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25/05/2014

JEAN SEPHERIADES (1922-2001), CHAMPION D'AVIRON ET CATOVIEN

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Le passé maritime de Chatou a justifié la création d’une rubrique particulière au sein de notre blog : le Cercle Nautique de Chatou fit les belles heures de la voile sur les bords de Seine de 1902 à la deuxième guerre mondiale au point d’ailleurs de figurer dans les actualités cinématographiques, l'ingénieur et administrateur Edgar Guérin de Litteau participa au développement de la Compagnie Générale Transatlantique de 1875 à 1904, le décorateur Catovien Georges Rémon accompagna les fumées souvent tragiques des grands paquebots qu’il décora avec son frère Jérôme et son père Pierre-Henri Rémon entre 1908 et 1935. Mentionnons enfin celui que l’on surnomma en 1946 « le champion des champions », Jean Sephèriadès (1922-2001), champion de France d’Aviron de 1942 à 1946.

Né à Paris en 1922, Jean Sepheriades passa sa jeunesse à Chatou 22 rue Charles Despeaux avec son père Casimir, né en 1892 à Lodz en Pologne et son frère Georges, né en 1917 à Paris. 

Engagé dans la Deuxième Division Blindée du général Leclerc qui se porta en Allemagne, il rentra en France pour se couvrir de gloire en devenant le vainqueur historique et sans successeur de la France aux « diamonds sculls » lors des régates royales d’Henley en 1946, régates au cours desquelles il battit l’américain Jack Kelly, frère de Grace Kelly et compétiteur international redouté.

Décoré à ce titre par la future Reine Elisabeth II, Jean Sephèriadès devint en 1947 Champion d’Europe d’Aviron puis abandonna la compétition internationale pour animer l’aviron français. Voyageur de commerce de profession, il fut élu de 1947 à 1953 dans la municipalité d’Henry Vercken, maire de Chatou sous la bannière du R.P.F. du général de Gaulle.  

Nous diffusons ici  deux photographies qui lui furent dédiées par « Le Monde Illustré » le 11 août 1945 pour ses dernières victoires.

 

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Locomotive 241 P SNCF fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, plus puissante locomotive à vapeur d'Europe, équipée d'un moteur de 4000 chevaux, emblème de l'association. 

20/05/2014

LE REAMENAGEMENT DE LA GARE, UN ENJEU POUR CHATOU

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Parking SNCF de la gare de Chatou

 

  

Nous donnons copie du courriel adressé à Monsieur le Maire de Chatou sur ce sujet sensible pour les habitants.

 

Chatou, le 19 mai 2014 

 

Monsieur le Maire, 

Nous venons vers vous vous concernant l'aménagement de la place de la gare pour lequel il nous paraît intéressant d'agir à plusieurs titres sinon dans l'urgence : 

• En se rapprochant de la SNCF dont les bureaux quittent Chatou pour organiser (location, acquisition) d’une manière officielle et utile l’emplacement de son parking en vue d’un stationnement public protégé des vélos, des véhicules utilitaires des forains du marché ou des commerçants sédentaires.

Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) en vigueur voté le 9 novembre 2006 prévoit actuellement la possibilité de construire un immeuble de 16 mètres de hauteur à cet emplacement (zone UCA plan de zonage 4-2-3 / règlement de zone page 15). Prévoir la création dans le PLU d'un zonage inconstructible en surface uniquement réservé au stationnement serait opportun à la sortie de la gare.

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Extrait du plan de zonage du Plan Local d'Urbanisme actuellement en vigueur voté le 9 novembre 2006 dans le secteur de la gare

 

• Cette démarche serait d'autant plus la bienvenue qu'en ce qui concerne le vol des vélos, celui-ci est devenu une industrie quotidienne très lucrative, organisée par des guetteurs sur la place qui semblent trouver assise sur les bancs du côté du magasin d'optique et passer commande téléphone portable en mains. Nous demandons en conséquence des cages à vélos protégées et une surveillance mieux organisée de la police municipale qui passe en voiture sans s'arrêter.

Contrairement aux voeux de la municipalité, les cyclistes ne vont pas dans le parking souterrain dont les horaires sont de surcroît dissuasifs. Mieux vaut s'orienter sur un autre stationnement en surface tel que celui que nous vous proposons. Ce sujet est d'ailleurs en train de prendre une importance que l'on ne peut plus méconnaître et nous réclamons une intervention énergique sur ce sujet comme sur les autres. 

• En supprimant les places de stationnement en épi et en créant un terre-plain formé d'une haie de grands arbres d'espèce noble (marronniers ou platanes ou autres…) avec bordure engazonnée autour et sur chaque trottoir de part et d'autre. L’arrivée dans la ville des Impressionnistes doit se traduire par une réalité. 

