971), celle des petits chiffres (numéro de Chatou 817) entre 1852 et 1862 (source: Philippe Blache).
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Lettre du 26 juillet 1858 envoyée de Chatou
 par Madame Desnoyers, petit chiffre 817
collection Pierre Arrivetz
 
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Timbre affranchi entre 1862 et 1875 (gros chiffre, pour Chatou 971)
collection Pierre Arrivetz
 
Entre 1849, date d'entrée en service du premier timbre en France, et 1852, l'oblitération était un losange. En effet, d'aprés les recherches de Monsieur Blache, la buralité de Chatou, qui avait été supprimée en 1818, finit par être restaurée en juin 1840. On doit au ministre de Louis XV et de Louis XVI et dernier seigneur de Chatou, Henry-Léonard de Bertin, d'avoir instauré un bureau de poste à Chatou en 1780, à une époque où il n'existait que quelques centaines de bureaux.
 
 
 
 
 
Pour en savoir plus sur cette pèriode de Chatou ainsi que la guerre de 1870 et ses conséquences
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240 pages. Disponible par commande
à l'éditeur Alan Sutton
tél 02 47 40 66 00
 
 
A des fins historiques, l'Association Philatélique de Chatou recherche tout type d'affranchissements concernant Chatou. Le président de l'association, Philippe Blache,
est à votre disposition au 01 39 52 53 24.

31/07/2009

USINES PATHE, LE PATRIMOINE DU XXEME SIECLE

Chatou est à la fois le berceau de l'industrie phonographique française en 1898 et le berceau du microsillon en Europe en 1951.

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carte collection Pierre Arrivetz

Cette histoire industrielle singulière a débuté en 1898 lorsque Charles et Emile Pathé, qui avaient fondé leur propre entreprise de phonographe et de cinéma trois ans plus tôt, entrèrent dans les vues d'un investisseur industriel audacieux, Claude Grivolas (1855-1938). Celui-ci les aida à créer une société anonyme et acheta des terrains boulevard de la République à Chatou pour construire leur première usine. Emile Pathé fut le dirigeant de l'industrie phonographique jusqu'à sa mort. Jusqu'en 1907, les bénéfices du phonographe surpassèrent ceux du cinéma et vinrent protéger l'industrie du cinéma de Charles Pathé grâce aux parts détenues par celui-ci dans le phonographe.

En 1928, la Compagnie des Machines Parlantes d'Emile Pathé fut acquise à 40% par les firmes anglaises Columbia et His Master's Voice qui achetèrent les parts de Charles Pathé dans l'industrie d'Emile. La fusion fut à l'origine de la construction de l'usine en béton armé rue Centrale (rue Emile Pathé depuis 1937). Baptisée "Société Générale de Disques", l'usine fut édifiée entre 1929 et 1931 par les plus grands architectes anglais de l'Art Déco, Wallis, Gilbert et Partners. La production y fut de 20 millions de disques par an cependant que le reste du site continuait à produire TSF et gramophones. Les premières télévisions furent fabriquées également sur le site de Chatou jusqu'en 1958.

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Usine Pathé-Marconi de Chatou construite de 1929 à 1930 - cliché ADAGP -JB.Vialles - Répertoire de l'Inventaire Général (1986) DRAC Ile-de-France. L'usine était répertoriée à l'Inventaire mais non classée. Elle a aujourd'hui disparu.
 
 
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cliché Pierre Arrivetz - avant la destruction
 
 
Deux réalisations du cabinet Wallis, Gilbert et Partners, les plus célèbres architectes de l'Art Deco en Angleterre : l'usine Pathé de Chatou (1929) et ci-dessous, l'usine Hoover de Londres (1932).  L'usine Hoover, devenue un siège d'entreprises, accueille des tournages de films d'époque, poursuivant sa longue existence. 
 

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Hoover Building (1932) à Londres par Wallis, Gilbert et Partners - cliché Pierre Coupin (2009) -
 
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Ancienne usine des parfums Coty, par Wallis, Gilbert et Partners, à Brentford dans la banlieue de Londres (1932) - (Copyright © 2005 WLD)
 
 
 
Le 12 décembre 1936, Pathé, Columbia et Gramophone His Master's Voice fondèrent  les industries musicales et électriques (IME) Pathé-Marconi dont Emile Pathé fut le premier président jusqu'à sa mort le 14 avril 1937.  Dans les années 1945-1960, la production absorbée par les IME Pathé-Marconi de Chatou recouvrait les labels Pathé, La Voix de Son Maître, Columbia, Odéon, Capitol, Métro-Goldwyn-Mayer, Cetrasoria, Témoignages, Pathé-Vox, Swing. Trois ans aprés les Etats-Unis, en 1951, l'ingénieur de Pathé-Marconi Pierre Gilloteau y réalisa le premier disque microsillon en Europe grâce à des études menées conjointement par les laboratoires Pathé-Marconi et Péchiney. 

Pas moins de quatre générations de Catoviens et d'habitants de la région travaillèrent sur le site de Chatou jusqu'à ce qu'intervienne une délocalisation en Allemagne en 1990.

 

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Catalogue Pathé-Marconi 1954  - collection Pierre Arrivetz

 

Les milliers d'artistes qui y ont été produits, parmi lesquels Edith Piaf, Charles Trénet,  Tino Rossi, Maria Callas, Enrico Caruso, Frank Sinatra, Maurice Chevalier, Mistinguett, Joséphine Baker, Luis Mariano, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Les Beatles, sans compter tous les chefs d'orchestre de musique classique du XXème siècle (Toscanini, Klemperer, Karajan, Ménuhin, Prêtre, Plasson...) et les musiques de films de la M.G.M. (comédies musicales) ont assuré la renommée de l'industrie de Chatou à travers le monde. Il va de soi qu'un musée prestigieux y aurait eu sa place, rassemblant l'histoire des industries phonographiques et cinématographiques, ainsi que cela fut âprement suggéré par l'association.

 Malgré une mobilisation nationale ayant un retentissement médiatique sans précédent à l'initiative de Chatou Notre Ville (TF1, Le Monde, Le Figaro, Le Moniteur...) et la possibilité d'une inversion de l'aménagement avec un terrain communal situé à 300 mètres, la municipalité choisit la destruction totale de l'usine pour un projet de promotion immobilière en 2004.  

