04/08/2009
LES TIMBRES FONT L'HISTOIRE
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31/07/2009
USINES PATHE, LE PATRIMOINE DU XXEME SIECLE
Chatou est à la fois le berceau de l'industrie phonographique française en 1898 et le berceau du microsillon en Europe en 1951.
Cette histoire industrielle singulière a débuté en 1898 lorsque Charles et Emile Pathé, qui avaient fondé leur propre entreprise de phonographe et de cinéma trois ans plus tôt, entrèrent dans les vues d'un investisseur industriel audacieux, Claude Grivolas (1855-1938). Celui-ci les aida à créer une société anonyme et acheta des terrains boulevard de la République à Chatou pour construire leur première usine. Emile Pathé fut le dirigeant de l'industrie phonographique jusqu'à sa mort. Jusqu'en 1907, les bénéfices du phonographe surpassèrent ceux du cinéma et vinrent protéger l'industrie du cinéma de Charles Pathé grâce aux parts détenues par celui-ci dans le phonographe.
En 1928, la Compagnie des Machines Parlantes d'Emile Pathé fut acquise à 40% par les firmes anglaises Columbia et His Master's Voice qui achetèrent les parts de Charles Pathé dans l'industrie d'Emile. La fusion fut à l'origine de la construction de l'usine en béton armé rue Centrale (rue Emile Pathé depuis 1937). Baptisée "Société Générale de Disques", l'usine fut édifiée entre 1929 et 1931 par les plus grands architectes anglais de l'Art Déco, Wallis, Gilbert et Partners. La production y fut de 20 millions de disques par an cependant que le reste du site continuait à produire TSF et gramophones. Les premières télévisions furent fabriquées également sur le site de Chatou jusqu'en 1958.
Pas moins de quatre générations de Catoviens et d'habitants de la région travaillèrent sur le site de Chatou jusqu'à ce qu'intervienne une délocalisation en Allemagne en 1990.
Les milliers d'artistes qui y ont été produits, parmi lesquels Edith Piaf, Charles Trénet, Tino Rossi, Maria Callas, Enrico Caruso, Frank Sinatra, Maurice Chevalier, Mistinguett, Joséphine Baker, Luis Mariano, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Les Beatles, sans compter tous les chefs d'orchestre de musique classique du XXème siècle (Toscanini, Klemperer, Karajan, Ménuhin, Prêtre, Plasson...) et les musiques de films de la M.G.M. (comédies musicales) ont assuré la renommée de l'industrie de Chatou à travers le monde. Il va de soi qu'un musée prestigieux y aurait eu sa place, rassemblant l'histoire des industries phonographiques et cinématographiques, ainsi que cela fut âprement suggéré par l'association.
Malgré une mobilisation nationale ayant un retentissement médiatique sans précédent à l'initiative de Chatou Notre Ville (TF1, Le Monde, Le Figaro, Le Moniteur...) et la possibilité d'une inversion de l'aménagement avec un terrain communal situé à 300 mètres, la municipalité choisit la destruction totale de l'usine pour un projet de promotion immobilière en 2004.
DES SOUTIENS PRESTIGIEUX ET DE TOUS HORIZONS RECUEILLIS PAR L'ASSOCIATION POUR LA CONSERVATION AU MOINS PARTIELLE DE L'USINE PATHE-MARCONI DE CHATOU
Liste au 1er octobre 2004
Eddie Barclay, Fondateur de la Compagnie Phonographique Française (1945), Emmanuel Bréon, Directeur du Musée des Années Trente, Conservateur en chef des Musées de la Ville de Boulogne, Jean-Christophe Averty, Créateur et animateur de l'émission "Les Cinglés du Music-Hall" sur France-Culture, Maurice Culot, Architecte, Membre de la Commission des Monuments Historiques, Grand Prix de la Critique Architecturale, Chargé de mission à l'Institut Français d'Architecture, Président de la Fondation pour l'Architecture - Bruxelles, Jean-Marie Drot, Catovien, Ancien directeur de l'Académie de France d'Architecture à Rome, Auteur-réalisateur d'émissions de radio et télévision, Charles Bourély, Catovien, Inspecteur Général Honoraire des Monuments et des Sites, Pierre Vercel, Catovien, Ancien directeur général et président de Pathé-Cinéma, Pascal Sevran, animateur - réalisateur de télévision, spécialiste de la chanson française, Le Prince Géraud de la Tour d'Auvergne, Inspecteur Général Honoraire de l'Administration Culturelle, Président de Portus Magnus, association internationale pour le développement archéologique, écologique et portuaire d'Alexandrie, Marie-France Calas, Conservateur Général du Patrimoine, Spécialiste du patrimoine sonore et audiovisuel, José Sourillan, Ancien Directeur des Archives Audiovisuelles de RTL, auteur de disques d’histoire et de documentaires, Roselyne Germon, petite-nièce de Jacques Haîk, Créateur du cinéma " Le Grand Rex " (1932), André Hébrard, Catovien, ancien haut fonctionnaire délégué à la Reconstruction, Georges Martin Saint-Léon, Catovien, Ancien président de l'Office du Tourisme de Chatou-Croissy-Carrières-Montesson, Pathé, Société cinématographique créée par Charles Pathé en 1896, L.V.M.H (Moët Hennessy Louis Vuitton), Institut des Archives Sonores, Société possédant un fonds historique de 400.000 documents sonores de 1880 à nos jours - projet d'"université de la parole", les familles de Charles et Emile Pathé, Line Renaud, chanteuse, comédienne, Pierre Arditi, comédien, Claude Piéplu, comédien, Annie