• En choisissant un mobilier urbain de caractère pour l’éclairage et  l'abri-bus : le mobilier urbain de Chatou allie actuellement le coût à la laideur 

• En délimitant des emplacements minutes à la sortie dans le virage de l’entrée principale de la gare, en conservant des emplacements taxis, et en installant des caméras de surveillance 

• En mettant un panneau d’information sur les commerces du quartier de la gare par typologie en précisant par exemple "café-tabac -journaux" pour le café de la gare 

• A la sortie côté boulangerie, en élargissant le passage pour le bus côté parking souterrain, en posant un lampadaire de style vers la sortie ascenseur du parking souterrain propre à éclairer la terrasse du café à la belle saison en envisageant la réfection du trottoir 

• En regagnant du stationnement minute pour les commerçants de la gare sur la place minéralisée de l’ancien square Berteaux et en mettant là aussi en place un système de videosurveillance face à la recrudescence des attaques (ancienne bijouterie Corneau  ayant subi plusieurs hold-ups, personnel ligoté et piétiné sur des bouts de verre, le magasin a disparu), parfumerie braquée trois fois dernièrement, Nicolas dont la vitrine a été défoncée il y a quelques jours, la liste va continuer à s'allonger si vous ne réagissez pas) 

• Côté Croissy, nous réitérons notre demande de rachat et rénovation par la ville du petit bâtiment de gardien à la sortie de la gare du terrain du diocèse, d'en faire un office du tourisme avec Vélib (nos propositions de 2008 renouvelées en 2014) pourquoi pas pour Chatou-Croissy compte-tenu de son   emplacement et d'inaugurer par une plaque illustrée la place Péreire actuellement dans l'anonymat.

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Cet office du tourisme serait idéalement placé et plus évocateur pour les  catoviens et les usagers non catoviens du train que le réduit intercommunal de Marly-le-Roi faisant office de tourisme, quelque soient les bonnes volontés qui y sévissent. Dans une  ville de plus de 30.000 habitants qui se réclame des impressionnistes mais dont le patrimoine se décline en réalité sous des formes relativement variées par rapport à ses voisines, nous ne sommes ni dans l'inconcevable ni dans l'infaisable.  

Embellir, sécuriser, mettre en valeur, valoriser les commerces de la gare, c'est une volonté partagée par tous et une attente qui ne devrait plus se compter en années. 

Vous remerciant par avance de votre action, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de notre considération distinguée. 

Pierre Arrivetz -Véronique Pecheraux 

conseillers municipaux

administrateurs de CHATOU NOTRE VILLE

 

14/05/2014

VENDREDI 16 MAI 2014 : CONFERENCE DES AMIS DE LA MAISON FOURNAISE

 

Le Cercle des Amis de la Maison Fournaise

 

nous prie d'annoncer

une conférence exceptionnelle

 

Vendredi 16 mai 2014 de 18 heures à 20 heures

 

« Les dessous des banquets

de l'Histoire »

 

Par Suzanne Varga

Ecrivain, agrégée, docteur d'Etat, professeur des Universités,

Auteur de plusieurs ouvrages

dont « 12 banquets qui ont changé l’Histoire »

L’auteur dédicacera son livre (Pygmalion –  Flammarion 2013)

 

Lieu : complexe sportif de l’Ile des impressionnistes côté parc des Impressionnistes derrière le pont de chemin de fer et le mail de la Foire à la Brocante (à l'opposé du site Fournaise).

Accès libre - Stationnement à proximité

Renseignements : tel : 06 85 11 85 59 -

amisfournaise@gmail.com

 

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Le banquet donné en l'honneur du poète de la Provence, Mistral, au café Voltaire place de l'Odéon en juillet 1887 : un banquet qui n'a pas fait l'histoire - gravure du Monde Illustré - collection de l'auteur

 

10/05/2014

CEREMONIE DU 8 MAI 2014

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Le 8 mai 1945, le général de Lattre de Tassigny signait l’acte de capitulation de l’Allemagne pour la France à Berlin, terminant la guerre sous les couleurs françaises. Commandant  avec succès la 14ème division d’infanterie pendant la Campagne de France en 1940, le général avait conservé ses fonctions sous Vichy. Mais l’invasion allemande de la zone libre le décida à organiser une résistance le 11 novembre 1942 dans la région de Montpellier dont il assurait le commandement. Arrêté et condamné à dix ans de détention par le régime de Vichy en janvier 1943, il s’échappa et gagna Londres puis Alger. Il devint le libérateur du Sud de la France à la tête de l’armée B le 17 août 1944.

Rebaptisée 1ère Armée en septembre 1944, celle-ci fut emmenée par le général  de Lattre dans de lourds combats jusqu’en février 1945 pour franchir le Rhin, atteindre l’Autriche et la Bavière. Elle symbolisa aux côtés de la 2ème D.B du général Leclerc l’héroïsme de l’armée française reprenant le destin de libération du pays. Fin de six ans d’horreur en Europe cependant que le combat contre le Japon se poursuivait dans un cauchemar paraissant sans fin dans le Pacifique.

 

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Monsieur Ghislain Fournier, maire de Chatou, lisant le discours du Secrétaire aux Anciens Combattants dans le cimetière de Chatou et ci-dessous, une partie de l'assistance à la cérémonie.8 MAI 2014 2.jpg

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A Chatou, les monuments aux Forces Armées, aux Déportés et aux 27 Résistants de la Pièce d’Eau ont accueilli la délégation de la municipalité autour des jeunes générations bien représentées par le conseil municipal des Jeunes et le corps des Sapeurs-Pompiers. Le Chant des Partisans, troisième hymne patriotique derrière la Marseillaise et le Chant du Départ depuis un décret de 1962, fut notamment joué par la fanfare autour d’une assistance plus nombreuse qu’à l’accoutumée, les sociétés d’anciens combattants et de la légion d’honneur assurant une présence sans faille renforcée par une participation de la Police Nationale représentée par Madame la Commissaire du Vésinet.

