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07/05/2011

DEJEUNER DU 8 MAI 2011: UN SON PAS COMME LES AUTRES

 

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Couverture projetée du coffret CD AUDIO "Les Voix de la Guerre": l'avion et le char sont Français, le fantassin et l'artilleur de 1940 aussi. collection Pierre Arrivetz

 

 

Le 8 mai 2011, les anciens combattants et leurs familles réunis au Collège Victor Hugo à Chatou au déjeuner organisé par la municipalité à la suite de la cérémonie commémorative ont entendu l’extrait d’un disque audio dont l’achèvement est prévu à la rentrée 2011 pour les Journées du Patrimoine : un coffret de deux disques sur la Seconde Guerre Mondiale incorporant voix historiques et témoignages d’habitants de Chatou et des environs avec l’extraordinaire concours d’Alain Hamet et Jean-Claude Issenschmitt, présidents respectifs d’associations d’anciens combattants de Chatou.

Fruit d’un travail immense sur l’inspiration, la mise en scène et le fonds documentaire de José Sourillan, ancien directeur du service documentation de RTL, président des « Voix Historiques », ce disque bouleversant n’a pas d’équivalent sur le marché français. Il est l’œuvre de deux techniciens hors pair qui ont réussi un montage harmonieux mais ô combien éprouvant : Arnaud Muller, notre vice-président informaticien, et Eric Konofal, collectionneur. Grâce à leur intervention, la voix de nos aînés, à l'appui de témoignages inédits, se transforme en une épopée aux accents émouvants et irremplaçables.

Cette œuvre permettra de garantir la transmission de cette mémoire qui se perd sur les évènements et la vie sous la Seconde Guerre Mondiale. L’Association, fidèle à son engagement en faveur du passé phonographique glorieux de Chatou, est fière d’en être le producteur et l’éditeur.

 

 

 

06/05/2011

GEORGES REMON (1889-1963), DECORATEUR DE GRANDS PAQUEBOTS


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Georges Rémon, dit « Géo » Rémon, décorateur, s’installa à Chatou avec sa famille dans une villa du  61 avenue Foch (aujourd’hui disparue) dans les années 1932-36 et y mourut en 1963.Il était l’héritier d’une famille d’artistes. Son père, Pierre-Henri Rémon, professeur à l’école des Arts Décoratifs, était le fondateur d’un atelier de décorateurs à Paris qui s’orienta à partir de 1908 vers la décoration des grands paquebots (source : « L’Illustration - numéro spécial Normandie »). Pierre-Henri Rémon fit connaître Chatou à sa famille en l’emmenant en villégiature villa Lambert avant la première guerre. Reprenant l’entreprise familiale dés 1919 après avoir servi dans le régiment de transmission Edouard VII pendant la Grande Guerre, Georges œuvra avec son frère Jérôme sur des commandes prestigieuses. La marque de l’atelier fut ainsi présente sur les paquebots de la Transat, « France » (1912), « Paris » (1921), « Ile de France » (1926), « Normandie » (1935). Il fut également un collaborateur éminent des revues d'art et de jardins, jardins auxquels il consacra un ouvrage "les jardins de l'Antiquité à nos jours" (1943) et fut en autres le décorateur des Grands Magasins du Louvre (actuel Salon des Antiquaires) pour la fête de la Victoire en 1919.

 

"FRANCE" (1912) 

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 France 1912 - Lancé une semaine après le naufrage du Titanic, il fut le seul paquebot français à quatre cheminées.

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Le salon mixte des premières classes, par les ateliers Rémon
 
 
Intèrieurs du paquebot France (désarmé en 1934) réalisés par les ateliers Rémon : salon mixte des premières classes (ci-dessus), café-terrasse, fumoir, salon mauresque (illustrations ci-dessous). Le navire fut surnommé "le Versailles des Mers" en raison du style "Grand Siècle" retenu pour sa décoration.
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Le café-terrasse, par les ateliers Rémon
collection Pierre Arrivetz 

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Le fumoir des premières classes, par les ateliers Rémon.
Collection Pierre Arrivetz 
 
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La galerie des Arts sur France 1912 et à gauche le salon mauresque décoré par les ateliers Rémon
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Le salon mauresque, décoré par les ateliers Rémon
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Le France 1912 et ses quatre cheminées de 34 mètres de hauteur transportaient 2000 passagers
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L'affiche de la conférence de l'association du 8 décembre 1995 avec la proue du paquebot France (1912). La conférence avait été faite par Jean-Paul Herbert, directeur des archives de la Compagnie Générale Maritime et Louis-René Vian, spécialiste des Arts Décoratifs des grands paquebots.
 
 "PARIS" (1921)
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Paquebot "Paris" - collection Pierre Arrivetz
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Affiche de la "Transat" pour "Paris" dans les années Trente. La Statue de la Liberté apparaît sur un nuage de fumée tricolore. L'affiche est signée Albert Sébille.

 

 

 

Le paquebot "Paris", en partie décoré par les ateliers Rémon. Il disparut dans un incendie suspect au Havre le 18 avril 1939. On soupçonna un attentat manqué visant vraisemblablement "Normandie" accosté derrière lui.

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Ci-dessus et dessous, la salle à manger des premières classes du paquebot "Paris", par les ateliers Rémon. Le modern style d'avant 1914 fut retenu pour ce paquebot lancé par la Transat en 1921.
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"ILE DE FRANCE" (1927)
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L'Ile-de-France inauguré en 1927 et qui eut une carrière exceptionnelle jusqu'en 1958.
 
La cabine SENLIS (ci-dessous) fut réalisée par les ateliers Rémon. Lors de son inauguration, Georges Rémon était assis à la table de Paul Poiret, lui aussi décorateur du navire et créateur du pavillon du Cercle Nautique de Chatou.
 
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"NORMANDIE" (1935)
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"Normandie", le plus beau paquebot du monde, 
à la conquête du ruban bleu.
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Les ateliers Rémon réalisèrent l’appartement du commandant (salon du commandant ci-dessus) et 48 cabines de première classe sur « Normandie ». Pour l'appartement du commandant, ils en confièrent en partie l'exécution aux ateliers Majorelle.
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On fit appel également à la famille Rémon pour le réaménagement des paquebots pris par l’Angleterre et les Etats-Unis comme dommages de guerre à l’Allemagne en 1919, devenus des unités de la Cunard et de la United States Line sous le nom de "Berengaria" (1910-1938) et "Leviathan"(1913-1938) ainsi que pour la décoration intèrieure de l'"Aquitania" en 1913 (Cunard).

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L'"Aquitania" de la Cunard fut pour partie décoré par les ateliers Rémon. Ce paquebot à quatre cheminées fut parmi ceux qui eurent la plus grande longévité de l'histoire maritime. Mis en service en mai 1914, il offrait les splendeurs d'un palace. Il navigua pour l'armée britannique lors des deux guerres mondiales et ne fut désarmé qu'en 1950. Il valut probablement au jeune Georges Rémon d'être affecté pendant la Première Guerre au régiment de transmission Edouard VII.

 

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Un ouvrage de Georges Rémon sur les jardins paru en 1943. Georges Rémon était directeur de l'Ecole des Arts Appliqués de la Ville de Paris et Chevalier de la Légion d'Honneur.

 

 

L'association a réalisé deux conférences salle Jean Françaix sur ce sujet qui a toujours recueilli beaucoup de succés, l'une en 1995 avec Jean-Paul Herbert, directeur des archives de la Compagnie Générale Maritime et Louis-René Vian, spécialiste des grands paquebots français et auteur d'un ouvrage sur la décoration intérieure des navires "Arts Décoratifs à bord des Paquebots Français" (non réédité depuis son décès),  l'autre en 1997 consacrée à Normandie par Louis-René Vian.

 

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Dans le jardin du 61 avenue Foch, l'épouse de Georges Rémon et ses deux enfants Annette et Philippe. Il ne reste pas d'illustration de la villa qui a été détruite avec d'autres en 1972 pour la construction de l'immeuble en accordéon que nous connaissons. La villa fut le théâtre de réceptions avec des membres de la cour d'Angleterre à la fin des années 30, les ateliers Rémon intervenant également sur des paquebots britanniques. La propriété fut démantelée à la demande la municipalité pour l'extension du groupe scolaire Paul Bert malgré le refus de la famille Rémon : la première expropriation eut lieu par ordonnance du Tribunal Civil de la Seine le 22 mars 1948 pour 2860 m² comprenant 1.710,03 m² de jardin potager, 32 m² de serre et 1.117,97 m² de tennis. Restaient 3525,30 m² qui furent expropriés  vers la fin des années cinquante puis la démolition complète de la villa pour un projet de promotion immobilière.

