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08/08/2011

VOYAGE AVEC GEORGES REMON (3)

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L’Exposition des Arts Décoratifs de Paris de 1925 a refermé ses portes mais, sept ans après la dévastation de la Grande Guerre, elle vient inaugurer  le dernier grand courant d’architecture du XXème siècle porté par la France.

Dans Jardins et Cottages de janvier 1927, le Catovien Georges Rémon affiche sa sévérité à l’égard de ceux qui perpétuent le style de la Belle Epoque. En contre-feu, il présente l’œuvre nouvelle de l’architecte Pierre Patout (1869-1955), un hôtel particulier à Auteuil. Le talent de Pierre Patout, comme celui des ateliers Rémon, sera sollicité par la Compagnie Générale Transatlantique et s’exprimera avec éclat sur ses paquebots « Ile-de-France » (1927) et « Normandie » (1935).

« C’est au cours d’une récente conversation avec Monsieur Pierre Patout, un instant interrompue par le téléphone, que, feuilletant une revue technique, mes yeux se portèrent sur cette déclaration d’un architecte belge d’avant-garde, rapportée par Monsieur Mallet-Stevens :  « C’est la dèche qui nous sauvera. »

Cette pensée pourrait être exprimée plus élégamment. Elle ne nous en invite pas moins à prendre en considération l’une des principales caractéristiques de l’art moderne, avide de trouver dans le plus complet dénuement des moyens, dans le rejet systématique de tout ce qui cherche à séduire et à plaire, le fin du fin, la quintessence, l’absolu métaphysique, la beauté pure (comme Monsieur Paul Valéry ne créé que de la poésie pure !), le transcendant obtenu par l’abstraction.

Est-ce à dire, en d’autres termes, qu’à notre époque et par une sorte de fatalité, il ne soit artiste et surtout architecte qui ne s’entende à traiter un programme moins sévère, moins indigent, moins réticent ? ne possédons-nous donc aucun maître d’œuvre qui, tout en respectant le principe éthique et esthétique de la simplification, devenu notre commune mesure, ne puisse se mouvoir à l’aise dans un domaine privilégié et ne sache, par un singulier paradoxe, concevoir une belle œuvre en même temps que luxueuse, du fait seule qu’elle est authentiquement luxueuse. La richesse constitue-t-elle de nos jours un thème d’inspiration en soi si néfaste, qu’il oblige nos architectes à tomber inéluctablement dans le poncif des beaux projets d’école.

Rien à ce propos n’est plus suggestif qu’une promenade à travers ce quartier de La Muette où les heureux de ce monde, grands seigneurs de la finance et des affaires, se sont fait édifier au cours des dix dernières années, de splendides hôtels, dont la somptuosité n’exclut malheureusement  pas la banalité.

Cette somptuosité se signale par la surcharge de l’ornement, par l’utilisation des inévitables beaux motifs traditionnels : colonnades, rotondes composites, frontons renaissants. Ainsi  les architectes, en dépit des beaux programmes qui leur étaient proposés, n’ont pas pu ou pas su s’affranchir de cette manie ostentatoire et de ce mauvais goût qui semblent avoir atteint leur apogée sur certaines façades Champs–Elysées  et qui sévissent un peu partout dans les quartiers riches.

Mais voici une exception, une magnifique réussite due à l’heureuse rencontre d’un homme de goût  parfait et d’un maître architecte d’une remarquable sûreté de vue. Rencontre qui bien souvent aussi s’est transformée en précieuse collaboration.

L’hôtel particulier que Monsieur Ducharne s’est fait construire rue Albéric-Magnard, à Auteuil, accuse dans ses moindres détails l’entente  qui n’a cessé de régner entre lui et son architecte Monsieur Pierre Patout, à ce point de vue infiniment privilégié. Il ne l’a pas moins été par l’excellence, la clarté du programme qu’il avait à remplir, type d’habitation  particulière de haut luxe et d’ample confort et d’une exquise distinction.

L’architecte avait à construire et distribuer un garage pour auto, une galerie de peinture, un grand et un petit salon, une salle à manger avec cuisine voisine, une bibliothèque-bureau, une salle de billard, une grande chambre , trois chambres d’enfants, une chambre d’amis, des salles de bains, un salon d’habillage, un boudoir et, pour les enfants, une salle de culture physique.

L’hôtel, inscrit dans un quadrilatère, comporte trois étages, en retrait l’un sur l’autre du côté du jardin.

 

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La façade sur rue est précédée d’une grille d’un modèle imposé règlementaire, tapissée de plantes grimpantes. Construite suivant le principe de la symétrie, une grande porte rectangulaire en occupe le centre, porte magnifiquement décorée d’une grille en fer forgé, mise en exécution  d’après les dessins de Pierre Patout, par Monsieur Llano Florès et exécutée par Monsieur Carrera.

A cette triple collaboration est dû l’escalier dont nous reproduisons l’élégant départ et le motif de rampe de fer forgé.

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A gauche de cette porte, la conciergerie et l’entrée de service. A droite, une petite porte pour l’entrée des maîtres. L’automobile pénètre par la grande porte, dépose les voyageurs dans le vestibule et va se ranger dans le garage situé au fond. Ce garage est long de vingt mètres et permet à la voiture d’évoluer et de tourner, prête à sortir sans être obligée de le faire à reculons. Une porte sous le vestibule donne accès à l’antichambre des maîtres où les invités trouvent un vestiaire et des lavabos.

Un escalier en marbre conduit à la galerie de peinture, qui occupe longitudinalement, la partie médiane du rez-de-chaussée de réception. Elle figure ici sous deux aspects, non garnie encore des toiles et des sculptures que leur destine le collectionneur. Construite en stuc, avec dallage en pierre et marbre, elle s’orne d’une vasque en marbre, d’une stèle destinée à recevoir un bas-relief  et de hautes colonnes en stuc poli qui communiquent à l’ensemble un caractère de majesté.

On remarque sur une autre vue, l’entrée de la galerie avec les trois degrés de marbre et les hauts piliers tendus d’opulentes soieries de Ducharne. Cette galerie sépare la salle à manger des salons et du billard, situés sur jardins et communiquant avec ceux-ci de plain-pied.

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Perspective du salon à la salle à manger

 

Le premier étage contient la grande chambre et le boudoir, dont les baies donnent sur les terrasses, ainsi que les chambres d’amis, et les trois chambres d’enfants, prenant jour sur la rue. Enfin à l’étage supérieur se trouvent, outre la chambre de la gouvernante, la salle de culture physique et le terrain de jeu en haute terrasse, pour la cure d’air et de soleil.

Telles sont, en bref, les caractéristiques de cette manifestation  dont le moindre détail mériterait d’être longuement analysé et décrit. Tout est ici logique, équilibre, judicieux accord entre la maîtrise du savant constructeur et le sobre et élégant dessin de l’artiste, et Pierre Patout est l’un et l’autre éminemment. Il apporte le même soin, la même minutieuse conscience à résoudre le problème du garage ou de la cuisine qu’à jouer en audacieux symphoniste avec les splendides matières avec lesquelles il a édifié les pièces nobles.

C’est ainsi, comme il nous le fait observer, qu’il a utilisé dans la construction de la cuisine le principe de ventilation des grandes salles  du Moyen-Age aux puissantes cheminées à hotte. L’air chaud, les fumées et la buée sont immédiatement ventilés et transportés à travers des conduites d’éjection.

Nous ne proposons pas pour cette fois de décrire dans leur délicat raffinement et pièce après pièce, cet hôtel dont les ensembles mobiliers ont été confiés à Ruhlmann, choix dont le moindre mérite n’est pas d’unir une fois de plus le maître décorateur à l’architecte qui avait dessiné les plans du charmant « Hôtel pour un collectionneur » de l’Exposition.

L’hôtel  de Monsieur Ducharne procède sensiblement du même esprit. Il suffit pour s’en convaincre d’examiner la grâce et la sobriété des lignes du jardin, dont le mur du fond dessine un nerveux fronton et dont la surface est si heureusement interrompue par deux pilastres quadrangulaires jumeaux.

Mais ce que nous avons pu longuement admirer, sans risquer une indiscrète visite domiciliaire, c’est la splendide façade sur rue, si ingénieusement composée.