Cordy, chanteuse, comédienne, Georges Lautner, cinéaste, Mick Micheyl, chanteuse, sculpteur, Claude Bolling, musicien, chef d'orchestre, Claude Pinoteau, cinéaste, Pierre Tchernia, cinéaste, créateur de l'émission de télévision " Monsieur Cinéma ", Robert Enrico, cinéaste (décédé), Bruno Podalydés, Catovien, cinéaste, Yves Duteil, chanteur, Clelia Ventura, Catovienne, scénariste, fille de Lino Ventura, Odette Ventura, épouse de Lino Ventura, Marie-Christine Audiard, épouse de Michel Audiard, Marie-Thérèse Orain, comédienne, chanteuse, Europa Nostra, Association paneuropéenne du Patrimoine, présidée par Son Altesse Royale le Prince Consort de Danemark, Société pour la Protection du Paysage et de l'Esthétique de la France, association reconnue d'utilité publique, membre de la Commission des Monuments Historiques, La Demeure Historique, association reconnue d'utilité publique, L'Institut du Patrimoine Wallon, Comité d'information et de liaison pour l'archéologie, l'étude et la mise en valeur du patrimoine industriel (CILAC), Association des Amis du Musée de Nogent, Musée-Association " Les Amis d'Edith Piaf ", Association " Les Amis de Barbara ", Association " Les Amis de Tino Rossi”, Association " Les Amis de Louis Amade " (préfet de police, poête, auteur de chansons de Gilbert Bécaud et Charles Trénet), Association du souvenir à Luis Mariano, Association “Les Amis de Jean Sablon”, Jean-Pierre Pasqualini, Rédacteur en Chef du Magazine Platine, Spécialiste de la chanson française, Corinne Lepage, ancien ministre de l'Environnement (Cap 21), André Santini, député-maire (UDF) des Hauts de Seine, ancien ministre, le prince Charles Bonaparte, maire-adjoint d’Ajaccio, Emmanuel Hamelin, député (UMP) de Lyon, membre de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée Nationale, Olivier Dassault, député (UMP) de l'Oise, Pierre Amouroux, député (UMP) des Yvelines, Jérôme Lambert, député (PS) de la Charente, Anne Hidalgo, première adjointe (PS) au Maire de Paris, Serge Méry, vice-président (PS) du Conseil Régional d'Ile de France, Olivier Galiana, conseiller régional (PS) d'Ile de France, Michel de Rostolan, conseiller régional (FN) d'Ile de France, Michel Bayvet, conseiller régional (FN) d'Ile de France, Gilberte Decossin, ancienne déléguée du comité d’entreprise de l’usine de Chatou (CGT).
L’alerte médiatique était donnée depuis plusieurs années par le Courrier des Yvelines et le Parisien. Elle prit un nouveau tour lors du Salon du Patrimoine au Carrousel du Louvre consacré au patrimoine industriel en novembre 2002, auquel participa l’association aux côtés de l’entreprise Pathé. Le journal “Le Monde”, sous la plume d’orfèvre d’Emmanuel de Roux, puis “le Figaro”, dans un grand article d’Hervé Guénot et enfin TF1, dans son journal de 20 h incluant un reportage mémorable de Marion Desmarrets présenté par Claire Chazal, mirent la question sous les yeux de l’opinion publique. Le Moniteur, le Nouvel Observateur, furent aussi de la partie. Le ministre de la Culture de l’époque, Jean-Jacques Aillagon, se concerta avec le maire et l’ABF partisans de la démolition, et refusa une mesure de protection. L’enquête publique en avril 2003 dans la commune révéla ensuite 1806 signatures sur 1877 favorables à une conservation partielle du site (96% des avis exprimés).
En septembre-octobre 2004, l’association ayant saisi les élus nationaux , le président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Jean-Louis Debré, saisit le Ministre de la Culture, de même que le ministre de l'Intérieur et le Ministre des Libertés Locales, Monsieur Jean-François Copé. Le ministre des Finances, Monsieur Nicolas Sarkozy, demanda au préfet d'examiner notre dossier avec " bienveillance. " Le successeur de Monsieur Aillagon refusa à son tour de donner suite aux demandes que l’association adressa en mai et septembre 2004 lorsque le site était encore debout.
Jusqu’à la fin, il ne fut jamais tenu aucun compte des arguments des défenseurs d’une conservation partielle. Le site fut entièrement rasé en novembre 2004. Les Domaines avaient proposé à la commune de préempter sa vente pour 4,7 millions de francs en 1998...
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29/07/2009
CHATOU A L'HEURE DE L'AUTOMOBILE : GEORGES IRAT
Chatou a accueilli de 1921 à 1929 les usines du constructeur automobile GEORGES IRAT rue Brunier Bourbon et Boulevard de la République. Environ 1000 voitures y furent produites. Les GEORGES IRAT firent leur réputation dans les rallyes automobiles, remportant une quarantaine d'épreuves entre 1923 et 1929. Le modèle fétiche de la marque était à l'époque de la fabrication à Chatou la 11 CV. Engagée en compétition en torpédo sport ou berline de série, la GEORGES IRAT de Chatou existe encore à travers une dizaine de véhicules dispersés à travers le monde, constituant autant d'objets de collection. L'un d'entre eux, un coupé 1927 (ci-dessus) possédé par Monsieur DEMANTES, un passionné de Pantin, justifie d'une restauration et a été présenté par l'association avec l'accord de son propriétaire lors des Journées du Patrimoine 2005 dans le jardin de l'hôtel de ville. C'est la dernière Georges Irat deux litres en Ile de France.