 

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Georges Rémon (1889-1963) peu avant sa mort avec Jean-François Henry, maire de Chatou (1959-1971). Georges Rémon était un membre actif de l'Office du Tourisme de Chatou. 
 
 
Acte de décès de Georges Rémon
 
"Le 25 février 1963, dix heure trente minutes, est décédé en son domicile 61 avenue Foch Jean Georges Rémon Chevalier de la Légion d'Honneur né à Paris 8ème arrondissement le 23 mars 1889, architecte ingénieur, fils de Jean Pierre Henri Rémon et de Marguerite Riester, époux décédés, époux de Jeanne Marie Thérèse Gaillard. Dressé le 26 février 1963, quatorze heures, sur la déclaration de Maurice Henri Rochet, cinquante trois ans, employé domicilié en notre commune 18 avenue Foch qui lecture faite et invité à lire l'acte a signé avec nous, Jean-François Henry, maire de Chatou, officier de l'état-civil."
 
 

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Ci-dessus, Pierre Henri Rémon, fondateur de l'atelier de décoration Rémon, père de Georges Rémon, mort en 1930. Le bureau Pierre Henri Rémon et fils était situé 16 rue d'Artois à Paris 8ème et ses ateliers 54 rue Bayen et 3 rue Vernier.

 
Des centaines de planches d'aménagement intérieur et de mobilier de style de Georges Rémon à la veille de la guerre de 1914 sont conservées à la Bibliothèque Forney et au Musée des Arts Décoratifs. 
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Décoration style Louis XV, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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Salon style Louis XV, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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Bibliothèque style Louis XVI, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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Chambre style Louis XIII, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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Chambre style Constituante, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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 Chambre style Empire, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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Salon style Régence, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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Salle d'eau par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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Panneau décoratif style Louis XIV par George Rémon, avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
 
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Décoration style Directoire, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
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Salle à manger style Louis XIV, par Georges Rémon - avant 1914
collection Pierre Arrivetz
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Décoration style Louis XVI, par Georges Rémon - avant 1914 - collection Pierre Arrivetz
 

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Pour en savoir plus, le bulletin historique de l'association 2010 (62 pages), en vente au prix de 15 euros pour les non-adhérents.

Pour tout renseignement : piarri@orange.fr

 

 

 

 

19/03/2011

CLAUDE BESSY, UNE ETOILE TOUT COURT

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Claude Bessy, danseuse étoile (1957) puis directrice emblématique de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris (1972-2004), a reçu lors des vœux de la Municipalité, la seule médaille qui lui manquait *,  celle de la Ville où elle a trouvé asile voici plus de trente ans. Ne revendiquant rien et n’ayant rien à prouver, notre plus illustre concitoyenne avait rejoint les très rares Français qui avaient porté leur art aux Etats-Unis et obtenu la reconnaissance des grands professionnels qu’étaient les vedettes américaines avant d'entamer un succès ininterrompu dans son propre pays. Parmi ses prédécesseurs dans ce palmarès, Maurice Chevalier, Charles Boyer, Annabella, Leslie Caron, Line Renaud : la future Catovienne dont le talent était déjà couronné à 26 ans était l’objet d’articles admiratifs. En voici un qui nous rappelle ses débuts prometteurs et en dit plus long que bien des éloges :

« Elle est blonde, fluide, calme et douce. Derrière cette apparence soignée et cette voix sage, il y a néanmoins beaucoup de caractère, d’endurance et de travail. Parce que son grand-père maternel avait connu de trop près les difficultés matérielles de la vie, il n’autorisa aucun de ses enfants à embrasser une carrière artistique. Mais sa mère ayant épousé un banquier, Claude put reprendre le flambeau. Et il brille aujourd’hui d’un éclat particulièrement vif. Elle a fait toutes ses classes de danseuse, mais c’est à Lifar qu’elle doit tout. C’est lui qui a su dégager sa personnalité et la mettre en lumière. En 1948, Claude Bessy faisait à l’Opéra sa première création marquante : « Septuor », puis elle partait pour les Etats-Unis. Elle y était encore, récemment et se produisait dans une série d’émissions télévisées aux côtés de Gene Kelly. Du jour au lendemain, Claude fut célèbre d’un bout à l’autre de l’Amérique. C’est alors qu’on la rappela d’urgence à Paris pour reprendre le rôle d’Antinéa dans « L’Atlantide », auquel Ludmila Tcherina renonçait. Il y a quelques jours, la télévision française présentait  « Les joies de la vie » de Claude Bessy. Le surlendemain, elle créait à l’Opéra une nouvelle version de « Daphnis et Chlöe ». Et elle a un projet de film…Elle a fait ses débuts au cinéma dans « La Route du Bonheur » avec Georges Guétary, qui l’a fait ensuite engager pour « Une Nuit aux Baléares ». Elle a participé à « Vive les Vacances » de Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. Gene Kelly avait déjà fait appel à elle pour « L’Invitation à la Danse ».

Claude est née rue Chanoinesse, dans une des plus vieilles maisons de Paris (…) Elle voudrait jouer au cinéma des comédies-ballets à l’américaine. On sait aujourd’hui qu’elle peut faire beaucoup plus et « autre chose » que ce que les plus optimistes prévoyaient… »

 * Claude Bessy est Chevalier de la Légion d'Honneur, Grand Croix de l'Ordre National du Mérite, Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres

 

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Claude Bessy invitée de Gene Kelly dans le "Gene Kelly Show" diffusé à la télévision américaine, en 1959.

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 Cinémonde – 16 juin 1959

 

 

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En couverture de la revue "Réalités" - 1961

collection Bernard Muller

 

15/03/2011

QUE FAIT L'ASSOCIATION ACTUELLEMENT ?

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A la suite de sa conférence cinématographique lors des Journées du Patrimoine 2010 sur les personnalités de Chatou (250 personnes salle Jean Françaix) et de l'édition d'une revue historique ("Chatou dans l'industrie maritime"), l’Association a inauguré 2011 en poursuivant une action conséquente, pour ne pas dire écrasante, s’appuyant sur la passion et le talent de ses bénévoles :

Création d’un disque sur la Seconde Guerre Mondiale incorporant voix officielles et témoignages de vétérans notamment de Chatou et des environs en partenariat avec les associations d'anciens combattants

Préparation d’un circuit historique pour la ville

Préparation d’une conférence sur Maurice Berteaux pour Issy-les-Moulineaux et Chatou à l’occasion du centenaire de sa mort le 21 mai 2011

Préparation d’un livre sur Maurice Berteaux

Préparation d’une conférence sur La Première Guerre Mondiale et Chatou et les environs pour les Journées du Patrimoine

Préparation d’une conférence de Jean-Marie Drot , Catovien depuis 1956, ancien directeur de la Villa Médicis, sur l’ancien Montparnasse et Malraux

Préparation d’un livre sur l’histoire industrielle de Chatou

Démarches en vue de la projection du film « Normandie Niemen »(1959) avec l'acteur Catovien Pierre Trabaud (né à Chatou en 1922 et mort en 2005)

Démarches en faveur du monument Berteaux

Par ailleurs, l’association demande à la municipalité :

Depuis 1996, la restauration et l’ouverture au public du Nymphée de Soufflot, monument historique classé

Depuis 2005, la révision du Plan Local d’Urbanisme

Depuis 2009, la révision du projet de construction d’immeubles du square Debussy en partenariat avec le comité des riverains du quartier

Depuis 2009, au titre de l'environnement, l’étude d’un projet de tramway vers Paris au nord de la ville et d'une turbine sous le nouveau barrage de Chatou pour l'alimentation en électricité des environs 

Depuis 2010, la révision du projet d’aménagement de la Place Maurice Berteaux.

Enfin, l'association a mis en place ce blog en 2008. Nécessitant des recherches historiques permanentes, celui-ci a pu atteindre, grâce à l'intérêt que vous lui portez, pas moins de 4979 visites en janvier 2011.

En nous aidant par votre adhésion, vous aiderez la défense du caractère et de l’identité de Chatou. Par avance, nous vous remercions pour votre soutien sans lequel nous ne pouvons rien.

