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15/05/2010

CINEMA - LIVRES : NOS ADHERENTS VOUS PROPOSENT

 
 
Roman noir de Jean-Marie Drot, écrivain, poète, auteur de films documentaires renommés, ancien directeur de la Villa Médicis à Rome. A lire aux Editions de Paris.
 
 
 
AFFICHES DU CINEMA FRANCAIS ORIGINALES
- ANNEES 30-50 -
A VENDRE
 
 
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Les Enfants du Paradis (1945) de Marcel Carné - très bon état - 35 x 45 cm
 
 
 
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La citadelle du silence de Marcel Lherbier (1938) - bon état - 83 x 59 cm
 
 
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Un Caprice de Caroline Chérie de Jean Devaivre (1952) - bon état - manque morceau de 3cm en haut -76 x 58 cm
 
 
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La Pocharde de Jean Kem (1936) - bon état - 116 x 76 cm
 
 
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Le mystèrieux Monsieur Sylvain de Jean Stelli (1948) - bon état - 48 x 65 cm
 
 
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Les Affaires sont les Affaires (1942) - très bon état - 60 x 39 cm
 
 
 
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La Vengeance du Corsaire de Primo Zeglio (1951)- très bon état -
35 x 45 cm
 
 
 
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Vive la Nation de Maurice de Canonge (1939) - bon état - 120cm x 80 cm
 
 
 
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La Fille de La Madelon de Jean Mugeli (1937) - bon état - 120 X 80 cm
 
 
 
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L'Homme de la Jamaïque de Maurice de Canonge (1950) - très bon état -
30 x 40 cm
 
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Les Nuits Moscovites (1934)
 
 
 
AFFICHES DU CINEMA AMERICAIN ORIGINALES
- ANNEES 30-50 -
 A VENDRE
 
 
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Les Enchaînés d'Alfred Hitchcock (1946) - très bon état - 35 x 45 cm
 
 
 
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Rebecca d'Alfred Hitchcock (1942) - 63 x 140 cm
 
 
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Bagdad (1949) - bon état - 115 x 160 cm
 
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Les Tuniques Ecarlates de Cecil B. de Mille (1940) - très bon état -
47 x 34 cm
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Moulin Rouge de John Huston (1952) - très bon état - 80 x 120 cm
 
 
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L'Homme Tranquille de John Ford (1952) - très bon état -
60 x 80 cm
 
 
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Les Chevaliers de la Table Ronde de Richard Thorpe (1953) - bon état - 68 x 103 cm
 
 
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Le Jour le plus long de Darryl Zanuck (1962) - très bon état - 53 x 42 cm
(Darryl Zanuck créateur de la 20th Century Pictures en 1933 qui s'associa en 1934 avec la Fox pour fonder la 20th Century Fox)
 
 
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Duel au soleil de King Vidor (1948) - très bon état - 80 x 58 cm
 
 
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I take this woman de W.S.  Van Dyke (1940) - très bon état - 35 x 45 cm
 
 
 
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La Canonnière du Yang-Tsé de Sand Pebbles (1966) - très bon état -
50 x 44 cm

10/05/2010

CEREMONIE DU 8 MAI 2010

Le 8 mai est jour de fête pour la liberté de la France et du monde. Il commémore également le sacrifice de tant de soldats et de civils tués dans une guerre atroce.

La France a subi le martyre. Elle a été sous la coupe d’une défense nationale infantile promue pendant vingt ans par des militaires dépassés qui ont tenté d’en rejeter la faute aux ministères de la IIIème République. Son armée en 1940 a été prisonnière en trois semaines, ses troupes coloniales, une fois désarmées, ont été massacrées.

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Les civils, bombardés et terrorisés, pouvaient espérer l’Armistice. Ils connurent les affres du ravitaillement puis des bombardements aveugles des armées Alliées. Certains s’employèrent à remplir les armoires du régime de Vichy de délations. Les collaborateurs actionnèrent les services contre les résistants, les juifs, les opposants supposés ou non. La haine des deux France du Front Populaire et des ligues restait bien vivante. Des actions plus discrètes et plus courageuses de milliers d’anonymes permirent au contraire des sauvetages en nombre.

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En 1944, la France déchirée se hissait à son point culminant. Les règlements de compte se déchaînèrent. L'ancien ministre des PTT, des Colonies et de l'Intèrieur, ancien chef de cabinet de Clemenceau, Georges Mandel, né à Chatou en 1885, rare partisan de la poursuite des combats en Afrique du Nord en 1940 et contempteur à la Chambre des défaillances militaires du pays pendant quinze ans, fut assassiné par la Milice le 7 juillet en forêt de Fontainebleau de seize balles dans le dos après quatre ans d’emprisonnement. La Milice et les allemands étaient d’accord, Laval, ne s’y opposa pas.

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L'une des dernières photographies de Georges Mandel, prisonnier, et ci-dessous en 1935, lorsque ministre des PTT, il inaugurait la première ligne aérienne postale privée aux côtés du général Vuillemain.
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A Chatou, 27 résistants furent tués dans la barbarie au château de la Pièce d’Eau sur dénonciations civiles le 25 août 1944. Les SS, qui avaient évacué la ville, y revinrent pour assouvir la vengeance que les délateurs souhaitaient accomplir par procuration.

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L'enterrement des 27 Martyrs au cimetière des Landes devant l'usine Pathé-Marconi le 28 août 1944
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La commémoration du 8 mai 1945 est donc non seulement la joie de la liberté retrouvée mais aussi celle des sacrifices consentis par quelques-uns au profit du plus grand nombre. Les anciens combattants de 1940 ne sont plus très nombreux. Les générations de la guerre d’Algérie leur prêtent leur assistance morale.

La Capitulation, qu’elle soit allemande ou nazie, a rendu à une partie de l’Europe sa liberté et lui a permis d’envisager sa construction commune. Elle n’est donc pas un fait isolé et sans conséquence pour les générations actuelles et futures.

Soyons fiers à Chatou du combat des générations de la deuxième guerre. En 1940, comme en 1944, la volonté de conserver à la France ce qu’elle avait de plus cher, sa liberté et son indépendance, fut affirmée au péril de leur vie par nos aînés.

 

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Se rendant au cimetière des Landes, quelques élus et anciens combattants accompagnés par des enfants du Conseil municipal des jeunes emmenés par les associations. A droite, Alain Hamet, trésorier de la section locale du Souvenir Français et président de l'Association des 27 Fusillés de Chatou. Devant, le maire, Ghislain Fournier.

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Au cimetière des Landes, dépôt de gerbes sur les tombes des 27 Martyrs de Chatou.
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La fanfare de Chatou joua La Marseillaise
et Le Chant des Partisans

 

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Aîcha Boughali, conseillère municipale, et son père, ancien combattant
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La couverture émouvante d'un magazine de 1945, le bonheur retrouvé des millions de prisonniers
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A la Bastille, le 14 juillet 1945, le défilé des Armées Alliées devant le général de Gaulle et le bey de Tunis

24/04/2010

CAMILLE CHEVILLARD (1859-1923) ET CHARLES LAMOUREUX (1834-1899) : DES CHEFS D'ORCHESTRE CATOVIENS

La Belle Epoque de Chatou fut non seulement celle de la peinture mais aussi celle de la musique : en couverture de la revue mensuelle « Musica » de septembre 1903, un Catovien de renom : le chef d’orchestre Camille Chevillard (1859-1923), dans son jardin de Chatou (à droite en canotier). A la mort de son beau-père en 1899, le célèbre chef d’orchestre Charles Lamoureux, il avait hérité sa villa au 2 avenue du Parc où quelques semaines par an, il y perpétuait la tradition d’hospitalité des musiciens français.