  

DES SOUTIENS PRESTIGIEUX ET DE TOUS HORIZONS RECUEILLIS PAR L'ASSOCIATION POUR LA CONSERVATION AU MOINS PARTIELLE DE L'USINE PATHE-MARCONI DE CHATOU

 

Liste au 1er octobre 2004

Eddie Barclay, Fondateur de la Compagnie Phonographique Française (1945), Emmanuel Bréon, Directeur du Musée des Années Trente, Conservateur en chef des Musées de la Ville de Boulogne, Jean-Christophe Averty, Créateur et animateur de l'émission "Les Cinglés du Music-Hall" sur France-Culture, Maurice Culot, Architecte, Membre de la Commission des Monuments Historiques, Grand Prix de la Critique Architecturale, Chargé de mission à l'Institut Français d'Architecture, Président de la Fondation pour l'Architecture - Bruxelles, Jean-Marie Drot, Catovien, Ancien directeur de l'Académie de France d'Architecture à Rome, Auteur-réalisateur d'émissions de radio et télévision, Charles Bourély, Catovien, Inspecteur Général Honoraire des Monuments et des Sites, Pierre Vercel, Catovien, Ancien directeur général et président de Pathé-Cinéma, Pascal Sevran, animateur - réalisateur de télévision, spécialiste de la chanson française, Le Prince Géraud de la Tour d'Auvergne, Inspecteur Général Honoraire de l'Administration Culturelle, Président de Portus Magnus, association internationale pour le développement archéologique, écologique et portuaire d'Alexandrie,  Marie-France Calas, Conservateur Général du Patrimoine, Spécialiste du patrimoine sonore et audiovisuel,  José Sourillan, Ancien Directeur des Archives Audiovisuelles de RTL, auteur de disques d’histoire et de documentaires, Roselyne Germon, petite-nièce de Jacques Haîk, Créateur du cinéma " Le Grand Rex " (1932),  André Hébrard, Catovien, ancien haut fonctionnaire délégué à la Reconstruction, Georges Martin Saint-Léon, Catovien, Ancien président de l'Office du Tourisme de Chatou-Croissy-Carrières-Montesson, Pathé, Société cinématographique créée par Charles Pathé en 1896, L.V.M.H (Moët Hennessy Louis Vuitton), Institut des Archives Sonores, Société possédant un fonds historique de 400.000 documents sonores de 1880 à nos jours - projet d'"université de la parole", les familles de Charles et Emile Pathé, Line Renaud, chanteuse, comédienne, Pierre Arditi, comédien, Claude Piéplu, comédien, Annie Cordy, chanteuse, comédienne, Georges Lautner, cinéaste, Mick Micheyl, chanteuse, sculpteur, Claude Bolling, musicien, chef d'orchestre, Claude Pinoteau, cinéaste, Pierre Tchernia, cinéaste, créateur de l'émission de télévision " Monsieur Cinéma ", Robert Enrico, cinéaste (décédé), Bruno Podalydés, Catovien, cinéaste, Yves Duteil, chanteur, Clelia Ventura, Catovienne, scénariste, fille de Lino Ventura, Odette Ventura, épouse de Lino Ventura, Marie-Christine Audiard, épouse de Michel Audiard,  Marie-Thérèse Orain, comédienne, chanteuse, Europa Nostra, Association paneuropéenne du Patrimoine, présidée par Son Altesse Royale le Prince Consort de Danemark, Société pour la Protection du Paysage et de l'Esthétique de la France, association reconnue d'utilité publique, membre de la Commission des Monuments Historiques, La Demeure Historique, association reconnue d'utilité publique, L'Institut du Patrimoine Wallon, Comité d'information et de liaison pour l'archéologie, l'étude et la mise en valeur du patrimoine industriel (CILAC), Association des Amis du Musée de Nogent, Musée-Association " Les Amis d'Edith Piaf ", Association " Les Amis de Barbara ", Association " Les Amis de Tino Rossi”, Association " Les Amis de Louis Amade " (préfet de police, poête, auteur de chansons de Gilbert Bécaud et Charles Trénet), Association du souvenir à Luis Mariano, Association “Les Amis de Jean Sablon”,  Jean-Pierre Pasqualini, Rédacteur en Chef du Magazine Platine, Spécialiste de la chanson française, Corinne Lepage, ancien ministre de l'Environnement (Cap 21), André Santini, député-maire (UDF) des Hauts de Seine, ancien ministre, le prince Charles Bonaparte, maire-adjoint d’Ajaccio, Emmanuel Hamelin, député (UMP) de Lyon, membre de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée Nationale, Olivier Dassault, député (UMP) de l'Oise, Pierre Amouroux, député (UMP) des Yvelines, Jérôme Lambert, député (PS) de la Charente, Anne Hidalgo, première adjointe (PS) au Maire de Paris, Serge Méry, vice-président (PS) du Conseil Régional d'Ile de France, Olivier Galiana, conseiller régional (PS) d'Ile de France, Michel de Rostolan, conseiller régional (FN) d'Ile de France, Michel Bayvet, conseiller régional (FN) d'Ile de France, Gilberte Decossin, ancienne déléguée du comité d’entreprise de l’usine de Chatou (CGT).

 

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L’alerte médiatique était donnée depuis plusieurs années par le Courrier des Yvelines et le Parisien. Elle prit un nouveau tour lors du Salon du Patrimoine au Carrousel du Louvre consacré au patrimoine industriel en novembre 2002, auquel participa l’association aux côtés de l’entreprise Pathé. Le journal “Le Monde”, sous la plume d’orfèvre d’Emmanuel de Roux, puis “le Figaro”, dans un grand article d’Hervé Guénot et enfin TF1, dans son journal de 20 h incluant un reportage mémorable de Marion Desmarrets présenté par Claire Chazal, mirent la question sous les yeux de l’opinion publique. Le Moniteur, le Nouvel Observateur, furent aussi de la partie. Le ministre de la Culture de l’époque, Jean-Jacques Aillagon, se concerta avec le maire et l’ABF partisans de la démolition, et refusa une mesure de protection. L’enquête publique en avril 2003 dans la commune révéla ensuite 1806 signatures sur 1877 favorables à une conservation partielle du site (96% des avis exprimés).

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Cassandre - 1932

 

En septembre-octobre 2004, l’association ayant saisi les élus nationaux , le président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Jean-Louis Debré, saisit le Ministre de la Culture, de même que le ministre de l'Intérieur et le Ministre des Libertés Locales, Monsieur Jean-François Copé. Le ministre des Finances, Monsieur Nicolas Sarkozy, demanda au préfet d'examiner notre dossier avec " bienveillance. " Le successeur de Monsieur Aillagon refusa à son tour de donner suite aux demandes que l’association adressa en mai et septembre 2004 lorsque le site était encore debout.

 

Jusqu’à la fin, il ne fut jamais tenu aucun compte des arguments des défenseurs d’une conservation partielle. Le site fut entièrement rasé en novembre 2004. Les Domaines avaient proposé à la commune de préempter sa vente pour 4,7 millions de francs en 1998...

 

 

29/07/2009

CHATOU A L'HEURE DE L'AUTOMOBILE : GEORGES IRAT

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Chatou a accueilli de 1921 à 1929 les usines du constructeur automobile GEORGES IRAT rue Brunier Bourbon et Boulevard de la République. Environ 1000 voitures y furent produites. Les GEORGES IRAT firent leur réputation dans les rallyes automobiles, remportant une quarantaine d'épreuves entre 1923 et 1929.  Le modèle fétiche de la marque était à l'époque de la fabrication à Chatou la 11 CV. Engagée en compétition en torpédo sport ou berline de série, la GEORGES IRAT de Chatou existe encore à travers une dizaine de véhicules dispersés à travers le monde, constituant autant d'objets de collection. L'un d'entre eux, un coupé 1927 (ci-dessus) possédé par Monsieur DEMANTES, un passionné de Pantin, justifie d'une restauration et a été présenté par l'association avec l'accord de son propriétaire lors des Journées du Patrimoine 2005 dans le jardin de l'hôtel de ville. C'est la dernière Georges Irat deux litres en Ile de France.