Le conseil d'administration

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* Locomotive 241 P Compound SNCF (1948-1952)

09/03/2011

GEORGES MANDEL (1885-1944) A L'HONNEUR A L'INITIATIVE DE L'ASSOCIATION

 

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Discours d'inauguration du médaillon de Georges Mandel sur sa maison natale du 10 avenue du Général Sarrail le 5 juin 2008 prononcé par Pierre Arrivetz 

"Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Maire, Monsieur le Bâtonnier, Cher Monsieur Wormser, Mesdames, Messieurs les élus et présidents d’associations, Mesdames, Messieurs,

L’association Chatou Notre Ville tient à vous remercier de votre présence sur ce site emblématique d’une histoire du XXème siècle. D’entrée, je tiens à préciser que cette cérémonie, organisée par l’association, compte derrière elle, le dévouement particulier de Monsieur et Madame Caillaud, propriétaires de la maison natale de Georges Mandel, la contribution éloquente de l’association des Amis de Georges Clemenceau à qui l’on doit le médaillon, le bon accueil de Monsieur Fournier, maire de Chatou, qui nous a offert le concours des services techniques et la communication du journal municipal, enfin la mise à disposition d’une partie du budget de nos adhérents au service de votre information et du petit buffet qui doit suivre.

Il y a onze ans maintenant, notre association avait organisé salle Jean Françaix une conférence sur Georges Mandel à l’occasion de la parution du livre couronné du prix de l’Assemblée Nationale du bâtonnier Favreau, dont je salue la présence ce soir, qui s’était déplacé à Chatou pour nous conter l’histoire de cet homme singulier.  Cet ouvrage amplifiait des travaux précédents, non moins conséquents, sur une figure qui éclaire gravement notre passé.

Né au 10 avenue du Chemin de Fer lors de la villégiature de ses parents à Chatou (aujourd’hui 10 avenue du Général Sarrail), Georges Mandel  entra dans la vie publique par une bataille,  celle de l’apprentissage qu’il réalisa dans le milieu journalistique et politique. Cette première expérience évolua lors de  l’accession de son chef, Georges Clemenceau , à la tête d’un cabinet de guerre en 1917 formé pour la victoire de nos armées. Georges Mandel, travailleur acharné doté d’une mémoire peu commune et d’une perspicacité évidente, qui ne disposait d’aucun diplôme, ne se rendait pas sympathique, traitait les adversaires du Tigre avec des formules lapidaires et n’hésitait pas à ressortir à titre dissuasif les papiers compromettants de tel ou tel pour déjouer les complots, permit à Georges Clemenceau de jouer à plein son rôle d’homme providentiel. A 32 ans, et après 13 ans de bons et loyaux services, le natif de Chatou devint en effet le chef de cabinet du sauveur de la patrie.

Dans un film diffusé récemment par les Archives Départementales des Yvelines et  prêté par le Service des Armées, on aperçoit le jeune Mandel au cours des réunions du Traité de Versailles, pendant lesquelles Georges Clemenceau tentait d’imposer la voix de la France martyre.

Après avoir reçu en héritage la victoire poursuivie par le Tigre, Georges Mandel put donner sa mesure dans la France meurtrie. Ce fut sa seconde naissance. Candidat aux élections en Gironde dans l’arrondissement de Lesparre en 1919, il se fit élire sous les couleurs du Bloc National, et après une défaite aux élections de 1924, redevint député comme conservateur indépendant dans cet arrondissement, de 1928 à la seconde guerre mondiale. Ses élections, homériques à un point que l’on ne peut plus soupçonner aujourd’hui, étaient ponctuées  d’attaques antisémites provenant de ses adversaires tant de droite que de gauche.

Devenu ministre en 1934, il fut l’un des rares rescapés de la vague du Front Populaire en 1936, réussissant le tour de force de se faire élire à la Chambre au premier tour. Sait-on aujourd’hui que Georges Mandel, président de la commission du suffrage universel et soucieux de réformer le système des partis, se battit en 1931 pour l’élection à un tour et le droit de vote des femmes ?

Pourquoi Georges Mandel fut-il l’un des hommes les plus attaqués de son époque, alors que tant d’autres, par leurs erreurs ou leur faiblesse, échappaient à la vindicte ? parce qu’il avait commis le pêché mortel de défendre l ‘application du Traité de Versailles contre le réarmement allemand, qu’il osait être juif sans être de gauche, qu’il luttait contre l’aveuglement en publiant dans son journal des extraits de Mein Kampf en 1934, qu’il dénonçait toutes les démissions concernant la stratégie et la défense de la France, qu’en plein effondrement il prônait la poursuite des combats dans les Colonies, qu’il avait lui-même armées et qui devaient se révéler un bastion contre l’envahisseur.

Mandel imposait une cohérence implacable à tous ceux, qui pour assurer leur avenir, préféraient ignorer les impératifs de sécurité nationale. En somme, son erreur fut  d’avoir raison trop tôt dans une France vaincue par le traumatisme de la Grande Guerre.

En tant que ministre, Georges Mandel trancha avec ses contemporains par son efficacité. Toujours confiné dans des ministères subalternes pour ne pas déplaire à l’état-major et ne pas porter ombrage  aux leaders radicaux-socialistes qui s’arqueboutaient  aux leviers du pouvoir, il réussit partout où il passa ainsi que nous le rappelle le bâtonnier Favreau dans son ouvrage : aux PTT, anémiés par la routine et les féodalités, il fut de 1934 à 1936 le ministre des usagers.

Il créa un service central des réclamations, rendit publiques les plaintes et les sanctions, abaissa le prix des communications téléphoniques et télégraphiques, répandit le téléphone dans les campagnes, créa un service de réservation téléphonique pour les théâtres, les trains, les bateaux et les avions, tenta en vain d’imposer le service postal du dimanche, créa la première compagnie postale aérienne intérieure, combattit les grèves en envoyant du personnel de remplacement. 

Il fut également le ministre du progrès technique, mis au service du rayonnement de la France. Les grands postes émetteurs, d’une puissance  de 60 kilowatts furent portés à 100 kilowatts., Radio-Colonial émit 24 heures sur 24 et ce, en 7 langues. Le ministre supprima la publicité sur les ondes d’Etat, assura la retransmission plusieurs fois par semaine des pièces des théâtres subventionnés et des plus grands concerts. En 1935, la radio fut même appelée à diffuser des cours de vacances pour les enfants du primaire et des lycées. Dés lors, on ne s’étonnera pas que le secteur de la construction de la TSF, concentré dans les usines Pathé de Chatou, connut un nouvel essor sous son ministère.

Enfin, Georges Mandel signa le 26 avril 1935 l’apparition de la première émission publique de télévision.

Chassé des PTT en 1936 par l’arrivée du Front Populaire, le ministre revint aux Colonies en 1938, qu’il arma et développa sur le plan économique. Malgré la politique de rattrapage qu’il imposa à ses subordonnés et une progression certaine, le temps manqua pour achever l’essentiel. Notons que le général Catroux, gouverneur d’Indochine, et Félix Eboué, gouverneur du Tchad, furent nommés par lui. On sait qu’ils devinrent des piliers de la France Libre.

En 1939, lorsque la propagande battait son plein, le journal « L’Ame Gauloise » n’hésita pas à qualifier Mandel de « constructeur d’empire ». L’engagement de l’Outre-Mer et de ses ressources au-delà de ce qui avait été réalisé en 1918, témoigna du combat quotidien du ministre pour vaincre la démission et lutter contrer l’ombre grandissante de l’hitlérisme.

Un moment de la vie de Georges Mandel demeure pour nous comme un signe du destin sur deux engagements historiques :   c’est le passage à témoin que constitue l’entrevue de Georges Mandel ministre de l’Intérieur avec Charles de Gaulle sous-secrétaire d’Etat à la Défense le 13 juin 1940, à la veille de l’occupation de Paris par l’armée allemande. Selon le témoignage du Général dans ses Mémoires de Guerre, les propos du ministre en sa faveur l’impressionnèrent, le convainquant de ne pas démissionner et de s’engager dans la voie de l’appel à la résistance. Ensuite, c’est une encre noire qui étreint la vie de ce Catovien de naissance.

Si Churchill fit tout pour sauver Mandel, celui-ci refusa de s’expatrier pour ne pas être accusé d’être un juif traître à son pays. C’est ainsi qu’après quatre ans d’emprisonnement à l’initiative du régime de Vichy, Georges Mandel fut livré par la Gestapo à la Milice.

Son assassinat par des compatriotes, est une tragédie au regard de l’histoire, au regard de cette aventure de résistants politiques qui avaient compris que le destin de la France ne devait pas se jouer entre les mains de ses oppresseurs mais de ceux qui pour toujours, incarneraient l’esprit de son indépendance et de sa liberté.

Saluons donc votre naissance Georges Mandel, elle est pour Chatou une fierté et pour les générations futures, le début d’un combat mis en lumière par des historiens de talent, comptant désormais - hommage suprême -, l’actuel président de cette patrie que vous avez toujours su défendre." 