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Supprimant le jeu monotone des fenêtres uniformément percées, l’architecte a fait se détacher de l’ensemble de la façade, dessinée comme un frontispice, exécutée en marbre blanc guilloché. Ce parti reflète sans nulle supercherie ni trompe-l’œil la disposition des pièces. Il en est le corollaire obligé. Il  nous montre en même temps que le dessin discipliné de l’auteur  est sa constante préoccupation de fuir tout arbitraire.

Monsieur Pierre Patout a créé sans nul effort apparent, avec une grâce qui frappe et séduit tout d’abord sans forcer nulle part la note, un ensemble dont on discerne très nettement, en dépit et à cause de son harmonieuse simplicité, le caractère de grandeur et la noblesse.

Et il a résolu avec un singulier bonheur ce problème que d’autres paradoxalement envisagent avec scepticisme ou mépris : faire une œuvre, qui, bien que riche et pourvue de moyens exceptionnels, soit vraiment conçue et réalisée sous le signe de la beauté. »

 

Georges Rémon 

Jardins et Cottages- janvier 1927 - n°10  

 

 

Sources :

 Bibliothèque Nationale de France, département Sciences et Techniques

 Archives Municipales de Chatou

 Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

 Archives de la Légion d'Honneur 

 

01/08/2011

NYMPHEE DE SOUFFLOT (1774) : ON FINANCE TOUT SANS ETRE PROPRIETAIRES ?

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Le Nymphée de Soufflot (carte avant 1914)
 
Classé monument historique en 1952, joyau du Parc de Chatou
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photos 1996
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La sauvegarde du Nymphée :

une affaire plus pitoyable que glorieuse

1999 : à la suite d’une importante campagne de presse initiée par l’association de défense du Nymphée de Soufflot que nous avions créée et notamment d’un article d’Emmanuel de Roux dans le journal « Le Monde » du 14 octobre dans lequel l’architecte en chef des monuments historiques déclarait concernant l’état du Nymphée qu’  « un accident n’est pas impossible », la municipalité a décidé de demander une étude sur l’état du monument, classé depuis 1952. Cette étude aurait eu lieu mais n’a jamais pu être produite et est demeurée sans suite.

2006 : lors du vote du plan local d’urbanisme le 9 novembre, a été inclus  dans le nouveau plan le rapport de présentation précisant la position de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) au sujet du Nymphée. On y lit :   « Orientations à venir suggérées par la DRAC : le site est bien conservé et peut être visité. Le syndicat d’initiatives de la ville de Chatou *, en relation avec les propriétaires, organise des visites de cette voûte à la stéréomie surprenante. »

* Précisons que le syndicat d’initiatives de la ville de Chatou avait été dissous trois ans plus tôt par la municipalité

 

2009-2010 : l'association Chatou Notre Ville consacre une page au Nymphée dans un tract distribué en avril 2009 aux Catoviens à quelques milliers d'exemplaires. La municipalité nouvellement élue en 2008 provisionne 75.000 euros sur les deux exercices 2009 et 2010 afin de financer une étude sur l’état du Nymphée

2011 : la municipalité annonce en conseil municipal que le Nymphée pourrait être restauré sur les fonds publics sans participation  des propriétaires et sans acquisition par la collectivité de la parcelle en contrebas sur le quai de Seine sur laquelle se trouve le monument. Le droit de visite serait étendu mais cependant il convient de rappeler que ce droit est négociable annuellement avec les propriétaires.

Notre position : le Nymphée, comme la défunte usine Pathé-Marconi, a été traité de manière pitoyable par les pouvoirs publics qui ne manquent pourtant pas de faire de  la mise en valeur des bords de Seine l’un de leurs  objectifs. Les propriétaires ont quant à eux failli dans leur mission d’entretien prescrite par la loi, témoignant de surcroît de plus d’obstruction que de bonne volonté.

Il est maintenant acquis que la propriété privée du monument l’entraîne à sa perte depuis vingt-cinq ans. Pour y remédier, l’acquisition de la parcelle en contrebas sur laquelle il se trouve, inconstructible, par une collectivité,  nous paraît être la seule solution acceptable et défendable vis-à-vis des Catoviens afin de permettre son exploitation, son rayonnement et par là-même sa sauvegarde, laquelle n'est pas pour nous négociable. Nous indiquons en annexe les articles de loi concernant un changement de propriété du monument.

Face à la Maison Fournaise, le Nymphée représente l’un des derniers vestiges de l’art Français des jardins à la fin de l’Ancien Régime. Il se trouve également lié à l'histoire politique de cette époque par la qualité de son commanditaire, le ministre Bertin.   

 

Extraits de la loi de 1913 sur les monuments historiques :

"Article 9-1

(Loi n° 66-1042 du 30 décembre 1966, art. 2)

(Loi n° 77-1467 du 30 décembre 1977, art. 87)

Indépendamment des dispositions de l'article 9, troisième alinéa ci-dessus, lorsque la conservation d'un immeuble classé est gravement compromise par l'inexécution de travaux de réparation ou d'entretien, le ministre chargé des affaires culturelles peut mettre en demeure le propriétaire de faire procéder aux dits travaux, en lui indiquant le délai dans lequel ceux-ci devront être entrepris et la part de dépense qui sera supportée par l'Etat, laquelle ne pourra être inférieure à 50 p. 100. La mise en demeure précisera les modalités de versement de la part de l'Etat.

L'arrêté de mise en demeure est notifié au propriétaire. Si ce dernier en conteste le bien-fondé, le tribunal administratif statue sur le litige et peut, le cas échéant, après expertise, ordonner l'exécution de tout ou partie des travaux prescrits par l'administration.

Le recours au tribunal administratif est suspensif.

Sans préjudice de l'application de l'article 10 ci-dessous, faute par le propriétaire de se conformer, soit à l'arrêté de mise en demeure s'il ne l'a pas contesté, soit à la décision de la juridiction administrative, le ministre chargé des affaires culturelles peut, soit faire exécuter d'office les travaux par son administration, soit poursuivre l'expropriation de l'immeuble au nom de l'Etat. Si les travaux sont exécutés d'office, le propriétaire peut solliciter l'Etat d'engager la procédure d'expropriation ; l'Etat fait connaître sa décision sur cette requête, qui ne suspend pas l'exécution des travaux, dans un délai de six mois au plus et au terme d'une procédure fixée par décret en Conseil d'Etat. Si le ministre chargé des affaires culturelles a décidé de poursuivre l'expropriation, l'Etat peut, avec leur consentement, se substituer une collectivité publique locale ou un établissement public.

En cas d'exécution d'office, le propriétaire est tenu de rembourser à l'Etat le coût des travaux exécutés par celui-ci, dans la limite de la moitié de son montant. La créance ainsi née au profit de l'Etat est recouvrée suivant la procédure applicable aux créances de l'Etat étrangères à l'impôt et aux domaines, aux échéances fixées par le ministre chargé des affaires culturelles qui pourra les échelonner sur une durée de quinze ans au plus, les sommes dues portant intérêt au taux légal à compter de la notification de leur montant au propriétaire. Eventuellement saisi par le propriétaire et compte tenu de ses moyens financiers, le tribunal administratif pourra modifier, dans la même limite maximale, l'échelonnement des paiements. Toutefois, en cas de mutation de l'immeuble à titre onéreux, la totalité des sommes restant dues devient immédiatement exigible à moins que le ministre chargé des affaires culturelles n'ait accepté la substitution de l'acquéreur dans les obligations du vendeur. Les droits de l'Etat sont garantis par une hypothèque légale inscrite sur l'immeuble à la diligence de l'Etat. Le propriétaire peut toujours s'exonérer de sa dette en faisant abandon de son immeuble à l'Etat.

Article 9-2

(Loi n° 66-1042 du 30 décembre 1966, art. 2)

Les immeubles classés, expropriés par application des dispositions de la présente loi, peuvent être cédés de gré à gré à des personnes publiques ou privées. Les acquéreurs s'engagent à les utiliser aux fins et dans les conditions prévues au cahier des charges annexé à l'acte de cession. Des cahiers des charges types sont approuvés par décret en Conseil d'Etat. En cas de cession à une personne privée, le principe et les conditions de la cession sont approuvés par décret en Conseil d'Etat, l'ancien propriétaire ayant été mis en mesure de présenter ses observations.