 

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Publicité Georges Irat pour la participation
 aux premières 24 heures du Mans en 1923
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Georges Irat, triomphateur des courses 1927 
en terre basque espagnole - Publicité 1927 par Falcucci pour La Vie Automobile

 

 

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Le personnel  posant devant l'usine de Chatou
pour le Salon de l'Automobile 1923

 

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  Publicité Georges Irat "La Voiture de l'Elite"
37 boulevard de la République à Chatou
 
    
                     
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Une image sympathique : M.Murez, maire de Chatou, accueille dans les jardins de l'hôtel de ville la Georges Irat 1927 de Michel Demantes (au fond à gauche en chemise bleue) aux côtés de Pierre Arrivetz en 2005 - Photo Ville de Chatou  
          
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Affiche publicitaire Georges Irat par René Vincent, affichiste de Bugatti et du Bon Marché. C'est l'époque des Années Folles, les "Roaring Twenties" selon le mot adopté en Angleterre.
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Madeleine Bachmann, pilote de circuit pour Georges Irat posant à côté d'un magnifique torpédo sport dans les années 20 (remerciements Gérard Ferron) puis faisant la une du Championnat Féminin de Montlhéry de 1927 qu'elle remporte au volant d'une voiture de série pour la marque automobile de Chatou. La femme n'est plus la dévote confite de son mari  du code napoléonien. Elle défraie la chronique de tous les sports mécaniques (source :www.chenard-walcker.com/topic/index.htlm)
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Au salon de l'automobile de Lyon de 1930, le président de la République, Paul Doumer, serre la main de Georges Irat

25/07/2009

L'ACTRICE RENE JEANNE FALCONETTI (1892-1946)

René Jeanne Falconetti, actrice du cinéma muet, directrice du Théâtre de l’Avenue, l'héroïne au cinéma de « La passion de Jeanne d’Arc » de Carl Dreyer en 1926 (illustration ci-dessous), joua au théâtre Edouard VII « Le Comédien » de Sacha Guitry en 1921, au théâtre de l’Athénée « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » de Jean Giraudoux en 1935.

 

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collection Pierre Arrivetz

 

 

 

Ci-dessus en couverture du magazine "Mon Ciné" le 3 novembre 1927. Le réalisateur Carl Dreyer signa l'une des plus grandes fresques sur Jeanne d'Arc. Il employa notamment le petit-fils de Victor Hugo pour dessiner les costumes du film. Jeanne d'Arc avait été canonnisée en 1924. René Jeanne Falconetti qui l'incarna vivait 3 avenue d'Eprémesnil à Chatou dans une villa aujourd'hui disparue.

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collection Pierre Arrivetz

 

 

"Les propriétés ne font pas défaut à Mademoiselle Falconetti ; cependant entre toutes, l’artiste préfère la maison qu’elle possède à Chatou. C’est une grande bâtisse blanche, carrée, élégante, avec des fenêtres arrondies. Une marquise de fer forgé, très ouvragée, orne la porte d’entrée qui s’ouvre sur un perron.

 

La façade est à demi-cachée sous des haies fleuries. Il y a une grande terrasse qui s’en va jusqu’à la Seine, et d’où l’on voit les petites villes qui paressent dans un bain de soleil, sur l’autre rive.

 

De cet observatoire que ne trouble aucun beuglement de clackson et où nulle poussière d’auto n’arrive, on plonge, au-delà du fleuve que sillonnent de lents remorqueurs, dans un horizon de verdure, de plaines tâchetées, de coteaux chevelus. Des bois, piqués par la première pointe d’automne, ont des feuillages qui se dorent ; et leur ligne se découpe dans le ciel bleu, bleu très doux d’Ile-de-France – comme l’échine d’un fauve qui s’apprête à bondir.

 

Proche est l’île de Croissy que chanta, en des vers érotiques, Catulle-Mendés, ce parnassien à la muse jamais lassée. Un parc entoure cette demeure ; et n’étaient les allées trop soigneusement ratissées, on croirait à pénétrer dans des fourrés plein d’ombre ; à voir ces bouquets d’arbres massifs qui ont dépassé leur centième année ; à découvrir ces rocailles que mangent les mousses, être perdu au cœur de quelque vieux bois.

 

Mais soudain les chemins se rejoignent et voici dans une clairière de spacieux fauteuils en rotin, un petit guéridon très coquet sur lequel le thé refroidit…et l’on cherche l’orchestre pour quelque five o’clock dansant.

 

Le mobilier de cette villa est simple, confortable ; les bibelots mêlent leurs formes frêles et précieuses aux fleurs qui éclatent dans des vases au flanc large.

 

- Ce qui m’a fait choisir cette demeure, mon Dieu, le hasard…le bienheureux hasard, me dit Mademoiselle Falconetti, le même qui vient en aide aux auteurs pour dénouer les situations les plus embrouillées. Je suis venue, j’ai vu, je fus conquise ; et depuis, tout me retient ici : le calme, l’air, la belle route que l’on prend pour arriver à Chatou, le limpide horizon où les yeux se reposent et puis, les souvenirs – les souvenirs – les souvenirs de théâtre, car cette villa appartenait naguère à Anna Judic. Et l’interprète de tant d’œuvres dramatiques nous parle de l’ombre légère de celle qui fut une fine, délicate et sensible chanteuse d’opérette."

 

Pierre Heuzé

COMEDIA - 28 AOUT 1926

22/07/2009

"DE PARIS A CADIX" D'ALEXANDRE DUMAS

 

 

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Récit de voyage en 1846, Dumas est mandé par le ministre de l’Instruction Publique, de Salvandy, de faire un voyage en Algérie. Il profite du mariage du duc de Montpensier à Madrid pour faire escale en Espagne.Ci-dessous, il réunit « ses troupes »:

 

 

« Mon domestique trouva Maquet (collaborateur de Dumas) dans l’Ile de Chatou, assis sur l’herbe de monsieur d’Aligre, et pêchant le poisson du gouvernement. Seulement, tout en pêchant, il écrivait, et comme en ce moment sans doute il alignait une de ces belles et bonnes pages que vous connaissez, il avait complètement oublié les trois ou quatre engins de destruction dont il était entouré, et au lieu que ce fussent ses lignes qui amenaient les carpes sur le rivage, c’étaient les carpes qui emmenaient ses lignes dans l’eau. Paul (domestique de Dumas) arriva à temps – je vous ferai plus tard la biographie de Paul, madame -, Paul arriva à temps pour arrêter une superbe canne de roseaux arundo donax, laquelle descendait le fil de l’eau avec la rapidité d’une flèche, emportée par une carpe qui avait des affaires très pressantes au Havre.