   

Photos de la cérémonie du 5 juin 2008 organisée par l'association Chatou Notre Ville

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Médaillon du ministre apposé le 5 juin 2008 sur sa maison natale du 10 avenue du Chemin de Fer (aujourd'hui 10 avenue du Général Sarrail) sculpté par François Cogné (1876-1952), auteur notamment de la statue de Georges Clemenceau inaugurée par Edouard Herriot en 1932 sur les  Champs Elysées. Sa reproduction a été faite et offerte par la Société des Amis de Georges Clemenceau.

 
 
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Pierre Arrivetz et à gauche en costume marron, Alain Hamet, président de l'Amicale des Anciens Résistants et FFI et à droite en costume sombre, Jean-Claude Issenschmitt, président du Souvenir Français Chatou-Montesson
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Monsieur Marcel Wormser, président de la Société des Amis de Georges Clemenceau entouré de Jean-Claude Issenschmitt, président du Souvenir Français Chatou-Montesson et de Pierre Arrivetz, président de l'association Chatou Notre Ville
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Monsieur Ghislain Fournier, nouveau maire
et conseiller général de Chatou
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Monsieur Jean-Pierre Rotschild, petit-neveu de Georges Mandel, à sa droite Monsieur Mouchel-Blaisot, Sous-Préfet des Yvelines et Monsieur Alain Hamet, président de l'Amicale des Anciens Résistants et FFI à droite de Pierre Arrivetz
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Une photo d'ensemble pour la pose du médaillon sur la maison natale de Georges Mandel : à l'extrême gauche, Madame Jacqueline Penez, conseillère régionale et conseillère municipale de Chatou, Monsieur Jean-Pierre Rotschild, petit-neveu de Georges Mandel, Monsieur Lucien Ruchet, trésorier de l'Amicale des Anciens Résistants et FFI, Monsieur Mouchel-Blaisot, Sous-Préfet des Yvelines, Monsieur Marcel Wormser, président de la Société des Amis de Georges Clemenceau, Monsieur Ghislain Fournier, maire et conseiller général de Chatou, Monsieur Alain Hamet président de l'Amicale des Anciens Résistants et FFI, Pierre Arrivetz, président de l'association Chatou Notre Ville et conseiller municipal, Maître Bertrand Favreau, ancien bâtonnier du barreau de Bordeaux, auteur de l'ouvrage "Georges Mandel ou la passion de la République " (Fayard) couronné du Prix de l'Assemblée Nationale (1996), Monsieur Jean-Claude Issenschmitt, président du Souvenir Français de Chatou-Montesson et ancien maire-adjoint, Monsieur et Madame Caillaud, propriétaires de la maison natale de Georges Mandel et hôtes de la cérémonie, Monsieur Max Agir, président de l'Association des Pupilles de la Nation
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Le livre de Bertrand Favreau couronné du
Prix de l'Assemblée Nationale (1996)
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Le Courrier des Yvelines qui a "couvert" cette manifestation

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"la paix est de plus en plus précaire, de plus en plus chancelante; au lieu d'être imposée par le vainqueur, elle n'est plus consentie que par le vaincu - et pour combien de temps encore !...Réfléchissez-y, Messieurs, y eut-il jamais dans l'histoire, un aussi rapide renversement de situation sans coup férir ?"

Le discours prononcé le 11 novembre 1936 par Georges Mandel s'inscrit dans la pèriode post-électorale des législatives qui a vu le triomphe du Front Populaire. Mandel est un rescapé de la droite et a réussi un exploit en se faisant élire au premier tour dans sa circonscription de Lesparre. Son discours dénonce méthodiquement le réarmement de l'Allemagne, la nécessité pour la France de se renforcer militairement pour conclure des alliances militaires durables notamment avec l'Union Soviétique et l'Italie, l'absence de volonté du personnel politique français et conclut sur l'expèrience probante de Clémenceau en 1917 lorsque tout semblait perdu. Nul besoin de changer les institutions. "Il n'y a qu'un moyen de salut : c'est de gouverner". 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Né à Chatou au 10 avenue du Général Sarrail le 5 juin 1885,  Georges Mandel connut des débuts comme journaliste de Clemenceau à l'Aurore avant de devenir son chef de cabinet lorsque le Tigre devint président du Conseil de 1906 à 1909. ll se fit élire député du Bloc National en 1919, fut battu en 1924, puis reconquit la Chambre des Députés et siégea de 1928 à 1940 dans le groupe des Indépendants, rares parlementaires de droite hostiles à Hitler dont faisaient partie Paul Reynaud et Henri de Kérillis. Mandel entra au gouvernement en 1934 comme ministre des PTT où il fit merveille pour redonner de son efficacité au service public de la poste, faire émerger la télévision et progresser la TSF. C'est dans cette fonction qu'il se fit connaître et apprécier des Français. Ministre volontaire dans une époque de démission, il fut aussi le premier à publier les extraits de Mein Kampf. Malgré des discours et des positions très fortes contre le désarmement moral et matèriel du pays, il demeura isolé durant la période d'avant-guerre.

Chassé du ministère des PTT en 1936 par le Front Populaire, il revint au pouvoir de 1938 à 1940 comme ministre des Colonies où il procéda à des constructions défensives, choisit d'armer en fraude l'armée de Tchang Kaï Chek contre l'envahisseur nippon, de commander des avions à l'Angleterre alors qu'on refusait de lui en fournir en France.

Après un bref passage au ministère à l'Intérieur en juin 1940 en pleine débâcle, il fut emprisonné par le régime de Vichy auquel il avait refusé de donner les pleins pouvoirs et à l'opposé duquel il préconisait la poursuite des combats dans les Colonies qu'il avait armées. Livré par Vichy, il fut assassiné par la Milice le 7 juillet 1944, un mois après le Débarquement, en représailles à l'assassinat du collaborateur Philippe Henriot. Il refusa plusieurs tentatives de Churchill de le faire embarquer pour l'Angleterre, persuadé qu'il serait accusé d'être un juif traître à sa patrie alors qu'il faisait vivre l'esprit de Clémenceau. Le général de Gaulle a reconnu dans ses Mémoires que Mandel lui tint un discours le 13 juin 1940 qui le convainquit d'engager son action. A l'occasion de la parution de l'excellent livre de Bertrand Favreau "Georges Mandel ou la passion de la République" (édité chez Fayard), couronné du prix de l'Assemblée Nationale en 1996, l'Association a demandé à l'auteur, ancien bâtonnier du barreau de Bordeaux, de faire une conférence salle Jean Françaix à Chatou le 17 mars 1997, laquelle décida d'ailleurs le maire de Chatou à baptiser quelques jours plus tard une allée de la Tête de Girafe Allée Georges Mandel. Une plaque commémorative fut posée le 7 avril 1950 par la Société des Amis de Georges Clemenceau sur la maison natale de Georges Mandel. Celle-ci fut un temps retirée puis remise il y a quelques années sur l'instance d'un Catovien, Monsieur Lenoir, les mots "assassiné par la Milice" ayant disparu. 

 

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Enfin, on ne saurait passer sous silence que le nouveau président de la République Française est l'homme qui a fait connaître Georges Mandel à l'opinion publique grâce à une biographie éditée en 1993, "Georges Mandel, le moine de la politique" (éditée chez Grasset), qui fait autorité. Celle-ci a d'ailleurs été adaptée à l'écran dans un téléfilm avec Jacques Villeret dans le rôle de Georges Mandel.

L'association Chatou Notre Ville a écrit à la Société des Amis de Georges Clémenceau qui a bien voulu lui faire l'honneur de répondre favorablement (10 juillet 2007) à sa proposition de rendre un hommage  commun à Chatou  à Georges Mandel le jour anniversaire de sa naissance au 10 avenue du général Sarrail.

       

22/02/2011

GEORGES MANDEL AUX P.T.T.(1934-1936) : PREMIERS TEMOIGNAGES

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 Le 15 février 1935, Le journal « L’Excelsior » publia un article sur le nouveau ministre des PTT, Georges Mandel, qui, depuis sa nomination en novembre 1934, s’ingéniait à accroître le rôle et renverser l’image d’une administration décriée comptant 150.000 agents à sa prise de fonction.  Son bilan à ce poste dépassa celui de tous ses prédécesseurs, en sorte que le  ministre natif de Chatou, qui avait commencé par occuper un espace politique restreint à l’aura de son ancien chef Clemenceau, acquit une popularité due à ses seuls mérites auprès des Français.

Par-delà l'aspect technique de son poste, le nouveau ministre démontrait que l’efficacité existait encore en politique et qu’une volonté ferme et un intérêt non superficiel pour la chose publique constituaient  les premières sources du progrès et de la défense du pays.

Son œuvre envers les usagers devait fortement contribuer à assurer sa réélection au premier tour de député indépendant conservateur à la Chambre en 1936 en plein triomphe du Front Populaire.

