14/12/2016
LE DRAME DU 22 SEPTEMBRE 1878
Le long de l'Ile de Chatou, vers 1900 - Les accidents sur la Seine furent rares mais jusqu'en 1914 malheureusement mortels soit pour raisons de collision soit par le fait du courant souvent sous-estimé.
Les bords de Seine furent investis dés le XIXème siècle par des croisières entre Paris et Saint-Germain organisées par la Compagnie "Le Touriste" qui mettait à disposition des voyageurs un navire à vapeur longeant les bords de Seine de Chatou et Croissy et faisant escale. Un drame survint le dimanche 22 septembre 1878 dont un article de la presse locale se fit l'écho :
"Dimanche soir, un peu avant sept heures, "le Touriste", revenant de Saint-Germain, apercevait des signaux qui lui étaient faits par le passeur de la Grenouillère entre Chatou et Bougival, où il y avait un voyage à prendre. Il ralentit aussitôt sa marche. L'obscurité était malheureusement assez intense déjà pour empêcher le pilote de voir ce qui se passait à l’avant.
Les passagers du "Touriste" ressentirent une forte secousse : un bateau venait d’être pris par le travers et défoncé. Un tumulte indescriptible s’éleva sur le Touriste. Des chaises furent jetées par-dessus bord dans l’espoir qu’elles pouvaient servir aux malheureux qui se noyaient. On ne savait pas combien de personnes montaient le bateau atteint et que la force du choc avaient lancées à l’eau.
Deux hommes du "Touriste" sautèrent dans le bateau du passeur et l’on se porta immédiatement vers l’endroit où flottaient différents objets. Le mécanicien du "Touriste" fut assez heureux pour saisir une malheureuse femme, flottant entre deux eaux et qui disparaissait pour la deuxième fois. Dès qu’elle put parler, elle ne fit que répéter : « mon mari, mon pauvre homme, où est-il ? l’avez-vous…Oh ! fallait donc me laisser ! ».
C’était navrant à entendre. Toutes les recherches demeurèrent infructueuses. Lundi matin, à 8 heures, le frère du directeur de la Compagnie du Touriste, retourné sur le lieu du sinistre, retirait le cadavre de l’infortuné. Il portait une large blessure au front et son pantalon de coutil, déchiré, laissait voir une éraflure à la cuisse. Ce malheureux, âgé de 40 ans, se nommait Duval. Il laissa une femme échappée par miracle car même sort que lui, sans ressource, sans soutien. Trois enfants restent à sa charge. Duval et sa femme venaient de Chatou dans un bateau chargé d’une partie de leur mobilier qu’ils portaient à Bougival où le mari allait occuper le poste d’éclusier. "Le Touriste" avait tous ses feux allumés. Tout le monde a fait son devoir."
L’Union Libérale Démocratique de Seine-et-Oise
Dimanche 29 septembre 1878
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21/11/2016
L'EXPOSITION DES 50 ANS DE L'ASSOCIATION PHILATELIQUE DE CHATOU ET DES ENVIRONS
De gauche à droite, Monsieur Fournier, maire de Chatou, Monsieur Raget, président de l'association Philatélique de Chatou et des environs et Monsieur Blache, président d'honneur
L’Association Philatélique de Chatou et des environs fêtait son 50ème anniversaire salle Jean Françaix à l’occasion d’un exposition du 17 au 20 novembre 2016. Fondée par un groupe de passionnés en 1966 parmi lesquels Monsieur Jean-Claude Issenschmitt, ancien élu et président d’associations, elle fut dirigée par Monsieur Philippe Blache de 2000 à 2016, lui-même contributeur à l’exposition de la gare sur les convoyeurs-stations qui affranchissaient le courrier dans des wagons postaux de la ligne Paris-Saint-Germain. Depuis 2016, elle est entre les mains de Monsieur Christian Raget qui a présenté l’exposition monumentale de ces trois jours. 864 panneaux A4 illustrés sous protection étaient en effet à l’honneur mis en scène par Mesdames Christiane Renaudeau, Edith Jolly, Sonia Goutte-Zekaria et Messieurs Joël Le Nezet, André Manchon, Jean Grillot, Christian Violas, Philippe Blache, Pierre Guillet, Christian Raget, Yannick Le Roy. Une animation était prévue pour les enfants.
Une lettre de 1742 du seigneur d'Allard, seigneur de Chatou de 1737 à 1757
Les thèmes abordés par les timbres reflétaient une page d’histoire mondiale avec un luxe de détails inépuisable. La santé, les édifices religieux français, la musique des oiseaux, les peintres symbolistes, la poésie des fleurs, la peinture russe, le métro, les pompiers, les ponts, les papillons, l’astronomie, l’histoire de l’Autriche, de la Roumanie, de l’Allemagne, de la Lotharingie, Paul Gauguin, Van Gogh, la Première Guerre Mondiale, l’histoire de Chatou, autant d’illustrations et de commentaires sur le contexte des diverses émissions philatéliques. Malheureusement le plexiglas nous a empêché de prendre des photos de meilleure qualité et nous demandons l'indulgence de nos lecteurs.
Le dimanche 28 décembre 1879, le train de Liverpool avait quitté Edimbourg pour se rendre à Dundee en Ecosse. A 19h14, il était signalé comme entrant sur le pont de la Tay. Construit de 1871 à 1878, le pont était considéré comme un monument de l’architecture industrielle britannique. Hélas, la tempête soufflait à 180 km/heure.
Le désastre du pont de la Tay, en couverture d'un journal de 1989
Alors que le train était engagé sur le pont presque à mi-parcours, ce dernier s’effondra et le train disparut dans l’obscurité basculant dans les eaux glacées et tuant 75 personnes. Le pont de la Tay fut reconstruit en 1887. Mais dans la mémoire du pays de Galles, la tragédie a fait date.
Lettre appartenant à Monsieur Jean Grillot sur la tragédie du pont de la Tay
Décoré de médailles mondiales philatéliques à Bangkok, Washington et Copenhague, Monsieur Jean Grillot, auteur d’un magnifique panorama philatélique sur les ponts traitant autant de l’art que des matériaux de construction, venait exposer l’une des dix enveloppes du courrier postal réchappées du naufrage du 28 décembre 1879, instant d’émotion autour de cette histoire méconnue Outre-Manche.
