03/11/2013
QUAND L'ILE ETAIT "DANS LE COLLIMATEUR" COTE CARRIERES-SUR-SEINE
L’Association, qui s’est battue naguère avec succès contre un projet de complexe hôtelier dans l’Ile (1994) et est intervenue plus récemment d’un point de vue juridique contre l’implantation d’une tour sur les bords de Seine de Rueil (2011), ne pouvait que donner connaissance à ses internautes de l’article suivant :
"L’Ile de Chatou est, à son tour, gravement menacée par un projet aussi monstrueux qu’il veut être grandiose : l’édification d’une construction monumentale surmontée d’une tour haute de 200 mètres et flanquée d’un immense cinéma en plein air pour automobilistes, tel qu’il en existe aux Etats-Unis sous l’appellation curieuse de « Drive in Theatre ».
La maquette de cet ambitieux ensemble existe. Elle était exposée – il est vrai – à la mairie de Carrières pour la durée de l’enquête publique préalable à la demande d’autorisation de construire, enquête que, visiblement, on a voulu escamoter, mais dont les conclusions grâce à la vigilance de quelques-uns, n’en devraient pas moins être singulièrement défavorables.
C’est qu’il y a plusieurs raisons essentielles pour s’opposer à ce projet. La première : l’Ile de Chatou reste un havre de calme et de verdure exceptionnellement à l’abri du grand trafic. Elle possède un magnifique rideau de peupliers qui sont inscrits à l’inventaire des sites protégés.
La seconde : l’Ile de Chatou figure au plan d’aménagement de la région parisienne au titre d’espace vert et d’emplacement de terrains de jeu.
Il faut croire néanmoins qu’il existe des possibilités de passer outre ces considérations puisqu’une importante société n’ayant pas pour habitude de s’engager à la légère, a commencé d’y acheter des terrains et a entrepris des frais importants pour la réalisation d’une maquette définitive.
Or, il y a tout juste huit jours, à l’occasion de la journée d’étude de La Ligue Urbaine et Rurale, qui s’est tenue à Paris, Monsieur Robert Sudreau, ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, annonçait deux mesures bien précises, propres à éviter désormais des actes de vandalisme tels que nous en avons souvent dénoncés ici-même, ou des constructions abusives.
L’une de ces mesures, justement, vise plus particulièrement la protection, la conservation et la restitution des bois, forêts et espaces verts.
Implicitement, c’est le rejet pur et simple du projet de Chatou.
Si, sur le plan de l’architecture, le « building » en question est séduisant, l’emplacement choisi pour son édification est mauvais. C’est contre cela que nous nous élevons. Ce gratte-ciel de 200 mètres de haut (les deux tiers de la Tour Eiffel) garantit l’enlaidissement de tout le centre de Carrières-sur-Seine, par son implantation dans l’axe de la mairie, ancienne demeure de Madame de La Vallière, et de son parc magnifique dessiné par Le Nôtre. A ce propos, on ne veut pas croire les bruits selon lesquels les jardins de Le Nôtre doivent subir des transformations afin d’y aménager…une piscine.
« Chacun s’incline devant les impératifs d’une nécessaire modernisation, écrivait hier notre éminent collaborateur et ami André Siegfried, mais n’est-il pas des cas où d’autres considérations doivent avoir le pas, le maintien, par exemple, de sites illustres, de parcs hérités de la tradition, d’espaces verts aussi nécessaires à l’hygiène qu’à la beauté de nos villes ?
D’autre part, a fait remarquer Monsieur Jean-Claude Marnez *, jeune architecte qui mène campagne contre cette nouvelle menace, l’affectation de la construction ne semble pas bien définie. Il est question, en effet, d’un « Centre de Liaison Européen » avec un hôtel, de services administratifs de sociétés privées qui domineront de leurs 200 mètres de haut…
Nous nous rangeons à son avis : il semblerait préférable de placer un tel ensemble prés de la route monumentale qui doit, dans les années à venir, relier le rond-point de la Défense à Maisons-Laffitte, plutôt que dans une des seules régions très proches de Paris qui n’a pas subi la pousse des grandes constructions et dont le charmant paysage reste à peu prés tel que l’ont peint Manet et les Impressionnistes.
Jacques Nosari
Le Figaro - 16 décembre 1958
Note de l’auteur de cette transcription : * la famille Marnez de Carrières-sur-Seine compte plusieurs générations d’architectes qui ont honoré notamment l’architecture en pierre de taille dans la Capitale et continue aujourd’hui l’œuvre de ses aïeux (cabinet R. Marnez de Neuilly-Sur-Seine). Ce détail en amène un autre : à Carrières-sur-Seine également est né l’architecte Alfred Gaultier (1847-1909), auteur des villas Lambert à Chatou, ensemble comprenant château et villas, joyau des architectures néo-gothique et néo-renaissance des années 1880-1890, répertorié à l’Inventaire mais malheureusement non inscrit au titre de la protection des Monuments Historiques ou des sites à conserver.
N.B : Le Figaro au même titre que Le Monde et Le Moniteur avaient également fait l’honneur de la presse en consacrant de pleines pages sur la destruction de l’usine Pathé-Marconi de Chatou en 2001-2002 à la requête de l’association. Ces articles avaient conduit à un reportage au journal de TF1 de 20 heures et à une reconnaissance particulière de la cause défendue par l’association au Salon du Patrimoine au Carrousel du Louvre en 2002, 800 personnes de toutes nationalités s’étant empressées de signer sa pétition durant les 4 jours du Salon.
Publié dans # PATRIMOINE MENACE, IL Y A 60 ANS, LE PROJET DE TOUR A CARRIERES-SUR S | 16:05 | Commentaires (0) | Lien permanent
01/11/2013
LE CHEMIN DE LA REVOLUTION A CHATOU...