Les dispositions de l'article 8 (quatrième alinéa) restent applicables aux cessions faites à des personnes publiques, en vertu des dispositions du premier alinéa du présent article."

Pour l'association, la situation est claire : la cession du terrain du Nymphée, inconstructible et en contrebas du terrain principal des propriétaires, soit par voie amiable soit par voie d'expropriation par l'Etat puis sa cession- pour une somme symbolique compte-tenu des travaux à entreprendre - par l'Etat à une collectivité publique, commune, conseil général ou autre, est la seule garantie d'une exploitation en proportion des sacrifices financiers consentis unilatéralement, mais surtout la seule garantie d'une préservation du monument jusqu'ici livré à la situation d'incapacité de propriétaires privés et d'absence d'ouverture au public significative.

Cette opportunité de devenir propriétaire du terrain du Nymphée ne se représentera pas. Ne commettons pas une erreur définitive.

 
 

 

 

 

 

 

Histoire : le Nymphée représente le seul vestige du domaine de Bertin, dernier seigneur de Chatou de 1762 à 1789, intendant du Roussillon en 1750, de Lyon en 1754, lieutenant général de police de Paris en 1757, puis ministre de Louis XV (contrôleur général des finances) et de Louis XVI (affaires étrangères, agriculture, mines...) de 1759 à 1781.  Partisan de la réforme Maupéou des Parlements sous Louis XV,  le ministre Bertin se distingua par sa probité et son activité en faveur des Finances (guerre de Sept Ans), de l’Agriculture, des Chartes, des Postes et des Mines, laquelle lui valut une considération sans faille des souverains.

 

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Gravure de Bertin, par Roslin, Institut de France, Tous droits réservés , don du comte et de la comtesse de Lambertye – décembre 1937. Le dernier seigneur de Chatou fut ministre de Louis XV et de Louis XVI, pour en savoir plus, consulter l'article qui lui est consacré dans notre rubrique "Le dernier seigneur de Chatou."

 

 

Bertin       développa les sociétés d’agriculture sur l’ensemble du territoire, créa les écoles vétérinaires, le cabinet des Chartes, le premier réseau postal d’envergure, eut l’intelligence de promouvoir l’instauration d’un cadastre, ce qui entraîna sa chute du contrôle des finances en 1763 à la suite de la révolte des Parlements, et d’encourager les ministres réformateurs. Afin de l’honorer à la suite de sa délicate mission de Contrôleur Général des Finances pendant la guerre de Sept Ans, Louis XV lui accorda la seigneurie de Chatou et de Montesson.

 

 

A Chatou, il réalisa un parc, un château et un nymphée, ainsi qu'un terrain voué à l’agronomie et à l’élevage des moutons mérinos qui s’étendait aux terres de Montesson.

 

Le parc fut une œuvre décorative comportant six statues de l’ancien fronton de l’aile droite du château de Versailles, des statues antiques, douze bustes en marbre d’empereurs romains, un pavillon chinois et un jeu de bagues dont l’exécution fut confiée à Lequeu. Deux pots à feu du château de Versailles et conservés depuis à l’ancien bailliage furent disposés également.

 

Le château fut réalisé en 1780 par Jacques Germain Soufflot, l’un de nos plus grands architectes, auteur du futur Panthéon et des « travaux d’embellissement » de Lyon, Intendant des Bâtiments Civils du roi de 1776 à sa mort prématurée en 1780.

 

Le Nymphée fut conçu par Soufflot qui en délivra les plans en 1774. Par suite de sa maladie, son exécution fut terminée en 1777 par Lequeu. 

 

Le parc fut anéanti à la Révolution.

Le château fut détruit en 1912.

 

Le Nymphée échappa de peu à la destruction en 1914 grâce à la guerre, laquelle fit sombrer un projet de lotissement sans état d’âme. Un article de l’Illustration faisant état des démarches de la Société de Protection du Paysage et de l’Esthétique de la France en atteste. Sa conservation fut finalement acquise dans le lotissement du parc de Chatou dans les années 20.

 

Folie ornementale, le Nymphée recueillait les eaux de ravinage en provenance du domaine pour les conduire jusqu’à la Seine. Le monument, d’une trentaine de mètres de long, éclaire les bords de Seine de sa polychromie originale, assise sur des matériaux ordinaires, scories de mines et pierres meulières, apportées sans doute par Bertin, qui fut notamment ministre des Mines.

 

Ci-dessous, une affiche de la conférence réalisée par l'association le 19 mai 1999 avec Monique Mosser, chercheur de renommée internationale sur les jardins, sur l'oeuvre de Soufflot.

 

A cette époque, nous avions créé une seconde association consacrée uniquement au cas du nymphée de Chatou et alerté les médias. "Le Monde", sous la plume du regretté Emmanuel de Roux, fit un article éloquent sur la situation calamiteuse du nymphée abandonné par les ministères de la culture successifs, les propriétaires et les collectivités locales démissionnaires.

 

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31/07/2011

L'ILE DE CHATOU : HOMMAGE A SES DEFENSEURS ET RAPPEL DE SON STATUT

La première entreprise de sauvegarde du site de l’Ile de Chatou remonte à la Belle Epoque, lorsqu’un Syndicat d’Initiative de Chatou et des Environs fut constitué le 28 novembre 1911 par Monsieur Paul Bousson, fils de l’ancien maire de Chatou, Ernest Bousson (1878-1887).

Le docteur Rochefort, maire de Chatou ayant succédé à Maurice Berteaux décédé, en devint président d’honneur et Messieurs Baudry, industriel, et Réalier–Dumas, peintre, tous deux propriétaires à Chatou, en furent nommés vice-présidents. Le secrétariat général en était assuré par Monsieur Gaultier, architecte, fils de l’architecte Gaultier qui réalisa le château de la Pièce d’Eau Villa Lambert. L’objet social : « sauvegarder les beautés naturelles de notre région et en rendre le séjour plus agréable dans l’intérêt de la villégiature et du commerce."

 

 

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Maurice Réalier-Dumas (1860-1928), peintre de Chatou, toile de 1890 - Musée de Gajac (son oeuvre a été mise dans le public francilien par une revue de Madame Suzanne Bertauld en 1984). On doit notamment à Maurice Réalier-Dumas un tableau d'Alphonsine Fournaise, dont il fut l'amant. 

 

 

Fort de la loi du 21 avril 1906 sur les monuments naturels et les sites (votée à l'initiative du sénateur Beauquier), le Syndicat décida de se battre pour la protection de  l’Ile de Chatou. Il  obtint le concours de Monsieur Petit, maire de Croissy, et de Théophile Poilpot, peintre panoramiste de renom (cf  notre étude dans le bulletin de La Mémoire de Croissy n°26 - juin 2007), propriétaire à Croissy, pour faire aboutir le classement de l’Ile de Chatou « depuis l’écluse de Bougival jusqu’au barrage de Bezons ».

Chacun reçut pour mission de convaincre les divers propriétaires de l’Ile de se rallier à la cause du classement. C’est sans doute là que l’entreprise échoua.

Il fallut l’exposition en mai 1943 sur les bords de Seine et la mise en valeur de leur passé artistique, en pleine Occupation, par Maurice Catinat *, conseiller municipal de Chatou depuis 1929 et historien, pour qu’une nouvelle action soit tentée, en l’occurrence auprès du gouvernement de Vichy. C’est dans ce contexte que le ministre secrétaire d’Etat à l’Education Nationale, s’appuyant sur la loi de 1930 sur la protection des sites, décida par un arrêté du 3 novembre 1943 d’inscrire successivement à l’Inventaire l’avenue des Tilleuls, le quai de l’Amiral Mouchez, l’Ile du Chiard et « L’Entre-Deux-Iles » puis, par un nouvel arrêté du 5 novembre 1943, de classer à l’inventaire « La Grande Ile de Chatou ». Le classement de la Maison Fournaise en monument inscrit partiellement à l'inventaire (1982) grâce au combat des Amis de la Maison Fournaise pour sa conservation et sa restauration a parachevé un enchevêtrement de protections monuments historiques dont bénéficiaient l'Eglise (1925) et le Nymphée de Soufflot (1952). Des périmètres de protection de 500 mètres englobent ainsi l’Ile et les bords de Seine aujourd’hui, les divers classements n’ayant pas été remis en cause.