Le maréchal Galliéni et le colonel Driant,député de Nancy mort au front en 1916
Clemenceau eut un timbre à son effigie et celui du navire qui porta son nom
L'Armistice de 1918 et le timbre du wagon
Une lettre de Chine du Sud de 1949 - bien que vainqueur parmi les Alliés en 1946 et ayant payé le tribut de la lutte contre le Japon, la Chine de Tchang Kaî Chek succomba aux avatars de la dictature et de la corruption du régime en grande faiblesse face aux principes collectivistes chargés de sortir les paysans de la misère et des injustices.
Le maréchal Tchang-Kaî-Chek avec son épouse quittant le pouvoir en janvier 1949. Les généraux qui lui succèderont pendant quelques mois encore ne pourront renverser la situation. Il prit la difficile succession de Sun-Yat-Sen en 1925 en tentant de moderniser et d'unifier le pays, mit fin au règne des seigneurs de la guerre puis dût aussitôt combattre l'invasion japonaise à partir de 1931 et les premières avancées de l'armée rouge en 1937. Malgré le soutien américain, le gouvernement de Tchang-Kaï-Chek - qui ne vivait plus que dans la guerre - fut défait au lendemain de la Capitulation par l'armée maoïste revigorée par le soutien soviétique.L'armée nationaliste ne contrôlant plus qu'un réduit du sud se transporta à Formose devenue Taïwan. L'écrivain Lucien Bodard (1914-1998) a été le grand reporter et le témoin irremplaçable pour le journal France Illustration des derniers jours de la Chine nationaliste de 1946 à 1949.
Association Philatélique de Chatou et des Environs
Monsieur Christian RAGET : 06 59 89 61 69
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12/11/2016
ACTUALITE DE LA MEMOIRE COMBATTANTE A CHATOU
LE 11 NOVEMBRE 2016 - CEREMONIE DE L'ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918
Arrivée à l'hôtel de ville du cortège sortant de l'église
Recueillement et discours au monument aux morts du cimetière des Landes
La Première Guerre Mondiale a engendré 9 millions de morts dont 1,5 millions de morts en France et à Chatou - 4000 habitants à l'époque - 272 morts. Chaque année, la commémoration de l'Armistice du 11 novembre 1918 signe la reconnaissance de la France à ses soldats morts pour la liberté et l'indépendance, la volonté de transmettre l'hommage de la Nation à des générations qui n'ont pas connu la guerre. Les sacrifices pour vivre libres sont une réalité qui doit s'imposer à toutes les consciences pour défendre l'humanité et combattre la politique du pire qui frappe à nos portes encore aujourd'hui.
Le président de l'UNC, Alain Hamet, et Monsieur Ghislain Fournier, maire de Chatou, entourés des enfants des écoles Val Fleury et Jules Ferry.
A Chatou, les manifestations municipales associent depuis quelques années les jeunes et en 2016, cette représentation nouvelle s'est traduite par une présence accrue des enfants des écoles Val Fleury et Jules Ferry et l'équipe des jeunes sapeurs-pompiers.
Les élèves sapeurs-pompiers associant les jeunes générations
Monsieur Ghislain Fournier, maire de Chatou et Monsieur Romain Savoye, officier de marine de réserve (enseigne de vaisseau) et catovien, qui nous faisait l'honneur de sa présence.
La cérémonie, commencée à l'église Notre-Dame, s'est poursuivie dans les jardins de l'Hôtel de Ville puis au cimetière de Chatou. L'association Chatou Notre Ville qui fait appel à la mémoire combattante dans le cadre de son activité historique, était représentée comme ordinairement par son président et conseiller municipal, Pierre Arrivetz, également porte-drapeau suppléant de l'UNC.
LE 12 NOVEMBRE 2016 - ASSEMBLEE GENERALE DE L'UNC
Fondée par le révérend Père Brottier avec le soutien de Georges Clemenceau président du Conseil à la sortie de la Grande Guerre (statuts déposés le 26 novembre 1918), l'Union Nationale des Combattants participe régulièrement aux commémorations des différentes guerres qui ont endeuillé notre pays y compris la guerre d'Indochine, souvent l'oubliée des combats du XXème siècle. On y retrouve d'ailleurs dans la section de Chatou Messieurs Le Lan, Chardin, Lausson, Le Gac, tous originaires d'Indochine.
De gauche à droite, Messieurs Lucien Ruchet, Christian Faur, maire-adjoint délégué aux Anciens Combattants depuis de nombreuses années, Alain Hamet, Etienne Le Gac et Madame Nadine Hamet
Au terme de l'assemblée générale qui s'est tenue le 12 novembre 2016, le bureau nommé est composé de Messieurs Hamet, président, Ruchet, vice-président, Madame Hamet, secrétaire et trésorière, Monsieur Le Gac président d'honneur.
Nous ont hélas quittés Monsieur René Prévost, ancien président d'honneur et ancien président de Rhin et Danube ainsi que Monsieur Olivier Roy, résistant d'Indre-et-Loire devenu Montessonnais, qui avait bien voulu nous apporter son témoignage dans le cadre de la réalisation de notre coffret "Les Voix de la Guerre 1939-1945".
Ajoutons que notre association Chatou Notre Ville a aussi perdu un grand témoin de la dernière guerre, Monsieur Robert Pelletier, qui, à 18 ans, avait participé à la libération de Monte-Cassino. Il nous reste sa voix, également enregistrée, celle d'un homme qui faisait face à toutes les situations en regardant constamment l'avenir. Tous ces combattants que nous avons eu la chance de côtoyer associaient la discrétion, le courage et la droiture. Leur compagnie était à la fois un plaisir et un honneur. Nous transmettons nos condoléances émues à leurs familles.
Nous ne pouvons que relayer l'appel originel de l'UNC du père Brottier et de Georges Clemenceau pour maintenir la mémoire vivante de nos combattants et morts pour la France en demandant à tous les catoviens militaires de réserve, anciens conscrits et engagés de rejoindre l'UNC Chatou.
