1804

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/08/2012

LE FILM "HORIZONS SANS FIN"

HORIZONS SANS FIN 1.jpg

La Première Guerre Mondiale, dans sa tragédie, occupa les femmes et les libéra du couvre-feu napoléonien. Au lendemain de l'Armistice, nombreuses furent celles qui s'engagèrent dans tous les sports, en particulier les plus périlleux, les sports mécaniques. Dans l'aviation, Adrienne Bolland, Maryse Hilsz, Maryse Bastié, tinrent le haut du pavé.

Vint Hélène Boucher. Vendeuse dans un magasin de chapeaux des Champs-Elysées, elle y rencontra le pilote René Gaudin, titulaire du record de vitesse mondial. Ce dernier l'engagea à venir s'entraîner à l'aérodrome de Guyancourt. Un nouveau chapitre de l'aviation s'ouvrit.

L'histoire vraie d'Hélène Boucher (1908-1934), pilote à 23 ans, a été relayée par un film de Jean Dréville (futur réalisateur de "Normandie-Niemen" en 1959) : "Horizons sans fin" de 1954, dans lequel apparaît l'acteur catovien Pierre Trabaud dans le rôle de Pierre Castel.

Né le 7 août 1922 rue du Val Fleuri, Pierre Trabaud (1922-2005) fut employé par Jean Dréville aux côtés de l'héroïne du film, la séduisante Giselle Pascal (illustration ci-dessus), de Jean Chevrier dans le rôle de Danet, l'ingénieur en chef de Caudron-Renault, et René Blancart, dans le rôle de Gaudin.

HORIZONS SANS FIN 2.jpg

Notre association s'est fixé comme objectif d'aboutir à la projection de films avec Pierre Trabaud. L'encouragement municipal ne fait pas défaut mais pouvoir disposer d'un exemplaire original de ses films pour une projection en format 35 mm ou DCP demeure un problème non résolu. Ce qui est fort dommage car Pierre Trabaud mériterait un festival et un nom de rue à Chatou, sa ville natale.  

03/08/2012

L'ACCIDENT DU BATEAU-LAVOIR

BATEAU LAVOIR 1.jpg

A son évocation, le bateau-lavoir de Chatou émet le parfum du pittoresque trempé dans le labeur des générations passées. Sa carrière, qui prit fin en 1922, connut les inondations de 1910 au cours desquelles il dériva et s'échoua (ci-dessous).

Situé derrière l'église, il fut la proie d'un autre sinistre, dont le caractère dramatique fut évité grâce à l'héroïsme  de quelques-uns.

BATEAU LAVOIR 2.jpg

Le 30 juillet 1912, le docteur Rochefort, maire de Chatou, donna communication en séance du conseil municipal d’un rapport qui venait de lui parvenir :

« Monsieur le Maire,

J’ai l’honneur de vous rendre compte qu’aujourd’hui à 3 heures, 4 heures du soir, la foudre accompagnée d’une violente tempête de vent est tombée non loin de la Seine à Chatou du bateau-lavoir de Monsieur Duchemin. Le remou violent qui s’est produit a provoqué la rupture de l’amarre arrière et le bateau est parti à la dérive.

Affolées par la violence de la tempête et par les châssis qui se détachaient de la toiture , les laveuses se sont jetées à l’eau au nombre d’une vingtaine.

Plusieurs ouvriers travaillant sur le quai en face et voyant toutes ces femmes en danger, se jetèrent à l’eau et parvinrent à les sauver toutes saines et sauves. Ce sont Messieurs  Bouet Pierre, 41 ans, maçon, demeurant quai Ganzin n°14 à Bougival, Lecouflé Léon, 40 ans, maçon, demeurant 86 rue de Versailles à Bougival, Michel Jean-Baptiste, 39 ans, maçon, demeurant 48 rue Biesta à Bougival, Beze Raymond, 16 ans et demi, garçon maçon demeurant 6 Quai Rennequin Sualem à Bougival, Nobis Louis, 35 ans, ouvrier métallurgiste demeurant 8 Quai de Seine à Chatou.

Dans cette circonstance, je crois devoir attirer votre attention, Monsieur le Maire, sur l’acte de courage et de dévouement accompli par ces courageux citoyens dont plusieurs ont déjà accompli des actes analogues.

Le brigadier de police

Bourgeois »

Le conseil municipal adressa ses félicitations aux sauveteurs.

 

Source :

Registre des délibérations du conseil municipal - Archives Municipales de Chatou

 

25/07/2012

LE CRIME DE L'AVENUE D'EPREMESNIL

A l’époque où le crime ne revêtait pas la banalité d’aujourd’hui, Chatou fut le théâtre d'un assassinat resté célèbre par le couple Fenayrou.

