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20/01/2013

LOUIS MORTURIER (1888-1969), DE L'OPERA-COMIQUE, RUE MARCELLIN BERTHELOT

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Louis-Morturier - Cliché Jean-Pierre Brunerie

 

Chatou fut une terre d’accueil des artistes lyriques dont certains furent produits dans les usines Pathé du boulevard de la République. Leur souvenir a été rappelé il y a douze ans par l’association dans une revue consacrée au patrimoine musical, « Chatou, les témoignages de l’histoire », plus récemment dans le livre « Chatou, une page de gloire dans l’industrie » (2012) cependant que notre blog a commencé par évoquer le ténor Pierre-Léon Melchissédec, habitant du 3 rue des Coteaux dans le quartier Gambetta.

Grâce au témoignage de Monsieur Jean-Pierre Brunerie, ancien menuisier chez Pathé-Marconi, commémorons aujourd’hui le souvenir de Louis Morturier, parrain de ses enfants, qui vécut dans le quartier du Val Fleuri avec son épouse Henriette, elle aussi artiste lyrique, 26 rue Marcellin Berthelot. Né le 2 décembre 1888 à Saint-Pierre-Le -Moutier en Bourgogne dans la Nièvre, Louis Morturier, qui entra au conservatoire de Paris avant la première guerre mondiale, se distingua au cours du conflit au point de recevoir la Croix de Guerre.

En 1919, il entama une carrière de basse à l’Opéra-Comique et devint pendant l’entre-deux-guerres l'une des vedettes de la Compagnie Française du Gramophone, filiale de la Columbia anglaise et détentrice de l’édition en France des marques La Voix de Son Maître et Columbia. C’est ainsi qu’en 1929, à 41 ans, Louis Morturier était présent dans le catalogue La Voix de Son Maître pour ses interprétations dans plusieurs oeuvres enregistrées : « Ave Maria de Lourdes », « Carmen » (Bizet), « Le Chalet » (Adam), « Don Carlos » (Verdi), « Don Juan » (Mozart), « Don Quichotte » (Massenet), « Les Huguenots » (Meyerbeer), « Les Pêcheurs de Perle » (Bizet), « La Jolie Fille de Perth » (Bizet), « Le Jongleur de Notre-Dame » (Massenet), « Louise » (Charpentier), « Mignon » (Thomas), « Noël » (Adam), « Thaïs » (Massenet), « La Vie de Bohème » (Puccini).

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Collection de l'auteur

Ces disques ne furent pas fabriqués à Chatou mais à Nogent-Sur-Marne où la Compagnie Française du Gramophone avait fait édifier une usine au 5 avenue Kléber. Usine éphémère car la fusion au même moment avec la Compagnie Générale des Machines Parlantes d’Emile Pathé entraîna la délocalisation de la production à Chatou dans la nouvelle usine baptisée Société Générale de Disques de la rue Centrale (rue Emile Pathé en 1937), édifice Art Déco achevé à la fin de 1930.

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Collection de l'auteur

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Collection de l'auteur

 

Dés lors, Louis Morturier fut édité sous les labels Columbia et La Voix de Son Maître jusqu’à être produit par les Industries Musicales et Electriques Pathé-Marconi, créées en 1936 et regroupant les grandes marques. En retraite de l'Opéra-Comique en 1945, Louis Morturier continua d'être édité dans le catalogue général Pathé-Marconi à titre de témoignage et termina sa carrière phonographique dans le catalogue de 1956 par l'édition d'un disque 78 tours La Voix de Son Maître "Minuit Chrétiens" et "Un ange du ciel est descendu", ancien Noël nivernois, un titre faisant référence aux origines de l'artiste (étiquette grenat - K5717). Louis Morturier mourut en 1969. Il représente une figure méconnue de l'Opéra-Comique à Chatou.

 

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17/01/2013

A BORD DE L'"ILE-DE-FRANCE" (1927-1958) AVEC GEORGES REMON ET SES CONFRERES

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Le pont du paquebot "Ile-de-France" en 1927

 

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A l’aune de nos recherches, et toujours très soucieux de démontrer la place éminente des personnalités de Chatou dans l’Art Français, nous ne résistons pas à  vous infliger une nouvelle « vague » maritime à travers le paquebot transatlantique  « Ile-de-France », qui dans une bien moindre mesure que le « France » 1912 ou le « Paris » 1921, accueillit une réalisation des ateliers de Georges Rémon. Le décorateur Catovien n’a pas créé un style, on pourrait même le situer encore un peu en retrait de l’Art Déco et plus proche du Modern Style mais il est régulièrement placé au milieu de ses prestigieux confrères.

En effet, en dépit des budgets amoindris par rapport à ce qu’ils étaient dans l’avant-guerre, la création française se poursuit dans les grandes commandes publiques et privées tout en devant redoubler d’efforts pour surmonter les restrictions, attirant l’élite du monde entier, gouvernant les nouvelles perspectives du mobilier et de l’architecture.

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Dans "Art et Décoration" de 1928, Henri Clouzot écrivit : « le 22 juin 1927, vingt mois après la clôture de l’Exposition des Arts Décoratifs, le paquebot Ile-de-France levait l’ancre, emportant vers New-York la fleur de cet art de fraîche date qui avait enchanté Paris tout un été.

Il n’était plus question de constructions fragiles et éphémères, comme ces palais de staff et de carton-pâte que les premières pluies d’automne avaient vu s’évanouir sur les bords de Seine, mais d’un chef-d’œuvre d’architecture navale, d’une admirable unité de la flotte de la Compagnie Générale Transatlantique, où l’art n’avait pas seulement à satisfaire les yeux, mais à concourir à des fins précises, à des utilisations nettement déterminées.

Comme ce palais de « l’ambassade française », qui fut, sur l’Esplanade des Invalides, le foyer même de l’art nouveau , l’ « Ile-de-France » transportait, dans ses flancs, robustes, le meilleur de notre génie national, l’œuvre d’une équipe telle, que pour rencontrer la semblable, il faudrait remonter à la construction de l’Opéra par Charles Garnier ou plutôt aux chantiers des bâtiments royaux sous l’Ancien Régime, Fontainebleau ou Versailles (…) ».

L’ « Ile-de-France », long de 241 mètres, disposait d’une plate-forme permettant à un hydravion d’emmener le courrier en lui faisant gagner une journée et comptait trois classes, bien loin dans leur conception de l’époque des émigrants, toutes pourvues de salons, dancings…. Le navire était propulsé par trente-deux chaudières et régi par huit cents hommes d’équipage pour transporter environ mille-sept-cent passagers. Parmi les avantages du navire, celui offert à l'importante clientèle américaine du vin et du whisky dont la Prohibition avait établi la censure et de fait, la clandestinité.

 Notons qu’à la grande salle à manger étaient annexées quatre salles à manger particulières aux noms de l’Ile-de-France : « Saint-Cloud », « Saint-Denis », « Rambouillet », « Malmaison ». La Compagnie Générale Transatlantique, qui draguait sur ses navires les artistes reconnus, eut l’intelligence d’en confier la décoration au directeur de l’Ecole Boulle, Monsieur Fréchet, qui lui-même donna mission à ses élèves d’en assurer l’exécution.

Il n'existait que huit appartements de luxe à bord : "Noyon", "Compiègne", "Versailles", "Chantilly", "Senlis", "Saint-Germain", "Fontainebleau", "Beauvais".