La Révolution avait commencé dans la faillite financière de l’Etat. Si Louis XV avait ruiné le pays par des guerres désastreuses et Louis XVI mené une politique étrangère brillante, un gouffre financier dont les Français ne voyaient que les inconvénients dans leur vie courante perpétuait les erreurs de Louis XV et condamnait l’immobilisme de son successeur.
Portrait de Louis XVI au début de son règne, par Duplessis
Louis XVI avait certes tenté une libéralisation économique dans le domaine agricole mais l’impossibilité d’augmenter la production avait fait échouer la réforme. D’un autre côté, l’industrie était embryonnaire, les travaux publics insuffisants.
Mais surtout, la réforme fiscale et politique s’était éteinte dans le carcan des Parlements rappelés par démagogie par le roi, leur hostilité à peine réinstallés faisant face à l'aveuglement d'une cour ignorante et péremptoire. Les foudres d’un peuple accablé par une agriculture aléatoire étreinte par une fiscalité inconsidérée à laquelle échappaient les grands possédants nobles et ecclésiastes, étaient attendues.
Louis XVI, loin de choisir la réforme autoritaire du système, avait décidé de régner comme un bouchon flottant sur l’eau dans la peur de mécontenter les corps constitués. Loménie de Brienne, l’un de ses derniers contrôleurs généraux des Finances, lui donna une occasion d’avouer son échec et sa faiblesse au profit de la parole publique.
Il préconisa le rappel des Etats Généraux (pour la dernière fois tenus en 1614), lesquels furent convoqués à Versailles pour le 1er mai 1789 par un arrêt du Conseil du Roi du 8 août 1788.
A Chatou, la convocation des Etats Généraux se cristallisa sur un abus du seigneur, l’ancien ministre Henry Léonard de Bertin. Celui-ci, qui n’avait cessé de promouvoir les réformes pendant toute sa carrière de 1759 à 1780 au détriment même de son intérêt et employait un grand nombre d’habitants à l’entretien de son domaine de Chatou, avait érigé en 1788 un mur autour de sa propriété, empêchant ainsi le passage immémorial des paysans vers les terres cultivables et les obligeant à un détour considérable. Le seigneur avait de surcroît obtenu gain de cause contre la plainte des habitants par un arrêt du Conseil du Roi.
C’est dans ce contexte que, le 12 avril 1789, les habitants de Chatou inscrivirent sur le cahier de doléances du « Tiers Etat de Paris hors murs » ouvert en vue de la réunion des Etats Généraux, qu’ils « seraient peut-être bien fondés à se pourvoir par voie de l’opposition contre ce même arrêt mais ils ont l’honneur de représenter aux Etats Généraux qu’il leur est surtout impossible de suivre cette voie de droit, supposé qu’elle leur soit ouverte, vu les frais qu’elle leur occasionnerait et auxquels ils sont incapables de subvenir ; d’ailleurs, l’effet de la protection inouïe de leur seigneur pourrait encore, comme par le passé, la rendre infructueuse.
Ce sont, Messieurs, ces deux motifs qui ont déterminé les habitants de Chatou à recourir directement à la justice de Sa Majesté, pour lui présenter leurs réclamations contre les vexations de leur seigneur. Sa Majesté a daigné accueillir favorablement leur démarche.
Les habitants de Chatou ne peuvent vous exprimer, Messieurs, d’une manière plus claire, la triste situation où les réduisent les vexations de leur seigneur qu’en vous observant que, s’ils venaient malheureusement à être les tristes victimes définitives de la protection et du crédit de leur seigneur, ils se trouveraient entièrement hors d’état, tant pour le présent que pour l’avenir, de payer au roi un liard de subsides, puisque le projet de leur seigneur, en leur enlevant un chemin dont ils sont de tout temps en possession, dont ils ont toujours joui, et qui leur est d’une nécessité absolue pour la culture de leurs terres, leur donnerait au moins 6000 livres de charges annuelles, leur ôterait en même temps le moyen de pouvoir avoir du pain pour eux et leur famille, et les réduirait par ce moyen à la dernière misère. »
La demande fut réitérée dans un Cahier des demandes locales annexé « contre une clôture, qui les forçait à faire huit ou neuf cent toises de plus, pour se rendre à des champs, que la culture des légumes pour Paris les obligeait à visiter cinq à six fois par jour. »
Ces plaintes furent appuyées dans les Cahiers de doléances de Carrières-Saint-Denis et Sartrouville, dont les habitants usagers du chemin étaient également lésés par la fermeture de l’accès.
Le 5 mai suivant se tînt la première réunion des Etats Généraux à Versailles. Il n’en sortit rien pour Chatou.
C’est alors que le 11 mai 1789, une révolte éclata dans la commune, consignée dans une instruction portée devant le Châtelet les 6, 8, 12, 13 et 15 juin 1789.
Après s’être concertés la veille dans les écoles et sous l’effet de la sonnerie des cloches vers onze heures par quelques habitants dans l’église, 300 à 400 personnes, dont certaines étaient également rabattues par les gardes-messiers sur leurs terres, se rendirent devant le mur de clôture litigieux et l’abattirent.
Le sieur Louis-Pierre, selon le témoignage de Monsieur Quénolle, garde des biens du seigneur et huissier de justice à Chatou, avait pris la tête de l’émeute et frappa Monsieur Hallot, huissier de justice, qui lui-même tentait de l’empêcher de frapper le procureur fiscal et garde des chasses, François-Prix Réal, mandaté par Bertin.
Dans la destruction du mur, Louis-Pierre, vigneron, était aidé des maçons Cézar père et fils, de Berlot, joueur de serpent, du fils Trancart, de Jean-Louis Levanneur et Jeannet. Une autre partie du mur était démolie par Bardin, vigneron, lequel conseillait d’abattre aussi les peupliers selon le témoignage de Nicolas Dujeancourt, garçon-jardinier chez l’ancien ministre.
