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21/06/2012

LA SEINE A CHATOU AU TEMPS DES POISSONS...

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"Les loisirs de Chatou" - gravure de Jean-Jacques Grandville (1803-1847), graveur et illustrateur de l'hebdomadaire "L'Illustration" fondé en 1843 ainsi que des journaux "Le Charivari", "La Caricature". Il fut surtout l'auteur de recueils célèbres où il transforma les fleurs et les animaux en êtres humains : "Les Fleurs Animées", "Les Métamorphoses du Jour" ... Grandville habitait 48 route de Saint-Germain à Chatou sous la Monarchie de Juillet.

 

« La pêche parisienne se portait autrefois du côté du village de Charenton, que le fameux Vreusez, pêcheur, auteur et marchand d’ustensiles de pêche, avait mis en vogue.

La difficulté que les amateurs  trouvaient à s’y rendre les éloigna peu à peu de cette localité à laquelle ils ont préféré Chatou sur la lisière du Vésinet, dans une sorte de delta solitaire que décrit l’un des anneaux de la sinueuse Seine.

Le chemin de fer de Saint-Germain s’y arrête. Ces parages sont régulièrement visités par le petit nombre des adeptes de bonne compagnie de la pêche à Paris.

C’est tout un monde à connaître. Les campagnes voisines de Chatou, Croissy, Bougival, sont habitées par un essaim de gens de lettres, d’hommes et de femmes appartenant à la vie artistique de Paris, qui ont coutume de se retrouver sur ces berges à certaines heures du jour, tantôt par la pêche, tantôt par les plaisirs du frais en pleine eau, qui se prend vers les quatre heures. Si, par une chaude après-midi de beaux jours de la saison d’été vos loisirs vous dirigeaient vers l’île de Croissy, vous seriez en joyeuse compagnie de sport avec ce monde aux spirituelles allures.

La pêche à la ligne dans les eaux de la Seine comprend le brochet, qui se prend de juin à janvier et le soir, la perche, pendant la même époque et aux mêmes heures, la carpe de juin à octobre, matin et soir et toute la nuit, le chevesne, de juin à février toute la journée, la brème d’avril à septembre matin et soir, le gardon d’avril à décembre, toute la journée, la vendoise d’avril à décembre toute la journée, le goujon, d’avril à novembre toute la journée, l’ablette d’avril à octobre toute la nuit quand il n’y a pas de lune.

Enfin, on trouve parfois encore ce savoureux poisson de Seine si apprécié de nos pères, la lotte qui donna lieu à ce proverbe très populaire : « pour manger de la lotte, Madeleine vendit sa cotte. » 

Journal des Haras, Chasses et Courses de Chevaux - 1857  

 

« C’est à Chatou et Bougival que la tribu des pêcheurs à la ligne contemporains va se livrer  à son plaisir favori. Monsieur Chapus place au premier rang le compositeur d’un des plus mélodieux opéras de notre époque, « Le songe d’une nuit d’été », Monsieur Ambroise Thomas, Monsieur Emile Augier, mieux inspiré, je l’espère, à la pêche qu’au théâtre mais qui doit s’entendre à amorcer la ligne pour le fretin des personnes vulgaires, « Le fils de Monsieur Giboyer » me porte à le croire, Monsieur Jules Sandeau, l’auteur de « Catherine et de Marianne » qui l’ont conduit à l’Académie, et parmi les peintres, Messieurs Nanteuil et Meissonier (…). »

L’Echo de la France – 1866

 

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Ambroise Thomas (1811-1896), directeur du Conservatoire National Supèrieur de Musique et de Danse de Paris (1871-1896), compositeur d'opéras qui entra triomphalement à l'Académie des Beaux-Arts en 1851, goûta les charmes de la pêche à Chatou et dans les environs.

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Meissonier (1815-1891), l'un de nos plus grands peintres d'histoire, auteur notamment de L'Apothéose impériale, la Retraite de Russie, les Cuirassiers à Waterloo, Napoléon III à Solférino, membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1861, n'ignorait rien de la pêche à Chatou.

 

 

 

17/06/2012

LA PREMIERE HABITATION BON MARCHE A CHATOU

 

HBM 1.jpgLa première Habitation Bon Marché à Chatou rue du Val Fleuri

 

cliché Librairie de la Construction Moderne - 1925 

 

La construction d'habitations bon marché a pris son essor à Chatou au lendemain de la première guerre mondiale. Engageant un effort collectif contre les taudis, l’Etat, prenant d’une certaine manière le relais de fondations privées trop peu nombreuses , avait, par une loi votée en 1894 sur le projet du parlementaire et industriel Jules Siegfried, autorisé la Caisse des Dépôts et Consignations à prêter aux offices et aux sociétés de construction à un taux minime la majeure partie des capitaux qui leur étaient nécessaires pour réaliser des opérations de constructions d'habitations à bon marché. Puis en 1912, la loi Bonnevay avait créé les Offices Publics d’Habitations Bon Marché pour tenter d’accélérer les opérations de relogement et d’assainissement.

Mais ce furent les lendemains de la Grande Guerre qui sonnèrent  le tocsin de l’urgence du relogement, en particulier pour des habitants de la province. Le Conseil Général de Seine-et-Oise, suivant son collègue de la Seine, vint à la rescousse financière de la Caisse des Dépôts et Consignations pour compléter son apport  en vue de favoriser des constructions bon marché.

 

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 Extrait des plans dressés par l'architecte Henri Guyon

 

C’est ainsi que la première opération à Chatou, antèrieure à la construction de la résidence de la rue Ribot lancée à la fin des années vingt, a très probablement été réalisée en 1920 rue du Val Fleuri, l'ancienne rue des Glaises rebaptisée rue du Val Fleuri par délibération du conseil municipal du 26 août 1908, par la construction d'une société privée, la Société Immobilière de l’Ile-de-France, d’une maison d’habitation sur les plans de l’architecte Henri Guyon, domicilié à Saint-Maurice.

La maison comportait 3 chambres de 12 mètres carrés chacune, une cuisine de 9 mètres carrés, une salle à manger de 12 mètres carrés, deux caves, une salle d’eau et un grenier. Les persiennes  étaient en fer, les balcons en fonte à toutes les croisées. Un carrelage avec mosaïque de ciment avec et sans dessin prenait place dans la cuisine, la salle d’eau, le vestibule, les WC et derrière l’évier. Une ventilation était réalisée dans la cuisine.

Trois cheminées était installées : l’une en marbre rouge avec modillon dans la salle à manger, l’autre en marbre noir dans la chambre du premier étage, enfin la troisième en marbre blanc dans les chambres du rez-de-chaussée. Le chauffage au feu de bois était prévu de même que l’alimentation  en eau et par le gaz.