 

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collection Pierre Arrivetz

 

 

Voici ce que notait dans la revue Musica le journaliste Wotan :

 

« Cette villa dénommée « Haëndel », fut achetée, voici prés de trente ans, à l’époque des Concerts de l’Harmonie Sacrée, par Charles Lamoureux.

Toute une génération de musiciens, autour de Lamoureux, Emmanuel Chabrier et Victor Wilder, les deux plus intimes amis du chef d’orchestre, y passa des journées joyeuses, où Chabrier improvisait son quadrille sur Tristan et Yseult, que les invités dansaient éperdument , et où l’on faisait toutes les folies.

 

Camille Chevillard y continue en faveur de la génération présente les traditions hospitalières d’autrefois. Le délicat compositeur Charles Levaldé (1869-1948, élève de Massenet, chef du chant à l’Opéra en 1905, auteur notamment de l’opéra « les Hérétiques » la même année et d’une centaine de chansons et mélodies), Duteil d’Ozanne, musicien de race et fondateur de l’Euterpe, le célèbre violoniste Geloso, le violoncelliste Salmon et bien d’autres que j’oublie viennent partager sa villégiature et je mentirais en disant que le trio et le quatuor perdent leurs droits pendant les jours d’été. La musique de chambre devient de la musique de véranda… ».

 

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La villa de Charles Lamoureux et son parc dont hérita son gendre Camille Chevillard (ci-dessous) alors située 2 avenue du Parc à Chatou. L'ensemble a été malheureusement détruit.

 

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Camille Chevillard, pianiste de formation, avait été engagé à plusieurs reprises par Charles Lamoureux pour le seconder, notamment comme chef de chant pour préparer l’héroïque représentation de “Lohengrin” qui avait eu lieu à l’Eden-Théâtre en 1887.

 

En 1890, il avait obtenu la place de second chef d’orchestre dans les concerts Lamoureux et épousé la fille de Charles Lamoureux.

 

En 1898, il avait inauguré une politique d’invitation de chefs d’orchestre étrangers en cédant sa place pour la direction de l’orchestre, rompant avec la tradition de permanence du chef d’orchestre face à ses musiciens. Parmi les invités, Richard Strauss était devenu un habitué.

 

Lorsque Charles Lamoureux mourut en 1899, Chevillard le remplaça à la tête de l’association des Concerts Lamoureux. Il avait donné en concert pour la première fois l’intégrale des symphonies de Beethoven et de Schuman, fait découvrir les oeuvres de Listz, de Brahms, d'Elgar (Enigma variations en 1905, Sérénade pour cordes en 1907), Mahler (Chants du compagnon errant en 1905), Dvoràk (Symphonie du Nouveau Monde en 1906, Ouverture Carnaval en 1907), Strauss (Mort et Transfiguration en 1904, Till Eulenspiegel en 1908). Il avait été également le premier à attirer l'attention des auditeurs français sur la musique russe. Il reprit « l'Apprenti sorcier » de Dukas qu'il dirigea 16 fois en 15 ans.

 

En 1907, il dirigea la classe d'ensemble au Conservatoire.  Lors de l'Exposition Universelle de 1900, Camille Chevillard avait appelé un chef russe, Winogradsky, à diriger l'orchestre.

 

Intéressé aux œuvres du répertoire contemporain, il avait créé des œuvres de Debussy (3 Nocturnes en 1901, La Mer en 1905, L'Enfant prodigue en 1908), Fauré (Pelléas et Mélisande en 1901, Dolly en 1907), Schmitt (Le Palais Hanté en 1905, Musique en plein air en 1906, Rhapsodie Viennoise en 1911), Albéric Magnard (Symphonie n°3 en 1904,  Hymne à vénus en 1906).

 

En 1912, il créa les "Valses nobles et sentimentales" de Ravel sous la baguette du compositeur. La même année, l'orchestre multiplia les tournées à l'étranger.

 

Puis en 1913 Camille Chevillard dirigea pour la première fois la version de concert de trois grands ballets récemment créés sur scène: “Daphnis et Chloé” de Ravel, “La Péri” de Dukas et “Le Festin de l'Arraignée” de Roussel.

 

En 1914, l'orchestre avait fusionné avec les Concerts Colonne en raison de la mobilisation des effectifs et ce, jusqu'en 1919.

 

La même année, il fut nommé directeur de la musique de l'Opéra mais continua d'exercer en tant que professeur au Conservatoire. Il créa “Rêves” de Schmitt en 1918, “La Valse” de Ravel en 1920, “Choral” de Koechlin en 1921, “Prières” de Caplet en 1922 et deux psaumes de Boulanger en 1923.On lui dut quelques compositions : « La ballade symphonique », « Le chêne et le roseau », « La fantaisie symphonique ».

 

Camille Chevillard mourut le 30 mai 1923 dans sa maison de Chatou, la villa Haëndel, dont l'immense terrain fut loti et morcelé entre deux voies nouvelles: les actuelles avenue du Parc et rue Camille Chevillard.

 

Paul Paray, qu'il désigna comme son successeur en 1920, fut élu président-chef d'orchestre des Concerts Lamoureux à sa mort. Plusieurs pétitions locales, de sa mort aux années quarante, vinrent à bout de la résistance des municipalités contre l'ouverture d'une voie à son nom. La rue Camille Chevillard existe mais connait-on suffisamment son histoire ?

 

 

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Une carte postale intéressante : celle que Camille Chevillard adressa à Rhené-Baton (1879-1940), chef de chant à l'Opéra-Comique puis futur directeur des concerts Durand et Pasdeloup (1910-1932), lui-même résident du 40 rue des Ecoles à Chatou. Au dos, la villa Haendel de Camille Chevillard.

 

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La villa "Haëndel" : Charles Lamoureux et sa fille Marguerite qui épousera plus tard Camille Chevillard y sont déjà recensés en 1876 avec 4 domestiques, un jardinier et sa famille. Collection Pierre Arrivetz.        
 
                                                    
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Charles Lamoureux (1834-1899), le chef d'orchestre qui popularisa la musique avec ses concerts, à l'époque où l'enregistrement sonore n'existait pas. Les Concerts Lamoureux font toujours partie des formations réputées internationalement. 

 

Chatou est peut être la ville de France la plus liée à l'essor, la création et la diffusion de la musique aux XIXème et XXème siècles. Parmi les talents qu'elle abritait, Charles Lamoureux fait figure de symbole.

Né en 1834 à Bordeaux, celui-ci était entré au Conservatoire de Paris en 1850 tout en gagnant sa vie comme violoniste dans un petit orchestre. Ayant obtenu un premier prix de violon en 1854, il avait été admis à l'orchestre de l'Opéra. Dix ans plus tard, il fondait avec le concours d'Edouard Colonne des séances de musique de chambre où il fit la preuve de son habileté instrumentale et de ses qualités de chef.

Mais c'est son mariage avec une riche héritière qui lui permit de réaliser ses projets. En 1873, à l'instar de la "Sacred Harmonic Society" de Londres, il créa la Société d'Harmonie Sacrée et fit entendre les oratorios de Bach, Haendel, Gounod et Massenet. Nommé en 1877, il ne se trouva pas entièrement à son aise comme chef d'orchestre à l'Opéra à cause de son caractère dominateur. C'est ainsi qu'il inaugura en 1881 la célèbre Société des Nouveaux Concerts.