Henri Clouzot précisa que « le verre a pris la place du bronze, du fer et du bois et que, depuis quelques années, le luminaire est incorporé à l’architecture à l’aide de gouttières, de corniches, de rampes, de caissons, voire même de poutres en verre pressé et gravé. La lumière est projetée sur la surface réfléchissante du plafond, d’où elle retombe en nappe dans la pièce. C’est peut-être, sur l’"Ile-de-France", la première application en grand de ces nouveaux principes, appelés à révolutionner, dans un avenir prochain, l’éclairage domestique. »

Les quelques illustrations qui suivent sont dans le domaine de l’évocation et non de l’inventaire auquel le blog entier ne suffirait pas.

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La suite "Senlis", par l'atelier du décorateur catovien Georges Rémon et ci-dessous, l'appartement "Chantilly", par les ateliers Martine de Paul Poiret. Paul Poiret fut le membre le plus illustre du Cercle Nautique de Chatou dont il  dessina le drapeau en 1902. Au déjeuner d'inauguration présidant au lancement du paquebot, le grand couturier était assis à la table de Georges Rémon.

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Salon de conversation par Sue et Mare

 

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Salon de conversation, canapé par Nelson

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La grille d'ascenseur par Raymond Subes

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Balustrade par Raymond Subes, établissements Borderel et Robert, ferronnier, ci-dessous une grille des mêmes auteurs. 

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L'un des vases de la Manufacture de Sèvres disposé pour l'éclairage des parties communes 

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Ci-dessus et ci-dessous, salon de conversation par Leleu 

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Le fumoir par Henri Pacon

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La salle à manger par Pierre Patout

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La salle à manger vue de la descente, par Pierre Patout

 

Et ci-dessous, la salle à manger d'une suite de luxe par Eric Bagge

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Suite par Eric Bagge

 

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Appartement de luxe par Marc Simon

 

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La chapelle par Robert Danis, architecte

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La porte de la chapelle par Raymond Subes

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Un salon de jeu par Ruhlmann avec laques de Dunand

 

 

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John Dal Piaz, le dernier président de la Compagnie Générale Transatlantique en tant que compagnie à capitaux intégralement privés (1855-1930), donna l'élan avant la crise économique aux Arts Décoratifs français à travers l'"Ile-de-France" (la Compagnie sera nationalisée en 1948). Celui-ci donné, la consécration intervint sur "Normandie". L'"Ile-de-France" devint quant à lui le paquebot le plus décoré de l'histoire maritime pour ses sauvetages.  

 

 

 

 

Sources :

"La Renaissance de l'Art Français" - 1928 - n°3, Bibliothèque Nationale de France, Département des Sciences et Techniques

Louis-René Vian

 

 

 

 

 

 

 

16/01/2013

CHATOU A L'HEURE DU CINEMA

Aprés avoir proposé et contribué à la réalisation d'une exposition sur l'histoire de la gare de Chatou  sur le quai du RER A et suggéré le nom d'Emile Pereire pour baptiser la placette sud de la gare, l'association a demandé à la municipalité la réalisation d'un circuit historique dans Chatou et proposé un premier parcours sur la mémoire du cinéma. En voici le contenu :

  

FERDINAND ZECCA, LE PIONNIER 

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Ferdinand Zecca et Charles Pathé avant 1914

 

Louis-Ferdinand Zecca a porté les premières heures du cinéma. Né à Paris le 19 février 1864 dans une famille de techniciens du music-hall, enchaînant les petits métiers, son destin bascula lorsqu’il fut embauché en 1898 dans la première usine phonographique Pathé boulevard de la République à Chatou.

Particulièrement attentif et ingénieux, il y déploya une activité dans tous les secteurs de la production. Alors que s’annonçait l’Exposition Universelle de Paris de 1900, Charles Pathé demanda à son frère Emile, dirigeant de la branche phonographique, s’il connaissait quelqu’un susceptible de monter un stand pour l’exposition.

Emile lui recommanda Ferdinand Zecca. Celui-ci fut recruté sur le champ par Charles Pathé qui n’eut qu’à s’en féliciter, la société se voyant attribuer plusieurs prix au sortir de l’exposition. Charles Pathé demanda alors à Ferdinand Zecca d’être son collaborateur pour le cinéma : association exceptionnelle puisque de 1900 à 1918, Ferdinand Zecca fut l’auteur, le comédien ou le réalisateur d’une centaine de films muets produits par Pathé, se distinguant notamment par sa mise en scène des trucages.

Il fut également l’un des directeurs du Pathé-Journal, premier journal d’actualités cinématographiques créé en 1908 par Charles Pathé, le directeur de Pathé Exchange Incorporation aux Etats-Unis en 1919 puis le directeur artistique de Pathé-Baby au début des années vingt.

Il revint un temps à Chatou habiter les 3 bis et 1 bis rue du Capitaine Guynemer où il est recensé en 1928 et 1931. 

Ferdinand Zecca mourut à Vincennes le 23 mars 1947. Sa tombe y voisine celle de Charles Pathé, avec qui il bâtit le premier empire mondial du cinéma (1900-1918) avant Hollywood.

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Ferdinand Zecca – portrait dans « Pour Vous » - 8 octobre 1931

 

LUCIEN DALSACE, LE JEUNE PREMIER DU CINEMA MUET

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Les lumières du cinéma faisaient oublier les années perdues de la Grande Guerre, brillant dans les têtes de spectateurs avides de distractions nouvelles, et déjà Chatou pouvait s’enorgueillir de compter l’un de ses enfants dans le cœur de millions d’admiratrices.

Lucien Dalsace, de son vrai nom Gustave Louis Chalot, avait vu le jour à Chatou le 14 janvier 1893 54 avenue du Chemin de Fer - actuel 40 place Maurice Berteaux - où ses parents demeuraient.

Chasseur puis aviateur pendant la Première guerre mondiale, il avait fait ses débuts au Théâtre de Paris au lendemain de l’Armistice et s'était engagé dans l’aventure du cinéma.

Il fit la joie des producteurs du cinéma muet, tournant près de trente films dans des rôles de jeune premier tels que « Ferragus », « L’Aviateur Masqué », « Belphégor », « L’Occident » et « La Tentation » (illustration ci-dessus de 1929).

1930 marqua son éclipse avec l’arrivée du parlant, la mort de son père et la reprise de son affaire de parfumerie boulevard Saint-Michel. Grâce au réalisateur Léon Mathot, Lucien Dalsace revint au grand écran en épousant des rôles successifs dans « Chéri-Bibi » (1937) aux côtés de Pierre Fresnay et Jean-Pierre Aumont, « Le Révolté » (1938) avec Pierre Renoir, Charpin et Aimé Clariond et « Rappel Immédiat » (1938) dans lequel il fut l’un des partenaires d’Eric Von Stroheim. Il termina sa carrière dans « Deuxième Bureau contre la Kommandantur » (1939) de René Jayet et Robert Bibal et « Patrouille Blanche » (1941) de Christian de Chamborant.

Redevenu parfumeur à Paris, il s’éteignit le 3 juillet 1980 à L’Haÿ-Les-Roses.

 

RENE-JEANNE FALCONETTI,

"JEANNE D'ARC"

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Née le 21 juillet 1892 à Pantin, René Jeanne Falconetti fut une actrice de théâtre, à l’Odéon puis à la Comédie Française, avant de devenir une figure éphémère et marquante du cinéma muet. C’est en effet son rôle-titre dans « La passion de Jeanne d’Arc » de Carl Dreyer à l’affiche en 1927 qui la fit rentrer dans les annales du cinéma.

Ce film, considéré encore aujourd’hui comme la plus grande fresque sur Jeanne d’Arc, était intervenu deux ans après la canonisation de Jeanne. Le réalisateur avait obtenu entre autres la participation du petit-fils de Victor Hugo pour dessiner les costumes du film.