Ainsi pour une somme de 26.000 francs, il devenait possible de trouver acquéreur pour la construction de ce pavillon tout confort.

L'opération de Chatou fut citée en exemple dans le recueil des Habitations à Bon Marché édité en 1925 par la Librairie de la Construction Moderne parmi 64 autres constructions réalisées entre 1920 et 1924 "à l'aide de prêts et subventions de l'Etat" dans diverses régions de France.

La petite rue du Val Fleuri, que nous avons fait connaître pour avoir été le lieu de naissance du comédien Pierre Trabaud en 1922, peut ainsi s'enorgueillir d'avoir été le témoin d'une opération encore inconnue à Chatou au titre de l'habitat que l'on ne nommait pas encore "social".

 

13/06/2012

AU TEMPS DE CHARLES V AVEC GILLES MALET

Le nom du Catovien Gilles Malet (mort en 1410) est inconnu de la presque totalité des habitants et pourtant, il est inscrit au fronton de la Bibliothèque Nationale rue de Richelieu.

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L'inscription sous le porche de la Bibliothèque Nationale rue de Richelieu mentionne : "XIVeme siècle : Charles V fondateur de la Bibliothèque réunit plus de 900 volumes dans une Tour du Louvre. Le catalogue en est dressé par Gilles Malet."

 

La gloire de Gilles Malet vint de Charles V, dont le règne est souvent comparé à celui de Saint-Louis en terme de sagesse de gouvernement. Monté sur le trône en 1364 et mort en 1380, Charles V reste dans l’histoire comme le seul roi de la dynastie des Valois qui redressa la France et s'entoura des meilleurs conseillers et chefs de guerre, parmi lesquels Olivier de Plisson et Bertrand du Guesclin. Il retourna en effet le cours de la guerre de Cent ans, et entamant la suprématie anglaise, réunit à la couronne le Poitou, la Saintonge, le Rouergue, une partie du Limousin, le comté de Ponthieu et la Guyenne.  

Décidé à faire montre de tous les apanages de l’autorité contre les compagnies qui ravageaient le pays, Charles V entreprit pour y résider de restaurer le château de Saint-Germain-en-Laye, incendié en 1346 par les troupes du prince Noir qui avaient saccagé la Normandie.

En 1369, le roi confia à Gilles Malet le soin de créer et d’enrichir la Librairie du Louvre, ancêtre de notre Bibliothèque Nationale. Administrateur dévoué et apprécié, Malet occupa ses fonctions à la Librairie pendant 41 ans jusqu'à sa mort. En 1373, 910 volumes, dont de nombreuses œuvres traduites, composaient la Librairie. Ces recueils d’une valeur inestimable ne survécurent pas aux malheurs des temps.  

 

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Gilles Malet, seigneur de Chatou, Garde de la Librairie du Roi, et sa femme, Nicole de Chambly

 

Pour le récompenser, Charles V offrit en 1374 à Gilles Malet la seigneurie de Chatou, non loin de la résidence royale de Saint-Germain-en-Laye et de la Tour du Louvre.

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"Octobre, les semailles", miniature représentant les semailles au pied de l'ancien Louvre.

L'académicien Emile Henriot écrivit :  "A mesure que le monde féodal s'organise et construit la France, la vie se détend, prend ses habitudes, devient stable et moins dangereuse. Les gens se sont risqués hors de l'enceinte du château qui les protégeait, et bâtissent leurs demeures nouvelles autour de lui.

Au pied du donjon, c'est le bourg, lui-même clos d'une muraille de défense, au-delà de quoi le faubourg s'aventure, à même la campagne. La terre a ceux qui vivent d'elle, le serf, laboureur ou berger. L'homme de métier, l'artisan, le marchand, restent au bourg, qui, bien situé, sur un lieu de passage, un noeud de routes, une rivière, s'enfle, prospère et devient ville."

Les terres cultivées s'élargissent au détriment des forêts. La population française atteint vingt millions d'habitants au milieu du XIVème siècle et tombera à moins de quinze à la suite de la guerre de Cent Ans. Elle ne retrouvera ce chiffre que sous Louis XIV.

 

 

Valet de chambre et écuyer du Roi, Gilles Malet devint, par échange de biens avec Messieurs de Saint-Denis, seigneur de Chatou et de Villepresle. A ses titres s'ajoutaient ceux de Châtelain de Pont Sainte Maxence, vicomte de Corbeil et seigneur de Soisy.

Preuve d’une fidélité exemplaire et d’un service sans ombre à l’œuvre du souverain, le seigneur de Chatou fut l'exécuteur testamentaire de Charles V en 1380 et demeura au service de son successeur, Charles VI.  

Gilles Malet construisit l'hôtel de Malet dans le quartier de l’église de Chatou où il habita. Il fit don d'une Vierge à l'Eglise Notre-Dame avec sa seconde femme, Nicole de Chambly, dont il ne reste aucune trace.

Il mourut en 1410, non sans avoir rétabli la prospérité à Chatou, et pris l'initiative de faire dresser le premier censier par son intendant, Jehin de la Mare.

Son successeur à la tête de la Librairie fut nommé vraisemblablement sur sa recommandation. Charles VI désigna en effet un autre grand propriétaire de Chatou, Bureau de Dampmartin, propriétaire de vignes aux Sablons, aux Champagnes et de terres en "la Longue-Ile". Grand bourgeois de Paris, celui-ci s’était occupé de l’enrichissement de la bibliothèque du duc de Berry.

Les fils de Gilles Malet occupèrent à leur tour des fonctions honorifiques dans l'entourage royal : Jean fut maître d'hôtel du Roi et Charles devint chevalier, chambellan et à son tour, seigneur de Chatou. Ce dernier conserva pour intendant Jehin de la Mare qui acheva le premier censier en 1416.    

Oublieuse d'une époque où la France ne disposait que d’un petit Etat qui restait à construire, Chatou tarde à rendre hommage à l’œuvre de ce collaborateur de Charles V, qui  contribua à établir les fondements de la culture dans notre pays.

 

Source :

"les seigneurs de Chatou", par Albert Curmer, 1916-1922, réédition Res Universis, 1991. 

 

N.B: Il existe une résidence Gilles Malet à Chatou mais le nom, baptisant une résidence privée des années 70, ne bénéficie pas de la notoriété et de la reconnaissance qui lui sont dues. La descendante de Gilles Malet, Madame Hemschoot, vit toujours à Chatou. Malgré l'orthographe changeante avec un l ou deux l du nom de Malet, celle-ci dispose de certificats de baptêmes qui ne font aucun doute quant à la succession qui a maintenu ce vieux nom de Chatou et de l'histoire de France.