Pendant la destruction, les dénommés Jacquin et Daubin, menacèrent le serrurier Jean-Baptiste Noël en lui demandant de venir démolir le mur et « s’il était du Tiers Etat ». Répondant que « non », celui-ci fut menacé quelques heures plus tard par un habitant avec une hallebarde. Le serrurier ferma sa boutique en interdisant à ses employés de sortir.
A la suite de l’abattage du mur dont était témoin Pierre Vanier, procureur au bailliage, les manifestants montrèrent leur derrière en jurant et en disant : « nous nous foutons de ton Bertin et nous avons notre chemin ! ».
La sœur Pélagie, des Sœurs de la Charité de la paroisse de Chatou, témoigna que Louis-Pierre s’était disputé avec l’un des marguilliers, à qui il avait enlevé les clés du clocher en son absence et refusé de lui rendre. Ayant finalement accepté de les lui remettre, le marguillier lui répondit qu’il ne les prendrait pas et qu’il les « lui ferait rendre par d’autres ».
D’autres témoins vinrent corroborer l’émeute, en l’occurrence les invités à dîner de Bertin, son neveu, le baron de Jumilhac, le baron de Cahorn, Monsieur Dupont, conseiller au Parlement, les abbés Taulier de Labreuille et Buissy.
L'ancien château de Bertin peu avant sa démolition en 1912 et son agrandissement Restauration. Le bâtiment initial avait été construit par Soufflot, intendant des Bâtiments du Roi, architecte de l'Eglise Sainte-Geneviève (Panthéon), et surplombait le Nymphée.
A Croissy, le curé Bénigne May, le seigneur Chanorier et Monsieur Petitot, officier et parent de Monsieur Chanorier, informés de la situation à Chatou, décidèrent de se transporter sur les lieux. Sur l’instance de Chanorier, ils rencontrèrent Nicole, le syndic de la commune, qu’ils croyaient menacé. Nicole leur confia qu’il avait été pris par le collet par un habitant et forcé de se rendre à la grille du château de Bertin.
L'ancienne grille du château de Bertin peu avant sa démolition en 1912 avec ses communs donnant sur la rue Esther Lacroix.
Enfin, Louis-Pascal Lebreton, maréchal des logis de la compagnie de maréchaussée de l’Ile-de-France, sous-lieutenant commandant la brigade de Nanterre où il demeurait, a donné la transcription suivante au greffe sur le déroulement des évènements : « il y a environ sept à huit mois, Monsieur Bertin a fait boucher de murs un chemin qui conduisait différents habitants à des terres qu’ils possédaient dans les champs.
Cela a occasionné beaucoup de rumeurs parmi les habitants, notamment depuis les semences, attendu qu’il y en a plusieurs qui se plaignent de perdre un quart de journée à différentes fois à gagner leurs champs par le chemin nouveau, tandis qu’ils étaient très peu de temps à y aller par l’ancien chemin.
Pendant ce temps, il a entendu à différentes reprises plusieurs des habitants former le projet de se faire justice à eux-mêmes en abattant le mur. Monsieur Bertin, instruit de ce projet, l’a prié lui déposant à différentes fois de faire des patrouilles dans son village pour détourner les habitants d’exécuter leur projet.
Le dimanche 10 mai dernier, Monsieur Bertin ayant demandé des cavaliers à cause d’attroupements qu’il y avait, il y a envoyé les nommés Sarcé, Gauthier et Bediot, tous trois cavaliers de sa brigade. A leur retour, ces cavaliers lui ont dit qu’ils avaient réussi à empêcher les habitants du projet qu’ils avaient d’abattre le mur. Ils ne s’étaient retirés que lorsque tout était calmé ; ils y ont passé une partie de la nuit et n’en sont revenus qu’à trois heures du matin.
Le lundi 11, vers les onze heures du matin, lui déposant, passant avec des cavaliers dans le village de Chatou pour aller au marché de Saint-Germain, où il est détaché tous les lundis et jeudis, il a vu tous les habitants de cette paroisse attroupés, tant hommes que femmes et enfants à là porte du Sieur Nicole, syndic, et a entendu sonner la cloche ; ayant demandé ce que c’était que cette rumeur, tous les habitants lui ont répondu unanimement qu’il y avait trop longtemps qu’ils souffraient de ce chemin intercepté et qu’ils allaient abattre le mur. A l’instant, il s’est transporté chez Monsieur Bertin pour l’engager à leur parler en lui disant leur projet.
D’abord, Monsieur Bertin lui a répondu qu’il ne voulait avoir aucun démêlé avec eux ; mais, à force d’instances et après être retourné à diverses reprises chez Monsieur Bertin, il est parvenu à déterminer ce seigneur à en recevoir huit ou neuf, pendant que sa brigade maintenait le reste de la paroisse, qui s’était alors posté à la grille du château. En effet, il les reçut et leur parla à peu près pendant trois quarts d’heure dans le jardin, lui déposant, présent.
Monsieur Bertin, par la parole satisfaisante qu’il leur donna, lui parut devoir être hors d’inquiétude ; ce qui le détermina, lui déposant, à s’en aller au marché de Saint-Germain après avoir pris les ordres de Monsieur Bertin.
Henry-Léonard de Bertin, ministre de Louis XV et de Louis XVI, seigneur de Chatou et Montesson de 1762 à 1789. De son domaine, Chatou a conservé le Nymphée de Soufflot.
En effet, les habitants se sont retirés ayant l’air content de la conversation dont il leur avait rendu compte et, avant de se retirer, il avait fait encore une tournée dans la paroisse en calmant les têtes exaltées.
Immédiatement après le marché de Saint-Germain fini, lui, déposant, a appris que lesdits habitants de Chatou s’étaient de nouveau attroupés et abattaient les murs de Monsieur Bertin.
Il est parti aussitôt de Saint-Germain (…), a trouvé à son arrivée les murs abattus dans les parties seulement qui fermaient le chemin et les places nettoyées, et n’a plus vu d’attroupement, mais les habitants de côté et d’autre dans le village ayant l’air de s’occuper de ce qu’ils venaient de faire et d’en être contents.