SITE FENAYRON ASSASSINS.jpg
En haut, le pharmacien Auber, assassiné, en-dessous, le couple Fenayrou en première page du "Journal Illustré"

 

 

"M. Aubert était un brave garçon, laborieux, intelligent, qui , grâce à ses efforts persévérants avait relevé une pharmacie qui était presque sans clientèle au moment où il l’avait achetée.

Il se trouvait dans une situation satisfaisante et désirait se marier. Aussi tenait-il à en finir avec une liaison que probablement il n’avait point provoquée. ; mais la jalousie de Madame Fenayrou n’a joué aucun rôle dans le crime. Cette odieuse créature est arrivée peu à peu à faire les aveux les plus complets. Elle a raconté la scène du meurtre telle qu’elle s’est produite. Son mari, son beau-frère et elle avaient dîné au restaurant du Père Lathuile, un dîner qui a coûté 45 francs.

Après le dîner , Fenayrou et l’ouvrier tabletier partirent pour Chatou par le train de 7 heures. Elle, elle attendit Aubert, comme on sait, après être entrée une demi-heure à l’Eglise Saint-Louis d’Antin. Aubert hésitait à raccompagner Madame Fenayrou, et il fallut tout le charme qu’elle exerçait sur lui pour le décider à la suivre.

Tout était si bien préparé pour le crime que, la veille, elle était allée à Chatou, et , entre autres objets, avait apporté une serviette, qu’elle avait déchirée en deux pour servir de baillon à son amant.

Aubert entra dans la maison, tenant une alllumette-bougie. Dans la première pièce, il n’y avait personne. Mais, dans le salon, Fenayrou et son frère l’attendaient. Ils voulurent lui faire signer des billets pour une certaine somme. Aubert refusa. C’est alors qu’il reçut le coup de marteau.Madame Fenayrou dit qu’elle n’a pas assisté aux tortures que les assassins ont fait subir à Aubert. Ces tortures, affirment-elles, ont duré trois quarts d’heure !

Un détail épouvantable a été donné par elle. Lorsque les forces du malheureux pharmacien s’épuisaient, les meurtriers lui faisaient prendre un cordial, afin de ranimer un moment ses forces et de le faire souffrir d’avantage. L’infortuné Aubert avait longtemps hésité à la gare Saint-Lazare au moment de prendre les billets : « je l’ai tant cajolé, a répété la Fenayrou au juge d’instruction, que je l’ai forcé à me suivre. »

On s’est demandé ce qui se serait passé si Aubert avait signé les billets. Evidemment, il eût été assassiné quand même ; les précautions prises en sont la preuve. Les criminels ne se seraient pas exposés à une dénonciation. »"

 

SITE FENAYRON.jpg

 

Gravure du Journal Illustré par Henri Meyer - 25 juin 1882 : la maison du crime 4 avenue d'Eprémesnil. En bas à gauche, les assassins jettent le cadavre du pharmacien Aubert dans la Seine du haut de l'ancien pont routier de Chatou

 

Source : Le Journal Illustré - 25 juin 1882

19/07/2012

MICHELE ARNAUD (1919-1998)

 MICHELE ARNAUD 1.jpg

Michèle Arnaud (1919-1998) débuta sa carrière comme chanteuse de cabaret en 1952 spécialisée dans les chansons à texte et fit de son guitariste un homme célèbre : Serge Gainsbourg. Mais devint surtout une productrice du petit écran pour le compte duquel elle réalisa notamment « Chez vous ce soir » en 1959, « Les raisins verts » en 1963, « Le music-hall de France » en 1964, « Anna », la première comédie musicale à la télévision par Serge Gainsbourg en 1967. Elle employa Michel Drucker à ses débuts et passe encore aujourd’hui pour un cerveau de la production télévisuelle. Sa discographie se trouve chez EMI mais son cœur a battu pour ? on vous le demande : pour  sa villa de Chatou et son vaste jardin. Elle y  bénéficiait d’une piscine et y pratiquait la course à pied le matin. Cinémonde nous a livré d’autres détails sur sa vie d’artiste et productrice : après une tasse de thé de chine fumé, elle partait en début d’après-midi  à Paris à ses cours de chant ou répétait à son domicile avec son pianiste puis en fin de journée se rendait au cabaret de son mari, au « Milord L’Arsouille », où elle assurait un tour de chant jusqu’à deux heures du matin.

La photo nous présente la charmante productrice et chanteuse derrière un arbre centenaire de sa propriété de Chatou, laquelle existe toujours, et au loin, son élégante voiture dotée de pneus à flancs blancs (de la marque française Salmson (1913-1962) ? une 2300 S de 1953 ?). Le cliché de la maison de Chatou date de 1959. Nous ne pouvions vous l’épargner. Avec Jean-Marie Drot, pionnier des émissions culturelles et metteur en scène d'un dialogue avec André Malraux dont le témoignage a été conservé pour l'histoire, Michèle Arnaud fait partie des références de l'audiovisuel ayant élu domicile à Chatou.  