Voici un extrait de cet article de « L’Excelsior » signé par Emile Vuillermoz (1878-1960), alors le plus célèbre critique français de musique et de cinéma :

« Je suis donc allé trouver, au cœur de la citadelle des PTT, Monsieur Georges Mandel, et je lui ai demandé, sans détours, s’il partageait cette sorte d’optimisme ingénu et obstiné qui semble être le mot d’ordre de certains techniciens de son administration.

A la suite de mes articles, certains commentateurs plus ou moins « officieux » - ou, qui, du moins, seraient heureux de passer  pour tels – ont cru, en effet, devoir, pour rassurer l’opinion publique, affirmer, que, contrairement à mes informations, tout était pour le mieux dans la meilleure des radiophonies françaises, et que, depuis bien longtemps, notre équipement technique était supérieur à celui de nos rivaux ! notre ministre était-il victime, lui aussi, de cet extraordinaire illusionnisme ? c’est ce que j’ai voulu élucider au cours d’un entretien dont nos lecteurs apprécieront l’intérêt.

(…) On connaît la silhouette si caractéristique de l’homme et de son visage intelligent et glacial, dont les lèvres rectilignes ont désappris le sourire dans l’exercice conscient du pouvoir. Sa voix est incisive et pénétrante. Dans la symphonie particulière, j’ai entendu beaucoup de violoncelles, de trompettes, de bassons, de trombones et saxophones : la voix de Monsieur Mandel est instrument à anche. Elle a la finesse insinuante et pincée du hautbois ou du cor anglais, qui sans forcer le son, domine aisément tout un orchestre. Sa facilité de parole est merveilleuse. D’un ton calme et posé , il construit des phrases impeccables avec des mots extrêmement choisis qui naissent tout naturellement sur ses lèvres, dans une spontanéité déconcertante. La précision et la justesse  de son vocabulaire est miraculeuse. Quand il traite une question, il fait littéralement la dissection et l’autopsie, d’un scalpel impitoyable. Tout ce qu’il expose devient clair, logique, lumineux et prend un caractère de nécessité absolue.

Mais son originalité et son privilège consistent à faire passer immédiatement dans l’action cette éloquence qui pourrait aisément lui tenir lieu de volonté et d’activité. Ses subordonnés ont en lui un chef  d’une clairvoyance redoutable. Sans aucune passion – car sa raison pure est aussi incapable de malveillance systématique que d’indulgence naturelle – il pèse leurs qualités et leurs défauts sur une balance de précision. Si j’étais sous ses ordres, je tremblerais en l’écoutant exposer avec une froide sérénité le problème de l’utilisation des compétences.

M. Mandel n’a pas craint de m’affirmer très nettement qu’il  juge aussi sévèrement que moi l’état actuel de notre radio. Il ne partage donc nullement  la satisfaction béate de ses collaborateurs qui se félicitent chaque jour d’avoir tant de génie.

(…) Malheureusement , nous sommes dans un pays où, par un absurde scrupule démagogique, nous n’avons fait, pendant la guerre, aucune réserve de « matériel humain » dans le domaine de l’intelligence. Alors que nos adversaires opéraient judicieusement ce tri, pour préparer des cadres à la civilisation future, nous avons tout jeté dans la fournaise et Monsieur Mandel, qui sait juger les hommes, blâme sévèrement cette  erreur de tactique sociale qui le prive peut-être aujourd’hui des jeunes lieutenants dont il aurait besoin.

Au point de vue de l’installation matérielle de nos postes, le ministre des PTT subit avec impatience le handicap écrasant des lenteurs administratives. Lui aussi ne se résigne pas volontiers à voir l’Etat mettre trois ou quatre ans pour accomplir un travail que l’industrie privée exécute en moins d’une année.  Les formalités auxquelles un service d’Etat est soumis entravent  tout et ralentissent tout. Des marchés importants, signés en 1932, ne sont pas encore exécutés. Des postes et des câbles qui devraient depuis longtemps être en service sont en cours de construction ou de pose avec des retards déplorables. Il serait injuste de parler de négligence ou de mauvaise volonté. Car la machine administrative est un engrenage qui fonctionne au ralenti, au grand désespoir des hommes d’action qui ont à s’en servir.

Mais Monsieur Mandel a décidé de donner une impulsion vigoureuse à tous ses services. Il ne me fait mystère d’aucune des précisions du rapport qu’il vient de soumettre aux commissions parlementaires. Se gardant bien de dire : « tout est prêt, tout est terminé depuis longtemps, il ne manque pas un bouton de réglage à nos postes d’émission, ni un centimètre de câble radiophonique », il se contente de saluer quelques heureuses échéances prochaines qui amélioreront enfin notre réseau d’Etat en mettant "à la page" nos stations régionales.

C’est ainsi que la puissance du poste de Lyon sera portée à 90 kw à partir du mois d’avril prochain. Une grave avarie de matériel, survenue pendant le transport, a, seule, retardé les essais  prévus pour une date antérieure. Mais on espère rattraper le temps perdu. Le poste de Toulouse sera porté à 120 kw au mois d’avril. En avril, également, Lille disposera de 60 kw ; en septembre, celui de Marseille, 100 kw, et, à la fin de l’année, celui de l’Ouest-Rennes, 120 kw. On nous promet, en outre, pour le début de juin, la transformation du poste national des PTT, dont la puissance sera fixée à 120 kw.

A ces prévisions, il faut ajouter, à des échéances plus lointaines, deux augmentations de puissance, celle de la station de Bordeaux (100 kw) et celle de la station de Strasbourg (100 kw). Il entre aussi dans les projets de Monsieur Mandel de créer sans retard une station nouvelle de 100 kw à Limoges.

Viendra ensuite l’augmentation de puissance tant attendue du poste Radio-Paris qui n’arrive pas à couvrir tout notre territoire et qui disposera, l’an prochain de 220 kw. Une transformation du poste colonial complètera cette organisation si souhaitable. A ce moment-là, nous pourrons utiliser, espérons-le, le fameux réseau des câbles spéciaux, ces câbles-fantômes qui, d’après les documents officiels de 1933, étaient déjà « en service » alors que l’annuaire officiel des PTT de 1934 avoue modestement qu’ils sont encore « en cours de pose ».

Vous voyez que nous sortons nettement ici du système d’auto-congratulation dans lequel se réfugient si volontiers certains fonctionnaires de notre administration. Et j’avoue qu’il est beaucoup plus réconfortant d’entendre un généralissime déclarer : « nous avons été battus dans tel et tel secteur, mais voici les offensives que je prépare pour redresser la situation » que de collectionner des bulletins de victoires purement imaginaires.

Reste la question importante de la Maison de la Radio. Notre ministre des PTT en comprend toute l’importance et est bien décidé à doter notre radio d’Etat de cet organisme technique absolument indispensable. Il dément nettement toutes les informations fantaisistes qu’on a fait courir au sujet de  l’utilisation de tel ou tel immeuble que l’on camouflerait plus ou moins habilement pour la circonstance. Monsieur Mandel  sait parfaitement qu’une Maison de la radio doit répondre à des exigences scientifiques très spéciales. Une seule chose l’arrête : la constatation que l’Etat est incapable de construire un édifice dans des conditions raisonnables. L’Etat paye tout trop cher. Monsieur Mandel voudrait ne pas gaspiller ses crédits et il cherche, en ce moment, le moyen de ne pas engloutir inutilement, dans une entreprise ruineuse de bâtisse officielle, des fonds dont il a tant besoin dans d’autres domaines. N’oublions pas, en effet, que, par le fait même du retard de nos postes, notre radio nationale a beaucoup moins d’usagers que celle de l’Angleterre ou de l’Allemagne. Notre taxe produit 110 millions alors que la radio anglaise en mobilise  420 et la radio allemande 770. Notre radio a donc un budget relativement limité. Mais plus notre installation se perfectionnera et plus nous accroîtrons rapidement cette rente.

Donc, au point de vue de l’équipement technique – progrès capital qui conditionne tous les autres – Monsieur Mandel est décidé à agir vigoureusement pour rattraper le temps perdu. Il n’apporte pas moins d’énergie à réorganiser les émissions. Pour lui, la radio a trois missions : l’information, l’éducation et la récréation. L’organisation de la presse parlée est, de sa part, l’objet d’une attention vigilante. Il n’y tolèrera aucun élément tendancieux. Il faut que les revues de presse de la radio d’Etat soient d’une impartialité et d’une objectivité inattaquables. Monsieur Mandel sera impitoyable pour toutes les fautes commises dans cet ordre d’idées. Dans l’ordre éducatif et récréatif, il entend faire appel à un comité supérieur des émissions complètement réorganisé dans lequel il s’est efforcé de mettre chacun à sa place.(…) Il a séparé nettement la section administrative, composée de personnalités officielles, de la section technique proprement dite, qui comportera 36 spécialistes qualifiés, chargés de mettre en œuvre les ressources intellectuelles et artistiques de notre pays.