 

 

 

 

Bibliographie : "La bibliothèque royale du Louvre." Edition Jean-Luc Deuffic. Volume I. 19,5 x 26 cm. Broché. 164 pages sur papier vergé. ISBN 2-914996-03-9. 28 Euros. Edition de l'inventaire de 1423. Réf. LM2/1Fait état de l'inventaire en 1373.

   

04/06/2012

CHATOU: UNE HISTOIRE A DECOUVRIR

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Chatou, de Louis-Napoléon à Mac-Mahon 1848-1878, 223 pages. Ce livre est en vente à l'association au prix de 20 euros avec le coffret "Les Voix de la Guerre" sur la Seconde Guerre Mondiale (chèque à l'ordre de l'association Chatou Notre Ville B.P.22 78401 Chatou cedex). Recherches, rédaction : Pierre Arrivetz. 

 

Chatou 1848-1878 : une pèriode qui s'étend de la IIème République aux débuts de la IIIème République en passant par le Second Empire. L'association propose cet ouvrage de 220 pages qui nous aide à comprendre cette pèriode marquante de l'évolution de Chatou abordant notamment l'évolution des équipements publics, l'organisation et politique de l'époque (suffrage universel, élections, municipalités...), les scissions géographiques de Chatou, l'envol de la villégiature, la guerre Franco-Prussienne, la Commune, les rebondissements politiques dans l'établissement des institutions au lendemain de l'occupation prussienne...

A noter que Pierre Arrivetz, membre de l'association "Les Amis de Napoléon III", a été porte-drapeau lors de la commémoration de la naissance de Napoléon III en 2008 sous l'Arc de Triomphe et mandaté par la Ville de Chatou, a pu en cette occasion prononcer un discours sur le lien entre Chatou et Louis-Napoléon Bonaparte :

 

Discours de Pierre Arrivetz, porte-drapeau, mandaté par Monsieur le Maire de Chatou à la cérémonie du bicentenaire de la naissance de Napoléon III le 21 avril 2008 

 

" Monsieur le Ministre, Mon Général, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Maires et Maires-Adjoints, Mesdames, Messieurs,

 

Monsieur Ghislain Fournier, conseiller général et nouveau maire de Chatou, m ‘a fait l’honneur de me mandater pour représenter Chatou à la cérémonie du ravivage de la flamme. C’est aussi un honneur d’être devant vous ce soir pour exprimer le témoignage de notre ville sur ses liens avec Louis-Napoléon Bonaparte.

 

Notre commune, qui n’était au début de la Seconde République qu’un village de 1292 habitants, reçut la visite du prince Louis-Napoléon président de la République le 5 octobre 1850. Cette visite ne fut pas anodine car elle demeure la seule visite officielle d’un chef d’Etat dans l’histoire de notre ville.

 

Le prince, qui avait compris que le suffrage universel pouvait lui être plus heureusement favorable qu’aux candidats du suffrage censitaire du régime précédent, était alors en campagne électorale à des fins plébiscitaires. La Seine-et-Oise, dont la sociologie démontrait un vote porté vers le régime de la République, était pour lui une terre de conquête.

 

Grâce à cette visite, notre village put concrétiser l’acquisition d’une place communale en recevant l’autorisation de contracter un emprunt auprès de l’Etat. 

 

L’Empire fait, le village de Chatou se transforma. Sa population tripla, comptant plus de 3000 habitants en 1872. La construction de villas de villégiature, parmi les plus belles de la Boucle de Seine et dans un éclectisme architectural qui fait honneur aux architectes de l’époque, en fit la cité qui devait attirer et pour longtemps la villégiature de la bourgeoisie parisienne.

 

Dans cette petite ville aux finances alors réduites, la politique du Second Empire parvint à percer dans les années 1860, lorsque l’enrichissement atteignit un sommet inégalé sous les régimes précédents grâce à l’accroissement des transports et de l’industrie.

 

Le développement de l’instruction publique, la création de cours pour les adultes, la construction d’une école, d’une bibliothèque et d’une salle d’asile, l’extension de l’éclairage et l’introduction de l’éclairage au gaz, la création d’un marché, l’installation d’un bureau télégraphique, l’ouverture de plusieurs voies nouvelles, la création d’une brigade de gendarmerie, l’achat d’un terrain pour un nouveau cimetière et l’amélioration des secours aux indigents, constituèrent autant de bienfaits de la politique du nouveau régime.

 

Parmi les personnalités résidant à Chatou sous le Second Empire, citons :

 

-          Jean-Martial Bineau, le premier ministre des Finances de Napoléon III et ministre des Travaux Publics lorsqu’il était président. A l’occasion de la guerre de Crimée, il fut l’auteur du premier emprunt public s’adressant à tous les Français. Le ministre mourut dans sa maison de campagne à Chatou le 8 septembre 1855

 

-          le sénateur Victor Suin, ancien conseiller d’Etat et secrétaire du Sénat, qui fut également conseiller municipal de la ville à partir de 1865 et qui défendit un projet d’amélioration de la loi sur les aliénés

 

 -          l’architecte Paul Abadie dont la maison fut déclarée au cadastre de Chatou en 1868 et qui, outre les rénovations néo-byzantines des édifices religieux du sud-ouest, devait être appelé à prendre en charge les plans de construction du Sacré-Cœur de Montmartre. Paul Abadie entra au conseil municipal de Chatou à la fin de l’Empire.

 

-          il y eut enfin deux grands propriétaires, Alphonse Pallu, le futur créateur de la commune du Vésinet, jusqu’en 1875 terre de Chatou, et en 1853, Emile Péreire, qu’on ne présente plus.

 

L’un des artistes qui habitait la commune, Pharamond Blanchard, peintre et dessinateur du journal « l’Illustration », a laissé un tableautin qui marque la relation plutôt bienveillante qu’entretenait le village avec la personne de l’Empereur. Celui-ci avait fait don d’un sabre d’honneur, d’une carabine pour les sapeurs-pompiers et d’une somme pour une jeune fille méritante en 1853.

 

Pharamond Blanchard peignit l’arrivée de Napoléon III à Chatou en 1858. Cette toile est présente dans les collections du Musée du Second Empire à Compiègne. Elle est pour nous la trace d’un régime soucieux d’accorder au pays le développement qui lui faisait défaut.

 

Voilà pourquoi, à notre modeste échelle, nous tenions, grâce à l’initiative des Amis de Napoléon III et de son actif président Gilles Ameil, à saluer ce soir le bicentenaire de la  naissance du prince Louis-Napoléon."