 

Trouver un disque de Michèle Arnaud : aller à gauche sur la page d'accueil du blog sur "liens conseillés : Site de vente d'ILD - La mémoire du disque"

 

 

Sources :

Cinémonde 12 mars 1959

Wikipedia : Michèle Arnaud

 

11/07/2012

UNE HISTOIRE MECONNUE

SARTROUVILLE.jpg

Sartrouville, commune un peu éloignée mais associée à Chatou par la CCBS, est le dépositaire d'une histoire importante : une église du XIème siècle, une maison sur les bords de Seine ayant abrité Maupassant qui y écrivit l'un de ses romans, une aventure aéronautique pionnière.

Fait qu'on ignore peut-être : l'aventure maritime y a également eu sa place. Le navigateur Alain Gerbault (1893-1941), qui avait réalisé à bord du "Firecrest" la première traversée de l'Atlantique en solitaire en 1923, puis traversé en solitaire le Pacifique Sud en 1929, était l'auteur de plusieurs ouvrages évoquant ses exploits. Son succès en tant qu'auteur lui permit de projeter de nouveaux voyages, non sans envisager la construction d'un voilier en remplacement du "Firecrest". La proue de ce bateau apparaît sur le cliché en présence d'Alain Gerbault situé à l'extrême gauche. Nous sommes le jour du lancement  de "Blanche Fille du Soleil" en juin 1931 aux chantiers de Sartrouville, auxquels a été confiée la construction du voilier. Le ministre de la Marine Marchande, Monsieur de Chappedelaine, assiste à l'évènement. Alain Gerbault était le navigateur le plus célèbre du moment en Europe. C'est à bord de ce navire qu'il parcourut la Polynésie en solitaire et y finit ses jours prématurément.

 

Source : Le Miroir du Monde 13 juin 1931 - n°67

10/07/2012

CHATOU SOUS LA BOTTE ALLEMANDE 1940-1942

Située en zone occupée, Chatou dut accueillir une Kommandantur provisoire 20 avenue des Tilleuls en juin 1940. Celle-ci déménagea au 18 boulevard des Etats-Unis au Vésinet en novembre de la même année. Cette situation perdura jusqu'au 27 août 1942, date à laquelle une Kommandantur fut de nouveau instituée à Chatou, cette fois-ci au 26 rue des Ecoles. 

Dés le début de l'Occupation, un agent de liaison entre la municipalité et la Kommandantur avait été désigné, Monsieur Emile Fieg, "rendu responsable des relations avec les employés de la mairie concernant le ravitaillement de la population civile" avec le titre de "commissaire de sûreté."

En août 1942, les troupes allemandes firent main basse sur l’école des filles du groupe scolaire Jules Ferry rue Léon Barbier. L’école continuant pour les élèves, la classe de filles fut transférée pour moitié au groupe Paul Bert et pour l’autre dans des propriétés réquisitionnées route de Carrières. Quant à la maternelle Jules Ferry, elle fut provisoirement jointe à la maternelle Paul Bert. En avril 1943, l’Inspecteur d’Académie ordonna que l’école des garçons du groupe Jules Ferry soit évacuée « en raison de sa proximité des usines Pathé » (bombardements)…

2ce628c9d9e1478f157d73dc81078b8b.gif
L'école Jules Ferry sortie de terre en 1933 sous les auspices du maire Léon Barbier avec au premier plan le bâtiment des garçons. L'école abrita les troupes allemandes à partir d'août 1942.
 

Dans un ordre du 24 septembre 1940, il fut précisé au maire de Chatou que le Grand Café de la Gare (occupé aujourd'hui par une blanchisserie) obtenait de rester ouvert "jusqu'à une heure du matin pour les soldats allemands seulement." Le cinéma "L'Olympia" fut lui aussi réservé  aux soldats allemands, les mardi, jeudi et dimanche.

Un autre ordre de la Kommandantur du 26 septembre 1940 fut adressé à la mairie de Chatou : la commune devait fournir aux troupes allemandes  300 tonnes de coke, 200 tonnes de charbon et 220 mètres cubes de bois à compter d'octobre 1940, le sixième de cette commande devant être fourni immédiatement.

Le 24 octobre 1940, la Kommandantur avisa les mairies de Chatou, Croissy, Le Vésinet, Montesson, Carrières que selon une ordonnance du 27 septembre 1940 pour les territoires occupés, "chaque juif" devait se présenter aux sous-préfets avant le 20 octobre 1940. Avant cette date, les commerces juifs devaient être "signalés en langue allemande et française". "On avisera pour les mesures contre les juifs, citoyens des Etats-Unis."