UNC section Chatou
Monsieur Alain Hamet
4 route de Montesson
78420 Carrières-sur-seine
Tél. : 06 60 93 95 77
alainhamet@orange.fr
21/10/2016
AU MUSEE FOURNAISE LA FEMME EST EN MAJESTE JUSQU'AU 30 OCTOBRE
Portait de l'impératrice Eugénie, dernière souveraine de France (1853-1870), par Charlotte Pierret, don de l'empereur Napoléon III à la sous-préfecture de Sarrebourg en 1869.
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09/10/2016
CHATOU "EN SEINE" LE 17 SEPTEMBRE 2016
Le 17 septembre 2016, l’association, à l’initiative de son administrateur Monsieur Elie Marcuse, conviait ses amis à la première visite des Journées du Patrimoine du nouveau barrage des Voies Navigables de France. Cette manifestation sympathique faisait suite à l'annulation de la précédente par suite des inondations le 3 juin 2016.
Cet équipement assure le transit de 14.000 navires par an dont trente passages aller-retour par semaine de navires de croisière. L’acheminement des marchandises vers la Capitale domine le trafic fluvial, à la grande joie des citadins et automobilistes.
Le barrage emploie 7 personnes chargées de se relayer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ont pu être observés le poste de contrôle, la passe à poissons, les trois grandes pannes de 30 mètres de large par neuf mètres de haut, le panorama des bords de Seine.
Une écoute attentive des responsables de VNF, on reconnaît dans les visiteurs le docteur Bringuier et Monsieur Minassian
Toutes les indications nous ont été données par les guides de VNF, responsables de l’exploitation. On doit notamment retenir que le bras de Bougival est le plus utilisé en raison de son aspect moins tortueux alors que le bras côté Rueil est quant à lui déserté par la navigation de transport.
On reconnaît au centre Monsieur Jean-François Anières, président de l'association "Normandie Niemen" qui avait participé à la réussite de la projection par l'association au cinéma de Chatou du film "Normandie Niemen" (1959) avec l'acteur catovien Pierre Trabaud en 2013.
Au poste de contrôle
Rappelons que l’ancien barrage de Chatou, équipement modèle de la région parisienne, avait été construit de 1927 à 1932 en réponse aux inondations de 1910 et venait se substituer à l’ancien barrage en bois de Bezons construit sous Louis-Philippe.
L'ancien barrage de Chatou en construction
L'ancien barrage en 2013
Nous remercions vivement nos guides qui ont intéressé la large assistance qu'ils véhiculaient. Alors qu'une publicité toute relative avait été faite, trois groupes comptant au total 140 personnes dont environ 60 de l'association avaient dû être constitués à des horaires différents.
La passe à poissons. Seules des ablettes ont pour l'instant été repérées.
Deux photos du nouveau barrage sous un ciel plus clément en août 2015
L’association Sequana représente l’héritière de ce qui fit naguère de Chatou un pôle nautique de première importance en région parisienne. Son savoir-faire unique s’est traduit par la construction ou la restauration de bateaux de la Belle Epoque, à voile ou à vapeur, délivrant un charme évident à nos bords de Seine et une animation à l’Ile de Chatou, aujourd’hui peu vivace et peu prisée des touristes.
Le soir du 17 septembre 2016 à partir de 20h30, l’association a mis en scène une partie de ses bateaux dans une représentation nocturne non sans rappeler les démonstrations qui présidèrent sur la Seine à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris en juin 1925. Pour découvrir la "Suzanne" et le "Roastbeef" en action, cliquez sur le lien video ci-dessous :
En voyant ce spectacle pittoresque et évocateur, on ne pouvait qu’être convaincu de l’absurdité de vouloir faire quitter Chatou à l’association, décision prise par malheur en décembre 2014 et aujourd’hui objet d’une bataille juridique. Cette dernière au demeurant indifférente au fait qu’il n’y a personne à Chatou pour réclamer le départ de l’association, en particulier chez tous ceux qui ont une conscience du patrimoine et de la mise en valeur nécessaire des bords de Seine. En effet, sans l’activité nautique, le site Fournaise perd son âme. Or, l’Ile de Chatou peut redevenir un pôle patrimonial et touristique de la région parisienne par la revalorisation de ses atouts « historiques » dont le nautisme fait éminemment partie.
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24/09/2016
LE SUPERBUS PATHE-MARCONI : UNE NOUVELLE VIE POUR L'AMBASSADEUR
Quarante ans jour pour jour après le décès de l'emblématique président de Pathé-Marconi, Pierre Bourgeois (1949-1959), nous vous proposons cet article de Monsieur Emmanuel Jourquin Bourgeois, son petit-fils :
"Il y a 2 ans déjà, Pierre Arrivetz avait la gentillesse de publier sur le site passionnant de l'Association Chatou Notre Ville, un article sur le Superbus Pathé-Marconi, étendard publicitaire de la Major du disque dans les années 1950. Il n’est pas besoin de rappeler que Pierre, outre son implication dans la conservation du patrimoine industriel de Chatou, est sans doute aucun l’un des meilleurs connaisseurs de l’histoire de Pathé-Marconi, entreprise fondée en décembre 1936.
Cliché pour l'Inventaire Général de l'usine Pathé-Marconi - JM Vial - 1985
Nos échanges réguliers me confortent à chaque fois dans le fait que le site Art déco de l’avenue Emile Pathé, aujourd’hui détruit au bénéfice de la promotion immobilière, demeure et demeurera dans la mémoire collective, l’un des hauts et des plus beaux lieux de l’industrie musicale française.
Dessin provisoire du Superbus Pathé-Marconi signé par Philippe Charbonneaux, 1951 © Coll. EJB
Du temps de son président Pierre Bourgeois (N1), l’après-guerre vit ainsi l’usine des Industries Musicales et Electriques Pathé-Marconi, produire les 78 tours en gomme-laque, les microsillons 45 et 33 tours en vinyle, puis les disques stéréo des plus grands artistes français et étrangers. En 1957, 54 000 disques étaient produits quotidiennement à Chatou.