Maquet rajusta son roseau à moitié démanché, ferma son petit portefeuille de pêche, décacheta ma lettre, ouvrit de grands yeux, lut et relut les six lignes qui la composaient, récolta ses quatre engins, et reprit le chemin de Chatou pour s’occuper activement de trouver une malle de la dimension demandée. Il acceptait. Il va sans dire qu’avant que Maquet ne fût au bout de l’Ile, la carpe était déjà à Meulan (...)"

31/05/2009

LEON MELCHISSEDEC, UN GRAND ARTISTE LYRIQUE DANS LE QUARTIER GAMBETTA

 

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Léon Melchissédec, un artiste lyrique qui eut une carrière presque aussi longue que Sarah Bernhardt, devenu une vedette du cylindre Pathé à la fin de sa vie - portrait : "Livre d'or du phonographe Pathé - 1904" - fondation Jérôme Seydoux-Pathé
 
 

Le quartier Gambetta a longtemps eu son passé occulté. Cette injustice doit prendre fin. Evoquons l’un de ses grands hommes, Léon Melchissédec. Né à Clermont-Ferrand le 7 mai 1843 et mort à Paris en 1925,  il fut un artiste lyrique à la carrière extraordinairement longue et variée. Extraordinairement longue, peut être la plus longue de l’histoire lyrique, puisqu’elle débuta en décembre 1862 à Rive-de-Gier dans la Loire par un concert donné au bénéfice de mineurs brûlés où il chanta  le grand air de « Lucie » de Donizetti, et se termina par une soirée de cinquantenaire au Trocadéro le 24 avril 1913. C’est du moins ce qu’écrivit l’intéressé avant les hostilités. Carrière variée puisqu’il tint tour à tour les rôles de ténors, de barytons d’opéra-comique, de baryton de grand opéra, de basses chantantes d’opéra-comique et enfin de secondes basses.  Il fut professeur de déclamation lyrique au Conservatoire de Paris de 1894 à sa mort en 1925, l’auteur de plusieurs communications à l’Académie des Sciences dont “La physiologie de la voix” (1890), “Le résonateur buccal” (1911), “Sur la théorie mécanique de quelques tuyaux sonores” et celui de plusieurs ouvrages dont « Pour chanter, ce qu’il faut savoir » (1913), « Le chant, la déclamation lyrique, l’émission et la voix » (1925). Le 29 décembre 1910, il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur. A plus de 60 ans, il enregistra pour Pathé à Chatou un répertoire de cylindres, parmi les plus chers au monde aujourd’hui.

Sa villégiature en Belgique en juillet 1914 à la suite des concours où il était juré avait tourné court avec l’arrivée de l’armée allemande. Il fut libéré par son fils à la fin de la Première Guerre et chanta pour la dernière fois le 19 novembre 1919 « Les deux grenadiers » de Schumann devant la Société des Médaillés Militaires. Membre de la municipalité de Maurice Berteaux de 1896 à 1900, il vécut 3 avenue des Coteaux, aujourd’hui à l’angle de l’avenue Gambetta et de la rue des Coteaux, dans une villa qui a été détruite dans les années 60.

 

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collection Pierre Arrivetz

 

 

03/05/2009

MAURICE UTRILLO PEINT L'EGLISE DE CHATOU

 

Chatou occupe une place dans la peinture tant pour les grands que les petits maîtres : Derain, Vlaminck, Pharamond Blanchard, Jacomin, Karbowsky, Champenois qui ont habité Chatou, Renoir qui a fréquenté Chatou et peint pour l’éternité ses hôtes de la maison Fournaise. L’historien et ancien maire de Chatou Jacques Catinat mentionne également dans son ouvrage « Les grandes heures de Chatou » le peintre Utrillo (1883 né à la Butte Montmartre -1955), dont on sait qu’il fréquenta Chatou depuis sa résidence du Vésinet où il demeura à partir de 1935. Celui honora notre commune d’une toile, « l’église Notre-Dame ».

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A l’heure de l’importante exposition qui lui est consacrée par la Ville de Paris place de la Madeleine, les heures de tranquillité du fils de Suzanne Valadon dans sa propriété de « La bonne Lucie » au Vésinet, qui longtemps connut une vie de souffrance et d’errements,  méritent d’être rappelées : laissons donc parler le journaliste « H.K » dans la chronique qu’il réussit à lui consacrer dans le Monde Illustré du 21 juillet 1945, dix ans avant la mort du peintre :

 

« nous sommes arrivés. C’est ici La Bonne Lucie. Un portail laqué blanc s’ouvre sur un décor d’une étonnante luminosité : pelouses verdoyant sous la pluie des jets d’eau, allées sablées, fulgurants géraniums, arcade de crépi rose noyée dans la ramée d’un saule (qu’on n’ose appeler pleureur tant est joyeux l’éclat de son feuillage !), maison rose à boiseries blanches et, dans une volière, vingt perruches bleues qui chantent  et s’activent, car elles ont « goûté le plaisir des amours printanières », et une quantité de petites perruches vont naître bientôt. A l’extérieur de la rose maison, la fête des couleurs continue ; tout est sourire et harmonie. Et c’est dans cette ambiance qui tient du conte de fées que le « frère douloureux de Baudelaire et d’Edgar Poe », l’ancien mauvais garçon qui a fini par bien tourner, coule des jours paisibles. « Il a trouvé une femme qui lui donnera le bonheur », disait Suzanne Valadon lorsque son fils épousa Lucie Valore, veuve du sympathique amateur d’art belge Robert Pauwels. Finis les temps difficiles, pour le peintre de la Butte. Il y a loin de Montmartre au Vésinet, du Lapin Agile à la maison de crépi rose ! tout dans cette installation a déjà un cachet d’immortalité  et nous imaginons nos arrière-neveux, venant ici en pieuse visite, comme nous pélerinons dans la demeure tolédane du Greco…

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Utrillo et Lucie Valore dans leur maison du Vésinet 18 rue des Bouleaux en 1945

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 Utrillo n’est pas un travailleur acharné. Il peint vite, mais seulement quand cela lui plaît. Les exhortations des amateurs d’art et des marchands de tableaux n’y peuvent rien changer. Il se lève tard, et reste toute la matinée à errer dans sa chambre, va respirer sur le balcon, récite ses prières, fume cigarette sur cigarette. Il est midi lorsqu’il prend son café au lait et 14 heures lorsqu’il descend à la salle à manger. La bonne Lucie a déjà fini de déjeuner et, abritée de son immense chapeau blanc, s’en est allée peindre dans la campagne, car, depuis trois ans, la femme du grand artiste s’est révélée, elle aussi, peintre de talent. Sitôt son déjeuner fini, Utrillo reprend son rêve, ses allées et venues. Il parcourt le jardin à pas rapides et d’un air préoccupé, revient en arrière comme s’il avait oublié quelque chose, monte à son atelier pour peindre une demi-heure, feuillette son livre d’heures dont il baise pieusement les pages. Il n’est en équilibre que lorsque sa bonne Lucie est à son côté. Alors ses yeux s’éclairent d’une lueur douce, il s’exprime avec des mots choisis, joue avec les chiens, va contempler les perruches.