 

 

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Les Voix de la Guerre 1939-1945, deux disques dans un coffret

 

Les voix historiques et les témoins de Chatou et des environs de la deuxième guerre mondiale réunis de manière inédite dans un coffret de deux disques intéressant les passionnés d'histoire et toutes les générations. Réalisation, commentaires : José Sourillan, Arnaud Muller.

Un témoignage sur le coffret communiqué par  Monsieur Jean-Claude Issenschmitt (témoin enregistré, président local Souvenir Français et Fédération Nationale des Combattants Prisonniers de Guerre et Combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc):

"(...) J'ai profité du week-end pour écouter les deux CD que vous m'avez aimablement remis. C'est un document de qualité particulièrement émouvant, compte-tenu des témoignages qui le constituent. Il contribue à l'indispensable travail de mémoire qu'il nous appartient de conduire et de développer.

Je souhaite que vous soyez mon interprète auprès de tous ceux qui furent les artisans de cette réalisation auxquels j'adresse mes plus sincères et amicales félicitations. Il me reste maintenant à prendre connaissance du livre sur Chatou (...)

Jacques Goujat

Membre du Haut Conseil de la Mémoire Combattante *

 

* Haut Conseil de la Mémoire Combattante : créé par le décret n° 97-11 du 9 janvier 1997, le Haut Conseil de la Mémoire Combattante (HCMC) est chargé d'éclairer le Président de la République sur toutes les questions relatives au devoir de reconnaissance par la Nation de la sauvegarde de la mémoire des guerres ou des conflits contemporains et de la préservation des valeurs du monde combattant

 

N.B : à l'heure où le Royaume-Uni fête les 60 ans du couronnement d'Elisabeth II, nous indiquons à nos internautes que les paroles d'encouragement de la jeune princesse Elisabeth en 1940 sont dans ces disques de même que la voix du Premier Ministre Winston Churchill s'exprimant en français.

 

 

 

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Chatou 1830-1848 - les premières évolutions du village

 

Au sortir de la Restauration, le village de Chatou était sans moyen et en piteux état. Sous la monarchie de Juillet, les problèmes commencèrent à s'estomper mais surtout, l'entreprise Pereire, en fait la croyance d'un seul homme dans le chemin de fer, vint bouleverser toute la région et amorcer les premiers lotissements. A l'appui de recherches approfondies, l'association a remis en exergue cette pèriode méconnue de Chatou.(Pour commander, écrire à Association Chatou Notre Ville B.P.22 78401 Chatou cedex par chèque à son ordre de 12 euros). 52 pages. Recherches, rédaction : Pierre Arrivetz.

 

 

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Chatou 1814-1830 - chronique des temps difficiles

 

L'histoire de Chatou sous la Restauration n'avait pas été explorée. L'association, à l'appui de recherches aux Archives Départementales des Yvelines et aux Archives Municipales de Chatou a donc décidé d'explorer cette pèriode marquant la fin des temps anciens. Une revue dans laquelle vous retrouverez les heurts et malheurs du village entre 1814 et 1830 est à votre disposition sur commande à l'association. (Ecrire à Association Chatou Notre Ville B.P.22 78401 Chatou cedex par chèque à son ordre de 12 euros).32 pages. Recherches, rédaction : Pierre Arrivetz.

 

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Chatou dans l'industrie maritime

 

L'histoire de Chatou s'enrichit de celle de ses ingénieurs et décorateurs. En matière maritime, quelques belles pages du génie français méritaient d'être mises en lumière.62 pages. Recherches, rédaction : Pierre Arrivetz.

 

 

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Mémoire en Images - Chatou, plus de 2000 exemplaires vendus, une immersion dans l'ancien Chatou. 125 pages (en commande à l'Association Chatou Notre Ville B.P.22 78401 Chatou cedex par chèque à son ordre ou à l'éditeur). Recherches, rédaction : Pierre Arrivetz. 

Pour passer commande, n'hésitez pas à nous envoyer un mail à piarri@orange.fr ou téléphoner au 06 33 33 25 76.

L'association a interdit tout financement public dans ses statuts. Seuls vos dons et vos cotisations peuvent lui permettre de remplir sa mission.

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Locomotive SNCF 241 P compound fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, emblème de l'association.

 

 

 

 

1ER JUIN 2012 : UN CONSEIL D'ADMINISTRATION RENOUVELE

 

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L'assemblée générale annuelle qui s'est tenue le 1er juin 2012 a permis d'élire un conseil d'administration renouvelé. Celui-ci est désormais composé de Pierre Arrivetz (président-fondateur), Arnaud Muller (vice-président), Olivier Becquey (secrétaire), François Nicol (trésorier), Suzanne Blache (secrétaire-adjointe), Véronique Pecheraux, Jean-Claude Roekens (ancien trésorier - fondateur), Nathalie Nordin, Lee Neumann, Evelyne Flipo,  Bernard Bourquin, Michel Cazals de Fabel, Philippe Storm, Lars Nordin. Nous adressons nos plus vifs remerciements à Catherine Bastien qui a  participé activement aux activités de l'association en qualité de secrétaire pendant les trois années écoulées.

Nous remercions également tous nos adhérents qui ont permis à l'association d'entrer dans sa dix-neuvième année et de lui conférer la reconnaissance qui est la sienne en matière d'histoire et de patrimoine pour Chatou.

Nous serons heureux de vous proposer notre dernier ouvrage sur l'histoire industrielle de la commune, un livre-disque de 240 pages.

Merci à tous pour votre soutien.

Le conseil d'administration

 

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18/05/2012

JACQUES CATINAT, MAIRE DE CHATOU (1971-1979)

Jacques Catinat naquit à Lille le 2 janvier 1910. Licencié en droit, diplômé des Sciences Politiques, il fut attaché à la direction du Groupe des Industries Métallurgiques en 1940 puis fut nommé chef des services sociaux du Groupe Edgar-Brandt en 1942, avant de devenir secrétaire général des Tréfileries et Câbleries Wurth, directeur général de "L'Officiel de l'Automobile" et de "L'Office du Cycle et du Motocycle", enfin président des Imprimeries Tantet et Catinat. 

Il occupa parallèlement les fonctions de président de la Fédération Nationale du Commerce et de l'Artisanat Automobile, président du Syndicat des maîtres-imprimeurs d'Eure-et-Loire, directeur général de la Société d'édition Semis, gérant de la société d'édition S.O.S.P. Maire-adjoint de Chatou en 1965, il devint maire en 1971 puis conseiller régional.