Un inventaire du parc automobile de la commune fut également réalisé par l'occupant le 15 mars 1941 : on dénombrait environ 460 véhicules, de 4 CV à 23 CV dont 1 Voisin de 17 Cv, 3 Ford de 21 Cv, 3 Hotchkiss de 17 Cv, 1 Mercedes de 20 Cv, 1 Rolls-Royce de 17 Cv, 1 Delage de 23 Cv, 1 Buick de 22 Cv, 1 Renault de 21 Cv, 1 Chenard-Walcker de 21 Cv, 2 Matford de 21 Cv, 1 Renault de 23 Cv, 1 Chevrolet de 18 Cv, 1 Delahaye de 18  Cv, 1 Peugeot de 22 Cv, autant de signes extèrieurs de richesse de la bourgeoisie d'affaires venue s'installer à Chatou ou  de véhicules utilitaires d'entrepreneurs industrieux de la ville.

Avant la guerre, Chatou abritait 556  voitures et 68  camions (pour une population de plus de 11.000 habitants).

La Kommandantur ayant exigé le 9 octobre 1940 la liste des pillages identifiés comme ayant été commis par des civils français, une liste de 10 actes de pillage lui fut envoyée le 17 octobre recensant notamment des vols au tabac du 24 rue du Pont, au magasin Félix Potin 1 rue du docteur Rochefort, au magasin des 5 et 7 rue du docteur Rochefort, à une épicerie du 81 route de Carrières, une coopérative 68 route des Landes...

On note également que la Kommandantur se plaignait d'actes de sabotage continuels sur ses véhicules stationnés à Chatou, Croissy, Le Vésinet. Le 15 octobre 1940, elle exigea le couvre-feu à 21 heures pour tous les habitants, la création de postes sans appartenance à la police dans chaque commune responsables des nouveaux actes de sabotage  et dont les agents seraient reconnaissables à leur brassard "estampillé par la Kommandantur".

Le 17 décembre 1940, la Kommandantur du Vésinet interdit d'envoyer les paquets de Noël en zone libre.

Enfin, l'état des cultures à Chatou dut être également inventorié. Le 19 février 1941, celui-ci se dressait comme suit: 40 ares de terres en friche, 260 hectares de terres cultivées dont 90 hectares de jardins, 20 hectares de pâturage, 25 hectares de terrains irrigués.

Le 17 avril 1941, il fut interdit de jouer et chanter la Marseillaise.

Le 24 juillet 1941, lors d'une réunion des maires de la Boucle organisée par l'occupant, le "Kreiskommandant" indiqua que les aviateurs anglais laissant tomber des tracts et des plaquettes incendiaires, les tracts devaient être remis au maire qui devait les communiquer à la Kommandantur. Toute personne en possession d'un tract serait punie. 

(Source : archives municipales)

04/07/2012

QUI CONNAIT LE PROJET DU GRAND PARIS ?

VIGO.jpg

Projet d’une "cité du gouvernement" franchissant la Seine depuis l’Etoile, jusque « dans la Presqu’Ile du Vésinet » (on distingue le bras de Seine). Le projet comporterait le nouvel Elysée, les Chambres, les Ministères, le Conseil d’Etat et la Cour des Comptes, des habitations pour les ministres et hauts fonctionnaires, une cité moderne pour les employés, des aéroports civils et militaires avec des dispositifs de défenses contre les avions spécialement étudiés.

Ce projet répond à l’étude d’une « Voie triomphale Etoile-Saint-Germain » « au nom de l’axe du futur Grand Paris ». Il a été présenté par Madame Monique Vago, architecte et publié le … 4 avril 1936 (source : Le Miroir du Monde – Pâques 1936).

02/07/2012

LE PATRIMOINE DE CHATOU : OU EN EST-ON ?

Notre association a mené depuis sa fondation divers combats en faveur du patrimoine architectural de la ville :

- depuis 1999 en faveur de la restauration du Nymphée de Soufflot et de son ouverture au public,

- de 2000 à 2004 contre la démolition intégrale de l'usine Pathé-Marconi, berceau du microsillon et édifice art déco répertorié par l'Inventaire,

 - entre 2002 et 2006 contre les deux projets de Plan Local d'Urbanisme (PLU) qui se sont succédé. Seul le naufrage du premier a été obtenu. Y figuraient notamment comme aujourd'hui le retrait de l'obligation de conservation des villas anciennes de Chatou au profit d'un seul inventaire restreint, sans réelle valeur juridique, ainsi qu'une extension de la construction autorisée sur des terrains patrimoniaux comme celui des services municipaux.