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 La traditionnelle bouteille de vin rouge existe toujours, mais non pas constamment à portée de sa main, reléguée à l’office et souvent passée subrepticement sous le robinet par la vigilante épouse ! tous les soirs, un peu avant l’Angelus, saint Utrillo, comme l’appellent en plaisantant quelques amis, se rend à sa chapelle pour faire oraison jusqu’au dîner qui réunit les deux artistes. Enfin, c’est l’heure du travail, l’intimité de l’atelier, jusqu’à deux heures du matin. Tout se tait dans les propriétés voisines, les trains ne passent plus, dans la volière, les perruches bleues sont endormies. Alors Utrillo, lui, se réveille et prend ses pinceaux.  La lueur de l’électricité qu’il préfère au jour, il reproduit en couleurs délicates et fondues l’infinie variété de la nature. A ses côtés Lucie Valore brosse une de ces toiles ingénues et éclatantes qui ont d’emblée conquis la faveur du public. Ce couple d’artistes s’est montré parfait pendant l’occupation, refusant de vendre aux Allemands, cachant des réfractaires et donnant généreusement des tableaux représentant plusieurs millions pour la Résistance et les œuvres de prisonniers. La générosité d’Utrillo est d’ailleurs bien connue. Une maxime naïve s’inscrit sur le mur de leur salle à manger : « tout ce qu’on donne fleurit – tout ce qu’on garde pourrit. » Et ils aiment la mettre en pratique.

 

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Le miracle est que, dans cette vie ouatée de confort et de tendresse, Utrillo est resté l’artiste prodigieux qui n’existe qu’en fonction de son état de peintre. Il n’est pas sorti de son royaume de solitude et de silence et ses toiles peuvent atteindre les plus hautes cotes, il ne sera jamais entraîné dans la ronde des arrivistes. Canalisé, mais inchangé. Le génie est immuable. Il est d’ailleurs revenu à sa première manière et ses sujets de prédilection restent Montmartre et les villes de banlieue, les rues désertes entre des maisons pauvres mais rayonnantes de poésie, des murs lépreux mais caressés par le soleil, l’humble carrefour où l’on croit entendre la rengaine nostalgique d’un joueur d’orgue de Barbarie, à moins que ce ne soit, derrière ce volet mi-clos, la vieille boîte à musique (ö Déodat de Séverac) qui égrène sa candide ritournelle. Utrillo psalmodie le calme désoeuvrement des choses, le bonheur sans histoire. Un bonheur que ne connaissent pas les assoiffés de vitesse, un bonheur ignoré de ceux « qui s’ennuient au logis. » Deux perruches bleues s’aimaient d’amour tendre…"

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21/03/2009

LES PASSAGERS DE LEGENDE DU CHEMIN DE FER DE CHATOU

Paul Abadie
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Paul Abadie (1812-1884), l'architecte du Sacré-Coeur,
 rend son dernier soupir
 

« Monsieur Paul Abadie, architecte, membre de l’Institut, a été frappé, vendredi 1er août 1884, d’une attaque d’apoplexie, à la gare de Chatou, au moment où il descendait du train venant de Paris ; l’éminent artiste est mort dans la nuit. » (Gazette des Architectes et du Bâtiment – août 1884). «Le vaillant architecte était frappé inopinément et mortellement en revenant d’exercer les fonctions de juré au Concours du Grand Prix d’Architecture » (Revue de l’Architecture et des Travaux Publics – 1885). « Avant de clore son discours, Monsieur Daumet insiste sur la bienveillance parfaite qui caractérisait Abadie, président (…) du Cercle des Maçons et Tailleurs de Pierre. » (idem).

 

Installé à Chatou vers 1865 6 route des Princes (depuis 1875 rebaptisée avenue Arago rattachée au Vésinet côté pair), Paul Abadie s’était illustré comme architecte des édifices diocésains du sud-ouest depuis 1848, fonction qu’il cumulait avec celle d’inspecteur général des édifices diocésains depuis 1861, marquant du style romano-byzantin, très spectaculaire, les restaurations des cathédrales Saint-Front de Périgueux  et Saint-Pierre d'Angoulême  ainsi que celle de l'Eglise Sainte-Croix de Bordeaux. Napoléon III l’avait fait officier de la Légion d’Honneur en 1869.

 

Conseiller municipal de Chatou de 1870 à 1875, il entra dans l’histoire en 1874 en remportant parmi 78 projets, le concours pour l’édification du Sacré-Cœur, aujourd’hui l’un des symboles de Paris à travers le monde.

 

 

Paul Abadie avait dirigé les travaux de restauration de 22 édifices religieux et donné les plans de 28 constructions nouvelles. Il est enterré au cimetière de Chatou. Une voie lui a été décernée dans le quartier Gambetta en 1972.

 

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Maurice Berteaux

 

 

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Maurice Berteaux (1852-1911), ministre de la Guerre, député-maire de Chatou, rejoint sa dernière demeure au terme d’obsèques nationales

 

 

 

 

Gendre de l’ancien maire de Chatou, Charles Joseph Lambert (1871-1872), et héritier de sa charge d’agent de change, Maurice Berteaux fit partie de cette élite fortunée de la Belle Epoque, qui, dans le sillage du parti radical-socialiste, consacra toute sa vie au progrès et à la défense militaire de la France, à laquelle il attacha la nouvelle arme de l’aviation. Résidant 17 rue Labélonye, il fut le maire emblématique de Chatou de 1891 à 1911. Député de 1893 à 1911, ministre de la Guerre à deux reprises en 1904 et 1911, il défendit le projet des retraites ouvrière et paysanne adopté en 1910, le statut des cheminots et fut le promoteur de la nationalisation de la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, dont Clemenceau, président du Conseil, finit par faire adopter le projet en 1908. La popularité de Maurice Berteaux était telle que son élection à la présidence de la République en 1913 était envisageable. Il fut le député le mieux élu de France en 1910. A Chatou, il fut constamment réélu maire au premier tour de scrutin entre 1892 et 1911. On lui doit des équipements financés sur ses deniers, tels que la salle des fêtes (détruite en 1973) et le premier réseau téléphonique dans la commune. Il mourut le 21 mai 1911, décapité par un avion au départ de la course d'aviation Paris-Madrid à Issy-Les-Moulineaux. Il reçut des obsèques nationales.