Pathé-Marconi - catalogue 1956 - "le répertoire le plus prestigieux du monde" © Coll. Pierre Arrivetz
Qui pourrait oublier les noms des prestigieux labels de Pathé-Marconi ? Capitol, Columbia, La Voix de son Maître, Metro-Goldwyn-Mayer, Odéon, Pathé, Parlophone : autant de marques de l’entreprise dont les noms résonnent encore aujourd’hui aux oreilles de chacun, autant de labels rappelant les visages et les voix d’Edith Piaf, de Charles Trenet, Luis Mariano, Tino Rossi, Maurice Chevalier, Bourvil, Yves Montand, les Compagnons de la chanson, Jean Cocteau, Gilbert Bécaud, Frank Sinatra, ou la diva Maria Callas.
Pathé-Marconi, fut également dans les années 1950, l’un des premiers fabricants européens de platines tourne-disques, de matériel radio et de téléviseurs, sous les marques Marconi ou La Voix de son Maître.
De 1953 à 1959, le Superbus Pathé-Marconi accompagne la Caravane du Tour de France. L’imposant véhicule est ici représenté au côté des fourgonnettes Citroën 2CV type AZU modèle 1957, utilisées par l’entreprise pour le transport des téléviseurs La Voix de son Maître, au départ de l’immeuble parisien d’Asnières vers les points de vente des revendeurs de la marque © Coll. EJB
Cette année 2016 marque un tournant majeur dans l’existence du Superbus bleu, dont rappelons-le, Pierre Bourgeois est à l’origine de la commande en 1950.
Après avoir été conservé pendant 15 ans au musée automobile Charbonneaux à Reims, le Super-Car tel qu’appelé sur les cartons d’inauguration Pathé-Marconi en 1953 et familièrement baptisé « l’Ambassadeur » en interne, vient le vendredi 27 mai 2016, de rejoindre la Cité de l’Automobile de Mulhouse.
Le Superbus Pathé-Marconi à la Cité du Train, juin 2016 © Thierry Gachon pour L’Alsace
Trop long pour être abrité sous les hangars du musée automobile, le Superbus du Tour de France fut exposé une semaine dans la cour intérieure de la Cité de l’Auto, avant de rejoindre la Cité du Train pour côtoyer les locomotives anciennes ou les premiers TGV.
En effet, le véhicule de 14,30 mètres et la vingtaine de voitures exceptionnelles offertes par Hervé Charbonneaux (N2), fils du designer Philippe Charbonneaux, enrichissent maintenant les collections du musée national de la Cité de l'Automobile, sous l’œil attentif du conservateur-en-chef Richard Keller.
Carton d’invitation pour l’inauguration du Super-Car, adressé par P. Bourgeois, président de Pathé-Marconi, à Ph. Charbonneaux, designer du véhicule, oct. 1953 © Coll. EJB
Le tracteur Pathé-Marconi avant sa restauration complète à Reims en 1990... Un moteur de marque UNIC est choisi pour remplacer le Panhard hors d’usage© Coll. Charbonneaux
En plus du Superbus, Pathé-Marconi confia le dessin d’un autre véhicule au brillant designer : une Peugeot 203 break également carrossée par Antem et destinée à annoncer des événements au public pendant le Tour de France.
La Major possédait une douzaine de 203. Seule l’une d’entre elles fut modifiée par Charbonneaux en 1951. La partie arrière du break, complètement revue et apurée, abandonnait les galbes de la voiture de série au profit d’une ligne taillée à la serpe, donnant un aspect futuriste à ce véhicule déjà ancien à l’époque dans la gamme du constructeur.
Le système de sonorisation prit place dans le coffre spécialement aménagé, les haut-parleurs furent intégrés sur le toit dans un carénage représentant un réacteur d’avion.
Peugeot 203 break avec haut-parleurs sur le toit dans un carénage type réacteur d’avion, carrossée par Jean Antem sur un dessin de Philippe Charbonneaux. La ligne de fuite du hayon arrière est typique des créations de Charbonneaux © Hervé Charbonneaux / Cité de l’Automobile de Mulhouse
A cette période, un autre véhicule publicitaire unique et pour le moins original défendit les couleurs des Industries Musicales et Electriques Pathé-Marconi : une Chevrolet Bel Air modèle 1957. Celle-ci, propriété d’un dirigeant de la firme qui souhaitait s’en défaire, fut cédée au service publicité Pathé-Marconi. En parfait état de marche, la Sedan américaine confiée à Philippe Charbonneaux hérita de haut-parleurs sur le pavillon, cachés dans deux carénages type avion.
Chevrolet Bel Air 1957, anciennement propriété d’un dirigeant de la firme. La sonorisation sur le toit est intégrée dans un carénage type avion, d’après un dessin de Ph. Charbonneaux © DR
Ainsi, les Chevrolet Bel Air et Peugeot 203 accompagnèrent la Caravane du Tour de France aux côtés du Superbus bleu et ce, jusqu’à la vente de ce dernier au journal Le Provençal en avril 1959.
Enfin, souvenons-nous, qu’une unique et imposante maquette en bois au 1/10e du Super-Car fut commandée par Pathé-Marconi. La reproduction fut exposée à Paris en 1952 au siège de la société du 30 boulevard des Italiens, au Palais de la Radio et du Disque. A ce jour, nul ne sait ce qu’elle est devenue (ci-dessous).
Malgré la disparition de la marque, Pathé-Marconi conserve une image forte auprès du public. Synonyme de haute technicité, de réussite industrielle, de diffuseur incontournable de la musique enregistrée, les Industries Musicales et Electriques Pathé-Marconi ont toujours inspiré les fabricants de miniatures, répondant à la demande croissante des amateurs et collectionneurs de véhicules publicitaires.
Le Superbus a été en mars 2016, commercialisé par les éditions Hachette en collaboration avec Auto Plus. Le modèle au 1/43e avec son fascicule n° 1, annonce la collection hors série des véhicules publicitaires « les trente glorieuses de la réclame » et est d’ores et déjà considéré comme un objet de collection. La précision des détails et la qualité de la réalisation sont excellentes. L’échelle est parfaitement respectée.