On lui doit la création du cinéma Louis Jouvet et de la salle Jean Françaix en 1976, l'inscription à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques des anciens pavillons du Comte d'Artois de 1783, mais surtout deux ouvrages sur Chatou qui font autorité : "XII Grandes Heures de Chatou et la naissance du Vésinet", "Chatou, les Châteaux et le Nymphée", premiers livres mettant en lumière le patrimoine architectural de Chatou ainsi qu'un ouvrage de référence sur Croissy, "C'est arrivé à Croissy" auquel il donna suite en obtenant le classement à l'Inventaire des Monuments Historiques de la Place d'Aligre à Croissy.

Son oeuvre majeure réside dans sa démarche, peu courante à l'époque, de sauvetage de la Maison Fournaise dans l'Ile de Chatou grâce à son projet  d'acquisition du terrain par la commune. Jacques Catinat était notamment chevalier de la Légion d'Honneur et chevalier de l'Ordre de l'Instruction Publique. Sa maison, du XVIIIème siècle, "La Colinésie", située 18 rue du Général Colin, a été détruite. Jacques Catinat mourut en cours de mandat le 7 mars 1979.

 

16/04/2012

1912 : IL Y A CENT ANS, LE NAUFRAGE DU "TITANIC" CEDAIT LA PLACE AU LANCEMENT DU "FRANCE"

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Gravure du supplément du Petit Journal -28 avril 1912

 

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La prière sur les lieux du naufrage du "Titanic" à bord du "Mackay-Bennet" affrété la White Star Line. L'expédition permit de repêcher une centaine de nouveaux cadavres. Gravure du supplément du Petit Journal - 5 mai 1912  

 

 

L'année 1912 sonna comme le glas de la Belle Epoque. En dépit des affaires européennes où un semblant de détente paraissait annoncer un avenir sans nuage, le monde n'eut d'yeux que pour la catastrophe maritime qui emporta le 15 avril 1912 le gratin du monde des affaires, ou plutôt des milliers de pauvres gens sous les sentences présomptueuses des promoteurs du plus grand navire de son temps, le "Titanic" de la White Star Line. L'aventure humaine n'apparaissait plus sans danger ni sans limite.  

Cinq jours après le naufrage, la Compagnie Générale Transatlantique, encore sous capitaux entièrement privés,  avait entendu répliquer dans un domaine accaparé par le monde anglo-saxon par une audace :  le lancement du paquebot "France" (illustration ci-dessous).

 

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Non un défi par sa taille, modeste pour ses concurrents avec ses 220 mètres en longueur. Mais imposant ses quatre cheminées (de 34 mètres de haut) que l'on ne retrouva sur aucun autre paquebot français, il se situa en première place pour la richesse du décor intèrieur,  alliée aux impérissables ressources de la gastronomie française et à la cordialité du service.

L'identité française n'était plus reléguée, elle était instruite sur les flots et portée par les artistes dont les noms cités aux  salons des Beaux-Arts rencontraient là une évidente célébrité.

Le style dominant, le style "Grand Siècle", valut au navire d'être surnommé le "Versailles des Mers", au gré de la réputation que lui accordait ses 2000 passagers lors de chaque traversée vers l'Amérique. Des décorateurs se surpassèrent pour y installer le confort de la "grandeur française".

 

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Le style "louisquatorzien" égrenait les plus grandes salles du pont des premières classes.  

Le salon mixte de musique décoré par les ateliers Rémon dont le futur Catovien Georges Rémon était l'un des maîtres d'oeuvre, menait à une enfilade de pièces, salon mauresque, café-fumoir, café-terrasse, dont la réalisation fut confiée à ces mêmes ateliers.

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Salon mixte de musique décoré par les ateliers Rémon et fils à bord de "France" 1912

 

Plus vaste encore que le grand salon, ce salon mixte de musique permettait à des passagers assis dans des fauteuils de style Régence placés au milieu de colonnes en marbre rose de deviser sous d'authentiques toiles de maîtres, en l'occurrence des "marines" de Lacroix de Marseille de 1774. L'ensemble était éclairé par une immense verrière.

 

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Quant au salon mauresque créé par Rémon, celui-ci tranchait volontairement avec le style ambiant. Il bénéficia de la présence d'un serveur algérien en habit traditionnel, accentuant l'évasion des passagers. Cet exotisme soudain devait tout à l'existence de l'empire colonial français dont l'Afrique du Nord était le meilleur symbole, lui-même à la source de l'orientalisme qui s'était développé depuis le milieu du XIXème siècle dans la peinture et l'architecture.

L'arrivée de la Grande Guerre deux ans plus tard marqua la transformation du paquebot pour le transport de troupes. La Compagnie Générale Transatlantique paya le prix de la réquisition : 29 de ses navires furent coulés dont deux paquebots, "La Provence" et "Le Carthage", cependant que "France" échappa par le tir de son unique canon à l'attaque d'un sous-marin allemand. 

La mise à la retraite du "France" n'intervint qu'après la mise en chantier du "Normandie" en 1932.

 

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Une image indissociable de la France. En 1924, à bord du "France" 1912, le président du Club des Cent, Louis Forest, remet au chef Jean Leer une médaille et un "diplôme de bonne cuisine".

Entre les deux avec une moustache, John Dal Piaz, président de la Compagnie Générale Transatlantique de 1920 à 1928, qui lança " l'Ile-de-France " en 1927, fut le promoteur d'une grande hôtellerie en Afrique du Nord et du premier billet "train-paquebot-hôtel-auto" (un monument lui fut dédié à Casablanca en 1931 après sa mort).

"L'Illustration" écrivit au sujet des cuisines : "l'espace est si grand que l'on n'arrive pas à démontrer du premier coup d'oeil  l'armée de la bonne chère qui compte 25 cuisiniers, 8 pâtissiers, 8 boulangers, 6 bouchers. Au dessert, le grand chef, un Breton, Monsieur Jean-Yves-Marie Leer, s'avança, presque timide et un peu ému pour recevoir, des mains de Monsieur Forest, la plaquette d'argent qui consacre trente-cinq ans de loyaux services et de cuisine supèrieure à bord de la Transatlantique."

Le menu avait été le suivant : " Cantaloup frappé au Porto et grappe fruit frappé au Xérès, Filets de sole à la Marocaine, Suprême de volaille à la Transatlantique, Asperges sauce Chantilly, Cailles de France à la Montmorency, Salade mimosa, Fromages, Fraises voilées à l'Algérienne, Mignardises, Corbeilles de fruits ". Le reporter précisa : "les Fraises à l'Algérienne sont un perfectionnement heureux des Fraises Melba : à la glace à la vanille sur laquelle reposent les fruits, on ajoute une couche de crème Chantilly "...