A son arrivée, il s’est transporté chez Monsieur Bertin et est resté dans le village à faire des patrouilles jusqu’à une heure et demie, deux heures du matin (…) ».
A la suite de ces témoignages, Louis-Pierre fut arrêté le 3 juillet 1789 par le brigadier Méchain et trois cavaliers de sa compagnie. Des interrogatoires suivirent. Il n’y eut ni mort ni blessé. Le procureur du Roi, De Flande de Brunville, ajourna lui-même l’affaire indiquant qu’il ne s’opposait pas à la mise en liberté de Louis-Pierre « en attendant plus ample instruction ».
Le cours de la Révolution devait laisser aux oubliettes le dernier réquisitoire du procureur du 25 juillet 1789 demandant l’assignation de Denis Levanneur et Trancard fils cependant que le ministre Bertin partait en exil à Spa pour sa dernière demeure.
L’émeute de Chatou fut la plus importante dans la banlieue de Paris et suscita une Déclaration du Roi relative à la police des émeutes et attroupements le 21 mai 1789.
D’un point de vue pratique, les contingents de police en Ile-de-France étaient très modestes par rapport au territoire à surveiller et le rappel des troupes à Paris ne disant rien qui vaille au monarque ou à l'Assemblée, les violences se multiplièrent.
Epilogue peu connu de sa vie qu’il avait rendue prisonnière des évènements, le Roi finit par accepter une tentative de fuite à la suite du vote le 23 juin 1790 par l’Assemblée Constituante de la suppression de la noblesse.
L’un de ses proches, Esterhazy, en attesta ainsi que l’historien La Rochetterie dans son "Histoire de Marie-Antoinette", les confidences de la Reine étant rapportées :
« Le Roi sort de Saint-Cloud par les hauteurs en faisant forcer une petite porte condamnée. Le duc de Brissac, Esterhazy, La Suze et Tourzel sont avec lui. Il descend vers Rueil, passe le pont de Chatou et entre dans la forêt du Vésinet.
La Reine est là, en voiture, avec Madame Elisabeth et les enfants royaux. On va gagner Chantilly où les écuries de Condé fourniront des chevaux. Mais soudain, le roi s’arrête, hésite et, finalement, donne l’ordre de retourner à Saint-Cloud. »
Une fois encore, Louis XVI s’était laissé gagner par les sentiments, ayant en perspective la Fête de la Fédération qui fut un triomphe mais dont il se hâta de ne pas profiter en n'allant pas à la rencontre de ses provinces. Sa condamnation était, quant à elle, bien en route.
L'ancien Pont de Chatou, représenté par le graveur Croissillon Mariette, fut emprunté notamment par Louis XVI en juin 1790 pour se rendre dans les bois du Vésinet situés alors sur le territoire de Chatou.
Sources :
- Les élections et les cahiers de Paris en 1789, tome IV, Paris hors les Murs, par Ch-L. Chassin (1889)
- La famille royale et la Révolution, par Jules Mazé, (Hachette 1943)
Locomotive SNCF 241 P compound fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, emblème de l'association.
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27/10/2013
"QUAND L'ART DECO SEDUIT LE MONDE" SAUF CHATOU...
C'est sur l'affichage de ce bas-relief de la façade d'entrée du Théâtre des Folies Bergères réalisé par Maurice Picaud en 1928 que la Cité de l'Architecture et du Patrimoine vient de lancer au Trocadéro la plus grande exposition sur l'architecture Art Déco (1919-1940) et sur l'oeuvre de ses promoteurs français, en France et dans une partie du monde où leur pérennité a été assurée. Alors que l'Art Déco avait séduit et continue de séduire par son mobilier, on doit à cette magnifique exposition d'y étaler quantité de palettes et plans des constructions privées et publiques ayant fait la renommée de ce style resté sans succession.
L'exposition se déroule jusqu'au 17 février 2014, offrant à titre extraordinaire des séances de cinéma sur les films de l'époque dans le cadre d'un cycle "L'Art Déco à l'écran", dont un documentaire qui intéressera les membres de l'association sur un thème largement abordé pour des raisons locales "A bord du Normandie" les samedi 23 novembre 2013 et 18 janvier 2014 à 18h30.
Nous ne pouvons qu'exhorter les Catoviens à se rendre à cette exposition.
Face à une telle reconnaissance, notre association a la responsabilité, puisque c'est son objet social, de constater qu'à Chatou, l'Art Déco était peu présent mais que la municipalité a cru faire oeuvre de modernité en en condamnant méthodiquement ses rares illustrations :
* l'usine Pathé-Marconi, berceau du microsillon en 1951, érigée rue Emile Pathé sur des plans de 1929 du cabinet Wallis, Gilbert et Partners, les plus grands architectes anglais de l'Art Déco, répertoriée à l'Inventaire, détruite en novembre 2004 pour la réalisation d'une Zone d'Aménagement "Concertée" malgré une liste impressionnante d'oppositions dans le monde du cinéma, du patrimoine, de l'entreprise, de l'architecture et même de la politique
Cliché pour l'Inventaire général - J-B Vialles (1985)
Extrait du plan de Wallis, Gilbert et Partners
* l'ancien cinéma de Chatou "l'Olympia", érigé rue du Général Colin en 1925 sur les plans de l'architecte Lucien Desgrivan, condamné par le PLU voté le 9 novembre 2006 lequel autorise la construction d'un immeuble de 16 mètres de hauteur à son emplacement (PLU - zone URB / emprise au sol autorisant la constructibilité sur 100% de la superficie du terrain (art.UR.9 du règlement du PLU) / hauteur autorisée 16 mètres (art.UR.10 du règlement du PLU).