Pour bien montrer son désir de rompre avec le paresseux égocentrisme de Monsieur Badin, Monsieur  Mandel  a comblé une lacune incroyable en créant un service d’écoute qui permet, chaque jour, à un certain nombre de chargés de mission de capter les postes étrangers et de rédiger un rapport sur ce qu’ils viennent d’entendre. On n’y avait pas encore pensé ! bref, la lutte contre la routine est engagée et elle est menée par un homme dans la ténacité et la méthode duquel on peut avoir confiance.

Et j’ai quitté le ministère des PTT avec la satisfaction de constater que les doléances de tous les sans-filistes de France et des amis que la France compte à l’étranger étaient, enfin, prises au sérieux. On ne nous berne plus en nous affirmant que nous possédons une radio d’Etat que l’Europe nous envie. On ne nous a pas caché, au contraire, qu’elle avait besoin de soins. Mais nous trouvons à son chevet un médecin énergique, décidé à publier loyalement ses bulletins de santé. Vous venez de lire le premier et j’estime qu’il est de nature à vous rassurer sur le sort de la malade, qui ne tardera pas, espérons-le, à entrer en convalescence. »

 

17/02/2011

UN CIRCUIT HISTORIQUE DES PERSONNALITES DE CHATOU ?

Pierre Trabaud

(1922-2005)

 

(Rue du Val Fleuri)

 

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Une poignée de main, un sourire et la franchise de l’honnête homme. Tel était Pierre Trabaud dans la vie comme à la scène à travers la trentaine de drames ou comédies qu’il tourna. Les Français l’ont bien connu dans le rôle de l’instituteur de « La Guerre des Boutons » (1960) mais sa carrière a déroulé notamment des tranches de vie d’un pt’it gars amoureux (« Rendez-Vous de Juillet » (1946), « Antoine et Antoinette » (1949), « Parti Sans Laisser d’Adresse » (1950 ci-dessus avec Bernard Blier), d’un marginal (« Les Chiffonniers d’Emmaus » 1954), d’un homme de foi (« Le Défroqué » 1954), d’un pilote de guerre (« Normandie Niemen » 1959), celle de Napoléon au théâtre (« Madame-Sans Gêne » 1980). Pierre Trabaud a également donné sa voix à des feuilletons tels que "Les Mystères de l’Ouest", des dessins animés comme « Daffy Duck », « Les Fous du Volant », « Astérix Le Gaulois », « Astérix et Cléopâtre », « Lucky Luke », « La Ballade des Dalton », « Les Dalton en Cavale »...

Dans une époque où les seconds rôles valaient les premiers, il donna la réplique à Pierre Fresnay, Jean Desailly, Louis Seignier, Louis Jouvet, Sydnet Bechet, Bernard Blier, Philippe Noiret, Cécile Aubry, Nicole Courcel, Françoise Arnoul. Passé réalisateur en 1982 avec « le Voleur de Feuilles », Pierre Trabaud nous a quittés le 26 février 2005. Ses pairs ont porté un jugement unanime sur cet acteur qui refusait des propositions : un homme bon et droit, qui a marqué les grandes heures du cinéma français d'après-guerre. Pierre Trabaud obtint deux récompenses en 1954 pour son interprétation magistrale face à Pierre Fresnay dans « Le Défroqué »: « Le Triomphe du Cinéma 1954 » et « L’Ours » de Berlin. Il était né à Chatou rue du Val Fleuri le 7 août 1922.

 

 

LOUIS FERDINAND ZECCA

(1864-1947)

 

(Rue du Capitaine Guynemer)

 

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Louis-Ferdinand Zecca a porté les premières heures du cinéma. Né à Paris le 19 février 1864 dans une famille de techniciens du music-hall, enchaînant les petits métiers, son destin bascula lorsqu’il fut embauché en 1898 dans la première usine phonographique Pathé boulevard de la République à Chatou. Particulièrement attentif et ingénieux, il y déploya une activité dans tous les secteurs de la production. Alors que s’annonçait l’Exposition Universelle de Paris de 1900, Charles Pathé demanda à son frère Emile, dirigeant de la branche phonographique, s’il connaissait quelqu’un susceptible de monter un stand pour l’exposition. Emile lui recommanda Ferdinand Zecca. Celui-ci fut recruté sur le champ par Charles Pathé qui n’eut qu’à s’en féliciter, la société se voyant attribuer plusieurs prix au sortir de l’exposition. Charles Pathé demanda alors à Ferdinand Zecca d’être son collaborateur pour le cinéma : association exceptionnelle puisque de 1900 à 1918, Ferdinand Zecca fut l’auteur, le comédien ou le réalisateur d’une centaine de films muets produits par Pathé, se distinguant notamment par sa mise en scène des trucages. Il fut également l’un des directeurs du Pathé-Journal, premier journal d’actualités cinématographiques créé en 1908 par Charles Pathé, le directeur de Pathé Exchange Incorporation aux Etats-Unis en 1919 puis le directeur artistique de Pathé-Baby au début des années vingt. Il revint un temps à Chatou habiter les 3 bis et 1 bis rue du Capitaine Guynemer où il est recensé en 1928 et 1931. Il mourut à Vincennes le 23 mars 1947. Sa tombe y voisine celle de Charles Pathé, avec qui il bâtit le premier empire mondial du cinéma (1900-1918) avant Hollywood.

 

 

LUCIEN DALSACE

(1893-1980)

 

(Place Maurice Berteaux)

 

 

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Les lumières du cinéma faisaient oublier les années perdues de la Grande Guerre,  brillant dans les têtes de spectateurs avides de distractions nouvelles, et déjà Chatou pouvait s’enorgueillir de compter l’un de ses enfants dans le cœur de millions d’admiratrices. Lucien Dalsace, de son vrai nom Gustave Louis Chalot, avait vu le jour à Chatou le 14 janvier 1893 54 avenue du Chemin de Fer - actuel 40 place Maurice Berteaux - où ses parents demeuraient. Chasseur puis aviateur pendant la Première guerre mondiale, il avait fait ses débuts au Théâtre de Paris au lendemain de l’Armistice et s'était engagé dans l’aventure du cinéma.  Il fit la joie des producteurs du cinéma muet, tournant près de trente films dans des rôles de jeune premier tels que « Ferragus », « L’aviateur masqué », « Belphégor », « L’Occident » et « La Tentation ».

1930 marqua son éclipse avec  l’arrivée du parlant, la mort de son père et la reprise de son affaire de parfumerie boulevard Saint-Michel. Grâce au réalisateur Léon Mathot, Lucien Dalsace revint au grand écran en épousant des rôles successifs dans « Chéri-Bibi » (1937) aux côtés de Pierre Fresnay et Jean-Pierre Aumont, « Le Révolté » (1938) avec Pierre Renoir, Charpin et Aimé Clariond et « Rappel Immédiat » (1938) dans lequel il fut l’un des partenaires d’Eric Von Stroheim. Il termina sa carrière dans « Deuxième Bureau contre la Kommandantur » (1939) de René Jayet et Robert Bibal et « Patrouille Blanche » (1941) de Christian de Chamborant. Redevenu parfumeur à Paris, il s’éteignit le 3 juillet 1980 à L’Haÿ-Les-Roses.

 

 

 

 

 

15/02/2011

CONNAISSEZ-VOUS L'ASSOCIATION DES COMBATTANTS PRISONNIERS DE GUERRE ET COMBATTANTS D'ALGERIE, TUNISIE, MAROC, TOE DE CHATOU

L’association des Anciens Combattants Prisonniers de Guerre de Seine-et-Oise créée en 1945, élargie depuis à tous les conflits sur le théâtre extérieur, conduit une action remarquable grâce au dévouement de Jean-Claude Issenschmitt, Catovien et ancien maire-adjoint .

Dans un cadre purement bénévole où ses proches et quelques membres assurent l’intendance très lourde des manifestations, Jean-Claude Issenschmitt réussit chaque année à mobiliser une centaine d’adhérents et de sympathisants pour sa section de Chatou-Montesson.