Monsieur Ghislain Fournier, maire de Chatou et Monsieur Christian Faur, délégué aux Anciens Combattants, ont comme chaque année depuis sept ans, donné toute la qualité de leur engagement public dans cette manifestation nationale enterrant la fin de la barbarie nazie et perpétuant le souvenir des victimes de la guerre. L’association, qui a notamment organisé et produit les enregistrements de témoins de Chatou et de la région dans une première édition audio des VOIX DE LA GUERRE 1939-1945 en 2011 au titre de la mise en valeur de l’histoire de Chatou, était comme chaque année représentée par son président en exercice.  

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Recueillement autour des tombes des 27 Résistants massacrés au château de la Pièce d'Eau.

 

01/05/2014

LUCIEN DALSACE (1893-1980), NE A CHATOU

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Collection Pierre Arrivetz

 

 

"Lucien Dalsace est un de nos sympathiques jeunes premiers. Il joua un double rôle remarqué dans "L'Aviateur Masqué", un ciné-roman qu'édita Pathé-Consortium. Il joua aux côtés de Jean Angelo  et de Constance Worth un rôle important de "La Maison dans la Forêt". On le vit aussi dans "Le Vol", "Ziska", "Paternité", "Vindicte" et enfin, il interprète un rôle dans un film tiré de Balzac : "Ferragus"."

 

Ainsi s'exprimait le journal "Mon Ciné " dans son numéro du 13 décembre 1923, offrant la quatrième de couverture à un acteur du cinéma muet né à Chatou (notre illustration ci-dessus) le 14 janvier 1893 54 avenue du Chemin de Fer, l'actuel 40 avenue du Général Sarrail.

 

De son vrai nom Gustave Louis Chalot, l'acteur se distingua dans le cinéma muet pour lequel il tourna plus de trente films, ce qui lui valut d'être une coqueluche du public de l'époque.

 

Interviewé en 1923, il déclara sur un tournage au reporter Jean Eyre : "je suis né le 14 janvier 1893 à Chatou. Une de mes grandes-tantes, Marie Bihaut, fut sociétaire de la Comédie Française et célèbre en son temps ; un de mes grands-oncles, Francis, était de l'Opéra. C'est vous dire que la carrière théâtrale est une sorte de tradition dans ma famille. Pourtant, mon père voulut faire de moi un "soyeux" et me fit initier aux secrets de l'industrie de la soie.  Ce qui ne m'empêchait pas, étant au lycée, d'organiser avec des camarades de petites représentations dont j'étais toujours l'animateur.

 

Puis je jouai en cachette de mes parents dans de petits théâtres jusqu'au jour où mon père apprit ces escapades.

 

Se voyant vaincu, il consentit alors à me laisser embrasser la carrière pour laquelle  j'avais une si vive prédilection.

 

La guerre éclata ; je partis avec le 3ème bataillon de chasseurs (...) je fus ensuite envoyé dans l'aviation. Là, j'organisai encore des représentations pour distraire mes camarades. Puis je fus engagé au Théâtre de Paris. Un ami m'ayant conseillé de faire du cinéma, je débutai dans "La Brute" avec André Nox puis je tournai le double rôle de "L'Aviateur Masqué" sous la direction de Robert Péguy (...) et enfin dans "Ferragus", j'interprète le rôle de Monsieur de Maulaincourt qui devient complètement gâteux en l'espace de vingt-quatre heures (...)

 

Je garde un excellent souvenir de tous les metteurs en scène avec lesquels j'ai travaillé : Feuillade, Péguy, Andréani, Machin, Ravel etc...ce sont des gens polis, aimables et avec lesquels c'est un plaisir de travailler."

 

"Monsieur de Maulaincourt, voulez-vous revenir faire le gâteux ? "

 

C'est Gaston Ravel qui rappelle son interprète (...)."

 

 

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Lucien Dalsace dans "La Loupiote" avec Carletta Conti, film muet de 1922.

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Dans "Ziska, la danseuse espionne" (1922) ,

l'un des nombreux rôles où il endossa l'uniforme.

 

 

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En couverture de Ciné-Miroir du 6 juillet 1928 pour le film muet "L'Occident" - collection Pierre Arrivetz

 

 

Entre 1930 et 1937, celui-ci s’était retrouvé "dans le civil" à la tête d'un magasin de parfumerie fondé par son père dans le sixième arrondissement de Paris. Le journaliste Roger Régent s’y rendit en 1932 : « vous désirez, monsieur ? » - Monsieur Dalsace s’il vous plaît. – Un instant, il est occupé dans le fond du magasin avec un fournisseur ».

 

En attendant Lucien Dalsace, j’observe le magasin dans lequel je me trouve. C’est une parfumerie belle et claire comme un flacon. Dans chaque vitrine, des régiments de petites bouteilles sont alignées, remplies des parfums verts, jaunes, rouges…Par la porte ouverte, on voit tout le boulevard Saint-Germain descendre et remonter…

 

C’est là que vit maintenant le jeune premier de tant de films, le bel officier de « l’Occident », le journaliste de « Belphégor », le héros de « L’aviateur masqué », d’  « Enfant de Paris », du « Prince Jean », de « La tentation », du « Ruisseau » etc…Des vendeuses et des vendeurs s’empressent auprès des clients. Entre deux, « caisse, 5,95 F ! », un chef de rayon me dit :  « vous n’imaginez pas, Monsieur, le nombre de clients qui viennent pour voir Monsieur Dalsace ! ce matin encore, une jeune fille est entrée pour acheter une petite boîte de poudre de riz et a demandé au patron de bien vouloir lui signer une photo…

 

Souvent des étudiantes entrent par bandes de cinq ou six pour acheter un bâton de rouge ; pendant qu’on les sert, elles se poussent du coude, parlent à voix basse en montrant Monsieur Dalsace. On peut le dire, la plupart de ses clients sont des admirateurs.