* des villas situées avenue Adrien Moisant, rue Henri Penon et rue de la Faisanderie auxquelles ont été retirées l'obligation de conservation prévue antèrieurement en dépit des dispositions ouvertes à la protection de l'article L.123-1 7 du Code de l'Urbanisme
L'Association Chatou Notre Ville, qui entend sauver et valoriser le patrimoine de Chatou, continuera à se battre pour mettre un point final à ce jeu de massacre ordonné principalement à l'aûne d'une volonté de densification et d'une indigence culturelle imputables aux seuls élus locaux, laquelle n'a invariablement pour résultat que la spéculation au profit de la dévalorisation de Chatou.
26/10/2013
EXPOSITION ROB ROY (1909-1992) AU NOUVEAU CONSERVATOIRE : DERNIERS JOURS !
Le patrimoine artistique de Chatou continue d'irriguer notre inventaire. Et pour l'association, la mise en valeur de la ville n'attend pas. Rob Roy, dessinateur illustre des courses automobiles des années vingt aux années cinquante auquel nous avions déjà consacré un article du blog, également auteur de carnets de guerre en tant que soldat, sera mis à l'honneur à compter du 3 octobre 2013 boulevard de la République à l'espace Hal Singer. Rob Roy habitait 28 rue Charles Despeaux à Chatou.
Grand Prix de l'Automobile-Club de France Montlhéry 1932 - Illustration de Rob Roy - "20 Grands Prix de l'Automobile Club de France sous le regard de Rob Roy" (HM Editions - 1995)
Nous sommes fiers qu'un hommage lui soit rendu et, ce d'autant plus que nous en avions fait la proposition le 20 décembre 2011 auprès de monsieur le maire de Chatou pour le compte de l'association avec Monsieur Hubert de la Rivière, promoteur inlassable de l'oeuvre de son père à juste titre.
Nous avons découvert l'exposition lors du vernissage le 3 octobre 2013. Deux salles y sont consacrées, l'une pour l'automobile, l'autre pour la deuxième guerre : une réussite complète, de grandes aquarelles, une ambiance et des évènements pleins les yeux. Le livre "Carnet de guerre de Rob Roy" est à lire absolument. Ce sont les mémoires de l'auteur sous l'Occupation en particulier à Chatou.
Une image sympathique du vernissage le soir du 3 octobre 2013 : de gauche à droite, on reconnaît une partie de nos administrateurs Evelyne Du Pan, Olivier Becquey (secrétaire), François Nicol (trésorier), Martine Poyer (fondatrice), Murielle Amiot, Arnaud Muller (vice-président), Hubert de la Rivière et sa famille, organisateurs de l'exposition, Annie Roekens et Monsieur Lesage, dont l'aïeul professeur de musique correspondait avec Maurice Berteaux, ministre de la Guerre et maire de Chatou (1891-1911).
Dans la partie "Seconde Guerre Mondiale" de l'exposition, de gauche à droite, Olivier Becquey (secrétaire), Evelyne du Pan, administrateurs, Alain Hamet (président de l'Amicale des 27 Résistants et Fusillés), Arnaud Muller, vice-président de Chatou Notre Ville, Lucien Ruchet (trésorier de l'Amicale des 27 Résistants et Fusillés).
Monsieur Ghislain Fournier, maire de Chatou et Monsieur Hubert de la Rivière, fils de l'artiste qui a financé et conçu cette remarquable exposition. Une page de plus au crédit de Chatou.
RETROUVEZ HUBERT DE LA RIVIERE
METTEUR EN SCENE
DE ROB ROY
POUR UNE VISITE CONFERENCE
MERCREDI 30 OCTOBRE A 11H ET 15H
SAMEDI 2 NOVEMBRE A 11H ET 15H
10/10/2013
1946 : UN EDITORIAL DE FRANCOIS MAURIAC
Le 17 mai 1946, la Cour de Justice de Versailles, juridiction d'exception, rend son verdict sur le crime commis par des Catoviens contre les 27 Résistants de Chatou, assassinés sur leur délation au château de la Pièce d’Eau par un détachement SS le 25 août 1944. Le président de la Cour, Pihier, a été l’un des magistrats instructeurs de l’affaire Prince en 1934. Graff et la veuve Toupnot sont condamnés à mort, Buchard et Apostolides sont condamnés à 15 et 8 ans de travaux forcés, la femme de Graff est condamnée à 5 ans de réclusion, Haffray à un an de prison. Tous les condamnés sont désignés à l’Indignité nationale.
La situation du pays est alors trouble. Le général de Gaulle, qui est devenu président du Gouvernement Provisoire de la République le 9 septembre 1944, a abandonné ses fonctions le 20 janvier 1946 devant le projet de reconstitution du régime de la IIIème République à peine amendé, celui-là même qui avait perdu l’autorité de l’Etat avant-guerre.
Ses partisans se désespèrent de la reprise du jeu des partis. Parmi eux, François Mauriac prend position dans un éditorial du Figaro du 18 mai 1946 intitulé « L’esprit de la Résistance » :
« Dans cette affaire sinistre de Chatou que l’on juge à Versailles, je détourne mon attention des traîtres sur les victimes. Je pense à ce chef résistant qui se dénonça lui-même à l’ennemi revenu, espérant que sa mort sauverait celle de ses camarades et qu’il paierait pour tous (le commandant Torset qui habitait 66 route de Montesson à Chatou).
A peine osons-nous aujourd’hui parler de la Résistance, comme si entre ces héros et nous s’accumulaient trop de réputations menteuses, trop de fausses gloires, comme si nous n’arrivions plus à discerner ceux d’entre eux qui se démasquèrent, le moment venu, à l’heure du plus grand péril.
Ils ont existé pourtant, et beaucoup parmi ceux qui ont vécu étaient dignes de parler en leur nom. Que s’est-il donc passé ? toutes les impostures, tous les crimes, toutes les usurpations de certains ouvriers de la dernière heure ne suffiraient pas à expliquer ce discrédit. Sans chercher les responsables d’un côté plutôt que de l’autre, reconnaissons simplement que l’esprit de la Résistance a été contaminé par la politique.