 

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 Maurice Berteaux à cheval

aux grandes manoeuvres de 1905

collection Pierre Arrivetz

 

 

 

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La délégation parlementaire sur le quai de la gare de Chatou avec au centre Adolphe Brisson, président de la Chambre des Députés et ci-dessous, la descente du cercueil.

collection Pierre Arrivetz
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La rencontre des deux "Fauves" Catoviens,
André Derain et Maurice de Vlaminck
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André Derain par lui-même

« Au mois de juillet 1900, étant en permission  de quinze jours (ma libération devait avoir lieu en septembre), j’avais pris à Chatou le train pour Paris. Dans le compartiment où j’étais monté, assis en face de moi se trouvait André Derain. Bien qu’habitant depuis toujours le même pays, nous ne nous étions jamais adressé la parole. Nous nous connaissions seulement de vue, pour nous être souvent croisés dans les rues du village. Derain avait assisté à des courses de vélo auxquelles je participais. Maintes fois, il avait pu me rencontrer, mon violon sous le bras ou trimbalant des toiles et ma boîte à couleurs. A cette époque, Derain avait à peine vingt ans. C’était un grand type efflanqué, aux longues jambes. Il était habituellement vêtu d’un manteau à pèlerine et coiffé d’un chapeau  mou. Il avait vaguement l’air d’un escholier de la Basoche du temps de Louis XV : quelque chose comme un François Villon amélioré…Je ne sais quelle rage intempestive me le fit attaquer :

-         « ça va bientôt être votre tour de chausser des godillots ! »

-         « pas avant l’année prochaine, me répondit-il, un peu interloqué. »

Le même  soir, nous nous retrouvions sur le quai et nous reprenions notre entretien. Le résultat de cette rencontre fut qu’on se promit de travailler ensemble (…) »

Maurice de Vlaminck (1876-1958)
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 Couverture du catalogue de l'exposition "Chatou" à la galerie Bing en mars 1947 par Maurice de Vlaminck

collection Pierre Arrivetz

L'ARRIVEE DU CHEMIN DE FER

 
 
Les promoteurs du chemin de fer en France :

 les frères Péreire

 
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Emile (1800-1875)  et Isaac (1806-1880) Péreire, gravure dans

  « Le Monde Illustré » du 25 février 1863 - collection Pierre Arrivetz

 

 
 

Emile Péreire, à ses débuts courtier d’agent de change, devint le créateur sous le Second Empire d’une dizaine de sociétés participant au développement du pays : Crédit Mobilier, Compagnie Générale Maritime, Compagnie Générale Transatlantique, sociétés d’assurance « La Confiance » et « La Paternelle », Compagnie Parisienne d’Eclairage et de Chauffage par le gaz, promotion immobilièr edans divers arrondissements de Paris et de la Province etc…, compagnies de chemins de fer diverses.

Mais il fut avant tout l’auteur de la révolution ferroviaire en France.

Son projet de liaison entre Paris et Saint-Germain par voie de chemin de fer, élaboré en 1832, vit le jour en 1835, lorsqu’il convainquit le banquier James de Rothschild de s’associer au financement de l’opération. Incarnant un capitalisme d’investissement, il connut une faillite au bout de 30 ans, ayant engagé à tort des capitaux dans des opérations immobilières contrecarrées par ses concurrents du chemin de fer.

 

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La loi sur la concession du Chemin de Fer Paris-Saint-Germain
Archives Départementales des Yvelines

 

Sous son impulsion, la loi créant la ligne Paris Saint-Lazare- Le Pecq  fut promulguée par le roi Louis-Philippe le 9 juillet 1835. Le 4 novembre 1835, le roi prit une ordonnance autorisant la création d'une société anonyme d'exploitation du chemin de fer Paris-Saint-Germain 16 rue de Tivoli à Paris dont le directeur n'était autre qu'Emile Péreire. Les ingénieurs de la compagnie étaient Emile Clapeyron, Stéphane Mony, Gabriel Lamé, les administrateurs, James de Rotschild, Sanson Davillier, Adolphe d'Eichtal, Auguste Thurneyssen.

 

Grand propriétaire à Chatou au début du Second Empire, Emile Péreire maria sa fille à Croissy au château Chanorier en 1853. Il fut député du Corps Législatif de 1863 à 1869.

En 1855, obéissant à la politique de concentration des réseaux rentables et moins rentables voulue par Napoléon III, la Compagnie Péreire fusionna et prit le nom de Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, une société exploitant les lignes de Saint-Germain, Rouen, Dieppe, Fécamp, Le Havre, Cherbourg...

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Une obligation de la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest (1855-1908)
émise en 1893 - collection Pierre Arrivetz

Celle-ci disparut en 1908 au terme d’une nationalisation qui la transforma en Compagnie de « l’Ouest-Etat », cette dernière cédant la place en 1938 à la SNCF, laquelle conserva son emprise sur la ligne Paris Saint-Germain jusqu’à la création de la RATP en 1972.

 

 

Le cahier des charges présenté par Emile Péreire le 17 septembre 1832

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Extrait du cahier des charges de la Compagnie
- Archives Départementales des Yvelines -
Cliché Pierre Arrivetz

"Le chemin de fer proposé part de Tivoli et entrant presque immédiatement en souterrain, il passe sous le boulevard extérieur entre les barrières de Clichy et de Mousseaux et sous les Batignolles, au-delà desquelles il revoit le jour ; la longueur du souterrain est de 1158 mètres. La hauteur du point de départ est de 18 mètres au-dessus de la Seine. Le chemin de fer est en remblais jusqu’au-delà de la traversée de la Seine. Il rencontre les routes de la Révolte et d’Asnières un peu en amont du pont actuel et à un niveau de 9 mètres au-dessus de l’étiage.

 (N.B : l’étiage correspond statistiquement (sur plusieurs années) à la période de l’année où le débit d’un cours d’eau atteint son point le plus bas).

 

 

 

 

L’alignement continue encore un peu au-delà d’Asnières, et tantôt en déblais, tantôt en remblais. Le chemin de fer s’infléchit ensuite par une courbe de 2000 mètres de rayon qui le conduit jusqu’à la Garenne de Colombes où commence un nouvel alignement, qui, tantôt en déblais, tantôt en remblais, passe devant la Folie et prés de Nanterre, par une seconde courbe de 2000 mètres de renfort, s’approche de la Seine. La traversée s’opère dans le voisinage de Chatou, en un lieu où la Seine est partagée en deux bras ; le pont sur l’un deux sera à 8,40 m et sur le second à 9,25 m au-dessus de l’étiage. On entre en déblais presque immédiatement après cette traversée de la Seine, et pour passer le bois du Vésinet.

 

Enfin, on traverse pour la troisième fois la Seine prés du Pec (orthographe approximative de l’époque) à 8,60 m au-dessus de l’étiage.

 

Le tracé a une longueur de 18.400 mètres. Il est plus court que la route royale actuelle  de 1200 mètres. Ce chemin pourrait être parcouru en une demi-heure par machines locomotives, et établirait ainsi entre Paris et Saint-Germain des communications si commodes et si rapides qu’il doit en résulter de grands avantages pour les relations déjà considérables qui existent entre ces deux villes.