 

Mais voici le patron (…) « Le cinéma » me dit-il. Ah ! j’y pense toujours. J’aimais trop mon métier pour l’avoir oublié si vite. Pourquoi je l’ai abandonné ? d’abord, ce n’est, je l’espère, qu’un abandon momentané. La force des choses m’a obligé à laisser le cinéma. C’était en 1930. Après avoir tourné "La tentation", mon dernier film, je partis avec ma femme faire une longue tournée en France et en Algérie.(…)

 

Puis mon père tomba gravement malade. Je dus rentrer de toute urgence, résilier mes contrats et venir remplacer mon père à la direction de ce magasin de parfumerie. Depuis, ma femme – que vous avez connue au music-hall sous le nom de Jane Marceau – et moi-même, n’avons plus quitté notre boulevard Saint-Michel. (…)

 

Le parlant ne me fait pas peur bien que je n’aie jamais tourné qu’en muet. Avant le cinéma, j’ai fait du théâtre, et ce sont d’ailleurs les gens de théâtre, Signoret, Gaston Dubosc, etc…, qui, en 1919, me conseillèrent de tourner. Maintenant, je vais peu au spectacle. Je n’ai plus le temps…

 

Le magasin est ouvert de huit heures du matin à onze heures du soir et je suis là tout le temps… » Lucien Dalsace a fait apporter l’apéritif du café voisin. Dans l‘arrière-magasin, nous buvons à la santé de son jeune bébé de six semaines, à la prospérité de la parfumerie et surtout au prochain retour au cinéma du jeune premier qui eut tant de succès. » Pour Vous - 31 mars 1932

 

Lucien Dalsace fut réengagé dans le cinéma à partir de 1938, tournant plusieurs films parlants de Léon Mathot : « Chéri-Bibi » (1938) avec Pierre Fresnay et Jean-Pierre Aumont, « Le Révolté » (1938) avec Pierre Renoir, René Dary, Charpin, Aimé Clariond, « Rappel Immédiat » (1939) avec Eric Von Stroheim. Il joua dans « Deuxième bureau contre la Kommandantur » (1939) de René Jayet et Robert Bibal, et fit son dernier film « Patrouille blanche » de Christian de Chamborant en 1941 avec Junie Astor (l’histoire d’un gangster asiatique chargé de détruire un barrage hydro-électrique dans les Alpes).

 

Aucun des films de Lucien Dalsace n'étant réédité, nous avons le plaisir de joindre pour nos internautes cette courte séquence du film "Le Révolté" de 1938 où l'acteur fit sa première et brève réapparition depuis 1930.

 

 

 

 

 

 

 

Remerciements:

 

- José Sourillan

- Corinne Charlery - Archives Municipales  de Chatou

 

P.S : rappelons que l'association a proposé depuis plusieurs années un circuit historique dans la ville avec le projet d'un premier thème sur le cinéma

19/04/2014

DE WALT DISNEY A PATHE-MARCONI

 

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En 1951, le dessin de l'un des techniciens

des studios Disney sous le regard du fondateur

Cinémonde 14 juillet 1951 - collection Pierre Arrivetz

 

Walt Disney (1901-1966) a ouvert les portes de l’imagination au cinéma d'animation. De la fondation de ses studios dans un modeste garage en 1923 à sa mort, il a réussi à créer pour le monde entier un univers où le rêve, la drôlerie, la tristesse et l’aventure ont emmené les spectateurs dans un décor merveilleux, mêlant la vie de personnages excentriques à celle d’animaux plein de caractère, donnant à l’humanité le ton de l’innocence qui lui manquait.

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Un aspect du dessin animé "Alice au Pays des Merveilles"

Cinémonde 14 juillet 1951 - collection Pierre Arrivetz

 

Pour en arriver là, Walt Disney  a livré bataille contre des situations où la conservation de son œuvre, de ses collaborateurs, de son entreprise, a été cent fois compromise par l’investissement financier que représentait  la réalisation de ses projets. La reconnaissance unanime du public a été heureusement la réponse aux difficultés.

La sortie des longs métrages du créateur de Mickey Mouse se faisait en décembre, parce que la production Walt Disney incarnait le Noël des enfants.

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La "multiplane" en 1951, machine servant à animer,

truquer et photographier les dessins animés, au centre, Walt Disney

Cinémonde 14 juillet 1951 - collection Pierre Arrivetz

 

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Ce fut le cas en 1951 d’Alice aux Pays des Merveilles, ayant nécessité le dessin de 500 techniciens de la firme, la simulation grandeur nature des scènes afin de reproduire les expressions des personnages, associant trente comédiens qui seront ainsi la toile de fond d’une œuvre ayant justifié la préparation de 500.000 dessins pour aboutir à une sélection de 108.000.