Ses visites à Bayreuth ayant fait de lui un wagnérien acharné, il donna les premières grandes auditions intégrales de Wagner en France. Entre 1882 et 1887, ses représentations wagnériennes, le premier acte de Lohengrin et les deux premiers actes de Tristan réussirent à faire triompher les mérites du compositeur allemand.

En 1899, l'année de sa mort, ses 20 représentations intégrales furent, dit-on, d'une interprétation sans égale. Malgré un accueil hostile et parfois des émeutes, il persistait à rejouer ses oeuvres préférées jusqu'à ce qu'il eût convaincu ses auditeurs. Etant riche, il ne se souciait guère des recettes. C'est ainsi qu'il a noblement soutenu les jeunes compositeurs, tels d'Indy, Lalo, Chabrier, Dukas, Chausson.

En 1897, lorsqu’il se retira, son gendre et successeur Camille Chevillard débaptisa la Société en son honneur pour lui donner le nom qui devait lui assurer la postérité, la Société des Concerts Lamoureux.

 

 

 

15/04/2010

MAURICE BERTEAUX : une place, un marché, un square, un avenir ?

 

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Arrivée de Napoléon III à Chatou
 Toile de Pharamond Blanchard de 1858
restituant la visite du prince-président du 5 octobre 1850
 
 
 
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La place Maurice Berteaux est un acquis de l’histoire : la municipalité de Tony de Brimont  informa le prince Louis-Napoléon président de la République en visite à Chatou le 5 octobre 1850 de son intention d’acquérir par emprunt les terrains formant la place. Peu de temps après, le préfet autorisa la mise à l’ordre du jour de la question en réunion du conseil municipal.  Le 29 mars 1851, celui-ci se prononça en faveur de l’opération par vote à l’unanimité moins une voix. Ce furent 5634 m² de terrains issus de la succession du marquis d’Aligre qui furent acquis par la commune. L’objectif proclamé de cette acquisition :

-         la réunion et les exercices de la Garde Nationale

-         la manœuvre de la pompe à incendie et de la subdivision des sapeurs-pompiers

-         la fête du village du 15 au 17 août

 

Le 23 juillet 1861, le conseil municipal approuva le déplacement sur la place du marché créé un an plus tôt. Le 20 avril 1873, il autorisa la création d’une borne-fontaine pour les forains. Un réseau de canalisations sous la place fut réalisé par la compagnie Pallu en 1874. Des cabinets d’aisance furent votés le 12 octobre 1877. Enfin,  un second jour de marché fut établi en 1881 sous la municipalité d’Ernest Bousson.

 

Cette installation d'un marché sur la place créée sous le Second Empire était une révolution car elle avait été envisagée dans les temps anciens sans trouver d'aboutissement, du fait probablement d'absence de place publique. L'historien Albert Curmer mentionne ainsi un arrêt du Parlement de Paris du 10 janvier 1619 du premier président Nicolas de Verdun faisant état de lettres d'Henri III d'avril 1580 "portant établissement de foire et marché à Chatou, lettres entérinées par le prévôt de Paris le 14 août 1581".

 

 

 

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Le marché en 1900
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En 1900, le marché, moins dense qu'aujourd'hui,
 est traversé par une large allée ornée d'arbres
dans le prolongement de l'avenue d'Aligre

 

Le 9 mai 1880 fut votée la création d’un square et d’un kiosque place de la gare dont les devis furent dressés par l’architecte Eugène Bardon. On y trouva une grotte et un kiosque jusqu’en 1929, date de réaménagement du square.

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En 1922, fut inaugurée la statue de Maurice Berteaux, maire de Chatou de 1891 à 1911, député de 1893 à 1911 et ministre de la Guerre en 1904, 1905 et 1911, initiateur de la défense aérienne (avions et dirigeables). Ce maire exceptionnel qui avait fait construire une salle des fêtes sur ses deniers en bordure de la place compte aujourd’hui son nom dans plus de 40 communes de l’ancien département de Seine-et-Oise dont il fut un parlementaire emblématique.

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Salle des fêtes construite en 1893 sur les deniers de Maurice Berteaux
 et détruite en 1973
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Maurice Berteaux (1852-1911), ministre de la Guerre,
aux grandes manoeuvres

 

 

 

 

Sa mort tragique le 21 mai 1911 lors du meeting aérien Paris-Madrid à Issy-les-Moulineaux lui valut des obsèques nationales et l’hommage des ambassadeurs du monde entier. Sa statue fut emportée par les allemands en 1943. Depuis 1948, un buste ridicule la remplace.

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Statue en bronze de Maurice Berteaux dans le square qui porte son nom.
Erigée par souscription nationale sur les plans du sculpteur Auguste Maillard en 1922, elle fut emportée par les allemands en 1943

 

 

Ce furent finalement les municipalités du XXème siècle qui menacèrent le plus l’existence de la place. Le 25 octobre 1989 fut prescrite la révision du plan d’occupation des sols (P.O.S) au profit d'un POS  prévoyant la création d’une zone d’aménagement concertée signifiant l’expropriation et la destruction d’une grande partie des immeubles riverains et alentours. Les associations de Défense du Quartier de la Gare et de Sauvegarde de Chatou s’y opposèrent, obtenant avant la fin de l’enquête publique en 1991 le retrait même du projet à la suite de 2600 signatures de pétition et d’une manifestation de 200 personnes.

 

 

En 2003, un premier projet de plan local d’urbanisme (PLU) incluait la constructibilité de la place et la création de hauteurs de 18 mètres pour la construction d’immeubles riverains. Ce projet fut abandonné sous le poids de l’action conjuguée des associations Chatou Notre Ville, Sauvegarde de Chatou et Défense du Quartier de la Gare. 2000 signatures de pétitions furent en effet réunies et un avis négatif du commissaire-enquêteur au projet présenté s’ensuivit, contraignant la municipalité à abandonner le projet.

 

 

Lors du second projet de PLU soumis à enquête publique en 2006, les mêmes associations alliées stigmatisèrent la constructibilité renouvelée de la place située en zone UC avec une hauteur autorisée de 16 mètres et dénoncèrent la possibilité de construire autour des immeubles de 16 mètres. Les associations demandèrent en vain d’inscrire dans le PLU  l’inconstructibilité de la place du marché et l’abaissement des hauteurs à 14 mètres. A l'initiative des associations qui avaient lu le projet règlementaire avant de se prononcer, une manifestation de 250 personnes eut lieu le 29 mars 2006 contre l'ensemble du projet de PLU qui portait selon celles-ci atteinte à l'identité de Chatou.

 

PLU - MANIFESTATION DU 29 MARS 2006

 

En outre, une volonté de détruire les petits immeubles commerçants qui  entourent le square Maurice Berteaux est apparue : selon les orientations d'aménagement par secteur inscrites dans le PLU (page 11) - directement applicables au permis de construire selon la loi SRU - , "la restructuration" de la place Maurice Berteaux "doit prioritairement concerner les espaces compris entre la rue de l'abbé Borreau et le passage Clérault et ensuite s'étendre à l'ensemble du front ouest, des voies ferrées jusqu'au nord de la rue de l'abbé Borreau."