René Jeanne Falconetti s’était fait remarquer au théâtre Edouard VII en jouant dans la pièce « Le Comédien » de Sacha Guitry en 1921 et au théâtre de l’Athénée « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » de Jean Giraudoux en 1935. La comédienne, dont le talent aurait pu lui permettre de devenir une sociétaire permanente de la Comédie Française, mit obstacle à sa carrière par un tempérament difficile, ce qui la conduisit à assurer ses propres productions en devenant directrice du Théâtre de l’Avenue.

C’est en 1924 que Jeanne Falconetti s’installa 3 avenue d’Eprémesnil dans une villa blanche aujourd’hui disparu. Dans un entretien à Comoedia du 28 août 1926, elle déclara : "Ce qui m’a fait choisir cette demeure, mon Dieu, le hasard…le bienheureux hasard, le même qui vient en aide aux auteurs pour dénouer les situations les plus embrouillées. Je suis venue, j’ai vu, je fus conquise ; et depuis, tout me retient ici : le calme, l’air, la belle route que l’on prend pour arriver à Chatou, le limpide horizon où les yeux se reposent et puis, les souvenirs – les souvenirs – les souvenirs de théâtre, car cette villa appartenait naguère à Anna Judic. Et l’interprète de tant d’œuvres dramatiques nous parle de l’ombre légère de celle qui fut une fine, délicate et sensible chanteuse d’opérette."

Contre ses prévisions, l’actrice dut se séparer de sa propriété de Chatou en 1931. Après s’être exilée au début de la Seconde Guerre Mondiale en Argentine, elle mourut à Buenos-Aires le 12 décembre 1946.

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Falconetti, par Kisling – « Pour Vous » - 15  juin 1933

 


MARCELLE ROMEE, UNE ETOILE TROP TOT DISPARUE

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Marcelle Romée, née le 7 février 1903 à Neuilly-sur-Seine, est une météorite du cinéma parlant dont la présence et la beauté purent éclipser ses partenaires. L’actrice connut son premier succès au théâtre en 1930 dans « Les Trois Henry » d’André Lang à la Comédie Française où elle avait interprété les jeunes premières dramatiques de tout le répertoire classique. Puis elle enchaîna quatre films, le premier en 1930, « La Lettre » de Louis Mercanton, et trois films en 1931, « Le Cap Perdu » d’Ewald André-Brunot, « Une nuit à l’hôtel » de Léo Mittler et enfin, son film fétiche, « Cœur de Lilas » d’Anatole Litvak. Dés son premier film, « La Lettre », la comédienne reçut les honneurs de la presse : «Marcelle Romée apporte au cinéma français son talent jeune et ardent, sa sincérité dans l’expression, sa science de la diction, pure, claire et toujours profondément humaine» (Ciné-Miroir 10 octobre 1930).

Alors que son ascension épousait irrésistiblement l’arrivée du cinéma parlant, Marcelle Romée vit sa santé se dégrader dans l’année 1932 au point de prendre une tournure dramatique. Hospitalisée pour dépression à la clinique de la Villa des Pages 40 avenue Horace Vernet au Vésinet, l’actrice échappa à la vigilance des infirmières et s’enfuit la nuit du 3 décembre 1932 pour se jeter dans la Seine du pont de Chatou (ancien pont routier aujourd’hui disparu et situé alors rue du Port).

 

PIERRE TRABAUD, L'HOMME TRANQUILLE

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Une poignée de main, un sourire et la franchise de l’honnête homme. Tel fut Pierre Trabaud dans la vie comme à travers la trentaine de films drames ou comédies qu’il tourna. Les Français l’ont bien connu dans le rôle de l’instituteur de « La Guerre des Boutons » (1960) mais sa carrière a déroulé des tranches de vie d’un pt’it gars amoureux dans « Rendez-Vous de Juillet » (1946), « Antoine et Antoinette » (1949), «Parti Sans Laisser d’Adresse» (1950 ci-dessus ), d’un marginal dans «Les Chiffonniers d’Emmaus» (1954), d’un homme de foi dans « Le Défroqué » (1954), d’un pilote de guerre dans « Normandie Niemen » (1959), celle de Napoléon au théâtre dans « Madame-Sans Gêne » (1980).

Pierre Trabaud a également donné sa voix à des feuilletons tels que « Les Mystères de l’Ouest », des dessins animés tels que « Daffy Duck », « Les Fous du Volant », « Astérix Le Gaulois », « Astérix et Cléopâtre », « Lucky Luke », « La Ballade des Dalton », « Les Dalton en Cavale »....

Dans une époque où les seconds rôles valaient les premiers, il donna la réplique à Pierre Fresnay, Louis Jouvet, Sydnet Bechet, Bernard Blier, Philippe Noiret, Cécile Aubry, Nicole Courcel, Françoise Arnoul. Passé réalisateur en 1982 avec « le Voleur de Feuilles », Pierre Trabaud nous a quittés le 26 février 2005.

 

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Avec Pierre Fresnay, dans "Le Défroqué" (1954)

 



Ses pairs ont porté un jugement unanime sur cet acteur qui refusait des propositions : un homme bon et droit, qui a marqué les grandes heures du cinéma des années cinquante. Pierre Trabaud obtint deux récompenses en 1954 pour son interprétation magistrale face à Pierre Fresnay dans « Le Défroqué » : « Le Triomphe du Cinéma 1954 » et « L’Ours » de Berlin. Sa dernière apparition fut pour le film de Bertrand Tavernier, « La Vie et rien d’Autre », tourné en 1988.

Pierre Trabaud est né à Chatou rue du Val Fleuri le 7 août 1922.

 

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Pierre Trabaud, l'instituteur de "La Guerre des Boutons" (1960)




PIERRE TRIMBACH, L'OPERATEUR DES PREMIERS FILMS

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Pierre Trimbach, deuxième debout en partant de la droite, et sur le trépied, Georges Denola, metteur en scène fétiche de la Compagnie Générale des Phonographes, Cinémas et Pellicules


Né le 5 octobre 1889 4 « chemin » de la Place à Chatou, Pierre Trimbach fut un opérateur de la Compagnie Pathé, directeur de la photographie des premiers films muets et des actualités Pathé. A la veille de sa disparition, il consigna ses souvenirs dans un ouvrage « le cinéma il y a 60 ans – quand on tournait les manivelles » (éditions CEFAG – 1970) :


« Je fus élevé dans cette coquette petite ville de la rive droite de la Seine (…) Elle fit rêver bien des poètes et son charme inspira de nombreux peintres (...). Etant enfant, les romans de "cape et d'épée" nous font rêver. A l'école du pays, souvent on nous parlait de Madame Bellanger qui habitait Chatou vers 1641 et, dont le fils, le célèbre Cyrano de Bergerac, parlait déjà, dans certains de ses romans, d'un voyage dans la lune ! Mes parents habitaient une confortable maison plantée au milieu d’un grand jardin décoré par une belle pelouse, des fleurs et des beaux arbres ; tout au bout il y avait un verger habité par des pruniers, cerisiers etc…


A la saison des fruits, ce verger était pour nous un vrai paradis terrestre, nous étions souvent perchés dans les arbres pour la cueillette. Les jours s’écoulaient tranquilles dans le charme de cette belle campagne d’alors ! mon père, qui avait été élève de Saint-Saens, était un bon musicien et surtout un très bon pianiste. Mon frère cadet, lui, était doué d’une voix de ténor ; il avait également un goût très développé pour l’aquarelle ! quant à moi, je n’avais pas encore percé. Des parents, amis et artistes, chanteurs, acteurs, peintres, qui villégiaturaient en été, formaient un groupe sympathique et très gai qui venaient dans cette maison où l’accueil était de tradition.