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Conférence des scénaristes de Walt Disney

au sujet du film "Alice au Pays des Merveilles" en 1951

Cinémonde 14 juillet 1951 - collection Pierre Arrivetz

 

Le relief des longs-métrages était constitué du génie d’une équipe et ne s’est jamais départi de fonds musicaux portant le charme de l’ensemble. Alice au Pays des Merveilles fut ainsi pourvu de cinq chansons : « Avec le chapelier fou », « Chez la reine de cœur », « Le jardin d’Alice », « Le pays des merveilles », « The unbirthday song ».

La firme Pathé-Marconi dont la production était installée boulevard de la République à Chatou leur donna une traduction française en disques 78 tours *, éditant sous le label La Voix de Son Maître « Avec le chapelier fou » , « Chez la reine de cœur » « Le jardin d’Alice », « Le pays des merveilles », chantés par Marie Claire Marty (SG 338 et 339 étiquette verte), voix française d'Alice dans le film, et  « The unbirthday song » par le chœur des « Melodeons » dans les disques Metro-Goldwyn-Mayer (MGM 4101 étiquette jaune).

 

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Catalogue général Pathé-Marconi 1956

collection Pierre Arrivetz

 

Au cœur de la culture musicale, la production Pathé-Marconi, forte de ses nombreuses marques, ne négligea aucun public et c’est à juste titre qu’elle présenta dans les années cinquante son catalogue sous le slogan « Le répertoire le plus prestigieux du monde ». Le président de la firme (1949-1959), Pierre Bourgeois, le directeur artistique (1951-1958) , Pierre Hiegel, et les trois mille employés de Chatou, en furent les artisans mémorables.

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Dans les usines Pathé-Marconi dans les années cinquante,

la salle des presses

Livre "Chatou, une page de gloire dans l'industrie"

 

* autres films de Walt Disney dont les voix et les musiques ont été pressées chez Pathé-Marconi à Chatou :

- Peter Pan (1953) - disque 78 tours La Voix de Son Maître (SP 3 à 5 étiquette jaune), avec les voix du doublage français Mathé Altéry, Claude Dupuy, Pierre Hiégel, Chœurs et orchestre direction Jacques Metehen 

- Cendrillon (1950) - disque 78 tours Capitol (845 étiquette violette)  de la chanson "A dream is a wish your heart makes"  et "The old piano roll blues" par The Jubalaires

 

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Aux "Victoires du Cinéma Français 1948" remises au ministère de l'Industrie, de gauche à droite, les lauréats : Monsieur Bellfort représentant Alfred Hitchcock pour son film "Les Enchaînés", Walt Disney, Jennifer Jones, Jean-Pierre Mauclaire, directeur de Cinémonde, Robert Lacoste et François Mitterrand, respectivement ministres du Commerce et de l'Industrie, et de l'Information, Louis Jouvet, Michèle Morgan, Jean Cocteau pour son film "Les Parents Terribles" , Jean Delannoy pour "Aux Yeux du Souvenir" et l'acteur Louis Jourdan représentant Grégory Peck. Laurence Olivier fut également récompensé et représenté pour son film "Hamlet" -  Cinémonde 4 juillet 1949 - collection Pierre Arrivetz

 

 

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17/04/2014

LES CRIMES DE L'ILE DE CHATOU (1931)

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Un paysage révolu : la ferme dans l'Ile, bucolique et tragique

 

"L’Ile de Chatou s’étend du pont de Chatou jusqu’au-delà du talus de la voie ferrée électrique Paris-Saint-Germain-en-Laye. La ferme laitière de Madame Hesse est isolée de toute habitation et se trouve à peu prés au centre de l’Ile. L’habitation la plus proche se trouve à 200 mètres au-delà de la voie ferrée. La ferme comprend deux corps de bâtiments et un hangar. La maison d’habitation est surmontée d’un grenier pour le fourrage et flanquée d’un hangar où l’on remise les voitures.

Pour exploiter sa ferme, qui comprend 28 têtes de bétail et de vastes pâturages, Madame Hesse avait , depuis la mort de son mari, engagé, pour la seconder, un gérant, Monsieur  Frédéric  Rouchet, lequel avait sous ses ordres un commis, Monsieur Gaston Peters et un aide, le jeune Raymond.

Vendredi soir il était 20h30. La fermière soupait avec ses trois employés dans la cuisine de la ferme lorsque survint le tragique évènement. On entendit tout d’abord dans un vestibule un bruit insolite. Puis la porte s’ouvrit livrant passage à des personnages de cauchemar : deux humains affublés sous leurs chapeaux mous rabattus sous les yeux de masques grotesques à nez enluminés et à grosses moustaches ainsi qu’en portent les plaisantins de mardi gras.

Chacun de ces deux hommes était armé d’un revolver et d’un couteau. Devant cette étrange apparition, Frédéric  Rouchet réagit aussitôt. Robuste et courageux, il saisit un tabouret et s’élança sur les intrus cependant que Madame Hess et le jeune Raymond se réfugiaient dans la pièce voisine.

 Les assaillants firent feu deux fois. Quatre projectiles sifflèrent mais n’atteignirent personne une des deux têtes masquées recevant un coup violent de sa massue improvisée. L’homme chancela mais son complice porta à l’adversaire un coup de couteau et les deux bandits s’enfuirent.

Un peu haletants mais assez calmes, Rouchet et Peters prièrent leur patronne de venir reprendre sa place à table. Elle n’eut pas le temps de le faire. Une fusillade infernale éclata soudain. La pièce fut criblée de projectiles. Les deux bandits inconnus, ayant contourné la maison, venaient d’ouvrir le feu à travers les vitres d’une fenêtre dont les volets étaient restés ouverts.