Superbus Pathé-Marconi reproduit par Hachette - don de l'auteur à P.Arrivetz
La miniature fabriquée par IXO, marque du groupe PCT, rencontra un tel succès dès sa sortie qu’elle fut rapidement épuisée. Seconde création Charbonneaux pour Pathé-Marconi, la Peugeot 203 break fut aussi reproduite à la même échelle, cette fois en toute petite série sur base Eligor et un temps distribuée par Momaco.
Trois autres véhicules au moins portant les couleurs de Pathé-Marconi furent reproduits au 1/43e : la camionnette d’intervention 2CV type AZU 1957 sur base Norev, parue avec le fascicule n° 55 de décembre 2005 dans la collection « Citroën 2CV » éditée par Hachette ; la 2CV berline type AZLP 1958 fabriquée par Vitesse, marque historique d’IXO créée par Bernard Peres dans les années 1980 ; la Renault 4CV commerciale 1961 sur base Eligor, disponible sur commande spéciale.
2CV Pathé-Marconi AZU reproduite par Hachette - P.Arrivetz
En revanche, ni la Chevrolet Bel Air, ni les fourgons Chenard & Walcker, Peugeot D3 ou Citroën H1 utilisés pour le transport de gros matériel, n’ont été encore reproduits. On peut souhaiter que ces miniatures soient un jour éditées ou rééditées et diffusées largement, perpétuant un peu la mémoire d’une entreprise mythique de l’industrie musicale française.
L’Ambassadeur, c’est sûr, profite aujourd’hui d’une retraite dorée. On peut croire sans hésitation qu’après 30 ans de services divers et sans faille, de la musique au cirque en passant par la presse, ce Superbus, témoin d’une époque de faste, de reconstruction, d’insouciance, fait maintenant l’objet à Mulhouse de tous les soins et attentions qu'il mérite."
Emmanuel Jourquin-Bourgeois
Remerciements à Sylviane Mouton-Plisson, Branch Manager chez PCT Europe, Hervé Charbonneaux, président de Rallystory, Pierre Arrivetz, président de Chatou Notre Ville et membre du Conseil municipal de Chatou, pour m’avoir ouvert leurs archives, apporté des précisions, marqué leur intérêt.
Caractéristiques techniques d’après carte grise du véhicule
Genre : Tracteur
Marque : Panhard et Levassor
Type : K185 transformé
N° de série : 742088
Carrosserie : Tracteur
Puissance : 18 CV
Nombre de places assises : 2
Poids total autorisé en charge : 9 T 400
Poids à vide : 5 T 600
Poids total roulant autorisé : 15 T
Notes
(N1) Pierre Bourgeois (1904-1976) : imprésario et directeur artistique, notamment d’Edith Piaf chez Polydor (1934-1941), directeur puis président de Pathé-Marconi (1946-1959), producteur de musique et de télévision (1960-1972).
(N2) Hervé Charbonneaux (né en août 1950) : ancien expert en automobiles et pilote de rallyes, président-fondateur en 1987 de Rallystory, entreprise spécialisée dans l’organisation de rallyes automobiles.
Repères chronologiques
1936 : 12 décembre. Fondation des « Industries Musicales et Electriques Pathé-Marconi, Compagnie Générale des Machines Parlantes Pathé frères et Compagnie Française du Gramophone réunies », ayant le statut de filiale française associée de la Major britannique Electrical and Musical Industries (EMI).
1950 : Pierre Bourgeois, président de Pathé-Marconi, passe commande d’un véhicule exceptionnel destiné à assurer la promotion de la firme.
1951 : Philippe Charbonneaux (1917-1998), designer français connu pour ses travaux sur Delahaye, General Motors et père de la R16, assisté de Paul Bracq, futur patron du design de Mercedes, BMW puis Peugeot, dessinent le véhicule. Le camion, équipé d’un moteur Panhard IE 45 HL, est construit par le carrossier Jean Antem. La remorque, fabriquée et aménagée par Fruehauf, provient de chez Titan.
1952 : Le Super-Car Panhard & Levassor est livré à Pathé-Marconi. Le camion publicitaire est immatriculé à Paris le 13 mai sous le numéro 2823 BE 75.
1953 : Le vendredi 23 octobre à 17h30, l’Ambassadeur est inauguré par Pierre Bourgeois au restaurant Ledoyen, au Carré des Champs-Elysées.
1953-1959 : Le Panhard bleu accompagne la Caravane du Tour de France. A chaque ville-étape, les artistes Pathé-Marconi dont les Compagnons de la chanson ou Edith Piaf, se produisent sur la scène du camion-remorque. Europe 1, présidé par Louis Merlin, retransmet les extraits de ces spectacles dans ses Musicorama. Contrairement à la légende, il semble que Johnny Hallyday alors chez Vogue, n’ait jamais chanté sur la scène de l’Ambassadeur. De même, une interrogation demeure concernant Dario Moreno qui lui, enregistrait chez Philips.
1955 : Le Superbus Pathé-Marconi remporte le grand prix d'honneur du concours de « la publicité qui roule ».
1959 : Le journal Le Provençal acquiert le véhicule-remorque. La préfecture des Bouches-du-Rhône le ré-immatricule le 21 avril sous le numéro 9610 BG 13. En juin, Pierre Bourgeois quitte la direction de Pathé-Marconi.
1970 : Le cirque Gulliver achète à son tour le Superbus. La remorque repeinte en jaune à l’enseigne du cirque est tirée par un tracteur agricole rouge.
1974 : Philippe Charbonneaux rachète l’ensemble complet tracteur Panhard + remorque Titan au Cirque Gulliver.
1976 : Décès de Pierre Bourgeois.
1990 : Le Superbus rejoint les ateliers d’un carrossier de la Marne pour une restauration complète. A cette occasion, un moteur UNIC remplace le Panhard hors d’usage. Les 12 lettres métalliques et le trait d’union rivetés identifiant le logo de l’entreprise, sont remplacés par un lettrage peint directement sur la carrosserie. Repeint dans sa couleur bleue d’origine, le Superbus rejoint le musée automobile Charbonneaux à Reims. Pathé-Marconi devient EMI France, abandonnant toute référence à son nom historique.