Il n'en demeure pas moins que depuis 2008, deux actions municipales sont à noter en faveur du patrimoine de Chatou, alors que rien n'avait été entrepris depuis l'achèvement de la restauration de la maison Fournaise en 1992 : ceux-ci concernent la villa des services techniques 6 rue Camille Périer, dont l'un des pans de façade vient d'être ravalé et la verrière remplacée, et en 2010, l'église Notre-Dame, objet d'un ravalement et d'une réfection de toiture. L'église représente plusieurs époques de l'ancien Chatou (clocher du XIIème, nef de 1872, façade de 1880) et tranche avantageusement avec la rénovation de Chatou qui a conclu la pèriode de destruction massive entre 1966 et 1980.

 

EGLISE FACADE RUE.jpg

façade sur rue de l'église Notre-Dame le jour de l'inauguration après les travaux

 

La villa des services techniques s'inscrit dans le style néo-gothique en briques et pierre de taille à la mode lors de sa construction vers 1881. Si l'on ignore son architecte, à une époque où deux architectes étaient alors particulièrement sollicités dans la commune pour des constructions de maisons de maître, Alfred Gaultier et Eugène Bardon, son premier propriétaire et constructeur semble avoir été Monsieur Carlos de Ezacquire de Bayonne. Sa veuve née de Prado y Lagueranra s'y maintînt jusqu'en 1900 (plan cadastral de 1885 : n°653). L'acquisition de la villa par la commune a été faite par la municipalité de Jacques Catinat le 27 février 1973.

On peut saluer l'initiative de s'attaquer à l'état dégradé de cette maison, l'un des plus belles de Chatou dont les fissures apparentes sont sans doute moins le témoin des méfaits d'une occupation surchargée que d'une circulation très intense sur la voie riveraine de la rue Camille Périer conjuguée à des problèmes de sécheresse. Il faut espérer que cet investissement sera poursuivi afin de pérenniser le legs aux générations futures des richesses architecturales de Chatou. 

 

 

BAT SERV TECH 1.jpg

 BAT SERV TECHN 5.jpg

façade sur cour de la villa des services techniques rue Camille Périer 

 

29/06/2012

UN DECORATEUR CATOVIEN DANS LES EXPOSITIONS UNIVERSELLES : HENRY PENON

 PENON PROMENOIR.jpg

 

Une image nocturne de l'Exposition Universelle de 1867 : "le promenoir", aux abords des cafés et lieux de restauration.

 

PENON ISTHME DE SUEZ.jpg

 

A l'Exposition Universelle de Paris de 1867, le pavillon de l'Isthme de Suez abritant d'importantes maquettes et tableaux des travaux entrepris. 

 

PENON CAFE RUSSE.jpg

Le café russe à l'Exposition Universelle de Paris de 1867 

PENON ASCENSEURS.jpg

Les ascenseurs exposés par Monsieur Léon Edoux à l'Exposition Universelle de Paris de 1867

PENON GRAVURE SUR VERRE.jpg

Un atelier de gravure sur verre à l'Exposition Universelle de Paris de 1867

PENON NAPOLEON.jpg

A la demande de Napoléon III, la classe 94 était l'exposition réservée aux créations des ouvriers eux-mêmes représentés par 320 exposants. L'Empereur y récolta des applaudissements aprés y avoir fait une visite le 21 octobre 1867 au cours de laquelle il acheta divers objets et déclara : "c'est mon devoir de travailler au bonheur public et particulièrement à celui des classes ouvrières qui montrent tant de zèle, d'intelligence et de patriotisme." La gravure le représente avec Monsieur Sajour, président du comité d'admission de la classe 94.

 

 

Alors que des dizaines de millions de visiteurs s’y ruaient pour observer les œuvres de milliers d’exposants, les expositions universelles de Paris de 1867 et 1878 vinrent rappeler au monde que dans l’industrie des Beaux-Arts, la France entendait garder son rang.

Un Catovien s’y distingua : Henry Penon, décorateur-tapissier, né en 1831, dont les ateliers furent situés à leurs débuts 10 rue du Faubourg Saint-Honoré et rejoignirent vingt ans plus tard la rue La Boëtie.

Les expositions universelles avaient le don pour consacrer non seulement la richesse technique et artistique d’un pays  mais encore le talent de jeunes entrepreneurs. Sous le Second Empire, Henry Penon, tapissier-décorateur, fut de ceux-là.  L’un des pavillons de l’Exposition Universelle de 1867, « Le Repos de l’Impératrice », lui dut sa célébrité. Voici ce qu'écrivit Edmond About dans  «  L’album de l'Exposition Universelle de 1867 illustrée » : 

" J'ai gardé pour la fin la perle de cette Exposition. Ce petit pavillon, si simple et si modeste en apparence, est une œuvre aussi capitale dans son genre que la serre de M. Dormois…(...) C'est M. Henry Penon qui a conçu, esquissé, dessiné, fait exécuter cet ensemble et tous ces détails. L'exécution appartient par moitié à son associé, qui est son frère. Ces jeunes gens ont sous la main toute une école de peintres décorateurs dont l'aîné est à peine âgé de vingt-cinq ans.  