 

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L'ancien Chatou dans les années cinquante avec le vieux pont routier situé alors à hauteur de la rue du Port. Au premier plan, la promenade avec les tilleuls du quai de l'amiral Mouchez aménagée par Maurice Berteaux en 1911. Tout a été détruit méthodiquement dans les années soixante avec la construction du nouveau pont et la Rénovation.

 

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A la fin des années cinquante, les bords de Seine à hauteur de l'Eglise de Chatou, avec la promenade du quai de l'amiral Mouchez et les berges de l'Ile en face. L'ensemble du quartier autour de l'Eglise a été détruit avec la Rénovation. La perspective de Rueil et de ses hangars industriels ne présente en revanche aucun intérêt du point de vue du paysage et l'on peut remercier le défunt maire de Rueil Jacques Baumel d'y avoir créé une promenade bornée par des arbres à foison dont des saüles pleureurs. En face, l'Ile de Chatou surplombée par la Maison Levanneur qui abrita les Fauves, est beaucoup plus construite et boisée qu'elle ne l'est aujourd'hui.

 

 

 

L’obtention de ces classements, œuvres salutaires dans l’esprit public mais aussi en droit, n’empêcha malheureusement rien : la Rénovation de Chatou détruisit l’aspect du quai de l’amiral Mouchez et de l’avenue des Tilleuls transformés pour les besoins de la circulation automobile. Les bords de Seine, qui avaient naguère enchanté Maupassant, Derain et Renoir, furent en partie défigurés par des opérations de remblaiements bétonnés pour les voies de circulation routières ou fluviales. L’avenue des Tilleuls a quant à elle été victime de maladies et de plantations d'arbres exotiques à petite feuilles censés être plus résistants mais qui tombent également malades.  

Il n’en reste pas moins qu’un Architecte des Bâtiments de France un tant soi peu exigeant bien que redevable vis-à-vis du corps politique, est en théorie, au regard du classement de 1943, en mesure d’imposer le maintien ou le remplacement d’une partie du paysage disparu des bords de Seine en respectant au plus près son harmonie d’origine. Il faut bien entendu pour cela s’opposer aux pressions et risquer ainsi sa carrière avec la perspective d’être remplacé par un confrère plus « accommodant » pour les municipalités et les Voies Navigables de France.

L’association, qui s’est battue avec succès contre la construction d’un complexe hôtelier sur le mail en 1994 à l’appui de 4000 pétitions, se devait d’évoquer les pionniers de la défense de l’Ile. Grâce à eux,  cent ans après leur intervention, une protection juridique existe. Il ne reste plus désormais qu’à la mettre en œuvre…

 

* c'est à Maurice Catinat que l'on dut la création à l'orée de la gare de Chatou en 1929 du square Maurice Berteaux supprimé il y a peu

29/07/2011

LE VIVIER DES COLONIES, BASTION DE LA RESISTANCE FRANCAISE

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Le 26 septembre 1938, Georges Mandel, ministre des Colonies né à Chatou le 5 juin 1885 (ci-dessus), nomma Louis Bonvin, ancien résident général du Gabon, gouverneur des Etablissements Français de l’Inde (Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal, Mahé). Le 26 juin 1940, refusant l’Armistice, Louis Bonvin rallia le général de Gaulle en ces termes : « Sachez que nous ne regretterons jamais notre geste d'aujourd'hui et que le jour où nous reviendrons en France, nous y rentrerons la tête haute. » Le gouverneur des Etablissements Français de l’Inde ne cessa d’apporter son aide aux Alliés durant toute la guerre, en particulier au général Koenig en Lybie, bravant l’impuissance de Vichy. Le général de Gaulle le fit Compagnon de la Libération. Louis Bonvin reçut également des mains du vice-roi des Indes la distinction de chevalier commandeur de l’Empire Britannique .

Georges Mandel put avoir la main heureuse dans ses nominations, les gouverneurs Catroux, de l'Indochine, et Eboué, du Tchad, ralliant également dés 1940 la France Libre.

Mais le ralliement au Maréchal Pétain contre toute attente de l'Amiral Darlan, initialement partisan de continuer la guerre en Méditerrannée avec la flotte et d'écraser l'Italie,  fit échouer un môle de résistance en Afrique du Nord.

La marine n'étant plus en mesure d'assurer un rôle combattant, le général Nogués, résident général au Maroc, désireux de continuer la lutte le 17 juin 1940, ainsi qu'il le télégraphia au gouvernement, abandonna à son tour toute velléité de poursuivre dans cette voie. 

Alors que la guerre venait d'être déclarée, Georges Mandel fit publier un article sur les souverains de l’Outre-Mer engagés dans la bataille aux côtés de la France intitulé "L'Empire dans la Guerre".

On y exposait : "En temps de guerre, les colonies peuvent assurer les besoins français dans les proportions ci-dessous : riz, cacao, banane, maïs, sucre de canne, thé, oléagineux, nickel, caoutchouc, chrome : 100 %, viande : 80%, agrumes : 70%, café : 40%, manganèse: 30%. En outre, le Maroc peut extraire assez de pétrole pour satisfaire sa consommation. L'AOF et l'AEF assez de carburants végétaux pour couvrir les besoins de l'Afrique Noire.

L'anthracite tonkinois peut fournir, par distillation, le carburant nécessaire aux transports terrestres et fluviaux de l'Indochine.

Le Maroc livre les métaux rares, comme le cobalt et le molybdène, indispensables à la fabrication des aciers spéciaux, et tous les phosphates nécessaires à son agriculture.

Notons pour mémoire l'or, dont les colonies produisent pour 10 millions de francs, le plomb dont la Tunisie extrait 30.000 tonnes par an, la laine et le coton qui forment un appoint non négligeable en un constant accroissement (...)

Certaines colonies, d'une importance économique secondaire, telles Djibouti, Saint-Pierre-et-Miquelon (rallié à la France Libre en décembre 1941), ont une grande valeur stratégique. Elles assurent aux flottes franco-anglaises des bases de ravitaillement grâce auxquelles, la maîtrise des mers nous étant garantie, nous pouvons approvisionner ce qui nous manque, directement sur les lieux de production (...)".

Depuis 1919, la France régnait sur un empire à son apogée de 110 millions d'habitants, le second du monde, et Georges Mandel, chargé de l'administrer de 1938 à mai 1940, y avait vu naturellement une ressource dans la défense nationale. 

Quant aux souverains rangés derrière la France et dont l'illustration alimentait la propagande, ils ne pouvaient peser sur le cours de la guerre et représentaient plutôt une image pacifique propre au tempérament de leur peuple. Au demeurant, alors que chaque dominion anglais déclarait la guerre à l'Allemagne, la France le fit par la voie gouvernementale unique de la métropole.

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 Le roi du Laos en 1939, Sisawang Yong

 

 

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 Le roi du Cambodge en 1939, Sisowath Moniwong

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 Le bey de Tunis en 1939, Ahmed II

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Le sultan du Maroc en 1939, Sidi Mohamed (futur roi Mohammed V)

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L'empereur d'Annam en 1939, le jeune Bao Daï

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Le grand marabout, chef de l'Islam en Afrique Noire en 1939, Seidou Momontal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

26/07/2011

LE FOYER D'EMMAUS : UN NATIF DE CHATOU L'A PROMU AU CINEMA

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Une scène du film "Les chiffonniers d'Emmaüs"

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Alors que l’institution d’Emmaüs a, si l’on peut dire, pris asile en partie à Chatou dans sa zone d’activités du quartier de l'Europe, nous ne résistons pas au plaisir de vous rappeler au bon souvenir du natif de Chatou du Val Fleuri, le comédien Pierre Trabaud (1922-2005).