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25/07/2009
L'ACTRICE RENE JEANNE FALCONETTI (1892-1946)
René Jeanne Falconetti, actrice du cinéma muet, directrice du Théâtre de l’Avenue, l'héroïne au cinéma de « La passion de Jeanne d’Arc » de Carl Dreyer en 1926 (illustration ci-dessous), joua au théâtre Edouard VII « Le Comédien » de Sacha Guitry en 1921, au théâtre de l’Athénée « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » de Jean Giraudoux en 1935.
collection Pierre Arrivetz
Ci-dessus en couverture du magazine "Mon Ciné" le 3 novembre 1927. Le réalisateur Carl Dreyer signa l'une des plus grandes fresques sur Jeanne d'Arc. Il employa notamment le petit-fils de Victor Hugo pour dessiner les costumes du film. Jeanne d'Arc avait été canonnisée en 1924. René Jeanne Falconetti qui l'incarna vivait 3 avenue d'Eprémesnil à Chatou dans une villa aujourd'hui disparue.
collection Pierre Arrivetz
"Les propriétés ne font pas défaut à Mademoiselle Falconetti ; cependant entre toutes, l’artiste préfère la maison qu’elle possède à Chatou. C’est une grande bâtisse blanche, carrée, élégante, avec des fenêtres arrondies. Une marquise de fer forgé, très ouvragée, orne la porte d’entrée qui s’ouvre sur un perron.
La façade est à demi-cachée sous des haies fleuries. Il y a une grande terrasse qui s’en va jusqu’à la Seine, et d’où l’on voit les petites villes qui paressent dans un bain de soleil, sur l’autre rive.
De cet observatoire que ne trouble aucun beuglement de clackson et où nulle poussière d’auto n’arrive, on plonge, au-delà du fleuve que sillonnent de lents remorqueurs, dans un horizon de verdure, de plaines tâchetées, de coteaux chevelus. Des bois, piqués par la première pointe d’automne, ont des feuillages qui se dorent ; et leur ligne se découpe dans le ciel bleu, bleu très doux d’Ile-de-France – comme l’échine d’un fauve qui s’apprête à bondir.
Proche est l’île de Croissy que chanta, en des vers érotiques, Catulle-Mendés, ce parnassien à la muse jamais lassée. Un parc entoure cette demeure ; et n’étaient les allées trop soigneusement ratissées, on croirait à pénétrer dans des fourrés plein d’ombre ; à voir ces bouquets d’arbres massifs qui ont dépassé leur centième année ; à découvrir ces rocailles que mangent les mousses, être perdu au cœur de quelque vieux bois.
Mais soudain les chemins se rejoignent et voici dans une clairière de spacieux fauteuils en rotin, un petit guéridon très coquet sur lequel le thé refroidit…et l’on cherche l’orchestre pour quelque five o’clock dansant.
Le mobilier de cette villa est simple, confortable ; les bibelots mêlent leurs formes frêles et précieuses aux fleurs qui éclatent dans des vases au flanc large.
- Ce qui m’a fait choisir cette demeure, mon Dieu, le hasard…le bienheureux hasard, me dit Mademoiselle Falconetti, le même qui vient en aide aux auteurs pour dénouer les situations les plus embrouillées. Je suis venue, j’ai vu, je fus conquise ; et depuis, tout me retient ici : le calme, l’air, la belle route que l’on prend pour arriver à Chatou, le limpide horizon où les yeux se reposent et puis, les souvenirs – les souvenirs – les souvenirs de théâtre, car cette villa appartenait naguère à Anna Judic. Et l’interprète de tant d’œuvres dramatiques nous parle de l’ombre légère de celle qui fut une fine, délicate et sensible chanteuse d’opérette."
Pierre Heuzé
COMEDIA - 28 AOUT 1926
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22/07/2009
"DE PARIS A CADIX" D'ALEXANDRE DUMAS
Récit de voyage en 1846, Dumas est mandé par le ministre de l’Instruction Publique, de Salvandy, de faire un voyage en Algérie. Il profite du mariage du duc de Montpensier à Madrid pour faire escale en Espagne.Ci-dessous, il réunit « ses troupes »:
« Mon domestique trouva Maquet (collaborateur de Dumas) dans l’Ile de Chatou, assis sur l’herbe de monsieur d’Aligre, et pêchant le poisson du gouvernement. Seulement, tout en pêchant, il écrivait, et comme en ce moment sans doute il alignait une de ces belles et bonnes pages que vous connaissez, il avait complètement oublié les trois ou quatre engins de destruction dont il était entouré, et au lieu que ce fussent ses lignes qui amenaient les carpes sur le rivage, c’étaient les carpes qui emmenaient ses lignes dans l’eau. Paul (domestique de Dumas) arriva à temps – je vous ferai plus tard la biographie de Paul, madame -, Paul arriva à temps pour arrêter une superbe canne de roseaux arundo donax, laquelle descendait le fil de l’eau avec la rapidité d’une flèche, emportée par une carpe qui avait des affaires très pressantes au Havre.
Maquet rajusta son roseau à moitié démanché, ferma son petit portefeuille de pêche, décacheta ma lettre, ouvrit de grands yeux, lut et relut les six lignes qui la composaient, récolta ses quatre engins, et reprit le chemin de Chatou pour s’occuper activement de trouver une malle de la dimension demandée. Il acceptait. Il va sans dire qu’avant que Maquet ne fût au bout de l’Ile, la carpe était déjà à Meulan (...)"