Dans un homme, pourtant, il subsiste à l’état pur. Le pèlerinage du général de Gaulle à la tombe de Clemenceau, nous avons toujours su qu’il ne dissimulait aucune pensée. C’était le geste d’un chef dont toute la politique, depuis qu’il s’est éloigné du pouvoir, tient dans la conscience qu’il a d’incarner cet esprit auquel tant de Français sont devenus infidèles et que la surenchère des partis a disqualifiée. Aucune autre ambition en lui que de rester fidèle pour nous tous : il demeure au milieu de nous, et il n’est pas nécessaire que sa voix s’élève pour que nous nous souvenions de quel esprit nous sommes.
Son pouvoir véritable ne dépend pas de la place qu’il occupe. Les Français dont la faute essentielle, dont l’unique faute fut de désespérer de la France à l’heure de son plus grand abaissement, et par des propos partout répandus, d’accabler leur mère humiliée, sont jugés, qu’ils le veuillent ou non, par ce Chef solitaire, assis à l’écart et qui n’est plus rien dans l’Etat.
Mais c’est de lui que la lumière émane : s’il occupait de nouveau la première place, il n’en recevrait aucun surcroît. Pas plus ses adversaires que lui-même, personne ne peut faire qu’il n’incarne toujours, partout où il se trouve, la même fidélité…et aussi le même désintéressement : je me souviens, au moment de la délivrance, comme notre Secrétaire perpétuel l’avait fait pressentir pour qu’il acceptât de siéger à l’Académie, il fit répondre qu’il ne voulait recevoir aucune récompense de la patrie avant d’avoir accompli sa mission : il ne croyait pas qu’il eût encore fait assez.
Tant qu’il sera là, les victimes des collaborateurs de Chatou et tous ceux qui ont combattu le même combat auront au milieu de nous un répondant : grâce à lui, nous conserverons leur mémoire, et nous serons forcés de réveiller les souvenirs chez ceux qui oublient , et dont c’est l’intérêt d’oublier…
A l’heure des ténèbres, eux qui n’ont pas été fidèles, ils auront beau feindre de l’avoir été, cet homme les rappellera par sa seule présence au sentiment de leur misère, de cette misère qui nous est commune, bien sûr, et à laquelle, comme le rappelait le général de Gaulle lui-même au lendemain de la Libération, nous avons presque tous plus ou moins participé.
Il ne dépend de personne que chacune de nos vies n’ait pris, durant ces quatre années où la marée allemande nous a recouverts, comme une coloration qu’elle ne perdra plus.
Ces quatre années continuent de nous juger, ou plutôt, elles nous ont déjà jugés : elles ont fait remonter du plus secret des coeurs , elles ont fait apparaître en pleine lumière ce qui était caché, le meilleur, le médiocre et le pire. Nous nous débattons en vain : nous avons tous au front désormais une marque, un signe, une note que le destin nous a donnée, qu’aucune complaisance n’effacera et que nous emporterons dans la mort."
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09/10/2013
GEORGES MANDEL : PREMIERE NOMINATION AU GOUVERNEMENT LE 8 NOVEMBRE 1934
La chronique de François de Roux lors de la première nomination de Georges Mandel à un poste ministériel
« Les registres de l’état-civil indiquent que Monsieur Mandel est venu au monde à Chatou, le 5 juin 1885. Il ne faut pas trop se fier aux registres de l’état-civil. En réalité, Monsieur Mandel est né le jour où il collabora pour la première fois avec Monsieur Clemenceau. C’est sa venue au monde politique qui lui donna la vie.
La première rencontre de Monsieur Mandel et du Tigre date d’il y a prés de trente ans. Monsieur Mandel, qui était passé par le lycée et la faculté de droit, venait d’achever sa deuxième année à l’Ecole des Sciences…politiques, naturellement. Il était alors très maigre. Il avait un nez pointu. Il ressemblait à un rat. A vingt ans, il était comme à cinquante. Physiquement, Monsieur Mandel n’a pas changé.
Le jeune licencié en droit avait une ambition…provisoire. Il voulait faire partie de l’équipe de Clemenceau. Il ne voulait que cela : mais il le voulait bien. Clemenceau n’était pas commode à aborder. Muni de plusieurs lettres de recommandation, Monsieur Mandel avait tenté en vain, plusieurs fois, de se faire écouter par le directeur de l’Aurore. Déjà tenace, il ne se décourageait pas. Et le jour où il réussit, Clemenceau était de fort mauvaise humeur.
Le chapeau sur l’oreille, il quittait, un soir, le soir pour aller dîner, lorsque Mandel parvînt, on ne sait comment, à s’agripper à lui. Clemenceau rentra dans son bureau avec le jeune gringalet.
Les collaborateurs pensèrent que le Tigre atterré ne ferait qu’une bouchée de sa maigre proie. Pas du tout. Après un quart d’heure, la porte s’ouvrit et l’on vit Clemenceau souriant apparaître aux côtés de Mandel, souriant aussi. Les deux hommes se dirigèrent vers la salle de rédaction.
- Messieurs, dit Clemenceau, je vous présente un nouveau collaborateur, Monsieur Mandel qui rédigera désormais le bulletin quotidien de politique étrangère…Monsieur Mandel ne connaît absolument rien à la politique étrangère. C’est ce qui m’a décidé à l’engager. Je suis sûr ainsi qu’il n’apportera dans son travail ni préjugés ni parti pris.
La fortune, pour la première fois, souriait à Monsieur Mandel. Clemenceau apprécia tout de suite ce garçon merveilleusement renseigné sur tout ce qui touchait au Parlement et à ses coulisses, et qui avait la politique dans le sang. A la faveur de ces rares qualités, il lui arrivait de ne pas très bien écrire le français. Une fois, cependant, il le fit appeler et lui dit :
- Mandel, vos articles ne sont pas plus bêtes que d’autres : mais ils sont mal rédigés. Désormais, pour chaque phrase, vous êtes autorisé à user, d’un sujet, d’un verbe, d’un complément direct…direct, vous m’entendez…Quand vous tiendrez absolument à mettre un complément indirect, vous viendrez me demander l’autorisation.