1998 : Décès de Philippe Charbonneaux
2007 : Hervé Charbonneaux hérite la collection automobile de son père.
2015 : La donation de la collection Charbonneaux à la Cité de l’Automobile de Mulhouse est signée.
2016 :
3 au 7 février. L’Ambassadeur est exposé au salon Rétromobile de la porte de Versailles. Hervé Charbonneaux y rencontre Patrice Depeauw, transporteur et amoureux de mécanique. Les 2 hommes se mettent d’accord pour une restauration de l’engin. La révision en profondeur est assurée par Patrice et Bertrand, fidèle mécanicien de l’entreprise.
Mars : Hachette en collaboration avec Auto Plus commercialise le Superbus au 1/43e dans la collection véhicules publicitaires « les trente glorieuses de la réclame ».
Mai : Le 27 du mois, le Superbus bleu est transporté sur remorque à destination de Mulhouse. Il est aujourd’hui conservé à la Cité du Train.
Bibliographie
Du dessin au design : Philippe Charbonneaux, de Hervé Charbonneaux, éditions Avant-Propos, Waterloo, Belgique, 2015. ISBN 978-2390000181 (photos du Superbus p.88 à 91 et 97).
Pub qui roule, de Fabien Sabatès et Dominique Pagneux, éditions Rétroviseur, 1995. ISBN 978-2840780090 (photos du Superbus en couverture et p.76).
Autoretro n° 109, sept. 1989 (photo de la maquette au 1/10e p.46, avec un article sur le designer Philippe Charbonneaux).
Chatou, une page de gloire dans l’industrie, de Pierre Arrivetz, éditions Chatou Notre Ville, 2012.
Le Superbus Pathé-Marconi, par E. Jourquin-Bourgeois, site de Chatou Notre Ville, déc.2014 http://chatounotreville.hautetfort.com/archive/2014/12/23..."
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20/07/2016
LE LIVRE DE L'ETE
LE ROMAN D'UNE VIE EXCEPTIONNELLE
UN LIVRE DENSE ET EMOUVANT
PAR UNE VEDETTE
DE PATHE-MARCONI CHATOU
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09/07/2016
LE 25 JUIN 2016 A WISSOUS, L'AMIRAL MOUCHEZ A RECU LES HONNEURS DE LA VILLE
Découverte de la plaque sur la maison de Wissous de l'amiral Mouchez
La maison de l'amiral Mouchez à Wissous en 2016
Portrait gravé de l'amiral Mouchez (1821-1892), directeur de l'Observatoire de Paris, membre de l'Institut
Monsieur Jean-Claude Ciret, président de l'APEPAW, organisateur de la manifestation
Le samedi 25 juin 2016, la commune de Wissous dans l’Essonne s’est rassemblée autour de la commémoration de l’amiral Mouchez à l’initiative du président de l’Association pour la protection de l’environnement et du patrimoine de Wissous (APEPAW), Monsieur Jean-Claude Ciret, pour la pose d'une plaque commémorative sur sa maison.
La cérémonie a donné lieu à des discours de Monsieur Hubert Lepoutre, représentant de la famille Mouchez, de Monsieur Claude Catala, directeur de l’Observatoire de Paris, de Madame Nicole Capitaine, membre de l’Académie des Sciences, de Monsieur Patrice Brault, membre de la Société Nationale de Sauvetage en Mer, du lieutenant Ludovic Caterina, représentant la Marine Nationale, de Pierre Arrivetz, président de l’association Chatou Notre Ville et conseiller municipal, que la ville de Chatou avait délégué pour la représenter à la suite de l'invitation de Monsieur Richard Trinquier, maire de Wissous, à qui nous adressons nos plus vifs remerciements.
Monsieur Richard Trinquier, maire de Wissous
Madame Nicole Capitaine, membre de l'Académie des Sciences
Le directeur de l'Observatoire de Paris, Monsieur Claude Catala
Pierre Arrivetz, pour la ville de Chatou et l'association Chatou Notre Ville
Chacun a pu évoquer l’amiral Mouchez, un homme droit et patriote, devenu un membre éminent de l’Académie des Sciences en 1875, un marin dont la vie a été vouée à la connaissance de l’univers, un français qui fit la réputation de notre pays pour de nombreux « faits d’armes » : relevés hydrographiques de l’Amérique du Sud, des Antilles, de la Chine, de l’Afrique du Nord sous le Second Empire, défense du Havre en 1870-1871, lancement de la première carte photographique du ciel en 1887 en qualité de directeur de l’Observatoire de Paris (1878-1892), créateur d’une lunette méridienne portative, promoteur d’une méthode de relevé dite « méthode américaine », initiateur d’une école navale astronomique dans le Parc Montsouris…
Le portrait en couleurs de l'amiral Mouchez est à l'Observatoire de Paris où les plus belles collections le concernant sont réunies.
Le nom de Mouchez orne les voies de plusieurs villes françaises : Wissous où il vécut à partir de la fin du Second Empire, de Chatou où il séjourna enfant et où vécut sa famille, ses grands-parents Finat d’abord au 8 du quai qui porte son nom , où son père , Jacques Bartélémy Mouchez, ancien perruquier du roi d’Espagne Ferdinand VII (1816-1833) fit construire une maison route de Saint-Germain en 1844 avant de la revendre au peintre Pharamond Blanchard, Chatou où il se maria en 1862 et où naquit son fils, le commandant Mouchez, qui eut également une carrière importante à l’Ecole Navale, à Chatou enfin où l'amiral est enterré et où un quai porte son nom depuis 1921, Le Havre dont il fut le héros face aux Prussiens qui renoncèrent à prendre la ville alors que tant d’échecs militaires avaient assommé l’armée française, Paris où son nom est à jamais associé à la gloire de l’astronomie. La tombe d’Ernest Mouchez est au cimetière des Landes à Chatou, où il fut inhumé par l’abbé Borreau après son décès le 25 juin 1892. Son état de dégradation, signalé par Monsieur Ciret, a justifié une intervention peu avant la cérémonie.
Le quai de l'amiral Mouchez à Chatou dans l'entre-deux-guerres, la maison des grands-parents Finat était au 8 du quai.