M. Henry Penon a-t-il, comme il le croit, inventé un nouveau style de décoration ? je n'ose me prononcer là-dessus. Il doit beaucoup aux artistes du temps de Louis XVI, quoiqu'il se fasse un point d'honneur de ne rien leur emprunter. Ce qui lui appartient incontestablement, c'est le sentiment du beau, la rage de bien faire, et un certain mépris des obstacles qui a produit dans le courant de cet hiver un résultat vraiment curieux. Je vous ai dit que les principaux sujets de sa décoration intérieure sont peints sur satin dégradé. Mais les teintes dégradées ne s’obtenaient jusqu’ici que par le tissage ou l’impression ; belles par le tissage, médiocres par l’impression lorsqu’elle les donne.

Ils ont fait, font et feront des élèves. L'art si français et si parisien de la tapisserie devra beaucoup à leur initiative et à leur exemple.  Ils ne sont pas riches, ils commencent, et les voilà qui fournissent une quote-part exorbitante dans un travail collectif qui doit durer six mois et coûte 200.000 francs pour le moins." 

 

PENON EXPO 1867 PANORAMA.jpg

 

Panorama du "Jardin Réservé " à l'Exposition Universelle de Paris au Champ de Mars en 1867 avec à sa gauche le pavillon octogonal d'Henry Penon dédié à l'impératrice Eugénie

 

 

Dans son ouvrage « L’Art Industriel à l’Exposition Universelle de 1867 », Auguste Luchet décerna ce commentaire :

« M. Henry Penon, de la maison Penon Frères, est un tapissier illustre. Et, comme on vient de le voir, nous ne sommes pas enthousiaste des tapissiers, lesquels, en fait d’art, empruntent beaucoup plus qu’ils ne prêtent. Mais celui-ci fait exception.

Celui-ci est sérieusement un homme de génie dans son genre. L’auteur du pavillon de l’Impératrice, songeant à employer le terrain qu’on lui concédait, entreprit de créer  un kiosque dans un parc. Ce n’est pas qu’il y en eût déjà, Dieu merci ; mais personne, que nous sachions, n’avait, fût-il même architecte à ruban, distingué ces habitations mignonnes des lois d’ensemble et d’intérieur  qui régissent les pièces banales de la grande habitation.(…)

Le sujet : Le Matin, un poème.  Et, pour chanter ce poème  dans la pièce octogone, quatre panneaux principaux, accompagnés chacun de deux panneaux latéraux. Les quatre autres faces percées à jour par de hautes fenêtres. Nature et lumière, éther et parfums. » Alors que des boiseries en sycomore furent choisies par le décorateur, il y sculpta des motifs de houx et d’aubépine, de rose sauvage et de muguet, de feuillages de peuplier, de platane, d’orme et de chêne.

Des panneaux en soie teints  en tons dégradés, « depuis celui de satin bleu d’argent à celui d’azur un peu plus obscurci, afin de reproduire le ciel », figuraient « la  blonde Psyché » qu’Eros  éveillait en secouant un bouquet sur son front tandis qu’au fond du tableau, des enfants joyeux dansent en rond."

Le 1er juillet 1867, pendant l'Exposition, Henry Penon reçut une Médaille d'Or parmi quatorze exposants distingués de l'Europe entière.

 PENON ROUTE VERS LEXPO 1878.jpg

Ci-dessus, une gravure représentant la  ruée  vers l'Exposition Universelle de Paris de 1878.

 

En 1878, la France de Mac-Mahon brava son isolement international par une nouvelle exposition universelle. Celle-ci offrit notamment l’avantage de réduire les opinions desséchées de tous ceux, qui en Europe, se faisaient fort de convoyer sans fin le char funèbre de la guerre Franco-Prussienne.

PENON INAUGURATION 1878.jpg

L'inauguration de l'Exposition Universelle de Paris le 1er mai 1878 autour du Palais du Trocadéro nouvellement construit.

 

PENON EXPO 1878.jpg

Vue générale de l'Exposition de 1878 au Champ de Mars.

PENON LESSEPS.jpg

La maison égyptienne, un jour de conférence de Ferdinand de Lesseps à l'Exposition Universelle de 1878.

PENON ALGERIE.jpg

Mobilier de la Société des Marbres et Onyx d'Algérie à l'Exposition de 1878

 

PENON LANTERNE.jpg

 Lanterne en fer forgé de M.Bodart à l'Exposition Universelle de Paris de 1878, élégante et discrète...