Entre autres films ("Normandie-Niemen", "La Guerre des Boutons", "Le Défroqué"...) celui-ci fit en effet partie de la distribution des « Chiffonniers d’Emmaüs » de Robert Darène (Pierre Trabaud sur notre photo à l’extrême-gauche à côté d'André Reybaz "l'abbé Pierre"), un long-métrage réalisé dans la foulée de l’appel de l’abbé Pierre dans l'hiver 54 pour venir en aide aux sans logis, réunissant nombre d'acteurs aujourd'hui célèbres. Voici ce qu’écrivit un journaliste à propos du film dont la sortie était programmée le 23 février 1955 :

« L’abbé Pierre présente lui-même ce film de Robert Daréne en ces termes : « Mes camarades et moi, nous ne sommes pas des acteurs. Ce que nous avons vécu, nous ne pourrions pas recommencer à faire semblant de le vivre devant la caméra. Nous avons cédé la place à des hommes dont c’est le métier d’interpréter les joies et les souffrances des autres. Ils vont vous raconter notre histoire.

Des faits et des circonstances ont été volontairement modifiés, car il s’agit de femmes et d’hommes vivants dont nous n’aurions pas le droit d’étaler la vie privée à l’écran. Mais si elle est parfois différente dans ses détails, l’histoire qu’on va vous raconter est, dans son esprit, notre histoire vraie, non pas de ce que nous avons fait, mais de ce qui nous est arrivé ».

Pareille caution donne une idée de l’authenticité du film. Pour traduire une grande œuvre comme celle de l’abbé Pierre, le film se devait d’ailleurs de posséder cette authenticité.

Elle se trouve dans sa sobriété émouvante, dans la réalisation de Robert Darène, aussi bien dans l’adaptation que dans les dialogues de René Barjavel (le film est inspiré du livre de Boris Simon d’après une idée de François et Marie d’Hyvert).

Le miracle de l’abbé Pierre est double : il réside d’abord dans le prodigieux élan de fraternité qu’il a pu susciter ; il se trouve ensuite en l’abbé Pierre lui-même qui a évité tous les pièges de la publicité. Malgré la célébrité de son nom, il n’a jamais eu qu’une préoccupation : Emmaüs.

Et le grand titre de gloire du présent film, ce sera de mieux connaître cette œuvre dans le grand public pour lui apporter ainsi de nouveaux concours. Il faudrait que chaque Français envoie à l’abbé Pierre très peu : cent francs suffiraient. La vraie grandeur de la France résiderait dans ce geste unanime de solidarité.

L’intérêt que l’abbé Pierre porte au film de Robert Darène se trouve certes dans cette idée que peut apporter le film à son œuvre et nullement dans un souci de gloire personnelle. C’est cela, qui, en même temps que son œuvre admirable, fait de lui le plus grand Français vivant. »

Roland Fougères

Ciné Revue - 1er janvier 1955

 

 

affiche  Les Chiffonniers d 

12/07/2011

CHATOU A LA COMMEMORATION DE LA NAISSANCE DE NAPOLEON III (1808-1873) GRACE AUX AMIS DE NAPOLEON III

 
La naissance de Napoléon III le 20 avril 1808 a donné lieu à une manifestation commémorative le 21 avril 2008 à l'Arc de Triomphe organisée par l'association "Les Amis de Napoléon III". Pierre Arrivetz, membre de cette association et conseiller municipal depuis 2004, a eu l'honneur de représenter la commune de Chatou, l'une des rares communes présentes aux côtés de la Ville de Nice, rattachée par Napoléon III à la France en 1860 avec la Savoie. 
 
 
 
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Discours de Pierre Arrivetz, porte-drapeau, mandaté par Monsieur le Maire de Chatou

Monsieur le Ministre, Mon Général, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Maires et Maires-Adjoints, Mesdames, Messieurs,

Monsieur Ghislain Fournier, conseiller général et nouveau maire de Chatou, m ‘a fait l’honneur de me mandater pour représenter Chatou à la cérémonie du ravivage de la flamme. C’est aussi un honneur d’être devant vous ce soir pour exprimer le témoignage de notre ville sur ses liens avec Louis-Napoléon Bonaparte.

Notre commune, qui n’était au début de la Seconde République qu’un village de 1292 habitants, reçut la visite du prince Louis-Napoléon président de la République le 5 octobre 1850. Cette visite ne fut pas anodine car elle demeure la seule visite officielle d’un chef d’Etat dans l’histoire de notre ville.

Le prince, qui avait compris que le suffrage universel pouvait lui être plus heureusement favorable qu’aux candidats du suffrage censitaire du régime précédent, était alors en campagne électorale à des fins plébiscitaires. La Seine-et-Oise, dont la sociologie démontrait un vote porté vers le régime de la République, était pour lui une terre de conquête.

Grâce à cette visite, notre village put concrétiser l’acquisition d’une place communale en recevant l’autorisation de contracter un emprunt auprès de l’Etat. 

L’Empire fait, le village de Chatou se transforma. Sa population tripla, comptant plus de 3000 habitants en 1872. La construction de villas de villégiature, parmi les plus belles de la Boucle de Seine et dans un éclectisme architectural qui fait honneur aux architectes de l’époque, en fit la cité qui devait attirer et pour longtemps la villégiature de la bourgeoisie parisienne.

Dans cette petite ville aux finances alors réduites, la politique du Second Empire parvint à percer dans les années 1860, lorsque l’enrichissement atteignit un sommet inégalé sous les régimes précédents grâce à l’accroissement des transports et de l’industrie.

Le développement de l’instruction publique, la création de cours pour les adultes, la construction d’une école, d’une bibliothèque et d’une salle d’asile, l’extension de l’éclairage et l’introduction de l’éclairage au gaz, la création d’un marché, l’installation d’un bureau télégraphique, l’ouverture de plusieurs voies nouvelles, la création d’une brigade de gendarmerie, l’achat d’un terrain pour un nouveau cimetière et l’amélioration des secours aux indigents, constituèrent autant de bienfaits de la politique du nouveau régime.

Parmi les personnalités résidant à Chatou sous le Second Empire, citons :

-          Jean-Martial Bineau, le premier ministre des Finances de Napoléon III et ministre des Travaux Publics lorsqu’il était président. A l’occasion de la guerre de Crimée, il fut l’auteur du premier emprunt public s’adressant à tous les Français. Le ministre mourut dans sa maison de campagne à Chatou le 8 septembre 1855

-          le sénateur Victor Suin, ancien conseiller d’Etat et secrétaire du Sénat, qui fut également conseiller municipal de la ville à partir de 1865 et qui défendit un projet d’amélioration de la loi sur les aliénés

 -          l’architecte Paul Abadie dont la maison fut déclarée au cadastre de Chatou en 1868 et qui, outre les rénovations néo-byzantines des édifices religieux du sud-ouest, devait être appelé à prendre en charge les plans de construction du Sacré-Cœur de Montmartre. Paul Abadie entra au conseil municipal de Chatou à la fin de l’Empire.

-          il y eut enfin deux grands propriétaires, Alphonse Pallu, le futur créateur de la commune du Vésinet, jusqu’en 1875 terre de Chatou, et en 1853, Emile Péreire, qu’on ne présente plus.

L’un des artistes qui habitait la commune, Pharamond Blanchard, peintre et dessinateur du journal « l’Illustration », a laissé un tableautin qui marque la relation plutôt bienveillante qu’entretenait le village avec la personne de l’Empereur. Celui-ci avait fait don d’un sabre d’honneur, d’une carabine pour les sapeurs-pompiers et d’une somme pour une jeune fille méritante en 1853.

Pharamond Blanchard peignit l’arrivée de Napoléon III à Chatou en 1858. Cette toile est présente dans les collections du Musée du Second Empire à Compiègne (ci-dessous). Elle est pour nous la trace d’un régime soucieux d’accorder au pays le développement qui lui faisait défaut.

Voilà pourquoi, à notre modeste échelle, nous tenions, grâce à l’initiative des Amis de Napoléon III et de son actif président Gilles Ameil, à saluer ce soir le bicentenaire de la  naissance du prince Louis-Napoléon.

 

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Pharamond Blanchard, "Entrée de Napoléon III à Chatou" - 1858
Musée National de Compiègne - Réunion des Musées Nationaux 

 

 

 

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On reconnaît Denise Fabre, adjointe au maire de Nice, Chistian Estrosi, ministre et maire de la ville qui avait fait le déplacement au nom du rattachement de Nice à la France en 1860 par Napoléon III et de la réhabilitation du dernier souverain français. On distingue également Didier Van Cauwelaert à droite de Monsieur Estrosi, l'écrivain Raoul Mille et à l'extrême droite l'historien Jean Des Cars. Votre serviteur (en haut au milieu) réquisitionné comme porte-drapeau de la cérémonie.