Monsieur Mandel n’a jamais été un grand journaliste. Mais il fut un chef de cabinet extraordinaire, de 1917 à 1919. Il entreprit, dés ce moment-là, de se faire des ennemis un peu partout. C’est la tactique qu’il a toujours suivie, et qui lui a toujours réussi…
Au cabinet de Clemenceau, Mandel put exercer, en fait, une fonction qu’il aime entre toutes et qu’il n’est pas encore arrivé à rattraper depuis quinze ans qu’il l’a perdue…Il fut le véritable ministre de l’Intérieur.
A la place Beauvau régnait alors mais ne gouvernait pas, un vieux monsieur riche et courtois, qui, sur l’ordre de Clemenceau, s’était cinq ans auparavant, présenté à la Présidence de la République contre Poincaré, et avait échoué. On l’appelait Monsieur Pams.
Tout au début de leur collaboration, Mandel allait presque quotidiennement au Ministère de l’Intérieur, indiquer au ministre ce qu’il devait faire. C’est même au cours d’une de ces visites qu’il découvrit que le bureau du sous-secrétaire d’Etat avait été déménagé et transporté dans la cave, en prévision des raids de gothas.
Monsieur Mandel fit promptement remonter au deuxième étage le courageux sous-ministre, qui, devant la colère du délégué du « patron », ne savait plus où se mettre.
Par la suite, Monsieur Mandel ne quitta plus son bureau de la rue Saint-Dominique. Monsieur Pams se dérangeait et venait lui-même aux ordres.
La guerre achevée, comme il était difficile de prolonger indéfiniment la Chambre de la Victoire, on fixa au 16 novembre 1919 la date des élections. Monsieur Mandel était tout-puissant.
Il se présenta en Gironde à la tête d’une liste qui, seule dans la France entière, eut le droit de s’étiqueter « clemenciste ». Ce mot nouveau servait à double fin : c’était à la fois une recommandation et une opinion politique. Monsieur Mandel entra au Parlement en triomphateur.
Cependant, Clemenceau qui avait conservé le pouvoir avait vu, avec regret, Mandel quitter son cabinet, Mandel qui lui rendait de si grands services et des plus variés.
On raconte, qu’au moment de l’Armistice, chaque fois que Clemenceau sortait du ministère, il trouvait dans la cour une délégation « de quelque chose », précédée d’une petite fille qui tenait à la main un bouquet et de l’autre un compliment écrit.
Clemenceau, excédé, avait fini par trouver un truc excellent. En passant, il disait : « je n’ai pas une minute mais Mandel est un autre moi-même. Dites-lui le compliment et donnez-lui les fleurs. Il embrassera à ma place cette charmante enfant.
A la Chambre, Mandel tenta par de savantes combinaisons, de faire entrer son grand patron à l’Elysée. On sait qu’il ne réussit pas. Pendant toute la législature, il perdit son temps en manœuvres inutiles. Il faisait alors partie d’un petit groupe, se réclamant de Clemenceau, qui comptait notamment parmi ses membres André Tardieu et Loucheur.
Ces messieurs désiraient le pouvoir, le pouvoir intégral. Loucheur lâcha le premier pour entrer comme ministre des Régions Libérées dans un cabinet Briand. Ca, c’était naturel. Ce qui l’était moins, c’était l’obstination de Mandel…Elle a fini par céder après quatorze ans.
De méchantes langues assurent qu'elle aurait cédé beaucoup plus tôt si un président du Conseil avait eu l’idée, avant Monsieur Flandin, d’offrir le moindre maroquin à Monsieur Mandel. L’offre tardive du ministère des PTT lui a permis de rester toujours fidèle à son chef.
Vivant, Clemenceau eût certainement pris de travers la collaboration avec Flandin. Mort, il ne pouvait même pas empêcher Mandel de déposer une gerbe sur le monument des Champs-Elysées avant d’assister à son premier Conseil.
Voici donc Monsieur Mandel à la tête d’une administration qui compte deux cent mille agents et qui dispose du Central Télégraphique, du Central Téléphonique et de la radio…La radio française est en piteux état. On attend, depuis quinze jours déjà, que Monsieur Mandel veuille bien s’occuper d’entreprendre une réorganisation. Il y a la une tâche urgente et nécessaire, plus importante que les petits jeux parlementaires.
On attend aussi Monsieur Mandel à la première grêve des postiers. Lui, il attend autre chose. Il attend le ministère de l’Intérieur…Et il pense que rien ne presse puisque Clemenceau lui-même n’est devenu pour la première fois le premier des flics qu’à soixante ans passés."
« Voilà » - 1er décembre 1934
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24/09/2013
JOURNEES DU PATRIMOINE 2013 DANS L'ILE DE CHATOU
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la photo ci-dessus ne montre pas une embuscade au temps de la Prohibition mais le stand de Chatou Notre Ville aux Journées du Patrimoine sur le site Fournaise le dimanche 15 septembre 2013 : journée agréable et riche par les rencontres entre passionnés, journée mémorable étalant l'édition patrimoniale enrichie par divers ouvrages catoviens :
"Haut-lieu de l'impressionnisme à Chatou, la maison de Monsieur Fournaise" des Amis de la Maison Fournaise, l'histoire de la maison Fournaise, celle du combat pour sa sauvegarde suivie des différentes phases de sa restauration, une affaire de 40 ans qui vient rappeler que la conservation du patrimoine suscite beaucoup d'intérêt dans le monde associatif et artistique mais non forcément chez ceux qui sont censés la représenter au sein des institutions. Comme tout projet au rayonnement international, il a commencé par être enterré par les pouvoirs publics. Ce livre très bien présenté et instructif est le témoignage d'une oeuvre considérable qui a changé l'image de Chatou. Un livre pour l'histoire.