Le quai de l'amiral Mouchez quelques années avant la Rénovation de 1966 qui détruisit l'ensemble des quartiers de l'Eglise et du pont, ce dernier disparaissant lui aussi.
Dans sa biographie familiale écrite en 1970 par l’un de ses descendants, Monsieur Robert Mouchez, figure une photo où l’amiral conduit une voiture aux côtés de l’abbé Borreau. Nous ne sommes qu’au début des années 1890, ce cliché a de quoi surprendre… Dans les délibérations du conseil municipal, le docteur Rochefort, qui fut l’un des maires les plus appréciés de Chatou entre 1911 et 1919, évoque l’histoire qui le lia à Mouchez. Né en 1844, il avait fait partie de son expédition à l’Ile-Saint-Paul (Océan Indien) en 1874 pour observer l’éclipse de Vénus, expédition qui échappa de peu à la tragédie en raison des conditions climatiques.
Le nom de l’amiral Mouchez a également été décerné en 1935 à un cratère lunaire et à un navire d’hydrographie et d’astronomie en 1936. Enfin, un timbre des Terres Australes et Antarctiques Françaises lui a rendu hommage en 1987.
Photos de groupe devant la maison de l'amiral avec les personnalités
Photo de groupe avec les descendants de la famille Mouchez
Ce qui fut tout à la fois une heureuse et prestigieuse cérémonie et une agréable partie de campagne sous un soleil mérité, le fut grâce à l’initiative de l’APEPAW et de son président, Monsieur Ciret et à l'excellence de Monsieur Trinquier, maire de Wissous. La manifestation se termina dans l’écrin de verdure de la maison de l’amiral à Wissous chez ses descendants, Monsieur et Madame Auzenat.
Façade du bâtiment qui abritait le bureau de l'amiral Mouchez au premier étage
Le jardin de la maison de l'amiral à l'image de Wissous, vert et reposant
En discussion, Monsieur Ciret, le lieutenant Catérina, Madame Capitaine et Monsieur Auzenat, hôte de la manifestation dont le père fut incidemment directeur de cabinet de Georges Mandel ministre des PTT entre 1934 et 1936.
Monsieur Lucien Ruchet, membre de Chatou Notre Ville et délégué du Souvenir Français Chatou-Montesson, accompagnait le président de l'association.
Souhaitons qu'une telle manifestation soit le prélude à des liens privilégiés entre nos deux communes et à d’autres initiatives plus importantes en faveur de l’amiral Mouchez, un homme de l'Histoire.
A Wissous, l'église romane très intéressante du XIVème siècle et l'hôtel de ville de 1933
Wissous, une ville de 7.000 habitants qui a conservé son âme
Pour retrouver quelques pages sur l'amiral Mouchez et la guerre franco-prussienne, "Chatou de Louis-Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878" aux éditions Sutton (diffusion association Chatou Notre Ville)
19/06/2016
SEQUANA EN SEINE A CHATOU AVEC LE NOGENT JOINVILLE LE 7 MAI 2016
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13/05/2016
LE NAUTISME A CHATOU, DE L'ENCOURAGEMENT IMPERIAL A LA REUSSITE ASSOCIATIVE
L'Impératrice Eugénie au bras du tsar Alexandre II lors des fêtes de l'Exposition Universelle de Paris de 1867 dans les jardins des Tuileries. Tableau de Pierre Tetar Van Elven - Musée Carnavalet
En 1867, le comte de Castellane notait lors de l’Exposition Universelle de Paris : « Pour la première fois, le sport nautique prend parmi nous la place qui lui est due et qu’il a su conquérir par les progrès de tous les genres dont il est à l’origine et la source depuis quelques années.
Aliment d’une industrie importante, le yachting, puisque nous avons dû commencer par emprunter à l’Angleterre le terme même qui la désigne, tout en répandant l’habitude des exercices physiques, fait pénétrer dans les classes aisées le goût de la navigation ; et agent indirect mais actif, attire l’attention des capitalistes de nos villes de l’intérieur vers les placements et les affaires maritimes – 4696 bateaux inscrits dans les circonscriptions maritimes – 5776 armateurs ou matelots classés – plus de huit mille embarcations de plaisance sur les rivières, témoignent assez de l’importance acquise par ce qu’il est permis d’appeler l’institution nouvelle qui a su mériter le patronage si flatteur et si précieux de sa majesté l’impératrice.
En daignant s’inscrire au nombre des exposants et envoyer un caïc et une gondole, (…) sa majesté l’impératrice a donné un témoignage de sa haute bienveillance et montré tout l’intérêt qu’elle prenait à l’œuvre accomplie par la société de navigation. » Le canot à vapeur « La Mouche » du Prince Napoléon flottait alors le long du fleuve parmi sept ou huit bateaux à vapeurs ou yachts étrangers.
Le nautisme sur la Seine avait réveillé les passions de longue date. Le poète et dramaturge François Coppée (1842-1908) faisant référence au temps du Second Empire, avait décliné ces vers :
« A mes jeunes camarades, aux équipiers du Club Nautique de Chatou :
Jadis, la Seine était verte et pure à Saint-Ouen,
Et, dans cette banlieue aujourd'hui sale et rêche,
J'ai canoté, j'ai même essayé de la pêche.
Le lieu semblait alors champêtre. Que c'est loin!
On dînait là. Le beurre, au cabaret du coin,
Était rance, et le vin fait de bois de campêche.
Mais les charmants retours, sur l'eau, dans la nuit fraîche,
Quand, sur les prés fauchés, flottait l'odeur du foin!
Oh! quels vieux souvenirs et comme le temps marche!
Pourtant je vois encor le couchant, sous une arche,
Refléter ses rubis dans les flots miroitants.
Amis, embarquez-moi sur vos bateaux à voiles,
Par un beau soir, à l'heure où naissent les étoiles,
Afin que je revive un peu de mes vingt ans. »
Le père Fournaise s’intitulait « constructeur de bateaux » à Chatou sous le Second Empire. C’est lui qui fit venir les canotiers et les artistes et qui développa la voile et le canotage dans notre commune. Son client le plus célèbre, Renoir, peignit "Les canotiers à Chatou" en 1879.