Un groupe de zouaves reconstitué faisait belle figure. Lors du dîner au Fouquet's cinq discours furent prononcés : celui du baron Ameil, président des Amis de Napoléon III, celui de Chatou, puis ceux du prince Murat, de Monsieur le Ministre Estrosi et enfin de Monsieur Seminatorre, président de l'Institut Européen des Relations Internationales (Napoléon III est à l'origine de l'unification de l'Italie et de la création de la Roumanie). Ces derniers discours furent passionnés et sont annonciateurs d'une réhabilitation du dernier souverain français, qualifié par le ministre de "l'un de nos meilleurs chefs d'Etat". Napoléon III apporta en effet une révolution dans tous les domaines, imprimant une évolution et créant un enrichissement sans égal dans le pays, le progrés et le prestige étant réunis dans une même politique.

Le dîner du Fouquet's rassembla des personnalités telles que Denis Tillinac, Jean Des Cars, Vladimir Fédorovski, Patrick Poivre d'Arvor, le général Combette, responsable du ravivage de la Flamme, Denise Fabre, Didier Van Cauwelaert.

 

 

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Raoul Mille, Didier Van Cauwelaert, Denise Fabre, Jean Des Cars2087770718.jpg

Ci-dessous, un groupe de militaires du temps de Napoléon III et de l'époque actuelle, à l'extrême gauche, Monsieur Irnario Seminatorre, président de l'Institut Européen des Relations Internationales.

 

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03/06/2011

LA GUERRE FRANCO-PRUSSIENNE A 170 ANS : DECOUVREZ "CHATOU, DE LOUIS-NAPOLEON A MAC-MAHON, 1848-1878"

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Jamais dans leur histoire, les Français ne bousculèrent autant leurs représentants qu'au XIXème siècle. Gagnés par les garanties de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et celles du Code Civil, ils ne cessèrent de s'enflammer pour la patrie, la liberté, le progrés.
 
Les gouvernants, quelqu'ils fussent, en furent conscients et tentèrent d'imprimer à l'administration locale, qu'ils voulaient soumise mais non figée, les évolutions nécessaires à cette société en perpétuel mouvement.
 
Des régimes qui se succédèrent entre 1848 et 1878, il ne reste à Chatou qu'une hallebarde, quelques noms de rues, des tombes héroïques et discrètes, minces témoignages d'une époque aussi autoritaire qu'éclairée, aussi moderne que sanglante. La mémoire de ce village en mutation, que l'on ne nommait pas encore "la ville des Impressionnistes" mais qui acquit alors ses frontières définitives, méritait d'être explorée.
 
 
222 pages, 100 illustrations NB et couleurs, cahier couleurs sur les villas de Chatou 
 
Parmi les sujets abordés : l'évolution des équipements publics et de la politique sociale sous le Second Empire, les villas de Chatou, les maires, le préfet, la création de la tête de la Girafe, la guerre Franco-Prussienne, les combats contre la Commune, la tentative de rétablissement de la monarchie et ses conséquences sur la municipalité de Chatou, les personnalités de l'époque, l'indépendance du Vésinet...
 
 
Prix: 15 euros
A commander directement à l'Association Chatou Notre Ville, B.P.22 78401 Chatou cedex
 
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Le bac provisoire et le pont de chemin de fer détruit en 1871
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Le facteur Brare chargé de plis pour le retranchement de Paris, prisonnier des Prussiens. Tombé sous les balles de l'ennemi en 1870 ainsi que son collègue Bourryon, son nom est honoré depuis 1896 par un monument funéraire érigé à l'initiative de Maurice Berteaux, maire de Chatou (1891-1911), dans le cimetière de la rue des Landes. Gravure du Petit Parisien du 3 février 1896.
 
 
 
 
Le récit du Petit Parisien
 

« Brare, facteur de l’administration des Postes, avait une âme de héros. Cinq fois, il parvint à franchir la ligne des envahisseurs. Ce ne fut pas sans courir les plus grands dangers puisqu’une fois, malgré sa finesse à déjouer la perspicacité d’ennemis toujours en éveil, il fut pris par les Prussiens. C’était aux environs du Pecq. Brutalement, les Prussiens le conduisirent dans la forêt de Saint-Germain, le dépouillèrent de ses vêtements, l’attachèrent à un arbre et le frappèrent à coups de courroie. Le chef du détachement criait : « Frappez ferme !». Pendant ce temps, on inspectait le contenu du sac que portait Briare et on y trouvait des dépêches chiffrées.

« Dis-moi ce qu’il y a là-dedans ! », commanda le chef. « Je n’en sais rien, répondit le brave courrier, mais si je le savais, je ne vous le dirais pas ! ». Aussitôt, les coups redoublèrent. Mais les bourreaux finirent par se lasser. On délia Brare. Il fut écroué à la prison de Versailles, mais, au bout de quelques jours, il réussit à s’évader. Aussitôt libre, il se rendit à Tours, où Gambetta lui confia diverses missions. Puis, il fut chargé de porter des dépêches au gouvernement de Paris. Arrivé à Carrières-Saint-Denis, il avait à traverser la Seine pour se rapprocher de la capitale. C’était en décembre et le fleuve charriait d’énormes glaçons.

Dans la nuit du 13 au 14, Brare se jeta à l’eau, et, écartant les glaçons, nagea vers l’autre rive. De braves citoyens l’avaient accompagné et il était entendu, que, d’un coup de sifflet, il les avertirait quand il serait arrivé au but. Anxieux, ceux-ci prêtèrent l’oreille : rien ! mais plusieurs coups de feu avaient déchiré le silence de la nuit. Le 7 février suivant, on retrouvait  le corps de Brare en face Chatou. Il portait de nombreuses blessures, une à la tête, une autre au bras, une autre encore à l’épaule droite. Le malheureux, aperçu par des sentinelles prussiennes,  avait été fusillé par elles pendant qu’il nageait (...)."

 

 

 

29/05/2011

GALLIFFET : AMOURS, GLOIRE, MASSACRE...ET UN PETIT LIEN AVEC CHATOU

 

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Le général de Galliffet, dont le nom est immanquablement lié au massacre de la Commune, doit-il être mentionné dans l’histoire de Chatou ? né le 23 janvier 1830 84 rue du Bac à Paris, il était le rejeton d’une  vieille famille du Vaucluse recensée en 1380,  famille perpétuée par  une descendance de militaires.

L’un de ses membres, Joseph de Galliffet, avait légué à ses héritiers une fortune amassée  sous Louis XIV comme gouverneur de Saint-Domingue grâce à  la culture de la canne à sucre. Le havre de la famille était un château au Tholonet.

Le jeune marquis Gaston de Galliffet, après avoir  reçu une éducation très dure,  perdit sa mère en 1853 et son père en 1854. A 24 ans, il se retrouvait ainsi à la tête d’une immense fortune cependant qu’il poursuivait une carrière militaire  comme sous-lieutenant au régiment des Guides, garde personnelle de Napoléon III sous les ordres du colonel Fleury.

Forte tête et prêt à poursuivre ses amours comme on poursuivait l’ennemi, il refusa de s’embarquer pour la Crimée le 21 octobre 1854 pour une jeune femme, Constance Resuche, qu’il appelait  « la marquise » et dont il savait peu de choses. En effet,  à la fin d’un dîner où il avait invité le maire et le curé, les convives eurent la surprise de voir arriver deux gendarmes pour arrêter son élue.

Enfin embarqué en Crimée, il s’y distingua mais s’enfuit à nouveau pour retrouver à Balaclava Constance Resuche après avoir bravé les postes français, anglais  et russes. Arrêté et mis aux arrêts, il fut libéré pour le siège de Sebastopol où sa conduite héroïque et ses blessures lui valurent une première citation à l’ordre de l’armée.

La Légion d’Honneur lui fut acquise le 25 juin 1855 lorsqu’il prit d’assaut la lunette du Kamtchatka. De retour en France en septembre 1855, il obtint le grade de lieutenant des Guides le 30 décembre 1857 et épousa la fille du banquier Laffitte le 26 octobre 1859.