La municipalité élue en 2008 a entrepris de proposer à la concertation des projets de réaménagement de la place incluant des bandes engazonnées et des arbres et entamant l'existence du square. Les différents scenari présentés doivent maintenant être examinés par les associations. La première réunion de concertation avec les Catoviens le 17 février 2010 a fait ressortir une appréhension généralisée contre toute compression du marché et du stationnement autorisé en surface, aucun parking souterrain ne pouvant par ailleurs être financé par la ville sous la place. 

En effet, à la suite des défigurations opérées dans les années 70-80, l'âme de la place tient moins à son caractère qu'au commerce sédentaire et forain, lequel repose sur une possibilité de stationnement incontournable.  Le directeur du magasin SUPER U et le président de l'association des commerçants du marché ont exprimé dans Le Parisien du 20 février 2010 leur crainte de voir leur activité ralentir puis s'effondrer (on peut imaginer que ce soit au bénéfice des centres commerciaux de Croissy et Montesson).

S'agissant de l'association Chatou Notre Ville qui se bat pour garder et mettre en valeur l'identité de Chatou, celle-ci proposera au vote de son assemblée générale du 12 mars prochain une fusion absorption avec l'association de Défense du Quartier de la Gare. Cette opération symbolique devra permettre de renforcer dans l'opinion publique et auprès de l'équipe municipale les exigences d'un urbanisme de qualité et de conserver l'âme de la place Maurice Berteaux, celle-ci demeurant un centre urbain irremplaçable pour les habitants.  

 

 

Sources bibliographiques :

"Mémoire en Images - Chatou" Alan Sutton 2003

"Chatou, de Louis Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878" Alan Sutton 2005

 

 

 

 

04/04/2010

L'ARCHITECTE CELESTIN AUGUSTE LONGEREY (1860 - ?)

Célestin Auguste Longerey :  cet architecte connu du Ministère de la Culture de longue date reste encore largement ignoré dans notre commune. Mais son recensement dans notre ville en 1891 au 11 Villa Lambert par l’association Chatou Notre Ville, et de là dans l’ouvrage « Mémoire en Images – Chatou » (2003) et le CRDOM de l’association « Promenades dans Chatou » (2001), ajouté à une intervention lors du débat récent au conseil municipal sur le programme local de l'habitat, lui ont donné une nouvelle aura.

 

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L'entrée du Parc des Villas Lambert où résida Célestin-Auguste Longerey dans les années 1890

 

Son nom s’apparente en effet aux premières expériences d’immeubles de logements sociaux en France. Alors que depuis des décennies, Londres, berceau du concept puis plus tardivement, New-York, Milan, Vienne et Berlin avaient été le terrain de ce nouvel urbanisme, il fallut attendre 1910 pour que dans une IIIème République rayonnante de sa Belle Epoque mais avare en soutien à la classe laborieuse, des bienfaiteurs privés s’attachent à promouvoir ce mécénat peu ordinaire.

 

C’est alors que Célestin Auguste Longerey signa avec son collègue Labussière les plans du projet monumental de la Fondation du Groupe des Habitations Ouvrières promu par Madame Jules Lebaudy, épouse d’un industriel sucrier déchu qui fréquentait la maison Fournaise. Ce très bel ensemble de 1910 habillé de briques claires fut à l’origine un hôtel populaire pour hommes célibataires abritant 743 chambres. Cet hôtel est devenu en 1926 et demeure encore aujourd’hui la propriété de l’Armée du Salut. Il demeure une œuvre à part au cœur du onzième arrondissement de Paris.

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Situé à l’angle de la rue de Charonne et de la rue Faidherbe, il prenait place au centre du  quartier industriel du Faubourg Saint-Antoine. Devant l'allure massive et colorée de l'immense édifice, quel sentiment pouvait envahir l’ouvrier célibataire qui convoitait d’y loger sinon celui d’y mirer un accueil sûr, sain et protecteur dans une époque où les taudis lui étaient encore réservés ?

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Seul le porche de l'entrée est en pierre de taille
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Une forteresse des mal logés

 

 

L’énumération des équipements collectifs instaurés dans cet hôtel laisse penser aux services d’un grand navire de l’époque : outre la grande salle à manger de 400 places, un fumoir, une salle de lecture, des salles de lavabos, bains et douches, une salle pour bains de pieds, une salle de « laverie du linge pour locataires avec séchage rapide », des boutiques de tailleur, cordonnier, coiffeur, cabinets d’aisances etc…

 

Les 743 chambres étaient réparties en cinq étages desservis par des corridors donnant sur de larges escaliers de secours. Elles étaient pourvues en ventilations de 80 cm de hauteur, les gaines de ventilation des corridors débouchant sur les toits.

 

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Au sous-sol se terraient les mécanismes des ascenseurs et monte-charges, une chaufferie à vapeur à basse pression, la production de l’eau chaude, les soutes à charbon, le service de désinfection des couchages, les caves à vin, un dépôt pour les bagages et bicyclettes, et même un local pour le nettoyage de ces dernières. La lumière électrique était doublée d’un éclairage de secours au gaz.

 

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Les parois intérieures des services généraux du rez-de-chaussée, eux-mêmes éclairés de larges baies dans un soubassement en meulière, étaient revêtues de carreaux en faïence et peintures vernissées dominées par des tons blanc et vert.

 

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La façade est constituée de briques jaunes de Bourgogne
avec quelques dessins en briques rouges ou émaillées et de cabochons en grés flammés
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La signature de Longerey en haut à droite du porche d'entrée
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Quelques vingt années auparavant, Célestin-Auguste Longerey avait signé une villa à Chatou 1 boulevard de la République. Celle-ci existe toujours.
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28/03/2010

CROISSY - L'HOMME DE L'HISTOIRE

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Nouveau conseil d'administration de La Mémoire de Croissy élu le 6 octobre 2009. A gauche, Norbert Fratacci, président sortant qui a remis son mandat et au centre, Alain Candelier, nouveau président. Photo Pierrick Roynard

 

Le président de la Mémoire de Croissy, Norbert Fratacci, a remis son mandat le 6 octobre 2009, laissant à son successeur, Alain Candelier, un héritage exceptionnel dans l'histoire d'une association : la création d'un Pavillon de l'Histoire Locale dans les communs du château Chanorier, pavillon exposant l'histoire de la ville et mettant à l'honneur à travers une présentation digne du Musée des Arts et Métiers, l'histoire du maraîchage qui fut si déterminante pour la commune et celles qui l'entourent.

Cette réalisation n'a pu aboutir que grâce à la personnalité exceptionnelle de Monsieur Fratacci, qui a su rallier tous les concours publics et privés, et s'est entouré de Croissillons de grande valeur, d'un dévouement sans borne, qui ont piloté la restauration et la réalisation des pièces du musée. Les Amis de la Place d'Aligre ont également apporté une contribution essentielle à cette oeuvre en fusionnant opportunément avec la Mémoire de Croissy et en engageant des fonds qui ont permis d'ajouter à la bonne marche du projet pour les habitants. Ce Pavillon a accueilli, en deux ans, plus de 6000 visiteurs et vient s'ajouter aux diverses activités bénévoles de l'association : annuaire des rues, publications deux fois par an, organisation de visites régulières de la ville, expositions d'archives annuelles à l'Eglise Saint-Léonard, lancement d'une souscription en vue du restauration du lutrin d'Anne d'Autriche...