 

Les machines locomotives peuvent parcourir de 30.000 à 40.000 mètres par heure sur un chemin de fer construit sous les conditions du chemin de fer de Manchester à Liverpool comme celui que nous proposons. En outre, les tarifs proposés présentent de l’économie sur les prix actuels de transport de Paris à Saint-Germain.

 

Evaluation sommaire des dépenses

 

Cette évaluation est extraite d’un mémoire d’art détaillé déposé à l’administration des Ponts et Chaussées et où les évaluations des dépenses sont présentées avec détail appuyées d’un nivellement en long.

 

Indemnités de terrains       234.243 F

Terrassements                     262.364 F

Rails, coussinets, dés, pose 902.336 F

Souterrain                            329.660 F

Trois ponts sur Seine       1.500.000 F

Matériel de transport, frais de clôture, constructions aux points de chargement et déchargements sommes à valoir 671.407 F

 

Total                                    3.900.000 F

 

Tarifs proposés pour chemin de fer de Paris à Saint-Germain

 

1°) pour les marchandises

par 1000 kilogrammes et par kilomètre 20 centimes

 

2°) pour les voyageurs

pour chaque voyage et par kilomètre

 

1ère place 8 centimes

2ème place 6 centimes

3ème place 4 centimes

 

Le tarif s’applique pour la distance entière de Paris à Saint-Germain donne

 

 - pour les marchandises par 1000 kilogrammes 3,68 F

 

- pour les voyageurs 1.472 F

                                   1.104 F

                                   0,736 F

 

Soit en nombres ronds

 

-    pour les marchandises par 1000 kilogrammes 3,70 F

-    pour les voyageurs 1.50 F

                                         1.10 F

                                        0,75 F »

 

 

Le 17 septembre 1832

 

Signés :

G.Lamé

E. Clapeyron

Emile Péreire"

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Source : Archives Départementales des Yvelines
 
Les plans du chemin de fer à la traversée de Chatou établis le 27 avril 1836
 
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Ci-dessus, le nouveau pont appelé à traverser l'Ile de Chatou entre les bras de Rueil (à droite) et de Chatou (à gauche)
 - Archives Départementales des Yvelines -
 
 
 
 
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Ci-dessus, le nouveau pont projeté entre l'Ile de Chatou et la ville même
- Archives Départementales des Yvelines - 
 
 
 
 
  
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- Archives Départementales des Yvelines - 
 
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 - Archives Départementales des Yvelines -
 
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Ci-dessous, la belle villa correspondant au point rouge dessiné sur les plans de la Compagnie fut construite en 1835 pour un huissier de justice parisien, Camille Letertre aux abords du futur pont de chemin de fer. Elle fut acquise en 1856 par Jules Petit (1813-1890) qui l'agrandit et la suréleva en 1859 et 1864. Avocat au barreau de Paris en 1831, Monsieur Petit fut nommé par Napoléon III juge au Tribunal de Paris en 1857, vice-président du tribunal de la Seine en 1865, conseiller à la Cour d'appel de Paris en 1869. Il fut admis à la retraite le 1er mars 1880 et fut nommé conseiller honoraire à la Cour d'appel. Il siégea comme conseiller municipal de Chatou de 1858 à 1870. Son gendre, Monsieur Petit Leroy, hérita de la propriété à sa mort. Il fut lui-même diplomate  et eut un fils qui tomba au champ d'honneur pendant la Première guerre mondiale. La villa fut détruite pour permettre la construction de la piscine en 1968.
 
 
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Le chemin de fer Paris-Le Pecq fut inauguré le 24 août 1837 par la reine Marie-Amélie et ses enfants, le gouvernement ayant dissuadé Louis-Philippe de faire le voyage. C'est vers la fin de 1837 ou au plus tard en janvier 1838 que la première gare de Chatou, une station en bois, fut réalisée.
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A la gare Saint-Lazare, le train de 1837 prêt à partir pour Le Pecq. Reconstitution de 1930, cliché du magazine "Vu" (remerciements José Sourillan)

 En 1930, les voyageurs de commerce fêtèrent leur centenaire en se glissant dans les costumes du règne de Louis-Philippe et en organisant le voyage Paris-Le Pecq de 1837 avec un train de l'époque à l'instar de celui qui avait inauguré la première ligne de voyageurs avec à son bord la reine Marie-Amélie (24 août 1837). Grâce à son maire et pair de France, Camille Périer, Chatou devint une desserte de la ligne quelques mois aprés l'inauguration. Pathé a filmé le voyage de 1930 pour ses actualités cinématographiques. Le 9 avril 2008, Pierre Arrivetz a écrit au maire de Chatou pour lui suggérer un projet de décoration historique de la gare de Chatou, projet qui a donné lieu à une exposition en partenariat avec l'association et la RATP sur le quai de la gare du RER en direction de Paris.

 

 

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Affiche des tarifs et horaires du chemin de fer de Saint-Germain et de Versailles pour l'été 1840
 - Archives Départementales des Yvelines -

 

 

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 Le train en gare de Chatou vers 1905. Les wagons à impériale furent employés du Second Empire au lendemain de la Première Guerre Mondiale. La Compagnie Péreire créa et géra la ligne de 1837 à 1855 avant de céder la place à la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest en 1855 qui elle-même fut nationalisée en 1908 sous les fourches caudines du député-maire de Chatou, Maurice Berteaux. Dénommée compagnie de l'Ouest-Etat, elle fut absorbée par la SNCF en 1938 qui en fit dévolution à la RATP en 1972. 
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La gare de Chatou en 1900. La voie était à la hauteur de la route. Chatou avait connu une station en bois dés l'origine, incendiée lors des émeutes de 1848. Construite vers 1867 par la compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest, la gare ci-dessus disparut avec l'arrivée du RER en 1972.
 

07/03/2009

EVOCATION D’UNE PROPRIETE D'ARTISTES SUR LES BORDS DE SEINE A CHATOU

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"Les propriétés ne font pas défaut à Mademoiselle Falconetti ; cependant entre toutes, l’artiste préfère la maison qu’elle possède à Chatou. C’est une grande bâtisse blanche, carrée, élégante, avec des fenêtres arrondies. Une marquise de fer forgé, très ouvragée, orne la porte d’entrée qui s’ouvre sur un perron.

 

La façade est à demi-cachée sous des haies fleuries. Il y a une grande terrasse qui s’en va jusqu’à la Seine, et d’où l’on voit les petites villes qui paressent dans un bain de soleil, sur l’autre rive.

 

De cet observatoire que ne trouble aucun beuglement de clackson et où nulle poussière d’auto n’arrive, on plonge, au-delà du fleuve que sillonnent de lents remorqueurs, dans un horizon de verdure, de plaines tâchetées, de coteaux chevelus. Des bois, piqués par la première pointe d’automne, ont des feuillages qui se dorent ; et leur ligne se découpe dans le ciel bleu, bleu très doux d’Ile-de-France – comme l’échine d’un fauve qui s’apprête à bondir.