C’était le cas dimanche 23 janvier 2011 lorsque l’association fêta la nouvelle année salle Jean Françaix autour de la musique toujours appréciée d’Eric Jouet. Car il faut bien le dire, si vous avez 65 ans ou plus ou que vous êtes simplement sympathisant, cette association vous concerne à un double titre :

 
- l'association se bat pour la reconnaissance des droits des anciens combattants et de leurs familles auprès des pouvoirs publics et intervient concrètement dans la mesure de ses moyens : aides médicales, handicaps, carte du combattant, retraite du combattant, institution depuis le 1er avril 2010 d’une allocation différentielle pour les veuves d’Anciens Combattants, revalorisation de l’ensemble des prestations pour les anciens combattants et leur famille, contre la remise en cause récente par les pouvoirs publics de la carte Améthyste, soutien à l’action sociale de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONAC)

- l'association assure de sa présence nombre de cérémonies patriotiques dont le maintien est essentiel à la transmission de la mémoire des sacrifices consentis par nos pères pour la défense du pays : 8 mai 1945, 11 novembre 1918, 5 décembre 1962 (combattants d’Afrique du Nord), Journée de la Déportation, 8 juin (hommage aux Morts en Indochine), 25 septembre (hommage aux harkis), 3 septembre (hommage à l’Arc de Triomphe des prisonniers de guerre 1939-1945), 16 octobre (pèlerinage à Notre-Dame de Lorette, lieu d’inhumation du soldat inconnu)…

Ce travail considérable est suivi chaque année par la fête de la Galette des Rois salle Jean Françaix où la bonne gestion de l’association la met en situation de garantir un après-midi dansant dans une ambiance festive sans équivalent dans la commune à notre connaissance. On y reconnaît toujours quelques élus qui viennent témoigner ainsi de l’intérêt qu’ils ne manquent pas de porter à l’action de l’association avant mais aussi après les échéances électorales. Cette année, le sénateur Gournac était venu en renfort remercier Jean-Claude et son épouse, comprenant que sans leur intervention, l’association risquait de voir son activité péricliter.

Si comme nous, vous êtes attachés à la mémoire du pays et aux familles souvent sacrifiées par les années de conflit et gênées par la précarité actuelle, n’hésitez pas à franchir le pas d’une adhésion voire d’une participation active. Celle-ci signifie un élan de solidarité et de convivialité au titre d’un devoir de mémoire qui n’est pas usurpé.  

Association des Combattants Prisonniers de Guerre et Combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc, Théâtre d'Opérations Extèrieures de Chatou-Montesson : contacter Monsieur Jean-Claude Issenschmitt 68 boulevard Jean Jaurès 78400 Chatou  Tél : 01 39 52 96 69.

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A droite sur la photo, Jean-Claude Issenchmitt, président de l'association

  

 

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Alain Paillet conversant avec une collègue du conseil municipal

 

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Sur la photo, deuxièmes en partant de la gauche, Alain Hamet et son épouse, qui s'occupent entre autres depuis des décennies de l'Amicale des Résistants et 27 Fusillés de Chatou

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Un mot du sénateur Gournac en faveur de Jean-Claude Issenchmitt qui, avec son épouse, apporte de la convivialité et de la solidarité là où l'on n'en trouve plus

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Le "staff" national de l'association a honoré les membres de sa présence



 

14/02/2011

LE COMTE REAL : LE SOUFRE ET LE SOUFFLE D'UNE EPOQUE

Pierre François Real est un personnage singulier de notre ville,  plus digne d’intérêt que de sympathie. Né à Chatou le 28 mars 1757, fils de l’intendant du ministre Bertin, le dernier seigneur de Chatou (1762-1789), il reçut une solide instruction et fit des études de droit financées par le ministre avant la Révolution. Il devint ainsi commis au Bailliage de Chatou puis acheta en 1783 une charge de procureur au Châtelet. En 1789, il fut choisi comme électeur pour la désignation des députés aux Etats Généraux.

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La gloire de la politique française : dans la nuit du 4 au 5 août 1789, les trois classes réunies aux Etats Généraux noblesse, clergé, tiers état, votent à l'unanimité l'abolition des privilèges, renonçant pour deux d'entre elles à un avantage social et financier.

 

Si sa situation ne pouvait qu’être bouleversée par la Révolution, il ne fit pas partie des notables de la Constituante partisans d’un régime modéré. Orateur de la société des Amis de la Constitution, il suivit Desmoulins et Danton et entra dans l’hydre de la radicalisation, acceptant les fonctions d’accusateur public près le tribunal révolutionnaire en 1792, demandant notamment l'exécution de la princesse de Lamballe. En janvier 1793, Réal occupa les fonctions, avec Hébert,  substitut de Chaumette, de procureur de la commune de Paris. Il prit part à toutes les attaques qui menèrent à la proscription des Girondins le 31 mai 1793 mais s'opposa à ce qu'une pétition soit présentée contre le général de Beauharnais, défendit le maire de Paris Pache qui s’était opposé au pillage, les artistes de l’Opéra considérés comme suspects etc... Soutien de Danton, il fut emprisonné par Robespierre et n’échappa de peu à la guillotine qu’avec la mort de ce dernier, rendant service à d’autres condamnés.

 

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"L'appel des condamnés" - scène ordinaire du régime de la Terreur qui s'abattit sur la France entre le 5 septembre 1793 et le 28 juillet 1794, jour de la mort de Robespierre.



Sous le Directoire, il fut nommé historiographe de la République et épousa une fonction d’avocat devant les tribunaux criminels. Son opportunisme le guida vers Fouché avec qui il demanda à Bonaparte en 1799 de prendre les rênes du pouvoir. L’élite de la France avait été décimée et une vaste corruption avait depuis longtemps gangréné les tenants du régime républicain.

Mais avec l'instauration du Consulat, la France connut sa seconde révolution depuis la proclamation de la Déclaration des Droits de l’Homme et l'abolition des privilèges dix ans plus tôt. Bonaparte créa un Etat et avec lui, le Conseil d’Etat. Il nomma Réal, qu’il considérait comme un homme honnête et capable, conseiller d'Etat à la section législation. C’est à ce poste que celui-ci concourut à la préparation du Code Civil, œuvre dont il dirigea en partie les débats et rendit compte dans des discours concernant les réformes de la puissance paternelle, du dépôt et des séquestres, de l’instauration du divorce et de l’organisation du notariat, discours tous heureusement conservés.

 

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Installation du Conseil d'Etat au Palais du Luxembourg par Bonaparte Premier Consul le 22 décembre 1799.



La seconde carrière de Real au service de Napoléon prit naissance le 1er février 1804 lorsqu’il fut nommé au ministère du Grand Juge, alors chargé de la police générale, comme directeur de la Police de Sûreté Générale mais dans l’ombre du ministre Fouché, avec qui il avait participé au coup d’Etat du 18 Brumaire. Real y mena avec succès l'instruction du procès de Cadoudal, Moreau et Pichegru après l’attentat de la rue Sainte-Nicaise mais fut mis devant le fait accompli dans l'affaire de l'assassinat du Duc d'Enghien (21 mars 1804) qu'il découvrit une fois commis.

 

Après l'établissement de l'Empire le 18 mai 1804, Real, propriétaire du château d'Ennery depuis 1799, fit l'acquisition du château de Boulogne en 1807 qui devint par la suite propriété de la famille Rothschild. Dans ses "Souvenirs", Victorine de Chastenay évoqua une soirée à Boulogne en 1807 : "La soirée était magnifique. Dans le salon on faisait de la musique: Madame Lacuée (fille de Réal) chantait avec sa charmante voix: une de ses jeunes amies chantait quelquefois après elle, Plantade accompagnait. Les fenêtres étaient ouvertes, et dans le jardin, sur une terrasse, Monsieur Réal, braquant un télescope, me faisait voir les satellites de Jupiter, et parcourait le ciel agrandi."


Quelques années auparavant, il avait acheté le presbytère de Chatou et l'avait restauré pour ses parents. Par une délibération du conseil municipal du 21 Frimaire An 14 (1805), la commune avait accueilli "à l'unanimité" sa proposition de rente perpétuelle à Chatou de 500 francs contre l'abandon par la commune à François Réal d'une portion de terrain entre sa propriété et la Seine estimée à la vente à une valeur de 1200 francs. 

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Une image de Chatou dans les années cinquante : les anciens quartiers de l'église, de l'avenue Foch et plus haut de la mairie (rasés en 1966 aprés la construction du pont de Chatou). A l'extrême droite, le presbytère et son escalier à révolution dont Real fut un temps propriétaire.

 

 

Real reçut le 24 avril 1808 le titre de comte d'Empire.