Cette demeure était assez retirée, elle était même la dernière maison du pays et la vue s’étendait sur les coteaux et les vignobles jusqu’à Carrières et Montesson. On peut dire que pendant la saison d’été, tous les samedis soirs il s’y donnait de véritables concerts et cela parfois jusqu’à deux ou trois heures du matin. (…) ».


De 1908 à 1925, la carrière de Pierre Trimbach se déroula à la S.C.G.A.D.L., Société d’Edition Cinématographique des Auteurs et des Gens de Lettres. Cette société n'était autre qu'une filiale de Pathé pour le tournage de films d’auteurs, et se distingua dans de grands succès populaires du cinéma muet. L'activité de Pierre Trimbach fut entrecoupée de reportages pour le Pathé-Journal, ce qui le ramena à Chatou pour y filmer notamment le départ de la course Paris-Roubaix (1902) et les funérailles nationales du ministre et député-maire de la ville, Maurice Berteaux (1911).

Sa vie de famille le poussa hélas à donner sa démission lorsqu’on lui demanda de partir en Egypte pour tourner « Le Roman de la Momie » de Théophile Gautier en 1925. Il poursuivit alors sa carrière chez Kodak-Pathé. Pierre Trimbach mourut à Colombes le 6 octobre 1972.

 

JEAN MARAIS,

L'ENFANT TERRIBLE 

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Jean Marais et Alida Valli dans « Les Miracles n’ont lieu qu’une fois », un film franco-italien d’Yves Allégret (1951)

 

Si Jean Marais, né le 11 décembre 1913 à Cherbourg, vint habiter Chatou dans son enfance, ce fut dans le cadre de dissensions familiales qui poussaient sa mère à fuir la présence paternelle. La famille Marais fut ainsi domiciliée 101 rue de Saint-Germain (avenue Foch depuis 1931) de 1923 à 1931. Le recensement de Chatou nous apprend que le foyer était composé de Joséphine Beuzon, sa grand-mère, « rentière », Louise Vassord, sa tante, Marie Marais, sa cousine déclarée « aviatrice », et Henri Marais, frère de Jean, de quatre ans son aîné.


Renvoyé de toutes les écoles pour indiscipline, Jean Marais fut à la fin des années vingt un employé des usines Pathé boulevard de la République avant de devenir figurant pour Victor Trivas puis Marcel Lherbier. Après un échec au Conservatoire, il fut servi par ses cours de théâtre chez Charles Dullin, ce qui lui valut de rencontrer Jean-Pierre Aumont et grâce à lui, de faire connaissance de Jean Cocteau en 1937 qui l’employa dans ses pièces.


A partir de 1943, un succès continuel accompagna ses différents films dans les registres les plus divers, qu’ils soient écrits ou réalisés par Jean Cocteau (« La Belle et la Bête », « L’Aigle à Deux Têtes », « Les Parents Terribles », « Orphée »), portés par Jean Delannoy (« Le Secret de Mayerling », «L’éternel retour», « Aux Yeux du Souvenir »), André Hunebelle (« Le Bossu », « Le Capitan », la série des « Fantômas »), Sacha Guitry (« Si Versailles m’était conté », « Si Paris m’était conté », « Napoléon ») et bien d’autres. Cascadeur, poète, sculpteur, il fut un comédien accompli, poursuivant une importante carrière au théâtre de 1937 à 1997.

Le cancre belliqueux qui avait élu domicile à Chatou, né dans une famille instable, demeure aujourd’hui l’une des plus grandes vedettes du cinéma français du XXème siècle.

 

L'ANCIEN CINEMA

DEVENU SALLE DES VENTES,

UN VESTIGE ART DECO

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Le bâtiment du 33 rue du Général Colin fut la première salle de cinéma en titre dans la commune. Edifiée en 1925 par Messieurs Weiner et Certain, habitants de Croissy et du Vésinet, celle-ci fut réalisée par l’entreprise A. Tschoffen et Compagnie sur les plans de l’architecte Lucien Desgrivan.


D’abord dénommée « Magic-Ciné », la salle fut reprise en 1935, entamant une nouvelle carrière sous le nom de «L’Olympia». Le cinéma fut arrêté en 1976 lorsque fut construite la salle Louis Jouvet dans le cadre de la rénovation engagée autour de la Place Maurice Berteaux. L’édifice demeure un témoignage unique dans la commune du style Art Déco appliqué à un bâtiment recevant du public.

15/01/2013

L'HOTEL DE VILLE DE CHATOU, UN PATRIMOINE A FAIRE RENAITRE

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Cliché Arnaud Muller (2000)

 

L’hôtel  de ville de Chatou laisse dans l’indifférence par son absence de relief à la suite d’une rénovation ratée en 1964. Et pourtant, avec la propriété de l'ancien bailliage, il fait partie des rares demeures d’Ancien Régime ayant survécu dans la commune. Lorsque l’occasion d’un ravalement se présentera, l’association demande qu’un effort soit fait pour lui redonner son caractère et qu’une inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques vienne couronner les efforts entrepris pour le remettre en valeur.

La construction d’origine fut édifiée par Jean Berger, valet de chambre de Marie de Médicis, au début du XVIIème siècle. Sa fille épousa le sieur Dubuisson, conseiller et secrétaire du roi, qui en prit possession puis à sa mort, ses enfants la revendirent en 1706 à Alexandre Lhuillier, secrétaire du roi. Louis-Jacques de Vitry, chevalier, seigneur de Malassise, l’acquit sous Louis XV et la transforma au point  selon une forte présomption, de lui donner son aspect actuel.

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La villa Fauchat lors de sa vente à la SCI des 17 en 1878 - collection Louis Bigard

 

Propriété privée, l'édifice rentra dans la vie publique en 1878 à l’instigation de 17 bienfaiteurs emmenés par le maire Ernest Bousson, qui achetèrent la propriété aux consorts Fauchat et lotirent intelligemment ses abords avec les bâtiments en pierre de taille que l’on connaît.

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L'hôtel de ville dans l'aspect qu'il conserva de 1878 à 1964. Le buste de la République, inauguré par Maurice Berteaux en 1902, fut retiré en 1941.

 

Pourvu d’un décor de fausses briques comme nombre d’anciennes demeures de Chatou érigées au début du XVIIIème siècle et jusqu’au milieu du XIXème siècle, le nouvel hôtel de ville agrémenté d'un campanile concentra  les évènements enjoués ou tragiques de Chatou. Il conserve encore de nos jours des décors intèrieurs du XIXème siècle.

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Une vue aérienne qui fait un choc : l'hôtel de ville quelques années avant la destruction du quartier qui l'entoure au nom de la Rénovation et de la construction du nouveau pont routier. Nous sommes probablement vers 1958. Sur le trottoir figure l'inscription "Vive de Gaulle, vive la France" avec le V de la Victoire.

 

Une photo sans doute prise à la sortie de la salle du conseil municipal nous montre deux personnages vers 1959-1960 : le nouveau maire Jean-François Henry, maître des requêtes au Conseil d'Etat et à sa gauche, le décorateur Georges Rémon, bien connu des lecteurs de nos rubriques, qui disparut en 1963.

 

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Cliché Annette Mauban

 

 

 

Enfin, qui le sait ? l’ancien hôtel de ville de Chatou au décor de fausses briques accueillit en 1961 une scène du film de Guy Lefranc, « Conduite à Gauche », une comédie jouée par Dany Robin, l’acteur et chanteur Marcel Amont et Noël Roquevert, comédie dans laquelle sa salle des mariages fut, en quelque sorte, un interprète majeur.