 

PENON CHRISTOPHLE.jpg

Fontaine Renaissance, par la maison Christofle, à l'Exposition Universelle de Paris de 1878.

PENON MARTEAU PILON.jpg

Le marteau pilon à vapeur du Creusot et en fond, le Pavillon du Creusot à l'Exposition Universelle de Paris de 1878.

 PENON ENTREE DES BEAUX ARTS 1878.jpg

L’œuvre des décorateurs à l’Exposition Universelle de Paris fut rapportée par le Rapport du Jury International édité par le Ministère de l’Agriculture et du Commerce :

« si nous pouvions convier les visiteurs de notre exposition à une incursion dans le Paris moderne (un hommage à l’œuvre si conséquente de Napoléon III et du baron Haussmann ), c’est là seulement qu’ils pourraient se rendre compte du véritable rôle du tapissier décorateur et de l’importance du concours qu’il a pu prêter à l’architecte pour créer ces habitations, dont un grand nombre  sont des types achevés de haut goût et de véritable élégance.

 

Ce sont ces maisons d’élite qui ont été, avec les écoles d’architecture et les écoles d’apprentis, le plus précieux soutien de l’industrie du tapissier décorateur, et qui l’ont aidé à maintenir la réputation que la France s’est faite dans cet art. Il ne faut pas non plus oublier l’heureuse influence de la Société pour la Propagation des Livres d’Art, qui ne saurait être trop encouragée.

 

Paris est donc toujours resté le grand centre de l’industrie du tapissier décorateur, et, sur un mouvement d’affaires annuelles de 100 millions pour toute la France, Paris peut revendiquer à lui seul 70 millions.

 

(…) Il faut bien que nous disions que les objets figurant à une exposition de tapissiers décorateurs sont sacrifiés d’avance ; et le sacrifice à faire est considérable, puisque la somme dépensée par les vingt exposants de la France s’est élevée à prés d’un million de francs.

 

Mais, pour peu nombreuses qu’elles aient été, les maisons qui ont exposé n’en ont pas moins représenté brillamment l’industrie parisienne du tapissier décorateur. » Et le rapporteur de citer Fourdinois en premier lieu et en second, « la maison Penon, dont l’exposition a eu la bonne fortune d’attirer et de captiver la foule.

 

Nous sommes ici en présence d’un véritable ensemble décoratif : au point de vue du coloriste, il est difficile d’éprouver une satisfaction plus complète. Le choix des étoffes, leurs nuances rompues, la manière dont elles sont drapées, la richesse des passementeries, tout est bien œuvre du décorateur.

 

M. Penon a aussi exposé des panneaux en broderies, qui sont d’une grande beauté et d’un grand effet décoratif. L’un de ces panneaux est un mélange de tapisserie de basse lice et de broderies d’application. Le relief est puissant et la coloration est vraiment belle. Ces trois panneaux exposés, représentant l’un une figure, l’autre une fête champêtre et le troisième un paysage, trouveraient leur digne place dans un musée des travaux à l’aiguille. »

 

Henry Penon quitta l’exposition universelle de Paris de 1878 avec la Légion d'Honneur au grade de Chevalier dans les classes 17 à 29 du mobilier, la seule qui fut remise à un tapissier.

 

L’un de ses mérites, écrivit-on, fut également d’avoir mis à la mode la peluche.

 

A Chatou, Henry Penon quitta la rue de la Procession pour emménager  rue de Sahüne où il se rendit acquéreur de la villa "le Cèdre" en 1884.

 

Domicilié également à Paris 95 avenue Victor Hugo, il séjourna au « Cèdre » jusqu’à sa mort en 1907.

 

La villa (ci-dessous) avait été déclarée au cadastre en 1866. Couvrant les lieux-dits "les Justices" et "les Gargouilles", son immense domaine fut morcelé en 1891 par le décorateur lui-même, ce qui donna lieu à l’ouverture de la voie qui porte son nom à Chatou par une décision unanime du conseil municipal du 9 septembre 1892 sur proposition de Maurice Berteaux. A la demande d'Henry Penon, celle-ci prit le titre d'avenue et non de rue. Quant à la seconde voie ouverte dans le prolongement de la rue Sous-Bois, le conseil lui attribua le nom de François Laubeuf, en l'honneur du maire héroïque de Chatou lors du siège de 1870. 

 

PENON Rue de Sahüne (Second Empire).gif

 

En 1882, c’est en qualité d’artiste « sorti du rang » qu’Henry Penon observa l’exposition rétrospective de l’Union Centrale des Arts Décoratifs. Point de participation mais un jugement sévère de ses pairs à travers une critique sans ambages du mobilier en vigueur exprimée dans son ouvrage « Etude du Mobilier ». Il fut également un membre actif de la Société des Arts Appliqués à l’Industrie.