Six balles furent tirées. Rouchet fut tué net. Touché également, Peters eut la force de se trainer dans la chambre à coucher, où il devait mourir une heure plus tard entre les bras du docteur Calbet, médecin à Chatou, mandé à son chevet. Madame Hesse était légèrement blessée à l’épaule et Raymond était indemne.

Les coups de feu avaient été entendus du pont de Chatou, où passe la route nationale de Paris à Deauville. La police de Chatou fut alertée. D’autre part, ses voisins, M.M. Poletto et Antoine Marin, accouraient trop tard à la rescousse.

 

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Les victimes Rouchet et Peters

 

Monsieur Gosselin, commissaire de police et ses agents arrivèrent bientôt, ainsi que le capitaine de gendarmerie Henry, commandant l’arrondissement de Saint-Germain. On avait vu fuir les criminels  dans la direction de Croissy-sur-Seine. Les brigades de gendarmerie de Chatou, Saint-Germain, Le Vésinet et Bougival se mirent à leur poursuite sans pouvoir les découvrir."

 

Source : Le Petit Parisien - 13 décembre 1931

15/04/2014

GEORGES GERSHWIN (1898-1937): UNE PILE DE DISQUES A CHATOU

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Collection Pierre Arrivetz - photograph courtesy The Culver Service, New-York

 

Qui n’a jamais entendu un air de Georges Gershwin ? sa « Rhapsody in blue » imprime une mélodie au mouvement, au fracas, passant de l’irruption à la mélancolie, nous projetant immanquablement dans l’univers grouillant de la grande cité américaine de l’entre-deux-guerres. Le compositeur, qui fit ses premières armes en 1924  participa à l’essor de la musique de jazz au lendemain de la Première Guerre Mondiale, présent sous différentes formes : applaudir les orchestrations Nouvelle Orléans, danser avec le charleston, écouter une symphonie de Gershwin, furent le commun du continent nord-américain dans les années vingt. Dans les années trente, une créativité sans faille s’ensuivit de compositeurs hollywoodiens, largement mise en scène par les grands orchestres de jazz et les comédies musicales.     

La musique de Gershwin connut un succès immédiat aux Etats-Unis. En France, la culture musicale américaine était entrée sur les champs de bataille grâce aux orchestres des soldats noirs habités par le rythme. Elle fut intronisée à Chatou boulevard de la République dans les usines de la Compagnie Générale des Machines Parlantes d’Emile Pathé, d’abord par la vente des appareils à disques permettant l’audition de ces nouveaux succès puis par la production et l’édition d’orchestres.

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Collection Pierre Arrivetz

 

En 1924, le catalogue comptait ainsi plusieurs pages de disques de jazz. Georges Gershwin n’y apparaissait encore que comme l’auteur de deux premiers « tubes » : « Do it again » par le Mitchell’s Jazz-Kings (réf 6577 étiquette marron), et « Swanee » par Mistinguett et l’orchestre de Maurice Yvain (réf 6513 étiquette marron). Nous étions encore dans une production de disques à saphir, française, propre à Pathé. Six ans plus tard, la fusion faite avec la Columbia Graphophone Company ouvrit de nouvelles pages dans le catalogue Pathé à Gershwin. Celui-ci avait également produit entre-temps ses chefs d’œuvre dont les enregistrements en Amérique furent reproduits boulevard de la République : « Rhapsody in Blue » par Lud Gluskin et son jazz (réf 5466), par Willard Robison et son orchestre (réf 6182 N), « S’Wonderful » par Sam Lanin and his orchestra (réf X 6223) , « Do-do-do » from “O Kay” chanté par Annette Hanshaw (réf  X 6200 N), « My one and only », “What am I gonna do” par Sam Lanin et son orchestre (X 6227 N). La fusion entraîna également l’importation de l’édition phonographique des grands labels anglais : le catalogue Columbia de 1932édita sous la férule de l’industrie de Chatou Paul Whiteman et son orchestre, premier interprète aux Etats-Unis de la « Rhapsody in Blue » en 1924 ainsi que Roy Bargy au piano pour le “Concerto en fa” de Georges Gerschwin (3 disques étiquette noire 9665-9667). L’originalité ne manquait pas puisque la “Rhapsody in Blue” fut également produite dans une interprétation pour orgue de Quentin Maclean (DFX 70).

 

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Paul Whiteman, son orchestre et les girls du film "Chercheuses d'Or" de 1929 - collection Pierre Arrivetz

 

 

La Compagnie Française du Gramophone, filiale de Columbia, détentrice du fameux symbole musical, le chien Nipper, sous le label « La Voix de Son Maître », fit parallèlement fabriquer à la même époque à Chatou, de Georges Gershwin, “Funny face” par Victor Arden, Phil Ohman et leur orchestre, “Lady be good” par “Paul Whiteman” (réf K 2755 et K 2952), “O Kay” par l’orchestre « The Revellers » (réf L 661 étiquette verte ou grenat), la “Rhapsody in Blue” par Paul Whiteman (réf  L 634 étiquette verte ou grenat), “Short story” par  Samuel Dushkin (réf P 794 étiquette noire), “Tip toes” par l’ Orchestre Savoy Havana (réf K 5123, étiquette verte ou grenat), par “The Revellers” (réf L 661 étiquette verte ou grenat), par “Paul Whiteman” (réf K 3328 étiquette verte ou grenat) et enfin “Treasure girl” par Victor Arden, Phil Ohman et leur orchestre (réf K 5672). Cette production était peut-être encore limitée à un auditoire parisien  avide de distractions et n’additionnait que des orchestrations en conséquence.