 

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L'hôtel de ville endommagé peu avant sa "rénovation" en 1964

 

Une rénovation en 1964 lui enleva son décor alors très abîmé dans une époque où, en dépit des efforts du ministre André Malraux et des clameurs horrifiées de certaines associations face aux destructions parisiennes, la considération du patrimoine était nulle. La suppression des fenêtres à petits carreaux et la pose de PVC ajoutèrent à la dévalorisation de l’immeuble cependant que la charpente, la zinguerie et la toiture, subirent à leur tour leur part de déclin.

A l’heure où le patrimoine a pris une place plus importante dans la culture de notre société, représentant un aspect de notre civilisation dans lequel se reconnaissent toutes les générations, nous ne pouvons que souhaiter que ce bâtiment conçu sous l’Ancien Régime, aux proportions élégantes et au regard rivé sur  l’avenue la plus emblématique de la commune, soit remis en valeur et protégé une fois pour toutes des opérations de destruction-reconstruction maladives qui ont en partie miné le charme de Chatou.

 

Sources :

"Chatou, les châteaux et le Nymphée" par Jacques Catinat - éditions SOSP

"Cinémonde" 1961 - communication José Sourillan 

09/01/2013

LE GRAND V DE LA VILLEGIATURE A CHATOU

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La notoriété de Chatou a pour origine le chemin de fer  et pour apogée la Belle Epoque,  entamée au lendemain de la guerre franco-prussienne et de la Commune, achevée dans les déclarations de guerre de 1914.

Dans cette période de quarante ans naquit un urbanisme de villégiature transformé. Loin des maisonnettes et chalets des premiers temps du chemin de fer, l’urbanisation de la commune se traduisit par l’émigration parisienne des nouvelles fortunes de la société industrielle réveillée par le Second Empire : banquiers,  « négociants » (on ne parlait pas de chefs d'entreprise), ingénieurs, artistes lyriques, veuves joyeuses inoxydables, tous engagés dans la poursuite de constructions  remarquables, villas en pierres de taille parfois agrémentées  de parements de briques, façonnées dans les styles passés affectés par les architectes de la fin du XIXème siècle. Les maisons Mansart du Second Empire furent ainsi éclipsées par des architectures plus spectaculaires, néo-médiévale, néo-Gothique, néo-Renaissance.

 « Néo » mais beaux, leurs plans connurent une fortune particulière dans un lotissement de l’époque  conservé à ce jour à Chatou  par les soins de leurs différents propriétaires : le parc des villas Lambert, représentation à la fois monumentale et décorative d’une société marquée par la culture de la ville à la campagne, dans laquelle la richesse trouvait moins son expression dans les voyages que dans des habitations dont le seul caractère permettait d’affirmer une réussite sociale.

La famille toujours nombreuse du « chef » pouvait y trouver un épanouissement particulier, entourée d’un parc, supportée par une domesticité vivant à l’année, constituée de gouvernantes, cuisiniers et jardiniers. Cette richesse que l’on ne qualifiait pas d’insolente pour traduire une prospérité évidente permit d’apporter une renaissance au paysage urbain en même temps qu’elle fit vivre l’industrie du bâtiment et des métiers d’art, sans compter les multiples commerçants attachés à ces vacanciers de maisons de style.  

C’est ainsi que des nuées de villas constituèrent autant de frondaisons pour la ville que les arbres pieusement conservés des anciens domaines par leurs nouveaux acquéreurs.

Le promoteur du parc des Villas Lambert, Louis-Etienne Lambert, acquit cet ancien territoire du domaine seigneurial nommé "le Bois Bigot" en 1873. L’homme, fils de l’un des architectes du prince de Ligne, donna à son gendre, Alfred Gaultier, né en 1847 à Carrières-Saint-Denis (aujourd’hui Carrières-sur -Seine), les moyens d’afficher ses talents d’architecte en lui confiant notamment les plans du château de la Pièce d’Eau.

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Le Recueil d’Architecture a publié ces plans (illustrations). Mais Louis-Etienne Lambert, sans doute raisonné par une lecture familiale attentive et ses propres goûts, jugea la proposition de son gendre, bien que non dénuée de majesté, trop agressive et la repoussa.  Les formes en pointes furent adoucies et arrondies ou supprimées, des parements de briques ajoutés. La construction du château démarra en 1882 et fut bientôt suivie de celle des villas qui se multiplièrent autour.

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En 1881, le recensement quinquennal de Chatou ne laisse apparaître aucune mention de la villa Lambert. En 1886 en revanche, la voie de la Villa Lambert est inscrite pour la première fois et recouvre les villas des numéros 1,3,4,5,6,7,11,14,15,16 (la superstition était à l’honneur pour le chiffre 13), soit 10 constructions nouvelles dont les propriétaires présents sont Monsieur Bonnet, 61 ans, ingénieur, au numéro 3, Madame Bezou, 46 ans, au numéro 6, Monsieur Davet de Benery, 40 ans,  négociant de nationalité italienne, au numéro 7, Monsieur Firnaher, 46 ans, négociant de nationalité allemande, au numéro 14, enfin Monsieur Lambert, 65 ans, « propriétaire » au numéro 16.

Leurs commandes sont rentrées dans le patrimoine de la villégiature de l'ouest parisien et continuent encore aujourd'hui à alimenter l'intérêt architectural de notre ville.

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Le château de la Pièce d'Eau dans sa version définitive

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La pièce d'eau du château vers 1905, dans son aspect boisé

 

 

Sources : recensements de population - Archives Municipales de Chatou

 

31/12/2012

MAISON DE CHATOU EN AQUARELLE

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maison de Chatou par Bérénice Balency-Béarn - blog : http://bbbaquarelles.jimdo.com/votre-maison-d-après-photo/

 

Les maisons anciennes de Chatou ont chacune leur histoire. Nous nous efforçons de faire oeuvre d'inventaire dans ce domaine mais n'avons pas le talent de Bérénice Balency-Béarn pour en restituer les couleurs et la physionomie. Ainsi cette petite maison du 21 rue Camille Périer, déclarée au cadastre en 1843, donc construite quelques années avant, par Monsieur Rateau, entrepreneur en bâtiment, est-elle le témoignage des premières constructions édifiées au lendemain de l'arrivée du chemin de fer d'Emile Pereire en 1837. Chatou n'était à l'époque qu'un village de 1.200 habitants, composé de parcelles de "petites cultures" et de quelques châteaux et vastes demeures d'Ancien Régime. Une série d'expropriations devait frapper le jardin de la maison représentée ci-dessus, sous le Second Empire d'abord pour prolonger la rue Camille Périer puis dans les années vingt pour créer la rue Lantoine, du nom d'une bienfaitrice dont la contestation du legs à la Ville par les héritiers engendra une procédure de plus de 15 ans.

L'aquarelle a permis de mettre en valeur un bâtiment qui aurait grand besoin d'une restauration, et de faire ressortir son attrait principal : un décor de fausse brique de plus en plus rare et un encadrement par des colonnes dans le style empire. 

Si vous aussi souhaitez conserver un souvenir de votre maison en aquarelle, n'hésitez pas à consulter le blog de son auteur: http://bbbaquarelles.jimdo.com/votre-maison-d-après-photo/. Nous serons bien entendu à votre disposition pour procéder à une recherche historique et à sa publication sur notre blog.

 

Pour en savoir plus sur la vie de Chatou sous la Monarchie de Juillet, l'association a édité une revue réalisée à partir de recherches aux archives municipales et départementales que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à piarri@orange.fr ou par téléphone au 06 33 33 25 76 

 

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Chatou 1830-1848 - les premières évolutions du village 

(52 pages - 12 euros)

30/12/2012

LES BELLES HEURES DE LA SOCIETE DE LA LEGION D'HONNEUR A CHATOU

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Lucienne Boyer, vedette Columbia, à la fenêtre du train transatlantique à la gare Saint-Lazare l'emmenant vers le paquebot Normandie pour un voyage à New-York - 4 octobre 1935 - collection Pierre Arrivetz

 

Au début des années trente, le pays commençait à peine à guérir des plaies de la première guerre mondiale qu'il s'enfonçait dans la crise économique. Une époque de solidarité était cependant née au lendemain de l'Armistice alors que des millions de familles avaient vu les leurs disparaître ou être handicapés à vie. La Légion d'Honneur apporta une contribution essentielle aux soins des grands blessés, mobilisant les vedettes du moment pour gagner la générosité du public.