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31/05/2009
LEON MELCHISSEDEC, UN GRAND ARTISTE LYRIQUE DANS LE QUARTIER GAMBETTA
Le quartier Gambetta a longtemps eu son passé occulté. Cette injustice doit prendre fin. Evoquons l’un de ses grands hommes, Léon Melchissédec. Né à Clermont-Ferrand le 7 mai 1843 et mort à Paris en 1925, il fut un artiste lyrique à la carrière extraordinairement longue et variée. Extraordinairement longue, peut être la plus longue de l’histoire lyrique, puisqu’elle débuta en décembre 1862 à Rive-de-Gier dans la Loire par un concert donné au bénéfice de mineurs brûlés où il chanta le grand air de « Lucie » de Donizetti, et se termina par une soirée de cinquantenaire au Trocadéro le 24 avril 1913. C’est du moins ce qu’écrivit l’intéressé avant les hostilités. Carrière variée puisqu’il tint tour à tour les rôles de ténors, de barytons d’opéra-comique, de baryton de grand opéra, de basses chantantes d’opéra-comique et enfin de secondes basses. Il fut professeur de déclamation lyrique au Conservatoire de Paris de 1894 à sa mort en 1925, l’auteur de plusieurs communications à l’Académie des Sciences dont “La physiologie de la voix” (1890), “Le résonateur buccal” (1911), “Sur la théorie mécanique de quelques tuyaux sonores” et celui de plusieurs ouvrages dont « Pour chanter, ce qu’il faut savoir » (1913), « Le chant, la déclamation lyrique, l’émission et la voix » (1925). Le 29 décembre 1910, il fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur. A plus de 60 ans, il enregistra pour Pathé à Chatou un répertoire de cylindres, parmi les plus chers au monde aujourd’hui.
Sa villégiature en Belgique en juillet 1914 à la suite des concours où il était juré avait tourné court avec l’arrivée de l’armée allemande. Il fut libéré par son fils à la fin de la Première Guerre et chanta pour la dernière fois le 19 novembre 1919 « Les deux grenadiers » de Schumann devant la Société des Médaillés Militaires. Membre de la municipalité de Maurice Berteaux de 1896 à 1900, il vécut 3 avenue des Coteaux, aujourd’hui à l’angle de l’avenue Gambetta et de la rue des Coteaux, dans une villa qui a été détruite dans les années 60.
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03/05/2009
MAURICE UTRILLO PEINT L'EGLISE DE CHATOU
Chatou occupe une place dans la peinture tant pour les grands que les petits maîtres : Derain, Vlaminck, Pharamond Blanchard, Jacomin, Karbowsky, Champenois qui ont habité Chatou, Renoir qui a fréquenté Chatou et peint pour l’éternité ses hôtes de la maison Fournaise. L’historien et ancien maire de Chatou Jacques Catinat mentionne également dans son ouvrage « Les grandes heures de Chatou » le peintre Utrillo (1883 né à la Butte Montmartre -1955), dont on sait qu’il fréquenta Chatou depuis sa résidence du Vésinet où il demeura à partir de 1935. Celui honora notre commune d’une toile, « l’église Notre-Dame ».
A l’heure de l’importante exposition qui lui est consacrée par la Ville de Paris place de la Madeleine, les heures de tranquillité du fils de Suzanne Valadon dans sa propriété de « La bonne Lucie » au Vésinet, qui longtemps connut une vie de souffrance et d’errements, méritent d’être rappelées : laissons donc parler le journaliste « H.K » dans la chronique qu’il réussit à lui consacrer dans le Monde Illustré du 21 juillet 1945, dix ans avant la mort du peintre :
« nous sommes arrivés. C’est ici La Bonne Lucie. Un portail laqué blanc s’ouvre sur un décor d’une étonnante luminosité : pelouses verdoyant sous la pluie des jets d’eau, allées sablées, fulgurants géraniums, arcade de crépi rose noyée dans la ramée d’un saule (qu’on n’ose appeler pleureur tant est joyeux l’éclat de son feuillage !), maison rose à boiseries blanches et, dans une volière, vingt perruches bleues qui chantent et s’activent, car elles ont « goûté le plaisir des amours printanières », et une quantité de petites perruches vont naître bientôt. A l’extérieur de la rose maison, la fête des couleurs continue ; tout est sourire et harmonie. Et c’est dans cette ambiance qui tient du conte de fées que le « frère douloureux de Baudelaire et d’Edgar Poe », l’ancien mauvais garçon qui a fini par bien tourner, coule des jours paisibles. « Il a trouvé une femme qui lui donnera le bonheur », disait Suzanne Valadon lorsque son fils épousa Lucie Valore, veuve du sympathique amateur d’art belge Robert Pauwels. Finis les temps difficiles, pour le peintre de la Butte. Il y a loin de Montmartre au Vésinet, du Lapin Agile à la maison de crépi rose ! tout dans cette installation a déjà un cachet d’immortalité et nous imaginons nos arrière-neveux, venant ici en pieuse visite, comme nous pélerinons dans la demeure tolédane du Greco…
Utrillo et Lucie Valore dans leur maison du Vésinet 18 rue des Bouleaux en 1945
Utrillo n’est pas un travailleur acharné. Il peint vite, mais seulement quand cela lui plaît. Les exhortations des amateurs d’art et des marchands de tableaux n’y peuvent rien changer. Il se lève tard, et reste toute la matinée à errer dans sa chambre, va respirer sur le balcon, récite ses prières, fume cigarette sur cigarette. Il est midi lorsqu’il prend son café au lait et 14 heures lorsqu’il descend à la salle à manger. La bonne Lucie a déjà fini de déjeuner et, abritée de son immense chapeau blanc, s’en est allée peindre dans la campagne, car, depuis trois ans, la femme du grand artiste s’est révélée, elle aussi, peintre de talent. Sitôt son déjeuner fini, Utrillo reprend son rêve, ses allées et venues. Il parcourt le jardin à pas rapides et d’un air préoccupé, revient en arrière comme s’il avait oublié quelque chose, monte à son atelier pour peindre une demi-heure, feuillette son livre d’heures dont il baise pieusement les pages. Il n’est en équilibre que lorsque sa bonne Lucie est à son côté. Alors ses yeux s’éclairent d’une lueur douce, il s’exprime avec des mots choisis, joue avec les chiens, va contempler les perruches.