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Anne d'Autriche (1601-1666)
Epouse de Louis XIII en 1615, elle devint l'ennemi de Richelieu qui visait l'abaissement de la dynastie des Habsbourg en Europe. A la mort du cardinal en 1642 et à celle du roi en 1643, elle devint régente du royaume et soutint le successeur du cardinal, Mazarin, jusqu'à sa mort en 1661. Avec Mazarin, elle résista à la Fronde des Princes et permit le renforcement de l'autorité du pouvoir royal. Son don du lutrin à Croissy daterait des années 1650.
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Lutrin offert à l'église Saint-Léonard de Croissy par Anne d'Autriche
cliché "La Mémoire de Croissy"

 

 

Représentée depuis 10 ans au conseil d'administration de la Mémoire de Croissy, l'association s'est efforcée d'apporter une contribution aux actions de l'association en proportion de ses possibilités : don financier pour l'exposition sur l'histoire des écoles (2003), exposition d'un moteur Georges Irat lors de l'exposition sur les transports (2005), recherches et rédaction d'articles sur les seigneurs Bertin et Chanorier d'une part (bulletin de Croissy de 2006), sur le panoramiste Poilpot d'autre part (2007), don de différents documents d'archives concernant Poilpot (dont une lettre de Galliéni à Poilpot) et  Amélie Diéterlé, don financier à la restauration du lutrin d'Anne d'Autriche (2009), don plus symbolique qu'important qui doit être suivi prochainement par un don à la restauration de l'Eglise Notre-Dame de Chatou laquelle fait l'objet d'une souscription en raison de la défaillance de l'Etat et de la Région.   

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Aujourd'hui, les membres du conseil d'administration de Chatou Notre Ville sont fiers d'adresser leurs plus vives félicitations à leur collègue Norbert Fratacci, qui a, au terme d'un investissement sans précédent pour l'histoire de Croissy, été décoré de la Médaille de la Ville et été reçu dans l'ordre des Arts et des Lettres au grade de Chevalier lors de l'assemblée générale de l'association le 27 mars 2010. Cette haute distinction lui a été remise par monsieur Pierre Lequiller, député de la circonscription, en présence de Monsieur Jean-Roger Davin, maire de Croissy, et de Monsieur Ghislain Fournier, conseiller général du canton de Chatou-Croissy. Elle couronne une carrière brillante de quarante ans dans l'industrie, un engagement bénévole au service des autres dans le domaine de l'emploi ainsi qu'une action associative sans laquelle rien n'aurait été possible pour Croissy.

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Si la France compte dans son patrimoine national corse Napoléon et Tino Rossi, Croissy peut s'honorer de compter Norbert Fratacci, rassembleur, grand réalisateur et orateur hors pair, dans son patrimoine local.

 

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15/03/2010

CHATOU, TERRE D'HORTICULTURE

Chatou, cité de villégiature et de cultures : le titre méritait d’être énoncé. L’on sait que sous la Restauration, Chatou était un village de petite culture qui suffisait à peine à nourrir ses habitants (voir notre revue « Chatou 1814-1830"). Sous le Second Empire, le village devint une petite ville, vouée aux charmes des constructions de la villégiature qui se développèrent alors sous l’influence du train et de la bourgeoisie d’affaires désireuse de prendre « le bon air » loin du chantier haussmannien de la capitale. Dés lors, on assista à l’éclosion de l’horticulture dans les jardins.

A Saint-Germain, qui dominait alors la région de la Boucle, se concentrait l’activité de la Société Nationale d’Horticulture. Le parrain de la section de Saint-Germain  n’était autre que Napoléon-Jérôme, dit Plon-Plon, cousin de Napoléon III, « dont le haut patronage est acquis à  toutes les institutions utiles et libérales », et qui, chaque année, offrait une médaille d’or. Les récompenses émanaient également de l’empereur, de la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, du ministre de l’Agriculture, des Dames Patronesses etc…

 

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Le cousin de Napoléon III, fils du roi Jérôme de Westphalie, dit "Plon-Plon"  (1822-1891),  ci-dessus en 1859, était le parrain de la section d'horticulture de Saint-Germain sous le Second Empire laquelle récompensa à plusieurs reprises des Catoviens.

 

 

 

Le 21 septembre 1859, une exposition d’horticulture de trois jours se clôt par la remise des récompenses au Pavillon Henri IV. Parmi les exposants, Monsieur Foucard aîné, de Chatou, reçut le deuxième prix des plantes de semis pour ses géraniums ainsi qu’une médaille de bronze pour ses pelargoniums.

Le 3 juin 1860, Monsieur Foucard, présenté comme « dessinateur de jardins » remporta le deuxième prix dans le concours des plantes fleuries, un autre membre de sa famille, Théophile Foucard, jardinier chez Monsieur Labélonye avenue des Tilleuls à Chatou, le troisième prix pour ses pelargoniums, enfin Monsieur Achille Jaudon, jardinier chez Madame Huzard, à Chatou, le deuxième prix pour ses petunias de semis.

En 1863, le même Monsieur Jaudon reçut le premier prix pour ses fuchsias, Monsieur Victor Gelineau, jardinier chez Monsieur Carlhian à Chatou le deuxième prix pour ses fruits de saison, Monsieur Dehaussy, jardinier chez Monsieur Dubrugeant à Chatou, le deuxième prix pour ses arbres fruitiers.

Le 24 mai 1864, Monsieur Théophile Foucard, jardinier de Monsieur Labélonye, obtint le deuxième prix au concours de « belle culture ».

Le 9 septembre 1865, Monsieur Charles Foucard, horticulteur à Chatou, reçut le premier prix pour ses pelargoniums zonales et le second prix pour ses plantes d’ornement des jardins. Le jury précisa qu’il avait créé au Vésinet, à Chatou et à Croissy  un grand nombre de jardins et, considérant qu’il réussissait à les arracher à une culture ingrate, vint attribuer le premier prix. Monsieur Billard, dessinateur paysagiste, créateur de quelques jardins à Chatou dont celui de Monsieur Delaporte, « remarquablement bien disposé », reçut les félicitations du jury.

Le 21 septembre 1867, Monsieur Ozanne, jardinier chez Monsieur Dubrugeaud à Chatou, reçut le troisième prix pour sa collection en pot d’achiménées et Monsieur Rebstock, jardinier du maire de Chatou, Monsieur Dumas, avenue du chemin de fer (aujourd’hui général Sarrail), le troisième prix pour ses plantes à feuillage ornemental, enfin de nouveau Monsieur Foucard aîné, premier prix pour ses pelargonium zonale inquinam, et Monsieur Ozanne, pour ses caladium sculentum, un troisième prix.

Le 30 août de la même année, les jardiniers de Chatou avaient fait dire une messe en l’honneur de Saint-Fiacre, leur patron. Ils se rendirent à l’église avec une châsse ornée des fleurs les plus rares en provenance du jardin de Monsieur Dumas. La soirée fut conclue par un bal sous la tente de Monsieur Choteau en présence des jardiniers et des notables de la ville.

Les archives de la Société Nationale d’Horticulture donnent un dernier écho à cette activité que la deuxième moitié du vingtième siècle a fait pratiquement disparaître avec l’urbanisation.