En 1889, l’Exposition Universelle de Paris donna un espace au Yacht Club de France, lequel assumait la promotion du sport nautique en France ainsi qu’à des productions du Cercle de Voile de Paris. On y présenta en maquette un bateau de course, « La Mouquette » du peintre Caillebotte, l'un des clients de la Maison Fournaise figuré sur le tableau "Le Déjeuner des Canotiers" de Renoir en 1881.
Le peintre Caillebotte (1848-1894), autoportrait. Architecte naval et peintre, il fut le mécène de l'Impressionnisme et un hôte de marque de la Maison Fournaise à Chatou.
On sait d'après le témoignage d'André Derain que Degas fit du canotage à Chatou. Guy de Maupassant incarna à son tour le nautisme des bords de Seine dans la commune où il séjournait dans les années 1880.
Guy de Maupassant
Puis vint l’heure du Cercle Nautique de Chatou, déclaré en 1902 et dont le grand couturier Paul Poiret dessina le pavillon. Le CNC fut invité par Paul Poiret à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris de 1925 et demeura à Chatou jusqu’en 1929 avant de s’expatrier à Meulan. Il fut le plus important cercle de voile de la Seine avec celui de Paris.
Paul Poiret dans les années vingt - il avait libéré la femme du corset avant la première guerre mondiale
L’organisation continuelle de régates pendant presque trente ans devait témoigner de son activité intense. Les très élégants dériveurs qui figurent sur les cartes postales 1900 au bas de la Maison Fournaise firent partie de sa flotte. Il s’agit des monotypes de Chatou créés par les frères Monnot, habitants de la commune, dont la conception connut une longévité entrée dans la postérité.
En 1900, les monotypes de Chatou amarrés à la Maison Fournaise
En 2016, un monotype de Chatou sorti des ateliers de Sequana
Entre les-deux-guerres, des compétitions d’aviron furent également organisées par la société franco-britannique Wood Milne Sport, dont le siège était à Chatou et les hangars au bas de l’ancien pont routier selon le témoignage d'une habitante bien connue du quartier de l'église. Enfin, notre ville peut enfin s’enorgueillir d’avoir compté Jean Sepheriades (1920-2001), champion d’Europe d’aviron en 1946 dans un sport dominé par l’Angleterre. Le champion fut conseiller municipal de Chatou de 1947 à 1953.
Jean Sepheriades, catovien et champion d'Europe d'aviron 1946 face aux équipes anglo-saxonnes
Cet héritage des bords de Seine fait de Chatou une patrie du nautisme qu’il est difficile d’ignorer. Or, celle-ci a aujourd’hui un représentant: l’association Sequana fondée dans la commune en 1990. De ses ateliers est sortie une trentaine de bateaux répliques du XIXème siècle, conçus par des bénévoles au savoir-faire unique. Depuis vingt-six ans, ceux-ci font réapparaître les canots et les voiles qui embellissent les bords de Seine. Malheureusement, la municipalité a décidé de résilier la convention de Sequana au profit d’ateliers du bois sans rapport avec la construction de bateaux, autant dire un enterrement de trop pour le site Fournaise et la vie du patrimoine en Ile-de-France. C’est ainsi que pendant que Sequana sera accueillie à bras ouverts dans toutes les autres communes de la Seine, Chatou s’enfoncera dans son gâchis habituel, une constante depuis les destructions successives des châteaux de Chatou, des grandes villas (villas de Maurice Berteaux, Eugène Secretan (villa Aspro), Rosita Mauri (rue Maurice Hardouin) ), de la salle des fêtes financée sur les deniers de Maurice Berteaux en 1893, des immeubles du vieux Chatou lors de la Rénovation de 1966, de l’usine Art Deco Pathé-Marconi berceau du microsillon en 1951, détruite en 2004....
Le nautisme a l’avenir qu’on veut bien lui offrir. Notre proposition n’est pas d’entretenir un petit cercle coupé du monde et de toute perspective mais bien au contraire de l’ouvrir à la formation professionnelle, de l’associer à un grand projet de construction pour soutenir l’ensemble et de raviver la vie de nos bords de Seine avant que le savoir-faire ne disparaisse. Ne s’agit-il pas en effet d’un métier d’art à l’instar de ceux qui sont présentés chaque année au Salon du Patrimoine au Carrousel du Louvre ?
L'atelier Sequana au Hameau Fournaise dans l'Ile de Chatou
Ci-dessus, dans l'atelier de Sequana, le "Roastbeef" du peintre Caillebotte que celui-ci conçut en 1892
Dans l'atelier de Sequana, le canot "Madame" de Maupassant
,
La "Suzanne" lancée par Sequana, canot à vapeur
Le dériveur "Nogent-Joinville", lancé le 7 mai 2016
Ci-dessus, Monsieur Jean Jack Gardais, président de Sequana, au micro
Monsieur Olivier Dosne, maire de Joinville-le-Pont prenant la parole et à droite son homologue Monsieur Jacques Martin, maire de Nogent-sur-Marne venus honorer de leur présence le lancement du "Nogent-Joinville", monotype dit "de Nogent".
On se souvient que Sequana avait lancé à Chatou le canot « Madame » de Maupassant en présence de Monsieur le Maire de Rouen le 4 octobre 2015. Le 7 mai 2016, Sequana y a lancé un nouveau monotype, le « Nogent-Joinville » en présence de Messieurs les Maires de Nogent-sur-Marne et de Joinville-le-Pont. Dans les deux cas, aucune représentation officielle municipale, seulement celle du président de Chatou Notre Ville, association pourtant déléguée par la ville à l’inventaire du patrimoine. S’il y a en effet un milieu où le patrimoine est défendu, c’est bien celui des associations. Sans association, la vie du patrimoine s’effondre. Au nom de la légitimité et du savoir-faire, il est donc urgent non seulement de mettre en perspective le maintien de la construction nautique à Chatou mais encore d’en faire un axe majeur du développement touristique de nos bords de Seine en y associant toutes les générations. D’Eugénie à François Coppée et au père Fournaise en passant par Maupassant et Paul Poiret, l’histoire clame l’avenir du nautisme à Chatou.
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