La traditionnelle bouteille de vin rouge existe toujours, mais non pas constamment à portée de sa main, reléguée à l’office et souvent passée subrepticement sous le robinet par la vigilante épouse ! tous les soirs, un peu avant l’Angelus, saint Utrillo, comme l’appellent en plaisantant quelques amis, se rend à sa chapelle pour faire oraison jusqu’au dîner qui réunit les deux artistes. Enfin, c’est l’heure du travail, l’intimité de l’atelier, jusqu’à deux heures du matin. Tout se tait dans les propriétés voisines, les trains ne passent plus, dans la volière, les perruches bleues sont endormies. Alors Utrillo, lui, se réveille et prend ses pinceaux. La lueur de l’électricité qu’il préfère au jour, il reproduit en couleurs délicates et fondues l’infinie variété de la nature. A ses côtés Lucie Valore brosse une de ces toiles ingénues et éclatantes qui ont d’emblée conquis la faveur du public. Ce couple d’artistes s’est montré parfait pendant l’occupation, refusant de vendre aux Allemands, cachant des réfractaires et donnant généreusement des tableaux représentant plusieurs millions pour la Résistance et les œuvres de prisonniers. La générosité d’Utrillo est d’ailleurs bien connue. Une maxime naïve s’inscrit sur le mur de leur salle à manger : « tout ce qu’on donne fleurit – tout ce qu’on garde pourrit. » Et ils aiment la mettre en pratique.
Le miracle est que, dans cette vie ouatée de confort et de tendresse, Utrillo est resté l’artiste prodigieux qui n’existe qu’en fonction de son état de peintre. Il n’est pas sorti de son royaume de solitude et de silence et ses toiles peuvent atteindre les plus hautes cotes, il ne sera jamais entraîné dans la ronde des arrivistes. Canalisé, mais inchangé. Le génie est immuable. Il est d’ailleurs revenu à sa première manière et ses sujets de prédilection restent Montmartre et les villes de banlieue, les rues désertes entre des maisons pauvres mais rayonnantes de poésie, des murs lépreux mais caressés par le soleil, l’humble carrefour où l’on croit entendre la rengaine nostalgique d’un joueur d’orgue de Barbarie, à moins que ce ne soit, derrière ce volet mi-clos, la vieille boîte à musique (ö Déodat de Séverac) qui égrène sa candide ritournelle. Utrillo psalmodie le calme désoeuvrement des choses, le bonheur sans histoire. Un bonheur que ne connaissent pas les assoiffés de vitesse, un bonheur ignoré de ceux « qui s’ennuient au logis. » Deux perruches bleues s’aimaient d’amour tendre…"
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21/03/2009
LES PASSAGERS DE LEGENDE DU CHEMIN DE FER DE CHATOU
« Monsieur Paul Abadie, architecte, membre de l’Institut, a été frappé, vendredi 1er août 1884, d’une attaque d’apoplexie, à la gare de Chatou, au moment où il descendait du train venant de Paris ; l’éminent artiste est mort dans la nuit. » (Gazette des Architectes et du Bâtiment – août 1884). «Le vaillant architecte était frappé inopinément et mortellement en revenant d’exercer les fonctions de juré au Concours du Grand Prix d’Architecture » (Revue de l’Architecture et des Travaux Publics – 1885). « Avant de clore son discours, Monsieur Daumet insiste sur la bienveillance parfaite qui caractérisait Abadie, président (…) du Cercle des Maçons et Tailleurs de Pierre. » (idem).
Installé à Chatou vers 1865 6 route des Princes (depuis 1875 rebaptisée avenue Arago rattachée au Vésinet côté pair), Paul Abadie s’était illustré comme architecte des édifices diocésains du sud-ouest depuis 1848, fonction qu’il cumulait avec celle d’inspecteur général des édifices diocésains depuis 1861, marquant du style romano-byzantin, très spectaculaire, les restaurations des cathédrales Saint-Front de Périgueux et Saint-Pierre d'Angoulême ainsi que celle de l'Eglise Sainte-Croix de Bordeaux. Napoléon III l’avait fait officier de la Légion d’Honneur en 1869.
Conseiller municipal de Chatou de 1870 à 1875, il entra dans l’histoire en 1874 en remportant parmi 78 projets, le concours pour l’édification du Sacré-Cœur, aujourd’hui l’un des symboles de Paris à travers le monde.
Paul Abadie avait dirigé les travaux de restauration de 22 édifices religieux et donné les plans de 28 constructions nouvelles. Il est enterré au cimetière de Chatou. Une voie lui a été décernée dans le quartier Gambetta en 1972.
Maurice Berteaux
Maurice Berteaux (1852-1911), ministre de la Guerre, député-maire de Chatou, rejoint sa dernière demeure au terme d’obsèques nationales
Gendre de l’ancien maire de Chatou, Charles Joseph Lambert (1871-1872), et héritier de sa charge d’agent de change, Maurice Berteaux fit partie de cette élite fortunée de la Belle Epoque, qui, dans le sillage du parti radical-socialiste, consacra toute sa vie au progrès et à la défense militaire de la France, à laquelle il attacha la nouvelle arme de l’aviation. Résidant 17 rue Labélonye, il fut le maire emblématique de Chatou de 1891 à 1911. Député de 1893 à 1911, ministre de la Guerre à deux reprises en 1904 et 1911, il défendit le projet des retraites ouvrière et paysanne adopté en 1910, le statut des cheminots et fut le promoteur de la nationalisation de la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, dont Clemenceau, président du Conseil, finit par faire adopter le projet en 1908. La popularité de Maurice Berteaux était telle que son élection à la présidence de la République en 1913 était envisageable. Il fut le député le mieux élu de France en 1910. A Chatou, il fut constamment réélu maire au premier tour de scrutin entre 1892 et 1911. On lui doit des équipements financés sur ses deniers, tels que la salle des fêtes (détruite en 1973) et le premier réseau téléphonique dans la commune. Il mourut le 21 mai 1911, décapité par un avion au départ de la course d'aviation Paris-Madrid à Issy-Les-Moulineaux. Il reçut des obsèques nationales.