Le 21 juin 1913, le Syndicat d’initiative de Chatou, dirigé par son fondateur depuis sa création en 1911, Monsieur Bousson, fils de l’ancien maire Ernest Bousson, avait organisé une exposition d’horticulture dans la salle des fêtes de Chatou, construite place du marché en 1893 sur les deniers de Maurice Berteaux. Le jury émanait de la Société Nationale d’Horticulture et était composé d’Emile Thiébaut, président de cette société, Messieurs Thérouin, de Maisons-Laffitte, secrétaire, Duval, de Versailles, Bouland, du Vésinet, Hartmann, de Saint-Germain-en-Laye, Delavaud, de Poissy, Delaroche, de Bougival. Le premier prix d’honneur consistant en un objet d’art fut décerné à Monsieur Foucard fils pour « un massif de géraniums composé des meilleures et plus intéressantes variétés, un beau lot de coleus à grand feuillage de semis, un autre de calcéolaires, de beaux anthemis doubles Madame Sander, des pétunias, des hortensias à grandes fleurs, très variés, et enfin un important lot de plantes vertes, cocos, kentia, phoenix, de bonne culture. »

 

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Charles Foucart, issu d'une vieille famille installée à Chatou depuis la Monarchie de Juillet, déjà honorée pour l'horticulture sous le Second Empire, édita une carte publicitaire rappelant sa médaille d'or à la grande exposition de 1913 du Syndicat d'initiatives et de la Société Nationale d'Horticulture à la salle des fêtes de Chatou - collection Pierre Arrivetz

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Deux prix d’honneur récompensés par des grandes médailles d’or échurent à Monsieur Budan, de Chatou, pour « une excellente présentation d’hortensias de culture irréprochable, de pelargoniums, geraniums, heliotropes et œillets », et à Monsieur Couturier, de Chatou, « pour l’ensemble de son exposition, très variée, dans laquelle on remarquait  des begonias bulbeux, begonias gracilis, begonia  ricinifolia, begonia rex, primula obconica, pois de senteur, plantes vertes très variées, araucarias et houx. »

 

Monsieur Prudhomme, de Chatou, fut aussi récompensé d’une médaille d’or pour son apport de plantes vertes, et pour des geraniums lierre.

 

Des grandes médailles de vermeil furent également accordées à Messieurs Thuilleaux pour un apport de rosiers, Angel et fils, Fortin et Laumonnier, de Paris, pour de très beaux iris d’Angleterre et pois de senteur à grande fleur, en fleurs coupées.

 

Messieurs Mazeau, Lamurand et Simonneau exposaient, le premier des œillets à grande fleur, les deux autres des bouquets et gerbes.

 

Deux présentations hors concours recueillirent les félicitations du jury, celles de Messieurs Vilmorin-Andrieux et Compagnie, dont la corbeille de plantes annuelles attira tous les regards à l’entrée de l’exposition et celles de Messieurs Moser fils, de Versailles, représentée par une corbeille d’hortensias et de delphiniums égayée de touffes du phlox panaché comtesse de jarnac.

 

L’association nationale des jardiniers de France section de Chatou apporta également ses produits et reçut le diplôme de la Société Nationale d’Horticulture de France.

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Ci-dessus, les jardiniers et vétérans salués par le député-maire de Chatou, Maurice Berteaux, et le ministre de la Guerre, Monsieur Etienne, le 17 juin 1906 à l'entrée de l'hôtel de ville de Chatou.

 

 

 

 

L’industrie horticole fut très brillamment représentée par Messieurs Courandière, Cochu fils, Plançon, Binois et fils, Schiltz, Levanneur, Février, Loriot, Delarue et Schambert.

 

Monsieur Chevalier, de Chatou, avait apporté douze vitrines d’insectes, infime partie d’une exceptionnelle collection.

 

Monsieur Bousson, président du syndicat d’initiatives, avait eu l’heureuse idée de compléter l’exposition d’un concours de photographie.        

 

Un parfum de Belle Epoque ne flottait-il pas sur cette manifestation ? toujours est-il que Chatou n'abandonna pas ses prétentions en la matière : du 14 au 16 juin 1929 se tint une nouvelle exposition à la salle des fêtes organisée par le Syndicat des Horticulteurs de Chatou, Croissy, Le Vésinet en collaboration avec l’Union du Commerce et de l’Industrie et la Société d’Horticulture du Vésinet. Le président du Syndicat des Horticulteurs était Monsieur Budan, de Chatou. Le jury était composé de Messieurs Doïdy, délégué de la Société Nationale d’Horticulture de France, président, Royer, horticulteur de Versailles, secrétaire, Bénouville, Vallerand, Talmet, membres. Les récompenses furent accordées par la Ville de Chatou, l’Union du Commerce de Chatou, la Société d’Horticulture du Vésinet, Monsieur Ramas, conseiller municipal de Chatou, et de nombreux donateurs.

 

 

Furent notamment distingués au titre des horticulteurs et professionnels :

 

-  Monsieur Billard, horticulteur au Vésinet, grand prix d’honneur, objet d’art

-  Monsieur Budan, horticulteur à Chatou, premier prix d’honneur, diplômé de la médaille d’or, grande médaille de vermeil et diplôme de la Société Nationale d’Horticulture de France

-  Monsieur Boileau, horticulteur paysagiste au Vésinet, deuxième prix d’honneur, diplôme de la médaille d’or, grande médaille de vermeil

- Monsieur Prudhomme, fleuriste à Chatou, premier prix, grande médaille de vermeil

-  Monsieur Aumont, horticulteur à Chatou, premier prix, médaille de vermeil

-  Monsieur Eyvrard, jardinier-chef à Chatou, premier prix, médaille de vermeil

 

Le 2 août 1929, une commission de la Société Nationale d'Horticulture se rendit chez Monsieur Aumont, 87 rue des Landes, dans une propriété qui fut morcelée et construite dans les années 50. Sur un terrain de 6000 mètres carrés, Monsieur Aumont avait réparti des plants de choux, d'une part, des plants de fraisiers d'autre part.

C'est à ce dernier titre que la commission se déplaçait.

 

Quatre variétés de fraisiers étaient présentées par Monsieur Aumont:

- "Madame Henri Simmen" et "Madame Henri Routier", à leur première fructification, abondantes

- "Docteur Rochefort" (maire de Chatou de 1911 à 1919), dont seul un petit nombre d'exemplaires commençait à fructifier

- un fraisier dit "des 4 saisons", "très vigoureux, à fruits allongés"

- une collection de variétés anciennes et récentes servant d'étude à Monsieur Aumont.

 

La commission adressa à Monsieur Aumont ses félicitations et ses encouragements à poursuivre ses études.

 

La dernière exposition à la salle des fêtes de Chatou eut lieu du 19 au 21 juin 1948 et fut une exposition "internationale d'aviculture et de matèriel horticole." La société d'horticulture du Vésinet lui apporta son concours avec le patronage du ministre de l'Agriculture et des municipalités de Chatou et du Vésinet. Messieurs Ragot père et fils de Chatou obtinrent le prix d'honneur pour leurs hortensias. Etaient exposées les plantes de serre de l'Ecole Nationale d'Horticulture de Versailles, les oeillets à très grosse fleur de Messieurs Hubert, Durieux, Idoc et Parisot, les cactées de l'établissement Pierre Thiébaut, les bégonias de Billard, les plantes fleuries de Touquet, Perrot et Couty, les lots des pépiniéristes Thuilleaux et Lécolier. En 1973, la salle des fêtes fut détruite. Depuis 1948, les expositions d'horticulture ont disparu à Chatou.

 

 

 

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Salle des fêtes de Chatou (1893-1973) place du marché où étaient notamment organisées les expositions d'horticulture. La salle, qui pouvait contenir 1000 personnes, avait été financée sur les deniers du député-maire et futur ministre de la Guerre, Maurice Berteaux. L'architecte Alfred Gaultier, architecte du château de la Pièce d'Eau (1882), en avait dressé les plans.