Les Carnets de Pierre Rannaud (1927-2011) par la famille du peintre, un album souvenir des toiles d'un grand maître contemporain de la peinture de Chatou, des pages de tableaux qui ont illustré le patrimoine de notre région et nous renvoient au charme et à la poésie qui habitaient l'auteur.
ET TOUJOURS LES EDITIONS HISTORIQUES
DE CHATOU NOTRE VILLE
"Chatou, une page de gloire dans l'industrie", un ouvrage pour garder en mémoire que l'histoire industrielle de Chatou représente un patrimoine unique dans la culture du XXème siècle. Contrairement à la Maison Fournaise, l'usine Art Déco Pathé-Marconi a été rasée sur les instances municipales (2004).
Les deux revues sur Chatou dans l'industrie maritime
Une image de "Chatou dans l'industrie maritime", "complément d'enquête" : "Léviathan" entrant dans le port de New-York en 1923.
"Chatou, de Louis-Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878", le Second Empire, les villas, la politique, la guerre Franco-Prussienne, l'indépendance du Vésinet, la création de la tête de la Girafe
"Mémoire en Images, Chatou": l'ancien Chatou tel que l'ont connu Renoir, Vlaminck et Derain et les Catoviens jusqu'à la Rénovation (1966) - plus de 2000 exemplaires vendus
Les revues "Chatou 1814-1830" et "Chatou 1830-1848"
"Les Voix de la Guerre", coffret audio de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, voix des personnages historiques et témoignages d'habitants de Chatou et de la région, un "film audio" sans équivalent.
Ajoutons que cette journée sur le site Fournaise miraculeusement épargnée par les intempéries a permis à l'association Art et Chiffons de dévoiler la galerie des costumes qu'elle confectionne chaque année et qui lui permet d'animer des reconstitutions un peu partout en France du Second Empire à la Belle Epoque.
Cette initiative magnifique qui donne tout son attrait aux manifestations des bords de Seine de Chatou est due à la présidente de l'association, Madame Daniélou, catovienne, à qui l'on souhaite ainsi qu'à tous ses membres qui honorent la vie culturelle de notre commune, de rencontrer un producteur de télévision ou de cinéma.
Le sourire d'une canotière bien connue de Chatou Notre Ville, Madame Suzanne Blache, secrétaire-adjointe de l'association et bienfaitrice, qui a, une fois de plus, accompagné cette journée aux côtés de Véronique Pecheraux, administrateur, et Olivier Becquey, secrétaire.
Publié dans - ASSOCIATIONS AMIES, EDITIONS HISTORIQUES - ACTUALITES | 23:48 | Commentaires (0) | Lien permanent
16/09/2013
SOUVENIR DE LA CEREMONIE DE LA LIBERATION DU 8 SEPTEMBRE 2013
Le 8 septembre 2013, la cérémonie de la Libération à Chatou à laquelle étaient présents notamment Monsieur Jonemann, maire du Vésinet et Madame Politis, maire-adjointe à la Culture du Vésinet, se déroulait en plusieurs étapes dont certaines ont fait l'objet du présent reportage de Madame Véronique Pecheraux, administratrice de l'association : dans le jardin de l'hôtel de ville, avenue des 27 Martyrs et au château de la Pièce d'Eau, lieu du massacre des 27 Martyrs, dont les portes ont été comme chaque année aimablement ouvertes par ses propriétaires. L'Harmonie du Vésinet accompagnait le cortège ainsi que des petites scoutes d'Europe.
A l'extrême-droite, Monsieur Gabriel Lenoir, catovien depuis 1953, médaillé de la Libération de Paris, témoin du coffret audio "Les Voix de la Guerre 1939-1945" produit par l'association.
On remarque vers la gauche médaillés André Le Lan et Jean-Claude Issenchmitt, présidents respectifs des sections locales de la Légion d'Honneur et du Souvenir Français.
Villa Lambert, à l'approche du château de la Pièce d'Eau
Recueillement sur les lieux du massacre au château de la Pièce d'Eau
Alain Hamet, président de l'Amicale des 27, petit-fils du commandant Torset assassiné par les S.S sur dénonciation locale avec 26 autres Résistants. Discours au château de la Pièce d'Eau.
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11/09/2013
JOURNEE DU PATRIMOINE DIMANCHE 15 SEPTEMBRE 2013
L'association sera heureuse de vous retrouver
pour les Journées du Patrimoine
au stand qui lui est réservé
sur le site de la Maison Fournaise
DIMANCHE 15 SEPTEMBRE 2013
de 10h00 à 18h00
Publié dans * MANIFESTATIONS HISTORIQUES | 08:02 | Commentaires (0) | Lien permanent
09/09/2013
LE CARNET DIPLOMATIQUE DE L'ASSOCIATION
L'Association Chatou Notre Ville, l'Amicale des 27 Résistants, FFI et Fusillés de Chatou et l'ensemble des associations d'anciens combattants de Chatou adressent leurs plus vives félicitations à Monsieur Le Lieutenant-Colonel Ilchenko (à l'extrême-gauche sur la photo rencontré par la délégation de Chatou sous l'Arc de Triomphe lors de la cérémonie du 25 août 2013 de ravivage de la flamme en hommage aux 27 Martyrs de Chatou) pour son élévation au grade de lieutenant-colonel de l'armée russe dans le cadre de ses fonctions d'attaché militaire.
Elles expriment leur reconnaissance pour sa présence en qualité à l'époque de commandant attaché militaire pour l'ambassade de la Fédération de Russie le 25 mai 2013 à la projection du film "Normandie Niemen" au cinéma de Chatou organisée par l'association en hommage à l'acteur catovien Pierre Trabaud et forment un voeu pour la réalisation d'une carrière heureuse et méritée. Cliché - remerciements Mme Ratel.