Maurice Berteaux à cheval
aux grandes manoeuvres de 1905
La délégation parlementaire sur le quai de la gare de Chatou avec au centre Adolphe Brisson, président de la Chambre des Députés et ci-dessous, la descente du cercueil.
« Au mois de juillet 1900, étant en permission de quinze jours (ma libération devait avoir lieu en septembre), j’avais pris à Chatou le train pour Paris. Dans le compartiment où j’étais monté, assis en face de moi se trouvait André Derain. Bien qu’habitant depuis toujours le même pays, nous ne nous étions jamais adressé la parole. Nous nous connaissions seulement de vue, pour nous être souvent croisés dans les rues du village. Derain avait assisté à des courses de vélo auxquelles je participais. Maintes fois, il avait pu me rencontrer, mon violon sous le bras ou trimbalant des toiles et ma boîte à couleurs. A cette époque, Derain avait à peine vingt ans. C’était un grand type efflanqué, aux longues jambes. Il était habituellement vêtu d’un manteau à pèlerine et coiffé d’un chapeau mou. Il avait vaguement l’air d’un escholier de la Basoche du temps de Louis XV : quelque chose comme un François Villon amélioré…Je ne sais quelle rage intempestive me le fit attaquer :
- « ça va bientôt être votre tour de chausser des godillots ! »
- « pas avant l’année prochaine, me répondit-il, un peu interloqué. »
Le même soir, nous nous retrouvions sur le quai et nous reprenions notre entretien. Le résultat de cette rencontre fut qu’on se promit de travailler ensemble (…) »
Couverture du catalogue de l'exposition "Chatou" à la galerie Bing en mars 1947 par Maurice de Vlaminck
collection Pierre Arrivetz
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L'ARRIVEE DU CHEMIN DE FER
les frères Péreire
Emile (1800-1875) et Isaac (1806-1880) Péreire, gravure dans
« Le Monde Illustré » du 25 février 1863 - collection Pierre Arrivetz
Emile Péreire, à ses débuts courtier d’agent de change, devint le créateur sous le Second Empire d’une dizaine de sociétés participant au développement du pays : Crédit Mobilier, Compagnie Générale Maritime, Compagnie Générale Transatlantique, sociétés d’assurance « La Confiance » et « La Paternelle », Compagnie Parisienne d’Eclairage et de Chauffage par le gaz, promotion immobilièr edans divers arrondissements de Paris et de la Province etc…, compagnies de chemins de fer diverses.
Mais il fut avant tout l’auteur de la révolution ferroviaire en France.
Son projet de liaison entre Paris et Saint-Germain par voie de chemin de fer, élaboré en 1832, vit le jour en 1835, lorsqu’il convainquit le banquier James de Rothschild de s’associer au financement de l’opération. Incarnant un capitalisme d’investissement, il connut une faillite au bout de 30 ans, ayant engagé à tort des capitaux dans des opérations immobilières contrecarrées par ses concurrents du chemin de fer.
Sous son impulsion, la loi créant la ligne Paris Saint-Lazare- Le Pecq fut promulguée par le roi Louis-Philippe le 9 juillet 1835. Le 4 novembre 1835, le roi prit une ordonnance autorisant la création d'une société anonyme d'exploitation du chemin de fer Paris-Saint-Germain 16 rue de Tivoli à Paris dont le directeur n'était autre qu'Emile Péreire. Les ingénieurs de la compagnie étaient Emile Clapeyron, Stéphane Mony, Gabriel Lamé, les administrateurs, James de Rotschild, Sanson Davillier, Adolphe d'Eichtal, Auguste Thurneyssen.
Grand propriétaire à Chatou au début du Second Empire, Emile Péreire maria sa fille à Croissy au château Chanorier en 1853. Il fut député du Corps Législatif de 1863 à 1869.
En 1855, obéissant à la politique de concentration des réseaux rentables et moins rentables voulue par Napoléon III, la Compagnie Péreire fusionna et prit le nom de Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, une société exploitant les lignes de Saint-Germain, Rouen, Dieppe, Fécamp, Le Havre, Cherbourg...
Celle-ci disparut en 1908 au terme d’une nationalisation qui la transforma en Compagnie de « l’Ouest-Etat », cette dernière cédant la place en 1938 à la SNCF, laquelle conserva son emprise sur la ligne Paris Saint-Germain jusqu’à la création de la RATP en 1972.
Le cahier des charges présenté par Emile Péreire le 17 septembre 1832
"Le chemin de fer proposé part de Tivoli et entrant presque immédiatement en souterrain, il passe sous le boulevard extérieur entre les barrières de Clichy et de Mousseaux et sous les Batignolles, au-delà desquelles il revoit le jour ; la longueur du souterrain est de 1158 mètres. La hauteur du point de départ est de 18 mètres au-dessus de la Seine. Le chemin de fer est en remblais jusqu’au-delà de la traversée de la Seine. Il rencontre les routes de la Révolte et d’Asnières un peu en amont du pont actuel et à un niveau de 9 mètres au-dessus de l’étiage.
(N.B : l’étiage correspond statistiquement (sur plusieurs années) à la période de l’année où le débit d’un cours d’eau atteint son point le plus bas).