 

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Photo de 1998 de la façade de type Art Deco de l'usine abandonnée de la Société Générale de Disques construite rue Emile Pathé de 1929 à 1931. Pathé-Marconi, créé en 1936 sur la réunion des grandes marques, y concentra sa production de disques pour une distribution mondiale. Cliché Pierre Arrivetz

 

Vinrent les lendemains de la Seconde Guerre Mondiale qui donnèrent la gloire aux soldats américains et la culture du rêve dans un continent exsangue.

La musique de Georges Gershwin était toujours présente dans le catalogue Pathé-Marconi mais un caractère classique et symphonique fut enfin introduit dans la production. En 1950, le créateur Paul Whiteman était maintenu au catalogue pour la « Rhapsody in Blue » version 1924 mais un interprète majeur de Gershwin, présent également comme acteur dans les comédies musicales, fit son apparition : Oscar Levant, pianiste virtuose accompagné par l’orchestre de Philadelphie sous la direction d’Eugène Ormandy, édité en 78 tours sous le label Columbia (GFX 128 et 129) cependant qu’ « Un Américain à Paris » était produit sous la baguette d’André Cluytens, chef de l’orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire sous la même étiquette (GFX 132 et 133).

 

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Collection Pierre Arrivetz

 

 

Dans le catalogue Pathé-Marconi de 1956 où le 78 tours subsistait, Oscar Levant récidiva mais cette fois-ci accompagné de l’orchestre de New-York dirigé par André Kostelanetz (FCX 118). « Porgy and Bess » apparut enregistré par l’orchestre symphonique de musique légère de Georges Melachrino (7 GF 170). Enfin, la Métro-Goldwyn-Mayer, devenue l’une des enseignes de la production de Pathé-Marconi à Chatou, confiait en 1951 à son chef fétiche, David Rose, l’interprétation des musiques du film « Un américain à Paris » (réf MGM 4100).

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Collection Pierre Arrivetz

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13/04/2014

CHATOU DANS L'HISTOIRE EGYPTIENNE : DES TEMOIGNAGES DU XIXEME SIECLE

Nous avons curieusement évoqué sur ce blog l'Egypte à travers une présentation par le décorateur catovien Georges Rémon des villas Art Déco construites dans les années vingt dans ce pays.   

 

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Le percement du canal de Suez et ses emprunts sur le marché français firent entrer l'Egypte dans l'univers parisien. Ici une maison égyptienne de l'Exposition Universelle de Paris de 1867 par l'architecte Drevet - dessin de Gaildreau

 

Mais un retour en arrière s'est profilé grâce à l’Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps qui a maintenu auprès de nous cette ambiance égyptienne à travers l’affaire du canal de Suez. Nous avons donc cherché à compléter les liens de Chatou avec l’Egypte au XIXème siècle et au gré de nos divers inventaires, et avons eu le plaisir d’en découvrir quelques-uns, certains déjà évoqués dans nos publications :

Louis-Joseph Batissier, vice-consul de France à Suez de 1848 à 1852, nommé le 8 septembre 1852 pour participer aux travaux du consulat général à Alexandrie avant de demander en 1858 un congé de trois mois pour raison de santé qui ne lui fut finalement accordé qu'en 1860. Nommé consul honoraire par décret de l'empereur du 10 avril 1867, il habita 6 avenue des Vauxcelles (avenue Paul Doumer en 1932) où il avait fait construire une villa vers 1862 : son témoignage demeure  (cliché ci-dessous pris en 2005).

Notons que ses écrits connurent une certaine notoriété, en particulier son "Histoire de l'Art Monumental de l'Antiquité au Moyen-Age", médaillée en 1846 de l'Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Né en 1813, historien, archéologue, Louis-Joseph Batissier était inspecteur des Monuments Historiques depuis 1839 et avait été élevé au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 26 décembre 1855.

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Le député Jules Barthélémy Saint-Hilaire, opposant à l'Empire mais membre de la commission impériale pour l'étude du canal de Suez, fut  envoyé en Egypte en 1855 aux côtés de Ferdinand de Lesseps, et, sans être catovien, fut  le député de Chatou élu contre le candidat impérial au suffrage universel masculin au Corps Législatif en 1869. Il siégea jusqu’à la guerre Franco-Prussienne avant de devenir le secrétaire bénévole du premier président du conseil des ministres en 1871, Adolphe Thiers. Il fut ministre des Affaires Etrangères de Jules Ferry (1880-1881).

En outre, deux habitants de Chatou furent  des proches du pouvoir égyptien avant que l’Angleterre ne prenne en 1876 le contrôle du pays. Une Egypte nouvelle que la France avait contribuée à édifier avec l’appui des vice-rois.

Refusant les directives du sultan et résistant aux pressions anglaises, ces derniers se sacrifièrent en partie sur le compte du grand dessein de modernisation et d’embellissement qu’ils poursuivaient.