Pendant les Cent Jours, Real fut nommé préfet de police et chargé de mettre en arrestation le duc Decazes, magistrat à la cour royale, qui avait refusé de prêter serment à l'empereur. Real mit dans ses procédés beaucoup de tact et de modération de sorte que lorsque la royauté fut rétablie en 1815, Decazes, à son tour nommé préfet de police et chargé de l'arrêter, eut les mêmes égards avec lui. Decazes ne put cependant éviter l'exil de Real qui partit à Bruxelles, Anvers puis New-York, où il établit une fabrique d'épuration des huiles de poisson. Le 28 mai 1819, Louis XVIII annonça dans le Moniteur que le comte Real pouvait rentrer en France. Napoléon inscrivit quant à lui un legs de 100.000 F sur son testament en faveur de Réal mais celui-ci ne put jamais le percevoir et ne rentra en France qu’en 1827.

En 1830, Real se mit au service du gouvernement provisoire et dissuada le nouveau préfet de police de Paris d’arrêter son prédécesseur pour lui délivrer un passeport sous un faux nom. Pendant le procès des ministres de Charles X à la Chambre des Pairs, Real intervint sur demande de Martignac, leur avocat, ancien président du conseil (1827-1829) de Charles X, pour préciser que le prince de Polignac, accusé d'avoir pris les fameuses Ordonnances, avait été étranger à l'attentat - qu'on lui reprochait aussi - de la rue Sainte-Nicaise contre Bonaparte Premier Consul.

 

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Le vicomte de Martignac, remplacé à la tête du gouvernement par le prince de Polignac en 1829, accepta néanmoins de prendre la défense de ce dernier dans le cadre du procès des ministres de Charles X et fit appel à Real.



Aucune des notices biographiques de Real ne s’achève sans mentionner ses mémoires parus sous le titre « Indiscrétions » dont ses contemporains affirment qu’ils furent épurés aprés négociation financière en raison de la production de documents accablants pour certains dignitaires de la Monarchie de Juillet. On y apprend d'après l'éditeur que Real était chimiste et mécanicien et qu'il laissa "inachevée une machine à vapeur, d'après un nouveau système, sur laquelle beaucoup de savants avaient déjà émis une opinion très favorable." Pierre François Real, né à Chatou sous Louis XV, mourut le 7 mai 1834 à Paris où il est enterré.

En 2003, dans son ouvrage « Mémoire en Images Chatou », l’auteur de ces lignes suggérait de raviver à Chatou la mémoire de Real en raison de son rôle dans l’élaboration du Code Civil, la restauration du presbytère de Chatou, son activité dans la police sous l’Empire et plus généralement du trait d’union qu’il symbolise entre plusieurs régimes dont on a peu gardé trace à Chatou. En janvier 2004, l’année du bicentenaire du Code Civil, Real se vit décerner une allée à Chatou au lieu-dit des Terres Blanches par la municipalité.

25/01/2011

CHATOU, UN PIED DANS LE CANAL DE SUEZ

L’aventure de Suez fut pendant quarante ans enfermée dans la boîte à aigreurs de l’anticolonialisme. Les rapprochements culturels liés à la longue histoire commune entre la France et l’Egypte au XIXème siècle ont cependant achevé de nos jours de faire sauter les verrous de l’ostracisme historique. On préfère étudier et contempler le résultat d’un aménagement jugé impossible en son temps, forgé sur un double défi à la nature et à la politique.

En particulier, une association, "L'Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez", entretient par des expositions et manifestations à travers le monde, le souvenir de celui qui finit par réunir deux mers au terme d’une obstination sans pareil.

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Ferdinand de Lesseps - tableau de Foureau - 1853

 

Outre le souvenir de l’homme et de son oeuvre, l’Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps compte depuis plusieurs années parmi ses administrateurs, l’un de nos adhérents de longue date (de la zone sud, pour épouser le jargon municipal !), Monsieur Jean-Philippe Bernard, grâce à qui quelques-uns d’entre nous ont pu visiter le Musée privé du Canal de Suez à Paris il y a quelques mois.

Nous en sommes d’autant plus fiers que nous avions pu  découvrir lors de nos recherches en 2002 l’existence à Chatou de Selim Bey Pauthonnier, né en 1805 ou 1808 à Saint-Etienne et résidant en 1872 dans notre ville. Celui-ci était aide de camp du vice-roi d’Egypte au grade de colonel, membre de la Société de Géographie depuis 1847, présenté comme directeur de la mission égyptienne en 1856 par cette même société. Son décès eut lieu le 26 janvier 1880 à son domicile parisien du 92 rue d'Amsterdam dans le 9ème arrondissement.Malgré nos recherches aux Archives de l’Armée et des Affaires Etrangères, nous n’avons à ce jour trouvé aucun autre renseignement le concernant.

Il y a cependant peu de doute sur le fait qu’il participa à l’aventure promue par Ferdinand de Lesseps aux côtés de Mohamed Saïd et de son successeur, Ismaïl Pacha, qui, en qualité de vice-roi d’Egypte,  maintînt son soutien au projet français face à l’Angleterre hostile.

Dans l’attente d’en savoir plus, réjouissons-nous que l’une des plus grandes réalisations au monde ait eu l'un de ses acteurs à Chatou, localisé dans sa section du Vésinet avant la création de la commune du même nom en 1875.

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Ouverture du canal de Suez le 17 novembre 1869, tableau d'Edouard Riou

 

L’aventure de Suez demeure, comme la Compagnie du même nom qui pendant quatre-vingts ans géra la navigation du canal, une entreprise universelle.

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Ferdinand de Lesseps en audience avec Napoléon III dans le film "Suez" (1939)

 

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Ferdinand de Lesseps et Annabella dans "Suez"...pardon Tyrone Power et Annabella qui l'épousa à la suite du film.

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 Tyrone Power et l'impératrice Eugénie...pardon, et Loretta Young !

 

Des images agréablement fausses de Ferdinand de Lesseps par Hollywood qui lui consacra un film diffusé en 1939 : « Suez » avec Tyrone Power, l’actrice française Annabella, et Loretta Young en impératrice Eugénie. Ferdinand de Lesseps entra en réalité dans l’histoire à l’âge de soixante-quatre ans en 1869 en inaugurant son œuvre avec sa cousine, Eugénie de Montijo, trente ans après l’avoir imaginée.

Le réalisateur et scénariste Darryl Zanuck en fit néanmoins une superproduction de jeunes premiers. Celle-ci, à défaut de creuser l’histoire du canal, creusa les canaux sentimentaux d’un public féminin tout à fait disposé à la conquête amoureuse même dans les tempêtes de sable…

 

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Une image du conseil d’administration de la Compagnie Universelle du Canal de Suez en 1939 à son siège à Paris : 19 français, 10 britanniques, 2 égyptiens et 1 hollandais. Le marquis de Vögue est le président du conseil d'administration et le comte Mathieu de Lesseps, l'un des administrateurs. L'Angleterre, qui était entrée en force dans la Compagnie en 1875 en achetant les actions du khédive ruiné, devint le premier actionnaire. Le règlement de la Compagnie lui interdisait cependant d'être majoritaire en voix. Les marins de la Compagnie étaient Français, les manoeuvres chargés de draguer le sable, Grecs. 

Le journal « Match » du 16 février 1939 pouvait encore écrire : « un pays, l’Egypte, est propriétaire du sol dans lequel fut creusé le canal. Ce sol, il le concéda à la compagnie pour 99 ans. Dans moins de 30 ans, le 17 novembre 1968 *, cette concession touchera à son terme, et le canal deviendra automatiquement la propriété unique de l’Etat Egyptien. Devant ce conflit, actuel ou prochain, un pays, la France, dont un homme conçut et réalisa le canal, dont l’épargne finança les travaux, dont le génie assure la conservation et l’amélioration, devra être amené à prendre une position sans équivoque. Puissance méditerranéenne, puissance impériale, toute atteinte portée au canal  de Suez l’atteint dans ses œuvres vives. »

 

* erreur du journal car la concession n'a pas été conclue en 1869 : la première le fut le 30 novembre 1854, la seconde le 5 janvier 1856

 

 

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Une image souriante: un garde-côte égyptien du canal en 1939

 

 

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La traversée du canal de Suez, en dépit des apparences, a toujours été moins dangereuse que celle de l'Atlantique...(photo de 1938)

 

 

 

Sources :

"Mémoire en Images - Chatou" par Pierre Arrivetz aux éditions Alan Sutton (2003)

"Match" - 8 décembre 1938

"Match" - 16 février 1939

"Annabella" - Documentaire télévisé écrit par José Sourillan et produit par Emmanuel Chouraqui

"Le canal de Suez" par S.C.Burchell et André Chassigneux aux éditions R.S.T. collection Caravelle (1967)

"ArchivesParis.fr" - archives numérisées de la Ville de Paris - cote V4E3584