 

Recherches : Pierre Arrivetz - Eric Dubart

 

 

 

 

 

 

 

 

13/01/2010

LE CERCLE NAUTIQUE DE CHATOU

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En couverture du "Miroir des Sports" le 20 juin 1933:
 
"Dimanche en Seine à Meulan...le mauvais temps, les grains, les rafales de vent et la houle sur le fleuve n'ont pas empêché les régates à la voile de se dérouler, ni cette jeune sportive du Cercle Nautique de Chatou de s'adonner à son sport favori."
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Le club-house du Cercle Nautique de Chatou aux Mureaux en 1933, le Cercle ayant acquis une véritable célébrité dans la pèriode d'entre-deux-guerres. Le journaliste commente : "les voiliers de 6 mètres filent par vent arrière gonflant la voile appelée spinnacker. Ne croirait-on pas voir des jonques chinoises dans la houle d'un port d'Extrême-Orient ?"
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La salle à manger d'une péniche aménagée en maison flottante par un sociétaire du Cercle Nautique de Chatou à Meulan.
 

 

François Coppée (1842-1908) fut le premier à évoquer l’existence d’un club de voile à Chatou : dans son recueil de poésies « Promenades et intérieurs » de 1872, il dédia un poème  « À mes jeunes camarades, aux équipiers du Club nautique de Chatou » :

Jadis, la Seine était verte et pure à Saint-Ouen,
Et, dans cette banlieue aujourd’hui sale et rêche,
J’ai canoté, j’ai même essayé de la pêche.
Le lieu semblait alors champêtre. Que c’est loin !

On dînait là. Le beurre, au cabaret du coin,
Était rance, et le vin fait de bois de campêche.
Mais les charmants retours, sur l’eau, dans la nuit fraîche,
Quand, sur les prés fauchés, flottait l’odeur du foin !

Oh ! quels vieux souvenirs et comme le temps marche !
Pourtant je vois encor le couchant, sous une arche,
Refléter ses rubis dans les flots miroitants.

Amis, embarquez-moi sur vos bateaux à voiles,
Par un beau soir, à l’heure où naissent les étoiles,
Afin que je revive un peu de mes vingt ans.

 

Quelle fut son évolution en cette fin du XIXème siècle ? nous n’en savons rien. En revanche, nous savons que le Cercle Nautique de Chatou fut créé en 1902 et que l'un de ses adhérents, Paul Poiret, lui créa son pavillon. Les fondateurs, les frères Monnot, qui vécurent 15 rue Camille Périer puis 7 avenue d’Eprémesnil, le marquèrent de leur empreinte en créant « les monotypes » de Chatou.

 

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La flottille de Chatou vers 1905 aux abords des garages à bateaux d'Alphonse Fournaise
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Paul Poiret (1879-1944) en 1931 - Le dessinateur du drapeau du Cercle Nautique de Chatou en 1902 fut non seulement le couturier qui libéra la femme, mais aussi un illustrateur, décorateur, peintre, parfumeur.  Il écrivit ses Mémoires "En habillant l'Epoque" en 1930.

 

Dans l’entre-deux-guerres, les démonstrations du Cercle Nautique de Chatou alimentèrent les actualités du cinéma muet : c’est ainsi que Gaumont filma les régates du club à deux reprises en 1923, l’une à Herblay, l’autre à Chatou et une troisième fois à Rueil en 1925 (Gaumont-Pathé Archives : réf. 2321GJ 00005, 2315GJ 00004, 2519GJ 00005).

En 1929, le C.N.C. émigra à Meulan.

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Cercle Nautique de Chatou à Meulan
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Inauguration du Cercle Nautique de Chatou à Meulan le 16 juin 1929
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 La flotte du Cercle Nautique de Chatou au mouillage à Meulan

 

Le Cercle y conserva et élargit son audience, comme en attesta l’édition du 6 octobre 1934 de l’Illustration dans laquelle le journaliste Gabriel Hanot décrypta l’univers du yachting en plein essor :

« c’est que la plupart des sociétés, il y en a 113 en France, ont adopté un bateau qui leur semblait le mieux répondre aux conditions locales de climat, d’atmosphère, de vent, de météorologie, d’état et de profondeur de l’eau. La flotte de Paris, concentrée à Meulan et battant pavillon du Cercle Nautique de Chatou, dont le président d’honneur, Monsieur Armand Esders, est un véritable mécène du yachting, ou du Cercle de la Voile de Paris, utilise des « stars à bulb », « des chats à quille et des monotypes de Chatou à dérive, bateaux plats appelés irrévérencieusement « punaises » (…)

Des clubs comme le Cercle Nautique de Chatou, qui a gardé le nom de sa résidence d’origine, et le Cercle de la Voile de Paris, comptent  de 500 à 600 membres chacun ; leurs sociétaires respectifs possèdent de 60 à 70 bateaux et il n’est pas rare de voir, par les beaux dimanches, prés d’une centaine de voiles blanches se détachant sur les hautes et vertes frondaisons qui bordent la Seine à Meulan.

La cotisation annuelle est de 300 francs environ ; elle donne droit au mouillage, aux installations et au club house ; mais les yachts, sauf certains bateaux d’entraînement, appartiennent aux membres du club. Que coûte un yacht du type de Chatou ? 7500 francs, barre en main (…)

Il y a des régates féminines qui opposent les équipes du C.N.C à celles du C.V.P. ou de Dives, et nos sportives, à la barre de leur bateau, seront bientôt de première force dans les épreuves internationales.(...)"

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Aquarelles de J.Simont illustrant en 1934 le ponton du Cercle Nautique de Chatou lors des régates et ses membres en pleine discussion

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Nouvelle série de monotypes "Ailes" du Cercle Nautique de Chatou attendant d'être mis à l'eau en 1936. "Depuis quelques années, on construit en France de petits voiliers de course : stars, chats, plongeons, canards, canetons etc... "Le Cercle Nautique de Chatou, dont l'inlassable activité et l'intelligente initiative s'exercent dans toutes les branches du yachting à voile, met à disposition de ses membres d'élégants monotypes dénommés "Ailes" pour 5000 francs, barre en main. A ce prix, on a la joie de croiser des journées entières et de sentir les ailes de l'oiseau frémir à la moindre risée du vent. A condition que l'accord soit parfait, naturellement : prendre la barre d'un voilier, c'est contracter un mariage où le divorce n'est pas de mise ; s'il y a antagonisme entre l'homme et le bateau, celui-ci fait un trou dans l'eau et celui-là se retire dans son auto" R.Lest (L'Illustration - 9 mai 1936).
 