Chatou conserve un témoignage de son action :  le 11 juin 1932, la salle des fêtes place Maurice Berteaux accueillit la fête de bienfaisance du Comité de La Légion d’Honneur de Rueil, Bougival, Chatou, Le Vésinet, Croissy, Nanterre.

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La très belle salle des fêtes qui ornait la place du marché à Chatou. Construite en 1893 grâce aux deniers de Maurice Berteaux et de quelques bienfaiteurs , elle fut le théâtre de nombre de manifestations de Chatou et de la région. Cette salle avait été érigée sur les plans des architectes Catoviens Alfred Gaultier (auteur des plans du château de la Pièce d'Eau Villa Lambert) et Eugène Gilbert (adjoint au maire et architecte, auteur de plans de villas à Chatou). Elle fut détruite en 1973 par la municipalité - collection Pierre Arrivetz

 

La Société de La Légion d’Honneur avait alors établi un programme de spectacles digne de la capitale en présentant quelques stars de l’époque : Lucienne Boyer (1901-1983), vedette Columbia qui avait entamé une carrière de chanteuse pendant la Grande Guerre et dont les disques étaient pressés à Chatou, Henry Laverne, fantaisiste dont les disques de sketchs avec son collègue Bach étaient également pressés sous le label Pathé à Chatou, Mesdemoiselles Nelly, Solange et Jamie Schwarz de l’Opéra de Paris.

 

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Lucienne Boyer dans le catalogue Columbia avant-guerre. Plus importante vedette féminine par le nombre de ses chansons (plus d'une page pour ses nombreux titres), elle fut une chanteuse phare du label produit chez Pathé-Marconi à Chatou jusqu'à l'Occupation. Un disque était encore édité à titre de témoignage en 1956 dans le catalogue général. La Compagnie Française du Gramophone, filiale de la Columbia Graphophone Company Limited de Londres, était chargée de l'édition en France des disques Columbia et La Voix de Son Maître - collection Pierre Arrivetz

 

Source :

La Liberté de Seine-et-Oise - 1932 - Archives Départementales des Yvelines

 

28/12/2012

LES MAIRES DE CHATOU

2008 - 2014

Ghislain Fournier

UMP puis UMP Nouveau Centre

Conseiller Général - Vice-Président du Conseil Général des Yvelines

 

1995 – 2008

Christian Murez

 RPR puis UMP

Médecin généraliste de Chatou

 

1981 - 1995

Jean Bonnet

RPR

Pharmacien de Chatou, Conseiller Général

 

1979 - 1981

Charles Finaltéri

App. RPR

Journaliste

 

1971 - 1979

Jacques Catinat

Union des Démocrates pour la République - UDR

puis RPR en 1977

Imprimeur, éditeur, Conseiller Régional

 

1959 - 1971

Jean-François Henry

Centre National des Indépendants - CNI

Auditeur puis maître des requêtes au Conseil d'Etat

 

1954 - 1959

Albert Laubeuf

Liste d'Action Municipale

soutenue par le Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste, le Rassemblement des Gauches Républicaines, la SFIO

Architecte

 

1953 – 1954

André Combe

Liste d'Union pour l'Administration de Chatou soutenue par

le CNI, l'Action Républicaine et Sociale ARS (dissidents RPF), le RPF, le MRP

Entrepreneur

 

1947 - 1953

Henry Vercken

Rassemblement du Peuple Français -  RPF

Avocat - Conseil, Croix de Guerre 1914-1918

 

1944 - 1947

Jacques Bouvier

Comité de Libération de Chatou

Ingénieur

 

1935 - 1944

Jules Ramas

Union Républicaine

Ingénieur des Arts et Manufactures, installateur d'usines, administrateur-délégué du Comptoir Sidérurgique de France, Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre 1914-1918, inventeur d'un procédé de pose rapide des barbelés, président (bénévole) de la Société des Ingénieurs de la France d'Outre-Mer.

 

1929 - 1935

Léon Barbier

Liste d'Union des Républicains de Gauche et d'Entente Communale

Ancien propriétaire et gérant des Galeries "Au Gagne-Petit" rue de la Paroisse, Léon Barbier, Républicain de Gauche. Prend pour deuxième adjoint un membre de la liste concurrente de Jules Ramas d'Union Républicaine, Victor Bréchaille, ancien négociant.

La liste Barbier obtient 15 élus, la liste Ramas, 8 élus.

C'est une coalition du centre et de droite qui dirige la ville jusqu'en 1935.

L'ère des partis de masse n'a pas encore commencé et l'on vit toujours sous le règne de l'entente communale.

Selon le mot de Joseph-Barthélémy, "les républicains de gauche sont des hommes du centre que le malheur des temps oblige à siéger à droite".

 

1921 - 1929

Vital Chatel

Liste d'Union des Républicains de Gauche et d'Entente Communale

Propriétaire, Chevalier de la Légion d'Honneur

 

1919-1921

Charles Montaudoin

Bloc National

Il ne subsiste dans cette municipalité presque entièrement renouvelée que trois anciens radicaux du personnel électoral d'avant-guerre, Charles Montaudoin, industriel de Chatou, élu maire, Vital Chatel, futur maire en 1921 et Gustave Chénier. Jules Ramas, futur maire en 1935, fait partie des nouveaux élus.

 

1911 - 1919

Eugène Rochefort

Liste d'Entente Communale et de Concentration Républicaine, union de l'Alliance Républicaine Démocratique et du Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste

Médecin de Chatou, ancien-adjoint de Maurice Berteaux, bienfaiteur de la commune, responsable de l'hôpital auxiliaire de la Faisanderie pendant la Première Guerre mondiale, Chevalier de la Légion d'Honneur

 

1891 - 1911

Maurice Berteaux

Parti Républicain Radical et Radical-Socialiste

Agent de change, député 1893-1911, ministre de la Guerre  en 1904-1905 et 1911, vice-président de la Chambre des Députés 1906-1911, bienfaiteur de la commune, Chevalier puis Officier de la Légion d'Honneur, le plus long mandat détenu à ce jour par un maire de Chatou.

 

 1888 - 1891

Edmond de Panafieu

Liste Conciliatrice et Libérale

Ancien conseiller d'Etat, Chevalier puis Officier de la Légion d'Honneur - Liste conservatrice - époque du "boulangisme", scandales sous le mandat de Jules Grévy.

 

1887 - 1888

Jules Coulon

Républicain Libéral

 

1878 - 1887

Ernest Bousson

Républicain Libéral

Industriel. Proclame  la "Première municipalité républicaine de Chatou"

Noms républicains donnés aux voies de Chatou.

 

1877 - 1878

Charles Girard

Partisan du maréchal de Mac-Mahon, président de la République favorable à une restauration monarchique

Directeur au Ministère du Commerce

 

1872 - 1877

Pierre Dumas

Monarchiste Impérialiste

Partisan du maréchal de Mac-Mahon, président de la République favorable à une restauration monarchique

Propriétaire, ancien négociant,  nommé par le préfet en 1872 en remplacement de Charles Lambert démissionnaire. Pierre Dumas est réélu entre 1874 et 1877. Reprend le combat contre l'indépendance du Vésinet, obtient des avis favorables des commissaires-enquêteurs pour la conservation du lotissement dans Chatou.