 

 

Sources :

"Arts Décoratifs à bord des Paquebots Français 1880 - 1960" - 1992 - éditions Fonmare par Louis-René Vian

"A la page" - 28 avril 1931

 

 

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Pour en savoir plus, le bulletin historique de l'association 2010 (62 pages), en vente au prix de 15 euros pour les non-adhérents.Pour tout renseignement : piarri@orange.fr
 

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Locomotive SNCF 241 P compound fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, emblème de l'association.

 

06/04/2012

ANDRE DERAIN, IMPRESSIONS SUR LE CINEMA (1934)

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 Ayant à coeur de valoriser le patrimoine de la ville au XXème siècle, l'association a défendu son patrimoine industriel, mis en exergue par un coffret audio les moments forts de la Seconde Guerre Mondiale, évoqué sur ce blog les liens de Chatou avec le cinéma... Dans ce dernier domaine, nous ne pouvions que faire part des idées du peintre André Derain, né à Chatou en 1880, dans une interview à une journaliste du magazine cinématographique "Pour Vous" du 24 mai 1934 :

« Ce que je reproche au cinéma, c’est de n’avoir pas encore trouvé sa littérature. Il s’empêtre dans des anecdotes qu’il prend au roman, ou bien qu’il pille au théâtre. Ce ne sont qu’ "adaptations pour l’écran".

Comme si le monde des images ne devait pas posséder une technique nouvelle, différente, à coup sûr, de celle des livres et de celle des drames qui se jouent sur scène avec des personnages en chair et en os !..."

J’écoute Derain, qui parle doucement en faisant peu de gestes. Nous sommes dans sa maison charmante, posée dans un décor printanier d’arbres feuillus, d’oiseaux, avec un pan de ciel bleu et blanc qu’on aperçoit par la fenêtre. Malgré toute la gloire qui environne son nom, le peintre a de la gentillesse, un doux sourire, un éclair gai au coin de ses yeux. Il a bien raison d’être aimable, autrement sa taille considérable ferait un peu peur…

Il rappellerait assez les géants qui sont bons ou mauvais, on ne sait jamais, la première fois qu’on les rencontre.

Mais Derain n’entend point mes pensées. Il continue :

"Jusqu’à présent, le cinéma, ou plutôt la fabrication des films, est si compliquée, si difficile, elle met en train tant d’artisans, tant de machines, qu’elle ne nous donne presque toujours que des objets manufacturés et non point une œuvre d’art !"

N’est-ce pas toujours ainsi quand il s’agit d’une chose considérable ?

"Mais non, voyez autrefois quand on bâtissait des cathédrales merveilleuses. On utilisait des compétences innombrables et diverses, pourtant l’œuvre d’art naissait, parce qu’il y avait une cohésion, une entente entre les collaborateurs et surtout, parce tous obéissaient à une direction très précise et autoritaire."

Il y avait peut-être aussi la question d’argent qui était moins aigüe ?

"Oui et non ! la plupart des grands ouvrages du Moyen-Age se sont faits par contrat, liant, comme aujourd’hui, étroitement employeurs et employés. Mais ceux qui investissent des sommes dans le cinéma exigent un intérêt exagéré, qui mène chaque affaire à la banqueroute."

Dans le salon, un joli petit chat gris est grimpé prestement sur la table où je prends mes notes, puis sur mon épaule. Il a des gestes d’une souplesse, d’une douceur infinies. Derain dit en le regardant :

« Tout de même, le cinéma nous a apporté quelque chose de nouveau, que jusqu’alors l’œil humain  n’avait pu deviner, mais que la peinture et la photographie n’avaient pu saisir que par hasard, par accident. Il nous a révélé certains mouvements que les artistes avaient discernés presque sans les voir. Aussi bien chez les animaux que  chez les êtres humains, le corps a des mouvements de passage, des ruptures d’équilibre très brèves, très belles et qui mettent en valeur  telles attitudes, tels muscles, toutes sortes de jeux à quoi on n’avait jamais fait attention. Ainsi, j’ai filmé ce chat jouant dans la maison, dans le jardin. J’ai filmé des gazelles, des chevaux, des femmes nues. La bande de celluloïd a surpris des gestes dont je n’avais qu’une faible idée. Aussi, voilà en quoi le cinéma est merveilleux : il nous apporte une moisson de documents qui enchantera notre esprit.

Le cinéma n’est-il pas aussi un appel aux sens ?

"Jamais de la vie ! le cinéma, c’est le cauchemar, le fantôme. Les histoires d’amour qu’il nous raconte sont toujours lamentables. On dirait que les metteurs en scène  ont été chargés d’illustrer le proverbe populaire : « plus c’est triste, plus c’est beau ». D’un autre côté, il faut que les personnages aillent jusqu’au baiser pour qu’on soit ému. Et encore ! alors qu’au théâtre, c’est bien différent. Tout parle avec sens, et surtout la voix des acteurs."

N’avons-nous pas le cinéma parlant ?

"La voix humaine reproduite dans les scénarios est métallisée, banalisée, insupportable, sans souplesse. Elle ne vous donne pas d’émotion, elle vous agace ! pourquoi ne pas en convenir ? le cinéma est encore un art bégayant, un art qui utilise des moyens grossiers. Par exemple, actuellement, le drame est en trompe-l’œil. C’est le coup de revolver ou la mort qui finit tout, alors que dans la vie ce paroxysme réel et matériel n’a souvent rien à faire avec le drame. Le drame, c’était avant, ou ce sera après le coup de revolver, et combien il sera plus difficile à exprimer !"

La conversation de Derain est à la fois si substantielle et si abondante que je puis à peine prendre quelques notes. Maintenant, il suggère :

"Il devrait y avoir des bibliothèques de films, que l’on pourrait aller consulter comme on va demander des livres. Par exemple, si je veux peindre une rue de Pékin, ou un coin de Colorado, ou les bords du Nil, je voudrais pouvoir aller me renseigner au moyen d’images vraies prises sur les lieux et non point lire et lire des bouquins, ou me mettre en route pour l’autre bout du monde si je n’en n’ai point envie."

Le bon géant sourit en m’accompagnant vers la porte. Il promet de me convier à la présentation d’un petit film dont le siamois gris sera le principal acteur.

                                                             Michelle Deroyer"

 

29/03/2012

ROB ROY (1909-1992), UN CATOVIEN ENTRE LE DESSIN ET L'HISTOIRE

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dessin de Rob Roy

 

Chatou compte dans son patrimoine culturel des artistes mondialement connus. Parmi ses artistes moins connus, certains ont su tremper avec originalité leur pinceau dans le siècle écoulé.