C’est dans cette période de jeunesse que Galliffet apparaîtra dans les documents cadastraux de Chatou. Non seulement il y figurera comme propriétaire d’un terrain nu 19 rue Camille Périer en 1855 (4000 m²) mais encore il le cèdera à Constance Resuche qui le revendra à un agent de change, Nicolas Lacroix. 

La veuve Poupart y fera édifier une villa en 1856, laquelle deviendra la propriété du sénateur de l’Empire Victor Suin (il siégea de 1863 à 1870), conseiller municipal de Chatou de 1865 à 1870.

Soldat héroïque en Crimée, en Algérie, au Mexique (1), pendant la guerre Franco-Prussienne, il  fut en réalité l’objet de sollicitations constantes des pouvoirs publics en déroute : lorsque Thiers voulut maintenir le gouvernement dont il était le représentant en 1871 contre la Commune en armes, Galliffet reçut l'un des commandements de l'armée versaillaise et installa son quartier général à Saint-Germain en prévision de la sortie de Paris des Fédérés emmenés par Flourens le 2 avril 1871.

La colonne de Flourens fut défaite par le déferlement des bataillons de l'armée gouvernementale et les bombardements du Mont-Valérien.

Trois Fédérés se réfugièrent à Chatou où ils furent dénoncés par le capitaine des pompiers et, sur ordre de Galliffet, arrêtés puis fusillés le 3 avril au matin.

Le 11 novembre 1945, le Comité municipal de libération de Chatou apposa une plaque en mémoire des trois morts de la guerre civile à l'angle de l'avenue Foch et de la rue Camille Périer, peut être inexacte sous le titre "morts pour leur idéal républicain" alors que les républicains étaient précisément des deux bords.

Là est l'accusation qui demeure pour l'histoire : les Versaillais tuèrent 16.000 Fédérés, sans doute la plus grande répression menée depuis la Terreur. Or, c'est moins pour avoir combattu un pouvoir insurrectionnel illégal que le fait d'avoir, à de nombreuses reprises, fait fusiller des prisonniers qui se rendaient et des familles entières  toutes générations confondues, que l'armée régulière entâcha son intervention d'une cruauté injustifiée et injustifiable. 

La volonté d'en finir avec les révoltes parisiennes récurrentes des couches populaires (1830-1848) dont Thiers avait été le témoin (comme soutien au duc d'Orléans en 1830 puis comme président du conseil de Louis-Philippe en 1848), et cette fois-ci avec un soulèvement qui était encouragé par Karl Marx lui-même, domina tout sentiment.

Paradoxalement, l'écrasement des Communards inaugura l'ère de la Belle Epoque et dans les années qui suivirent, bien peu de Français, parmi les plus républicains, en conçurent un regret.

 

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Cercueils de Fédérés - Le drame des guerres civiles

 

 

Plus tard, en 1899, Waldeck-Rousseau, président du Conseil naviguant entre les attentats anarchistes et les tentatives de coup d'Etat, appela le général de Galliffet à siéger aux côtés de Millerand, alors socialiste, au ministère de la Guerre, pour, pensait-il, rassurer l’opinion et les monarchies européennes.

 

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Waldeck-Rousseau, avocat républicain libéral qui dirigea le ministère de 1899 à 1902

 

"Canaille, assassin, bandit !" entendait-on dans les couloirs de la Chambre. Galliffet répondait à ses collègues: "excusez, je crois qu'on parle de moi !" et il arrivait en courant dans l'hémicycle. 

C’est lui qui demanda, au dam de tous ses pairs et au mépris du Conseil de Guerre condamnant Dreyfus à nouveau mais avec "des circonstances atténuantes", la grâce de Dreyfus, par une lettre adressée au président de la République Emile Loubet le 10 septembre 1899,  considérant l’absence de preuves et le procès en haute cour qui pourrait en résulter pour des chefs militaires compromis. Il mourut le 12 juillet 1909.

 

Sources :

"Galliffet" par H. de Rolland, 1945, Les éditions de la Nouvelle France

"Chatou, de Louis-Napoléon à Mac-Mahon, 1848-1878" par Pierre Arrivetz, 2005, édition Alan Sutton

"Histoire de Chatou et des environs" par Paul Bisson de Barthélémy, 1950, Edition de l'Académie Palatine

Archives municipales de Chatou

 

(1) au Mexique, le général Clinchant écrivit le 9 janvier 1867 : "le colonel de Galliffet continue à remplir sa mission avec une activité digne des plus grands éloges". Le général Clinchant (1820-1881) devait être l'un des témoins de Marthe Lambert à son mariage en 1877 avec Maurice  Berteaux, futur député-maire de Chatou et ministre de la Guerre

20/05/2011

LA PLUS CELEBRE VICTIME DE LA LIGNE PARIS-SAINT-GERMAIN

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 « M. Catulle-Mendes, l’illustre poète, est mort victime d’un accident, la nuit dernière, dans des conditions que l’enquête n’a pu déterminer exactement.

L’écrivain, qui avait une prédilection marquée pour Saint-Germain-en-Laye, où il avait demeuré successivement cité de Médicis, puis 26 rue de Pontoise, habitait en dernier lieu, depuis trois ans, rue Sully n°3, à l’angle de la rue de Médicis, une coquette villa, la villa Mackenzie, bâtie au milieu d’un jardinet planté de grands arbres.

Depuis un an environ, M. Catulle-Mendès y vivait seul, n’ayant pour tout personnel qu’une domestique de confiance, Mme Julie Ruelland.

Dimanche, après avoir travaillé tout l’après-midi, à mettre au point un drame qu’il espérait faire jouer au printemps, M. Catulle-Mendès prévint Mme Ruelland qu’il allait dîner à Paris, comme il le faisait chaque dimanche chez M. Félix Oppenheim, un de ses amis, lui dit de ne pas l’attendre car il rentrerait par un des derniers trains.

La domestique se retira de bonne heure après avoir préparé un bol de bouillon comme elle le faisait chaque fois que M. Catulle-Mendès s’attendait dans la soirée.

Hier matin, vers cinq heures, un lampiste de la gare de Saint-Germain-en-Laye, M. Foucher, se rendait aux remises « Les voies nouvelles » pour allumer les lampes du second train pour Paris qui n’était pas encore formé, lorsque, en débouchant du tunnel du Parterre, qui domine l’entrée de la gare, il aperçut entre la voie qui vient de Paris et le mur de soutènement  de la tranchée, un cadavre mutilé et ensanglanté.

M. Foucher courut prévenir le sous-chef de service, M. Aumaistre, qui se rendit aussitôt avec plusieurs hommes d’équipe, munis de lanternes, à l’endroit indiqué par le lampiste.

Le corps était entendu face contre terre, entre la voie et le mur, à soixante-dix mètres environ du quai même de la gare et à treize mètres avant l’entrée du tunnel du Parterre.

Le bras droit et la jambe droite reposaient sur le rail extérieur de la voie et avaient été cruellement mutilés par les roues.

La tête était tournée à gauche et le crâne avait été atteint et entamé par une roue et des fragments de cervelle avaient rejailli à quelque distance sur le ballast.

Comme un homme d’équipe approchait sa lanterne du visage dont les traits n’avaient pas été altérés, le sous-chef de gare reconnut aussitôt M. Catulle-Mendès, qui voyageait quotidiennement sur la ligne. M. Aumaistre fit aussitôt transporter le corps dans son bureau, à la gare, et les docteurs Levesque et Grandhomme vinrent procéder aux premières constations avec  M. Carette, commissaire de police de Saint-Germain.

Dans le gousset du gilet de la victime, on retrouva un billet de première classe délivré à Paris-Saint-Lazare pour Saint-Germain, une pièce de cinq francs et une montre de femme que Mme Jdie Ruelland avait prêtée la veille à son maître, qui avait donné la sienne à réparer.

Dans la jaquette, on retrouva également le portefeuille de M. Catulle-Mendès qui contenait 750 francs en billets de banque et son carnet de chèques.

Les constatations des médecins et du commissaire de police  devaient également écarter toute hypothèse de suicide et conclure à une mort purement accidentelle.

En effet, la position du corps, parallèlement au rail et dans le sens de la marche du train, excluait la possibilité d’une mort intentionnelle.