En guise de protestation contre le vote par l’Assemblée Nationale de l'érection du Vésinet en commune - 361 hectares sont distraits de Chatou – organise le boycott du conseil municipal qui ne se réunira plus pendant six  mois en 1875.

 

1871 - 1872

Charles Lambert

Républicain

Partisan d'Adolphe Thiers, président de la République favorable à l'installation définitive de la République.

Agent de change, il démissionne en 1872 en raison de "l'attitude plus que malveillante" montrée par le préfet concernant l'affaire du Vésinet puis reprend sa démission mais le préfet nomme Pierre Dumas.

 

 1870 - 1871

François Laubeuf

Président de la délégation municipale sous l'occupation prussienne

Alors que tous les notables de Chatou ont pris refuge dans leurs propriétés parisiennes où le siège s'organise, François Laubeuf, entrepreneur de travaux publics, est désigné par la municipalité sortante pour assurer les affaires de la commune.

Pris en otage par les Prussiens qui ont découvert un dépôt d'armes dans l'Eglise abandonnée par le curé Ussel, il doit la vie sauve à l'abbé Borreau, curé de Carrières-Saint-Denis, qui s'interpose, ce dernier ayant prodigué des soins aux blessés y compris à des soldats prussiens.

 

1866 - 1870

Pierre Dumas

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

Propriétaire, ancien négociant, mène le premier combat contre l'indépendance du Vésinet.

 

1861 - 1866

Jean-Pascal Castets

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

Maître-serrurier à Chatou

 

1858 - 1861

Emile Lacroix

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

Propriétaire de l'ancien domaine de la seigneurie

 

1857 - 1858

Jean-Pierre Jacquin

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

 

1852 - 1857

Joseph-Marie Cauvart

Majorité dynastique

Monarchiste Impérialiste

Propriétaire

 

1848 - 1852

Antoine-François Ruinart de Brimont

Subit trois régimes

Ancien consul sous Louis XVIII, nommé par le dernier préfet de Seine-et-Oise de Louis-Philippe, Aubernon, confirmé par le nouveau préfet républicain en 1848 puis maintenu par le préfet bonapartiste après le coup d'Etat de 1851.

Le baron Antoine Ruinart de Brimont dit Tony de Brimont est le seul maire de Chatou à accueillir un chef d'Etat dans notre commune, en l'occurrence le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte le 5 octobre 1850.

 

1844 - 1848

François Delivre

Royaliste

(Légitimiste ?) 

Notaire

 

1832 - 1844

Camille Périer

Majorité dynastique

Royaliste Orléaniste

Préfet et auditeur au Conseil d'Etat sous le Premier Empire, député de la Sarthe à partir de 1828 siégeant dans l'opposition constitutionnelle à Charles X puis membre de la majorité dynastique soutenant Louis-Philippe en 1830, député de la Corrèze en 1835, pair de France de 1837 à sa mort en 1844, rapporteur du budget, spécialiste des questions financières, Chevalier de la Légion d'Honneur.

 

1829 - 1832

Antoine Lacroix

Majorité dynastique

Royaliste Légitimiste puis Orléaniste

Banquier, propriétaire de l'ancien domaine de la seigneurie

 

1829 - 1829

Adj intérimaire Mauriot

Majorité dynastique

Royaliste Légitimiste

 

1826 - 1829

François Levrat

Majorité dynastique

Royaliste Légitimiste

Industriel

 

1823 - 1826

 M. Mitouflet de Beauvois

Majorité dynastique

Royaliste Légitimiste

Propriétaire

 

1814 - 1823

Charles-Alexis Travault

Monarchiste Impérialiste

puis Royaliste Légitimiste

Propriétaire de l'ancien domaine de la seigneurie

 

1800 - 1814

Pierre Vanier

Partisan de Bonaparte Premier Consul

puis Majorité dynastique Monarchiste Impérialiste

Notaire de Chatou

 

1795 - 1800

Henri Médard Talibon

 

1794 - 1795

Paul Rateau

 

1792 - 1794

Alexandre Cuel

 

1790 - 1792

Jean Pierre Nicolle

Ancien syndic du bailliage. Envoie à l'échafaud en 1794 quelques semaines avant la chute de Robespierre et de la Terreur, le comte de Sourdeval, le curé Boismaigre et Madame de Feuquières.

 

Le premier maire de Chatou, Jean-Pierre Nicolle, est élu le 25 janvier 1790.

 

 

Il est remarquable de constater qu'à quelques rares exceptions, tous les maires de la Restauration, de la Monarchie de Juillet, du Second Empire, de la IIIème République et de la IVème République ont inscrit Chatou dans leurs legs testamentaires lorsqu'ils ne faisaient pas des dons de leur vivant. La position de fortune qu'ils occupaient facilitait bien entendu de telles libéralités mais celles-ci traduisaient aussi une pensée aimable et généreuse alors que le mandat qu'ils occupaient parfois malgré eux n'était pas rémunéré.

 

 

Sources :

Recherches Pierre Arrivetz aux Archives Municipales, Archives Nationales, Archives Départementales des Yvelines, traduites notamment dans les ouvrages suivants :

"Chatou, de Louis-Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878" (éditions Alan Sutton - 2005),

"Chatou, 1830-1848, les premières mutations du village"(édition Association Chatou Notre Ville - 2009),

"Chatou, 1814-1830, chronique des temps difficiles" (édition Association Chatou Notre Ville - 2008) 

Albert Curmer : Les seigneurs de Chatou (Revue de l'Histoire de Versailles 1916-1922) Reédition Res Universis 1991.

 

 

 

 

 

 

 

19/12/2012

JACQUES TATI (1907-1982) EN MUSIQUE A CHATOU

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Jacques Tati - "Monsieur Hulot" 

Monsieur Hulot, égaré dans le monde, s’égarait dans ses vacances. Le film de son histoire décalée est parvenu à bousculer les conventions du cinéma, donnant à Jacques Tati, né au Pecq le 9 octobre 1907, une nouvelle raison de persévérer dans une œuvre originale.

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« Les Vacances de Monsieur Hulot » obtinrent en effet à leur sortie en France et plus encore en Angleterre en 1953 la reconnaissance immédiate du public. Derrière le mutisme des personnages, une fresque bon enfant brandissait l’air pur de l’après-guerre,  le goût des belles images qui décrivent une scène, un comique de situation, une ambiance.

  

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Vue aérienne des usines Pathé-Marconi à Chatou dans les années cinquante. Source : "Chatou, une page de gloire dans l'industrie" , par Pierre Arrivetz, édition Chatou Notre Ville (2012).

 

A ce sujet, le rôle de Chatou apparut une fois encore dans les presses des usines Pathé-Marconi boulevard de la République. La musique du film, « Quel temps fait-il à Paris ? », fut en effet composée par Alain Romans, résistant et pianiste dont les œuvres furent produites sous le label Pathé à Chatou.

Aimé Barelli et son orchestre de jazz  furent chargés de l’interprétation de « Quel temps fait-il à Paris ? », ajoutant une note musicale au succès du long-métrage. Cet orchestre produit également sous le label Pathé faisait la joie de l’après-guerre, comptant 125 titres dans le seul catalogue général Pathé-Marconi de 1954, soit presque autant que les grosses vedettes Tino Rossi et Luis Mariano. Aimé Barelli avait épousé une chanteuse de Pathé-Marconi produite sous le label Columbia, Lucienne Delyle, dont il fut occasionnellement le partenaire. 