Dans leur entourage se trouvait le colonel Selim Bey Pauthonnier, aide de camp du vice-roi d’Egypte, recensé en 1872 dans la « section » du Vésinet appartenant alors à Chatou 3 rue des Grands Ponts. Le recensement précédent de 1866 ne le mentionnant pas, il est possible d’en déduire son installation dans l’intervalle dans ce « hameau » de Chatou comme on le définissait alors.

Enfin, D’Arnaud Bey habitait rue des Gabillons à Chatou sous le Second Empire. On ne peut identifier encore le numéro de sa villa laquelle existe probablement toujours et dont seul un acte de vente doit préciser la localisation, des nuées de domestiques figurant à l’époque dans le recensement de cette rue. D’Arnaud Bey était l’ingénieur en chef des travaux du Nil du vice-roi d’Egypte. La rue des Gabillons est devenue la rue de la Gare en 1878 puis la rue du Maréchal Joffre que nous connaissons en 1931.

Il est difficile malheureusement de trouver plus de renseignements.

Précisons que  deux vice-rois d’Egypte ont  pu être les interlocuteurs des dernières personnalités que nous venons de citer : Saïd Pacha, vice-roi de 1854 à 1863, co-auteur du projet du canal de Suez avec Ferdinand de Lesseps et Napoléon III, et Ismaïl Pacha, son successeur de 1863 à 1879, qui poursuivit l’œuvre de modernisation avant d’en être dépouillé au profit de la puissance anglaise.

 

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Saïd Pacha, vice-roi d'Egypte de 1854 à 1863 - illustration communiquée par l'Association des Amis de Ferdinand de Lesseps avec nos remerciements

 

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Ismaïl Pacha, vice-roi puis khédive d'Egypte de 1863 à 1879, déposé - illustration communiquée par l'Association des Amis de Ferdinand de Lesseps avec nos remerciements 

 

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Le palais du vice-roi d'Egypte reconstitué à l'Exposition Universelle de Paris de 1867 par l'architecte Drevet - dessin de Gaildreau

 

 

Mais ne tergiversons pas sur la conclusion : au terme d’une carrière égyptienne, Chatou était considéré comme un havre où probablement, souvenirs, plans, toiles et écrits sur un pays à l’aube du monde moderne durent dépayser l'intèrieur d’accueillantes villas, lesquelles peuplaient alors l’environnement frais et boisé du village de Chatou et de ses 3000 âmes.

 

Sources :

- Gallica

- "Mémoire en Images" (2003), par Pierre Arrivetz

-"Chatou, de Louis-Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878" (2005), par Pierre Arrivetz

- "L'Exposition Universelle de 1867 illustrée" - collection de l'auteur

 

10/04/2014

IL ETAIT UNE FOIS L'ORIENT EXPRESS A PARIS

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Une exposition sans pareil s’ouvre au public à l’initiative de l’Institut du Monde Arabe et de son président Jack Lang dans le cinquième arrondissement de Paris : « IL ETAIT UNE FOIS L’ORIENT-EXPRESS ». Le mythe laisse place à une réalité pointant le savoir-faire et l’audace d’un entrepreneur du XIXème siècle. Capable d’organiser la liaison du monde à force d’ingénierie, de persuasion, de génie créatif et de croyance dans le progrès soutenue conjointement par l’opinion publique, les banques d’affaires et les gouvernements, l’inventeur de l’ORIENT-EXPRESS, Monsieur Georges NAGELMACKERS (1864-1904), créateur de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits et de la Compagnie Internationale des Grands Hôtels, de nationalité belge, lança son train de la gare de l’Est à travers l’Europe en 1883 pour l’emmener jusqu’à Constantinople, fondant l’une des plus belles pages de l’histoire ferroviaire.

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Un aspect des compartiments d'un wagon exposé par l'un des plus célèbres de nos maîtres-verriers, René Lalique.

 

Le plein aboutissement de son entreprise se fit bien après sa mort par la poursuite de la liaison avec l’Egypte, la Syrie et l’Irak via le TAURUS EXPRESS en 1930, cependant qu’en 1922 une livrée bleue désignerait définitivement le train dont Agatha Christie ferait son roman douze ans plus tard. René Prou et René Lalique furent les décorateurs français qui signèrent cette génération d’entre-deux-guerres où la renommée du train atteignit son apogée, convoyant notamment Joséphine Baker, Agatha Christie, Paul Morand, Graham Green et Ernest Hemingway dans des circonstances que l’exposition vous permet de découvrir. 

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Vitre agrémentée d'une ventilation dans l'un des wagons de 1929. 

 

Une visite intérieure des wagons en plein air inaugure l’exposition, dans une ambiance particulière obtenue non seulement par une scénographie recherchée mais par l’aménagement des wagons eux-mêmes prêtés par la SNCF de 1925,1929 et 1949. Un restaurant étoilé fonctionne dans un quatrième wagon Art Deco d’époque pour la durée de l’exposition.

Enfin, l’Institut accueille deux niveaux consacrés à la traversée de l’ORIENT-EXPRESS, à ses films, ses personnalités, ses hôtels, ses publicités, ses décors, ses rivages ottomans et ses gares.

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En quittant l’exposition, on a nettement le sentiment d’avoir participé à un voyage où la nostalgie de l’audace et du goût qui présidèrent à cette aventure l'emporte dans le souvenir. Merci aux organisateurs de cette formidable exposition.

 

Pour en savoir plus  : Il était une fois l'Orient Express

 

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