De plus, la canne de M. Catulle-Mendés fut retrouvée trois ou quatre mètres plus loin de la gare, brisée en deux, et un peu plus loin encore, à dix mètres du cadavre, on recueillit son chapeau, accroché aux roulettes qui supportent les fils des signaux. Ces détails ont permis de reconstituer à peu près les circonstances de l’accident. M. Catulle-Mendès avait dû prendre à la gare Saint-Lazare l’un des derniers  trains, minuit treize, minuit quarante-deux, où le train qui part à une heure cinq du matin les dimanches et fêtes.

Comme le train, dont la marche est d’ailleurs très lente dans la forte rampe qui se trouve entre le tunnel de la forêt et le tunnel du parterre, allait entrer en gare de Saint-Germain, M. Catulle-Mendès dut s’éveiller  en sursaut et se croire à la hauteur du quai.

Ouvrant précipitamment la portière, il chercha un point d’appui sur le marche-pied avec sa canne, mais celle-ci porta à faux et lui échappa de la main, tandis que lui-même roulait sur la voie et était traîné puisque le chapeau et la canne furent relevés à quelques mètres du corps.

Aucun des voyageurs des derniers trains que l’on a retrouvés et des employés n’a remarqué qu’une portière fut ouverte à l’arrivée. Mais à cette heure tardive, tout le monde descend plus ou moins précipitamment et ce détail a dû passer inaperçu.

D’autre part, les trains dans lesquels M. Catulle-Mendès a pu prendre place, étaient repartis déjà pour Paris lorsqu’on voulut procéder à leur inspection et à la gare Saint-Lazare, que l’on avisa par télégramme, on ne put relever aucun indice utile.

Le corps de M. Catulle-Mendès, après que des internes de l’hôpital eurent procédé à la toilette funèbre, fut transporté 3 rue de Sully, à la villa Mackenzie.

C’est là que Mme Catulle-Mendès, prévenue du malheur survenu à son mari et accourue, profondément émue, par le train de 10h47 du matin, a pu le voir. Le parquet de Versailles, avisé par télégramme, a délivré le permis d’inhumer mais aucune disposition n’a encore été prise pour les obsèques.

M. Catulle-Mendès avait, on l’a vu plus haut, passé la soirée de dimanche, chez le baron Félix Oppenheim, qui possède, 27, rue Vernet, dans le quartier des Champs-Elysées, un superbe hôtel.

Nous eussions désiré avoir sur la dernière soirée de M. Catulle-Mendès, des détails de la bouche du baron Oppenheim ; mais ce dernier était parti le matin pour Saint-Germain, dès que la nouvelle de la mort lui était parvenue.

Quant à Mme Oppenheim, elle était allée rejoindre son mari par le train de 11 heures 50. Mais nous avons pu obtenir  les renseignements suivants d’un des familiers  de la maison :

"M. Catulle-Mendès est venu dîner hier soir à sept heures : il nous a semblé moins gai que de coutume. Son hôte lui ayant demandé la raison de cette tristesse apparente, M. Mendès a répondu qu’ayant beaucoup travaillé toute la journée, il se sentait un peu fatigué. Après le dîner on passa prendre le café au salon. Un peu avant minuit, M. Catulle-Mendès envoya chercher un auto-taxi et partit pour la gare Saint-Lazare où il voulait prendre le train de minuit treize.     

Nous pensons que s’étant endormi, il s’est réveillé quand il a senti que le train ralentissait au raidillon de Saint-Germain : il se sera cru arrivé, il aura imprudemment ouvert la portière et il sera tombé sur la voie" (…). »

 

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Né à Bordeaux le 21 mai 1841, Catulle-Mendés arriva  à Paris à dix-sept ans en 1860, fonda la "Revue Fantaisiste" avec Théophile Gautier dont il devait plus tard épouser la fille, Judith Gautier. Théodore de Banville et Baudelaire, Arsène Houssaye, Villiers de L’Isle Adam, Daudet, furent leurs collaborateurs. En 1865, il créa la revue "L’Art" avec Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme, Coppée, Verlaine et Mallarmé. Avec eux, il fonda l’Ecole Parnassienne. Critique d’art, poète, il  composa nombre de livrets, ballets et scénarios lyriques, "le Capitaine Fracasse", opéra-comique d’après Théophile Gautier, musique de Pessart, "Gwendoline", opéra en deux actes, musique de Chabrier, "Isoline", conte de fées sur la musique de Messager, "Ariane", opéra de Massenet…En 1899, il rédigea un rapport pour le ministère de l’Instruction Publique sur la poésie française.

Selon l’un de ses amis, M. Rouzier-Dorcière, "il apportait, dans ses duels qui furent nombreux, une fougue et une témérité qui forçaient l’admiration et soulevaient des craintes légitimes chez ses témoins.(…) Je rappelle  ici pour mémoire son duel fameux avec le comédien M. Lugné-Poë. Quand les épées croisées, M. Lugné-Poë vit venir vers lui comme une trombe l’impétueux Catulle-Mendès, il rompit, il rompit même dans des proportions de distance telles que Mendès, qui le pourchassait, mit son épée sous le bras et lança un " Vous partez déjà !...Monsieur ? " qui fit fortune."

Source :

Extraits du Petit Journal - 9 février 1909

 

16/05/2011

AU VESINET, L'ART AUTOMOBILE A FAIT TOURNER LES TETES

Au Vésinet, le patrimoine automobile recevait une fois encore l’accueil chaleureux du public grâce à l’association des commerçants qui avait convié la bonne humeur à travers une exposition de voitures et motos anciennes dimanche 15 mai 2011. Ainsi, c’est l’art automobile que l’on vint admirer à travers la présence de carrosseries et moteurs d’une trentaine de véhicules de 1905 à nos jours. Ce sont également les concurrents passionnés défilant en costume d’époque qui forçaient le respect. La ville de Chatou,  qui compte dans son histoire un constructeur automobile, s’est toujours refusée à une telle manifestation dans l’Ile malgré les propositions répétées de l’association et de l’association Rétromob’Ile de Chatou créée par Pierre Arrivetz (1998). Quel dommage. Avec un repas pour les concurrents, quelques prix et un temps acceptable, la participation  de centaines de personnes à la manifestation du Vésinet a de nouveau « véhiculé » son intérêt pour un public de toutes générations, Catoviens compris… Intérêt d’ailleurs partagé par le député de la circonscription du Vésinet, Monsieur Jacques Myard, qui a couvert de son haut patronage et de sa présence la remise des prix. De grands remerciements aux organisateurs pour leur investissement bénévole qui a égayé une journée de printemps au Vésinet. 

 

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Ci-dessus et ci-dessous : une gagnante magnifique des derniers temps de la Prohibition : La Cadillac La Salle 1933

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Ci-dessus et ci-dessous, sous un ciel couvert, une autre gagnante qui éclairait la manifestation  de sa robe hollywoodienne :  la Packard 8 cylindres 1939

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Un Cabriolet Traction Citroën 1939 dont le propriétaire avait endossé l'élégance 

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Une rare Jaguar Mark 9 de 1959 : luxe, puissance et volupté 

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Une Jaguar X.K.140 de 1956 en provenance de Chatou nous a ramenés aux belles heures des années cinquante : ainsi que nous l'a précisé son propriétaire, "140" pour 140 miles soit 225 km/h !

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Un modèle rare évoquant les heures endiablées de la compétition automobile dans l'entre-deux-guerre : une Salmson. Salmson, marque française, produisit des voitures de 1919 à 1953 (publicité ci-dessous).

 

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Salmson, "L'élégance et la qualité mécanique", publicité 1951 pour les deux modèles de la marque : les 10 et 13 CV ci-dessus.

 

 

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A quoi aurait ressemblé l'après-guerre sans l'increvable Peugeot 203 (685.000 exemplaires vendus de 1948 à 1960) : à un déjeuner sans soleil.

 

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Même l'épagneule "bretonne" a salué la Forest 1905 du Wisconsin, une ancêtre dont Maurice Berteaux, maire de Chatou déclaré "ministre sportsman" par "la Vie au Grand Air" en 1905 pour sa pratique de l'automobile, n'aurait pas renié les qualités.