L’alignement continue encore un peu au-delà d’Asnières, et tantôt en déblais, tantôt en remblais. Le chemin de fer s’infléchit ensuite par une courbe de 2000 mètres de rayon qui le conduit jusqu’à la Garenne de Colombes où commence un nouvel alignement, qui, tantôt en déblais, tantôt en remblais, passe devant la Folie et prés de Nanterre, par une seconde courbe de 2000 mètres de renfort, s’approche de la Seine. La traversée s’opère dans le voisinage de Chatou, en un lieu où la Seine est partagée en deux bras ; le pont sur l’un deux sera à 8,40 m et sur le second à 9,25 m au-dessus de l’étiage. On entre en déblais presque immédiatement après cette traversée de la Seine, et pour passer le bois du Vésinet.
Enfin, on traverse pour la troisième fois la Seine prés du Pec (orthographe approximative de l’époque) à 8,60 m au-dessus de l’étiage.
Le tracé a une longueur de 18.400 mètres. Il est plus court que la route royale actuelle de 1200 mètres. Ce chemin pourrait être parcouru en une demi-heure par machines locomotives, et établirait ainsi entre Paris et Saint-Germain des communications si commodes et si rapides qu’il doit en résulter de grands avantages pour les relations déjà considérables qui existent entre ces deux villes.
Les machines locomotives peuvent parcourir de 30.000 à 40.000 mètres par heure sur un chemin de fer construit sous les conditions du chemin de fer de Manchester à Liverpool comme celui que nous proposons. En outre, les tarifs proposés présentent de l’économie sur les prix actuels de transport de Paris à Saint-Germain.
Evaluation sommaire des dépenses
Cette évaluation est extraite d’un mémoire d’art détaillé déposé à l’administration des Ponts et Chaussées et où les évaluations des dépenses sont présentées avec détail appuyées d’un nivellement en long.
Indemnités de terrains 234.243 F
Terrassements 262.364 F
Rails, coussinets, dés, pose 902.336 F
Souterrain 329.660 F
Trois ponts sur Seine 1.500.000 F
Matériel de transport, frais de clôture, constructions aux points de chargement et déchargements sommes à valoir 671.407 F
Total 3.900.000 F
Tarifs proposés pour chemin de fer de Paris à Saint-Germain
1°) pour les marchandises
par 1000 kilogrammes et par kilomètre 20 centimes
2°) pour les voyageurs
pour chaque voyage et par kilomètre
1ère place 8 centimes
2ème place 6 centimes
3ème place 4 centimes
Le tarif s’applique pour la distance entière de Paris à Saint-Germain donne
- pour les marchandises par 1000 kilogrammes 3,68 F
- pour les voyageurs 1.472 F
1.104 F
0,736 F
Soit en nombres ronds
- pour les marchandises par 1000 kilogrammes 3,70 F
- pour les voyageurs 1.50 F
1.10 F
0,75 F »
Le 17 septembre 1832
Signés :
G.Lamé
E. Clapeyron
Emile Péreire"
En 1930, les voyageurs de commerce fêtèrent leur centenaire en se glissant dans les costumes du règne de Louis-Philippe et en organisant le voyage Paris-Le Pecq de 1837 avec un train de l'époque à l'instar de celui qui avait inauguré la première ligne de voyageurs avec à son bord la reine Marie-Amélie (24 août 1837). Grâce à son maire et pair de France, Camille Périer, Chatou devint une desserte de la ligne quelques mois aprés l'inauguration. Pathé a filmé le voyage de 1930 pour ses actualités cinématographiques. Le 9 avril 2008, Pierre Arrivetz a écrit au maire de Chatou pour lui suggérer un projet de décoration historique de la gare de Chatou, projet qui a donné lieu à une exposition en partenariat avec l'association et la RATP sur le quai de la gare du RER en direction de Paris.
Publié dans LE CHEMIN DE FER | 20:08 | Commentaires (0) | Lien permanent
07/03/2009
EVOCATION D’UNE PROPRIETE D'ARTISTES SUR LES BORDS DE SEINE A CHATOU
"Les propriétés ne font pas défaut à Mademoiselle Falconetti ; cependant entre toutes, l’artiste préfère la maison qu’elle possède à Chatou. C’est une grande bâtisse blanche, carrée, élégante, avec des fenêtres arrondies. Une marquise de fer forgé, très ouvragée, orne la porte d’entrée qui s’ouvre sur un perron.
La façade est à demi-cachée sous des haies fleuries. Il y a une grande terrasse qui s’en va jusqu’à la Seine, et d’où l’on voit les petites villes qui paressent dans un bain de soleil, sur l’autre rive.
De cet observatoire que ne trouble aucun beuglement de clackson et où nulle poussière d’auto n’arrive, on plonge, au-delà du fleuve que sillonnent de lents remorqueurs, dans un horizon de verdure, de plaines tâchetées, de coteaux chevelus. Des bois, piqués par la première pointe d’automne, ont des feuillages qui se dorent ; et leur ligne se découpe dans le ciel bleu, bleu très doux d’Ile-de-France – comme l’échine d’un fauve qui s’apprête à bondir.
Proche est l’île de Croissy que chanta, en des vers érotiques, Catulle-Mendés, ce parnassien à la muse jamais lassée. Un parc entoure cette demeure ; et n’étaient les allées trop soigneusement ratissées, on croirait à pénétrer dans des fourrés plein d’ombre ; à voir ces bouquets d’arbres massifs qui ont dépassé leur centième année ; à découvrir ces rocailles que mangent les mousses, être perdu au cœur de quelque vieux bois.
Mais soudain les chemins se rejoignent et voici dans une clairière de spacieux fauteuils en rotin, un petit guéridon très coquet sur lequel le thé refroidit…et l’on cherche l’orchestre pour quelque five o’clock dansant.