 

29/12/2009

RENOIR (1841-1919) ET LA MAISON FOURNAISE

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Le déjeuner des Canotiers (1881) - Memorial Gallery Phillips à Washington

 

Né en 1841 à Limoges, Auguste Renoir était allé à Paris, avait pris des cours en 1860 chez le peintre académique Gleyre et rencontré chez lui Monet, Sisley et Bazille avec qui il avait formé le premier cercle des Impressionnistes. Il avait peint à Paris, Fontainebleau, et déjà réalisé nombre de portraits de commandes dans lesquels il excellait. Sa venue à Chatou ne fut pas différente de celle des parisiens qui entendaient parler des charmes de la villégiature au terme de vingt minutes de chemin de fer. Elle répondait à l’appel d’autres de ses confrères qui installaient progressivement leur vie derrière les ombres portées des arbres et des reflets de la rivière. Lorsque Renoir vit les bords de Seine, il en saisit tout l’intérêt pour en dégager la peinture claire et vivante qui peu à peu avait fini par déterminer son travail. Son objectif était autant de rompre avec une forme d'intransigeance académique que d’affirmer la vie, la couleur et la lumière dans des sujets réalistes. Entre 1874 et 1881, ce fut la maison Fournaise qui abrita ses rendez-vous artistiques. La vie y exprimait la liberté chère aux artistes, les amours de jeunesse et une insouciance qui fut peut être plus anecdotique pour un homme qui souffrit de la pauvreté et « s’essaya » avec acharnement à la peinture jusqu’à son dernier souffle, recherchant sans cesse l’expression d’un visage, l’impression d’un paysage, la couleur dans la scène ordinaire. Sa peinture dégageait plus que le reflet d’une époque, elle exprimait la vie, répétait non sans exigence l’image intérieure qu’il recevait du monde qui l’entourait. Chatou, où il rencontra Aline Charigot qu'il devait épouser par la suite, fut sans doute une « maîtresse » des plus agréables. Il lui fit un adieu particulier, l’hommage à tous ceux qui l’avaient entretenu dans le cercle des peintres des bords de Seine, le Déjeuner des Canotiers, toile signée en 1881, où ses familiers, Aline Charigot avec son petit chien, les Fournaise frère et soeur, le peintre et mécène Caillebotte, l'actrice Jeanne Samary, le banquier Ephrussi et d’autres encore, témoignent pour l’éternité sur le balcon de la maison Fournaise.

Les Amis de la Maison Fournaise, en sauvant la maison, ont perpétué le souvenir d’une école, d’une époque, compté les pas d’une vie d’artiste. Ils ont renvoyé vers les nouvelles générations la nature généreuse de ses sentiments  pour le monde qui l’accueillait.

 

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Photographies de la Maison Fournaise abandonnée dans les années cinquante figurant dans l'ouvrage "Demeures inspirées et sites romanesques". Les auteurs avaient réalisé que les bords de Seine tels que les avaient connus les Impressionnistes étaient appelés à disparaître dans la Reconstruction. La Maison Fournaise, qui bénéficia toujours de la reconnaissance de quelques connaisseurs, échappa au massacre des bords de Seine  et fut rénovée à la fin des années 80. Maupassant lui avait consacré quelques lignes immortelles dans "La Femme de Paul": "le restaurant Grillon, ce phalanstère de canotiers, se vidait lentement. C'était devant la porte , un tumulte de cris, d'appels, et les grands gaillards en maillot blanc gesticulaient avec des avirons sur l'épaule. Les femmes, en claire toilette de printemps, embarquaient avec précaution dans les yoles et, s'asseyant à la barre, disposaient leurs robes, tandis que le maître de l'établissement, un fort garçon à barbe rousse, d'une vigueur célèbre, donnait la main aux belles petites en maintenant d'aplomb les frêles embarcations." 
Ci-dessous la porte de la Maison Fournaise avec le chiffre d'Alphonse Fournaise et les peintures de Réalier-Dumas (1860-1928) abîmées évoquant les quatre âges de la vie. 
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La yole (1875) - Londres, National Gallery - Renoir

 

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Sur la terrasse (1879) - Renoir

26/12/2009

PIERRE TRIMBACH (1889-1970), UN PIONNIER DU CINEMA

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Pierre Trimbach, deuxième en partant de la droite, sur le trépied, Georges Denola, metteur en scène

 

 

 

Né le 5 octobre 1889 rue de la Place à Chatou, Pierre Trimbach (1889-1970) fut un opérateur de la Compagnie Pathé, directeur de la photographie des premiers films muets et des actualités Pathé. A la veille de sa disparition, il consigna ses souvenirs dans un ouvrage « le cinéma il y a 60 ans – quand on tournait les manivelles » (éditions CEFAG – 1970) dont Stéphanie Salmon, responsable des archives de la Fondation Jérôme Seydoux - Pathé, avait bien voulu nous signaler l'existence et les références.

«Je fus élevé dans cette coquette petite ville de la rive droite de la Seine (…) Elle fit rêver  bien des poêtes et son charme inspira de nombreux peintres (...). Etant enfant, les romans de "cape et d'épée" nous font rêver. A l'école du pays, souvent on nous parlait de Madame Bellanger qui habitait Chatou vers 1641 et, dont le fils, le célèbre Cyrano de Bergerac, parlait déjà, dans certains de ses romans, d'un voyage dans la lune !  Mes parents habitaient une confortable maison plantée au milieu d’un grand jardin décoré par une belle pelouse, des fleurs et des beaux arbres ; tout au bout il y avait un verger habité par des pruniers, cerisiers etc…A la saison des fruits, ce verger était pour nous un vrai paradis terrestre, nous étions souvent perchés dans les arbres pour la cueillette. Les jours s’écoulaient tranquilles dans le charme de cette belle campagne d’alors ! mon père, qui avait été élève de Saint-Saens, était un bon musicien et surtout un très bon pianiste. Mon frère cadet, lui, était doué d’une voix de ténor ; il avait également un goût très développé pour l’aquarelle ! quant à moi, je n’avais pas encore percé. Des parents, amis et artistes, chanteurs, acteurs, peintres, qui villégiaturaient en été, formaient un groupe sympathique et très gai qui venaient dans cette maison où l’accueil était de tradition. Cette demeure était assez retirée, elle était même la dernière maison du pays et la vue s’étendait sur les coteaux et les vignobles jusqu’à Carrières et Montesson. On peut dire que pendant la saison d’été, tous les samedis soirs il s’y donnait de véritables concerts et cela parfois jusqu’à deux ou trois heures du matin. (…) ».

De 1908 à 1925, la carrière de Pierre Trimbach se déroula à la SCGADL, Société d’Edition Cinématographique des Auteurs et des Gens de Lettres constituée avec le soutien de Pathé pour le tournage de films d’auteurs, carrière entrecoupée par des reportages pour le Pathé-Journal, ce qui le ramena à Chatou pour y  filmer notamment le départ de la course Paris-Roubaix (1902) et les funérailles nationales du ministre et député-maire de la ville, Maurice Berteaux (1911).

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"Cyrano de Bergerac"

Sa vie de famille le poussa à donner sa démission alors qu’on lui demandait de partir en Egypte pour tourner « Le Roman de la Momie » de Théophile Gautier. Pierre Trimbach poursuivit sa carrière chez Kodak-Pathé.    De cette aventure de pionnier, il conclut avec émotion soixante ans plus tard : « toute cette vie d’opérateur fut pour moi un grand film, on peut dire un roman parfois tragique, souvent comique, mais, ainsi que le veut le théâtre, à un moment le rideau tombe ! pour moi, tout était fini, il tombait pour toujours, je rentrais en coulisses ! je venais d’avoir 37 ans ! adieu, mes beaux décors , mes beaux voyages, je devais recommencer une autre vie. Amis, mes vieux camarades, artistes, opérateurs aujourd’hui disparus, je ne vous ai pas oublié, je pense toujours à vous en attendant que Dieu me rappelle et que Saint-Pierre m’ouvre ses portes pour aller vous retrouver." 

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"La dernière charrette"
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"La revanche de Vitellius"
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"La petite postière"
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"Notre-Dame de Paris"