L’orchestration du disque 78 tours d'Aimé Barelli pressé aux usines Pathé-Marconi de Chatou contribua de manière décisive à la notoriété du générique du film. Peut-être représenta-t-elle aussi le son d’une époque.  

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Une image du disque 78 tours de "Quel temps fait-il à Paris ?" (1953) interprété par Aimé Barelli et son orchestre, exemplaire très usé (et donc très écouté en son temps) de la musique du film "Les Vacances de Monsieur Hulot". Appuyez sur le bouton ci-dessous pour l'écouter avec votre lecteur windows media player. Enregistrement Pierre Charbaut.

 


podcast

 

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17/12/2012

PAUL ABADIE (1812-1884), LA RENOMMEE D'UN ARCHITECTE INDEPENDANT

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Paul Abadie à l'époque où il emménagea à Chatou 
cliché communiqué par Monsieur Claude Laroche
 
 
 
Le chemin de fer a amené à Chatou nombre de personnalités qui mirent leur intérêt dans une villégiature leur offrant à la fois le calme, les espaces verts et la proximité de la capitale. Ce cadre verdoyant a en partie disparu ainsi que quantité de villas qui étaient entrées dans l'histoire de leurs propriétaires. Tel est le cas de la maison de l'architecte Paul Abadie, celle-ci venant couronner une carrière vouée à la rénovation des édifices religieux dans une époque où peu d'architectes avaient ce privilège.
 
Paul Abadie avait marqué de son empreinte sa fonction d'architecte des édifices diocésains du sud-ouest depuis 1848, fonction qu’il cumula avec celle d’inspecteur général des édifices religieux à partir de 1861. C'est lui qui imprima un style romano-byzantin, très spectaculaire, aux plans de restaurations des cathédrales Saint-Front de Périgueux et Saint-Pierre d'Angoulême  et de l'Eglise Sainte-Croix de Bordeaux.
 

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La cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême revue par Paul Abadie au terme d'une campagne de restauration entreprise de 1850 à 1875 à l'instigation de l'évêque d'Angoulême. L'architecte lui donna le style romano-byzantin mais prit soin de lui restituer les chapelles néo-romanes autour du choeur. Service Patrimoine d'Angoulême.

 
 
 
Son arrivée à Chatou se fit vers 1867. Né à Paris le 9 novembre 1812 et habitant 36 rue de Berlin à Paris lors de la guerre franco-prussienne (depuis 1914 rue de Liège), Paul Abadie avait décidé de s'accorder un repos campagnard et citadin en faisant ériger une villa 6 route des Princes à Chatou (devenue l'avenue François Arago en 1875) où il demeura jusqu'à sa mort.
 
Le 14 août 1869, l'empereur lui accorda la croix d'officier de la Légion d’Honneur. Sans doute l'architecte pensait-il avoir atteint le sommet de sa carrière lorsqu'il vint dans notre ville. Il fut élu conseiller municipal en juillet 1870 dans les derniers mois du Second Empire alors que l'élection des municipalités - dans un cadre de suffrage universel pour la commune de  Chatou - se poursuivait étrangement pendant la guerre franco-prussienne.  
 
Au lendemain de la guerre civile contre la Commune, le 11 juin 1871, Paul Abadie conseiller municipal de Chatou fut désigné par la municipalité de Monsieur Lambert pour intervenir sur la restauration de l'église Notre-Dame, victime des bombardements des batteries françaises du Mont-Valérien. Il en résulta la réfection de la nef, la réalisation de piliers cannelés et l'ajout d'une flèche sur le clocher du XIIème siècle. La restauration entreprise en 2010 eut notamment pour mérite de mettre en valeur ce parti pris.
 

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L'Eglise Notre-Dame de Chatou à la suite de l'intervention de Paul Abadie en 1871-1872. La façade romane avait été conservée - collection Louis Bigard - Pierre Arrivetz.

 

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Un pilier cannelé de Paul Abadie à la suite de la restauration de l'église Notre-Dame en 2010, référence de l'architecte catovien à l'époque romaine du Bas-Empire - cliché 2010 Pierre Arrivetz.

 

En 1874, Paul Abadie remporta le concours pour l'érection d'un monument expiatoire sur la colline de Montmartre, une victoire concluant l'examen de 78 projets, conséquence d'un voeu émis par l'Assemblée Nationale en 1873 en réponse à la Commune et au courant anti-religieux. Cet évènement dut le décider à ne pas renouveler son mandat de conseiller municipal de Chatou en 1875.

Construit en pierre calcaire de Chateau-Landon sur une souscription entièrement privée de dix millions de fidèles entre 1874 et 1919, le monument dont Paul Abadie dressa les plans symbolise Paris dans le monde entier aux côtés de la Tour Eiffel.

Lors de l'Exposition Universelle de Paris en 1878, alors que le chantier battait son plein, un premier hommage fut rendu à l'architecte par un commentateur de la manifestation : " l'auteur de cette oeuvre considérable est un indépendant qui butine sur toutes les fleurs dont sa route est semée. Un peu gothique, bien davantage romano-byzantin, très latin dans son ensemble, l'art de Monsieur Abadie ne dédaigne  d'ailleurs ni Athènes ni Rome. Certes, il ne faut pas une valeur ordinaire pour amalgamer convenablement de pareils contrastes, qui, a priori, semblent très disparates. Le danger est réel, et nous ne conseillons pas à tous de le courir. Mais le talent éminent de Monsieur Abadie sait fondre en une harmonie parfaite des éléments si divers, et parvient à procurer aux yeux la sensation d'une douce surprise.

Il y a là un exemple frappant de la haute raison d'un architecte se préoccupant surtout de l'effet à produire, lorsqu'il s'agit de planter un monument sur la montagne qui domine souverainement une ville immense, et destiné à être vu, de tous côtés, à de grandes distances. 

En pareil cas, une nécessité s'impose, celle d'une architecture robuste se décorant elle-même par la nature de ses formes et n'admettant pas les détails de composition et d'ornementation qui n'apporteraient aucun concours utile à sa silhouette générale. En architecture, la sagesse est une notable partie du talent et le commencement du génie créateur."

 

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La basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, oeuvre de Paul Abadie - cliché 2011 Pierre Arrivetz.

 

Paul Abadie mourut sur le quai de la gare de Chatou à l'été 1884 :

 

« Monsieur Paul Abadie, architecte, membre de l’Institut, a été frappé, vendredi 1er août, d’une attaque d’apoplexie, à la gare de Chatou, au moment où il descendait du train venant de Paris ; l’éminent artiste est mort dans la nuit. » (Gazette des Architectes et du Bâtiment – août 1884).

 

«Le vaillant architecte était frappé inopinément et mortellement en revenant d’exercer les fonctions de juré au Concours du Grand Prix d’Architecture » (Revue de l’Architecture et des Travaux Publics – 1885). « Avant de clore son discours, Monsieur Daumet insiste sur la bienveillance parfaite qui caractérisait Abadie, président du Cercle des Maçons et Tailleurs de Pierre. »

 

Depuis 1972, une voie honore l'architecte dans le quartier Gambetta. Les deux cents ans de sa naissance n'ont pas été commémorés à Chatou. L'association lui a rendu hommage par une conférence le 19 juin 1998 de Claude Laroche, ingénieur des études au ministère de la Culture et défenseur de l'oeuvre de Paul Abadie. Chatou ne pouvait qu'être associée à la renommée de cette oeuvre singulière qui concourt encore aujourd'hui à l'intérêt de notre patrimoine national.
 

 

 

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L'affiche de la conférence organisée par Chatou Notre Ville sur Paul Abadie le 19 juin 1998 salle Jean Françaix à Chatou, par Claude Laroche, ingénieur des Etudes au Ministère de la Culture - réalisation de Monsieur Christophe Rémy.