Rob Roy, Catovien qui résida 28 rue Charles Despeaux de 1936 à sa mort en 1992, fut de ceux-là.

Il fut un illustrateur sans relâche, le dessinateur de notre histoire automobile et traversa notamment la seconde guerre mondiale armé de son courage et de sa passion.

Son fils, Monsieur Hubert de la Rivière, qui porte haut les couleurs de l’œuvre de son père Robert de la Rivière alias Rob Roy, a permis l’édition et l’exposition d’une partie de son œuvre à travers la France. Il nous autorise aujourd’hui à diffuser un extrait de cette gamme colorée qui ne fut pas seulement le fait d’un artiste mais celui d’un patriote engagé dont chaque dessin décrivit un évènement vécu dans les douleurs ou les euphories de son temps.

Ainsi, l’évasion en Bugatti de Robert Benoist, en juin 1940, décrite dans le très bel ouvrage « Bugatti, le regard de Rob Roy » par Pierre Fouquet-Hatevilain  (1994 – éditions d’art J.P.Barthélémy) :

« Robert Benoist, grand patriote, as de l’aviation pendant la Première Guerre Mondiale, deviendra pilote de voiture et champion du monde en 1927 sur Delage.

Ettore Bugatti et Jean décidèrent dès 1929 de s’adjoindre ce pilote de grande classe et de lui confier la direction du service des ventes du magasin de l’avenue Montaigne à Paris. En 1934, il entre dans l’équipe officielle Bugatti et signe de nombreuses victoires.

Lors de la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, il est mobilisé en tant qu’officier dans l’Armée de l’Air et attaché à l’état-major du général Domino au Bourget. En juin 1940, l’exode jette sur les routes des millions de civils et militaires qui fuient vers le Sud-Ouest sous la pression de l’invasion allemande.Le gouvernement français suit le mouvement et s’installe d’abord à Candé, près de Tours, tandis que le ministère de l’Air prend ses quartiers à Rilly, près de Blois.

Le 14 juin, Robert Benoist quitte in extremis Le Bourget avec sa Bugatti 57 SC à compresseur personnelle.

Peu après Poitiers, il est fait prisonnier par les Allemands et se retrouve sous haute surveillance.

Incluse dans une colonne de blindés, sa voiture fait l’objet de la convoitise d’un officier allemand. Le soir, au bivouac, le plein d’essence est effectué pour repartir le lendemain.

Robert Benoist en tenue militaire ne songe qu’à une chose : s’évader mais sans abandonner sa Bugatti.

Le lendemain, dans la matinée, alors que le convoi poursuit sa route, Robert Benoist prend un chemin de traverse et fonce « à pleins tubes », faussant compagnie à la panzer division qui ne peut rattraper ni atteindre de ses tirs le champion du monde.

Très vite, Robert Benoist entrera dans la Résistance, et après avoir fait plusieurs fois faux bond à l’ennemi, sera capturé, déporté et assassiné par les nazis, le 12 septembre 1944 à Büchenwald. »

 

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L'une des quarante Bugatti 57 S et SC vendues de 1936 à 1937, fleuron de la production française. C'est à bord d'un modèle comme celui-ci que Robert Benoist, directeur des ventes de Bugatti, champion du monde automobile 1927, put s'échapper d'une colonne allemande de blindés et rejoindre la Résistance. Le dessin de Rob Roy est venu rappeler l'étonnante histoire de ce patriote au destin tragique. Illustration : Automobilia - Salon 1937

 

 

Dans le cadre de la semaine du dessin 

du 26 mars  au 1er avril  2012 

 Le musée du général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris –Musée Jean Moulin et l’Association des Amis de Rob Roy

sont heureux de vous présenter une série de dessins originaux de Robert de la Riviere dit Rob Roy (1909-1992):

 

Les Américains à  Paris

 

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Dessins parus dans le  “Parisian Weekly  Information’’  à la libération de Paris et en 1945.Rob Roy y réalisa une série de dessins qui illustraient   la vie quotidienne des Américains à Paris et leur relation avec les Parisiens.Des scènes vivantes, avec beaucoup d’humour en ces temps  ou tout devenait  plus agréable après quatre années d’occupation allemande.

 Musée du Maréchal de Hauteclocque et de la Libération de Paris Musée Jean Moulin

23 allée de la 2ème DB - 75015 Paris
Jardin Atlantique (couvrant la gare Montparnasse)

 

Ouverture du mardi 26 mars 2012

au dimanche 1er avril 2012

de 10h à 18h00

 

 Pour en savoir plus : www.art-robroy.com

 

 

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Locomotive SNCF 241 P compound fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, emblème de l'association.

 

 

 

 

27/03/2012

GEORGES REMON ET LA FERRONNERIE D'ART

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La France tenait, dans les Arts Décoratifs, un rang important sinon le premier par la richesse et l’élégance de nombre de réalisations de ses artistes. L’éclosion du mouvement à la suite de l’Exposition Internationale de Paris de 1925 concentra l’attention du Catovien Georges Rémon, lui-même à la tête d’un atelier qu’il fit briller à bord des grands paquebots français, ainsi que nous l’avons indiqué dans plusieurs articles de ce blog.

Directeur de l’Ecole des Arts Appliqués de la Ville de Paris pendant l’entre-deux-guerres, celui-ci fut amené à commenter les oeuvres de ses pairs dans la revue « Jardins et Cottages » par plusieurs analyses que nous avons également produites pour l’information de nos lecteurs. L’extrait ci-dessous de la revue de 1926 consacré au ferronnier Charles Piguet (1887-1942) ajoute un nouvel intérêt aux créations de l’époque :

« N’avons-nous point, l’an passé, au Salon des Artistes Décorateurs, admiré tout particulièrement l’envoi du ferronnier Charles Piguet, une grille pour la porte d’entrée de son atelier ? composée de cinq tenailles à longues tiges, mordant chacune du bec  un sobre motif de volutes, elle exprimait, cette porte, avec une rare et noble simplicité, l’une des pensées les plus chères à tout artisan digne de ce nom, qui ne saurait imaginer plus beau symbole, armes mieux parlantes, que son outil familier ! et nous rappellerons le propos que tenait Monsieur Antoine Vicard le grand ferronnier lyonnais, propos, ajoutait malicieusement notre confrère, qui définit si bien la nature intime de son talent :

« un jour, j’ai remarqué un de mes ouvriers qui rangeait ses outils contre le mur. Cette fois-là, ce geste que tout le monde faisait machinalement chez nous me frappa et je pris soudain conscience de la grandeur du travail quotidien. Ces pinces, sans valeur auparavant à mes yeux, parce qu’elles étaient grossières et noires, je les vis luire comme de l’argent fin sous l’effet de la sueur, à l’endroit où les mains les tiennent. Voilà pourquoi j’ai placé mes outils à l’entrée de ma maison. »

Charles Piguet qui nous est représenté comme l’ouvrier à la poigne robuste, dominant la dure matière qu’il façonne au choc du marteau sur l’enclume résonnante, nous confie dans cet amoureux credo non seulement la passion que lui inspire son métier, mais aussi bien, et sans vaine phraséologie, son goût épuré et raffiné.