 

 

PENON CREATION.gif

Modéle de papier peint de la collection des ateliers Penon - bibliothèque Forney

PENON PROJET.jpg

Projet de décoration intèrieure par les ateliers Penon - bibliothèque Forney

 

Quelques années plus tard, il fit don d’ouvrages de projets de ses ateliers, dont la liste a été conservée à la Bibliothèque du Musée de l'Union Centrale des Arts Décoratifs (ci-dessous, modèle de papier peint). Ceux-ci renferment plus de 2000 dessins ainsi que vint en témoigner pour l’association en l'an 2000 Madame Odile Nouvel, conservateur du département du XIXème siècle du Musée des Arts Décoratifs et spécialiste du mobilier Napoléon III-1880.

 

Les 14 et 15 mai 1891, Henry Penon dispersa une partie de son mobilier aux enchères à Drouot. Son inventaire ne laisse pas indifférent : tableaux de l’école française du XVIIIème siècle, des écoles flamandes et hollandaises parmi lesquels des tableaux de Boucher, Breughel, Chardin, des aquarelles de Fragonard et Géricault, dessins de Girodet et d’Hubert-Robert, pastels de Van Loo et Watteau, sculptures et bronzes du XVIIIème siècles. Retenons pour la postérité ce cliché d’un canapé de Madame de Pompadour :

 

PENON CANAPE.jpg

 

 

Henry Penon maria sa fille Henriette au général Joffre, alors directeur du Génie au Ministère de la Guerre, en 1905, faisant rentrer, sans le savoir, sa famille au coeur de la plus grande conflagration que le monde ait connue.

 

 

 

Sources :

Madame Odile Nouvel-Kammerer, conservateur - Musée de l'Union Centrale des Arts Décoratifs, spécialiste du mobilier Napoléon III - 1880, auteur de "L'aigle Et Le Papillon - Symboles Des Pouvoirs Sous Napoléon 1800-1815" (2007 -Les Arts Décoratifs), "Papiers peints panoramiques" (2001 -Flammarion), "Le style Second Empire" (1999 - Flammarion)

Archives départementales des Yvelines : "La Liberté de Seine-et-Oise", 23 août 1907

Archives municipales de Chatou : recensements de population

"L'Album de l'Exposition Universelle de 1867 Illustrée"

"L'Art Industriel à l'Exposition Universelle de 1867"

Exposition  Universelle de 1867 - "Les Arts dans l'Industrie - Rapport du Jury International"

"Les Merveilles de l'Exposition de 1878"

Bibliothèque Forney

Service Historique de la Défense

L'auteur remercie Madame Strugo, propriétaire de la villa d'Henry Penon à Chatou, qui lui a permis de prendre la photo qui illustre cet article en 2005. 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

25/06/2012

PAUL WHITEMAN, PRESSE A CHATOU

PAUL WHITEMAN.jpg

"La féérie du jazz", un film Paramount de 1930 avec Paul Whiteman et son orchestre. Celui-ci fut également l'animateur des revues du grand Ziegfield. 

 

Paul Whiteman (1890-1967), violoniste américain devenu chef d’orchestre en 1920, est aujourd’hui oublié avec son style musical, qui l’a incontestablement perdu. Il représente cependant à lui seul la fanfare outre atlantique des années vingt, celle qui permit de se divertir dans l’alcool et la vitesse, l’époque d’une joie éphémère revendiquée dans la musique et le cinéma, les dancings et les nuits d’oubli.

Précurseur, il l’a été : fort de son succès, de son couronnement médiatique de « roi du jazz », c’est lui qui commanda à Gerschwin  la « Rhapsody in Blue » en 1924, fit entrer nombre de jeunes musiciens et de chanteurs dans son grand orchestre, les frères Dorsey, Jack Teagarden, Bix Beiderbeck , Mildred Bailey, Bing Crosby…

Alors que la considération pour l’orchestre de Paul Whiteman prend aujourd’hui l’allure d’une mention au bas d’une page, on ne peut nier l’indéniable talent de celui qui fit ronfler son époque par un jazz servi en pâtisserie musicale.  Il est la musique du film muet des années vingt.

Vedette de la firme Victor aux Etats-Unis sous sa splendeur, Paul Whiteman fut importé sur le continent avant guerre par Columbia et maintenu dans l'édition Pathé-Marconi sous le label Capitol dans les années cinquante. La participation des usines de Chatou à la diversité du marché musical et au patrimoine qu’il représente, le catalogue musical français étant alors le plus fourni après le catalogue américain, était là pour entretenir un témoignage des premiers temps du jazz.