Le mobilier de cette villa est simple, confortable ; les bibelots mêlent leurs formes frêles et précieuses aux fleurs qui éclatent dans des vases au flanc large.
- Ce qui m’a fait choisir cette demeure, mon Dieu, le hasard…le bienheureux hasard, me dit Mademoiselle Falconetti, le même qui vient en aide aux auteurs pour dénouer les situations les plus embrouillées. Je suis venue, j’ai vu, je fus conquise ; et depuis, tout me retient ici : le calme, l’air, la belle route que l’on prend pour arriver à Chatou, le limpide horizon où les yeux se reposent et puis, les souvenirs – les souvenirs – les souvenirs de théâtre, car cette villa appartenait naguère à Anna Judic. Et l’interprète de tant d’œuvres dramatiques nous parle de l’ombre légère de celle qui fut une fine, délicate et sensible chanteuse d’opérette."
Pierre Heuzé
COMEDIA - 28 AOUT 1926
Les habitantes célèbres du 3 avenue d’Eprémesnil
René Jeanne Falconetti (1892-1946), actrice du cinéma muet, directrice du Théâtre de l’Avenue, héroïne au cinéma de « La passion de Jeanne d’Arc » de Carl Dreyer en 1926 (illustration ci-dessous), joua au théâtre Edouard VII « Le Comédien » de Sacha Guitry en 1921, au théâtre de l’Athénée « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » de Jean Giraudoux en 1935.
Anna Judic (1850-1911), artiste de l’opérette, l'une des premières artistes produites sur cylindres Pathé à Chatou vers la fin de sa vie
Anna Judic, de son premier nom Anna Damien, naquit à Semur en Côte d’Or en 1850. Elle était la fille de la buraliste du théâtre du Gymnase, elle-même maîtresse du directeur de ce théâtre. Après une année passée au Conservatoire, c’est au Gymnase qu’elle débuta une grande carrière d’artiste d’opérette en jouant “les Grandes Demoiselles” en 1867. Elle se maria en 1868 avec M. Judic, un commissionnaire employé par des troupes avec succès pour ses dons de comique, chanteur et musicien. En 1868, elle fut embauchée au théâtre de l’Eldorado. C’est là qu’elle devint une étoile en jouant notamment “Paolo et Pietro”, “la Vénus infidèle, “Faust passementier” etc...
Un journaliste écrivit: “ L’ingénue Judic est une véritable croqueuse de pommes; avec son bon rire d’enfant, elle nous jette au visage les pépins du fruit défendu”. Le directeur de l’Eldorado fut à ce point satisfait qu’il alla jusqu’à embaucher son mari comme régisseur du théâtre. Le 4 septembre 1870, jour de la déclaration de guerre à la Prusse, l’Eldorado ferma ses portes. Les Judic partirent en tournée dans les grandes villes de Belgique. Partout ovationnée, ce fut le triomphe à Bruxelles lorsque Anna prêta son concours à une oeuvre de bienfaisance, “La Crèche Marie-Louise”.
De retour en France, elle se produisit au Grand Théâtre de Lille où elle chanta le 22 janvier 1871 au profit des blessés français. La représentation, qui rapporta une souscription de 27.000 F or, valut à Anna Judic de recevoir un superbe médaillon de la ville.
En 1872, Jacques Offenbach et Victorien Sardou l’appelèrent pour créer au Théâtre de la Gaîté le rôle de la princesse Cunégonde dans “le Roi Carotte”. Elle alla “se faire couvrir de roses au théâtre de l’Alcazar à Marseille” (“Paris-Artiste” - 20 octobre 1883) puis le théâtre des Folies-Bergères lui fit tourner “Ne m’chatouillez pas, éclat de rire en six couplets” applaudi par la foule des parisiens et des étrangers (réf.idem).
Après des représentations du “Roi Carotte” à la Gaîté, le directeur des Bouffes-Parisiens l’engagea pour créer le rôle de Malda dans “la Timbale d’argent” de Jaime fils et Léon Vasseur. Elle ne quitta les Bouffes qu’en 1876 après avoir chanté notamment dans “Petite Reine”, “Branche cassée”, “Mme l’Archiduc”. Elle entra alors au Théâtre des Variétés pour créer “Docteur Ox”, “Charbonniers”, “Niniche”, “La femme à papa”, “la roussotte”, “Lili”, “Mamzelle Nitouche”, “la Cosaque”, “la Noce à Nini”, “la Japonaise” etc... Elle y reprit également “la Belle Hélène”, “la Grande-Duchesse”, “Le grand Casimir”, dont les rôles avaient été attribués auparavant à la célèbre cantatrice Hortense Schneider.
Elle tourna ensuite à l’Eden-Théâtre “La fille de Mme Angot” et après plusieurs tournées à l’étranger et quelques représentations aux Menus-Plaisirs, à l’Eldorado et à l’Alcazar d’Ete, elle rentra aux Variétés dans “Lili” en 1894, reprit “Nitouche” et créa “Rieuse”. Engagée au Théâtre du Gymnase, elle créa “l’Age Difficile” en 1895. C’est en 1883 qu’Anna Judic acheta la propriété du 3 avenue d’Epremesnil. La Liberté de Seine et Oise du 21 avril 1911 rapporta : “très éprise des beautés de la région, elle avait chargé une pléiade d’artistes d’en peindre les plus jolis sites qui garnissaient cette villa, où tout le monde du théâtre, de la littérature et des arts défila...”.
En 1892, Anna Judic fut décorée à Constantinople par le sultan. Elle mourut à Golfe Juan en avril 1911, où depuis trois mois, la maladie la tenait alitée.
Publié dans # PATRIMOINE DETRUIT | 21:07 | Commentaires (0) | Lien permanent