Nul ne sait comme lui traiter le fer comme une matière plus précieuse et en tirer, avec une telle économie apparente de l’effort, des lignes plus mesurées et plus gracieuses.

Que d’autres, utilisant l’abrasure à l’autogène, construisent des portes de vastes dimensions et se meuvent de préférence dans le plan du monumental, il semble bien que Charles Piguet, sans cesser jamais de créer des œuvres  aux nettes et solides architectures, s’applique surtout à doter la maison moderne de formes sobres et élégantes, d’une grâce unique et par la qualité de l’invention et par la maîtrise du rendu.

 

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Imposte (partie supèrieure de la porte) en ferronnerie par Charles Piguet

 

Quelle exquise collaboration fit un jour rencontrer dans cet hôtel particulier installé à Lyon, boulevard des Belges, par le maître décorateur Ruhlmann, le plus délicat  ornemaniste de ce temps avec le ferronnier qui nous semble avoir avec lui le plus d’affinités ! voyez de quel art discret et pur Charles Piguet a composé la porte que nous reproduisons, où le décor, d’inspiration florale, est ramené à une charmante stylisation et dont nous aimons particulièrement les motifs rectilignes qu’encadrent l’huis, où quelques billes, en haut et en bas, dessinent une si heureuse amorce de motif. On a plaisir à analyser de telles œuvres dont le simple parti met en relief le moindre détail.

 

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Porte d'entrée en ferronnerie par Charles Piguet pour l'orfèvre Claudius Linossier

 

 

C’est dans un même esprit qu’il convient d’aborder la porte d’entrée de la maison de Claudius Linossier – autre heureuse rencontre ! – à Lyon. Un dessin sobre et ferme, un entrecroisement rectiligne de barreaux d’épaisseurs diverses, un panneau rectangulaire où s’inscrit dans un triangle le monogramme du maître dinandier, entouré d’un gracieux motif de vrilles ; enfin, indiquées d’un trait sommaire et réparties entre les croisillons de la porte, les formes des vases incrustés où Linossier fait chanter la souplesse et la richesse de ses cuivres : tel se présente à nous cet ouvrage dont on goûtera le sens des délicates proportions.

Voici encore une grille pour une grande porte d’entrée, composée pour la maison de Monsieur Coty, à Lyon, construite par l’éminent architecte Pontremoli, membre de l’Institut. Les dimensions en sont plus considérables ; le motif est plus fouillé – rinceaux en vrille et médaillons ornés de bouquets – l’œuvre nous confirme la maîtrise absolue de l’artiste, encore que nous lui préférions, pour leur plus savoureuse simplicité, celles que nous venons d’analyser.

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Porte en ferronnerie par Charles Piguet pour le parfumeur François Coty

 

Les thèmes floraux largement traités  ont inspiré à Piguet des ouvrages de choix.  Citons la grille pour une table de communication (…) Voyez de même ses impostes dont le dessin accuse  la plus harmonieuse fantaisie, et, singulièrement, la rampe d’escalier exécutée pour Les Galeries Lafayettes, à Lyon.

Charles Piguet, a, nous l’avons dit, traité tous les problèmes de la ferronnerie d’intérieur. Il l’a fait avec une rigoureuse  discrétion, au contraire de ceux qui voudraient que la maison moderne fût presque exclusivement conçue en fer.

Sans doute, les applications de cette matière que l’artiste sait alléger ou amenuiser sont multiples, mais c’est une faute de goût que de l’employer à tout propos et souvent hors de propos. Elle prend, au contraire, infiniment plus de charme quand elle n’est utilisée que sobrement, ne risquant ainsi de perdre ni de son propre éclat ni de sa véritable valeur.

Ainsi, en use Charles Piguet. Nous ne trouvons de lui, ni de ces lourdes tables en fer ouvragé, ni de ces cadres de miroirs ou de tableaux, qui sont peut être des tours de force, mais qui paraissent vraiment incompatibles avec la demeure moderne.

Mais il nous offre un ameublement sobrement mesuré : cache-radiateurs, les uns découpés de motifs à jour – fleurs ou fruits – les autres dépourvus de tout ornement comme celui qu’il a composé pour l’intérieur imaginé par Ruhlmann : des tables-consoles, d’une aimable légèreté de lignes ; et surtout, toute une gamme de lustres et d’appliques où la solide armature du métal se marie avec l’éclat diffus du verre moulé ou dépoli.

 

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Cache-radiateurs en ferronnerie par Charles Piguet

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Dans le moindre détail, répétons-le, s’affirme avec une étonnante évidence, le goût des savantes recherches et, en même temps, celui, plus rare, plus subtil, d’une parfaite concentration de moyens.

C’est le propre des artistes qui ont, comme Piguet, étudié longuement la leçon des anciens maîtres, entrepris à leur exemple la conquête de toutes les ressources techniques de leur art, qui se sont ingérés, dans leur variété et dans leur esprit, les formes héritées des plus belles traditions, de savoir découvrir les disciplines qui s’imposent à notre époque, d’en accepter  le délicat rationalisme, sans toutefois aliéner la note personnelle et sensible faute de quoi les créations de l’intelligence ne sont que de pures et froides abstractions.

 

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Lustre en ferronnerie par Charles Piguet

 

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Une applique en ferronnerie par Charles Piguet

 

 

L’art de Piguet reste vivant, souple, vigoureux, et pourtant, s’achemine sans cesse vers une pureté de style, dont chaque nouvelle étape, dont chaque œuvre nouvelle, atteste plus complètement l’admirable caractère et l’impeccabilité.

Georges Rémon »

 

 

 

 

Sources :

 Bibliothèque Nationale de France, département Sciences et Techniques

  Archives Municipales de Chatou

 Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

 Archives de la Légion d'Honneur 

 

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Locomotive SNCF 241 P compound fabriquée aux usines Schneider du Creusot de 1948 à 1952, emblème de l'association.