 

Proche est l’île de Croissy que chanta, en des vers érotiques, Catulle-Mendés, ce parnassien à la muse jamais lassée. Un parc entoure cette demeure ; et n’étaient les allées trop soigneusement ratissées, on croirait à pénétrer dans des fourrés plein d’ombre ; à voir ces bouquets d’arbres massifs qui ont dépassé leur centième année ; à découvrir ces rocailles que mangent les mousses, être perdu au cœur de quelque vieux bois.

 

Mais soudain les chemins se rejoignent et voici dans une clairière de spacieux fauteuils en rotin, un petit guéridon très coquet sur lequel le thé refroidit…et l’on cherche l’orchestre pour quelque five o’clock dansant.

 

Le mobilier de cette villa est simple, confortable ; les bibelots mêlent leurs formes frêles et précieuses aux fleurs qui éclatent dans des vases au flanc large.

 

- Ce qui m’a fait choisir cette demeure, mon Dieu, le hasard…le bienheureux hasard, me dit Mademoiselle Falconetti, le même qui vient en aide aux auteurs pour dénouer les situations les plus embrouillées. Je suis venue, j’ai vu, je fus conquise ; et depuis, tout me retient ici : le calme, l’air, la belle route que l’on prend pour arriver à Chatou, le limpide horizon où les yeux se reposent et puis, les souvenirs – les souvenirs – les souvenirs de théâtre, car cette villa appartenait naguère à Anna Judic. Et l’interprète de tant d’œuvres dramatiques nous parle de l’ombre légère de celle qui fut une fine, délicate et sensible chanteuse d’opérette."

 

Pierre Heuzé

COMEDIA - 28 AOUT 1926

 

 

Les habitantes célèbres du 3 avenue d’Eprémesnil

 

 

René Jeanne Falconetti (1892-1946), actrice du cinéma muet, directrice du Théâtre de l’Avenue, héroïne au cinéma de « La passion de Jeanne d’Arc » de Carl Dreyer en 1926 (illustration ci-dessous), joua au théâtre Edouard VII « Le Comédien » de Sacha Guitry en 1921, au théâtre de l’Athénée « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » de Jean Giraudoux en 1935.

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L'actrice de Chatou en couverture du magazine "Mon Ciné" le 3 novembre 1927. Le réalisateur Carl Dreyer signa l'une des plus grandes fresques sur Jeanne d'Arc. Il employa notamment le petit-fils de Victor Hugo pour dessiner les costumes du film. Jeanne d'Arc avait été canonnisée en 1924.
 
 

Anna Judic (1850-1911), artiste de l’opérette, l'une des premières artistes produites sur cylindres Pathé à Chatou vers la fin de sa vie

 

 

 

 

 

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La catovienne Anna Judic, en couverture du Monde Illustré le 7 octobre 1893
Elle créa notamment pour Offenbach le rôle de la princesse Cunégonde dans son opérette "le roi Carotte" en 1872
collection Pierre Arrivetz

 

 

 

 

 

 

Anna Judic, de son premier nom Anna Damien, naquit à Semur en Côte d’Or en 1850. Elle était la fille de la buraliste du théâtre du Gymnase, elle-même maîtresse du directeur de ce théâtre. Après une année passée au Conservatoire, c’est au Gymnase qu’elle débuta une grande carrière d’artiste d’opérette en jouant “les Grandes Demoiselles” en 1867. Elle se maria en 1868 avec M. Judic, un commissionnaire  employé par des troupes avec succès pour ses dons de comique, chanteur et musicien.  En 1868, elle fut embauchée au théâtre de l’Eldorado. C’est là qu’elle devint une étoile en jouant notamment “Paolo et Pietro”, “la Vénus infidèle, “Faust passementier” etc...

 

Un journaliste écrivit: “ L’ingénue Judic est une véritable croqueuse de pommes; avec son bon rire d’enfant, elle nous jette au visage les pépins du fruit défendu”. Le directeur de l’Eldorado fut à ce point satisfait qu’il alla jusqu’à embaucher son mari comme régisseur du théâtre. Le 4 septembre 1870, jour de la déclaration de guerre à la Prusse, l’Eldorado ferma ses portes. Les Judic partirent en tournée dans les grandes villes de Belgique. Partout ovationnée, ce fut le triomphe à Bruxelles lorsque Anna prêta son concours à une oeuvre de bienfaisance, “La Crèche Marie-Louise”.

 

De retour en France, elle se produisit au Grand Théâtre de Lille où elle chanta le 22 janvier 1871 au profit des blessés français. La représentation, qui rapporta une souscription de 27.000 F  or, valut à  Anna Judic de recevoir un superbe médaillon de la ville.

 

En 1872, Jacques Offenbach et Victorien Sardou l’appelèrent pour créer au Théâtre de la Gaîté le rôle de la princesse Cunégonde dans “le Roi Carotte”. Elle alla “se faire couvrir de roses au théâtre de l’Alcazar à Marseille” (“Paris-Artiste” - 20 octobre 1883) puis le théâtre des Folies-Bergères lui fit tourner “Ne m’chatouillez pas, éclat de rire en six couplets” applaudi par la foule des parisiens et des étrangers (réf.idem).

 

Après des représentations du “Roi Carotte” à la Gaîté, le directeur des Bouffes-Parisiens l’engagea  pour créer le rôle de Malda dans “la Timbale d’argent” de Jaime fils et Léon Vasseur. Elle ne quitta les Bouffes qu’en 1876  après avoir chanté notamment dans “Petite Reine”, “Branche cassée”, “Mme l’Archiduc”.  Elle entra alors au Théâtre des Variétés pour créer “Docteur Ox”, “Charbonniers”, “Niniche”, “La femme à papa”, “la roussotte”, “Lili”, “Mamzelle Nitouche”, “la Cosaque”, “la Noce à Nini”, “la Japonaise” etc... Elle y reprit également “la Belle Hélène”, “la Grande-Duchesse”, “Le grand Casimir”, dont les rôles avaient été attribués auparavant à la célèbre cantatrice Hortense Schneider.

 

Elle  tourna ensuite à l’Eden-Théâtre “La fille de Mme Angot” et après plusieurs tournées à l’étranger et quelques représentations aux Menus-Plaisirs, à l’Eldorado et à l’Alcazar d’Ete, elle rentra aux Variétés dans “Lili” en 1894, reprit “Nitouche” et créa “Rieuse”. Engagée au Théâtre du Gymnase, elle créa “l’Age Difficile” en 1895. C’est en 1883 qu’Anna Judic acheta la propriété du 3 avenue d’Epremesnil. La Liberté de Seine et Oise du 21 avril 1911 rapporta : “très éprise des beautés de la région, elle avait chargé une pléiade d’artistes d’en peindre les plus jolis sites qui garnissaient cette villa, où tout le monde du théâtre, de la littérature et des arts défila...”.

 

En 1892, Anna Judic fut décorée à Constantinople par le sultan. Elle mourut à Golfe Juan en avril 1911, où depuis trois mois, la maladie la tenait alitée.